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Le Général De Gaulle déclarait au lendemain de l’indépendance : « Les africains ne pourrons suivre que la voie que je leur ai tracée – l’indépendance dans la coopération -, ils savent qu’ils ne peuvent rien faire sans le pays qui les as colonialisé sauf à revenir à la barbarie, et qu’ils ont besoin de son aide pour se développer, leur technique, leur culture, leur population … ».[1] Les colonisateurs ne se sont pas limités à l’exploitation qu’ils faisaient des africains au cours de l’occupation ; ils ont pertinemment monté leur coup de telle façon que même s’ils ont fait comme s’ils abandonnent les territoires déjà conquis, les pays colonisés ne sauront pas se surmontés. Ils décident lors de l’éloignement (qu’ils ont nommé l’indépendance) de propager le chaos, d’enfoncer les communautés d’un même pays en conflit en vue de s’immiscer à leur guise en se réclamant d’assistance militaire et technique. Ce chaos planifié et combiné persiste présentement. On observe tout le temps que les puissances colonisatrices poursuivent à semer le désordre dans les nations africaines afin de contenter leurs besoins économiques. Ils équipent les insurgés aux fins de pouvoir arriver s’imposer sur la gouvernance du pays.

Cette emprise occidentale est également omniprésente dans les modes de vie courants de l'Afrique. Elle est tellement méthodique dans nos jours avec des “nominations” comme l’Accord de Partenariat Economique (APE). Ces conventions ouvrent les limites africaines aux occidentaux (et dernièrement aux asiatiques) dans l’intention de venir remplir les marchés africains avec leurs articles laissant régresser les jeunes entreprises africaines.     

 

[1] Peyrefitte A., « De Gaulle à cœur ouvert », In L’autre Afrique, N° 1928-1929, 1997-1998, P. 72-88.

Une tendance à user du commerce pour promouvoir le développement durable s’est développée dans les dernières années, les clauses à caractère non-économique étant aujourd’hui omniprésentes dans les accords de libre-échange (ALÉ). Par contre, le corpus de normes environnementales (NE) minimales à respecter au plan multilatéral est loin de faire l’objet d’un consensus, les États ayant même refusé l’idée d’un traité contraignant à Nairobi en 2019. Dès lors, on se demande dans quelle mesure les ALÉ pallient l’absence de cadre commun concernant les NE. Si la recherche académique juridique a exposé les conflits normatifs entre le droit international économique et celui de l’environnement, on se pose toujours la question si l’inclusion d’une NE dans un ALÉ a un impact sur le comportement des États parties dans les autres sphères du droit international. En prenant pour point de départ le Partenariat transpacifique, la portée juridique de l’inclusion de NE dans un ALÉ sur la réelle adhésion à ces normes par les États parties est ainsi analysée en comparant les NE contenues dans le PTPGP et celles contenues dans les ALÉ négociés postérieurement. Par exemple, l’ALÉ entre le Japon et l’Union européenne contient un chapitre sur le développement durable, mais les normes ne sont pas les mêmes. Une approche critique postcoloniale est utilisée pour vérifier l’hypothèse que les pays développés imposent les NE aux pays en développement pour favoriser une concurrence équitable.

L’interface de gouvernance mondiale entre la santé publique et la propriété intellectuelle (PI) est fortement complexe du fait que s’y chevauchent des droits fondamentaux : le droit à la santé et le droit à la PI. Doté de flexibilités, le régime mondial des brevets a été conçu d’une manière qui devait lui permettre d’évoluer pour répondre aux préoccupations de santé publique. Or, 25 ans plus tard, la pandémie de COVID-19 révèle une gouvernance mondiale hésitante reposant sur un cadre multilatéral inchangé. Si le droit international explique la complexité de la régulation de cette interface, l’économie politique offre des pistes d’explication à sa remarquable continuité. Empruntant au concept de communauté épistémique, cette recherche indique que cette interface engendre une compétition épistémique où les experts de la PI et de la santé, par la fourniture d’expertise, influencent le cadrage normatif de l’enjeu. Une analyse de réseaux sociaux réalisée à partir des interventions d’experts effectuées lors d’événements de la Coopération trilatérale OMS – OMPI – OMC sur la santé publique, la PI et le commerce permet d’obtenir des indicateurs de centralité pour chacune des communautés épistémiques. Des entrevues avec des experts valident ensuite le lien entre la centralité observée et la capacité de diffusion des idées. Présentant ses données préliminaires, cette recherche contribue à la compréhension et à la démocratisation de cette interface de la gouvernance mondiale.

MONDIALISATION
ET CITOYENNETÉ

Dans cette communication, je
traiterai de la répercussion de la mondialisation sur la citoyenneté, de
l’État-providence et de la croissance des inégalités soit l’enrichissement
des uns et l’appauvrissement des autres.

 
La mondialisation se traduit pas le rétrécissement
du globe ou la réduction des distances
favorable à l’immigration, à la citoyenneté et à l’économie. Certains analystes
utilisent ce terme pour montrer comment les forces internationales,
économiques, sociales, culturelles et techniques affectent la conjoncture intérieure
d’un pays. Citons comme exemple le
cas des entreprises locales et multinationales qui exportent certains secteurs
de leur industrie, sinon toute l’entreprise, dans les pays en émergence où la
main d’œuvre coûte très peu, où la sécurité et la réglementation sont quasi
inexistantes. Ce qui se traduit par des pertes d’emplois et de gains pour le
pays exportateur.   

 
Enfin, la citoyenneté se définit comme un statut rassemblant et
intégrant une communauté politique dans un projet collectif. Donc, les nouveaux arrivants doivent s’intégrer dans les projets
collectifs de leur pays d’adoption pour être considérés comme citoyens à part
entière, ce qui implique la connaissance du français et des lois régissant le
Québec.

 À la lumière de ceci, l’économie et l’identité
en tant que langue et culture demeurent les plus grands risques découlant de la
mondialisation pour le Québec.    

 

Notre recherche s’inscrit dans le débat concernant les défis pour améliorer l’efficacité de l’aide internationale. Nous contribuons à une meilleure compréhension des mécanismes relationnels en œuvre dans le contexte de la mise en œuvre des initiatives de coopération technique visant le renforcement des capacités. La présente recherche vise un triple objectif : 1)  mettre en lumière les divers facteurs relationnels (entre les expatriés et leur partenaire local) qui produiraient une influence sur les résultats de transfert de connaissances dans le contexte de la coopération en développement international. 2) Explorer, au niveau des résultats de transferts, les multiples dimensions de résultats et voir comment ils contribuent, le cas échéant, au renforcement des capacités.  3) compléter les modèles théoriques existants en intégrant les composantes institutionnelles et de gestion des ressources humaines tout en précisant les effets sur les résultats de transfert et de partage de connaissances en développement international. Nous avons développé un devis qualitatif, avec une stratégie d’étude de cas pour recueillir la majorité de nos données au Sénégal, en Haïti, puis au Canada.  Quarante entrevues, provenant de huit cas et réparties entre quinze expatriés volontaires et vingt-trois membres d’organisation locale, constituent notre échantillon. Les résultats préliminaires indiquent que les liens entre les facteurs cognitifs et relationnels s’influencent de part et d’autres.

Dans les secteurs horticole et maraîchers, au Québec, les producteurs se trouvent confrontés à une importante pénurie de main-d'oeuvre. Ils résolvent en partie ce problème en participant au Programme de travailleurs agricoles saisonniers. Chaque année, ils emploient des travailleurs mexicains afin de combler ce manque. Les avantages pour les producteurs sont nombreux, mais du point de vue des travailleurs, la réalité est cependant différente et le contrat de travail se présente comme un mécanisme de contrôle puissant pour les gestionnaires du programme. Afin de décrire et d’expliquer les répercussions causées par le contrat de travail, nous avons menée une vaste enquête par entrevues appuyée par plusieurs mois d’observation participante. Cette enquête a eu lieu dans la localité de Saint-Rémi. Nous avons réalisé des entretiens avec des personnes qui administrent, supportent, défendent et dépendent de la migration saisonnière au Québec. À partir de ceux-ci,  nous dresserons un portrait des conditions de vie et de travail des mexicains et nous dégagerons les dispositions limitatives du contrat de travai. Nous montrerons comment ces dispositions contractuelles sont porteuses d’exclusion et d’inégalités.

Avec l’importance des exportations de ressources énergétiques, les États membres du Conseil de Coopération du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar, Koweït, Émirats arabes unis, Oman et Bahreïn) se retrouvent avec une puissance financière considérable et proposent l’idée d’une aide financière vers les pays plus pauvres de la région. Malgré cela, les économies du monde arabe font face à un cycle de conflits dévastateur, comptent parmi les moins intégrées du globe et la croissance économique reste anémique. Il est donc nécessaire d’examiner les États rentiers afin de comprendre la logique qui sous-tend leurs politiques face à l'écart entre les discours et la situation régionale. L'analyse des politiques commerciales, entre 1975 et 2015, souligne l’idée de l’instrumentalisation du mythe de la solidarité arabe et de l’intégration régionale afin d’assurer une couverture idéologique à la survie des structures macroéconomiques rentières, mais surtout que malgré la mise en place d’accord et ententes prônant la libéralisation du commerce interarabe, le fait de capter une rente pétrolière considérable provoque des failles structurelles qui poussent les États rentiers à ignorer les économies du monde arabe et à se tourner vers les pays industrialisés comme débouchés pour les exportations d’hydrocarbures, mais aussi comme source d’approvisionnement en biens manufacturés. On peut donc voir apparaître un écart entre les discours d'unité et la politique commerciale des États rentiers du CCG. 

La communication que je propose porte sur les droits des minorités nationales dans le droit international. Dans celui-ci, les minorités nationales ont seulement des droits généraux se résumant à la liberté de jouir de leur propre culture. Les seules minorités ethnoculturelles à se voir attribuer des droits spécifiques d’autonomie gouvernementale sont les peuples indigènes. Cependant, cela fait en sorte que les besoins distincts et les aspirations historiques et culturelles des minorités nationales ne sont pas pris en compte. De plus, les organisations internationales ne peuvent pas adéquatement agir dans les cas de conflits entre les États et les minorités ethnoculturelles. Deux éléments peuvent faire avancer les droits des minorités nationales à l’échelle internationale. Premièrement, je vais présenter les conditions ayant permis un avancement substantiel des droits des minorités ethnoculturelles dans les pays occidentaux. Celles-ci sont une plus grande conscience des droits, la démographie, la possibilité de mobilisation politique, l’élimination de la sécurisation des relations ethniques et un consensus sur les droits de la personne. Deuxièmement, je présenterai une conception des groupes ethnoculturels pouvant aider à l’acceptation de droits spécifiques pour les minorités nationales dans le droit international. Cette conception conçoit la différence entre les peuples indigènes et les minorités nationales comme étant une différence non pas de nature, mais bien de degré.

Depuis ces dernières années, la question migratoire est au centre d’attentions médiatiques et politiques. Mais à l’ONU, comme au Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, celle-ci fait l’objet de résolutions et de rapports depuis plusieurs décennies déjà. La Déclaration de New York (2016), dont découle le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (2018), dresse une stratégie tout azimut du traitement de la question migratoire, stratégie qui n’est pas étrangère à la théorie de la gestion internationale des migrations. Et l’entrée de l’O.I.M. dans le giron de l’ONU, présage de l’ancrage d’une approche managériale au sein de l’ONU en matière de migrations. L'analyse de contenu des discours des résolutions que nous proposons permet de retracer les choix qui ont mené au Pacte mondial, afin de mieux comprendre ceux à venir. Notre analyse porte sur des résolutions (1995 à 2018) de l’Assemblée générale de l’ONU, du Conseil des délégués et de la Conférence internationale du Mouvement international. Une première lecture démontre que l'approche managériale s’est installée progressivement au sein de l’ONU (2000-2011), avant de s’imposer clairement à partir de 2012. Dans une telle perspective, quelle place les États réservent-ils aux droits des migrants? Du côté du Mouvement international, l’approche est davantage axée sur les besoins du migrant. Entre « management » et « humanitaire », comment les États membres concilient-ils leur engagement?

Le processus de constitutionnalisation du droit international sera envisagé à travers le prisme du dialogue des juges en matière de protection des droits de la personne. Le phénomène du dialogue juridictionnel est une pratique spontanée qui consiste pour un organe de protection à intégrer dans le processus d’interprétation d’une disposition donnée, des éléments étrangers à son système juridique, qu’il s’agisse de décisions ou d’instruments de protection émanant d’autres organes. Or, dans l’ordre juridique international, les organes et systèmes de protection sont de nature différente, indépendants et non hiérarchisés. Il s'agit de s'interroger de quelle façon l'interprétation convergente des droits de la personne, à travers la pratique spontanée du dialogue des juges, peut conduire à la détermination de standards de protection et normes de référence qui ont pour vocation à être incorporés dans les ordres juridiques internes et à faire l'objet d'une réappropriation par les juridictions nationales, ordinaires ou constitutionnelles. Ainsi, le processus de constitutionnalisation spécifique à l'ordre juridique international ne doit pas être envisagé sous l'angle du droit interne et de la Constitution. Il s'agit plutôt d'un processus multidimensionnel, qui implique une collaboration et une coopération judiciaire en vue de déterminer des standards de protection des droits et libertés afin d'encadrer l'exercice du pouvoir par les États en mettant en oeuvre leur responsabilité.

La théorie de la paix libérale d’inspiration kantienne postule que les démocraties entretiennent des rapports pacifiques. Force est de constater que depuis 1945, deux démocraties ne se sont pas directement  affrontées militairement. Nonobstant, les arguments avancés pour expliquer cette paix (la nature irénique des démocraties, les valeurs du libéralisme, etc.) sont discutables. Cette proposition tire sa genèse d’une série d’interrogations ? Si l’on prend pour acquis l’absence de guerres entre démocraties, qu’en est-il des régimes autoritaires ? S'il est censé y avoir une corrélation entre la paix et la démocratie, existe-t-il une connexion similaire entre la guerre et la nature autoritaire du régime ? À travers une démarche essentiellement hypothético-déductive, et dans la lignée théorique du réalisme subalterne esquissé par le professeur Mohamed Ayoob, nous émettons l’hypothèse de l’existence d’une « paix autoritaire ». Les autocraties ne se trouvent pas forcément en état de belligérance. Le choix a été fait d’axer l’analyse sur le continent africain qui renferme plusieurs régimes non démocratiques. Afin de tester l’hypothèse principale, la base de données statistiques du Correlates of war project fut mise à contribution ainsi que la méthode comparative. Il affleure que les autocraties africaines, se trouvent généralement en état de paix séparée entre elles. L’hypothèse n’est toutefois que partiellement validée, et elle souffre quelques réserves qu’il conviendra d’examiner.

La société civile québécoise est plus militante, c’est-à-dire plus engagée dans les débats politiques, que son homologue dans le reste du Canada, dit-on. La présente étude a pour but de confirmer empiriquement si cette affirmation est vraie et d’expliquer cette différence, si elle existe. L’étude focalise sur les principales organisations de la société civile (OSC) œuvrant dans le développement international et l’environnement, puisque les OSC dans ces deux secteurs ont comme préoccupation principale la justice sociale et environnementale et puisque leurs mandats les poussent à militer en faveur de nouvelles politiques publiques. Cette étude se base sur des données qualitatives provenant de plus de 90 entrevues semi-dirigées avec des responsables et employé·es des OSC et des analyses du contenu des sites web des OSC, ainsi que des données quantitatives en provenance du Commissariat au Lobbying, d’Élections Canada, de l’Agence du revenu du Canada et du Parlement canadien. La réglementation des OSC se fait en grande partie par le fédéral au Canada, via la Loi de l’impôt sur le revenu régissant les sociétés de bienfaisance, la Loi sur le lobbying, et la Loi électorale du Canada, entre autres. L’approche néo-institutionnaliste – là où « institution » équivaut aux « règles » – a ainsi du mal à expliquer l’exception québécoise. D’autres facteurs – culturels, organisationnels et psychologiques – doivent alors entrer en jeu; le rôle du gouvernement du Québec est non négligeable.

L'expert économique joue un rôle central dans la conception, l'évaluation et la mise en place de politiques et de projets internationaux et nationaux en développement. Pour certains, son expertise est à la fois respectée et encensée, mais la discipline qu'il pratique, ses principes et sa réflexion semblent être confinés à un cercle restreint et privilégié. Les idéologies et les valeurs véhiculées par l'expertise économique ont une influence considérable sur la manière dont le développement est envisagé et intellectualisé. L'expert économique est souvent cité, invoqué, à tort ou à raison en se fiant surtout à son caractère particulier d'expert. Pour comprendre son interaction avec les politiques de développement, il importe de comprendre comment l'expert économique perçoit le comportement qu'il doit adopter pour être accepté dans le champ du développement, quelles sont les normes qui sous-tendent l'acceptation ou le rejet d'un expert, comment les experts se définissent et se légitimisent comme acteur social. Afin de mieux comprendre le champ de l'expertise économique pour le développement nous nous proposons de présenter les différentes perceptions que les experts économiques ont d'eux-mêmes et de leur profession.

La présente analyse traite de la politique étrangère de l’État intermédiaire, plus connu en Relations internationales sous le nom de puissance moyenne. Le concept d’État intermédiaire désigne une catégorie de pays caractérisés par un style de politique étrangère, c'est-à-dire des conduites particulières au niveau international.

Recherchant le raffinement et l‘approfondissement de l’étude de l’État intermédiaire, ainsi qu’à le définir de manière impartiale et au-delà de la rhétorique politicienne,  je réalise une réflexion théorique-analytique, complétée par une application préliminaire empirique en ayant recours à l’analyse documentaire qualitative.

Se questionner sur la reconnaissance ou l’identification d’États comme intermédiaires dans le système international en fonction de l’adoption d’un comportement similaire, d’un comportement propre et distinctif d’État intermédiaire, m’a amené à concevoir une proposition conceptuelle. Il s’agit de la conception d’un « modèle type » ou « patron type » de comportement d’État intermédiaire en politique étrangère aidant à structurer ou opérationnaliser l’étude de ce type d’État, notamment en offrant un cadre analytique à son étude comparée. L’application préliminaire est ensuite réalisée à l’aide du cas du Canada et de l’Argentine dans le domaine de la sécurité et de la défense démontrant l’applicabilité ou portée réelle de cette reconceptualisation théorico-analytique proposée à l’égard du comportement de l’État intermédiaire.

Deux décennies après la chute de l'URSS (1991), cette communication propose une réévaluation de la thèse de Francis Fukuyama sur la Fin de l'Histoire, élaborée en 1989, qui postule qu'avec la chute de l'URSS aucune idéologie ne peut rivaliser avec la démocratie libérale capitaliste; et de la thèse de Samuel P. Huntington sur le Choc des civilisations, élaborée en 1993, qui pose l'existence d'un nombre fini de civilisations homogènes et antagonistes. Pourtant, lorsque confrontées à une étude approfondie des séquences historiques, ces deux théories apparaissent pour le moins relatives. Deux questions ont été traitées: l'interaction entre Idéologie et Conditions historiques, et la thèse de l'homogénéité intracivilisationnelle et de l'hétérogénéité antagoniste intercivilisationnelle. Sans les invalider complètement, cette recherche conclut toutefois que ces deux théories doivent être nuancées; elles se situent aux deux extrémités du spectre des relations internationales. La recherche effectuée a montré que les idéologies et leur poids relatif sont tributaires d'un contexte, contrairement à Fukuyama qui les pose dans l'absolu. De plus, l'étude de la Chine maoïste et particulièrement de la pensée de Mao Zedong montre que les traditions politiques locales sont plus hétérogènes qu'il n'y paraît au premier abord, ce qui relativise la thèse de Huntington. En conclusion, les rapports entre États sont plus dynamiques que ne le laissent penser les thèses de Fukuyama et de Huntington.



La discrimination raciale (DR) à l’encontre des personnes d’ascendance haïtienne (PAH) en République dominicaine (RD) a été caractérisée de systématique par différents observateurs. Dans notre étude, nous considérons que la question de la nationalité est au cœur de la reproduction de cette DR. Depuis 2004, plusieurs mesures adoptées par les l’État dominicain ont eu pour effet de poser, aux PAH, des obstacles à l’acquisition et au maintien de la nationalité dominicaine. En 2013, une décision du Tribunal constitutionnel dominicain a privé plus de 200 000 Dominicains d’ascendance haïtienne (DAH) du droit à la nationalité dominicaine, institutionnalisant encore davantage la DR à leur encontre. Nous cherchons à savoir si la dénationalisation judiciaire des DAH, par cette décision, constitue une forme d’oppression raciale pratiquée en tant que politique d’État au regard du droit international. Nous adoptons une méthodologie sociologique du droit et nous inspirons des auteurs associés au courant réaliste des Critical Race Theory dans notre double analyse du droit dominicain en matière de nationalité et du droit international des droits humains en matière de DR. Nous concluons que la domination des DAH et leur oppression systématique, caractérisées, au niveau social, par l’antihaïtianisme dominicain, sont formalisées par les mesures adoptées depuis 2004 par les trois pouvoirs de l’État dominicain en matière de nationalité.

À l’automne 2018, plusieurs associations de la société civile togolaise se sont regroupées au sein du Collectif « Non, c’est non » pour dénoncer les violences sexuelles perpétrées à l’égard des femmes. Un an après le mouvement #Metoo, ce collectif togolais s’inscrit dans une vague de revendications « féministes » et transnationales particulièrement d’actualité, qui démontre que les associations féminines constituent un lieu propice où observer différentes formes d’action collective et de luttes politiques, mais aussi d’alliances locales et transnationales. Cette proposition vise ainsi à esquisser la cartographie du réseau d’acteurs et d’associations loméennes actifs dans la cause pour les droits des femmes, mais aussi à rendre compte de leurs principales revendications et de la manière dont celles-ci s’insèrent dans des enjeux et des réseaux plus larges autant aux niveaux local, national qu’international. Les résultats proviendront d’une enquête ethnographique de cinq mois, réalisée à Lomé, combinant des observations et des entretiens semi-directifs et informels avec une analyse textuelle de la littérature grise de trois associations étudiées, une ressource encore sous-valorisée. La nature des liens noués entre ces associations militant pour les droits des femmes avec leurs consœurs loméennes, leurs bailleurs de fonds, les agences internationales de développement ainsi que des réseaux transnationaux de militantes à l’échelle régionale et du Sud globalisé sera explicitée.

Se faire justice par elles-mêmes… Voilà la décision prise par les entreprises privées lorsque celles-ci se feront cyber-attaquer. Accepté, voir encouragé par certains États nord-américains, le « hack-back » (ou cyber-riposte) est perçu d’un très mauvais œil outre-Atlantique, les européens considérant cela comme la porte ouverte aux règlements de compte en tout genre, le cyberespace devenant ainsi un O.K. Corral numérique où chacun pourrait dégainer sa souris comme bon lui semble. Absente des textes internationaux, cette nouvelle pratique des entreprises n’est pas sans soulever des questions, notamment d’ordre juridique (Est-ce de la légitime défense ? Quelle responsabilité pour les États ? Quel encadrement juridique ? Etc.). Nous tâcherons à travers cette proposition de présenter les difficultés entourant l’emploi du hack-back, mais également les solutions pouvant être envisagées pour sécuriser le cyberespace. Nous verrons non seulement que celles-ci pourraient être trouvées au sein de l’ONU, qui a toute légitimité pour étudier cette nouvelle tendance; mais également que les acteurs non-étatiques devraient avoir une place prépondérante dans les prises de décisions, notamment juridiques. Outre le fait d’exposer une partie de nos travaux de recherche, cette présentation vise principalement à une prise de conscience quant à cette nouvelle tendance des entreprises privées, particulièrement inquiétante et dangereuse pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Dans les années 1960, en contexte de guerre froide, la Chine cherche à se positionner en leader des pays non-alignés et à proposer une alternative aux voies américaine et soviétique. Parallèlement, aux États-Unis, les militants les plus radicaux de la cause noire se voient en population colonisée de l’intérieur. En se désignant de la sorte, les Afro-américains s’assimilent au tiers-monde et s’associent à la lutte contre l’impérialisme, devenant ainsi l’un des enjeux de l’entreprise de séduction menée par Pékin. Quel est le discours mobilisé par la République populaire de Chine à l’endroit des populations noires américaines ? Notre communication se propose de répondre à cette question à travers une analyse lexicométrique du Pekin Review, publication chinoise officielle à destination d’un lectorat étranger. Elle entend ainsi offrir une approche nouvelle des problématiques liées à l’internationalisation du mouvement pour les droits civiques souvent abordées par un prisme afro-américain dans l’historiographie. L’étude d’un corpus constitué de tous les articles traitant de la cause noire aux États-Unis présents dans le journal de 1959 (Mao reçoit WEB Du Bois en Chine) à 1972 (la rencontre entre Mao et Nixon qui scelle le rapprochement sino-américain) permet de mettre en lumière tant des éléments de langage que l’évolution d’un discours qui apparait servir d’abord et avant tout un agenda chinois, plus que les intérêts véritables des Afro-américains.

Si la pêche joue un rôle majeur dans l’économie mondiale, les poissons font partie intégrante des écosystèmes océaniques mondiaux. Ils constituent une ressource essentielle pour la sécurité alimentaire. Or les stocks mondiaux de poissons sont confrontés à de graves menaces et continuent de s’appauvrir dans la plupart des mers et océans. Conséquemment, l’océan Arctique est vu comme un eldorado et une réserve halieutique permettant de répondre aux besoins alimentaires mondiaux. Il est clair que l’Arctique n’est pas écarté des préoccupations stratégiques internationales. Il ne s'agit plus uniquement d’une question de navigation ni de recherche scientifique, mais certainement la pêche occupera une place importante parmi les enjeux d'actualité. En océan Arctique, il est possible de cartographier le scénario de la disparition de la banquise glaciale. Les études scientifiques indiquent que le changement climatique pourrait impliquer des mutations importantes dans l'écosystème arctique. En ce sens, deux enjeux parmi d’autres peuvent être identifiés : l’accélération de l’exploitation halieutique dont la mesure est incertaine, et l’évolution d’un arsenal juridique en matière de pêche dont la mise en œuvre est toujours ambiguë. Notre recherche propose des directions pour établir une gouvernance constructiviste de l’exploitation des ressources halieutiques de l’océan Arctique, et de faire appliquer les dispositions du droit international.

Une recherche-intervention a été réalisée à Ayiti à l’hiver 2012 dans le contexte d'un projet de coopération soutenu par l’ACDI avec la collaboration de l’Institut national de la formation professionnelle et de l'Université publique du Sud-est. L'objectif était de mettre en place un dispositif d’enquête sur l’offre de formation professionnelle et technique et l'insertion des diplômés dans le département du Sud-est. Le problème de recherche découle de la situation de méconnaissance du terrain par les autorités haïtiennes qui disposent de données incomplètes et font face à des problèmes de gouvernance et de communication. Le terrain d'enquête compte 34 écoles réparties dans 15 communes. Les données mixtes de cette première étape ont été validées à l'occasion de plusieurs activités de transfert à Ayiti ont été analysées à l'aide des concepts de l'étude de champ et de celle des réseaux sociaux. Les résultats permettent de tracer un portrait des structures et des dynamiques de la formation et de discuter de la pertinence d'une approche de recherche fondée sur la participation d'agents haïtiens. L'analyse permet aussi de mieux comprendre les graves réalités du contexte postséisme et les tensions produites par la reconfiguration des interactions organisationnelles et institutionnelles à l'échelle locale, régionale, nationale et internationale. Sont aussi mis en lumière les dynamiques réticulaires particulières d'un modèle de communauté apprenante animée par des leaders locaux.

Cette communication porte sur l’émergence de la cybersanté mondiale (global eHealth), un ensemble de pratiques prenant en charge la santé à distance, et ce, à une échelle mondiale. À l’aide d’un survol de la littérature institutionnelle et académique, elle retrace ce qu’il est permis de considérer comme la double généalogie de ce champ d’interventions sur la vie. D’une part, celle-ci s’inscrit dans le contexte de la montée des technologies de l’information (TIC) pour le développement (ICT4D), un ensemble de discours et pratiques autour duquel différents acteurs sont mobilisés pour combler la « fracture numérique » et favoriser la participation aux circuits mondiaux de savoir et de capitaux. D’autre part, elle participe de la montée d’un secteur d’interventions en « santé mondiale » prenant pour cible la santé des populations, conceptualisée comme source de croissance économique à venir. La cybersanté mondiale se donne ainsi à penser autant comme un combat contre la distribution inégale du « fardeau économique de la maladie » qu’en tant qu’effort pour réduire la fracture numérique mondiale. Inclusion économique, connectivité, et aplanissement des inéquités mondiales dans l’accès à l’expertise médicale participent ainsi d’un « cercle vertueux » d’élévation mutuelle. En dernière instance, cette présentation proposera que la cybersanté mondiale est engagée dans un dispositif technique de production d’une « commune humanité », connectée, productive et en bonne santé.



Depuis la fin de la guerre froide, nombreux sont ceux qui soulèvent des doutes sur la pertinence du concept de « Sud » dans l’analyse des relations internationales, voire rejettent son emploi. Selon eux, les pays du Sud formeraient un ensemble de plus en plus hétérogène et difficile à identifier. De nouveaux concepts seraient donc nécessaires pour rendre compte de leur différenciation croissante. Peut-on proclamer aussi rapidement la fin du Sud? Cette communication répond à cette question par la négative en montrant que la notion de Sud conserve encore aujourd’hui une grande pertinence. Plus qu’une simple catégorie analytique, le Sud est une identité collective portée par de nombreux États et constamment reproduite par leurs pratiques diplomatiques. En procédant à une étude historique de la construction de l’identité collective du Sud, il est ensuite possible de mieux situer ses changements récents. L’analyse qualitative de documents produits par le Mouvement des non-alignés (MNA) permet ainsi une comparaison entre l’identité collective des pays du Sud durant la période dominée par l’« esprit de Bandung » (1955-1973) et la période qui suit la fin de la guerre froide (1989-2012). Il appert que les continuités l’emportent largement sur les ruptures : les pays du Sud portent encore une identité collective qui s’articule autour de la défense de leur auto-détermination face aux tentatives de subordination politique qu’emploient les pays du Nord.

Le propre de cet exposé est de soumettre une analyse de l’approche du candidat présidentiel Barack Obama à l’égard du dossier nucléaire iranien. La reprise des activités nucléaires iraniennes en 2005 (Chautard 2006) laisse croire que le régime de non-prolifération nucléaire (TNP) s’effrite. Menace à la sécurité nationale étatsunienne, l’Iran représente un enjeu capital lors de la campagne présidentielle américaine de 2008. Contrairement à John McCain, Obama préconise dialogue et multilatéralisme (Chamorel 2008). Malgré l’impossibilité pour les Américains de rétablir les relations diplomatiques avec les Iraniens, en rupture depuis l’affaire des otages en 1980, il tend la main à cet ennemi des États-Unis (Nguyen 2004; Bourcier et Cypel 2009). Durant la campagne, Obama s’est engagé à créer une coalition internationale vouée à prévenir l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran, en conduisant une diplomatie agressive sans toutefois écarter l’option militaire. Une fois au pouvoir, il a souligné le Nouvel An iranien, puis à Prague et au Caire, il a réaffirmé sa volonté de créer un monde sans arme nucléaire et de réformer l’approche américaine envers le monde musulman. Malgré cela, plusieurs observateurs ont émis des réserves quant à la mise en œuvre de tels engagements (Douzet 2009; Samaan 2009; Hassan-Yari et Dizboni 2009). Obama a-t-il réussi, de son élection jusqu’à la moitié de son mandat, à mettre en œuvre la stratégie promise lors de la campagne de 2008?

Le mythe voulant que le Canada n’ait pas de passé colonial a  permis d’entretenir l’idée qu’il constituerait un intermédiaire de choix dans la médiation des conflits au sein des États postcoloniaux. Or, au cœur de (re)production de l’identité nationale canadienne se retrouve enfoui le tabou de la violence, de la dépossession et de la domination coloniale constitutif tant du processus de formation de l’État canadien que de son développement économique. L’appui des élites canadiennes au projet impérial britannique dont elles tiraient des avantages matériels notables en Amérique centrale et dans les Caraïbes et leur adhésion sous-jacente aux représentations associées au mythe de la supériorité de l’«Homme blanc» sont difficilement réconciliables avec les valeurs associées à l’identité canadienne telles que la tolérance et l’égalité. L’objectif de cette communication est double. D’une part, mettre en lumière les représentations et pratiques impérialistes constitutifs du développement de l’État canadien et de son économie depuis la Confédération. D’autre part, comprendre les transformations de leurs formes depuis les deux dernières décennies et qui sont qualifiées par plusieurs chercheurs comme relevant d’un nouvel impérialisme. Il s’agira de démontrer que les représentations et pratiques (néo)impérialistes ne peuvent pas être reléguées à un passé lointain dont le Canada aurait rompu depuis la fin de la Grande guerre, mais qu’elles ont joué un rôle clé dans son développement.