Le clip d’animation ‘À l’école’ des Têtes à claques, série
humoristique sur Internet, met en scène une confrontation entre Gabriel et son
enseignante, Mme Duguay, alors qu’elle énonce une situation où Paul prend 2
pommes à Marie, un problème de soustraction. Cette communication illustrera la
pertinence d’utiliser une situation parodique pour transposer, en formation
universitaire, un concept scientifique essentiel : l’enrôlement (Wood, Bruner
et Ross, 1976).
L’enrôlement, à l’initiative de l’enseignant, négocie une
définition de la tâche ainsi que le rôle de chacun dans l’interaction. Pour ce
faire, Mme Duguay utilise un instrument familier, car il est partie intégrante
du genre professionnel (Clot et Faïta, 2000) : le « problème d’échauffement ».
Au fur et à mesure des résistances de Gabriel, l’enseignante révèle les règles
du jeu didactique de l’école : la mise en scène du savoir dans une
situation-prétexte et l’acceptation implicite des élèves d’y jouer leur rôle.
Gabriel maîtrise si bien les règles de la prise de parole à
l’école qu’il peut les détourner : il lève la main pour demander la parole
et emploie un registre de langue soutenu. Ce faisant, il réinterprète la
situation d’apprentissage comme une situation à caractère moral et social.
Gabriel élabore un discours d’autorité qui lui permet d’inverser
le lieu du pouvoir, tandis que l’enseignante perd la face (Goffman, 1967). L’enjeu
d’apprentissage est alors remplacé par un enjeu de contrôle du comportement d’autrui.