Dans le champ émergent du documentaire interactif, une des pratiques les plus répandues est l'utilisation de médias géolocalisés comme élément central des projets artistiques (Gaudenzi, 2013; Gifreu, 2010). Ce type de documentaire utilise un mode d'interaction qui considère des paramètres de l'espace physique dans lequel se situe l'œuvre (normalement à travers l'usage du GPS), et qui agit dans la relation de l'interacteur avec l'espace (De Souza e Silva et Frith, 2010; Frith, 2012, Pan, 2004).
Dans ce travail, nous analysons l'impact de l'indétermination apportée par le rapport à l'espace au processus créatif de l'œuvre, car, comme Gaudenzi l'a constaté, les médias géolocalisés ont aussi le potentiel d'ouvrir le documentaire interactif aux rencontres imprévisibles avec l'espace. Nous allons nous interroger sur les implications de l'intégration de l'espace (et toute l'indétermination que cela comprend) dans la création de l'œuvre documentaire (Terranova, 2004 a et b; Parisi, 2013).
Notre recherche se base sur l'étude de l'application pour téléphone portable Walking the Edit, qui permet de réaliser des montages de vidéos à partir de certains paramètres de la marche de l'interacteur dans l'espace urbain (comme le rythme de la marche, l'itinéraire choisi, etc.). La différentiation entre les pratiques stratégiques et tactiques, développée par de Certeau, nous servira aussi à distinguer les différents rapports à l'espace produits par les utilisateurs de Walking the Edit.