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Si l’on définit l’imposture comme l’«(a)ction de tromper par des discours mensongers, de fausses apparences» (Nouveau Petit Robert, 2009 : 1290), peut-on qualifier d’imposture les accusations pénales antiterroristes portées à l’égard des quatre jeunes adultes ayant prétendument activé des fumigènes dans le métro de Montréal lors de la crise étudiante du printemps dernier? Pour examiner l’argument, nous utiliserons comme fondement certains résultats découlant d’une recherche documentaire, finalisée en 2009, portant sur les discours des membres parlementaires qui ont participé à la production du cœur même de la norme pénale antiterroriste canadienne en 2001. Nous ferons également un examen des discours sur la violence qui ont eu lieu pendant le confit étudiant, ainsi que des rapprochements théoriques avec la pensée de Charles Tilly, Max Weber, Howard Becker et Philippe Braud notamment. Cette communication fera la démonstration que s’il n’y a pas nécessairement des discours mensongers qui se cachent derrière ces accusations criminelles, il y a certes des constructions de la réalité qui cherchent à être validées dans une guerre des représentations. Ainsi, certains discours sur la violence peuvent apparaître comme trompeurs lorsqu’on les considère au pied de la lettre et à l’extérieur du contexte socio-politique ambiant, soit celui du conflit social étudiant du printemps 2012.

Depuis l’enchâssement de la Charte canadienne des droits et libertés dans la Constitution en 1982, la Cour suprême du Canada est appelée à interpréter la substance et la portée des différents droits conférés par celle-ci. Dans certaines circonstances, la Cour suprême va plus loin et invoque le concept des « valeurs de la Charte » afin d’interpréter la Constitution, les lois, la common law ou les décisions administratives. Les « valeurs de la Charte » ne sont toutefois jamais définies.

Ma communication vise à explorer cette problématique, qui a tout récemment fait l’objet d’un premier article académique publié dans Les Cahiers de Droit.

La méthodologie adoptée dans cette recherche consiste en une analyse de la jurisprudence de la Cour suprême relativement au concept de « valeurs de la Charte ». Plus de 400 jugements de la Cour suprême et des cours d’appel canadiennes furent analysés.

Ma recherche permet de retracer l’évolution du concept des « valeurs de la Charte » et de mettre en exergue les tiraillements de la Cour suprême à l’égard de la place qu’il devrait occuper au sein du droit canadien. On découvre notamment que certaines questions juridiques (droits de la personne, droits linguistiques, droit criminel) sont plus aptes à être abordé par la Cour suprême par le biais des « valeurs de la Charte ». Surtout, ma recherche permet de déceler dans la jurisprudence canadienne quelques indices de définition du concept des « valeurs de la Charte ».

Problématique

L’espace parlementaire est construit de règles (écrites ou non; formelles ou non) relatives aux procédures et à la tenue des séances. Les acteurs (députés) évoluent dans un espace politique en « tension permanente, entre l’affirmation d’un ordre spécifique et son débordement » (Baudot et Rozenberg, 2011). Cette tension s’illustre lors de l’obstruction parlementaire. Ce moment de cristallisation de la vie parlementaire (Nay, 2003) met en lumière l’interdépendance des acteurs dans un cadre intentionnellement désorganisé et non codifié.

Approche théorique

L’approche organisationnelle permet d’observer des acteurs autonomes situés dans un espace d’action structuré (Friedberg, 1993). Observer l’espace parlementaire par la sociologie de l’organisation contribue à lier une approche institutionnelle et comprendre les choix stratégiques de ses acteurs. La conception de recherche offre l'occasion de l’appliquer pour d’autres études de cas lors de futures recherches.

Méthode

Six entretiens semi-directifs ont été menés auprès de deux administrateurs de l’Assemblée nationale, un député honoraire, deux assistants parlementaires et un membre du cabinet de la présidence de l’Assemblée. La recherche archivistique (comptes-rendus des débats) illustre les propos.

Résultats

Le contexte politique, la socialisation de long terme à l’espace parlementaire et une action technique et juridique coordonnée entre députés sont nécessaires pour produire l’initiative d’obstruction parlementaire.

En 2012, une pénurie de médicaments frappe les hôpitaux canadiens lorsque Sandoz, fournisseur de la moitié du marché des injectables, se trouve dans l’impossibilité d’approvisionner le réseau hospitalier. Le Comité directeur multilatéral sur les pénuries de médicaments au Canada mandaté par le gouvernement fédéral voit le jour cette même année pour une meilleure compréhension de cet écosystème. En juin 2015, le Comité fait la lumière sur la fragilité du système ainsi que du besoin de collaboration quant aux pratiques de gestion de la chaîne d’approvisionnement. Considérant les rationalités de profit et politico-économique de l’industrie pharmaceutique (Nahon-Serfaty, 2009), il est contre-intuitif de collaborer dans cette économie de marché.

Dans cet ordre d’idée, un regard vis-à-vis les discours véhiculés est essentiel pour comprendre ce manque de collaboration. Pour ainsi agir sur la fragmentation du discours en relation avec les pénuries de médicaments, nous mettrons à profit la transdisciplinarité (Jahn, 2012) à partir des 7 espaces du design communautique. (Harvey, 2014) Cette méthodologie créera un espace de réflexion et un cadre pour les participants à la recherche. Elle encouragerait l’émergence d’intelligence collaborative afin de mobiliser les attributs nécessaires pour favoriser la transparence et la collaboration sur une plateforme numérique traitant de ce sujet et ainsi prolonger le débat et les questions relatives aux transformations de cette industrie.

La position centrale de cette communication est de présenter deux conditions essentielles pour déployer des instruments délibératifs (Dialogue public) de manière optimale, et ce, dans un contexte de rapport linguistique complexe comme la conjoncture du N.-B.. D’une part, la dimension substantive qui se traduit par le contenu des échanges, où la langue devient une dimension fondamentale aux niveaux de l’expression de tous, du travail des préférences, de l’apprentissage et de la traçabilité des discussions. D’autre part, la dimension processuelle, qui aborde plutôt la question de la saisine de l’instrument : Qui initie l’instrument, le porte, et en est imputable (effet sur la décision assuré)? Nous appuyons nos travaux qualitatifs sur deux considérations théoriques : la question de la robustesse et de la plasticité des instruments. Ainsi, la robustesse représente les éléments qui sont contraignants d’un instrument et la plasticité est le côté adapté, malléable de l’instrument que les acteurs vont s’enquérir. Pour que l’instrument apporte les résultats attendus et pour qu’il correspond aux vertus annoncées de celui-ci, nous constatons que certaines conditions sont centrales au déploiement de ce dernier. Essentiellement, ce sont à ces critères que s’intéresse notre recherche empirique – les présenter, les expliquer et tenter de mieux comprendre leur articulation dans une conjoncture linguistique particulière, comme celle que propose le statut officiellement bilingue au N.-B..

La Charte québécoise interdit la discrimination dans plusieurs champs d’activités, dont l’emploi ou la prestation de services. Cependant, certains moyens de défense sont explicitement prévus afin de justifier, dans des circonstances précises, un traitement qui serait autrement discriminatoire.

Or, plusieurs champs d’activité (conclusion d’un acte juridique, accès à un lieu public) échappent à l’application de ces moyens de défense. Certains soutiennent que la garantie d’égalité de la Charte québécoise serait alors absolue. Au contraire, dans quelques affaires, les tribunaux québécois ont appliqué un moyen de défense non explicitement prévu à la Charte : la défense de justification réelle et raisonnable, une création jurisprudentielle de la Cour suprême du Canada. La justification de l’usage de ce moyen de défense dans le cadre de la Charte québécoise est toutefois lacunaire. Un flou juridique persiste sur cette question en droit québécois.

À travers une démarche d’exégèse juridique et grâce à une analyse historique du droit québécois, l’auteur cherche à proposer un raisonnement innovant permettant d’appuyer le recours à la défense de justification réelle et raisonnable dans les cas non explicitement prévus à la Charte.

Entrée en vigueur en 2002, la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés (LIPR) propose de veiller à la réunification des familles et de se conformer aux instruments internationaux portant sur les droits humains dont le Canada est signataire. En ratifiant la Convention relative aux droits de l’enfant, le Canada a engagé sa responsabilité au regard de la protection des enfants. À travers la LIPR, son Règlement et la jurisprudence pertinente en droit canadien de l’immigration, l’auteur propose de démontrer que le Canada est loin de tenir cet engagement pour certaines catégories d’enfants impliqués dans le processus de réunification familiale. En effet, l’auteur identifie deux types d’exclusion familiale. La première est l’exclusion de facto qui vise l’enfant qui n’a aucun lien biologique ou adoptif avec l’un ou l’autre de ses parents. La deuxième est l’exclusion de jure en vertu de l’article 117(9)d) du Règlement et elle vise tout enfant biologique ou adoptif qui était un membre de la famille du parrain à l’époque où sa demande d’immigration au Canada a été faite, qui n’accompagnait pas ce dernier et qui n’a pas fait l’objet d’un contrôle. L’auteur fini son analyse par une réflexion sur la portée de l’article 25(1) de la LIPR qui confère au ministre de l’Immigration le pouvoir de faire preuve de jugement et de souplesse dans les situations qui ne répondent pas aux exigences de loi, s’il estime que des motifs d’ordre humanitaire le justifient.

À l’ère où la science permet de dissocier sexualité et procréation, maternité génétique et maternité gestationnelle, la France et le Québec, dans un élan de protection de la personne humaine contre les dérives des nouvelles techniques de reproduction, ont entrepris d’interdire la maternité de substitution. Malgré cette interdiction légale, elle demeure néanmoins pratiquée par des couples français et québécois sur le territoire national ou à l’étranger. Une fois l’enfant né, ces couples sont confrontés à la délicate question de l’établissement de leur filiation à l’égard de l’enfant, soit par le biais de l’adoption, soit par celui de la transcription des actes de naissance établis à l’étranger. Dans cette communication, nous voudrions démontrer comment les juges français et québécois de droit civil, bien que partageant la même volonté de contribuer à la protection de la personne humaine et de perpétuer une certaine représentation de la maternité, se distinguent lorsqu’ils sont saisis des demandes de transcription des actes de naissance et d’adoption d’enfants issus de la maternité de substitution. Le premier se caractérise par sa fidélité à la loi et le deuxième par sa capacité à concilier les intérêts en présence.



Internationalement, les organisations policières sont chargées de résoudre les crimes qui sont physiquement commis dans les juridictions qui leur sont attribuées. Cependant, ce système n'est pas adéquat dans le cas des cybercrimes, étant donné qu'ils sont commis virtuellement. Annuellement, des millions de plaintes de victimes de cybercrimes sont répertoriées. Face à cette croissante augmentation de la criminalité, les services de police se retrouvent parfois dans l'impossibilité d'intervenir face par manque de ressources ou de formations. Une solution proposée est de promouvoir les collaborations internationales qui transcendent les juridictions. Bien que plusieurs pays manifestent un intérêt à améliorer les collaborations pour résoudre les enquêtes sur la cybercriminalité, le rôle des collaborations internationales n'est toujours pas reconnu ni mesuré dans la littérature. Ainsi, cette présentation a pour objectif d’identifier et de comprendre les motivations qui poussent les enquêteurs à collaborer internationalement (le pourquoi). En plus de décrire les types de collaborations internationales sur le darkweb (le comment)Dans l’objectif de comprendre le rôle des collaborations internationales grâce aux expériences des enquêteurs. Les résultats proviennent de l’analyse qualitative de 20 entretiens réalisés auprès d’enquêteurs spécialisés dans les cybercrimes travaillant des différentes agences dans 5 pays. 

C’est dans le double contexte de la poursuite de recherches engagées en 2019 sur le droit du public à l’information et le lancement d’alerte et la révision annoncée par la ministre responsable de la Loi facilitant la divulgation d’actes répréhensibles à l’égard des organismes publics que nous souhaitons revenir sur ce qu’on a appelé l’Affaire Robert, du nom de l’agronome à l’emploi du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ), d’abord congédié à la suite de sa divulgation dans les médias à propos de l’ingérence du privé dans la recherche publique sur les pesticides, puis réintégré dans ses fonctions avec compensation. Nous appuyant sur la loi susmentionnée, sur la Loi sur les normes de travail, sur la Loi sur le Protecteur du citoyen et sur le rapport de ce dernier déposé en 2019, ainsi que sur les chartes canadienne et québécoise des droits de la personne, nous examinerons le rôle joué par l’intérêt public des informations divulguées par le lanceur d’alerte dans ce qu’il a appelé lui-même « sa trajectoire ». Nous verrons que, paradoxalement, c’est moins la loi qui devait le protéger que les manquements du ministère concerné par l’alerte et le travail de mise à l’agenda réalisé par des journalistes de Radio-Canada qui ont permis de respecter à la fois le droit du public à l’information et celui de monsieur Robert, à la liberté d’expression. En conclusion, nous reviendrons sur les modifications qui nous apparaissent nécessaires pour améliorer la loi sur la protection des lanceurs d’alerte en contexte démocratique.

Dans la présente recherche, nous nous intéressons principalement aux artéfacts de convergence et de divergence entre des groupes nationaux issus de 48 pays dans le cadre de la négociation de la norme internationale de responsabilité sociale. Quatre dimensions internationales de la responsabilité sociale ont été développées et analysées graphiquement afin de cartographier  la dynamique de la négociation entre les parties prenantes impliquées dans le processus. Nos résultats montrent l'existence d'une nette crossvergence due principalement à l'hétérogénéité des représentations des participants, abstraction faite de leur niveau de développement national. L'étude prouve aussi une nette divergence de négociation, associée à la catégorie de parties prenantes et au pays d'origine. Cette étude indique finalement que la divergence internationale sur les dimensions relatives aux questions centrales de la responsabilité sociale serait associée au niveau du consensus intra-national entre les différents groupes participants.

A la différence des pandémies du passé, la COVID-19 a connu une diffusion fulgurante qui la rapproche d’épidémies récentes (SRAS, H5N1, Ebola), néanmoins contenues. Depuis les années 1990, les scientifiques ont alerté sur l’exacerbation des menaces infectieuses par les dynamiques de la mondialisation, en particulier l’explosion des voyages internationaux. Entre la première alerte épidémique à l’OMS le 31 décembre 2019 et fin janvier 2020, un mois plus tard, 25 pays ont déclaré un premier cas de COVID-19, 62 fin février, et 195 fin mars – soit la quasi-totalité. D’un point de vue expérimental, ce virus fournit ainsi un observatoire inédit des mobilités transnationales. Nous avons reconstitué la chronologie de sa diffusion internationale dans 207 pays où on a documenté des informations sur le.a ou les premier.es patient.es dits « zéro » connu.es : leur âge, leur sexe, de quel pays étranger ils ou elles sont venu.es et pour quelle raison. On a aussi renseigné, quand c’était possible, leurs histoires personnelles. Notre approche réconcilie deux courants de recherche sur les mobilités internationales : l'un, macro, qui identifie des « schémas globaux de mobilités » à partir d’analyses de réseau ; l'autre, micro, qui étudie les modes de vie transnationaux. Nous montrons entre autres que la moitié des patients zéro sont venus d’Europe, qu’un tiers seulement étaient des étrangers, que seulement deux cinquièmes étaient des touristes, ou que deux tiers étaient des hommes.

La colonisation française des divers royaumes précoloniaux de l’actuel Sénégal a débuté dès 1856, précédant d’une trentaine d’années celle du reste du continent. Cette colonisation - incomplète - du Sénégal est motivée par la résistance des noblesses africaines précoloniales au développement de la culture arachidière. Afin de comprendre les interventions précoces françaises et la résistance des aristocraties précoloniales, il importe de décortiquer la façon dont la culture arachidière était contradictoire aux règles de reproduction de cette noblesse. À l’aide du cas d’étude du royaume wolof du Cayor au 19e siècle, la présente recherche teste empiriquement à l’aide de sources historiques secondaires des hypothèses issues de la théorie des relations sociales de propriété. La démarche participe à l’analyse du système de règles de reproduction des sociétés ouest-africaines précoloniales et apporte un éclairage nouveau quant à la dynamique impériale française. Il en résulte que, comme l’entité politique du Cayor est un État agraire, la production de l’arachide par les paysans, soutenue par l’Empire français, menace la capacité de la noblesse à pouvoir à extraire et redistribuer les surplus céréaliers. De plus, le renforcement de la paysannerie par le commerce mine la possibilité d’accumulation géopolitique par la noblesse du Cayor ainsi que l’équilibre de coopération-conflit entre groupes pilleurs et État agraire.

En 1989, l’économiste Amartya K. Sen s’est vu sollicité par Mahbub ul Haq qui lui demandait de prendre part à l’élaboration d’une mesure du bien-être social pour le Rapport mondial sur le développement humain. L’année suivante, le premier rapport était publié et comparait les États du monde selon l’Indice du développement humain (IDH). Il s’attardait à la santé, à l’éducation, au niveau de vie, lesquels ont des répercussions sur les libertés politiques et sociales. Vingt ans après, cet indice est devenu la mesure la plus largement admise pour établir des comparaisons internationales du bien-être.

Comme ancien directeur du projet des rapports mondiaux du PNUD et par conséquent de l’IDH, Haq a beaucoup contribué au concept de développement humain, notamment par ses travaux sur les besoins essentiels. Cependant, Sen demeure celui qui est présenté comme le théoricien principal derrière le concept et un de ceux qui a collaboré à la création de l’indice. Mais à la différence des autres consultants, son influence comme penseur est ce qui est passé à l’histoire. Quelle est la genèse théorique du concept de développement humain et son indicateur l’IDH ? Pourquoi ces derniers ont-ils émergé ? En quoi l’IDH se distingue-t-il des autres indicateurs du genre ? Notre présentation consistera à retracer l’évolution du concept principalement à travers l’approche des capabalités de Sen, de la planche à dessin jusqu’à l’application concrète de l’indicateur pour comparer les États entre eux.

Le Nigéria est un pays de paradoxes : d’une part, il est marqué par l’instabilité politique et la fragmentation de la société autour de clivages ethniques, régionaux et religieux qui ont souvent menacé jusqu’à son existence. D’autre part, en dépit de cette situation, le Nigeria reste le géant du continent, met en œuvre des stratégies d’influence et parvient à construire un consensus entre les élites sur les objectifs fondamentaux de la politique étrangère. Cette communication vise à identifier les origines internes de ce consensus entre les élites sur les fondements de la politique étrangère.

En nous inspirant du néoinstitutionnalisme sociologique, nous émettons l’hypothèse que deux mécanismes expliquent la construction de ce consensus : la socialisation commune des élites bureaucratiques et l’application de principes consociatifs. Ces deux mécanismes engendrent un amoindrissement des tensions dans les échelons élevés du processus décisionnel par rapport à la nature conflictuelle au niveau social. Nous montrons en outre que la portée de ce consensus change avec le temps : très fort durant l’« âge d’or » de la reconstruction et du rayonnement de l’État nigérian dans les années 1970, il a évolué vers un consensus de façade qui sert de plus petit dominateur commun aux élites dans les années 1980.



Les biens culturels sont de plus en plus menacés: entre destructions et vols, ces biens deviennent les objets d’un trafic contre lequel il faut lutter. Cela passe par la mise en place d'une protection efficace.

Depuis quelques années, en même temps que s’accroît le trafic de ces biens, se dessine à l’échelle internationale un vaste panorama juridique visant à endiguer ce problème et à protéger le patrimoine culturel. De même, des mesures pratiques (codes de déontologie, listes des biens menacés ou recherchés) voient le jour et des organisations non gouvernementales ou internationales tiennent une place de premier plan dans la lutte, comme l'Organisation mondiale des douanes, etc.

Pour connaître le rôle que joue le droit dans la lutte contre ce trafic illicite, il est important de répondre à la problématique suivante: le droit international est-il l’instrument le plus efficace pour lutter contre le trafic illicite des biens culturels?

Nous posons l’hypothèse que le droit international est bien sûr indispensable, mais qu’il se heurte à d’importantes limites (manque d’harmonisation des droits nationaux, hausse du trafic, etc.), auxquelles se heurtent moins les mesures pratiques, qui visent surtout à éduquer et moraliser les populations (formation des professionnels, publicité).

Ces dernières serraient selon nous des remèdes plus efficaces, et constitueraient la clé de la réussite pour les États qui désirent une vraie politique de lutte contre le trafic illicite des biens culturels.

Le syndicalisme rime avec solidarité : celle-ci peut s’avérer plus ou moins ample, profonde et désintéressée, selon les situations. En cette ère de mondialisation, les syndicats semblent toutefois n’avoir d’autres choix que d’internationaliser leurs actions pour les marquer d’une efficacité nouvelle. Ils peuvent ainsi parfois participer à la négociation d’accords-cadres internationaux ou encore s’investir dans la construction de coalitions prenant place dans des environnements peu structurés au plan normatif. Qu’importe l’option choisie, l’urgence de la conjoncture les mène souvent à entrevoir des projets communs, sur une base Nord-Sud notamment.

Dans cette perspective, il importe de jauger l’impact des alliances internationales sur le renouvellement des répertoires d’actions syndicales. Cette communication comporte deux objectifs. Elle documente, d’une part, le processus de construction d’une coalition s’étant déployée dans un contexte faiblement institutionnalisé. Elle se penche, d’autre part, sur les éléments susceptibles de contribuer à l’efficacité des alliances internationales. Nous dresserons tout d’abord l’historique de la coalition étudiée, non sans avoir précisé au préalable nos choix en termes d’analyse et de méthodologie. Nous enchaînerons ensuite avec la présentation des facteurs ayant façonné son évolution. Nous conclurons avec des pistes de réflexion se rapportant à la viabilité des coalitions de ce type et aux zones de tensions questionnant leur pérennité. 

Mes réflexions et mon parcours professionnel m’ont amené à m’interroger sur les jalons d’une éthique de l’intelligence artificielle. Non pas l’éthique face à l’usage des machines mais une morale intrinsèque à la machine. Autrement dit, je m’interroge sur la possibilité, voire la nécessité de coder l’intelligence artificielle. Progressivement, l’émergence d’une morale parallèle, codée, se propage dans nos vies. Quel sens pourrait avoir une telle morale? Quels objectifs, quelle finalité?  

Il est dans notre devoir d’orienter le progrès en faveur du Bien Commun. Mon interrogation ici concerne le pouvoir décisionnel. En d’autres termes, je me demande quel est l’impact de l’intelligence artificielle sur notre faculté de prendre des décisions. Et plus encore, dans quelles mesures l’intelligence artificielle possède-t-elle un pouvoir décisionnel? 

En somme, ma thèse porte sur les jalons de l’Éthique de l’intelligence artificielle. Comment pouvons-nous l’orienter vers le Bien Commun? Comment l’intelligence artificielle se positionne-t-elle par rapport au Bien Commun? Dans quelle mesure, l’intelligence artificielle pourra-t-elle un jour avoir un pouvoir décisionnel et quels en serait les impacts? 

J'ai fondé ma compagnie pour étendre ma recherche et tenter de concevoir une certification en Éthique de l'intelligence artificielle. Ma compagnie se nomme Intelligence NAPSE. C'est la raison pour laquelle je partage avec vous l'image de mon logo.

Le Code mondial d’éthique du tourisme de l’Organisation mondiale du tourisme consacre ce que la « communauté internationale » considère constituer l’éthique universelle de l’une des activités économiques les plus importantes de notre époque, soit le tourisme. Le droit (souple) au tourisme promu par l’article 7 du Code est un exemple de la fiction répandue d’universalité. Le tourisme de loisir est plus souvent qu’autrement unilatéral du Nord global au Sud global, une avenue de « développement » largement financée par des institutions internationales. Les bénéfices à long terme des relations touristiques, d’autant plus, sont majoritairement rapatriés par des acteurs du Nord global (chaînes hôtelières, compagnies aériennes, etc.), alors que les impacts négatifs sont relégués aux communautés hôtes du Sud global (par exemple, la dégradation environnementale). Je propose que l’approche « droit et littérature » constitue une méthode pour conceptualiser un contre-discours au discours international d’égalité et de réciprocité, ce qui est exemplifié par des extraits provenant de la littérature de fiction émanant des Caraïbes. Plutôt que de condamner le tourisme de loisir du Nord global au Sud global, cette communication a pour objectif un argument relatif à la nécessité d’une considération attentive des formes revêties par, et des effets à long terme, de ce tourisme.

La mobilité des professionnels africains vers le Nord :

« fuite » ou « circulation » des cerveaux ?

 

 

La mobilité des professionnels africains vers le Nord a fait couler beaucoup d’encre. Le phénomène, connu sous l’appellation « fuite des cerveaux » est source de préoccupations de la part des dirigeants africains, qui redoutent les conséquences néfastes de l’émigration massive de leurs travailleurs qualifiés. C’est cette même perspective de la « fuite des cerveaux » qu’adoptent les chercheurs qui étudient la mobilité des professionnels africains vers le Nord. Dans leurs travaux, ces chercheurs décrivent un « drame » qui s’abat sur « un continent réservoir » (Kouvibidila, 2009).

 

Le but poursuivi par notre communication est de montrer qu’à côté de la perspective de la « fuite des cerveaux » existe une autre. En effet, l’idée émerge en ce moment sur le continent noir, qui présente la mobilité des professionnels africains vers le Nord  comme l’une des opportunités à saisir en vue d’atteindre le développement économique. Dans cette nouvelle perspective, le phénomène évoque moins un « drame subi » qu’une stratégie dont les dirigeants africains commencent à découvrir les bienfaits (Patterson, 2012). Nous ferons la syntèse de quelques travaux qui s'inscrivent dans cette seconde perspective.

 

 

 

Olivier M. Mbodo, Ph D

Chargé de cours, Université Laval

Professeur de sociologie, Cégep Garneau

                                                      

 

 

   

 

  

  

  

 

Alors qu’au Québec, les initiatives de développement local relèvent, d’abord et avant tout, d’une revendication des communautés de prendre en main leur propre développement, dans les pays en développement, le financement de ces initiatives s’inscrit généralement dans des procédures contractualisées entre l’État et les bailleurs de fonds internationaux. Ceci entraîne une dépendance au financement international des projets de développement local; c’est-à-dire une dépendance accrue vis-à-vis des ressources extérieures. Dans ce contexte, les questions auxquelles cette recherche tente de répondre sont les suivantes: « quelles sont les compétences pour la mobilisation de ressources financières pour le développement territorial au Québec? Comment ces compétences se construisent-elles? L'objectif de la recherche est alors de mieux connaître les compétences des acteurs locaux dans le processus de mobilisation des ressources financières pour la réalisation des initiatives de développement territorial au Québec et d'en tirer des leçons pour l'apprentissage et la formation dans les pays du Sud. La collecte de données utilise une démarche qualitative en se basant sur un modèle du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) qui stipule que les compétences en mobilisation de ressources financières se structurent autour de trois concepts intégrés : le développement et la gestion organisationnelle, la communication et la prospection et enfin le développement des relations.

Le cannelier (cinnamomum cassia) est un arbre tropical qui fournit la casse, mieux connue sous le nom générique de cannelle. En 2019, la production de cannelle au Vietnam atteint plus de 41 000 tonnes, plaçant le pays au 3e rang des producteurs mondiaux (FAO, 2019). Il y a un peu plus de dix ans, la cannelle ne contribuait que marginalement à l’économie locale. Peu d’études se penchent sur les répercussions que cette nouvelle manne peut avoir sur les modes de vie des producteurs locaux, soit les familles issues des minorités ethniques Hmong et Yao. Ma problématique de recherche enquête donc sur les stratégies de subsistance des individus impliqués dans la culture de la cannelle au Vietnam. J’emploie des méthodes de recherche qualitatives mixtes basées sur plus de 200 entrevues avec les producteurs de cannelle. Mes résultats préliminaires démontrent que leurs modes de production tiennent compte de divers gradients de qualité et de vitesse de croissance du cannelier, soutenus par leurs savoirs écologiques et des décisions économiques propres à chaque ménage. Cette trame aboutit à des moyens de subsistance hautement spécialisés et adaptés, permettant de naviguer avec une certaine flexibilité dans la fluctuation des prix du marché. Cette recherche contribue aux connaissances liées aux modes de vie des minorités ethniques du nord du Vietnam. Plus largement, elle informe sur comment les dynamiques mondiales d’offre et de demande de produits tropicaux impactent les producteurs locaux.

Depuis la décade 1990, l’établissement des réseaux de collaboration par cosignature est devenu presque un engagement professionnel de la part des professeurs-chercheurs face aux exigences de travail académique demandé par plusieurs universités au monde. Les corps des professeurs-chercheurs des universités au Québec ne sont pas l’exemption à cette tendance. Cette communication cherche à montrer le portrait des caractéristiques socioprofessionnelles des collaborateurs par cosignature dans le domaine des sciences sociales au Québec, particulièrement par rapport à leur ville, région et pays d’origine, en considérant toutes les types de publications cosignées et non seulement le travail publié en revues avec comité de lecture. Ajoutons qu’il n’y a pas d'études en profondeur au Québec soumis sous cette perspective pour le cas des sciences sociales. Plus précisément, on vise 21 professeurs-chercheurs d’un centre de recherche en sciences sociales établie à Montréal, reconnus au présente par leur rang académique (adjoint, agrégé et titulaire) et leur réseau complet de 530 cosignataires (eux-mêmes y compris dans le réseau) dans la période 1990-2009. 

L’autorégulation est devenue l’un des principaux modèles de gouvernance transnationale. L’essor de ce type de régulation coïncide avec l’accélération de l’internationalisation économique et politique et avec les difficultés des États à contrôler la livraison des biens publics nécessaires pour pallier les effets négatifs de la mondialisation.

La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est une forme d’autorégulation qui vise l’internalisation par les entreprises des externalités négatives de leur action. C’est un type d’autorégulation privée et volontaire qui s’attaque à des problématiques sensibles comme les normes du travail et l’environnement. L’élaboration des codes de RSE est un processus politique qui suit des étapes propres à l’élaboration de politiques. Bien qu’à première vue ce type de régulation puisse laisser transparaître un certain retrait des instances étatiques de la scène régulatrice, une analyse plus approfondie des différentes étapes du processus d’élaboration de ces codes peut au contraire révéler que l’État est encore actif dans l’établissement de balises sur le secteur privé.

Cette communication vise à décrire l’influence réelle des instances étatiques dans ces schémas d’autorégulation dans le cas de l’adoption par les entreprises minières canadiennes présentes en Amérique latine de codes de RSE, ainsi qu’à identifier les facteurs qui déterminent cette influence.

La domination coloniale israélienne sur la nation palestinienne prend non seulement une dimension locale et matérielle (le contrôle des corps sur territoire donné), mais aussi une dimension discursive et internationale. Le nombre d’autobiographies d’Israéliens et de Palestiniens publiées en édition originale anglaise entre 1993 et 2012 (62 palestiniennes, 319 israéliennes et deux en partenariat) témoigne de l’intensité de cette lutte discursive pour légitimer ou modifier cet état de fait. Ces matériaux sont particulièrement riches puisqu’écrire une autobiographie en anglais, plutôt qu’en hébreu (langue d’usage en Israël) ou en arabe (langue d’usage en Palestine), est un geste d’une grande portée politique.

L’analyse de ces autobiographies permet donc de mettre en lumière une construction narrative de l’identité (Jenkins 2008 [1996] ; Somers 1994), et en particulier de l’identité nationale (Smith 1991; 2009), propre à la localisation socio-idéologique de chacun de ces acteurs. Plus précisément, l’analyse structurale du discours (Houle 1979 ; Piret, Nizet et al. 1996) de trois autobiographies palestiniennes largement diffusées – Izzeldin Abuelaish (2010), Mosab Hassan Yousef (2010) et Edward Said (1999) – permet de dégager des formes distinctes de construction du soi et de rapport à l’altérité. C’est à ces construits identitaires et à la façon dont ils viennent légitimer ou subvertir le rapport colonial entre Israéliens et Palestiniens que s’attarde cette communication.