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Dans une recherche exploratoire, nous avons analysé les dix-sept blogues Naître et grandir animés par des parents qui sont aussi des professionnels. Ils se présentent comme des professionnels que leurs enfants aident à «peaufiner les talents» de leur métier (Chevrier, 2012). L’observation de ces espaces de lecture et d’écriture nous a révélée que le bien-être familial n’est pas juste un acte d’épanouissement, mais aussi et surtout un processus de questionnement, de compréhension, d’apprentissage et même d’autoréflexivité (Giddens,1991 ; Cloutier, 2014).

Les blogues analysés nous rappellent non seulement l’importance des savoirs expérientiels, mais ils nous aident aussi à souligner le trait participatif, relationnel et collaboratif du web social (Le Bossé, 2003 ; Proulx et al., 2014). Ces espaces sont des lieux de partage, de convivialité, de soutien, et aussi de construction d’un savoir-faire diversifié et complexe.

En outre, l’archivage des billets rend ces blogues des objets de références vus, commentés, questionnés et approfondis. Ces pratiques communicationnelles font émerger des moments de téléréalités familiales multiples, des journaux intimes partagés et des connaissances (de grand-mères) revisitées (Akrich 2002 ; Klein, 2012). Ces productions nous ont aidée à re-questionner les frontières entre consommateur – producteur, mais aussi entre émetteur - récepteur ; technique - social ; privé – public ; savoir expert - savoir populaire (Ben Affana, 2015; Flichy, 2001).

Cette présentation témoigne de l’analyse du processus de communication des risques sociaux et environnementaux à la suite des travaux sur le fleuve São Francisco au Brésil. Notre argumentation est structurée en deux étapes. Dans un premier temps, nous aborderons la conceptualisation de la communication des risques comme «un processus interactif d'échange d'informations et d'opinions entre les individus, les groupes et les institutions » (OPAS, 2009) qui favorise la participation de la société dans processus de prise de décision et assure espaces démocratiques de droit. Dans un deuxième temps, nous présentons le projet hydraulique et ses conséquences sur les eaux du fleuve São Francisco. De cette façon, nous pouvons analyser quels sont les risques divulgués par le gestionnaire du projet et par la presse de Sergipe. L’analyse communicationnelle porte aussi sur le niveau de participation des communautés traditionnelles, qui habitent à proximité du fleuve. Cette enquête utilise la méthode de recherche participative et a été réalisée à partir de l'analyse des sources primaires (Rapport de l'impact environnemental) et secondaires (journaux Correio de Sergipe, Jornal da Cidade e Cinform), ainsi que la recherche sur le terrain avec les people de la Aldeia Indígena Xokó et la Comunidade Quilombola da Resina.



En mars 2020, le Québec aux prises avec la pandémie de COVID-19, impose des directives de maintien à domicile contraignant l’ensemble de la population à rester chez soi. Ce grand confinement a bouleversé nos rapports sociaux. Chez les ados, le temps passé devant les écrans a bondi de 10 à 30 h par semaine. Si cette augmentation du temps passé devant les écrans contribue à amplifier les inquiétudes parentales, nous en savons encore peu sur les pratiques numériques adolescentes dans ce contexte. Qu’ont fait les adolescent.e.s, comment et pourquoi ? Quelles significations ont eu ces pratiques ? Qu’est-ce qu’elles ont changé ? Au croisement de la sociologie des usages et de la sociabilité adolescente, notre recherche nous permet d’observer le rôle du numérique dans un contexte où les interactions sociales en présence sont limitées. Nos résultats sont issus d’une enquête qualitative effectuée auprès de 25 jeunes âgés de 12 à 15 ans. Nous observons que les pratiques numériques sont à la fois organisées et bricolées, qu’elles s’intègrent dans une dynamique de renforcement relationnel, qu’elles reposent sur une proposition d’identification à un vécu partagé, qu’elles se déclinent dans des espaces numériques aux frontières fluides qui s’enchevêtrent et, finalement, qu’elles agissent comme un système qui structure le quotidien. Notre projet vise à contribuer à l’étude d’une population adolescente dont les pratiques numériques actuelles font l’objet de discours normatifs et alarmistes.

Les relations entre les réseaux sociaux et les personnages fictionnels ont jusqu’à maintenant été presque exclusivement analysées à travers le prisme du « fandom » (McClellan 2013, Bore et Hickman 2013, et Lookadoo et Dickinson 2015). On souligne notamment dans ses recherches l’importance du rôle joué par les fans dans la création de comptes dédiés à leurs personnages préférés sur les médias sociaux. Rares sont toutefois les chercheurs qui sont se penchés sur l’intégration des médias sociaux dans les récits transmédiatiques via la création de comptes « officiels » pour des personnages fictionnels. Dans la présente communication, je me propose d’amorcer une réflexion sur ce phénomène relativement récent à travers l’analyse d’un cas particulier, celui du récit transmédiatique Marble Hornets développé de juin 2009 à juin 2014. Plus précisément, à partir des travaux de Brooker, Gray, Hills et Jenkins, dans lesquels ils ont exploré de nouveaux modes de réception à l’aide de concepts tels que la « convergence », le « débordement » et la « paratextualité » (Brooker 2001; Gray 2003 et 2010; Hills 2008; Jenkins 2006), mon objectif sera de démontrer la manière selon laquelle la présence de personnages fictionnels sur les médias sociaux fonctionne comme un paratexte transmédiatique qui poursuit explicitement le récit d’un monde fictionnel particulier, créant ainsi de nouvelles relations entre l’univers fictionnel et la réalité de l’interacteur (Guéneau 2006).

En 2017, l’organisme Reporters Without Borders a octroyé à Singapour le 151e rang au sein de son classement listant 180 pays du plus ouvert vis-à-vis des médias au plus restrictif. Les moyens empruntés par le gouvernement afin de limiter la liberté d’expression du corps journalistique varient de l’alimentation d’une culture de complaisance et corporative au sein des organes de presse, à la poursuite en justice de travailleurs des médias. Certains outils sont donc subtils et sophistiqués, alors que d’autres sont plus flagrants et même brutaux.

Le présent travail s’intéresse à ce second type de techniques, soit les moyens plus directs de coercition. Cette recherche tente de raffiner la compréhension du phénomène de censure médiatique en contexte autoritaire en divisant le concept de « coercition directe » en deux catégories : la coercition visible du grand public et la coercition invisible aux yeux de la population. Grâce à des entrevues complétées à l’été 2017 à Singapour avec 21 journalistes et éditeurs, le présent travail conclut que la coercition visible, par exemple la tenue d’une conférence de presse par un politicien haut-gradé où le travail d’un journaliste est pointé du doigt, a pour principale conséquence de « signaler » la force du gouvernement, et que la coercition invisible, par exemple l’interdiction pour un journaliste de couvrir certains événements en raison d’articles passés, a pour effet de changer de façon substantielle les pratiques journalistiques.

Le projet de loi 60 a suscité d’innombrables débats qui semblent se cristalliser autour des questions d’égalité des sexes et de voile islamique sur fond de préoccupation pour les questions de sécurité nationale ainsi que pour les questions identitaires au Québec (Rousseau, Jamil, Hassan et Moreau, 2010; Bouchard et Taylor, 2008). L’objectif de la présente recherche est d’analyser les perceptions de la charte ainsi que les aspects légaux tels qu’exprimés dans l’espace public québécois à travers 193 discours médiatisés dans les mois suivant la parution du projet. Les principaux arguments en faveur furent la nécessité de réintégrer la neutralité, la laïcité de l’État et l’égalité des sexes, tandis que les principaux arguments opposés se situaient autour de l'interdiction de port de signes religieux et qualifiaient le projet de charte comme inutile, inconstitutionnel, paradoxal et islamophobe. Les analyses révèlent une confusion entre les notions de sécularisme et de laïcité. Les opinions divergent quant à la hiérarchisation des droits entre la primauté de l’égalité des sexes sur la liberté d’expression et le droit à la religion.L’analyse critique des discours partagés entre les médias permet une meilleure compréhension des problématiques en lien avec le vivre ensemble au Québec. Même si le projet n’a pas été adopté, il demeure que la question est restée d’actualité et que la controverse entourant la charte démontre que les tensions sont encore bien présentes.

Y a-t-il de l’intelligence collective dans une salle de nouvelles ?

La communication abordera la contribution du leadership à l’intelligence collective dans une équipe qui produit un bulletin de nouvelles télévisé. En favorisant la capacité de s’adapter à un environnement en constante évolution, le développement de l’intelligence collective permet aux organisations d’être plus compétitives dans un univers imprévisible.

Nous avons tenté de voir si les mécanismes de construction de l’intelligence collective étaient présents dans une salle des nouvelles et comment le leadership émergent contribuait à la construction de ces mécanismes. Les théories du sensemaking et de l’organizing de Karl Weick ont été mobilisées pour étudier comment l’action collective s’organise au quotidien.

Inspirés par l’ethnométhodologie, nous avons étudié les interactions entre les acteurs de l’organisation que nous avons observés en contexte.

L’analyse des données recueillies a montré comment, à travers un jeu d’influence, un leadership distribué parmi les membres a contribué à l’émergence des mécanismes de l’intelligence collective.

L’originalité de cette présentation repose sur la mise en relation de l’observation du leadership en émergence et de la construction de l’intelligence collective. En ce sens, nous croyons que ce travail peut contribuer aux recherches sur l’intelligence collective en présentant concrètement comment elle se construit dans une équipe de travail.



« Vous et moi, nous n'entrerons pas en guerre pour les questions d'inégalités économiques et sociales. Cependant, pour des facteurs culturels tels que Dieu, la liberté, la mémoire, la langue, les présentations, les symboles, les histoires, nous sommes prêts à mourir. » Ces phrases de Wolton (2019) accusent le retour en force des revendications identitaires au 21e siècle tout en résumant les enjeux de la cohabitation des identités culturelles, tant au niveau national qu'au niveau des relations internationales. Aussi, notre projet, qui s'intéresse à la réalité des pays du Sud anciennement colonisés, vise à analyser le rôle de la communication patrimoniale dans la construction identitaire en nous focalisant sur trois aspects clés tributaires du couple patrimoine/identité, à savoir : la cohésion sociale, le besoin d'ancrage identitaire dans le contexte de la mondialisation et le rapport de ces pays avec le monde international dans un contexte de colonialité. Dans une démarche d'étude de cas basée sur une série d'entretiens libres, l'analyse documentaire et l'observation en ligne, nous avons entrepris d'analyser les pratiques communicationnelles de plusieurs institutions publiques d'Haïti directement concernées par le sujet. Les analyses présentées font état d'un besoin de politique de communication publique capable d'atténuer les risques de conflits liés à l'usage de la fonction identitaire du patrimoine, tout en favorisant de nouveaux rapports au monde.

En 2016, 20% des femmes magasinaient sur leur mobile. Ainsi, plusieurs entreprises offrent des applications mobiles permettant d’essayer les produits virtuellement grâce à la réalité augmentée. Cet outil permet de donner un aperçu du produit sur les consommatrices et donc, d’obtenir une excellente congruence, c’est-à-dire que l’image obtenue représente la réalité. Toutefois, certaines femmes hésitent encore à acheter par internet puisqu’elle n’aime pas le résultat qu’elle voit. Or, pour accroître l’estime corporelle, la validation sociale est un excellent moyen. L’objectif principal de cette recherche était d’étudier l’effet de la validation sociale sur l’estime corporelle de la femme lors d’une séance de magasinage sur une application mobile. Plus précisément, de découvrir si la réception d’un commentaire électronique positif provenant d’une marque versus d’une amie pouvait modifier l’estime corporelle et la confiance envers le port du produit. Un devis expérimental à trois facteurs a été réalisé entre les sujets et 146 étudiantes ont participé à celui-ci. Les résultats obtenus démontrent que l’utilisation de recommandations positives améliore l’estime des femmes et leur confiance envers le port du produit, et ce, bien que le commentaire provienne de la marque. Toutefois, celui-ci est significativement plus important lorsqu’il provient d’une amie. L’utilisation de recommandations en ligne s’avère une stratégie intéressante pour inciter les femmes à acheter sur internet.

Cette communication présente les résultats d’une étude visant à identifier les acteurs et récits liés à la désinformation relative au climat sur les réseaux socionumériques au Québec et au Canada. Elle examine la production et la diffusion des discours climatosceptiques au sein de l’écosystème de droite radicale québécoise et canadienne. Le corpus de 25 000 publications provenant d’une centaine de comptes influents permet une quantification des niveaux de résistance aux mesures climatiques (nier le réchauffement, nier sa source humaine, nier l’impact d’une réduction des gaz à effet de serrer (GES), etc.) ainsi que de l’adversaire politique désigné par ces publications (gouvernement, écologistes, scientifiques, etc.). Nous pourrons également relater la logique de certains microrécits récurrents autour de ces discours climatosceptiques ou hostiles aux mesures climatiques.

Cette analyse générale sera complétée par deux études de cas plus spécifiques. Il s’agit d’abord de groupes Facebook de loisirs motorisés où nous avons recueilli les publications concernant le pétrole et le climat afin d’y déceler des logiques pétromasculinistes, c’est-à-dire associant identité masculine et consommation d’hydrocarbures. La seconde concerne la page Facebook Québec fier. Déjà décrite par les médias comme étant proche des lobbys pétroliers albertains et du Parti conservateur du Québec, cette page combine les discours propétrole avec l’identité québécoise, jetant les bases d’un discours pétronationaliste.

En ce début de XXIe siècle, les autorités portuaires canadiennes sont confrontées aux problèmes de la lisibilité du futur, de la concurrence et de l’innovation. En tant que grandes organisations aménageant et développant l’espace, elles sont plus que jamais soucieuses des tendances prospectives, des réalignements stratégiques et des idées de projets innovants. Cela dit, doté de plusieurs façades maritimes, le Canada ne présente pas les mêmes réalités d’un océan à l’autre. C’est donc tout naturellement que les transformations en cours doivent être appréhendées géographiquement. L’étude de ces transformations est au centre de notre thèse. En effet, peu d’études récentes se sont employées à les identifier, à les saisir et à faciliter l’intervention. En nous appuyant sur une approche théorique pragmatiste et structurationniste, ainsi que sur une collecte des données appuyée sur 90 entretiens, réalisés avec certains des plus grands spécialistes des secteurs maritimes, portuaires et logistiques, notre communication visera : 1) à synthétiser les opportunités et les défis qui entourent le Saint-Laurent; 2) les éléments qui permettent leur intelligibilité; et 3) l’action portuaire/territoriale. Identifiés par nos répondants, et concernant plus spécifiquement les administrations portuaires de Québec, Trois-Rivières et Montréal, certaines de ces occasions et de ces enjeux s’avèrent tout à fait décisifs pour le pays, la province et les villes précitées.

De nombreux jardins communautaires de East Harlem, NYC sont situés sur des terrains appartenant à la ville qui les menace d'éviction pour la construction de logements dits abordables. Au cours d’une ethnographie multi-site d’un an, j’ai examiné les relations de propriété de ces espaces urbains entre les jardiniers et l'administration afin de comprendre la tension entre droits de propriété légaux et formels avec le sens de propriété incarné et moral. Les relations de propriété de ces jardins révèlent comment ces espaces sont contestés et négociés entre jardiniers, passants et voisins, mais aussi avec développeurs immobiliers ainsi que décideurs et travailleurs municipaux. Bien que les jardins existent depuis plus de 40 ans, les relations de propriété des jardiniers génèrent collaboration et tensions interraciales, s’exprimant par des actes de possession d'inclusion et d'exclusion qui se concrétisent par des barrières tant physiques que symboliques. Alors que les barrières physiques prennent la forme de clôtures, cadenas ou verdure permettant ou interdisant l'accès au jardin, des frontières symboliques se définissent également par le travail, des décisions esthétiques, mais aussi par le commérage et des actes de partage ou de vol dans les jardins. Je soutiens donc que ces actes de possession révèlent un système de pouvoir enraciné dans la famille, la séniorité et les relations interraciales tout en créant simultanément un lieu culturel sûr où un groupe peut réaliser sa vision.

La Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (PNAAT) reconnaît l’importance des « choix en matière d’urbanisation » aptes à favoriser une mobilité durable. Visant la compacité des ensembles urbains, la densification mise sur l’intensification des activités des milieux déjà urbanisés. Si elle est souvent vue comme clé du développement durable, peut-elle contribuer à recoudre les territoires fragmentés de la périphérie ? Là, où lotissements résidentiels et power centers évoluent selon des logiques de fonctionnement parallèles, peut-elle être la « pilule magique » pour les faire cohabiter plutôt que coexister ? Dans quelle mesure et selon quelles modalités la densification peut faire dialoguer la diversité des voisinages ségrégés par les grandes voies métropolitaines pour en faire un tout ? 

Cette recherche exploratoire repose sur une analyse croisant les grands modèles de densification à la réalité d’un terrain de Québec. Trois questions l’articulent : « Où est-ce que ça atterrirait ? »; « À quelles conditions ? » et « Qu’est-ce que ça changerait ?»

L’analyse critique des grands modèles de banlieues et de densification dégage les grands paramètres de mise en œuvre. Puis, l’analyse morphologique du terrain d’étude cerne la portée et les limites des modèles : sont-ils flexibles et adaptables à la réalité concrète d’un terrain ? Formant un catalogue raisonné, ces analyses sont mises en dialogue afin de faire ressortir les exigences et implications de la densification.

Depuis quatre décennies, une communauté chinoise est venue s’établir et a évolué à l’intérieur des limites de la municipalité de Brossard. Ce qui constitue la particularité du phénomène est le fait qu’il s’agit d’une communauté bien distincte, issue d’une première génération d’immigrants et qu’elle est localisée à l’intérieur d’un espace situé en banlieue montréalaise. Nous analyserons le cas de la communauté chinoise de Brossard en essayant de répondre à la question suivante : par ses caractéristiques, en quoi la municipalité de Brossard a pu réunir les facteurs qui ont pu constituer un pôle attractif auprès de la population immigrante chinoise? Nous posons l’hypothèse que la municipalité de Brossard a développé une approche innovatrice qui lui a permis de mettre en place les attributs permettant de rejoindre la volonté de la communauté d’immigrants chinois d’améliorer leurs conditions de vie. Ces attributs concernent le marché foncier, les infrastructures présentes ainsi que les services spécialisés offerts. Un réseau de contacts ainsi que la promotion locale aura permis à ces immigrants chinois de prendre connaissance de l’existence de cette municipalité et de s’y établir. Deux concepts nous aideront à analyser les résultats de notre enquête : Le la cohésion sociale et la convergence culturelle.  La recherche s’inscrit dans la rédaction d’un mémoire de maîtrise en géographie sociale où trois échelles géographiques interagissent : le local, le régional et le global.

La révision périodique de cartes électorales nécessite des redécoupages et des fusions de parties du territoire politique. Les circonscriptions (ou «comtés») et districts (ou «quartiers») électoraux préexistants se voient amputés, augmentés ou recomposés, ou bien disparaissent, afin que chacun compte un nombre équivalent d’électeurs (avec un écart maximum établi par la loi) en assemblant des unités de recensement. Pour leur délimitation cartographique, on prétend tenir compte de limites de séparation significatives au plan socio-économique, autant que d’entités géographiques: rivière, falaise, route, voie ferrée, aire industrielle ou inhabitée, limite cadastrale ou municipale. Le problème: cet exercice éreintant, confronté à la grogne politique et aux référents identitaires, donne des résultats consternants car l’étendue spatiale des toponymes reconnus n’y est plus essentielle. Simples étiquettes, on déplace celles-ci sur un espace différent ou créé, ou on maintient des noms connus par leur énumération (jusqu’à six termes!) dans des limites disproportionnées. Une étude d’analyse cartographique comparative et critique des aberrations posées par ces tendances à divers niveaux politiques (municipal, québécois, fédéral) mène à proposer quelques règles de délimitation et dénomination électorales visant la simplicité de représentation identitaire, afin d'éviter ces noms commémoratifs avec prénoms ou les vagues génériques remplaçant de jolis noms authentiques, uniques et typiques.

La nature des recherches en géographie urbaine et sociale démontre que la considération des diverses territorialités est essentielle à toute planification. C’est dans cet ordre d’idée que nous avons cherché à caractériser et délimiter un territoire particulier que constitue Villeray Ouest.

Le titre de village urbain (VU) résume la territorialité spécifique de Villeray Ouest. En effet, cette nature villageoise se retrouve à travers trois dimensions du secteur : sa matérialité, ses pratiques et ses représentations.

Notre analyse a été réalisée à partir d’observations directes et de sources documentaires. Les résultats démontrent que Villeray Ouest est bien un VU en tant qu’espace-support, en raison de sa taille, sa densité, sa morphologie et sa diversité fonctionnelle. Son statut est aussi confirmé par les pratiques de ses habitants : les transports actifs sont privilégiés, ainsi que les commerces et services de proximité; le nombre d’associations, de ruelles vertes ou d’aménagements temporaires dans le quartier participe aussi à construire un espace de vie à échelle restreinte; les pratiques sont polarisées autour de nœuds aux fonctions diverses, ce qui favorise les interactions sociales. Associées aux représentations du quartier, ces interactions portent une identité collective centrale à la notion de VU.

Le nouveau type de territorialité illustré par Villeray Ouest induit toutefois un questionnement sur le lent embourgeoisement à l’œuvre et un potentiel enclavement du secteur.

Les parcs et les espaces verts sont des lieux communs dont l’identité est renforcée par les activités auxquelles ses résidents prennent part. Montréal, comme de nombreuses villes nordiques, vit au rythme des saisons. S’approprier les parcs et espaces verts toute l’année est un défi auquel les habitants de la ville de Montréal doivent faire face, notamment avec les températures qui fluctuent. On observe en effet une baisse d’activité et de fréquentation de ces lieux durant la période hivernale. En réponse à cette situation, l’objectif de la recherche est de comprendre les enjeux liés à l’usage de ces lieux et, plus fondamentalement, à l’usage du mobilier urbain en vue d’envisager des solutions favorisant les activités hivernales dans les parcs et espaces verts, tout en encourageant la vie sociale dans ces lieux. Une étude contextuelle, incluant des entretiens avec des citoyens de Rosemont, un arrondissement de la ville de Montréal, a été réalisée afin d’identifier les besoins des usagers et des opportunités de design. Les résultats de cette étude ont guidé le design d’équipement qui tient compte des défis observés à travers les saisons, notamment durant l’hiver, et qui fait la promotion d’une vie active à l’image de ses usagers.Mots-clés: mobilier urbain, parcs et espaces verts, vie active, opportunités de design, design d’équipement.

Le potentiel créatif est la mise à niveau maximum possible de la performance socio-économique d’une ville, par l'introduction des entrées créatives (de capital humain, d’investissement élevé, de classe créative). Le concept de l'utilisation et du développement de la créativité est examiné sur plusieurs décennies en termes de différentes unités territoriales telles que districts, villes, régions. En particulier, le terme ville créative apparaît pour la première fois dans la littérature dans les années 1980 (Landry, 1995; Hall, 1998; Bradford, 2004; etc.). La concentration de la créativité et de la connaissance a conduit à la perception des villes comme points focaux de développement économique des régions dans lesquelles elles sont situées. Les villes deviennent des laboratoires qui offrent des solutions technologiques, organisationnelles, juridiques et sociales authentiques pour la poursuite de leur croissance (Hall, 2010).

La présente recherche sur le potentiel créatif a été généralement faite sous la forme de descriptions de la structure économique des entreprises et des activités créatives dans les territoires. Le projet se réfère également à des idées sur l'unicité du patrimoine culturel et historique comme part importante du potentiel créatif et source non reconnue d'innovations et de croissance intelligente. Le champ des recherches est bien développé en particulier en France et peut être une source très riche d'idées, de connaissances et d'expériences pour la Slovaquie.

Les routes touristiques offrent l’opportunité de mettre de l’avant l’identité locale à travers plusieurs activités touristiques réparties tout au long du parcours. Aussi, différentes études ont suggéré que ces routes génèrent des bénéfices économiques et sociaux aux communautés traversées. Or, en accaparant les déplacements touristiques, en accentuant l’isolement des régions rurales et en contribuant au déplacement des activités économiques, l’arrivée d’une nouvelle autoroute pourrait réduire ces bénéfices. À travers une étude de cas de la Route des Navigateurs dans le Bas-Saint-Laurent, route touristique marquée par l’arrivée d’une nouvelle autoroute, le présent projet vise à mettre à jour la position des acteurs du territoire sur l’importance de la Route des Navigateurs, à révéler l’impact perçu du prolongement de l’autoroute 20 et à découvrir les stratégies de mise en valeur pour cette route touristique. Les résultats préliminaires montrent que la Route des Navigateurs est perçue comme une appellation uniquement promotionnelle pour la route 132. En fait, les acteurs du territoire se l’approprient peu et certains en oublient même sa présence. Ce faible attachement n’empêche pas que l’autoroute 20 fasse craindre la disparition de certains commerces touristiques d’importance sur la 132. Pour limiter ces impacts, ils considèrent qu’il faut améliorer la concertation entre les acteurs et améliorer la signalisation.

L’action concertée des acteurs d’une région reste incontournable tant pour l’émergence d’une destination touristique que pour la valorisation d’un terroir.  Ces deux concepts peuvent être combinés dans le cas d’une destination gourmande. En revanche, les différences entre la vente d’un produit de terroir dans sa région de production et hors de cette région ne sont pas claires. Bien que le terroir soit un concept consolidé en Europe, son utilisation par les régions où la gastronomie est en voie de consolidation peut contribuer à l’identification des singularités régionales à fins touristiques. Cette étude vise à comprendre la perspective des différents acteurs (producteurs, restaurateurs et gestionnaires d’événements) à propos de la production agroalimentaire d’une région, son ancrage dans le lieu de production et son rôle dans l’attractivité de la destination. Un sondage en ligne a permis de collecter des données pour les régions touristiques de Charlevoix, Québec et des Cantons-de-l’Est. Les retombées de la recherche permettront de comprendre la mise en place du terme de terroir hors de l’Europe en plus de permettre l’identification des enjeux liés à la construction des destinations gourmandes au Québec. Les résultats sont préliminaires. La portée géographique de l’étude limite la validité de nos conclusions autant que l’utilisation d’une méthode d’échantillonnage non probabiliste.

La répartition inégale des ressources alimentaires dans un territoire est une réalité qui affecte plusieurs espaces en milieu urbain.  Notre communication portera sur les « désert alimentaires » (food-desert), une réalité présente dans plusieurs quartiers vulnérables à Montréal provoquée par l'absence de surfaces de vente de produits alimentaires suffisantes pour satisfaire les besoins des résidents, absence motivée d'ailleurs par les faibles revenus de ceux-ci et par  le manque d'attraction qu'ils exercent sur les commerces privés.  L'analyse de la situation de trois arrondissements de la ville de Montréal -Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Sud-Ouest et La Salle- nous permettra de montrer qu'il y a une sorte de « désertification alimentaire » sur ces territoires. En même temps, nous montrerons l'existence de plusieurs organismes qui travaillent sur la sécurité alimentaire.  Ces organismes réalisent des initiatives communautaires ou d'économie sociale visant à réduire, voire à surmonter les effets de la désertification alimentaire.  Nous décrirons de façon détaillée les ressources mobilisées par ces organisations, dont certaines relèvent du marché et d'autres de l'activité solidaire.   Nous analyserons ce problème de façon plus approfondie à l'aide de l'étude du cas de l'Accorderie de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

Les cours d’eau furent cruciaux pendant la colonisation du Québec. Pourtant, en milieu agricole, les ruisseaux semblent désormais relégués au rang de paysage peu valorisé. Mais est-ce le cas? Cette recherche porte sur le tronçon du ruisseau Vacher, traversant Sainte-Marie-Salomé et Saint-Jacques (Lanaudière), car il a fait l’objet de plusieurs études par le passé. Une analyse de cartes et photos aériennes ainsi que des visites de terrain ont permis de caractériser le ruisseau à une échelle très fine. 15 entrevues semi-dirigées, sous forme de parcours commentés, ont documenté les valeurs accordées à ces paysages. Les résultats croisés sont paradoxaux. Les résidences faisant dos au ruisseau et les vues bloquées ou filtrées vers ce dernier témoignent d’une indifférence des riverains pour le cours d’eau. Cependant, l’analyse des entrevues montre une valorisation de ce dernier. Il sert d’écran végétal, protégeant l’intimité selon certains. Il abrite aussi une diversité animale appréciée par d’autres. Le lieu paisible, créé grâce à l’union de ces deux éléments, est une qualité souvent énoncée. Toutefois, l’érosion et les inondations printanières sont défavorables à la jouissance du terrain privé. La pollution agricole et la turbidité contribuent aussi au dédain porté sur le ruisseau. Cette étude permet d’entrevoir le potentiel de recherches portant sur les valeurs paysagères accordées aux ruisseaux agricoles par les riverains afin de guider les aménagements futurs sur ces derniers.

L’abondante littérature sur la notion de territoire sert d’horizon pour poser le problème de l’appropriation locale d’un espace par un groupe qui possède sa dynamique propre. Ce processus d’appropriation est éminemment politique puisqu’il implique des revendications et un aménagement dans le cadre d’un État nation. Les Innus de Mashteuiatsh utilisent la dénomination Nitassinan qui se traduit littéralement par « notre territoire » dans leur langue, l'innu-aimun. Or, ils utilisent également l’appellation Tshitassinu, à première vue pour désigner le même référent, le territoire ancestral. Cette communication, et le projet de thèse dont elle s’inspire, présentent une nouvelle approche pour explorer des désignations de lieux en langue autochtone jusque-là inventoriées par les géographes, arpenteurs et missionnaires et peu analysées par les sciences onomastiques, d’un point de vue anthropologique, s’intéressant aux fondements identitaires de l’appropriation de l’espace dans la vision holistique innue autour du territoire. Basés sur l’hypothèse que toute interaction linguistique est imprégnée du contexte socio-culturel interne et externe, des réflexions méthodologiques sont proposées pour investiguer comment, dans un contexte où le dialecte local est menacé et sans orthographe standardisé, le discours autour des noms de lieux laisse entrevoir, chez les membres de la Première Nation de Mashteuiatsh, différentes visions du territoire, selon les générations et le type d'interaction.

 



Ville de pouvoir : le projet modernisateur de Bourguiba à l’épreuve d’un urbanisme d’État.

Cette recherche traite du projet modernisateur mené par le premier chef d’État tunisien, Habib Bourguiba, à l’aube de l’indépendance (1956). Elle tire profit de l’analyse de son « double » discours au sujet de ce que Sophie Bessis a taxé de « féminisme d’État » (dévoilement des femmes - de la société toute entière), pour ensuite la calquer sur son projet urbain que l’on résume dans la tentative de la percée de la médina pour un éventuel prolongement de l’ancienne avenue Jules Ferry. Voulant se réapproprier les deux visages du pouvoir qu’a vécu l’histoire de la Tunisie beylicale et coloniale, et faisant fi de l’importance patrimoniale, sociale et économique de la médina, il voulait concrétiser, moyennant un concours international pour le réaménagement de Tunis, ce que 4 plans d’aménagement ont échoué depuis 1920. Condamné à l’ombre de son propre échec, la revisite des archives de ce concours ont permis de mettre en évidence les limites d’un urbanisme d’État, et plus loin, les raisons derrière le voilement de l’espace public qu’offre l’actuelle avenue Habib Bourguiba. Une contention particulière est allouée à l’ampleur des décisions gouvernementales, le rôle du conseil expert dans la prise de ces décisions et les répercussions des actions aménagistes sur le devenir de l’espace public.



Le DDT est employé massivement pour la première fois en 1943 pour prévenir le typhus et la malaria par les armées alliées en Italie. Les premiers indices d'une résistance au DDT acquise par des moustiques datent de 1945, mais il faut une décennie avant que le phénomène attire l'attention. Entretemps, les entomologistes fédéraux ont collaboré à la diffusion du DDT dans les milieux agricoles et forestiers via les ministères provinciaux et la grande entreprise privée. Ils ont aussi une part de responsabilité dans l'utilisation du DDT pour la protection personnelle, usage que de nombreux fabricants poussent de l'avant dans des réclames publicitaires des années 1940 et 1950. Il faut aussi savoir que le ministère fédéral de l'agriculture homologue les pesticides depuis les années 1920. Au milieu des années 1950, il est confronté à la multiplication d'incidents d'arrosage aérien qui contaminent des pisicicultures et où de précieux saumoneaux périssent. Les doutes sur l'efficacité et l'inocuité du produit pour la faune et la flore s'accumulent donc, de sorte que, à la fin des années 1950, le consensus sur les bénéfices du DDT fléchi significativement parmi les scientifiques fédéraux. Je montrerai que c'est le cas à peu près cinq ans avant que le débat public ne démarre dans la foulée de la publication fin 1962 du Silent Spring de R. Carson. Cette communication est la cinquième d'une série sur l'émergence de la sensibilité écologique lancée au Congrès de l'Acfas de 2011.