Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

L’expertise des enseignants dans l’exercice de leur mission éducative couvre plusieurs composantes, dont les connaissances explicites et tacites. La connaissance tacite, fruit de l’expérience pratique, est difficilement transmissible mais d’une grande valeur innovatrice une fois mise en commun pour l’édification de l’intelligence collective, expression de la somme des intelligences individuelles en synergie.

La communication présente une démarche de gestion des connaissances tacites adoptée par une équipe d’enseignants se heurtant individuellement à des défis récurrents en matière de planification pédagogique et cherchant collectivement une solution à ces difficultés.

Le projet s’est construit dans le respect des concepts et des méthodes de la gestion des connaissances, dont le cycle, l’extraction et la formalisation des connaissances, ainsi que celui d’adhésion aux principes de fonctionnement des communautés de pratique.

Les deux phases du projet ont permis de formaliser les connaissances individuelles des membres de la communauté sous la forme d’une base de connaissances, ainsi que d’expérimenter l’utilisation concrète de la base et du fonctionnement courant de la communauté.

L’approche privilégiée par les chercheurs épaulant la communauté de pratique cherche à faciliter le passage de l’application parcellaire courante de la planification pédagogique à une démarche innovatrice, créée collectivement et s’orientant  vers une vision globale et systémique des connaissances.



L’objectif principal de nos recherches est de développer les concepts et outils d’analyse pour une perspective inédite dans les game studies, la sociocritique des jeux vidéo, dans le but de décrire les modalités d’inscription, de migration et de subversion des représentations sociales circulant dans les jeux de rôle goréens organisés dans Second Life. Plus précisément, il s’agit d’expliquer comment la diégèse de ces jeux, construite comme un espace utopique inspiré par le Moyen Âge, se voit contaminée par un imaginaire technique contemporain, issu du paradigme systémique et porteur de représentations posthumaines du corps et d’une conception réticulaire de l’espace. Notre question de recherche est la suivante : dans quelle mesure les joueurs contribuent-ils à l’inscription et à la circulation de la socialité dans les jeux goréens et quel effet peut avoir en retour cette socialité sur l’expérience vidéoludique des joueurs? Nous mobiliserons les méthodes ethnographiques pour y répondre. Notre hypothèse est que les représentations sociales migrent d’une dimension à l’autre du jeu lorsque la capacité du joueur à s’immerger dans la diégèse – c’est-à-dire lorsqu’il incarne un personnage  et accepte la logique diégétique du jeu – est mise à l’épreuve par la survenue de figures disruptives, c’est-à-dire des dispositifs techniques, des accessoires et des avatars dont la présence crée des points de rencontre entre les différentes dimensions du jeu normalement cloisonnées.

Afin d'analyser la représentation médiatique de l’islam et des musulmans dans les mois qui ont suivi l'attentat à la Grande mosquée de Québec, nous avons étudié la couverture médiatique du projet du cimetière musulman de Saint-Apollinaire en 2017.

En effet, nous voulions établir s’il existait un lien entre les représentations médiatiques des musulmans tels que véhiculées dans les médias du Québec présents sur Internet, et les discours hostiles envers ces groupes religieux dans l’espace public québécois.

Nous avons eu recours à une méthode quantitative proposée par Renaud Bourret pour étudier la corrélation entre des variables qualitatives par le recours à la recherche quantitative (Bourret, 2012). 

Nos résultats nous ont notamment permis de mettre en évidence une standardisation, voire une redondance du contenu web, qui fait écho au phénomène de concentration médiatique des médias locaux du Québec.

Ces résultats démontrent que les représentations des québécois musulmans sont unidimentionnelles et essentialistes: elles ne sont  pas représentatives de la diversité de ces communautés religieuse du Québec, ce qui contribue à la stigmatisation de ces groupes ethniques par l'amalagame fait avec les groupes radicaux islamistes, qui sont très médiatisés. 

Notre recherche s'inspire des travaux de Rachad Antonius, qui a analysé les représentations médiatiques des arabes et des musulmans dans les médias imprimés du Québec (avant l'attentat à la Grande mosquée de Québec le 29 janvier 2017).

Le marché des technologies prêtes-à-porter (« wearables ») est en constante progression depuis les dernières années. De plus en plus de ces produits technologiques sont conçus à chaque année comme les montres intelligentes, les combinaisons sportives avec capteurs intégrés, ou encore les brassières intelligentes. Bien que peu mature aujourd’hui, cette classe de technologies pourrait générer, selon Gartner (2016), un marché de plus de 61 milliards de dollars d’ici 2020. Malgré ces projections, il demeure que l’adoption de masse des technologies prêtes-à porter se veut plus lente qu’anticipée et peu d’études scientifiques se sont penchées sur les facteurs qui facilitent leur adoption. La présente recherche vise à combler ce manque dans la littérature en proposant un modèle d’adoption basé sur la théorie de diffusion des innovations de Rogers (1991). Une enquête par questionnaires en ligne conduite auprès des « milléniums » a permis de recueillir les perceptions de 231 personnes quant à leur intention d’adopter une Apple Watch. De façon surprenante, les facteurs liés aux perceptions utilitaires de la technologie n’influencent pas l’intention d’adopter de façon aussi prononcée que les perceptions hédonistes liées au port de l’Apple Watch. Enfin, les résultats démontrent également que le coût perçu vient modérer négativement l’effet de l’avantage relatif perçu sur l’intention d’adopter, atténuant ainsi la valeur des fonctions utilitaires du produit.

Depuis une dizaine d’années environ, une «révolution» sévit dans le monde de la production télévisuelle québécoise, une révolution qui touche à la fois aux dimensions formelles et sémantiques des séries de fiction mais plus fondamentalement aux liens que celles-ci tendent à tisser, pragmatiquement, avec leur public. Ce phénomène, qu’on situera dans le contexte plus large de ce que d’aucuns ont désigné comme la « troisième vague de télévision de qualité » (Fueur, 2007), est visible dans l’émergence de réalisations dans lesquelles sont redéfinis les normes et les standards du téléroman classique. Selon notre hypothèse heuristique, d’une part la télésérie contemporaine se «cinématographise», alors même qu’elle tend parallèlement à radicaliser son degré de «télévisualité» en adoptant des stratégies d’énonciation souvent  proches de celles des émissions de téléréalité. Il en résulte, si l’on se réfère au cadre d’analyse sémio-pragmatique proposé par  Roger Odin (2011), un nouveau positionnement du téléspectateur qui trouverait sa source dans un ensemble de « contraintes » (au sens que lui donne cet auteur) apparues dans l’institution télévisuelle ces dernières années. Nous aborderons cette problématique à partir de l’exemple fourni par l’émission Tout sur moi, et plus particulièrement en répondant à la question suivante : en quoi cette dernière est-elle symptomatique des mutations qui affectent l’institution télévisuelle contemporaine ?

Les allumettières de Hull parviennent à faire leur place dans l’histoire lorsqu’elles mènent, en décembre 1919, la première grève organisée par un syndicat féminin au Québec. Toutefois, ce conflit de quelques jours n’est que de bien modeste envergure en comparaison à celui qui attend ces femmes à l'automne 1924. Au cours de ces quatre mois turbulents, la lutte ouvrière est abordée plus de 170 fois par le biais d’éditoriaux, de rubriques, de billets syndicaux et d’annonces diverses qui paressent dans les pages du quotidien Le Droit, journal franco-ottavien. Dans ce corpus considérable, de nombreux articles d’opinion permettent d’observer l’idéologie des rédacteurs face à la grève des « demoiselles aux allumettes », sa valeur morale, le militantisme dont font preuve les ouvrières, mais aussi la ligne de conduite qu’elles doivent suivre dans l’effort syndical.

Or, bien que l’attention médiatique soit portée sur elles, les employées de la Eddy demeurent muettes dans les publications du Droit. Dans cet effort féminin, ce sont des hommes qui prennent la parole et qui décrivent les demandes et les défis des ouvrières. En cet automne mouvementé, l’organe de presse s’empare du conflit pour y faire déferler une image précise des grévistes. En cernant cette dernière, il sera possible de mieux comprendre à quel idéal les allumettières doivent se soumettre pour que leur militantisme gagne le titre de « noble lutte » et d’obtenir la reconnaissance de leurs droits en tant que travailleuses.

Cette communication présente les cadres et les avancées de deux recherches menées simultanément sur la médiation de l’information dans le milieu culturel québécois : l’une s’attache au traitement médiatique du financement des arts et de la culture (Côté), l’autre, aux transformations des rapports professionnels entre journalistes et relationnistes du milieu culturel (Broustau). Au-delà de leurs spécificités, ces recherches s’intéressent au déplacement potentiel du rôle traditionnel de source d’information (Schlesinger, 1992), en particulier à la faveur de changements tels que des contraintes socio-économiques affectant ressources humaines et matérielles et influant sur les processus de traitement de l’information, ou que de l’utilisation concurrentielle des réseaux socionumériques pour occuper l’espace public (Sauvé, 2010) en extension (Smyrnaios, 2005). Entre interdépendances professionnelles (Charron, 1991) exacerbées par le milieu culturel (Nguyen et Cotte, 2002) et socialisation (Dubar, 2010, Demazière, 2012) professionnelle dans la communication publique, ces projets en cours tentent de contribuer à la compréhension des enjeux stratégiques et relationnels qui ponctuent l’évolution de la médiation de l’information.

Au Québec, malgré les efforts de prévention, d’éducation et de sensibilisation déployés depuis près de quarante ans, l’alcool au volant se place toujours en tête des principales problématiques de sécurité routière. Ce problème est d’autant plus marqué chez les jeunes conducteurs de 16 à 24 ans, qui sont systématiquement surreprésentés dans le bilan routier des accidents et infractions. Pour mieux comprendre la persistance de la conduite sous influence d’alcool chez les jeunes conducteurs, nous nous sommes intéressée à la perspective de ces jeunes au regard de ce comportement. En tout, 57 jeunes conducteurs de 18 à 24 ans ont été interrogés. Leurs propos ont fait l’objet d’une analyse inductive et donné lieu à une théorisation basée sur quatre principaux freins à l’adoption d’une conduite responsable. Ces derniers ont permis de mettre en lumière un comportement à risque largement méconnue, soit la conduite enivrée. Il s'agit d'une forme de conduite illégale qui contribue au maintien de l’alcool au volant chez les jeunes conducteurs. S’apparentant à la conduite en état d’ébriété ou avec facultés affaiblies, le conducteur enivré ne montre toutefois que très peu de signes d’intoxication et, par conséquent, ne reconnaît pas son incapacité à conduire. Nous présenterons nos principales analyses et suggèrerons des pistes de solution pour contrer les barrières à l’adoption de comportements de conduite sécuritaires qui maintiennent la conduite enivrée dans les mœurs des jeunes.

Nous présentons, dans cette communication, une analyse de la couverture de presse de l’annonce de l’arrêt de financement de la première université francophone en Ontario, l’Université de l’Ontario français (UOF) et du mouvement de contestation de la communauté franco-ontarienne dénonçant cette décision gouvernementale.

Nous avons réalisé une analyse à la fois quantitative et qualitative de 2 405 articles de journaux couvrant cette période importante dans l’histoire de l’UOF. La couverture de presse de cet événement est marquée par une amplification médiatique de type media-hype. Les journalistes, particulièrement ceux issus d’entreprises de presse desservant la communauté franco-ontarienne (ONfr+, L’Express, Le Droit, notamment), utilisent la personnification, la représentation antagoniste des acteurs et le ton parfois émotif et acrimonieux pour cadrer cette nouvelle.

Cette étude s’inscrit dans le champ des recherches sur le rôle des journalistes en milieu minoritaire, notamment sur la question du difficile équilibre à tenir entre leur loyauté envers leur communauté et les considérations normatives de leur pratique journalistique (Bernier, 2011; Beauchamps & Watine, 2006; Corriveau, 2006; Watine, 1993). Il apparaît, à la lumière de nos résultats, que les journalistes en situation minoritaire sont enclins, pour la plupart, à pratiquer un journalisme partisan.

Le Web 2.0 et les réseaux peer-to-peer transforment la configuration de l’Internet. Ce phénomène autorise l’essor de la participation des internautes dans la consommation, la production et la circulation des contenus (Bruns, 2008). Ainsi, le traditionnel partenariat entre amateurs et professionnels est réanimé sur la Toile dans les projets de « science participative » (Lievrow, 2010). Là, les gens aident les scientifiques en réalisant des tâches où les humains sont plus efficaces que les ordinateurs. C’est le cas de Foldit, un puzzle 3D qui permet aux joueurs de collaborer en ligne dans la recherche sur les protéines.

Pour certains, la participation collaborative des internautes permettrait l’émergence d’une société plus démocratique (Bauwens, 2012). Cependant, ces pratiques sont considérées par le capitalisme cognitif comme des formes d’exploitation (Moulier Boutang, 2007). Cette présentation confronte cette perspective critique avec l’interprétation que font les acteurs de leurs pratiques dans Foldit, tout en explorant les rapportsentre scientifiques et amateurs dans les sciences participatives sur Internet.

La méthodologie qualitative employée comprend une observation participante et des entrevues semi-structurées avec un groupe de quinze amateurs et deux scientifiques professionnels. Ce projet veut contribuer ainsi à une meilleure compréhension des rapports qui se déroulent sur Internet et apporter aux discussions sur la gouvernance de la Toile.

Comment les idées se partagent et se cristallisent-elles en concept, en mode collaboratif? Cette étude vise à explorer les stratégies de cadrage d’un groupe de 4 étudiants en 2e année de design industriel réunis dans le but de créer un kiosque pour une marque d’eau embouteillée. Le cadrage est un processus communicationnel et réflexif qui consiste à établir les assises d’un projet. Pour mener cette recherche, 5 chercheurs en communication et en design ont observé le processus de collaboration des étudiants lors de 3 séances d’idéation. Les observations de chaque séance ont ensuite été rassemblées, segmentées en moments clés puis codées en fonction d’une série de 14 actions de design préalablement établies. Nous avons constaté, dès la 1re séance, l’émergence de 5 thèmes associés au critères de design posés au départ. Ces thèmes ont été véhiculés sous forme symbolique et métaphorique. Ces derniers ont soutenu le processus communicationnel qui a permis de construire une compréhension partagée de la problématique de design et ont nourri le processus de conception. Ainsi, les 5 thèmes inspirés du branding de la marque et de l’expérience usager ont été discutés, négociés et transformés à l’aide des actions de design, utilisées seules ou de façon combinées. Cette étude nous permet de mieux comprendre la démarche de design collaborative des étudiants. L'usage de la métaphore comme véhicule de sens nous encourage à explorer davantage son rôle dans le processus d’idéation.

J'explore les relations aux technologies des tisserandes du Cercle de fermières. Plus précisément, à travers le travail d'artisanat des Fermières en lien direct avec une certaine conception de la tradition, j'étudie leurs « faire-mémoire » (Valois-Nadeau 2014) et je réévalue le concept de « travail-de-mémoire» (memory-work) (Haug 1992) en m'éloignant des attributs thérapeutiques et délibérés qui le définissent. Comment les faire-mémoire articulent-t-ils les pratiques artisanales et technologiques des Fermières? Comment vieillissent-elles avec les technologies? Une étude sur le terrain composée d'observation participante et d'entrevues avec des membres âgées de deux Cercles de fermières (l'un à Montréal et l'autre à Baie Saint-Paul) permet de bousculer l'association symbolique entre masculinité et technologies et d'illustrer la fluidité des associations entre technologies, genre (Wajcman 2007) et âge. De nombreuses technologies (mécaniques, analogues ou numériques) sont utilisées par les Fermières de manière agentique dans le cadre de leurs activités (métier à tisser, machine à coudre, téléphone, ordinateur…). Sont donc considérés les Fermières tisserandes et leurs relations aux technologies à travers le temps, afin de dégager les sens construits et les attachements intimes qu'elles entretiennent avec elles. Dans une démarche issue de la gérontologie culturelle et des études de la mémoire, je commente les résultats de ces recherches menées dans le cadre de ma maîtrise. 

Les agents conversationnels (AC) sont devenus l'outil dominant pour interagir avec les clients lors d’une panne de service (p. ex : lorsqu’ils attendent trop longtemps une réceptionniste afin de s’inscrire à un hôtel) (Chen et al. 2023). La panne de service peut être gérée soit par une récupération économique (p. ex : rabais au client) ou par une récupération symbolique (p. ex : excuses au client). Les recherches indiquent que les AC sont perçus par les consommateurs comme moins empathiques que les êtres humains lors d'une panne de service (Zhang et al., 2023). Notre recherche vise à explorer les performances de récupération symbolique fournies par les AC au lieu des employés humains en tenant compte des variables liées aux émotions humaines telles que la colère et l’humour. De façon plus précise, l’objectif de notre recherche est de déterminer si à la lecture de scénarios humoristiques (contre non humoristique) cela peut contribuer à calmer le mécontentement des consommateurs pour éviter des conséquences pour l’entreprise, comme la circulation de messages négatifs transmis par « bouche à oreille ». Cette recherche quantitative se base sur des données qui ont été collectées en ligne avec un questionnaire sur la plateforme Amazon Mechanical Turk. Au total, 395 participants y ont répondu. Les résultats préliminaires montrent que lorsque les AC émulaient un comportement humoristique (p. ex : blagues) à l’égard des clients, cela diminuait le bouche à oreille négatif. 

Le lieu définit l’espace qui nous entoure. Il abrite, protège, permet et encourage nos activités tout en influençant notre apparence et notre comportement. Complexe et multidimensionnelle, la définition du lieu va au-delà de la position physique et du caractère matériel d’un endroit. Elle est sociale, culturelle, communicationnelle et interactionnelle. Le lieu est un phénomène psychologique nourri par différentes représentations sociales et culturelles. En design d’interaction, ce phénomène est déterminant de la qualité de l’expérience humain-interface.

Les avancées technologiques des dernières décennies ont permis une démocratisation fulgurante du numérique et de ses interfaces. La mobilité et la portabilité des appareils informatiques favorisent l’émergence de nouveaux lieux, nouveaux usages et nouvelles conventions qui sont influencés, entre autres, par les lieux de l’interaction. Bien que l’importance de la relation entre lieu et design d’interaction soit de plus en plus évidente, le lieu demeure, pour plusieurs raisons, une notion difficile à appréhender par le designer d'interaction.

Dans cette communication, nous posons une réflexion sur l'apport, la nature et les difficultés de prise en compte du lieu en design d’interaction. Nous proposons aussi un modèle théorique des principaux lieux de l’interaction humain-interface en mettant l’emphase sur un lieu particulièrement riche et complexe : le lieu psychologique.

Le milieu scientifique n'échappe pas à la culture visuelle, un pan de la société occidentale moderne caractérisé par l'omniprésence des images dans la transmission et la production du savoir. Les visualisations scientifiques (VS) se présentent alors comme un objet d'étude de choix pour explorer les rouages de la pratique scientifique. Une question se pose avant tout : comment peut-on penser les VS, ces médiatrices de connaissances ? Si l'on s'intéresse à ce qu'elles signifient, on peut se demander de quelle façon elles sont perçues par les individus ou les collectivités. On peut comprendre ces structures complexes comme celles d'un langage, et analyser leur syntaxe et sémantique (sémiotique visuelle). Il devient pertinent d'aborder les capacités cognitives mobilisées pour en interpréter le contenu (sciences cognitives). On peut aussi les penser en termes de constructions sociales du savoir, soient comme des artefacts : sont alors investigueés leurs conditions de production, participation dans les relations de pouvoir et fonctions au sein de différents groupes sociaux (STS). Si l'on s'intéresse moins à ce qu'elles produisent et davantage à leur nature, on peut prendre un angle purement organisationnel et analyser la façon dont elles structurent l'information - hiérarchiquement ou analogiquement par exemple (graphisme). Je propose dans cette communication d'étayer la pluralité des perspectives pour penser les VS afin de comprendre leur implication dans la production du savoir.

L’usage des réseaux sociaux à des fins de dénonciations fait polémique. Les fils de commentaires sous des articles médiatiques provenant de trois journaux (Journal de Montréal, Le Devoir et La Presse) traitant de la liste de présumés agresseurs Dis son nom ont été analysés. À partir d’une analyse critique du discours, les représentations dominantes au sein des commentaires Facebook au sujet des dénonciations de violences sexuelles sur les réseaux sociaux ont été analysées. La liste de présumés agresseurs Dis son nom a vu le jour lors de la troisième vague de dénonciations de violences sexuelles qui a secoué le Québec en juillet 2020. L’étude de la relation entre les mouvements de dénonciations et les réseaux sociaux permet de mettre en lumière un certain discours sociétal, les perceptions sur cet enjeu et les inégalités en matière de genre. Le croisement innovant de l’analyse critique de discours et de l’ethnographie en ligne a permis de mettre en lumière les discours durant la période de l’après #MeToo et pendant la 3e vague de dénonciation de l’été 2020.

Les résultats de la recherche ont relevé que les discours ont des perspectives davantage négatives au sujet des dénonciations en ligne. En outre, l’étude a illustré que certains commentaires soulignent une transformation et une déconstruction des discours sur la question des violences sexuelles et des inégalités en matière de genre. Néanmoins, la plupart des commentaires reproduisent les discours hégémoniques.

A l’heure où l’on s’interroge sur la plus-value cognitive des dispositifs de médiation numérique, comment savoir de quelle façon ces supports modifient l’expérience de visite muséale ? Nous cherchons à comprendre comment les visiteurs, notamment le jeune public, peuvent accéder, grâce aux nouvelles technologies, à une conscience de la façon dont se constitue une collection muséale. Nous proposons d’analyser l’activité : « iMontréal - Le collectionneur » du musée Mc Cord via l’observation de l’activité puis des entretiens avec les concepteurs du dispositif. L’activité propose aux élèves de choisir des objets du musée afin de réaliser une collection. Ils ont accès à la collection en ligne du musée via un dispositif numérique mobile et peuvent s’envoyer par mail les informations principales sur l’objet (notice et photographie). Les élèves créent ensuite une maquette d’exposition où ils mettront dans l’espace les photographies des objets choisis qu’ils auront au préalable imprimé, réalisant ainsi un véritable parcours d’exposition. Si la réception de l’activité donne à voir des élèves surpris par la forme atypique de la visite, lors de la réalisation de la maquette on observe qu’ils se posent des questions pertinentes quant aux défis de la réalisation d’un parcours d’exposition. Ces questionnements révèlent une prise de conscience des enjeux du travail de muséographe dans une activité qui se veut une passerelle entre le musée et la classe, prolongeant les apports de la visite.

Cette communication vise à présenter un chapitre
d’analyse d’une thèse en cours de rédaction. La recherche consiste à conduire
une analyse herméneutique à partir de narratifs de soi recueillis dans un
contexte organisationnel. Il s’agit d’étudier la constitution narrative de
l’identité chez les membres de la division québécoise de la Gendarmerie royale
du Canada (GRC). En faisant l’analyse d’entrevues de groupe réalisées auprès
des membres de la GRC, la thèse vise à comprendre comment les identités
individuelles et collectives procèdent l’une de l’autre dans la narration. À partir
d’un cadre théorique qui puise à la conception de l’identité narrative de
Ricoeur (1990), enrichie d’une conception processuelle de l’identité et de
l’organisation (Czarniawska, 1997), nous démontrerons, dans cette présentation,
comment la narration permet de gérer les tensions entre
les dimensions fixe et changeante de l’identité dans un contexte
organisationnel. Dans cette étude les entrevues de groupe sont
considérées comme des instances particulières de réalité organisationnelle et
de verbalisation d’identités narratives (Alvesson, 2003). En ce sens, elles
constituent des « occasions herméneutiques », c’est-à-dire qu’elles
donnent lieu à des actes de configuration et de refiguration du réel, qui avec
la préfiguration permettent la constitution conjointe des identités à travers
les interactions entre participants.

La recherche d’information de santé en ligne peut aider les patients à mieux interpréter leurs symptômes. Cependant, des informations incomplètes, mal expliquées, ou pires, fausses, peuvent engendrer plusieurs problèmes et causer, ultimement, de l’anxiété voire de la détresse. Et ainsi incité à vouloir consulter son médecin pour être rassuré. Une réassurance qui parfois, chez certains patients, n’est jamais satisfaite. On parle alors de « cybercondrie », un phénomène social en émergence, qui se définit comme étant la recherche obsessionnelle et compulsive d’’information en matière de santé en ligne qui produit de la détresse et une augmentation de l’utilisation des services de santé. Lors de notre thèse de maîtrise, nous avons mené une enquête auprès de patients s’étant rendus à l’urgence d’un hôpital de la ville d’Ottawa (Ontario). Au moyen d’un questionnaire et d’une série d’entrevues semi-dirigés, nous avons constaté que 63,3 % des patients étudiés avaient consulté leurs symptômes en ligne avant leur visite à l’urgence et manifestaient un degré de cybercondrie plus élevé que ceux qui n'avaient pas fait de recherche en ligne (p 0,001, p 0,004). Nous avons aussi pu constater que les informations consultées en ligne peuvent avoir un impact sur la décision de se rendre ou pas à l’urgence. Nous présenterons ces résultats en expliquant la nécessité de mettre en place des stratégies pour mieux informer et sensibiliser les patients face au risque que représente la cybercondrie.

L’ethnographie organisationnelle incite à respecter des lignes de démarcation (membre/observateur, interne/externe, dedans/dehors, etc). L’immersion y est comprise comme un moment et un lieu dédiés à l’observation et la collecte de données. Pourtant, quand un lieu de travail est converti en terrain de recherche, le respect de ces lignes est délicat. Cette présentation interroge la façon dont se manifeste la tension entre immersion et distanciation dans ce contexte de conversion d’un lieu de travail en terrain de recherche, en particulier dans une organisation dédiée aux arts numériques. L’objectif principal est d’étudier comment la métaphore de l’immersion propre à la pratique ethnographique et au savoir-faire technologique de l’organisation étudiée influence l’évolution de la posture de recherche. Je proposerai également une façon de désamorcer une tension entre académique et professionnel par la pratique d’une écriture travaillant le dépassement de dualismes à partir d’une ontologie relationnelle. Les distinctions membre/observateur, interne/externe, etc. seront alors à comprendre comme des continuités : la distanciation au cœur du travail ethnographique se comprendra comme un processus de distance qui travaille le chercheur plutôt que comme limite à ne pas franchir. Cette présentation contribuera aux discussions en communication organisationnelle examinant les postures épistémologiques et les outils méthodologiques empruntés à l’ethnographie et la recherche collaborative.

Les études de fans ont pris de plus en plus d’importance grâce aux théories de Fiske (1987) et de Jenkins (1992), montrant que les fans ne sont pas des consommateurs passifs et ont une voix. Il existe diverses formes d'engagements des fans, de leurs pratiques, mais aussi des tensions dans une communauté (Johnson, 2007). Ces tensions peuvent résulter en schismes, voire valoriser des pratiques de certains fans au détriment d’autres. Il y a plusieurs formes d’engagement des fans, comme les fanfictions ou les fanarts. Bien que l’on ait examiné l’aspect des tensions entre fans, peu de recherches exposent les possibles conséquences de ces tensions. Les fanfictions sont certes plus visibles dans le domaine académique et dans la culture populaire, mais les discours et les représentations des communautés de fans rend plus difficile leur reconnaissance par rapport aux fanarts. Sur la base de cette problématisation, nous viserons donc à documenter cette hiérarchisation au sein de la communauté Aventures, afin de comprendre le sens des diverses interactions de la communauté et saisir leur portée et leurs conséquences.

Fiske, J. (1987). Television Culture. London: Routledge.

Jenkins, H. (1992). Textual Poachers: Television Fans and Participatory Culture. Londres: Routledge.

Johnson, D. (2007) Fan-tagonism: Factions, Institutions, and Constitutive Hegemonies of Fandom.

La médiation de la participation : contribution à la construction d’une approche communicationnelle des organisations solidaires.

Une organisation solidaire (au sens de Mintzberg, une organisation missionnaire) fait la promotion de ses valeurs et idéologie en proposant des produits et des services qui créent du lien social ou de la solidarité. Nous montrons que pour assurer sa mission ce type  d'organisation doit s’appuyer sur les trois dimensions particulières suivantes à savoir 1) une identité  émergeant 2) d’un discours cohérent qui lui permet d’être reconnaissables et qui 3) articule les attentes des divers publics (sociétaires actuels ou potentiels, employés, gestionnaires et administrateurs) dont il recherche l’adhérence et l’engagement. Nous montrons ensuite les différents points de vue qui ont été utilisés dans la recherche pour expliquer les intrications de ces trois dimensions dans la dynamique des organisations solidaires. En l’occurrence, les paradigmes de l’engagement, de l’auto-organisation et le paradigme fonctionnaliste plus conventionnel. Bien que pertinentes, ces points de vue sont incapables d’intégrer simultanément les trois facteurs critiques. Nous offrons alors une alternative qui montre comment à partir du paradigme de la reconnaissance, la médiation de la pratique de la communication participative génère ces trois facteurs que sont l’identité, la cohérence et l’engagement critiques à la survie des organisations solidaires.

Cette communication a pour objectif d’explorer la construction d’un branding de la diversité et de l’inclusion au sein des firmes de relations publiques canadiennes. Plus qu’un outil de recrutement, celui-ci peut être appréhendé comme un symbole (Jonsen et al. 2021), une force centripète (Balmer, 2013) et une construction discursive influençant certaines actions organisationnelles. Peu d’études mettent en évidence les éléments qui entrent jeu dans la construction de ce type de branding.  Une méthode de recherche qualitative et inductive nous a permis d'analyser les thèmes de 23 sites web de firmes canadiennes de relations publiques qui font la promotion de la diversité et de l'inclusion. Les thèmes récurrents peuvent nous renseigner sur les hypothèses fondamentales, les idées, les valeurs et les arguments qui sous-tendent le branding de la diversité et de l’inclusion. Les résultats préliminaires de cette recherche mettent en évidence un répertoire d’actions organisationnelles en lien avec la diversité et l’inclusion mis de l’avant par les firmes. Aussi, le discours sur la diversité et l’inclusion détaille un ensemble de pratiques d’engagement communautaire, de soutien, d’écoute des communautés et de réconciliation. Le branding s’inscrit dans une perspective de justice sociale, de lutte contre le racisme et l’oppression plutôt dans une perspective de performance ou d’affaires. La notion d’inclusion semble toutefois délaissée et peu abordée dans les sites web analysés. 

 

Cette communication porte sur la dimension politique des médias alternatifs. Elle s’attarde plus particulièrement sur l’insertion de différentes radios communautaires dans les dynamiques de construction de l’hégémonie néolibérale. Les cas à aborder ont été tirés d’une ethnographie multi-site réalisée au Mexique et au Québec en 2010. Une attention particulière sera accordée aux modalités de l’action collective qui se trouve à la base de la création de ces médias et à l’évolution récente de la gouvernance néolibérale dans ces deux parties des Amériques. Des notions comme action politique, pratiques médiatiques et schémas interprétatifs seront mobilisées dans l’analyse afin de comprendre la façon dont les promoteurs de ces radios assument la mise en marche de leurs projets. L'étude de l'insertion de ces derniers dans la gouvernance néolibérale sera aussi une partie importante de la communication. La présentation sera élaborée à partir de la recherche réalisée lors d’un stage postdoctoral mené à la Chaire d’études du Mexique contemporain de l’Université de Montréal.

Inspirée par le courant de l’entrevue postmoderne (Gubrium et Holstein, 2003) plus spécifiquement réflexive (Denzin, 2001,2003), cette pratique vise à faire émerger des savoirs expérientiels situés par la rencontre de subjectivités. L’entrevue est alors considérée comme un événement performatif qui transforme l’information échangée en expérience partagée (Denzin, 2003, p. 24). Elle participe du « tournant performatif » s’étant opéré dans les sciences sociales où les recherches visent à produire la réalité plutôt qu’à la décrire et à l’analyser (Seitz, 2012, p.2). Les chercheurs exercent ainsi une influence sur leur objet d’étude, non seulement par les questions qu’ils posent, mais en contribuant à l’émergence de formes, de structures, de règles qui le modifient. Finalement, la recherche performative vise la production et la diffusion de la connaissance dans l’action à travers de multiples formes (images, sons, mouvements, etc.) (p.6). Cette communication vise à disséminer cette conception de l’entrevue qui, autant en sciences sociales et humaines que dans le domaine des médias, est marginale. Il s’agit de présenter une réflexion dans l’action (Schön, 1982/1994) suite à une expérience de co-rédaction performative d’un texte à trois voix sur la recherche-création : celles de chercheurs-créateurs qui ont discuté de leur pratique lors d’une entrevue, celle du compte-rendu subjectif de ces entrevues par l’intervieweuse et celle qui ajoute des ancrages conceptuels en contexte.