Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

L’idée d’un renforcement de la laïcité fut introduite en 2003 au parti français de droite UMP. Cette «nouvelle laïcité» veut s’opposer aux droits humains et endiguer une menace religieuse liée à l’islam (Baroin cité par Baubérot).

Celle-ci s’inscrit danslecontexte mondial d’une «new religious intolerence» (Naussbaum) et celui européen de «victoire idéologique de l’extrême droite» (JY Camus) où se mondialisent aussi des mouvements comme «STOP islamisation». Elle côtoie une progression de l’islamophobie mesurée par diverses organisations.

Notre analyse suggère que ces événements contribuent à former une représentation sociale (RS) unitaire de la laïcité, où les éléments d’une victoire idéologique de l’extrême droite identifiés par Camus formentune «zone muette» (Abric) en périphérie. Si elle est juste, cette hypothèse pourrait se confirmer par une enquête psychosociologique.

La caractérisation en termes de discours et de RS, plutôt qu’enmesures politiques, permet un parallèle avec le Québec où s’observe des discours et RS similaires. Nous notons alors que l’«ancrage» de la laïcité donne lieu à une banalisation de cette zone muette, véritable schème idéologique dormant, qui débouche partout sur l’émergence ou l’augmentation d’actes islamophobes – selon les premières données disponibles au Québec.

Nous espérons ainsi contribuer à la connaissance du phénomène québécois, autant qu’à une hypothèse générale sur la laïcité et l’islamophobie qui explore la périphérie des RS.



Il est reconnu que les résultats électoraux au Canada varient grandement selon la région. Afin de trouver des explications à ce phénomène, il convient d’étudier comment les grandes régions du Canada se distinguent les unes des autres sur le plan politique. La présente recherche amorce cette étude sous l’angle de l’idéologie. Elle tente de déterminer en quoi l’idéologie politique diffère d’une région à l’autre du pays, identifiées comme étant les provinces de l’Atlantique, le Québec, l’Ontario, les Prairies et l’Ouest.

Elle s’appuie sur les données du Canadian Election Study de 2008. On a recours à des questions évaluant les préférences des répondants par rapport à plusieurs enjeux politiques pour répondre à la question de recherche. On conduit en premier lieu une analyse factorielle, démarche qui permet d’extraire quelques facteurs qui affectent l’ensemble des variables étudiées. Dans le cas présent, ces facteurs sont idéologiques. Cela permet d’identifier de quelle manière les facteurs idéologiques sont associés aux opinions par rapport aux enjeux politiques. Ensuite, une analyse de variance est conduite pour vérifier si la variation entre les facteurs idéologiques sont statistiquement différents.

L’analyse factorielle a permis d’identifier que les facteurs idéologiques ne sont pas associés aux mêmes enjeux politiques d’une région à l’autre. De plus, les analyses de variance démontrent que ces facteurs sont significativement différents en fonction de la région d’habitation.



Depuis 1950, le système alimentaire des pays industrialisés connaît de profondes transformations. Reposant principalement sur une agriculture industrielle, spécialisée et de plus en plus concentrée, il suscite aujourd’hui de vives critiques du fait de ses externalités négatives sur l’environnement, l’occupation du territoire et l’emploi. Afin de reconnecter agriculture et alimentation et de réduire les distances parcourues par les aliments, de nombreuses initiatives cherchent à diminuer le nombre d’intermédiaires dans le système alimentaire et à rapprocher géographiquement production et consommation.

L’évaluation du potentiel de relocalisation de la production alimentaire à une échelle territoriale pose de nombreux défis concernant l’échelle pertinente et les indicateurs à mobiliser. Notre communication présentera les résultats d’une recherche conduite dans la région de Québec visant à étudier l’adéquation entre ce qui est produit et ce qui est consommé localement. À partir de diverses bases de données statistiques, notre recherche montre que la zone d’étude pourrait produire 129% des besoins caloriques de sa population. Elle montre aussi que du fait d’une forte présence de l’élevage, la couverture réelle des besoins alimentaires tombe à 68 %. Enfin, par le jeu des échanges intra-canadiens et internationaux, le taux de couverture des besoins locaux par les produits locaux varie selon les produits consommés de moins de 5% à plus de 300%. 

Un véritable « tournant délibératif » a eu lieu au sein de la science politique depuis trente ans, produisait diverses théories de l’action politique et de la participation citoyenne. L’idéal délibératif s’est alors constitué dans une nouvelle quête de légitimité des institutions.

Alors que la littérature sur la délibération politique s’est penchée principalement sur les conditions de mise en œuvre de cet idéal, peu a été écrit sur la relation qu’entretient la délibération avec l’action politique prise largement. Autrement dit, quelle est la nature de l’ordre normatif sur lequel se base nécessairement la délibération et quelle est la nature de l'agent politique?

La première conclusion de cette recherche est que tout corps d’acteurs appelé à délibérer est confronté à un problème herméneutique, celui d’interpréter préalablement le bien commun et les fins de l’État. Cela pose alors deux problématiques subséquentes propres au régime démocratique : 1) l’indétermination de l’agent politique 2) le pluralisme culturel qui multiplie les fins de l’État.

En utilisant les outils théoriques de l’herméneutique philosophique et de la science politique pour traiter ces problématiques, il apparaît de façon préliminaire que l’intégration d’éléments plus délibératifs dans le régime démocratique doit se faire de façon fragmentée, au sein d’institutions particulières pouvant fournir un cadre normatif précis aux acteurs chargés de délibérer.

Bien qu’abritant un prix international pour la culture de la paix, la diversité des ethnies composant la Côte d’Ivoire actuelle se présente-t-elle comme un vecteur d’apaisement de son climat social? Si la réponse est négative, cette diversité est-elle mutable en instrument de paix? Répondant non à la première question, la communication part de l’hypothèse que la deuxième invite à enseigner à l’école et à récompenser les groupes ethniques,  les localités et autres organisations où sont couramment employés les paroles et les usages sociaux au service de la fraternité. Nos objectifs sont de montrer que, pour l’heure, les richesses ethniques de la Côte d’Ivoire sont politiquement stériles; les féconder exige la pratique du Mbuntu sud-africain, cette philosophie de la réconciliation, à l’ivoirienne. Cela est réalisable, par l’établissement d’un lexique national des vocables ethniques et la distinction de ses plus grands usagers ainsi que la promotion des espaces institués pour promouvoir de tels usages. Méthodologiquement, un groupe de chercheurs recueille dans toutes les ethnies nationales, les mots tel « yako », mot akan du vocabulaire d’un groupe ethnique ivoirien, usité pour « montrer sa compassion à un […] groupe de personnes éprouvées » (Klaon 2019, p.7). Ensuite, le dictionnaire de l’apaisement est créé. Enfin, des prix récompensent régulièrement les établissements d’enseignement, entreprises, groupes ethniques, régions et autres groupements politiques inventifs dans la culture de la paix et de la cohésion sociale. 

Inscrite dans les théories du pluralisme juridique, cette présentation vise à étudier l’apport des cultures juridiques autochtones aux réparations judiciaires destinées à corriger les atteintes aux droits fonciers ancestraux. Comme mesure réparatrice, le titre aborigène vise à restituer à une communauté autochtone un droit au territoire qu’elle occupait traditionnellement, mais dont elle a été spoliée. Plusieurs obstacles ayant été soulevés à l’encontre de la reconnaissance judiciaire d’un titre aborigène, aucun droit ancestral au territoire n’a été reconnu à ce jour au Canada. L’un de ces obstacles concerne les droits de propriétés non-autochtones sur les territoires revendiqués, ainsi que la justice et l’équité que ces derniers réclament. Seules des réparations qui agissent en amont du titre aborigène ont par conséquent été offertes. Une piste de solution à ces difficultés pourrait résider dans les cultures juridiques autochtones. Par la voix qu’offre le système interaméricain des droits de l’homme à ces cultures endogènes, celui-ci offre une gamme de réparations qui, sans exclure la restitution des terres, accroisse la légitimité d’un droit de nature exogène. Parties prenantes au processus réparateur, les peuples autochtones se voient offrir des réparations estimées plus adéquates et plus effectives qui tiennent compte davantage de leur vision de la justice.

La communication proposée consiste à revisiter la définition des infractions criminelles de fraude et d'évasion fiscale en mobilisant une conception de la normativité juridique fondée sur la cohérence formelle du système, dans le but d’évaluer le respect du texte de loi et de la jurisprudence antérieure. La problématique envisagée s'articule au départ des critères et fondements de l'infraction de fraude établis par la trilogie de la Cour Suprême dans les affaires Olan, Théroux et Zlatic. Deux décennies plus tard, force est d'admettre à la lumière des décisions récentes que les solutions définitionnelles retenues sont en inadéquation de la réalité juridique au Canada. Tant les instances décisionnelles que la littérature juridique réinterrogent actuellement les composantes de l'infraction de fraude, particulièrement en matière fiscale. Cette communication vise à se questionner sur ce qui constitue une interprétation adéquate de la fraude fiscale en utilisant les règles d'interprétation généralement acceptées et particulièrement la présomption d’effectivité de la loi dans le cadre d'un droit criminel canadien préconisant la logique et la cohérence interne de son système. Cette question met en juxtaposition les rapports complexes qu’entretiennent les infractions pénales de l'art. 239 LIR et l'infraction criminelle de fraude à l'art. 380 C.cr., les difficultés procédurales engendrées par leur proximité définitionnelle et la discordance des régimes de sanctions applicables.

Une pétition sur le droit à l’eau a circulé en 2012-2013 en Europe. De ce contexte d’une première initiative citoyenne visant un million de signatures, a émergé l’étude « Droit à l’eau: le processus de Lisbonne donne-t-il plus de pouvoir aux citoyenNEs? », dirigée par Drs Bélanger et Paquerot, dans laquelle se situe mon projet de recherche. L’objectif principal est de documenter les raisons pouvant expliquer les degrés de succès de la pétition dans divers pays d’Europe. Notre question principale est :

Qu’est-ce qui explique que certains  pays aient atteint les objectifs de signatures dans les délais imposés?

Pour y répondre, une comparaison de la situation de l’eau dans chaque pays est de mise, ainsi qu’une analyse de la présence/absence de débats publics sur l’eau avant et lors de la circulation de la pétition et dutaux de syndicalisation de chaque pays.

Nous pourrons ensuite comparer les caractéristiques des différents pays aux résultats obtenus par les pétitionnaires pour comprendre le poids relatif des différents facteurs explicatifs avancés et mieux saisir le succès d’un mouvement social concernant l’enjeu de l’eau en Europe.


En 2016, des graphiques diffusés dans le New York Times montraient la récente chute libre du support à la démocratie au sein des démocraties occidentales. La thèse proposée par Foa et Mounk, selon laquelle les appuis à la démocratie avaient été fortement décimés et ce, particulièrement chez les jeunes générations, avait rapidement rencontré un écho puissant.  Ce projet utilise plusieurs vagues du World Values Survey ainsi que du European Values Study afin de tester ces hypothèses.  D'abord, il réfute l'idée d'un déclin généralisé et d'un changement générationnel dramatique en termes de support à la démocratie en démontrant que les importantes différences dénotées entre les démocraties occidentales ne permettent pas de conclure à une baisse historique ou à un mouvement générationnel uniforme. Ensuite, cette recherche vise à approfondir notre compréhension des attitudes envers la démocratie en testant les différences quant à l'attachement aux composantes fondamentales d’une démocratique libérale, telles que le respect des droits humains ou la tenue d’élections libres. Cette recherche s’appuie sur des méthodes quantitatives avancées permettant d’évaluer les effets combinés du temps ainsi que de l’âge et de la génération d’un individu sur ses attitudes politiques au moyen notamment de modèles hiérarchiques multi-niveaux ainsi que de modèles additifs généralisés, permettant ainsi de dépasser une conception linéaire de la relation entre générations et attitudes politiques.

Deux discours s'opposent au sujet des migrants. D'un côté, un discours universaliste affirme que les migrants sont protégés par les droits fondamentaux. De l'autre, un discours sécuritaire mobilise des politiques spécifiques dont certaines relèvent du droit pénal. Cette convergence du droit administratif et du droit pénal dans le domaine de l'immigration est décrite par une abondante littérature comme la criminalisation des migrations.

Au Canada, la gouvernance de l'immigration suit une tendance mondiale marquée par un resserrement important des politiques migratoires. Notamment, la détention des migrants fait l'objet d'un usage croissant depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés en 2002. La réforme de 2012 a davantage durci ce régime.

Nous cherchons à savoir de quelles façons les discours universaliste et sécuritaire s'intègrent dans la loi canadienne d'immigration. À cette fin, nous procéderons à une analyse de discours des débats parlementaires et des interventions ministérielles relatives au durcissement du régime de détention des migrants dans le cadre du projet de loi C-31 adopté en 2012.

Nous espérons contribuer à une meilleure compréhension de la criminalisation des migrations au Canada et à une réflexion plus générale sur la manière dont la construction d’un « indésirable » se concrétise dans la gestion de groupes marginalisés par une société où dominent des impératifs sécuritaires. 

La mondialisation invite à repenser l’enseignement universitaire pour préparer à un marché fluctuant tout en gardant une identité face aux altérités globalisées. Les étudiants doivent devenir mobiles, ouverts d’esprit et adaptables pour comprendre un monde hybride (Latour) et y trouver une place culturelle et économique. C’est cet esprit cosmopolite (Cicchelli) que l’université doit aider à développer via les mobilités physiques et aujourd’hui virtuelles (Fisher, Boonen).

Nous cherchons à identifier les facteurs explicatifs de la construction identitaire cosmopolite des étudiants de second cycle de quatre filières numériques participants à une coopération virtuelle entre Rennes et Québec.

Nous procéderons par enquête ethnographique en France et au Québec, combinant observations participatives longues et entretiens cliniques (Yelnik). Une analyse anthropologique permettra de mobiliser tant les variables socio-culturelles que subjectives, conscientes ou non, afin de saisir au mieux les motivations étudiantes dans leur contexte.

Les premiers matériaux recueillis (début 2013) tendent à monter qu’un haut degré de liberté d’initiative dans  l’université ainsi qu'une forte hétérogénéité socio-professionnelle dans le groupe étudiant préexistant au dispositif numérique favorisent la construction cosmopolite médiatisée.

Cette contribution vise à mieux accompagner les universités dans leurs politiques de mobilité au regard des publics, disciplines, et territoires considérés. 

L’organisation terroriste Al Qaeda au pays du Maghreb Islamique (AQMI) sévit dans la région sahélo-saharienne depuis 2007. Cependant, elle ne cesse de s’étendre dans la région du Sahel au point de perdre une partie de sa réalité géographique originelle (le Maghreb). De plus, nous constatons que les actes commis par AQMI au Sahel sont essentiellement des enlèvements avec demandes de rançon, des activités plus proches d’une forme de criminalité organisée que d’une véritable militance politique radicale. Face à ce constat, il convient de s’interroger pour comprendre si la criminalité organisée constitue aujourd’hui un moyen du groupe pour se financer et atteindre ses objectifs ou si au contraire le basculement des activités du groupe n’incarne pas sa seule réelle motivation. Notre réponse se présentera sous la forme d’une analyse qualitative basée sur une approche interprétative inspirée d’une lecture critique de la théorie du « nouveau » terrorisme. Nous présenterons une étude de cas centrée autour des dimensions organisationnelles et stratégiques d’AQMI (structure, stratégies énoncées dans les déclarations du groupe, ainsi que répertoires d’action utilisés). Ces éléments contribueront à démontrer qu’AQMI demeure une organisation à la réalité plurielle, n’échappant pas à la logique de réseaux impulsée par la mondialisation.

Mes réflexions et mon parcours professionnel m’ont amené à m’interroger sur les jalons d’une éthique de l’intelligence artificielle. Non pas l’éthique face à l’usage des machines mais une morale intrinsèque à la machine. Autrement dit, je m’interroge sur la possibilité, voire la nécessité de coder l’intelligence artificielle. Progressivement, l’émergence d’une morale parallèle, codée, se propage dans nos vies. Quel sens pourrait avoir une telle morale? Quels objectifs, quelle finalité?  

Il est dans notre devoir d’orienter le progrès en faveur du Bien Commun. Mon interrogation ici concerne le pouvoir décisionnel. En d’autres termes, je me demande quel est l’impact de l’intelligence artificielle sur notre faculté de prendre des décisions. Et plus encore, dans quelles mesures l’intelligence artificielle possède-t-elle un pouvoir décisionnel? 

En somme, ma thèse porte sur les jalons de l’Éthique de l’intelligence artificielle. Comment pouvons-nous l’orienter vers le Bien Commun? Comment l’intelligence artificielle se positionne-t-elle par rapport au Bien Commun? Dans quelle mesure, l’intelligence artificielle pourra-t-elle un jour avoir un pouvoir décisionnel et quels en serait les impacts? 

J'ai fondé ma compagnie pour étendre ma recherche et tenter de concevoir une certification en Éthique de l'intelligence artificielle. Ma compagnie se nomme Intelligence NAPSE. C'est la raison pour laquelle je partage avec vous l'image de mon logo.

A la différence des pandémies du passé, la COVID-19 a connu une diffusion fulgurante qui la rapproche d’épidémies récentes (SRAS, H5N1, Ebola), néanmoins contenues. Depuis les années 1990, les scientifiques ont alerté sur l’exacerbation des menaces infectieuses par les dynamiques de la mondialisation, en particulier l’explosion des voyages internationaux. Entre la première alerte épidémique à l’OMS le 31 décembre 2019 et fin janvier 2020, un mois plus tard, 25 pays ont déclaré un premier cas de COVID-19, 62 fin février, et 195 fin mars – soit la quasi-totalité. D’un point de vue expérimental, ce virus fournit ainsi un observatoire inédit des mobilités transnationales. Nous avons reconstitué la chronologie de sa diffusion internationale dans 207 pays où on a documenté des informations sur le.a ou les premier.es patient.es dits « zéro » connu.es : leur âge, leur sexe, de quel pays étranger ils ou elles sont venu.es et pour quelle raison. On a aussi renseigné, quand c’était possible, leurs histoires personnelles. Notre approche réconcilie deux courants de recherche sur les mobilités internationales : l'un, macro, qui identifie des « schémas globaux de mobilités » à partir d’analyses de réseau ; l'autre, micro, qui étudie les modes de vie transnationaux. Nous montrons entre autres que la moitié des patients zéro sont venus d’Europe, qu’un tiers seulement étaient des étrangers, que seulement deux cinquièmes étaient des touristes, ou que deux tiers étaient des hommes.

Cet article analyse le recours quasi systématique aux plans nationaux de développement (PND) comme source privilégiée de mise en contexte des projets de développement par les agences de mise en œuvre et les gestionnaires. Pour ces derniers, cette approche semble commode. Cependant, elle n’a pas fait l’objet d’un examen approfondi. Cette communication vise à répondre aux questions de recherche suivantes : les PND constituent-ils des sources pertinentes de mise en contexte des projets de développement? Cette approche favorise-t-elle une contextualisation rigoureuse? À partir de l'analyse de contenu conventionnelle (conventional content analysis) (Hsieh & Shannon, 2005) de deux documents de projets financés par Affaires mondiales Canada et les PND correspondants, cet article montre que le recours au PND pour la mise en contexte des projets de développement est, dans une certaine mesure, problématique. En dépit de leur caractère officiel, Munro (2021) montre que la production des PND n’est pas toujours le fruit d’un travail rigoureux. Les PND ne favorisent pas une lecture pertinente des contextes des pays bénéficiaires de l’aide. In fine, si les agences de développement et leurs experts veulent faire des PND une source de contextualisation de leurs projets, ils devraient en amont s’assurer de leur qualité.

L'éducation supérieure, nous croyons, contribue à l'émergence de nouveaux acteurs sociaux contemporains en facilitant l’accès à des expériences de mobilité pendant la formation. Nous défendons la thèse selon laquelle l'étude des pratiques d’une mobilité nécessite une analyse détaillée de l'ensemble des conditions socioéconomiques et culturels se trouvant à leur origine, et non seulement une analyse interprétative de leurs dimensions identitaires et symboliques, tel que proposé par d'autres études sur la mobilité.   Questionner cette pratique,  permet entre autres de vérifier si ces possibilités ouvrent la voie à un changement de conscience et à la formation d’un cosmopolitisme.  Un intéressant défi de terrain pour les anthropologues qui veulent approfondir le phénomène d'une pratique cosmopolite. Ce positionnement analytique a entraîné la discussion et révision de concepts propres au cosmopolitisme, comme production, transformation et construction de l'espace identitaire urbain.  Plus encore qu’un révélateur, l’expérience d’une mobilité à l’étranger constitue une pratique sociale différemment utilisée et vécue par les étudiants.  Interroger cette expérience étudiante en profondeur sous l’angle de l’anthropologie de la globalisation, et plus particulièrement sous l’angle de la théorie de la structuration de Giddens, nous permet d’explorer ce processus expérientiel, d’enrichir et de contribuer, à l’avancement des connaissances sur le sujet.

La colonisation française des divers royaumes précoloniaux de l’actuel Sénégal a débuté dès 1856, précédant d’une trentaine d’années celle du reste du continent. Cette colonisation - incomplète - du Sénégal est motivée par la résistance des noblesses africaines précoloniales au développement de la culture arachidière. Afin de comprendre les interventions précoces françaises et la résistance des aristocraties précoloniales, il importe de décortiquer la façon dont la culture arachidière était contradictoire aux règles de reproduction de cette noblesse. À l’aide du cas d’étude du royaume wolof du Cayor au 19e siècle, la présente recherche teste empiriquement à l’aide de sources historiques secondaires des hypothèses issues de la théorie des relations sociales de propriété. La démarche participe à l’analyse du système de règles de reproduction des sociétés ouest-africaines précoloniales et apporte un éclairage nouveau quant à la dynamique impériale française. Il en résulte que, comme l’entité politique du Cayor est un État agraire, la production de l’arachide par les paysans, soutenue par l’Empire français, menace la capacité de la noblesse à pouvoir à extraire et redistribuer les surplus céréaliers. De plus, le renforcement de la paysannerie par le commerce mine la possibilité d’accumulation géopolitique par la noblesse du Cayor ainsi que l’équilibre de coopération-conflit entre groupes pilleurs et État agraire.

En 2013, La France est intervenue militairement au Mali et en République Centrafricaine pour aider le gouvernement central à combattre des groupes rebelles pour mettre fin à une guerre civile. Ces deux interventions militaires unilatérales rompent avec le refus des premières heures de la France d’intervenir militairement dans tout conflit civil en Afrique à la fin de la Guerre Froide ou encore le multilatéralisme des années 2000. Cette présentation cherche à expliquer cette réaction ambivalente de la France dans sa gestion des conflits civils en Afrique subsaharienne à savoir : Pourquoi la France intervient militairement dans certains conflits civils en Afrique et pas dans d’autres ? En nous basant sur les théories et modèles de prise de décision en politique étrangère, l’objectif poursuivi est de voir si la théorie polyheuristique, développée aux États-Unis et appliquée à des régimes présidentiels et parlementaires, est pertinente dans le cadre d’un régime semi-présidentiel comme celui de la France. À l’aide du Process Tracing, nous avons identifié l’importance des facteurs cognitifs et institutionnels dans la compréhension du processus de prise de décision en France quand il s’agit de sa politique militaire africaine. Cette recherche nous a permis de nous interroger sur le processus de prise de décision des interventions militaires surtout françaises, qui est totalement ignoré dans la littérature francophone et d’aller au-delà du débat sur la rationalité des acteurs.

Les théories sont souvent écartées par les praticiens, leur utilité étant fréquemment obscurcie par leur apparence de débats philosophiques entre penseurs peu ancrés dans la réalité. Dans cette optique, nous proposons que les théories ont le potentiel d'offrir des contributions pratiques réelles, notamment dans le domaine du droit international des droits humains. Le cas de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, système binaire de droit contraignant et de droit sans sanction, nous permet de démontrer que les théories qui cherchent à discréditer cette seconde forme de droit international nuisent au travail des entités de la Commission légitimées par celui-ci. Inversement, les théories validant ce droit dit souple contribuent à l'amélioration des droits humains. Nous démontrerons cette proposition par la déconstruction de deux paradigmes dominants en théorie du droit international, le mouvement droit et économie ainsi que le libéralisme, appliqués à la pratique de la Commission, suivie d'une reconstruction constructiviste démontrant le pouvoir des acteurs autres que les États de création de normes et de légitimation de celles-ci. Nous en arriverons à la conclusion que la distinction de droit contraignant et de droit souple en droit international des droits humains n'est pas pertinente, et que par une théorisation conséquente de ce phénomène, les outils pour l'amélioration des droits humains s'en trouvent élargis, laissant place à une plus grande innovation.

Depuis la décade 1990, l’établissement des réseaux de collaboration par cosignature est devenu presque un engagement professionnel de la part des professeurs-chercheurs face aux exigences de travail académique demandé par plusieurs universités au monde. Les corps des professeurs-chercheurs des universités au Québec ne sont pas l’exemption à cette tendance. Cette communication cherche à montrer le portrait des caractéristiques socioprofessionnelles des collaborateurs par cosignature dans le domaine des sciences sociales au Québec, particulièrement par rapport à leur ville, région et pays d’origine, en considérant toutes les types de publications cosignées et non seulement le travail publié en revues avec comité de lecture. Ajoutons qu’il n’y a pas d'études en profondeur au Québec soumis sous cette perspective pour le cas des sciences sociales. Plus précisément, on vise 21 professeurs-chercheurs d’un centre de recherche en sciences sociales établie à Montréal, reconnus au présente par leur rang académique (adjoint, agrégé et titulaire) et leur réseau complet de 530 cosignataires (eux-mêmes y compris dans le réseau) dans la période 1990-2009. 

La présente communication pose la question de l’ouverture à la diversité des savoirs produits dans divers contextes culturels et civilisationnels, et de l’internationalisation des contenus éducatifs transmis au sein des programmes universitaires montréalais de sociologie. Un mouvement appelant à l’internationalisation de la sociologie émerge depuis quelques décennies (Sohoni et Petrovic, 2010 ; Tiryakian, 1986). Certains auteurs soulignent que l’enseignement de la sociologie est peu internationalisé et demeure « eurocentré », notamment parce que les théories et les auteurs non occidentaux sont peu présents (Alatas et Sinha, 2001), et appellent à l’indigénisation et à la décolonisation de la sociologie, et au développement de traditions nationales autonomes (Alatas, 2006 ; Akiwowo, 1988). On peut se demander à quoi correspond cette internationalisation? Quelle place est faite aux intellectuels et aux courants de pensée non occidentaux dans les programmes de sociologie? Les résultats préliminaires de notre analyse comparative de l’enseignement universitaire de la sociologie au premier cycle dans quatre universités montréalaises seront présentés. Alors que le manque de données sur l’enseignement de la sociologie a été soulevé récemment (Keim, 2010), notre étude contribuera à accroître nos connaissances sur les contenus transmis dans l’enseignement formel et à la réflexion sur les conceptions de l’internationalisation des universités et des programmes d’études.

Traditionnellement, par souci d’écourter la guerre, l’armée américaine s’est toujours évertuée à rechercher la décision dans une action tactique résolue, basée sur le choc. Or, les forces terroristes qui sont aujourd’hui combattues épousent plutôt les caractéristiques des nomades. Insurgés talibans ou cadres d’ Al Quaïda, forment des réseaux composés d’une multiplicité de petits groupes capables de se scinder et de se fusionner selon les aléas et les circonstances du moment. C’est devant ce constat que l’utilisation des drones chasseurs/tueurs s’est généralisée au Pakistan. Se faisant, la géographie de l’occupation exécute un virage à 90 degrés : « l’Orient » imaginaire- objet exotique de l’occupation- ne prend plus simplement forme sur un plan bidimensionnel au-delà de l’horizon terrestre, mais se déplace plutôt vers une domination verticale d’une civilisation aérienne capable de gérer à distance les plates-formes militaires robotisées invisibles des plus sophistiqués. À travers une étude de cas pakistanais de la présente campagne de bombardement robotique, nous ferons la démonstration à l’aide de concepts foucaldiens de gouvernementalité et de biopolitique, que les assassinats-ciblés représentent une application tactique de la doctrine de frappe préemptive de l’administration Bush amplifiée sous l’administration Obama. Dès lors, cette pratique consomme un virage d’une culture « postcrime » basé sur la réaction à celui de « précrime » axé sur l’anticipation.

Presque 20 ans après le 11/09/2001, le terrorisme est toujours une thématique largement étudiée. Pourtant, sa définition demeure une difficulté en apparence insurmontable. Suivant les préceptes de l’histoire conceptuelle (Koselleck), ce travail contourne le problème en historicisant la notion de terrorisme : il s’agit de voir comment le concept a été utilisé au fil du temps, et ce que cela révèle sur sa signification et les raisons actuelles de son invocation. Cette recherche doctorale s’est donc penchée sur diverses sources historiques - dictionnaires, droit pénal international, négociations diplomatiques - permettant de replacer le concept de terrorisme au sein d’une diachronie longue de deux siècles.

Apparu lors de la Révolution française, « terrorisme » désigne initialement tout projet révolutionnaire abusif (et républicain). Au XIXe siècle, le concept est donc une injure politique. Le XXe siècle verra ce sens s’infléchir : par le biais du droit pénal international puis des terrorism studies, le concept est objectivé comme acte criminel, caractérisé en premier lieu par sa violence (et non plus tant par ses visées révolutionnaires). Pourtant, les origines du concept continuent de peser sur les usages qui en sont faits : derrière tout acte de terrorisme, il y a toujours un « terroriste » de visé. Le concept reste donc un label altérisant, marqueur d’inimitié absolue, ce qui permet de mieux comprendre les problèmes actuels posés par ce qui se revendique « antiterrorisme ».

La stabilité sociopolitique dans certaines zones du continent africain n’a cessé de se dégrader. Les actes de terrorisme, en forte croissance, en sont les principaux maux. Face aux défis sécuritaires de taille, en Afrique de l’Ouest, par exemple, plusieurs pays tentent d’y remédier à travers des opérations de surveillance et de prévention des risques d’attaques terroristes. Pour ce faire, nous assistons à l'utilisation de nouvelles méthodes de sécurité et de surveillance : le cas des drones militaires (ou des drones civils à des fins militaires). Dans notre recherche nous brossons un portrait de l’état des lieux en Afrique, en portant une attention sur les enjeux (militaires, politiques et économiques) ainsi que les perspectives en matière d'’utilisation des drones. Nous soutenons la thèse selon laquelle l'utilisation des drones, au-delà des leurs avantages, contribue simplement à reconfigurer la forme des opérations de combats entre groupes armés légaux et illégaux, plutôt qu'à les résoudre. Par conséquent, la perte progressive de la souveraineté de l’espace aérien des pays concernés. La méthode utilisée consiste à faire une revue de la littérature. Il est question d'analyser les articles scientifiques ainsi que les notes d'informations provenant des médias formels comme France24, Radio-Canada. Nous procédons aussi par une étude de cas, soit la guerre en Libye.

Pour réduire le flux de clandestins qui entrent sur leurs territoires, les États occidentaux se tournent de plus en plus vers les pays du Sud qui sont réputés servir de lieu de départ ou de transit auxdites personnes. Plusieurs accords bilatéraux axés sur les opérations conjointes sont ainsi signés. Au titre de l'exécution de ces accords qui s'accompagnent le plus souvent d'une bonification de l'aide au développement, les clandestins en partance sont interceptés ou arrêtés à partir des territoires terrestres ou maritimes des partenaires du Sud. Certains seront par la suite refoulés vers des pays où ils risquent la persécution et la torture. Le droit au non-refoulement sera ainsi violé. Quand de telles atteintes surviennent, incombent-elles juridiquement au partenaire du Sud ou plutôt à celui du Nord?

Cette question qui est du domaine de la moralisation de la coopération Nord-Sud, appelle des réponses concrètes au plan de la responsabilité juridique des États en droit international. Notre communication a pour but de présenter les réponses fournies par le droit international à ce problème, dans un langage accessible, tout en mettant en relief les clairs-obscurs. En nous fondant sur les règles élaborées par la commission du droit international de l'ONU, nous démontrons que la responsabilité des pays exécutants, ceux du Sud, n'exempte pas le Nord d'une responsabilité. Notre propos conforte la théorie que l'extraterritorialité n'est pas une échappatoire aux règles d'asile.