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Le bien-être sexuel réfère à l'évaluation subjective qu’une personne fait de sa sexualité. Malgré le mythe entourant l'idée que les personnes âgées n'ont plus d'activités sexuelles, il s’agit d’un aspect important de leur qualité de vie (Træen & Villar, 2020). Bien que plusieurs revues des écrits sur la sexualité des personnes aînées aient été réalisées (p. ex., Bell et al., 2017; Gewirtz-Meydan et al., 2019), peu ont tenu compte du contexte relationnel dans lequel la sexualité s’exprime. Ainsi, l’objectif de cette revue de la portée (scoping review) était de documenter les études sur le bien-être sexuel des couples et des individus en couple âgés de 60 ans et plus. La recherche effectuée sur PubMed, PsycINFO, Medline et CINAHL a permis de retenir 18 articles. Les résultats suggèrent que malgré la prévalence élevée de difficultés sexuelles dans la population vieillissante, les niveaux de satisfaction sexuelle demeurent modérés à élevés et les niveaux de détresse sexuelle sont relativement faibles. De plus, certaines variables relationnelles, comme l’intimité, seraient liées à une plus grande satisfaction sexuelle et à une plus faible détresse sexuelle. Cette recension des écrits souligne le manque d’études dyadiques, longitudinales et qui incluent des individus issus des minorités sexuelles et/ou de genre, ainsi que le manque de mesures validées auprès de la population aînée. Les résultats seront discutés à la lumière de leurs implications pour les personnes vieillissantes.

Malgré l’intérêt grandissant des chercheurs envers les déterminants et les conséquences de la passion (voir Vallerand, 2015), peu d’études portent sur les processus impliqués dans son développement. Le but de cette étude est de mieux comprendre les déterminants psychosociaux du développement de la passion chez les joueurs de hockey de haut niveau. Un design mixte (quantitatif-qualitatif) a été utilisé. Dix-sept joueurs des Saguenéens de Chicoutimi ont complété l’échelle de passion (Vallerand et al., 2003) ainsi que l’échelle de satisfaction des besoins psychologiques fondamentaux (Johnston & Finney, 2010). Un sous-échantillon (n = 9) a également participé à des entrevues semi-structurées. Les résultats montrent que les joueurs se sont avérés très passionnés pour leur sport (M = 6,84, ÉT = 0,31; sur une échelle de sept points). Ils étaient davantage passionnés de façon harmonieuse (M = 5,87, ÉT = 0,75) qu’obsessive (M = 5,42, ÉT = 0,94). Des analyses de régression simple démontrent que la satisfaction des trois besoins psychologiques ont prédit positivement et de façon statistiquement significative la passion harmonieuse (β = .76, p < .001) et de façon marginalement significative la passion obsessive (β = .48, p = .053). D'autre part, les joueurs ont identifié qualitativement l’influence positive d’agents socialisants dans leur environnement (père, mère, fratrie, amis) ainsi que leur soutien inconditionnel (présence lors des matchs et des pratiques, encouragements).  

Nous ferons état des résultats d’une recherche-expérimentation (Laprée et Blouin, 2019)  auprès de 15 jeunes de 6 à 11 ans en vue de les accompagner dans leur cheminement spirituel à l’aide de l’approche de la psychagogie des valeurs (Laprée, 2000). Cette approche opère selon la dynamique symbolique mise en relief par la théorie anthropologique de l’imaginaire de Gilbert Durand (1963), et par son application empirique, avec le test AT.9 d’Yves Durand (1988). Elle s’articule ensuite auprès des individus, seuls ou en groupe, selon le processus de la Clarification des valeurs de Raths, Harmin et Simon (1966). Cette pédagogie de l’imaginaire éveille donc la capacité profonde de symbolisation de la psyché et favorise chez un individu une prise de conscience de son univers mythique, siège d’intégration de ses valeurs vécues. Les trois phases de la recherche ont permis de constater le cheminement psychagogique des participants : sur six semaines, 14 des 15 jeunes ont fait preuve d’une grande créativité en investissant autrement leur vécu; d’abord par un dessin exposant la structure de leur imaginaire par le test At.9, puis par leur implication dans la dynamique du groupe, enfin en rédigeant un journal de bord sous l’accompagnement professionnel d’une animatrice. Des jeunes (même à 6 ans) ont ainsi été à même de relire symboliquement leur vécu et de convertir leur réflexion en action pour viser un meilleur équilibre de leur vie au quotidien. 

Dans cette présentation, nous allons nous intéresser à la façon dont le système de participation et deréparation instauré par la Cour pénale internationale répond aux attentes des femmes victimes de violences sexuelles dans le contexte des crimes internationaux. Pour ce faire, nous mobiliserons deux disciplines : le droit pénal international d’une part, et la victimologie d’autre part. En accordant à la femme victime de violences sexuelles de nombreux droits, la Cour pénale internationale marque une étape décisive dans la lutte contre l’impunité dans laquelle s’inscrit depuis trop longtemps ce type de violences. Cependant, la Cour pénale internationale rencontre de nombreux obstacles juridiques, matériels, factuels et économiques qui viennent limiter la satisfaction des attentes des victimes de violences sexuelles. Face aux divers défis soulevés par ce type de crime, comment la Cour y répondra-t-elle ? Nous verrons que le régime de participation et de réparation mis en place par la CPI n’est pas toujours adapté aux besoins des victimes. Celle-ci ne vient combler que partiellement les attentes des femmes victimes de violences sexuelles. Peutêtre serait-il nécessaire d’envisager des adaptations du régime de la Cour, tel qu’une autonomisation du Fonds au profit des victimes, ou encore faudrait-il compléter le régime de la Cour par des mécanismes de justice restaurative.

Les expériences de socialisation à l’école des enfants adoptés par des pères gais demeurent peu connues. Ce projet vise à examiner le dévoilement du statut familial chez des enfants d’âge scolaire issus de familles homopaternelles adoptives, leur sentiment de différence, leurs expériences d'intimidation et leurs stratégies d'adaptation. À travers des entretiens semi-directifs, nous avons recueilli les témoignages de 35 jeunes. Les résultats montrent que plus de la moitié des enfants ne perçoivent aucune différence et se sentent semblables à d'autres types de familles. Pour ceux qui ressentent une différence, celle-ci est souvent liée à des éléments de routine familiale ou à la personnalité des pères, plutôt qu’à leur statut de famille homopaternelle. Au cours de leur cursus scolaire, une majorité des jeunes rapportent avoir vécu au moins une expérience d'intimidation liée à leur appartenance familiale. Ces expériences varient en intensité et entraînent souvent des stratégies d’adaptation pour éviter les situations d’intimidation, telles que le dévoilement sélectif de leur situation familiale. Bien que certains aient reçu du soutien de leurs parents et amis, plusieurs déplorent l’inaction du personnel scolaire. Ce projet contribue à mieux comprendre le ressenti de ces jeunes en lien avec leurs expériences avec leurs pairs et propose des pistes de solution face aux difficultés rencontrées.

Cette communication portera sur le processus de changement de personnes qui sortent d’un mode de vie disqualifié et disqualifiant tel que la prostitution, l’itinérance, la délinquance, etc., pour entrer dans une pratique associée à l’engagement social (militance, intervention, etc.). Le changement qui nous intéresse est marqué par le passage d’une situation caractérisée par le mépris à une situation plus conforme à l’ordre social dominant, vecteur d’une reconnaissance positive. Nous
exposerons, à partir du sens donné par les acteurs, la représentation qui est donnée à l’ancienne vie, à la trajectoire menant à l’abandon de pratiques disqualifiées et disqualifiantes et à l’engagement social. Notre démarche vise une explication de ce changement à travers un processus d’individuation, ce qui permet de cerner les enjeux sociohistoriques de l’époque contemporaine à l’échelle de l’individu. Nous avons qualifié ce processus d’"épreuve de la sortie", considérant que ce changement de vie n’est pas l’équivalent de bifurcations dites normales associées à la vie professionnelle ou familiale. Ainsi,
l’intérêt de cette recherche résidera aussi dans l’éclairage qu’elle pourra porter sur la compréhension du processus menant à la mobilisation de soi de personnes qui ont connu une période de vie socialement disqualifiée. Nous exposerons le processus menant à l'engagement social en tenant compte des acquis, constitutifs de leur "ancienne vie", et le parcours menant à
ce changement de vie.

Depuis 1994, le Groupe de recherche et d’intervention sociale de Montréal (GRIS-Montréal) œuvre à démystifier l’homosexualité et la bisexualité en milieu scolaire, par les témoignages en classe de deux intervenants s’identifiant eux-mêmes comme gais, lesbiennes ou bisexuel(le)s. Notre étude cherche à mieux cerner les impacts à moyen terme de leurs interventions sur les élèves du secondaire qui y assistent. Ainsi, trois mois après la tenue de l’intervention initiale, leur perception de l’homosexualité et de la bisexualité a-t-elle évolué, et comment? Quelles informations retiennent-ils? Quels impacts ont ces témoignages sur les attitudes homonégatives de certains jeunes? À partir d’entrevues menées avec des élèves du secondaire (n=20) et de questionnaires complétés en classe trois mois après l’intervention initiale (n=200), cette communication discutera des impacts des interventions du GRIS-Montréal sur les attitudes, les perceptions et les comportements des élèves à l’égard de la diversité sexuelle.



En criminologie, nos modèles théoriques et els travaux de recherche se concentrent généralement soit sur la personne et sa propension à la délinquance soit sur le contexte et ses opportunités criminelles. Toutefois, pour que le crime et la délinquance émergent, il faut qu’une personne entre en interaction avec une opportunité. Si nous voulons bien expliquer la délinquance, il faudrait donc considérer à la fois le risque individuel et contextuel ainsi que leur interaction. Le but de cette conférence est de faire la démonstration de la pertinence d’une modélisation interactionnelle, comparativement à celle additive, pour expliquer la délinquance. Pour se faire, 250 contrevenants (juvéniles et adultes) ont répondu à des questionnaires portant sur le risque individuel et contextuel. Les résultats suggèrent que nous délaissions le modèle additif et que nous concentrions dorénavant nos efforts vers une modélisation interactionnelle. En effet, les analyses d’arbres de régression (approche interactionnelle) permettent de rendre compte d’un pourcentage de variance expliquée plus élevée que les analyses de régressions linéaires classiques (approche additive) dans l’explication de la fréquence des crimes, mais aussi de leur variété et de leur gravité. Les implications cliniques de ces résultats seront abordées, particulièrement en ce qui a trait à la dérogation clinique lors de l’évaluation du risque de récidive.

Problématique: Malgré qu’un nombre croissant d’aînés soient conscients de vivre de la maltraitance (MT) ou de l’intimidation (INT), le nombre de demande d’aide (DA) n’augmente pas de façon significative. But : exposer le développement d’un guide de pratique (GP) qui vise à augmenter les leviers à la DA chez les aînés.

Méthodologie: Entrevues de groupe auprès de 144 aînés; de 8 administrateurs, intervenants et bénévoles de l’organisme communautaire (OC) partenaire; de 11 administrateurs de différents milieux. Administration de questionnaires à 305 aînés. Phases de validation : 1) journée de travail sur le GP avec 12 administrateurs de différents OC qui luttent contre la MT et l’INT envers les aînés; 2) à la suite des recommandations, le GP leur a été transmis pour validation auprès des intervenants et bénévoles de leur OC; 3) révision générale sur la base de tous les commentaires reçus.

Résultats: Le GP comprend 2 fascicules. Le 1er, dédié aux personnes administratrices et coordonnatrices d’OC, vise à développer et maximiser la pratique de sensibilisation en matière de lutte contre la MT et l’INT envers les aînés. Le 2e vise à préparer et soutenir les personnes qui animent les activités de sensibilisation (AS) dans ces OC.

Discussion/conclusion: Le GP se divise en 5 sections : 1) définitions de la MT, de l’INT, de la bientraitance; 2) freins et les leviers à la DA; 3) élaboration d’AS; 4) animation d’AS selon la diversité des groupes; 5) accueil des participants et références.

L’étude présentée vise à développer des connaissances sur la transition à la vie adulte et sur l’agentivité de jeunes femmes avec un vécu de placement. La transition à la vie adulte, de même que les décisions et les actions qui y sont liées ont une influence importante sur les parcours de vie des jeunes. Schwartz (2016) considère même que cette période représente le premier moment où les individus peuvent avoir une véritable influence sur leur parcours. Ceci est d’autant plus vrai pour les jeunes ayant passé la fin de leur adolescence en centre de réadaptation. Les résultats présentés exposeront les formes que prend l’agentivité de 20 jeunes femmes (18-25 ans) ayant été placées en centre de réadaptation lorsqu’elles étaient mineures. Cette agentivité est définie comme la part de subjectivité qui permet à l’individu de faire des choix et poser des actions, ainsi que de donner un sens à ces choix et ces actions (Elder et al., 2003). Les résultats présentés sont issus d’une analyse de données secondaires à partir d’entretiens réalisés dans le cadre de l’Étude longitudinale sur les adolescentes placées en centre de réadaptation (Lanctôt, 2020). Les études actuelles sur les jeunes en sortie de placement se sont très peu attardées à leur agentivité et celles qui l’ont fait se sont surtout concentrées sur la trajectoire socioprofessionnelle. La présente étude vise à combler ses lacunes et à porter un regard sur ce qui caractérise spécifiquement l’agentivité des jeunes femmes.

Bien que le droit et son application semblent objectifs en théorie, il s’avère que certaines subjectivités des acteurs judiciaires influencent ces derniers. Précisément, le droit, entendu comme construit social, est un instrument pour favoriser les intérêts d’une certaine population, créant ainsi des relations de pouvoirs. Le droit reposant alors sur un système notamment patriarcal se voit teinté d’idées préconçues en ce qui a trait aux rôles sociaux de sexe ainsi qu’à l’ethnicité. Ainsi, la présente étude cherche à savoir si la conjoncture des identités de genre et d’ethnicité d’une personne influence l’application du droit à son égard, toute chose étant égale par ailleurs. Précisément, pour répondre à ce questionnement, nous étudions le pouvoir discrétionnaire des policiers à l’égard d’adolescent(e)s. Cette étude, qui est une analyse de cas, est basée sur un échantillon de 485 adolescents âgés de 16ans et ayant commis un vol de moins de 200$ sur l’île de Montréal. Suites à des analyses statistiques bivariées et multivariées, les résultats montrent qu’une relation significative existe entre l’ethnicité et la discrétion policière, mais ce, seulement chez les jeunes de sexe masculin; les garçons de couleur seraient alors punis plus sévèrement que les autres adolescent(e)s arrêté(e)s.

Problématique: Du peu d’études traitant des freins et leviers à la demande d’aide (DA) des aînés maltraités ou intimidés, rares sont celles traitant du genre. But : exposer les faits saillants des analyses qualitatives d’un projet de recherche-action sur les freins et les leviers à la DA des aînés se projetant comme cible ou témoin de maltraitance (MT) et d’intimidation (INT).

Méthodologie: 10 entrevues de groupe : 5 avec des hommes (n=32) et 5 avec des femmes (n=41) de l’Estrie. Les participant(e)s sont âgés entre 54 et 96; 36 vivent à domicile et 37 en milieux de vie collectifs. Entrevues enregistrées, transcrites et codées selon une approche thématique mixte utilisant le logiciel NVivo.

Résultats: Si maltraités ou intimidés, la peur des conséquences serait le principal frein à la DA des hommes et des femmes. Les femmes nomment l’éducation reçue comme étant un frein à la DA. Vouloir être informé est le principal levier à la DA des hommes alors que chez les femmes, c’est le soutien anticipé qui est le plus important.

Discussion/conclusion: Les aînées peuvent être ambivalentes à demander de l’aide en situation de MT ou d’INT en raison d’un historique de violence ou des rôles traditionnels intégrés. Chez les hommes, la DA se fera plus souvent sous la pression de l’entourage ou en situation de crise. Cette nuance entre les genres permet de mieux adapter les activités de sensibilisation selon le public ciblé et de guider l’accueil lors d’une DA.

L’agression sexuelle (AS) en enfance est associée à des taux importants de symptômes médicaux non expliqués, c.-à-d. de somatisation (Raza et al., 2022). L’alexithymie, qui réfère à la difficulté à identifier et exprimer ses émotions, permettrait aux individus de créer une distance entre eux et les évènements difficiles, mais empêcherait la résolution des traumas. Les études antérieures suggèrent que l’alexithymie serait associée à la somatisation (Schimmenti & Caretti, 2018). De plus, des taux élevés de symptômes dissociatifs sont liés à l’alexithymie (Irwin & Melbin-Hellberg, 1998). De plus, les études auprès de patients victimes de trauma révèlent que la dissociation était associée à plus de plaintes somatiques chez les individus (Elklit & Christiansen, 2009). Ainsi, tant l’alexithymie que la dissociation pourraient représenter des mécanismes par lesquels des symptômes sommatifs (p. ex., maux de tête et de ventre) pourraient s’exprimer (Schimmenti & Caretti, 2018). Cette étude visait à tester un modèle de médiation auprès d’un échantillon de 345 enfants victimes d’AS et 100 enfants non victimes. Les résultats d’une médiation séquentielle révèlent que l’association entre l’AS et la somatisation était significativement médiée par la présence d’alexithymie et de dissociation, β = 0,17, SE = 0,04, 95% CI [0,06, 0,20], p < 0,01. Cette étude démontre ainsi l’importance de s’attarder aux mécanismes d’adaptation utilisés par les enfants afin de prévenir les symptômes de somatisation.

La communauté de pratique est un concept formulé par Etienne Wenger (1998) que l’on peut définir comme étant « un groupe d’individus qui partagent des intérêts et des compétences communes, et qui en interagissant, cherchent à résoudre un problème ou mener à bien un projet commun » (Amisse et al, 2013). Une communauté de pratique est fondée pour et par des individus concernés par un objet commun, dont ils cherchent ensemble à promouvoir la valeur, améliorer la visibilité ou défendre les intérêts.

Nous nous intéressons aux dimensions spatiales que peuvent prendre certaines communautés de pratique lorsqu’elles sont ancrées dans l’espace. Ces spatialités interrogent les interactions entre les communautés de pratique et les pouvoirs publics.  

Cette communication s’intéresse aux communautés de pratique spatialisées, comme structures porteuses d’actions collectives dans les territoires, et à leurs rapports aux pouvoirs publics. Nous nous appuierons sur le cas des communautés de pratique de l’art urbain à Nantes, pour montrer que les interactions entre ces dernières et les pouvoirs publics peuvent être à l’origine d’innovations socio-institutionnelles (i) et de co-constructions de politiques publiques territoriales (ii). Nous expliquerons que ces interactions permettent d’interroger les capacités des communautés de pratiques spatialisées à participer au développement des territoires (iii).

La catastrophe ayant frappé la communauté de Lac-Mégantic en juillet 2013 a marqué l’imaginaire populaire. Et les cicatrices sont encore vives. Une étude réalisée par le CIUSSS de l’Estrie sur l’évolution de la santé psychologique de la population méganticoise en 2015 révèle que les personnes âgées de 65 ans et plus démontrent notamment plus d’hypervigilance, d’isolement, de tristesse, d’anxiété et de troubles du sommeil que l’année précédente. Bref, la situation des aînés méganticois évolue de manière préoccupante.

La Croix-Rouge canadienne (CRC) a été présente à Lac-Mégantic et a contribué de diverses façons au rétablissement de la communauté. Elle y offre encore le programme Arts et métiers, un projet d’animation d’activités artisanales offertes aux personnes âgées ainsi qu’à leurs proches. Les bienfaits de l’expression créative ne sont plus à démontrer mais une recherche évaluative des effets de ce projet sur les aînés de Lac-Mégantic a permis de décrire l’expérience vécue par les participants(es) et leurs proches et de documenter les effets vécus et perçus par eux aux plans psychologique, physique, relationnel, social et spirituel.

La mise en lumière de ces éléments permet de mieux cerner les conditions qui favorisent l’atteinte des objectifs poursuivis par de tels projets. Cette analyse sera présentée et ouvrira sur les perspectives d’avenir pour des projets de création artistique dans une perspective d’intégration citoyenne et de mieux-être individuel et collectif.

La revictimisation interpersonnelle est l’une des nombreuses conséquences des abus sexuels dans l’enfance (ASE). Cette étude examine comment la maltraitance infantile, les caractéristiques sociodémographiques, les facteurs relationnels et la santé mentale sont associés à la revictimisation sexuelle et à la victimisation psychologique et physique dans les relations amoureuses des jeunes adultes (18-25 ans ; M = 21,2 ; ET = 2,22) ayant subi des ASE (N = 190 ; 82,6% des femmes). Les participants ont rempli des questionnaires validés mesurant d'autres formes de maltraitance infantile (abus physique et psychologique, négligence, exposition à de la violence conjugale), leurs caractéristiques sociodémographiques, des facteurs relationnels (styles d’attachement insécures)  et leur santé mentale (symptômes de dissociation et de stress post-traumatique). Les résultats indiquent que l’attachement anxieux est associé à un risque accru de revictimisation sexuelle, le stress post-traumatique est associé à un risque accru de revictimisation sexuelle et de violence psychologique ; la dissociation est associée à un risque accru de violence physique. Cette étude souligne l'importance de considérer l'impact de multiples caractéristiques des survivants d’ASE et de leur environnement lors de l'évaluation du risque de revictimisation. Il semble particulièrement pertinent de leur fournir un soutien adéquat en matière de santé mentale.

 

 

Mises à part les inégalités territoriales, des inégalités de genre se produisent également dans les processus du développement. Il s'avère alors opportun d'étudier la création d’entreprises suivant une approche genre. L'objectif général de cette recherche est justement de comprendre le processus d’émergence de micro-entreprises féminines dans un processus de développement local en milieu rural ivoirien; et de proposer un cadre d'analyse des facteurs qui déterminent l'émergence de ces micro entreprises féminines dans une perspective de développement territorial. Pour atteindre cet objectif, nous avons effectué une étude à partir du cas de la sous-préfecture de Gadouan en Côte d’Ivoire. Notre investigation empirique s’est basée sur une méthode de triangulation basée sur l'analyse de trois focus groups. À l’issue de cette démarche, il est ressorti que trois dimensions sont nécessaires, et doivent se combiner, pour faire émerger l’entrepreneuriat féminin dans un processus de développement local en milieu rural: la dimension planification locale selon le genre, la dimension compétences entrepreneuriales féminines et la dimension territoire incubateur de l’entrepreneuriat féminin.





L'activité référentielle, soit le processus de mise en liens qui soutient la capacité d'exprimer les états émotionnels dans une forme verbale, découle de la théorie de l'encodage multiple de W. Bucci (1997). Notre équipe de recherche vise à valider plus avant une adaptation française de dictionnaires d’analyse automatisée de ce construit (Dubé et Martin, 2004). Cette étude porte donc sur la convergence de mesures de l'activité référentielle dans des tâches dites « analogues cliniques » avec celles de variables cliniques obtenues par questionnaires auto-rapportés auprès d’étudiants universitaires. Elle s’inscrit dans un projet de recherche plus large touchant à la stabilité des narrations personnelles et à leur lien avec la santé mentale. Nos résultats préliminaires (n = 15) suggèrent que dans une tâche peu structurée (un monologue de 5 minutes), les scores d’activité référentielle s’avèrent significativement corrélés avec des scores d'anxiété (r = -.69) et ceux à une échelle d’attachement sécurisant (r = .68) et anxieux (r = -.61). Les résultats présentés porteront sur un échantillon plus large d’une quarantaine de participants. La discussion portera sur les conditions dans lesquelles les mesures d’activité référentielle tendent à capter des variations de phénomènes importants au plan clinique pouvant éventuellement servir d’indice de changement en psychothérapie. Les limites de l’étude et les avenues de recherche seront aussi esquissées.

Introduction : Peu d’études sur le traumatisme crânien (TCC) adulte se concentrent sur le bien-être.

Objectifs : Documenter l’évolution du bien-être post-TCC, comparer un groupe de bien-être élevé à un groupe de bien-être moindre sur des données sociodémographiques, cliniques et psychosociales, et identifier des facteurs psychosociaux qui prédisent un meilleur bien-être.

Méthode. 181 adultes (Mâge = 41,5 ans) ont été évalués à 4, 8, 12, 24 et 36 mois post-TCC. L’étude comporte 5 critères de bien-être : absence de trouble psychologique, retour à une vie active, peu de douleur, peu de plaintes cognitives, bonne qualité de vie. La participation sociale, les stratégies d’adaptation et le soutien social ont été mesurés.

Résultats. Le nombre de participants ayant les cinq critères augmente dans le temps. À 36 mois, les individus ayant les cinq critères ont significativement plus de soutien social (t = 2.00, p = .048), d’années d’éducation (t = 2.12, p = .036), d’activités à l’extérieur du domicile (t = 3.05, p = .003) et de relations interpersonnelles (t = 3.06, p = .003), et moins de stratégies passives-émotionnelles (t­ = -3.58, p < .001). Le soutien social (B = .403, p = 0.11) et les stratégies passives-émotionnelles (B = -.386, p = .001) à 4 mois prédisent significativement le nombre de critères de bien-être à 36 mois.

Conclusion. Agir sur la participation sociale, le soutien social et les stratégies d’adaptation dès 4 mois post-TCC pourrait favoriser le bien-être à long terme.

Le but de cette présentation est de diffuser les résultats d’un projet de recherche
qui s’intéressait aux représentations du risque chez les jeunes itinérants à
Ottawa. Plus précisément, elle s’intéressait à appréhender les constructions du
risque que font les jeunes de la rue eux-mêmes, d’autant plus que ces jeunes
sont définis comme un groupe à risque. Si le risque est plus souvent défini de
manière stricte comme le mal éventuel, dans cette étude, il est défini plus
largement intégrant l’idée des opportunités et prises de risque. Ancrée dans une perspective double du
constructionnisme social et de l’interactionnisme symbolique, cette recherche permettait
de saisir comment les jeunes définissent leur capacité à estimer, gérer, éviter
ou prendre des risques.  Les bifurcations
qui se sont manifestées par les opportunités et les hasards offerts par la rue et
l'impact ultérieur sur leurs identités en construction ont joué des rôles
importants sur leurs pratiques et gestions de risque.  L’utilisation d’une perspective longitudinale
(de un à deux ans) a permis de suivre comment la construction identitaire des
jeunes observés a influencé leurs perception du risque et leurs pratiques de
débrouillardise.  Pour y
parvenir, cette recherche s’inscrivait dans une approche ethnographique pour
mieux comprendre le monde des jeunes de la rue, utilisant des méthodes
d'observation participante et dévoilée et des entrevues informelles variées.

 

Le modèle de la zone optimale individuelle de fonctionnement (IZOF) implique l’identification d’un profil qui inclut des émotions et des états physiologiques ainsi que leur intensité optimale. L’objectif principal de cette recherche était d’établir le profil d’un joueur de tennis adolescent en se basant sur le modèle IZOF et de mettre en place une intervention visant à rapprocher les émotions et états physiologiques de leur zone optimale. Un devis quasi-expérimentale à cas unique a été appliqué pour vérifier les effets de l’intervention de self-talk sur les émotions et états physiologiques pré et post compétitifs ainsi que sur la performance, la régulation émotionnelle et les habiletés mentales. Les résultats indiquent que l’intervention de self-talk semble avoir permis de rapprocher quelques émotions et états physiologiques de la zone d’intensité optimale de l`athlète. De plus, les compétences de régulation émotionnelle se sont améliorées ainsi que certaines habiletés mentales (la concentration, par exemple). Malgré un niveau d’alexithymie élevé, l’athlète a amélioré ses compétences de régulation émotionnelle et a été capable de réguler l’intensité de ses émotions. Les résultats indiquent que l`application du modèle IZOF jumelé à l’intervention de self talk ont été efficaces pour intervenir de manière positive sur les stratégies de régulation émotionnelle de l`athlète. Des futures recherches sont indiquées afin de permettre de généraliser les résultats obtenus.

Depuis plusieurs décennies, la communauté scientifique qui s'intéresse à l'adoption interraciale et internationale se questionne quant aux possibles répercussions qu'entraînent ces types d'adoption sur les personnes adoptées appartenant à une « minorité visible » (Barn, 2013 ; Lee, 2003 ; Samuels, 2009). Par leurs différences physiques apparentes avec leur famille adoptive et avec leur société d’accueil, les personnes issues de l’adoption interraciale ou internationale sont plus susceptibles de subir des micro-agressions (Baden, 2016). Bien que ce phénomène soit bien documenté aux États-Unis, il demeure méconnu dans plusieurs pays (Miller et al., 2020).  La présente étude a donc pour objectif de décrire les expériences de micro-agressions de femmes noires issues de l'adoption interraciale ou internationale au Québec et en France. Cinq femmes noires âgées de 28 à 43 ans, adoptées par des parents blancs au Québec et en France, ont participé à deux entretiens de recherche semi-structurés. Une analyse thématique révèle la diversité des micro-agressions qu’ont subies les participantes à l’école, dans les services de santé et au sein même de leur famille adoptive. Plusieurs parents refusent, en outre, de reconnaître le racisme qu’a subi leur enfant ou nient son appartenance à une minorité racisée. Des recommandations à l’endroit des parents et des professionnel·les qui œuvrent auprès de personnes adoptées sont formulées.

On estime que 12% des individus de la population générale auraient des traits psychopathiques élevés (Echeburúa et Fernández-Montalvo, 2007). Il est important de détecter ces traits chez les individus non-incarcérés afin de prévenir un passage à l'acte criminel. Toutefois, les études actuellement menées chez ces individus utilisent des mesures auto-rapportées. Une façon de contourner les obstacles de l’auto-évaluation est d'utiliser un tiers connaissant bien le sujet. Le présent projet vise donc à vérifier s’il est possible de prédire les traits psychopathiques de l’homme à l’aide de la conjointe. Nous tenterons de vérifier si le niveau de prédiction de la femme varie selon le degré de violence dans le couple. Pour répondre à cet objectif de recherche, 35 couples ont rempli individuellement un questionnaire mesurant la psychopathie de l'homme (l'Échelle auto-rapportée de psychopathie III-R12; Gagné,2010) et une mesure du niveau de violence dans le couple (Questionnaire sur la résolution des conflits conjugaux ;Lafontaire et Lussier, 2005). Des analyses de modélisation par équations structurelles ont démontré une association positive et significative entre les réponses des hommes et de leurs conjointes au questionnaire mesurant le degré de traits psychopathiques de l’homme peu importe le degré de violence au sein du couple. Les femmes arriveraient donc à bien prédire le niveau de traits psychopathiques de leur conjoint peu importe le degré de violence au sein du couple.

Basée sur l’analyse des entrevues semi-dirigées réalisées auprès de 19 immigrants iraniens dans les régions métropolitaines de Montréal et de Québec, cette recherche de nature qualitative examinera un sujet faiblement étudié au Québec comme ailleurs au Canada, soit les changements conjugaux qu’ont vécus les hommes dans une réadaptation aux rôles de genre et à la vie conjugale de la société d’accueil. Notre intention est de comprendre comment ces transformations ont affecté leur manière de faire et de se sentir comme homme et époux. L’analyse des entretiens révèle qu’il n’y a pas d’archétype familial qui s’applique à toutes les familles immigrantes. Face aux défis du contexte migratoire, les familles d’origine immigrée adopteront différentes stratégies afin de protéger l’unité familiale. Pour certains immigrants, il s’agira surtout de remettre en question quelques éléments familiaux d’origine pendant le processus de la réorganisation de vie alors que préservant d’autres schèmes familiaux de la société de départ. Ils opteront ainsi pour un modèle mixte s’inscrivant dans un processus de changement et de continuité. Les résultats mettront davantage en lumière le fait que certains couples ayant adopté la tradition comme principale forme de la rationalité conduisant les comportements des membres dans la société d’origine vivront de conflits engendrés surtout par la remise en question des modes de vie traditionnels, particulièrement ceux basés sur une division sexuelle des rôles.

Cette recherche compare les pratiques parentales à l’adolescence dans 5 pays : États-Unis, Québec, France, Italie et Mexique. L’échantillon compte 1751 adolescents et leurs parents. Tous ont rempli un questionnaire composé de 4 échelles:  affection, contrôle et supervision, style disciplinaire et conflits. Les adolescents ont évalué ces variables pour la mère et le père; les parents ont répondu aux mêmes questions. Une analyse MANCOVA contrôlant l’effet de variables rivales a dégagé des différences globales entre les pays. Les analyses ANCOVA ont identifié des différences systématiques sur les mesures entre les pays. Globalement le niveau de proximité perçu par les adolescents et les parents est élevé partout. En revanche, toutes les mesures de contrôle donnent lieu à des différences très significatives. Pas de différence entre le Québec et les États-Unis qui partagent en commun un plus faible niveau d’exigences et de règles, un style disciplinaire marqué par la tolérance et la négociation, un faible niveau de conflits. La France et le Mexique se caractérisent par un niveau plus élevé de règles et d’exigences, un style disciplinaire plus répressif et coercitif, davantage de conflits. Globalement l’Italie occupe un niveau intermédiaire, se différenciant par des relations plus chaleureuses avec le père. Ces résultats sont interprétés à la lumière des perspectives ethnoculturelles qui opposent les valeurs éducatives parentales des sociétés individualistes et collectivistes.