En tant que témoignages de première main et d’outre-tombe, les lettres d’adieu suscitent depuis fort longtemps l’intérêt de romanciers, de dramaturges et de chercheurs. Les lettres d’adieu constituent en effet un matériau unique pour à la fois pour accéder à l’état d’esprit du suicidé et pour espérer prévenir de futurs passages à l’acte.
Pour nous, une lettre d’adieu permet aussi au suicidé de communiquer sur son rapport à soi, aux autres et au monde. En d’autres mots, elle n'éclaire pas seulement le passé et le présent, elle éclaire aussi le futur puisque son rédacteur pense déjà au moment post-mortem.
C’est dans cette optique que nous avons analysé 138 lettres d’adieu provenant des Archives du Coroner du district judiciaire de Montréal laissées par 72 Québécois.e.s âgé.e.s entre 20 et 30 ans durant la période 1940-1970.
Dans le cadre de cette conférence, nous mettrons en lumière les différents sens du message (introspectif ou dyadique) laissé par son auteur sur son rapport au passage à l’acte suicidaire. Nous mettrons ainsi en évidence le foisonnement et la multidirectionnalité des thèmes que les individus investissent pour établir leur moi posthume. Nos verrons également que le genre joue un rôle indéniable tant dans le message communiqué que dans la manière dont il est communiqué.