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De par leur inscription comme appartenant à la justice réparatrice, les commissions de vérité et de réconciliation (CVR) sont devenues la forme de justice de choix après un conflit. Ce lien avec la justice réparatrice laisse à penser que cette forme de justice a un grand potentiel pour les victimes. Pourtant, certains contestent l’idée que les CVR s’inscrivent dans la justice réparatrice, et même qu’elles soient bénéfiques pour les victimes, constatant au contraire que cette forme de justice semble donner un sentiment d’injustice aux victimes. Pourtant, le sentiment de justice est important puisque selon l’approche de la jurisprudence thérapeutique du droit, le bien-être des victimes serait directement lié à la façon dont elles perçoivent les procédures en place. Par conséquent, il devient urgent de se demander si les CVR permettent aux victimes d’obtenir un sentiment de justice.

Nous tentons de répondre à ces questions en nous intéressant aux perceptions de justice des victimes dans les différentes dimensions de la justice de Jason Colquitt (2011). L’objectif est d’évaluer dans chacune de ces dimensions ce que les CVR offrent ou non aux victimes. Deux pistes de réflexion seront développées, en lien avec le fossé créé entre les objectifs collectifs de justice des CVR et les besoins individuels des victimes. 

La colonisation française des divers royaumes précoloniaux de l’actuel Sénégal a débuté dès 1856, précédant d’une trentaine d’années celle du reste du continent. Cette colonisation - incomplète - du Sénégal est motivée par la résistance des noblesses africaines précoloniales au développement de la culture arachidière. Afin de comprendre les interventions précoces françaises et la résistance des aristocraties précoloniales, il importe de décortiquer la façon dont la culture arachidière était contradictoire aux règles de reproduction de cette noblesse. À l’aide du cas d’étude du royaume wolof du Cayor au 19e siècle, la présente recherche teste empiriquement à l’aide de sources historiques secondaires des hypothèses issues de la théorie des relations sociales de propriété. La démarche participe à l’analyse du système de règles de reproduction des sociétés ouest-africaines précoloniales et apporte un éclairage nouveau quant à la dynamique impériale française. Il en résulte que, comme l’entité politique du Cayor est un État agraire, la production de l’arachide par les paysans, soutenue par l’Empire français, menace la capacité de la noblesse à pouvoir à extraire et redistribuer les surplus céréaliers. De plus, le renforcement de la paysannerie par le commerce mine la possibilité d’accumulation géopolitique par la noblesse du Cayor ainsi que l’équilibre de coopération-conflit entre groupes pilleurs et État agraire.

En 1989, l’économiste Amartya K. Sen s’est vu sollicité par Mahbub ul Haq qui lui demandait de prendre part à l’élaboration d’une mesure du bien-être social pour le Rapport mondial sur le développement humain. L’année suivante, le premier rapport était publié et comparait les États du monde selon l’Indice du développement humain (IDH). Il s’attardait à la santé, à l’éducation, au niveau de vie, lesquels ont des répercussions sur les libertés politiques et sociales. Vingt ans après, cet indice est devenu la mesure la plus largement admise pour établir des comparaisons internationales du bien-être.

Comme ancien directeur du projet des rapports mondiaux du PNUD et par conséquent de l’IDH, Haq a beaucoup contribué au concept de développement humain, notamment par ses travaux sur les besoins essentiels. Cependant, Sen demeure celui qui est présenté comme le théoricien principal derrière le concept et un de ceux qui a collaboré à la création de l’indice. Mais à la différence des autres consultants, son influence comme penseur est ce qui est passé à l’histoire. Quelle est la genèse théorique du concept de développement humain et son indicateur l’IDH ? Pourquoi ces derniers ont-ils émergé ? En quoi l’IDH se distingue-t-il des autres indicateurs du genre ? Notre présentation consistera à retracer l’évolution du concept principalement à travers l’approche des capabalités de Sen, de la planche à dessin jusqu’à l’application concrète de l’indicateur pour comparer les États entre eux.

Cette communication s’intéresse à l'appropriation par les  ONGs maliennes recevant des financements du Canada, des politiques d'égalité entre les sexes prônées par les agences d'aide au développement. Au Mali comme dans beaucoup d'autres pays dits en développement, l'accès des femmes à des postes de décision et de pouvoir est limité: leurs choix professionnels sont plus limités. Plusieurs facteurs déterminent l’accès des femmes à l’emploi. Nous pouvons citer entre autres, la discrimination, les valeurs des gestionnaires, les pesanteurs sociales, les traditionset les charges familiales. Dans cette communication, basée sur quatre mois de travail de terrain mené en 2012 à Bamako, capitale du Mali, je vais examiner le rôle et la place des femmes maliennes travaillant dans les ONG. Mes résultats découlent d’une approche empirique, mais aussi s'appuient sur l’observation participante dans les ONG et des entretiens semi-dirigés que j'ai menés auprès des gestionnaires et des femmes maliennes employées dans les ONG.

En 2002, après une dizaine d’années de conflit, le gouvernement sierra léonais, avec les Nations Unies, a établi le Tribunal spécial pour la Sierra Leone pour juger les crimes commis sur le territoire du Sierra Leone en vertu du droit interne et international.

En 2004, le procureur Crane plaida un « nouveau » crime de droit international pénal, le « mariage forcé », dans le dossier Armed Forces Revolutionary Council.

Y avait-il lieu de créer un tel crime? Quels sont les impacts potentiels de cette création?

Voici les questions auxquelles nous nous sommes efforcées de répondre en analysant les concepts sous-jacents aux éléments constitutifs de ce crime : le mariage et la conjugalité.

Pour ce faire, nous avons procédé à une analyse tant du droit national qu’international par le biais des dispositions juridiques pertinentes ainsi que des témoignages des victimes et des accusés devant le tribunal.

Il ressort de cette dernière que le procureur a élaboré le crime de « mariage forcé » en se fondant sur une perception culturelle locale de la conjugalité et que cette conception ne correspond pas à celle véhiculée par le droit international.

Il en découle que ce nouveau crime de droit international pénal est hautement problématique car il incorpore des stéréotypes sexistes, ouvre la porte à une possible reprise par d’autres procureurs et tribunaux de cette qualification et ce faisant peut nuire à la promotion en droit interne et international des droits fondamentaux des femmes.

Le syndicalisme rime avec solidarité : celle-ci peut s’avérer plus ou moins ample, profonde et désintéressée, selon les situations. En cette ère de mondialisation, les syndicats semblent toutefois n’avoir d’autres choix que d’internationaliser leurs actions pour les marquer d’une efficacité nouvelle. Ils peuvent ainsi parfois participer à la négociation d’accords-cadres internationaux ou encore s’investir dans la construction de coalitions prenant place dans des environnements peu structurés au plan normatif. Qu’importe l’option choisie, l’urgence de la conjoncture les mène souvent à entrevoir des projets communs, sur une base Nord-Sud notamment.

Dans cette perspective, il importe de jauger l’impact des alliances internationales sur le renouvellement des répertoires d’actions syndicales. Cette communication comporte deux objectifs. Elle documente, d’une part, le processus de construction d’une coalition s’étant déployée dans un contexte faiblement institutionnalisé. Elle se penche, d’autre part, sur les éléments susceptibles de contribuer à l’efficacité des alliances internationales. Nous dresserons tout d’abord l’historique de la coalition étudiée, non sans avoir précisé au préalable nos choix en termes d’analyse et de méthodologie. Nous enchaînerons ensuite avec la présentation des facteurs ayant façonné son évolution. Nous conclurons avec des pistes de réflexion se rapportant à la viabilité des coalitions de ce type et aux zones de tensions questionnant leur pérennité. 

Qu’est-ce que fait qu’une clause démocratique soit efficace? Depuis la fin de la guerre froide, plusieurs organisations régionales ont inclus la défense de la démocratie dans leurs objectifs. Mis à part les études sur l’Union européenne, cette problématique est rarement traitée. Pourtant, dans les Amériques plusieurs organisations régionales ont adopté des clauses démocratiques. Ce type de clauses exige aux États membres le respect des principes de gouvernance démocratique. En cas de violation, l’organisation régionale doit réagir en imposant une sanction qui entraine des coûts matériels et/ou politiques pour l’État. Ainsi, les sanctions peuvent consister en une suspension (ou expulsion) du pays, ou en mesures moins punitives, telle qu’une déclaration de désapprobation ou une médiation. Or, quels facteurs rendent une sanction efficace. Dans d’autres termes : qu’est-ce que détermine qu’une de ces mesures redresse le cours institutionnel du pays sanctionné. Les auteurs identifient trois variables explicatives principales : l’intérêt de la puissance régionale, l’existence de pression externe et l’internalisation des normes de droit de l’homme et de la démocratie. En analysant les sanctions appliquées au Paraguay de 1996 et de 1999 –qui ont évité un coup d’État- et celle de 2012 –qui n’a pas réussi à faire révoquer une destitution controversée-, nous allons démontrer que, toutes les variables étant les mêmes, l’efficacité repose sur le type de sanction choisie..

Au Canada, on observe, depuis la fin de la guerre froide, mais surtout depuis le 11 septembre 2001, une tendance au renforcement des contrôles migratoires et au resserrement des conditions d’accès à l’asile. L’immigration, auparavant abordée sous un angle économique ou humanitaire – voire identitaire – apparaît de plus en plus appréhendée comme un défi d’ordre sécuritaire. La communication proposée s’intéresse à décrire et analyser le rôle joué par les agents médiatiques dans le processus d’émergence et l’évolution de cette représentation sécuritaire de l’immigration au Canada. Sur le plan méthodologique, elle s’appuie une analyse de contenu thématique de 4468 articles de journaux publiés par les quotidiens La Presse et le National Post entre 1998 et 2015 ayant pour objet principal l’immigration à destination du Canada. Elle s’attarde à mesurer la place relative occupée par le discours de sécuritisation au sein de la couverture médiatique de l’immigration, et ce, en la comparant avec la prévalence de trois autres discours-types sur l’immigration : le discours économique, le discours identitaire et le discours humanitaire. Des données relatives à l'opinion publique et aux mesures législatives et administratives mises en oeuvre sont greffées à l'analyse, de façon à évaluer la complexe interaction entre rhétorique médiatique, pratiques restrictives et perceptions populaires en matière d’immigration.

 

Au cours des dernières décennies, la région de l’Arctique s’est vue propulsée au cœur de nombreuses analyses et controverses scientifiques, médiatiques et politiques. Avec la fonte des glaces, de nouvelles perspectives économiques et maritimes voient le jour, principalement en matière de navigation et d’exploitation des ressources naturelles, amenant les États riverains ainsi que de nombreux autres pays du globe à en faire une priorité en matière de politique internationale. L’intérêt de la communauté internationale s’est concrétisé principalement à partir des années 1990. Cependant, l’Union européenne n’a manifesté une position plus proactive qu’à partir de 2008. En quelques années, Bruxelles s’est énormément mobilisée pour s’informer davantage sur la région et on a vu croître considérablement le nombre de conférences et de partages des connaissances sur les sujets arctiques. Au sein des instances mêmes, cela s’est traduit par une volonté d’orienter le débat sur la gouvernance régionale vers les affaires arctiques. La publication d’une première communication de la Commission sur une politique européenne arctique officialisa cette position plus déterminée de l’Union envers les enjeux arctiques.  

Par ailleurs, cette recherche vise à analyser de manière approfondie la position et les intérêts de l’Union européenne en tant que nouvel acteur arctique et par conséquent, permettre de mieux comprendre les divers défis et opportunités qu’elle peut rencontrer dans ce nouveau rôle.



Mes réflexions et mon parcours professionnel m’ont amené à m’interroger sur les jalons d’une éthique de l’intelligence artificielle. Non pas l’éthique face à l’usage des machines mais une morale intrinsèque à la machine. Autrement dit, je m’interroge sur la possibilité, voire la nécessité de coder l’intelligence artificielle. Progressivement, l’émergence d’une morale parallèle, codée, se propage dans nos vies. Quel sens pourrait avoir une telle morale? Quels objectifs, quelle finalité?  

Il est dans notre devoir d’orienter le progrès en faveur du Bien Commun. Mon interrogation ici concerne le pouvoir décisionnel. En d’autres termes, je me demande quel est l’impact de l’intelligence artificielle sur notre faculté de prendre des décisions. Et plus encore, dans quelles mesures l’intelligence artificielle possède-t-elle un pouvoir décisionnel? 

En somme, ma thèse porte sur les jalons de l’Éthique de l’intelligence artificielle. Comment pouvons-nous l’orienter vers le Bien Commun? Comment l’intelligence artificielle se positionne-t-elle par rapport au Bien Commun? Dans quelle mesure, l’intelligence artificielle pourra-t-elle un jour avoir un pouvoir décisionnel et quels en serait les impacts? 

J'ai fondé ma compagnie pour étendre ma recherche et tenter de concevoir une certification en Éthique de l'intelligence artificielle. Ma compagnie se nomme Intelligence NAPSE. C'est la raison pour laquelle je partage avec vous l'image de mon logo.

La présente communication explore la dimension de la culture nationale des participants comme condition à l'intégration des membres d'une équipe de projet de développement international au même titre que les dimensions disciplinaire et organisationnelle. Cette exploration prend appui sur l’étude de cas comme une démarche méthodologique.  Plus précisément, la maison AIME (maison d’aide aux enfants de la rue située, à Manille,  aux Philippines), comme projet de développement international de la fondation Virlanie a été retenue.  Des entrevues semi-structurées, ainsi que des séances d'observation auprès de l’équipe de projet ont été conduites. Les résultats de cette recherche contribuent au champ de la gestion en affirmant que la culture nationale est un élément important dans la compréhension du processus d'intégration entre les participants de projet en développement international. Finalement, l'auteur appelle à plus d'études qualitatives et quantitatives qui permettront de valider ainsi que d'approfondir le champ de connaissances sur l'intégration des équipes de projet dans le contexte de collaborations internationales

A la différence des pandémies du passé, la COVID-19 a connu une diffusion fulgurante qui la rapproche d’épidémies récentes (SRAS, H5N1, Ebola), néanmoins contenues. Depuis les années 1990, les scientifiques ont alerté sur l’exacerbation des menaces infectieuses par les dynamiques de la mondialisation, en particulier l’explosion des voyages internationaux. Entre la première alerte épidémique à l’OMS le 31 décembre 2019 et fin janvier 2020, un mois plus tard, 25 pays ont déclaré un premier cas de COVID-19, 62 fin février, et 195 fin mars – soit la quasi-totalité. D’un point de vue expérimental, ce virus fournit ainsi un observatoire inédit des mobilités transnationales. Nous avons reconstitué la chronologie de sa diffusion internationale dans 207 pays où on a documenté des informations sur le.a ou les premier.es patient.es dits « zéro » connu.es : leur âge, leur sexe, de quel pays étranger ils ou elles sont venu.es et pour quelle raison. On a aussi renseigné, quand c’était possible, leurs histoires personnelles. Notre approche réconcilie deux courants de recherche sur les mobilités internationales : l'un, macro, qui identifie des « schémas globaux de mobilités » à partir d’analyses de réseau ; l'autre, micro, qui étudie les modes de vie transnationaux. Nous montrons entre autres que la moitié des patients zéro sont venus d’Europe, qu’un tiers seulement étaient des étrangers, que seulement deux cinquièmes étaient des touristes, ou que deux tiers étaient des hommes.

Cet article analyse le recours quasi systématique aux plans nationaux de développement (PND) comme source privilégiée de mise en contexte des projets de développement par les agences de mise en œuvre et les gestionnaires. Pour ces derniers, cette approche semble commode. Cependant, elle n’a pas fait l’objet d’un examen approfondi. Cette communication vise à répondre aux questions de recherche suivantes : les PND constituent-ils des sources pertinentes de mise en contexte des projets de développement? Cette approche favorise-t-elle une contextualisation rigoureuse? À partir de l'analyse de contenu conventionnelle (conventional content analysis) (Hsieh & Shannon, 2005) de deux documents de projets financés par Affaires mondiales Canada et les PND correspondants, cet article montre que le recours au PND pour la mise en contexte des projets de développement est, dans une certaine mesure, problématique. En dépit de leur caractère officiel, Munro (2021) montre que la production des PND n’est pas toujours le fruit d’un travail rigoureux. Les PND ne favorisent pas une lecture pertinente des contextes des pays bénéficiaires de l’aide. In fine, si les agences de développement et leurs experts veulent faire des PND une source de contextualisation de leurs projets, ils devraient en amont s’assurer de leur qualité.

Le cannelier (cinnamomum cassia) est un arbre tropical qui fournit la casse, mieux connue sous le nom générique de cannelle. En 2019, la production de cannelle au Vietnam atteint plus de 41 000 tonnes, plaçant le pays au 3e rang des producteurs mondiaux (FAO, 2019). Il y a un peu plus de dix ans, la cannelle ne contribuait que marginalement à l’économie locale. Peu d’études se penchent sur les répercussions que cette nouvelle manne peut avoir sur les modes de vie des producteurs locaux, soit les familles issues des minorités ethniques Hmong et Yao. Ma problématique de recherche enquête donc sur les stratégies de subsistance des individus impliqués dans la culture de la cannelle au Vietnam. J’emploie des méthodes de recherche qualitatives mixtes basées sur plus de 200 entrevues avec les producteurs de cannelle. Mes résultats préliminaires démontrent que leurs modes de production tiennent compte de divers gradients de qualité et de vitesse de croissance du cannelier, soutenus par leurs savoirs écologiques et des décisions économiques propres à chaque ménage. Cette trame aboutit à des moyens de subsistance hautement spécialisés et adaptés, permettant de naviguer avec une certaine flexibilité dans la fluctuation des prix du marché. Cette recherche contribue aux connaissances liées aux modes de vie des minorités ethniques du nord du Vietnam. Plus largement, elle informe sur comment les dynamiques mondiales d’offre et de demande de produits tropicaux impactent les producteurs locaux.

Depuis la décade 1990, l’établissement des réseaux de collaboration par cosignature est devenu presque un engagement professionnel de la part des professeurs-chercheurs face aux exigences de travail académique demandé par plusieurs universités au monde. Les corps des professeurs-chercheurs des universités au Québec ne sont pas l’exemption à cette tendance. Cette communication cherche à montrer le portrait des caractéristiques socioprofessionnelles des collaborateurs par cosignature dans le domaine des sciences sociales au Québec, particulièrement par rapport à leur ville, région et pays d’origine, en considérant toutes les types de publications cosignées et non seulement le travail publié en revues avec comité de lecture. Ajoutons qu’il n’y a pas d'études en profondeur au Québec soumis sous cette perspective pour le cas des sciences sociales. Plus précisément, on vise 21 professeurs-chercheurs d’un centre de recherche en sciences sociales établie à Montréal, reconnus au présente par leur rang académique (adjoint, agrégé et titulaire) et leur réseau complet de 530 cosignataires (eux-mêmes y compris dans le réseau) dans la période 1990-2009. 

Depuis 2005, le gouvernement canadien a adopté une nouvelle stratégie d’intervention dite « pangouvernementale » qui met à contribution l’expertise et les ressources des agences et ministères spécialisés afin de mieux répondre aux situations complexes de crise et de reconstruction après les conflits. En se basant sur la méthodologie développée par Edgar H. Schein, cette étude suggère de prendre la culture organisationnelle pour examiner les sensibilités des organisations impliquées dans une approche pangouvernementale. Malgré la diversité présente dans les cultures organisationnelles des agences et ministères réunis dans un contexte pangouvernemental, cette étude s’interroge à savoir si les principaux contributeurs en Afghanistan ont été capables d’atteindre les objectifs de collaboration prescrits par l’approche pangouvernementale? 

Basé sur le cas de l’Équipe provinciale de reconstruction (ÉPR) à Kandahar, cette étude présentera les résultats d’une recherche empirique qui fut menée en réalisant des entrevues auprès de quatorze représentants canadiens provenant de chacun des agences et ministères (i.e. MAECI, ACDI, FC, SCC et GRC).  Cet exposé est divisé en deux périodes distinctes, soit la période précédent la publication du rapport du Groupe d’experts indépendant sur le rôle futur du Canada en Afghanistan (2005-2007) et la période suivant sa publication jusqu’au transfert de responsabilité de l’ÉPR aux Américains (2008-2011). 

Cette communication présente l’émergence de l’enjeu migratoire comme critère de bonne gouvernance pour l’obtention de l’aide internationale européenne au Sénégal. D’une part, l’aide au développement est brandie comme facteur incitatif à la collaboration du Sénégal dans la gestion des flux d’émigration subsahariens vers l’Europe. D’autre part, le Sénégal utilise sa position géostratégique dans les circuits migratoires comme instrument de marchandage pour obtenir de l’aide au développement. Le caractère instrumental de cette coopération euro-sénégalaise a pour effet de détourner l’aide internationale et reconfigurer les politiques migratoires sénégalaises.

Nous approfondirons comment la gestion migratoire est devenue un critère d’évaluation de bonne gouvernance pour les bailleurs de fonds européens depuis 2000. Des exemples seront tirés des Fonds européen pour le développement et des Plans Afrique de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement.

Nous explorerons deux principales mutations dans les politiques migratoires du Sénégal depuis 2000 : 1) une gestion externalisée des frontières européennes entrainant la primauté des questions d’émigration vers l'Europe au détriment des migrations intra-africaines  2) une diminution des mécanismes de libéralisation pour consolider l’espace de libre-circulation, droit de résidence et d’établissement en Afrique de l’Ouest parallèlement à une augmentation des mécanismes restrictifs de mobilité intercontinentale. 

L’organisation terroriste Al Qaeda au pays du Maghreb Islamique (AQMI) sévit dans la région sahélo-saharienne depuis 2007. Cependant, elle ne cesse de s’étendre dans la région du Sahel au point de perdre une partie de sa réalité géographique originelle (le Maghreb). De plus, nous constatons que les actes commis par AQMI au Sahel sont essentiellement des enlèvements avec demandes de rançon, des activités plus proches d’une forme de criminalité organisée que d’une véritable militance politique radicale. Face à ce constat, il convient de s’interroger pour comprendre si la criminalité organisée constitue aujourd’hui un moyen du groupe pour se financer et atteindre ses objectifs ou si au contraire le basculement des activités du groupe n’incarne pas sa seule réelle motivation. Notre réponse se présentera sous la forme d’une analyse qualitative basée sur une approche interprétative inspirée d’une lecture critique de la théorie du « nouveau » terrorisme. Nous présenterons une étude de cas centrée autour des dimensions organisationnelles et stratégiques d’AQMI (structure, stratégies énoncées dans les déclarations du groupe, ainsi que répertoires d’action utilisés). Ces éléments contribueront à démontrer qu’AQMI demeure une organisation à la réalité plurielle, n’échappant pas à la logique de réseaux impulsée par la mondialisation.

L'adaptation aux changements climatiques est un enjeu important dans la littérature scientifique, notamment en géographie. Mark Pelling et Frederico Caprotti montrent la pertinence des technologies propres comme les puits de carbone et leurs crédits générés. Toutefois, la structure de ces programmes reste problématique. C'est pourquoi, dans notre recherche, nous étudions le projet communautaire de carbone Limay afin de vérifier si la centralisation des opérations d'ensemencement aura des effets sur sa qualité. Nous posons l'hypothèse que la centralisation augmentera les revenus communautaires et réduira les émissions de co2 des activités. Méthodologiquement, les effets de la centralisation sont examinés selon trois concepts: main-d'oeuvre, transport et matériel. Grâce à une grille de données commune aux deux modes de distribution (terreaux de tourbe compressée en plantation centralisée et sacs de terre de polyhéthylène actuellement), nous remarquons des différences dans les trois aspects. D'après les données, la méthode centralisée demande moins de manutention, ce qui influence les coûts de main-d'oeuvre à la baisse. De plus, le transport des techniciens diminuerait, car le suivi des jeunes pousses serait effectué directement à la pépinière centrale, au lieu de nécessiter des visites sur les parcelles de plantation. Cette étude en cours contribuera au savoir sur les structures de projet propre tels que les puits de carbone, afin de mieux s'adapter aux changements climatiques.

La présentation que je propose porte sur la catégorisation des peuples autochtones et des minorités nationales dans le droit international. Actuellement, la différenciation faite entre les deux catégories précédentes dans le droit international est une différenciation de nature. Cependant, cette manière de caractériser la différence entre ces deux groupes ethnoculturels crée des problèmes conceptuels et des problèmes d’instabilités alors qu’elle est utilisée pour justifier l’attribution de droits distincts pour les minorités nationales et les peuples autochtones. Le but de ma présentation sera d’argumenter non seulement qu’une distinction de nature entre ces deux minorités est inadéquate, mais aussi qu’il est beaucoup plus approprié de faire une distinction de degré entre les deux. Ma présentation se fera en trois parties distinctes. Tout d’abord, je ferai une courte présentation des problèmes que la distinction actuelle du droit international des peuples autochtones et des minorités nationales crée. Puis, je présenterai mon argumentation en faveur du fait que ce qui diffère chez ces deux minorités ethnoculturelles n’est pas leur nature fondamentale, mais cette différence est plutôt une question de degré en ce qui concerne les injustices dont elles ont souffert. Finalement, j’expliquerai quelles seraient les répercussions d’une telle différenciation dans le droit international, spécifiquement en ce qui concerne le droit à l'autodétermination des minorités nationales.

La demande chinoise en matières premières a considérablement augmenté au cours des dix dernières années. Durant cette période, les investissements chinois dans le secteur minier au Canada ont provoqué l’ire des médias et de la population canadienne. Dans un contexte de fonte de la banquise arctique, la Chine, par l’intermédiaire de ses entreprises, tenterait de s’accaparer les matières premières de manière unilatérale et en ignorant les règles du marché. L’absence d’études empiriques sur ce thème limite notre compréhension de ce phénomène. La production domestique chinoise en minerai de fer, qui s’élève à plus d’un milliards de tonnes par année, ce qui fait de la Chine le premier producteur mondial, ne permet pas de répondre à l’importante demande chinoise engendrée notamment par la demande des aciéries Ainsi, si Pékin a considérablement restreint ses exportations de minerai de fer, il n’en demeure pas moins que la Chine importe près de 60%, dont près de la moitié provient d’Australie. Du côté des investissements chinois à l’étranger dans le secteur minier de 2005 à 2013, on observe une concentration de ces investissements dans son environnement régional eurasien ainsi qu’en Océanie. Le Canada, de son côté, n’apparaît pas comme un territoire prioritaire pour les entreprises chinoises. S’il est indéniable que les ressources de l’Arctique canadien deviennent de plus en plus accessibles, l’ampleur de l’exploitation et du transport des matières extraites demeure spéculatif.  

Presque 20 ans après le 11/09/2001, le terrorisme est toujours une thématique largement étudiée. Pourtant, sa définition demeure une difficulté en apparence insurmontable. Suivant les préceptes de l’histoire conceptuelle (Koselleck), ce travail contourne le problème en historicisant la notion de terrorisme : il s’agit de voir comment le concept a été utilisé au fil du temps, et ce que cela révèle sur sa signification et les raisons actuelles de son invocation. Cette recherche doctorale s’est donc penchée sur diverses sources historiques - dictionnaires, droit pénal international, négociations diplomatiques - permettant de replacer le concept de terrorisme au sein d’une diachronie longue de deux siècles.

Apparu lors de la Révolution française, « terrorisme » désigne initialement tout projet révolutionnaire abusif (et républicain). Au XIXe siècle, le concept est donc une injure politique. Le XXe siècle verra ce sens s’infléchir : par le biais du droit pénal international puis des terrorism studies, le concept est objectivé comme acte criminel, caractérisé en premier lieu par sa violence (et non plus tant par ses visées révolutionnaires). Pourtant, les origines du concept continuent de peser sur les usages qui en sont faits : derrière tout acte de terrorisme, il y a toujours un « terroriste » de visé. Le concept reste donc un label altérisant, marqueur d’inimitié absolue, ce qui permet de mieux comprendre les problèmes actuels posés par ce qui se revendique « antiterrorisme ».

Cette communication porte sur l‘acquisition de compétences pour les réfugiés Maliens: la crise politique ayant secoué le Mali en 2012 a entrainé la fuite de plus de 150.000 personnes vers le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger. Pendant les conflits, les écoles sont souvent saccagées ou servent d’abris aux populations déplacées. Quatrième pilier de l’aide humanitaire après les vivres, les abris et la santé, l’éducation reçoit moins de 2% de financements. Conséquemment, la qualité de l’éducation se détériore rapidement (Cros et al., 2010). De plus, les efforts sont souvent concentrés au niveau primaire et Les formations offertes aboutissent donc rarement à un emploi. Il est aussi fréquent d’observer différentes trajectoires scolaires, certains pouvant commencer dans un système éducatif et finir dans un autre.

Dans une Afrique Occidentale où extrémisme religieux et banditisme font leur lit sur l’oisiveté des jeunes, le chômage et le manque de perspectives font de l’éducation un enjeu socioéconomique mais surtout de sécurité régionale. Ce constat nous mène à entreprendre une étude de cas dans le camp de Mentao (Burkina) où nous visons particulièrement les jeunes garçons qui, armés de certaines compétences, pourraient accroître leurs chances d’employabilité, conservant ainsi leur dignité et évitant le recrutement par les groupes armés, la prostitution masculine et autres dangers. Ces populations étant de tradition orale, nous misons sur les entretiens et l’observation.

La stabilité sociopolitique dans certaines zones du continent africain n’a cessé de se dégrader. Les actes de terrorisme, en forte croissance, en sont les principaux maux. Face aux défis sécuritaires de taille, en Afrique de l’Ouest, par exemple, plusieurs pays tentent d’y remédier à travers des opérations de surveillance et de prévention des risques d’attaques terroristes. Pour ce faire, nous assistons à l'utilisation de nouvelles méthodes de sécurité et de surveillance : le cas des drones militaires (ou des drones civils à des fins militaires). Dans notre recherche nous brossons un portrait de l’état des lieux en Afrique, en portant une attention sur les enjeux (militaires, politiques et économiques) ainsi que les perspectives en matière d'’utilisation des drones. Nous soutenons la thèse selon laquelle l'utilisation des drones, au-delà des leurs avantages, contribue simplement à reconfigurer la forme des opérations de combats entre groupes armés légaux et illégaux, plutôt qu'à les résoudre. Par conséquent, la perte progressive de la souveraineté de l’espace aérien des pays concernés. La méthode utilisée consiste à faire une revue de la littérature. Il est question d'analyser les articles scientifiques ainsi que les notes d'informations provenant des médias formels comme France24, Radio-Canada. Nous procédons aussi par une étude de cas, soit la guerre en Libye.

Malgré l’alternance politique à la présidence française, les discours des décideurs de la politique russe de la France restent sensiblement les mêmes depuis 1991. Comment expliquer que ces discours restent stables, alors que ceux qui les prononcent vont et viennent à la tête de l’exécutif dans des contextes politiques changeants? Je propose de répondre à cette question à partir de la littérature sur les identités et la politique étrangère, à l’appui du concept d’orientalisme de Saïd. Je suppose que ces discours restent stables, car ils expriment et reproduisent des représentations orientalistes durables de la Russie. Pour le démontrer, je vais mener une analyse critique des discours officiels français sur la Russie dans le contexte de cinq crises des relations franco-russes depuis 1991 : la deuxième guerre de Tchétchénie, la deuxième guerre d’Ossétie du Sud, l’annexion de la Crimée par la Russie, le début de l’intervention militaire russe en Syrie, et l’invasion russe de l’Ukraine. Mon projet apporte deux contributions à l’avancement des connaissances; à commencer par un regard nouveau sur le monde politique français et les discours francophones, là où la littérature se concentre exclusivement sur le monde anglo-saxon. La seconde contribution tient à la déconstruction des représentations stéréotypées de l'Autre dans le discours politique, qui se traduit par la déconstruction des postures bellicistes que ces discours génèrent concrètement en politique internationale.