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La présente étude longitudinale évalue le développement de la capacité orale des élèves (1H à 4H) d’une école publique suisse reposant sur l’enseignement par immersion réciproque et dont les élèves sont germanophones, francophones et allophones. L’enseignement est dispensé pour moitié en allemand et pour moitié en français.

L’objectif de cette recherche consiste à mesurer la capacité à utiliser les langues de scolarisation à des fins communicatives. Notre corpus se base sur les outcomes d’interviews semi-dirigées et axées sur la performance conduites dans les deux langues, à savoir dix interviews au total pendant quatre ans (n=868).

Nous combinons deux approches: l’analyse qualitative décrit les stratégies du «translanguaging» (García, 2009) utilisées par les élèves, alors que l’analyse quantitative évalue leur capacité à utiliser la langue de façon communicative.

Cette étude suggère que la langue seconde des élèves en immersion réciproque suit une évolution impressionnante, surtout chez les élèves allophones. La langue première des élèves de cette école bilingue se développe aussi bien que chez les élèves des écoles monolingues. En comparant les élèves francophones et germanophones en immersion réciproque, on remarque que les taux de développement des premiers stagnent vers la fin de l’étude, probablement en raison de la diglossie alémanique.

Malgré certaines appréhensions, il semble que l’immersion réciproque ne soit pas un risque pour le développement de la capacité orale.

Le Programme de formation de l’école québécoise (PFEQ, 2001) fait des liens fréquents entre langue et culture et souligne que « l’école est invitée à porter une attention toute particulière à l’apprentissage du français, langue maternelle ou langue d’appartenance culturelle. » (p. 4) En effet, pour que les élèves parviennent à assimiler le registre standard, il faut qu’ils soient en mesure de le situer notamment par rapport aux autres registres en fonction des situations de communication, mais aussi par rapport aux autres variétés de français auxquelles ils sont confrontés. L’enseignement de la langue doit ainsi tenir compte du:

«[…] bagage linguistique avec lequel nous arrivons à l’école lorsque nous y mettons les pieds pour la première fois. Ajoutons à cela qu’en contexte québécois, l’école doit par ailleurs tenir compte du fait que le registre standard est différent à certains égards de celui que valorisent d’autres communautés francophones.» (Remysen, 2018 : 47)

Or, après analyse, notamment du PFEQ et de la formation des maitres, nous constatons que des éléments de variation sont présents, mais l’enseignement de la variation linguistique elle-même est absente des objectifs d’apprentissage et mal comprise par les enseignant.e.s. Pour combler cette lacune, nous proposerons un outil didactique, fruit de notre maîtrise en linguistique, pour enseigner la variation au premier cycle du primaire, premier contact des élèves avec la langue standard et avec l’enseignement de celle-ci.

La production des expressions référentielles (ER) joue un rôle central dans la communication humaine: pour communiquer, on doit être d'accord sur l'objet dont on parle et le localiser dans l'espace. Les études ont montré que les locuteurs surspécifient spontanément lors de la production des ER, c'est à dire qu'ils y incluent plus d'information que n'est strictement nécessaire pour l'identification. Il y a deux explications existantes pour ce phénomène: (1) La surspécificationest un résultat des ressources cognitives limités des personnes et (2) La surspécificationest un outil de communication qui donne plus de chances aux locuteurs de se mettre d'accord et s'aligner sur l'objet dont ils parlent.

Notre hypothèse est cohérente avec l'explication (2) – on croit que en surspécifiant lors des premiers stades d'un échange, les locuteurs assurent que toutes les caractéristiques du référent sont accessibles plus tard. Afin de tester cette hypothèse, on a conçu une expérience avec une situation d'acquisition de langue seconde, où on a comparé deux groupes d'apprenants : un groupe recevait des expressions minimales et l'autre recevait des expressions surspécifiées. Nos résultats ont montré que quand les apprenants ont pratiqué avec des expressions surspécifiées, ils retenaient mieux des nouveaux mots. Ceci semblerait confirmer notre hypothèse que lasurspécificationest un outil utile dans la communication à long-terme et aide la compréhension tout au long du processus communicatif.

Le doublage est une pratique culturelle commentée avec beaucoup d’émotions par les cinéphiles. Pour un grand nombre de films, le Québec offre son propre doublage. En effet, les Québécois disent vouloir se reconnaître dans la langue des films doublés et beaucoup critiquent les doublages réalisés en France. On serait donc porté à croire que le doublage est effectué dans tous les registres du français québécois afin de tenir compte de ceux qui sont présents dans la version originale. L'Union des Artistes (UDA) considère cependant qu’il doit être fait dans un français dit « international » ce qui, selon plusieurs, donne lieu à un français artificiel.

L’objectif de notre communication est de dégager les principales différences linguistiques entre la version québécoise Grossesse surprise et la version française En cloque. Mode d’emploi du film américain Knocked-up et d’identifier ce qui caractérise la langue du doublage québécois. Nous présentons une analyse prosodique qui permet d’approfondir une étude précédente qui portait sur les stratégies de traduction dans la version québécoise et la version française. Les résultats permettent de jeter un nouvel éclairage sur le mélange de variétés observées dans le doublage québécois. En effet, ce qui permet l’identification du doublage comme étant québécois est attribuable surtout à certains éléments lexicaux et prosodiques qui ont préséance sur les éléments liés à la prononciation et à la morphosyntaxe. 

Les langues naturelles utilisent divers procédés pour la création de nouveaux mots dont l’emprunt, la dérivation et la composition, qui sont pour la plupart motivés au sein de la structure linguistique (Lakoff, 1987). Cette proposition de communication est issue d’un vaste projet visant l’analyse de la forme et de l’acceptabilité de néologismes pour 50 concepts d’astronomie en LSQ. L’objectif de cette présentation est de vérifier si la motivation lexicale observée dans un échantillon de ces néologismes a une influence sur le lieu d’articulation. Sur la base de l’importance de l’iconicité dans les langues des signes (Dubuisson et al. 2000), nous posons l’hypothèse que le lieu d’articulation a une valeur morphémique de distalité dans ces néologismes. Les catégories de description de notre grille descriptive permettent de distinguer des degrés de proximalité/distalité, de bassesse/hauteur et de centralité/latéralité. Ces critères de forme sont croisés avec les catégories morphologiques (dérivation, composition, emprunt) et sémantiques (iconicité, classificateur) de 28 variantes de 17 concepts proposées par un comité de création lexicale des signes de l’astronomie, composé de trois signeurs sourds natifs. Les résultats préliminaires montrent que les 28 néologismes recueillis jusqu’à maintenant ont tous une relation entre une iconicité transparente et au moins l’un des traits de forme suivants : distal, haut ou latéral, appuyant ainsi l’hypothèse de la valeur morphémique.

Le football est aujourd’hui considéré comme le sport le plus populaire au monde. Dans son expansion croissante, cette discipline sportive rencontre d’autres types de pratiques caractéristiques de la société moderne, telle la publicité. Celle-ci investit de plus en plus intensément le terrain footballistique au point qu’il paraît actuellement invraisemblable d’évoquer le football sans l’associer à la publicité.    

L’une des questions soulevées par la rencontre de ces deux pratiques concerne la nature de cette interaction football-publicité. Lorsqu’on la scrute de près, on se rend compte que le discours publicitaire qui se déploie sur le champ du football semble s’efforcer d’incorporer dans sa trame narrative les codes de cette discipline, qu’il tente de remodeler à sa guise pour remplir ses propres objectifs pragmatiques, lesquels sont  inscrits dans un contrat argumentatif du type persuasif, opposés à ceux du football, qui fonctionne fondamentalement sur base d’un schéma rhétorique et dichotomique de l’épreuve. Cela se remarque notamment à travers l’exploitation par les annonceurs des unités fonctionnelles de l’univers footballistique, tels les joueurs, le ballon, la vue du stade, etc., qu’ils associent à leurs produits.

Nos travaux se proposent de repérer et de décrire les structures sémiotiques à travers lesquelles la rencontre football-publicité se réalise pour ainsi rendre compte de cette duplication. Nous nous concentrons sur la pratique du football aux stades. 

Le phonème, la plus petite unité linguistique, est considéré ayant une matérialisation aussi gestuelle (Stokoe, 1960). Les travaux sur la syllabe signée ont mis en évidence le rôle central du mouvement phonologique (MP), à travers lequel la séquentialité s’opérationnalise (ex. Sandler, 1989). Brentari (1998) propose une position suprasegmentale pour le MP, liée hiérarchiquement aux autres phonèmes. Dans ce cadre, est-ce que les locuteurs de langues des signes ont conscience du rôle du MP et intervient-il dans leur capacité à manipuler le matériel phonologique? L’objectif actuel est de vérifier l’impact du MP dans des tâches de conscience phonologique chez des enfants (n=18), adolescents (n=17) et adultes (n=21) sourds. Des tests de perception (identification, catégorisation, analyse) et de production (composition, permutation, fusion) ont été effectués sur ces groupes et sur un groupe contrôle de sujets entendants (n=20). Nous présenterons l’analyse statistique (Student-t, nonparamétrique pour réussite et temps de réponse) des données à savoir: i) les trois groupes maîtrisent-ils également les différentes catégories de phonèmes? ii) la nature du MP (interne vs à trajet) influence-t-elle la réussite? iii) le type de tâches intervient-il sur la réussite du MP? Bien que les résultats confirment que les sujets sont sensibles aux catégories de phonèmes, le MP parait être l’élément le plus difficile à manipuler et la tâche semble avoir une incidence sur sa manipulation.

La manière d’appliquer les résultats de la recherche générative en acquisition des langues secondes (L2) est une préoccupation récente (par ex., Whong et al 2013). Nous proposons que l’instruction à travers des analyses syntaxiques ou phonologiques, expliquant la relation complexe entre la forme et le sens (DeKeyser 2005) est bénéfique pour les apprenants adultes en L2.Les programmes d’anglais à l’UQAM offrent des cours communicationnels, qui suivent l'approche communicative, et des cours grammaticaux, qui reposent sur une analyse générative évoquant des notions descriptives de la langue (phonologie, syntaxe, sémantique) et leurs représentations sous-jacentes. Dans cette étude préliminaire nous avons comparé les résultats de 40 étudiants sur un test (comportant à la fois des questions de nature communicationnelle et grammaticale) à l'entrée et à la sortie après 350 heures de formation. Nous avons observé une plus importante augmentation des habilitées grammaticaux que communicationnelles (p<0.005) bien que les sujets aient suivis moins de cours grammaticaux. Ces résultats démontrent le besoin d’un input enrichi, de l'accent sur la forme et de l'instruction grammaticale explicite et isolée (Ellis 2006; Spada 2011). Nous proposons que la recherche générative peut servir à enrichir l’input et à identifier des éléments de la forme à enseigner explicitement pour mener les étudiants adultes vers une plus grande réussite dans leurs performances linguistiques.

La croissance du vocabulaire chez les jeunes enfants bilingues n'a jamais été comparée directement avec celle des monolingues durant la période de l'explosion du vocabulaire. En outre, bien que l'efficacité de la compréhension des mots des jeunes monolingues augmente au cours de la deuxième année, cela n'a pas été examiné chez les enfants bilingues. Nous avons testé un groupe composé de 38 enfants bilingues français/anglais et de 52 enfants monolingues francophones. Chaque groupe a été évalué à l'âge de 16 mois (M = 16,69, SD = .71), puis 6 mois plus tard. La taille du vocabulaire réceptif et la rapidité d’accès lexical pour des mots familiers ont été évalués à l'aide du Computerized Comprehention Test (Friend & Keplinger, 2003).Ce test informatisé nécessite de toucher le référent de 41 mots sur un écran tactile (noms, adjectifs et verbes). Les résultats ont révélé que les monolingues ont un vocabulaire supérieur lors de la Phase 2 . Les bilingues ont aussi augmenté leur vocabulaire dans leurs deux langues. Leur rapidité d’accès lexical s’est également améliorée dans les deux langues. Lorsque nous avons analysé la croissance (Phase 2 - Phase 1/Phase 1) pour chacune de ces variables, une augmentation plus importante du vocabulaire a été observée chez les bilingues, mais seulement pour L1. Ces résultats mettent en évidence des similitudes et des différences dans le taux de croissance du lexique précoce chez les jeunes enfants monolingues et bilingues.

Cette étude s'intéresse au fonctionnement d'une classe de verbes spécifique : les verbes de son, qui forment une classe sémantiquement homogène parce qu'ils partagent un sens relatif à l'émission d'un bruit ou d'un son. Plus particulièrement, il s'agit d'une description des verbes gargouiller et retentir. L'étude de ces verbes repose sur l'analyse d'un corpus écrit et comporte trois étapes : une analyse syntaxique, un typage lexical et une analyse en sémantique cognitive. L'analyse syntaxique consiste à identifier les éléments qui apparaissent aux côtés des verbes ciblés (syntagme nominal, syntagme prépositionnel) et à dégager les patrons syntaxiques dans lesquels ces verbes de son peuvent entrer. Ces patrons syntaxiques sont précisés par le typage lexical : les éléments qui accompagnent les verbes sont associés à des types sémantiques (entité concrète, lieu, partie du corps, etc.). Les résultats obtenus sont ensuite insérés dans le schéma conceptuel de la perception auditive proposé par Piron (2006). Les trois premiers paramètres de ce schéma, soit l'émission sonore, la propagation sonore et la réception acoustique, permettent de rendre compte des verbes de son à l'étude. Il est montré que les différentes acceptions des verbes de son correspondent à différents cas d'exploitation du schéma conceptuel.

Les chercheurs en langue et linguistique sont fréquemment confrontés à des réponses manquantes dans leurs tests. L’exclusion de participants qui ont des réponses manquantes peut causer la perte de précieuses informations. Des méthodes d’imputation simples sont courantes, où l’on remplace une valeur manquante par zéro, par la moyenne du participant, ou par la moyenne de l’item en question. Bien que les données manquantes soient “un problème courant dans la recherche sur l’acquisition du langage” (Blom & Unsworth, 2010:3), dans un grand nombre d’études, le sort des données manquantes est passé sous silence.

            Cette étude vise à comparer diverses options de remplacement pour les données manquantes en acquisition des langues secondes. Notre corpus consiste en des données authentiques obtenues via un éventail de tests de langue, formant six matrices de tailles variées (N = [60-320]; [15-64] items) avec divers pourcentages de données manquantes ([0.5-20] %). En comparant l’impact des diverses options de remplacement sur les qualités psychométriques des tests (e.g., alpha de Cronbach), nos résultats suggèrent que le pourcentage de données manquantes est important pour déterminer le caractère adéquat de chaque méthode. Les méthodes tendent à s’équivaloir pour de bas pourcentages, alors que plusieurs sont moins adéquates pour les pourcentages plus élevés. Des lignes directrices sont fournies aux chercheurs en langue pour choisir la meilleure stratégie de remplacement.

L’enseignant de langues dispose d’opportunités pour optimiser les conditions d’apprentissage des étudiants, en modifiant ses stratégies ou en offrant des possibilités didactiques différentes. On note souvent une discordance entre priorités académiques, capacités pédagogiques, possibilités infrastructurelles et objectifs individuels de l’apprenant. Le rôle essentiel de l’enseignant n’est-il pas justement de considérer et d’intégrer les réalités de l’élève pour assurer un apprentissage intégral? 

Cette recherche-action combine l’apprentissage en classe et au CAADI. Cette étape du projet de recherche qui a été présenté l’an dernier, concrétise les observations préalablement effectuées et propose de favoriser l’autonomie des étudiants en utilisant le CAADI comme ressource d’apprentissage complémentaire.

La réflexion théorique se base sur le raisonnement des participants: placer l’étudiant au cœur de son apprentissage, fondement constructiviste; analyser le style d’apprentissage permis par la métacognition; elle-même rendue possible grâce aux outils et aux techniques proposés par le CAADI et les conseillers-accompagnants; et finalement développer des savoirs critiques, résultat d’une évolution individuelle.

L'étude a été menée auprès d’étudiants de Français Langue Étrangère de différents niveaux et démontre des résultats positifs concernant le processus d’apprentissage, notamment un changement d’attitude des participants devenus plus confiants, plus sereins et désireux d’assumer leurs responsabilités.

La modalité visuospatiale des langues des signes (LS) a pour effet que l’iconicité est présente à tous les niveaux de leur structure (Taub, 2001), particulièrement dans le lexique. La place de l’iconicité dans la structure des signes a mené à un débat concernant la nature des plus petites unités des LS, les unités sublexicales, à savoir s’il s’agit de morphèmes (Cuxac, 2000) ou de phonèmes (Sandler, 2012). Au regard de ce débat, cette recherche consiste en l’analyse de la structure sublexicale de 99 néologismes créés en langue des signes québécoise (LSQ) pour nommer 45 concepts de l’astronomie afin d’établir la relation entre les unités sublexicales et la construction du sens. La question de recherche posée est alors : est-ce que l’iconicité influence le choix des unités sublexicales des signes? Une grille de description a été créée pour analyser trois types d’unités sublexicales selon leurs traits de forme et l’information sémantique qu’ils portent ou non : le lieu d’articulation, la configuration manuelle et le mouvement. Les résultats montrent que l’iconicité est très présente dans la structure des signes de l’astronomie mais, comme on retrouve des unités sublexicales qui ne contribuent pas à la formation du sens, il est impossible d’affirmer qu’il s’agit essentiellement de morphèmes. Il apparait alors que les unités sublexicales des LS peuvent passer du niveau phonologique au niveau morphologique, tel que proposé par Millet (2019) et van der Hulst et van der Kooij (2021).

En anglais, l’interprétation d’une phrase est guidée par l’ordre des mots. Au contraire, en mandarin, ce sont les propriétés sémantiques des mots qui permettent d’identifier qui réalise l’action (l’agent) et qui la subit (le patient) (Liu, Bates, & Li, 1992). Avec de telles différences entre les deux langues, la question se pose de savoir quelle stratégie les bilingues anglais-mandarin utilisent pour comprendre les phrases. Dans cette étude, l’électro-encéphalographie a été utilisée chez des sinophones monolingues (n=34) et chez des bilingues anglais-mandarin (n=20) afin d’évaluer le traitement de phrases mandarines de structure nom-nom-verbe. L’ajout de co-verbes BA et BEI à cette structure permet d’assigner au premier nom le statut d’agent (BA) ou de patient (BEI), et ainsi de créer des phrases sémantiquement plausibles (p.ex., l’enfant BA la pomme mange) et d’autres phrases incongrues à la structure inversée (p.ex., la pomme BA l’enfant mange). Les résultats pour les deux groupes de locuteurs montrent que la condition incongrue provoque une plus grande réponse N400 au niveau du verbe pour les phrases en BA. À l’inverse, les structures en BEI ont élicité des négativités qui précèdent le verbe, illustrant les différences de traitement entre BA et BEI. Ces données montrent que les monolingues et les bilingues utilisent des stratégies similaires en mandarin. Nous évaluons actuellement les effets d’une utilisation intensive de l’anglais chez des locuteurs natifs du mandarin.

L’expression de la temporalité verbale, ou expression du temps dans et par le langage (Reichenbach, 1980; Gosselin, 1996) diffère beaucoup d’une langue à l’autre. Cette différence est liée au fait que tout « un jeu spécifique de marqueurs » (Culioli, 2000) syntaxiques et lexicaux correspond à cette notion. Chaque langue articule à sa façon ces marqueurs en un système complexe. Ainsi, si les marqueurs aspectuo-temporels du français, tout comme ceux de l’espagnol, comptent une multiplicité de temps verbaux, le russe n’en compte que trois et le chinois aucun. Dès lors, on pourrait faire l’hypothèse qu’un degré élevé de proximité de la langue1 est un élément facilitateur (Vygotski, 1997) pour l’acquisition du système des temps verbaux en langue seconde. Ainsi un Hispanophone aurait moins de difficultés en français qu’un Sinophone. Pour vérifier cette hypothèse, nous avons analysé les productions écrites en français de trois groupes d’apprenants - hispanophones, russophones et sinophones- du point de vue de l’emploi morphologique et sémantique des formes verbales. Paradoxalement, les résultats préliminaires ne révèlent pas un écart marquant entre les apprenants, notamment dans l’opposition sémantique présent/passé composé et passé composé/imparfait; on note  des erreurs d'emploi face à la distinction sémantique passé composé/ plus-que-parfait, qui génère de l’incohérence. Un questionnaire sur les représentations qu'ont les apprenants de leurs difficultés complète ces résultats. 

Des travaux en psycholinguistique et en didactique (Hayes et Flower, 1980 ; Fayol et Schneuwly, 1987) attestent que le sujet engagé dans un processus  d’écriture se trouve automatiquement en situation de surcharge cognitive. Cela s’explique en partie par la complexité du processus en question organisé autour de trois modules : les modules de planification, de mise en texte et de révision. Ce dernier module paraît être celui que les scripteurs, dans certaines situations d’écriture électronique (soumise à contraintes fortes), sont susceptibles de « négliger » (Bernicot et Volckaert, 2014).

Nous tenterons, dans cette présentation, de produire un état des lieux des usages des Technologies de l’Information et de la Communication en France en nous concentrant sur les usages développés par les jeunes et leurs pratiques scripturales sous-jacentes. Cet état des lieux et les analyses qui en découleront nous permettront de mieux appréhender les stratégies communicationnelles et les stratégies d’écriture. Celles-ci nous amèneront sans doute à discuter de la norme et de la variation linguistique/orthographique en nous interrogeant de nouveau sur l’intérêt d’une approche sociopragmatique (Liénard, 2013) pour étudier les littératies numériques… et pour continuer de travailler à une matrice de l’écriture électronique

Deux approches de l’enseignement de la prononciation se côtoient : l’une non intellectualisée et basée sur la prosodie, avec la Méthode Verbo-Tonale (MTV), et l’autre métalinguistique et basée sur le segmental, avec la Méthode Articulatoire. Sachant que la prosodie est profondément ancrée dans notre comportement verbal, qu’elle est à la base des processus d’encodage et de décodage du langage (Di Cristo, 2004) et que les éléments prosodiques sont déterminants dans la perception d’un accent étranger (Jilka, 2000; Birdsong, 2003; Vieru & Boula de Mareüil, 2006; Kaglik & Boula de Mareüil, 2009, 2010) nous pensons que l’oral, en général et la prononciation, en particulier, devraient être enseignés avec la MTV et ce, dès le niveau débutant. D’après nous, la fluence et la prosodie sont étroitement corrélées. Acquérir la fluence de la production présuppose la mise en place de la compétence rythmique des apprenants. Nous avons donc formulé l’hypothèse que seuls les apprenants qui auront suivi des cours de correction phonétique via la Méthode Verbo-Tonale amélioreront la fluence de leurs productions de parole. Pour tester cette hypothèse, nous avons expérimenté les deux méthodes, la Verbo-Tonale et l’Articulatoire, dans nos classes de phonétique corrective. Nous avons constaté que les résultats étaient meilleurs quand 1) l’enseignement se faisait avec la MTV et quand 2) celui-ci était proposé dès le niveau débutant, car les apprenants de niveau avancé auront fossilisé leurs erreurs.

La multiplication de mouvements « religieux » et la montée de l’islam politique ont donné naissance à une pléthore de dénominations en arabe. D’où divers « équivalents » qu’emploient les francophones musulmans et occidentaux pour désigner ces mouvements. Néanmoins, du fait que certains termes sont employés de façon imprécise, notamment par les médias, nous croyons qu’il serait utile de dissiper le flou sémantique qui les entoure. L’une des problématiquesliées aux dénominations, en français, tient sans doute à la dimension politique de l’islam, dont la terminologie n’est pas encore bien établie, et à la façon dont on appréhende les concepts qu’elle sous-tend.Aborder cette problématique revient à soulever certaines questions :peut-on traduire les termes désignant des concepts propres à la culture islamique lorsque la langue cible ne comporte pas de concepts correspondants? Doit-on traduire littéralement ou retenir l’équivalent le plus proche? Est-il plus pertinent de forger des termes susceptibles de servir de signification à ces concepts? Est-il légitime de conserver certaines dénominations arabes en dépit du fait que les phénomènes qu’elles désignent ne cadrent pas avec la réalité? Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre, après avoir examiné et classé un ensemble de termes, et soupesé les avantages et les inconvénients que présenterait chacune de ces démarches pour les cultures émettrices et les cultures réceptrices.

L’analyse acoustique des voyelles repose traditionnellement sur l’estimation de la fréquence centrale des deux ou trois premiers formants (F1, F2 et F3) lorsque ces derniers sont stabilisés, soit généralement à 50 % de la durée. Cependant, certains chercheurs considèrent que les voyelles doivent être interprétées non pas comme des cibles statiques, mais comme des trajectoires, en tenant compte de l’évolution temporelle des formants et de la fréquence fondamentale. Dans la présente contribution, notre objectif est de déterminer si la description acoustique d’une parole dysarthrique parkinsonienne peut être bonifiée par cette prise en compte. Les voyelles /i/, /a/ et /u/ suivant les consonnes /p/, /t/, /k/, /b/, /d/, /g/ produites par cinq locuteurs dysarthriques parkinsoniens traités par Lee Silverman Voice Treatment (LSVT) ont été analysées. F1, F2 et F3 à 25 et à 75 % de la durée vocalique ont été relevés. D’une part, les comparaisons intra-individuelles avant et après traitement n’ont pas permis de constater un important changement dans l’évolution temporelle des formants. D’autre part, il semble que la dynamique spectrale soit moindre ou différente chez ces sujets comparativement à ce qui a été constaté dans les études antérieures portant sur la parole normale. Afin de vérifier si ce résultat est dû à un potentiel effet de vieillissement de la parole, une comparaison avec des locuteurs contrôles d’âge comparable à celui des sujets parkinsoniens sera également présentée.

L'ANL a été conçue au Canada par Claude Germain et Joan Netten dans le contexte de l’influence grandissante des neurosciences dans le domaine de l’éducation. Elle repose principalement sur les recherches de Michel Paradis (2004, 2009), de Nick Ellis (2008) et de Norman Segalowitz (2010) et s’appuie sur l’idée de développer de manière indépendante, les deux composantes de toute communication effective : i) une compétence implicite, ou l’habileté à utiliser spontanément, à l’oral, une L2/LE; ii)  le savoir explicite, ou la conscientisation de la façon dont une langue fonctionne, les règles degrammaire et levocabulaire.

Dans cette proposition, nous comparons spécifiquement les productions orales et écrites de deux classes expérimentales d'espagnol langue étrangère universitaires avec l’ANL et deux groupes contrôles, sans l’ANL, ayant plutôt recours à l’approche communicative. Malgré quelques différences dans les critères d’évaluation à l’écrit et à l’oral, les résultats démontrent que les étudiants des deux groupes expérimentaux avec l’ANL développent leur habilité à communiquer avec spontanéité, en maintenant la motivation tout au long de la mise en pratique de cette approche. 

Bibliographie sélective

Germain, C. 2015. Évaluation de l'approche neurolinguistique (ANL) auprès d'apprenants chinois de français en première et en deuxième année d'université, dans Recherches en didactique des langues et des cultures : Les Cahiers de l'Acedle, volume 12, numéro 1.





Parmi les points orthographiques amendés par l'arrêté Haby (1976) figure celui de l’accord du participe passé avec des verbes tels que coûter, valoir, courir, vivre, etc., lorsque ce participe suit un complément : il sera permis d’écrire Les cinq dollars que ce livre m’a coûtés, alors que l’usage laisse ce participe invariable.

Les compléments de type les cinq dollars peuvent-ils, à partir d'une analyse syntaxique et sémantique, être distingués des compléments de type une pomme dans Je mange une pomme ?

Pour répondre à cette question, nous étudierons l’évolution de la règle d’accord du participe passé avec avoir. Nous chercherons à savoir comment les théories grammaticales couvrant les quatre grandes périodes de la grammaire scolaire ont analysé les compléments de type cinq dollars dans Ce livre coûte cinq dollars.

Pour cerner les raisons justifiant l'accord du participe passé, nous explorerons les différentes explications proposées par Bouchard (1987) et Kayne (1989). Nous présenterons l’analyse d’un corpus d’une quinzaine de verbes, sur lesquels nous mettrons en application différents tests linguistiques: utilisation de questions; pronominalisation; passivation; transformation en proposition participiale dont la copule est sous-entendue; substitution adverbiale.

À partir de nos résultats et des travaux de Gross (1969) et de Smith (1996), nous questionnerons la pertinence de la notion d’objet direct et l'utilité de l’accord du participe passé dans la langue française.

L’acquisition du subjonctif implique l’interaction d’une multitude de composantes linguistiques. Communément connu sous le nom d’interface, le phénomène d’interaction se manifeste lors de la distribution du subjonctif dans les propositions subordonnées complétives en espagnol. En effet, Potvin (2004) attribue au mode subjonctif (ex.1) la particularité d’être une manifestation morphologique de la monotonicité décroissante (ex. 2) en espagnol, puisqu’il apparait dans les mêmes contextes que les termes de polarité négative (par exemple, grand-chose) (ex. 3) :

(1)   Je ne crois pas qu’il vienne.

(2)   « Paul ne mange pas de fruit. » implique « Paul ne mange pas de pomme. »

(3)   Je ne vois pas grand-chose.  

Puisqu’il a été démontré empiriquement que les enfants disposent de certaines « notions » de monotonicité (par exemple, la loi de De Morgan) tôt dans l’acquisition de leur langue maternelle (voir Gualmini et Crain, 2002), nous avons mené une étude sur le rôle que peut jouer le concept de monotonicité dans l’acquisition du subjonctif chez des apprenants d’espagnol langue seconde. L’objectif principal de notre communication sera de partager les résultats de notre recherche, lesquels montrent une corrélation entre les manifestations monotoniques et l’utilisation du subjonctif chez les apprenants. Il en ressortira qu’en dépit d’être très peu étudié en acquisition, la monotonicité offre un nouveau regard sur le phénomène d’acquisition du subjonctif et sur celui d’interface.

La bande dessinée, par l’utilisation complémentaire des aspects narratif et visuel, permet une représentation privilégiée des caractéristiques linguistiques et culturelles d’un milieu, tant dans ses aspects matériels (architecture, art, artisanat, etc.) que dans ses aspects immatériels (modes de pensée et de vie, coutumes, traditions, dialectes, etc.). Cette complémentarité du visuel et de l’écrit fait de la bande dessinée un support pédagogique de choix pour les professeurs de langue seconde. En choisissant des albums mettant en scène des personnages de diverses communautés francophones, l’éducateur permet à l’élève de s’ouvrir à l’éventail du patrimoine culturel et linguistique mondial de la francophonie et facilite le développement de ses compétences interculturelles. Dans cette présentation, nous examinerons une série de projets pédagogiques mis sur pied pour des classes de français langue seconde, dans une école de niveau secondaire, en Californie. Depuis 2013, la bande dessinée a été intégrée dans le curriculum de trois niveaux de classes et plus de 200 élèves en ont bénéficié. Chaque projet comporte la lecture d’extraits d’albums, l’exploration de l’art du récit en BD et l’apprentissage des techniques de création. Les élèves ont ensuite produit eux-mêmes une courte bande dessinée, ce qui leur a permis de mettre en pratique et de solidifier leur connaissance de la langue et de la culture française. Leurs travaux ont ensuit été réunis sous forme d’albums numériques.

Cet article vise à étudier les perceptions et les attitudes des élèves dans les programmes de français langue seconde (FLS) de l'Ontario, et les impacts potentiels que ces attitudes pourraient avoir sur la participation future à l’apprentissage du FLS dans les écoles secondaires de la province. Plus précisément, cette article tente de répondre à la triple question suivante : Comment le programme actuel de FLS de l’Ontario est-il perçu par les élèves, qu’est-ce qui peut influencer ces perceptions, et quelles sont certaines des implications possibles pour l’avenir du FLS en Ontario, surtout en ce qui concerne la participation ? Les données analysées dans cette article ont été obtenues dans six écoles secondaires de trois conseils scolaires de l’Ontario, dont deux catholiques et le troisième public. Ces données étant essentiellement quantitatives, les calculs ont été effectués à l’aide du logiciel Statistical Package for the Social Sciences (SPSS), version n° 26, dans le but d’analyser les observations et les relations pertinentes au sein des données recueillies. Les pourcentages ont été calculés à partir du nombre total de réponses données à chaque question spécifique. L’une des conclusions auxquelles cette étude est parvenue est que, pour davantage développer le programme de FLS en Ontario et promouvoir la participation des élèves à l’apprentissage de cette langue, les aptitudes à l’expression orale des élèves devront faire l’objet d’un intérêt tout particulier. 

L’approche d’enseignement bilingue aux élèves sourds implique qu’une connaissance métalinguistique de la langue des signes est nécessaire au développement de mécanismes d’analyse efficaces de la langue écrite (Mugnier, 2006). Dans le cadre de ma maitrise, je m’intéresse à l’utilisation de la subordonnée relative en français écrit par les scripteurs sourds, en comparaison avec les formes d’expression des relations de subordination relative (SR) en LSQ. Dans cette présentation, j’exposerai les résultats de la description des structures grammaticales de SR en LSQ. En premier lieu, je présenterai une synthèse des écrits sur la subordination dans différentes langues (caractéristiques de formes et de sens). En deuxième lieu, je présenterai la grille d’annotation servant à la description des formes et des sens de SR repérés dans un corpus de cinq récits LSQ produits par cinq signeurs sourds. J’utiliserai le logiciel ELAN (Crasborn et Sloetjes, 2008) pour l’annotation et la transcription matricielle de données multicouches. La localisation spatiale et l’utilisation de marqueurs non manuels étant définis comme des éléments formels du marquage des relations propositionnelles en LSQ (Chénier et James, 2014 ; Parisot, sous presse), cet outil permet de décrire l’ensemble des marqueurs identifiés (lexicaux, spatiaux et non manuels) pour l’expression des relations de SR dans notre corpus. Cette analyse descriptive présentera un premier portrait de l’expression de la SR en LSQ.