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Depuis la crise financière, beaucoup d’encre a coulé à propos des agences de notation, questionnant leur rôle dans la gouvernance des marchés financiers, la légitimité de leurs jugements sur la conduite des États ou leur responsabilité face à la crise. Dans la plupart des écrits à ce sujet, on présente la notation comme une opinion sur la solvabilité d’un émetteur de dette. Or, cette définition est loin d’épuiser ce qu’est la notation en pratique et offre peu de prise pour réfléchir aux régulations financières contemporaines. 

Cette communication propose, par une approche sociologique du droit économique, d’explorer le pouvoir normatif des agences de notation et ses diverses articulations avec le droit positif. L’étude s’appuie sur la législation, la jurisprudence et les témoignages publics de divers acteurs des marchés financiers au cours de la dernière décennie, principalement en Europe et aux États-Unis. Norme d’origine privée, la notation s’est peu à peu inscrite dans les pratiques contractuelles des marchés financiers et dans les réglementations financières des États ; elle a été encadrée législativement et astreinte à certaines exigences de publicité ; elle s’est trouvée au cœur de contentieux judiciaires où des juges ont dû se prononcer sur sa nature en droit. L’étude montre que la définition de la notation et de son rôle n’est pas univoque, mais qu’elle résulte au contraire de la confrontation de multiples prétentions normatives émanant de divers acteurs.

L'une des pistes pour faire face à l’actuelle crise socio-écologique est une transition vers des économies plus petites et plus lentes. L'économie circulaire (EC) serait un cadre relevant pour ceci, pourvu qu’elle vise un cercle plus petit et plus lent. L'appel de l’EC à virer d’une industrie linéaire et extractive vers la circularité offre un fort potentiel de durabilité. Cependant, il y a certaines limites clés à l'approche dominante de l'EC: son orientation technologique, sur l'optimisation et le profit; son biais envers les grands acteurs industriels; ainsi qu’une dimension sociale inexistante ou qui reste vague sur les inégalités et la répartition des ressources.

Ce texte explore les monnaies locales communautaires (MLC) comme un outil qui peut aider surmonter ces obstacles et soutenir une « durabilité forte » des stratégies d’EC. Un cadre d'analyse de MLC contribuant à la circularité durable est proposé à partir d'une revue de littérature sur l’ÉC et la durabilité, et sur les MLC comme des outils issus de l'économie sociale et solidaire (ESS). Le modèle est testé sur un cas pratique de MLC à Malmö (Suède), un à Barcelone (Espagne) et (à confirmer) un troisième en France.

Compte tenu du manque de recherche sur les liens entre l'EC et les MLC - en octobre 2022 une recherche Scopus sur ces concepts montrait un seul résultat- ce texte peut contribuer à développer davantage de connaissances pertinentes pour soutenir les politiques publiques et la recherche vers la durabilité.

Depuis quelques années, les auteurs attestent que le droit se redéfinit et se transforme (Lalonde, 2011 ; Legault 2002-03; Lacroix, 2002-03 et 2011 ; Mekki, 2009 ; Terré, 2007 ; Thibierge, 2009). Certains soutiennent qu’il le fait afin de répondre à la nouvelle donne sociale (Lacroix, 2011), d’autres avancent que ce redéploiement est essentiellement technique et répond à un besoin de plus grande efficacité (Otis, 2005). Peu importe toutefois que l’on soit partisan de l’une ou l’autre thèse, lesquelles pourraient d’ailleurs fort bien être complémentaires, il nous faut convenir que le droit subi de profondes transformations. Plus particulièrement, le droit contemporain tend à intégrer de plus en plus des composantes éthiques. Nous documenterons plus minutieusement ce phénomène, désigné par l’expression « éthicisation du droit ».

À partir des travaux de Legault (2002-03), nous relevons deux premières phases d’éthicisation du droit: 1) l’adoption des Chartes et la transformation de la fonction des juges et 2) l’introduction d’alternatives au droit, dont, principalement, la médiation. En plus de ces deux phases, nous formulons l’hypothèse de l’existence d’une troisième phase d’éthicisation du droit. Il s’agit de la phase actuelle, où le droit cherche à se transformer en profondeur, de l’intérieur, afin de s’assouplir et de dépasser ses propres insuffisances.

Le Canada connait un vieillissement de sa population et ceci se traduit par le fait que les aînés vieillissent dans les villes. Ce phénomène connu oblige les décideurs politiques à débuter des actions pour adapter les infrastructures et les services offerts par les municipalités afin de permettre aux aînés de bien vieillir (Garon et al. 2016). Alors que le modèle des « villes amies des aînés » (VADA) est conçu pour soutenir le vieillissement sur place, il est critiqué comme étant décontextualisés par rapport aux difficultés du vieillissement dans les sociétés urbaines actuelles. En effet, plusieurs concepts de participation sur lesquels se fondent le modèle VADA ont été désapprouvés par les chercheurs de la gérontologie critique, entre autres parce que ce modèle prône une représentation du vieillissement pouvant être considérée comme erronée (Buffel et Phillipson 2016). Cette vision erronée tend à former une injonction de la participation sociale et politique des aînés (Castonguay et al. 2018). Ainsi, la façon dont les aînés se représentent dans ce milieu local et comment cela affecte leur participation politique à l’échelle municipale sont rarement étudiés. Cette recherche vise à approfondir les connaissances sur la participation politique des aînés, d’un point de vue électoral, à l’échelle municipale, et sur leur rôle dans la société urbaine, selon une perspective critique de la gérontologie.

Dans cette communication, nous présenterons notre projet de recherche doctoral.

L’enseignement du droit au Canada se trouve dans une nouvelle phase de développement. Cela se manifeste par la récente création de nouvelles facultés de droit pour la première fois depuis les années 1970, ainsi que l’ébullition provoquée par les appels à l’action de la Commission de Vérité et Réconciliation du Canada en 2015, les nouvelles initiatives nationales de la fédération des ordres professionnels de juristes du Canada, ainsi que le sentiment de crise que ressentent de nombreux acteurs du secteur. Afin de guider la réflexion de ces derniers sur la formation des juristes, je souhaite présenter les résultats préliminaires de ma recherche sur le rôle des cultures institutionnelles dans les facultés de droit. Par exemple, certaines institutions ont développé des cultures très robustes autour d’aspirations philosophiques et politiques. Ainsi, l’enseignement de la common law en français à Moncton contribue à vitaliser la communauté acadienne, et le programme bilingue et transsystémique de McGill véhicule une approche cosmopolite se détachant de la normativité étatique. Les grandes figures et les moments décisifs de l'histoire de ces institutions ont façonné ces cultures perpétuées et enrichies par les pratiques contemporaines. Mon étude sociologique abord ces objets tels qu’ils s’inscrivent au sein de l’histoire socio-politique de leur environnement, et entreprend d’exposer les valeurs et les normes qui entourent l’enseignement du droit dans les facultés canadiennes.

La communication vise une analyse de l’engagement social des femmes plus particulièrement l’engagement militant de la Coalition pour l’équité salariale du Nouveau-Brunswick lié au travail de proximité. Il s’agit de comprendre comment les femmes subissent, dans certains espaces sociaux, une invisibilisation. Une analyse thématique de la presse du Nouveau-Brunswick portant sur la lutte militante de la Coalition pour faire reconnaître l’engagement de proximité des femmes dans l’espace social et politique est présentée.Une approche qualitative par analyse de contenu a été choisie afin de comprendre les représentations médiatiques portant sur la question de l’équité salariale liée au travail de proximité.Plus de 3000 articles publiés entre 2001 et 2012 dans des journaux et de grands quotidiens anglophones et francophonesont été analysés. Les analyses ont dégagé chacune des étapes de la lutte de reconnaissance pour l’équité salariale tant dans l’espace social que dans l’espace politique. Les résultats permettent d’apprécier le travail de la Coalition dans la lutte de reconnaissance des emplois de proximités. Les actions militantes, si elles ont réussi à faire reconnaître l’importance de l’équité salariale dans l’espace social et dans l’espace politique, n’ont toutefois pas favorisé une transformation de la valeur symbolique et culturelle associée à l’engagement lié au travail de proximité des femmes et n’ont pas permis de transformer leurs conditions matérielles.

Une équipe de trois étudiants et d’une professeure, mène actuellement une étude sur les représentations sociales de l'élite politique québécoise en matière d'environnement et de développement durable. Cette étude est menée auprès d'environ 80 élus québécois. Nous tentons notamment de vérifier les trois hypothèses suivantes : 1 - l'environnement est devenu un enjeu politique objectif, 2 - l’environnement ne s’inscrit toujours pas comme noyau organisateur des représentations sociales, et 3 - les représentations sociales de l'élite politique à ce chapitre sont plus diversifiées que celles de l'élite économique (suite à une recherche antérieure, Gendron 2001).

En utilisant les résultats que nous allons obtenir (nous sommes en train d’analyser les entrevues avec le logiciel Atlas-ti), je propose d’analyser la place des connaissances scientifiques dans les discours des dirigeants de l’élite politique, en lien avec notre question de recherche. Les savoirs scientifiques sont-ils importants dans les discours des dirigeants? Sont-ils au courant des avancés de la recherche en matière d’environnement et de développement durable? Utilisent-ils ces savoirs dans leurs discours? Dans leurs politiques? Nous pourrons alors voir si la recherche scientifique a une place dans les discours des dirigeants, et si oui quelle place elle prend (simple actualisation des connaissances, utilisation dans la mise en place des politiques, renforcement des différentes convictions et politiques etc.).



Plusieurs cas de manquements à l’intégrité en recherche (IR) secouent la société, du fait qu’ils trahissent la confiance du public envers les scientifiques. Cela nous questionne sur le rôle des conflits d’intérêts (CI). Les scandales hautement médiatisés qui illustrent ces histoires d’inconduite a incité les gouvernements internationaux à porter attention à la gestion des CI dans les milieux universitaires et de la recherche.

Les organismes chargés de promouvoir l’IR doivent s’assurer de l’éducation des divers intervenants universitaires. Des travaux montrent que les acteurs du réseau se trouvent peu équipés pour répondre aux demandes des institutions en matière de « conduite responsable en recherche ». Bien que les politiques nous semblent claires, leur application en termes de compréhension par l’utilisateur final et la mise en œuvre des procédures par les établissements est encore loin d’être optimale.

Afin d’explorer le concept de CI, nous avons répertorié systématiquement les occurrences du mot « conflit » dans un corpus de seize documents sélectionnés sur le site de la direction de l’éthique et de la qualité du MSSS. Cette analyse lexicale nous a permis de retracer l'évolution des divers sens donnés à l’expression.

Nous voulons amener les acteurs au-delà de la confusion très répandue qui consiste à voir les CI comme des actes de corruption ou contraires à l’éthique, alors que ce ne sont que des situations qui nous placent à risque de modifier notre jugement et nos actions.

La communication se propose de mettre en lumière le processus de coproduction de savoirs concernant la fracturation hydraulique mais aussi plus largement la filière des hydrocarbures non conventionnels au Québec. La fabrication des choix politiques est en effet passée à travers différents instruments institutionnels participatifs, scientifiques et législatifs. Ce processus d’influences réciproques a généré une zone de transaction entre les différents acteurs et leurs discours. En se basant sur la sociologie de la coproduction de S. Jasanoff (2004), cette communication démontre comment les opposants aux projets d’exploitation de gaz de schiste sont parvenus à renverser le soutien gouvernemental à cette industrie à travers des mobilisations sociales, la construction d’une contre-expertise, sa publicisation dans des audiences publiques et sa validation partielle lors de l’évaluation environnementale stratégique. Elle montre aussi la réplique gouvernementale qui parvient à reconstruire un régime de gouvernance prenant en compte les nouveaux savoirs mais autorisant la technologie controversée malgré tout. Basée sur une série d’entretiens, un corpus d’articles de presse, les rapports du BAPE (2011 ; 2014) et de l’EES (2014), mon analyse montre la coproduction d’un ordre sociocognitif et sociopolitique autour de la technologie de fracturation hydraulique et d’extraction des hydrocarbures non conventionnels.



L’analyse de la jurisprudence récente du Tribunal administratif du travail (TAT), de son prédécesseur la Commission des relations de travail (CRT) ainsi que des Tribunaux d’arbitrage (TA) démontre que certains comportements, même s’ils peuvent être inappropriés, délétères et entraîner de la souffrance au travail, ne constitueront pas pour autant du harcèlement psychologique au sens de la LNT. En fait, la jurisprudence ne retient que peu de cas comme du harcèlement avéré. Introduit en 2004 dans la Loi sur les normes du travail (LNT), le régime particulier de protection du harcèlement psychologique au Québec, s’ajoute au cadre légal préexistant. Il devient alors primordial d’identifier d’autres options pour encadrer ce type de comportement. À partir d’une analyse exégétique de la législation, la jurisprudence et la doctrine québécoises, cette communication vise à présenter une analyse renouvelée des différentes sources juridiques existantes susceptibles de s’appliquer à une même situation factuelle. On peut penser par exemple au droit à des conditions de travail justes et raisonnables au sens de l’article 46 de la Charte des droits et libertés de la personne, à la protection contre les abus de droit au sens des articles 6 et 7 du Code civil du Québec, ou même à l’obligation prévue à la Loi sur la santé et la sécurité du travail selon laquelle l’employeur doit protéger la santé, la sécurité et l’intégrité physique du travailleur, ce qui inclut la protection de sa santé mentale.

Au début du XXe siècle, les formations d’animateurs sont portées par des fédérations d’éducation populaire qui considère l’animation comme un moyen d’émancipation du peuple et d’affirmation d’un positionnement politique. Or, depuis les années 2000, le processus de Bologne (Musselin, 2007) transforme les formations de manière générale en Europe en leur faisant adopter une approche par compétences.

De nombreux chercheurs ont analysé l’animation à travers : la sociologie des professions (Lebon, 2009), l’approche militante (Bordes, 2007) ou la pédagogie (Bataille, 2010). Ainsi, ces travaux témoignent : d’une part, de la constitution d’un métier dont la professionnalisation est observable à travers les formations (Bourdoncle, 2000) ; d’autre part, de l’importance de l’identité des animateurs. Néanmoins, l’approche par compétence favorise les correspondances entre les formations de secteurs différents (e.g., sport, santé, social) et ainsi l’entrée de nouveaux acteurs (i.e., issus de ces secteurs) sur le marché. Ces résultats émanent de 57 entretiens semi-directifs réalisés auprès des acteurs de la formation durant une thèse de doctorat.

Cette communication propose d’aborder la recomposition des formations d’animateurs socioculturels dans le cadre d’un marché de la formation conditionné par une compétitivité qui place le positionnement politique initial des acteurs au second plan. Ainsi, la tendance n’est plus de former des militants réflexifs, mais des techniciens opérationnels.

Les théories et modèles actuels sur les relations personnelles abordent difficilement leur complexité grandissante, tant dans leurs variations développementales que typologiques. Conséquemment, nous introduisons la théorie des parcours relationnels qui offre une perspective intégrative, interdisciplinaire et socio-constructionniste sur la complexité des relations. La théorie a émergé d’une étude qualitative longitudinale par théorisation ancrée sur les relations conjugales et non-conjugales d’adultes émergents à Montréal. Nous proposons que les parcours relationnels sont composés de multiples trajectoires entrecroisées, chacune issue de domaines relationnels distincts. Nous en examinons trois : sexualité, amitié et amour. Au niveau culturel, nous décrivons d’abord les répertoires interprétatifs qui définissent les trois domaines et leurs liens causaux. Ensuite, nous décrivons comment les histoires relationnelles mobilisent les catégories relationnelles comme outil discursifs pour combiner les trois domaines. Au niveau interpersonnel, nous décrivons comment les partenaires s’appuient sur les répertoires interprétatifs et les histoires culturels des trois domaines pour co-construire le sens et prendre des décisions concernant l’identité et le fonctionnement de leur relation. En conclusion, nous invitons les experts à joindre cette conversation théorique en questionnant l’idée des relations comme des trajectoires uniques et en adoptant une approche par domaines relationnels.

Dix-sept ans après la fin de la guerre de Bosnie-Herzégovine, la population continue d'appuyer massivement les partis politiques nationalistes traditionnels, malgré la stagnation politique et économique dont elle est la principale victime et un taux élevé d'insatisfaction. Les jeunes sont les plus touchés par la situation économique; ils sont aussi les plus cyniques et participent très faiblement aux processus démocratiques.

Le petit parti Naša Stranka, fondé en 2008, tente de mobiliser la population sur d'autres bases que l'ethnicité, et s'adresse principalement aux jeunes et aux citoyens qui ne votent pas. Ses résultats électoraux sont toutefois très faibles.

Existe-t-il chez les jeunes Bosniens des ancrages de clivages, autres qu'ethniques, qui pourraient être mobilisés par les partis politiques? Les partis politiques sont-ils en mesure d'influencer la formation et l'évolution de ces clivages?

Afin de répondre à cette double question de recherche, nous présenterons les résultats complets de notre analyse qualitative, basée sur une vingtaine d'entrevues effectuées auprès de jeunes Bosniens et de représentants de partis politiques non-ethniques en mai et juin 2012.

Les travaux sur les clivages, la structure et l'agence des partis politiques n'ont jamais été appliqués à la Bosnie-Herzégovine à notre connaissance. Nous espérons par cette recherche contribuer à l'avancement des connaissances dans le domaine de la compétition politique dans un contexte fortement ethnicisé.

Le mouvement « Occupy » a fait une apparition spectaculaire en Irlande en 2011 vu le niveau habituel de protestation/conflictualité de ce pays. Cette communication vise à comprendre les raisons de son émergence. A partir de concepts tirés de l’analyse des mouvements sociaux, nous cherchons à prendre en compte de manière dynamique les liens, effets, ou influences réciproques entre les variables explicatives « politiques », « économiques », « biographiques », « organisationnelles », ou « culturelles » : les « structures d’opportunités politiques » comme facteurs à la cause; le contexte de crise économique comme influence à la mobilisation; les caractéristiques endogènes du mouvement sur sa capacité à mobiliser; le contexte culturel irlandais comme entrave ou incitation à la constitution du mouvement

Notre méthode est à la fois qualitative et quantitative : entretiens semi-directifs, analyse des documents produits par le mouvement lui-même, et analyse des discours tenus dans The Irish Times, (débats animant deux « espaces publics » sur cet enjeu). L’analyse des discours notamment permet également de disséquer un certain nombre d’événements en unités pertinentes (acteurs, lieux de l’action, type de revendications, cibles politiques, etc.) et d’en faire une analyse statistique. Elle sert également à connaître les prises de position de chacun et donc à comprendre comment une situation donnée est définie collectivement (en identifiant clivages, consensus, prises de parole, etc.).



L’autonomisme de l’ouest canadien, particulièrement fort en Alberta et en Saskatchewan, s’ancre dans l’histoire de la Confédération canadienne. Il se nourrit de la rhétorique de « l’aliénation de l’ouest » - au profit de projets politiques tantôt progressistes (mouvements des fermiers unis, au début du XXè siècle) tantôt conservateurs ou libertariens (du Reform Party, au Western Canada Concept).

La sociologie historique nous permet-elle de comprendre les variations idéologiques des partis autonomistes dans l’ouest canadien ?

Pour y répondre, la recherche mobilise une méthodologie mixte. La communication en présente les premiers résultats. On recourt notamment à l’analyse de contenu pour saisir, à partir du concept clé de « clôtures sociales », les variations idéologiques des mouvements autonomistes dans l’ouest canadien, en fonction des configurations politiques dans lesquelles ces partis s’inscrivent.

La communication contribue à la compréhension d’un phénomène politique contemporain, en même temps que continu dans l’histoire politique canadienne : la contestation de la distribution des pouvoirs entre le fédéral et les provinces, à l’ouest. Sur ce sujet, c’est la première recherche conduite à la fois en français et dans une perspective sociohistorique. Elle vise à expliquer les trajectoires et transformations idéelles des mouvements autonomistes dans l’ouest canadien, en sortant d'une approche psychologique des résistances au gouvernement fédéral (colère, ressentiment...). 

Au Québec, à partir de 1950, débute une série de transformations en matière de justice juvénile avec l’adoption de la Loi des écoles de protection de la jeunesse et l’implantation de Cours de Bien-être social. Mais loin de connaître déploiement uniforme, la mise en place d’une justice spécifique à l’enfance ne se fera que tardivement dans plusieurs régions. Le Saguenay―Lac-Saint-Jean offre un bon exemple de cette réalité, alors que les mineurs comparaîtront devant la Cour des Sessions de la Paix (CSP) jusqu’en 1962. Nous proposons ici d’observer comment, à l’intérieur du quotidien de la CSP, la justice pour mineurs était organisée de 1950 à 1962. Comment, alors que s’affirme une nouvelle idéologie faisant de l’intérêt de l’enfant le principe directeur de toutes interventions judiciaire et sociale, cette cour effectue son travail auprès des mineurs? Nous observerons ainsi  les accusations en vertu desquelles les mineurs comparaissent devant ce tribunal ainsi que les sentences qui y seront prononcées. Nous remarquons que les sentences seront influencées par certains éléments, notamment par l’intervention des différents acteurs qui semblent pouvoir infléchir les décisions rendues, mais également par le contexte régional. Enfin, nous constatons que le portrait des mineurs justiciables se modifie alors que la CSP applique, à partir de 1956, la Loi des écoles de Protection de la jeunesse, ce qui marquera, entre autres, l’arrivée des filles mineures sur le banc des accusés.

Problématique et objectifs

Les dernières années ont vu naître plusieurs mouvements sociaux prônant l’inclusion de différentes identités de genre (IG). Les impacts de ces changements sont bénéfiques pour les individus s’identifiant trans. Ceux-ci sont toutefois davantage à risque de vivre des comportements violents au travail (Balley, 2014). En plus de la détresse générée au travail par ces conduites, nombre d’entre eux rapportent un manque de soutien (Mizock, 2018). Selon Grant (2011), 90% des individus trans indiquent même y vivre de la maltraitance.

Malgré les recherches sur la stigmatisation auprès de la population trans, peu de données sont disponibles concernant la réalité des travailleurs québécois. Cette recherche vise à documenter les défis spécifiques au contexte professionnel, ainsi que les différents facteurs qui les ont aidés.

Méthodologie

Six entrevues semi-structurées d’une heure auprès de volontaires s’identifiant comme trans et ayant vécu un dévoilement de l’IG au travail ont exploré, entre autres, le processus de dévoilement de l’IG, le soutien reçu, les actes de violence et les stéréotypes/préjugés vécus. Des ressources leur ont été fournies.

Résultats

Le relevé de thèmes, créé par quatre codeurs par consensus, reflète une expérience variée de l’avant, pendant et à la suite du dévoilement de l’IG, exprimant les défis et les sources de soutien. Par exemple, une connaissance de ses droits est facilitante, alors que les différences culturelles posent un défi.

Les atrocités de la Deuxième guerre mondiale ont établi un nouveau précédant dans le droit international: le jugement d’individus pour les crimes les plus graves commis dans le contexte d’une guerre. En effet, en 1946, les tribunaux militaires de Nuremberg et de Tokyo ont jugé pour la première fois des criminels de guerre, mais sans établir le mode de participation des accusés aux actes criminels. Par exemple, les individus étaient inculpés de génocide ou de crime de guerre, mais il n'existait pas de distinction formelle entre l'auteur physique d'un crime et celui qui avait donné l’ordre à un subordonné de commettre un crime.

Présentement, la justice internationale est un système beaucoup plus complexe. À la Cour Pénale Internationale (CPI), un individu peut être inculpé d’avoir participé à un crime sous six modalités différentes : les alinéas « a » à « e » de l’article 25.3 plus l’article 28. Ceci permet à la CPI d’avoir de critères clairs pour déterminer la contribution de l’accusé au crime en question. Entre autres, les juges peuvent établir une peine plus compatible à la responsabilité de l’individu pour la commission du crime. Ainsi, une personne accusée d’avoir encouragé un crime de meurtre aura, a priori, une peine moins lourde qu’un individu qui était le seul responsable d’un crime pareil. Dans ce cadre, l’objectif de notre communication est de démontrer comment s’est produit ce développement des modes de responsabilité pénale internationale.

En 2012, un rapport de la Société royale du Canada sur la biodiversité marine concluait que le Canada était confronté à d’importants défis pour parvenir à une pêche durable. Dans ce contexte, donnant également suite aux recommandations du commissaire à l’environnement (Vérificateur général du Canada, 2016) et à la Loi sur les pêches modifiée (2019), Pêches et Océans Canada (MPO) s’est engagé à élaborer des plans de rétablissement pour les stocks de poissons dans un état critique.

Cette étude vise à mettre en lumière les dynamiques d’instrumentation d’action publique dans l’élaboration de ces plans de rétablissement. Une recherche exploratoire de type qualitative a été réalisée auprès du Comité consultatif du poisson de fond du golfe du Saint-Laurent du MPO. D’une part, des séances d’observation se sont tenues lors des réunions du comité entre 2019 et 2022. D’autre part, neuf entrevues (pêcheurs, fonctionnaires, etc.) ont été réalisées en 2022. Les résultats mettent en exergue que les processus menant au plan de rétablissement : 1) induisent un cadrage particulier des enjeux (p. ex. le phoque gris); 2) s’inscrivent dans un contexte de gestion régionale dans lequel les ressources humaines et financières sont restreintes; et 3) font face à l’urgence de rétablir les stocks malgré la lourdeur des mécanismes nécessaires à cette mise en œuvre.

Cette étude fournit un éclairage sur l’émergence et la formulation des politiques relatives à la reconstruction de la biodiversité.

Ancrée dans une recherche qui vise à s’intéresser aux évolutions socio-historiques de la manière dont est organisée la sécurité des différents espaces de la vie quotidienne contemporaine et, plus globalement, dans un ensemble de concepts ayant trait aux transformations de la ville contemporaine (« non-lieux » de Marc Augé, « âge de l’accès » de Jérémy Rifkin, « lutte des places » de Michel Lussault…) et dans le concept de « pouvoir » développé par Michel Foucault, cette proposition de communication vise à soumettre à la discussion un début de recherche sur les archives du programme Tandem à Montréal.
Il apparaît en effet que le programme Tandem est né en 1982 dans l’objectif de réduire les cambriolages et les actes de vandalisme dans certains quartiers délimités de Montréal. Or, cette double préoccupation initiale va se complexifier et s’élargir pour aboutir aujourd’hui à tout un ensemble de préoccupations et de prérogatives délimitant une conception de la sécurité définie dans le cadre de l’espace public. Cette communication résumera et interrogera cette évolution au travers de l’analyse de trois moments : 1) la naissance du programme Tandem de 1982, 2) le premier bilan de 1987, 3) les préoccupations contemporaines du programme Tandem.   

Qu’est-ce que l’Histoire ? Napoléon disait que « la vérité historique est souvent une fable convenue ». C’est en effet le cas pour celle écrite par les conquérants, avec trompettes, hautbois, tambours et canons. Toutefois, Marx, en changeant radicalement l’autoréférentiel de cette science, est reconnu pour avoir ouvert le « continent histoire ». Qu’entend-on par-là ?

Renversant le positionnement qui veut que ce soit les personnes, les individus, qui font l’Histoire, il pose le principe selon laquelle ce serait plutôt elle qui enfanterait de la destinée des hommes. Alors, dans ce cadre, quelle serait la « vraie » Histoire ? Celle qui expose la dialectique sous-jacente au développement des forces de production.

Afin de mettre en œuvre cette approche de l’Histoire, il s’agit, d’une part, de mettre le curseur sur celle silencieuse de la matérialisation et du développement des modes de production, et d’autre part, de considérer l’économie politique comme partie intégrante de sa sphère scientifique. Ainsi, à l’aide d’exemples tirés d’auteurs qui ont mis en application cette représentation, cette approche, nous serons en mesure de mieux en définir les contours.

La compréhension de cette modulation matricielle se révèle être un outil précieux lorsqu’il est question de tenir compte de la « réalité » des forces historiques qui pèsent sur le présent, comme il est nécessaire de le faire dans des champs épistémologiques variés, afin de concevoir des pistes de réflexion et d’action fécondes.

Au cœur de la tradition de la théorie critique de l’École de Francfort (de Lukacs à Honneth), le concept de « réification » est un concept central pour penser de manière critique la rationalisation capitaliste technique et économique. Si l’on veut toutefois préserver sa portée critique à l’ère de la bioéconomie et des nouveaux défis posés par les biotechnologies, le concept demande à être repensé. Au moment où le corps humain et les êtres vivants fondent un nouveau marché, il est en effet nécessaire de penser la réification, non plus seulement de l’être humain, mais de la vie en elle-même. L'un des enjeux actuels majeurs, pour la théorie critique, est autrement dit de parvenir à se départir de son anthropocentrisme originel, afin d’être mieux armée devant le biocapitalisme contemporain. Dans cette optique, cette communication s’emploiera à montrer que le concept de réification ne doit plus tant désigner la réduction de l’humain à une chose, selon la définition classique du concept, que désigner plus largement le processus de transformation de l’humain et de la vie en soi en ressources exploitables, c’est-à-dire en biocapital. Ne pas opérer cet élargissement, c’est occulter les enjeux de la bioéconomie et se rendre aveugle face aux nouvelles formes d’exploitation et d’instrumentalisation technoscientifiques.



En Côte d’Ivoire, quelles compétences permettront de résoudre les problèmes de santé pour tous dans la mise en œuvre de la télémédecine au sein des cités résidentielles? Dans la ville d'Abidjan, l’hypothèse est de coopérer à la transition sociale. Pour les groupements d’habitations internes à la ville et composés d’individus aux situations sanitaires variées, la capacité à développer leurs compétences en transition sociale à finalité sanitaire (C-2TS) dépendra de quatre facteurs : des investissements dans les technologies de santé soutenues par les technologies numériques (I-Tsn), des responsables technologies de santé numérique (Tsn) dotés de compétences en santé numérique collective (Snc), des communautés solidaires, la collaboration de tous au développement des I-Tsn et au contrôle des finances sur base de textes consensuels, contraignants et respectés. Cependant, la dimension collaborative de cette compétence apparaît comme un objectif délicat pour les administrateurs de proximité, les communautaires et les responsables Tsn inclus dans la construction de ces nouvelles compétences. En sciences de l’administration des territoires, la notion de C-2TS est éclatée et peu étudiée. À partir de résultats préliminaires issus d’un projet de recherche comparant trois cités résidentielles, nous tenterons de mieux cerner la C-2TS relativement à la décentration des administrateurs locaux, aux dynamiques de coopération, aux parcours de soins et aux transformations numériques.

 Comment la littérature politologique relative à la réforme constitutionnelle de 1982 rend-elle compte de la condition constitutionnelle des Canadiens ? L’auteur apporte une réponse originale à cette question en proposant une typologie qui fait découler la pluralité des récits politologiques canadiens sur la réforme constitutionnelle de 1982 de la déclinaison d’un même paradigme discursif, le paradigme constitutionnaliste, en vertu duquel la constitution devient le principe explicatif premier des problèmes politiques du Canada et de leur solution pour l’avenir. Le paradigme constitutionnaliste se décline en quatre trames explicatives distinctes, comme autant de récits développés par les politologues les plus influents pour expliquer la réforme constitutionnelle de 1982 et ses conséquences. L’auteur termine cet exercice d’interprétation en constatant l’épuisement du paradigme constitutionnaliste – épuisement qu’il lie à la paralysie constitutionnelle chronique engendrée par la réforme de 1982 – et son remplacement prévisible par un paradigme successeur. Par-delà les analyses minutieuses du discours politologique canadien contemporain, c’est l’imbrication instable des questions nationales canadienne et québécoise et leur évolution possible que l’auteur, avec lucidité et sans complaisance, interroge.

Cette réflexion coïncide avec le 30e anniversaire du rapatriement de la constitution. Elle fait l'objet d'un livre à paraître aux Presses de l'Université Laval en mars 2012.

 

Les chargées et chargés de cours constituent l’un des corps de métier contribuant, de manière significative, au fonctionnement des différentes universités québécoises. Bien que leur contribution prenne forme dans le cadre des activités d’enseignements dispensées aux étudiantes et étudiants des 1ier, 2ième et 3ième cycle, elle ne s’y limite toutefois pas. Les activités de recherche constituent également l’un des champs d’action investi par ce corps de métier. La réalisation d’une recherche en ce sens en 2016 avait permis de tracer un portrait de la situation en ce qui a trait aux chargées et chargés de cours de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). S’échelonnant sur la période de 2013 à 2015, celui-ci permit de dégager l’existence d’une contribution effective en matière de recherche de la part des membres de ce corps de métier, de même que les formes et contextes relatifs à cette dernière. La poursuite de cette étude de cas, pour la période de 2015 à 2017, tout en permettant la mise à jour des informations à propos de la contribution à la recherche des chargées et chargés de cours de l’UQAC, permet également de tracer l’évolution de celle-ci, voire même sa transformation à travers le temps par le biais d’une analyse comparative entre deux périodes de collecte de données. À cela s’ajoute également la formulation de recommandations en ce qui a trait au soutien de ces dernières et derniers dans le cadre de leur contribution en matière de recherche universitaire.