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Ce n’est pas toujours évident si deux sons – sans paires minimales et généralement prévisibles dans le lexique natif – devraient être considérés distincts au niveau phonémique. Tel est le cas des voyelles hautes tendues ([i y u]) et relâchées ([ɪ ʏ ʊ]) en français laurentien, qui sont en distribution complémentaire en syllabe finale dans le lexique natif et qui sont variables en syllabe non-finale (Côté 2006). Étant donné que la similarité phonologique peut favoriser l’harmonie et la coarticulation (Poliquin 2006), il y a une solution possible : une voyelle peut être plus influencée par une autre si les deux ont plus de traits phonologiques en commun, permettant d’établir la représentation phonologique en comparant les traits partagés. Bref, si le relâchement est représenté de façon phonologique, /ɛ œ ɔ/ pourraient être plus fermés si la syllabe suivante contient [ɪ ʏ ʊ] que si elle contient [i y u].

Pour tester cette hypothèse, on a extrait 26 000 voyelles moyennes provenant de pénultièmes syllabes en parole spontanée. Nous trouvons que ces voyelles sont plus affectées par la hauteur de la voyelle suivante si les voyelles ont plus de traits phonologiques en commun (antériorité, arrondissement). Notamment, chez les jeunes adultes, /ɛ œ ɔ/ sont plus fermés devant [ɪ ʏ ʊ] que devant [i y u], ce qui n’est pas le cas pour /e ø o/ et ce qui a lieu malgré que [i y u] soient plus fermés. Ce résultat suggère que les voyelles hautes relâchées sont en train de devenir phonémiques.

Une écoute attentive de conversations à bâtons rompus montre que celles-ci sont parsemées d’hésitations, de pauses dites remplies comme euh, de répétitions, d’autocorrections, de lapsus, etc. Notre recherche porte sur ces imperfections que l’on qualifie habituellement de ratés. Le but est double. Il s’agit 1) de déterminer les mécanismes d'interrelation qui sous-tendent la production de deux paires de ratés (amorce de mot et répétition ainsi qu'amorce de syntagme et répétition) et 2) de vérifier si ces deux paires de ratés exercent une pression l'une sur l'autre dans le tour de parole.

À cette fin deux corpus multimodaux de conversations authentiques sont exploités : le Corpus de langue parlée en interaction (CLAPI) de l’Université de Lyon 2 et le Corpus de français parlé au Québec (CFPQ) de l’Université de Sherbrooke. Un premier coup de sonde dans ces corpus démontre l'existence d'interrelations entre les deux paires de ratés étudiées, mais leur mécanisme et leur influence mutuelle reste à déterminer. 

La recherche s’inscrit dans le champ des études interactionnistes qui focalisent l’attention sur le fait que le locuteur engagé dans une conversation à bâtons rompus construit son discours au coup par coup, en s’ajustant constamment aux réactions de l’interlocuteur produites de manière vocale et mimogestuelle. La recherche permet de mieux cerner le fonctionnement de l'oral spontané en approfondissant les connaissances sur les ratés de l’oral dans une perspective interactive.

Plusieurs études ont analysé le français québécois (FQ) familier, mais peu se sont concentrées sur le FQ soutenu. Les entrevues télévisées permettent de combler cette lacune. Dans cette communication, nous examinons la variation sociostylistique en FQ dans un corpus d’entrevues avec des personnalités publiques, en portant notre attention sur la référence temporelle au futur (RTF).

Les travaux sur la RTF en FQ montrent que l’usage du futur périphrastique (il va partir) est plus fréquent que celui du futur simple (il partira); le présent à valeur du futur (il part demain) est rare. De plus, la RTF est soumise à des contraintes linguistiques et à une stratification sociale en FQ: le futur simple apparaît surtout dans les phrases négatives et revêt un prestige manifeste.

Nous étudions non seulement le rôle du thème de conversation et du degré de familiarité entre les interlocuteurs, mais aussi celui du contexte, en comparant un sous-ensemble de locuteurs interviewés dans 2 contextes conversationnels: l’un où ils abordent des thèmes personnels, l’autre où ils interviennent professionnellement face à un journaliste. Malgré le prestige social lié au futur simple, nous montrons que la RTF en FQ résiste à la variation intrapersonnelle (ou stylistique); il s’agit donc d’un indicateur plutôt que d’un marqueur sociolinguistique.

En analysant la variation sociostylistique en FQ soutenu, cette étude contribue à l’avancement des connaissances en linguistique française et en sociolinguistique.

Traditionnellement, dans les ouvrages grammaticaux , et encore récemment, dans les ouvrages pédagogiques, on a considéré qu’un verbe peut se conjuguer aux temps simples (je marche, il partira) et aux temps composés (j’ai marché, il sera parti). On affirme que les mots dont les temps composés sont constitués forment un seul et même verbe, même si on se trouve en présence de deux mots, et qu’un seul des deux est conjugué. De plus, on attribue à la plupart de ces syntagmes l’étiquette de « temps du passé », ce qui crée une confusion lorsqu’on se trouve en présence d’exemples tels que « J’ai fini dans cinq minutes » ou « Il faut que vous ayez terminé vos devoirs à mon retour », où l’on parle de passé composé et de subjonctif passé, alors que l’on fait référence au futur. Cette façon d’analyser la question pose problème pour l’enseignement à cause des incohérences qu’elle engendre. Pour cette raison, nous souhaitons démontrer en quoi la sémantique grammaticale, une analyse qui vise principalement à expliquer la valeur des notions et des relations grammaticales ainsi que la structuration des parties du discours et de la phrase, pourrait représenter une option intéressante pour l’enseignement de ces syntagmes : elle fait une distinction claire entre le verbe et le participe et met en lumière les relations grammaticales et logiques qui s’établissent entre ces deux concepts.

Cette communication fait état de différences syntaxiques entre les impératives et les interrogatives avec inversion concernant la position du verbe, des clitiques et de la particule ne. Je propose que ces deux constructions diffèrent 1) quant à l'élément déplacé et 2) quant au point d'arrivée du mouvement.  

En impérative, le verbe précède les clitiques (Fais-le!; *Le fais!). Rooryck (1992) et Zeijlstra (2006) ont proposé que le verbe impératif monte à C (une projection plus haute que T), une analyse similaire au mouvement à C en interrogative (Rizzi 1991). De fait, les deux constructions sont exclues en enchâssée (*Je veux que fais-le; *Je me demande si viendras-tu.). Toutefois, cette analyse n'explique pas le fait que le verbe précède les clitiques en impérative (*Le fais!), mais les suit en interrogative  (*Fais-le tu?):

Depuis Rizzi (1997, 2001), on admet que le noeud C est scindé en différentes projections, soit FORCE (TOP*) INT (TOP*) FOC (TOP*) FIN TP. Je propose qu'en interrogative, la tête T (contenant verbe et clitiques) est déplacée sous INT, alors que le verbe impératif se déplace seul sous ForceIMP (Koopman 2007). Cette analyse rend compte des contrastes observés en contexte de négation. La négation bloque le mouvement du verbe dans les impératives (Ne le fais pas! *Fais ne le pas!; v. Rivero et Terzi 1995), mais non le mouvement de T (Ne le fais-tu pas?). En français québécois (Zeijlstra 2006), le mouvement du verbe résulte de l'absence de ne (Fais-le pas!).

Selon les statistiques, les enfants de langue d’origine (ELO) représentent une grande proportion d’élèves (43% selon Grenier, 2017) des écoles primaires et secondaires montréalaises. À Montréal, le russe est parmi les dix premières langues d’immigrants (ENM, 2011). Or, les informations concernant le développement du français langue seconde (L2) chez les enfants d’immigrants russophones sont inexistantes. Pour pallier cette lacune, la présente étude vise à examiner le développement du système consonantique du français L2 chez ce groupe linguistique. Dix enfants bilingues séquentiels russo-français de quatre et cinq ans ont participé à notre étude. Une tâche de dénomination (L’ESPP, MacLeod, 2014) de 40 images qui évalue la production de toutes les consonnes du français canadien en trois positions (initiale, intermédiaire, finale) leur a été administrée. Les productions des enfants ont été enregistrées sur support audio. Les réponses des enfants ont été d’abord transcrites en alphabet phonétique international (API) et ensuite analysées en calculant le ratio de consonnes produites correctement sur le nombre de consonnes dans les cibles produites (MacLeod et al., 2014). Afin de mesurer l’exposition des enfants au français, un questionnaire d’environnement langagier (adapté d’ALEQ, Paradis, 2011) a été rempli par les parents. Les résultats préliminaires ont révélé des profils développementaux comparables à ceux des enfants monolingues francophones, mais des erreurs différentes.

Les verbes à classificateur (vcl) se distinguent des autres
verbes en ce qu'ils contiennent un classificateur, qui réfère à un nom en
fonction des propriétés saillantes de son référent, le plus souvent de forme ou
de taille. Les travaux de Dubuisson et al.
(1996) et Lajeunesse (2001) ont proposé une description détaillée de
l’inventaire des classificateurs de la LSQ. Toutefois, aucune étude n'a porté sur
la description morphosyntaxique des vcl. L'objectif de cette recherche est de
déterminer quels sont les éléments distinctifs de la
forme morphosyntaxique des vcl en contexte discursif. Plus spécifiquement, nous posons les
questions suivantes : 1) quelle est la
distribution du vcl en contexte et plus particulièrement comment se manifeste
sa relation avec le nom et 2) comment s'effectue le
marquage argumental des vcl ? Nos résultats reposent sur l'analyse
d'un corpus de données discursives élicitées auprès de quatre signeurs à l'aide
d'une tâche de description de vidéos dans lesquelles des personnages interagissent
et manipulent des objets. En premier lieu, nous montrons que l'identification
du référent précède l'utilisation du vcl et que les deux éléments peuvent être
distants (souvent de plusieurs énoncés). En second lieu, nous montrons que la
forme des vcl est modifiée en contexte afin de marquer un ou deux arguments locatifs.
Finalement, nous proposons l'adoption d'une classification selon trois classes
(Schembri, 2003) en fonction de critères morphosyntaxiques.

 

 

 

 

 

Les potentiels évoqués (PÉs), permettent d’analyser le traitement du langage en temps réel. Cependant, cette technique est limitée par des contraintes méthodologiques, trop souvent négligées. Par exemple, l’influent modèle “syntaxe en premier” proposé par Friederici (2002) s’appuie sur la découverte d'une étape de traitement syntaxique, reflétée par une composante négative précoce (100-300ms), nommée Early left anterior negativity (ELAN), dont l’existence est questionnée en raison de dessins expérimentaux déséquilibrés (Steinhauer et Dury, 2012). Cette présentation portera sur le développement des stimuli pour l’étude de réévaluation de la ELAN en français.

Les phrases créées ont été soumises à une double évaluation. L’une teste l’acceptabilité par le biais d’un sondage. L’autre teste l’amorçage sémantique entre contextes et mots cibles. Trois méthodes ont été utilisées : l’analyse sémantique latente, un test d’association de mots et un de complétion de phrases. Les résultats au test d’acceptabilité permettent de filtrer les phrases inadéquates. Les différents tests d’amorçage sémantique ont révélé des résultats complémentaires, suggérant que chacun peut nous informer sur les différentes relations sémantiques au sein de la phrase.

Dans une démarche transparente, les tests sur un large échantillon devraient s’intégrer à la méthodologie en PÉs. Ainsi, les facteurs responsables de biais expérimentaux peuvent être identifiés et contrôlés lors de l’analyse des PÉs.

Nous présentons dans cet article une méthode de construction de lexiques bilingues pour les entités nommées basée sur les corpus parallèle. Les types des entités nommées étudiées sont les noms de personnes, des lieux et des organisations. Une application est faite sur la paire de langues anglais-arabe.

La construction des lexiques des entités nommées de type organisation se base sur différentes ressources linguistiques dont les ontologies comme DBPedia ou des listes préétablies comme JRC-Names.

La construction des lexiques des entités nommées de type noms de personnes et lieux, se base sur un modèle de translitération pour chaque entité nommée à partir de l'anglais vers l'arabe.

La procédure de translitération consiste à trouver les différentes translitérations de chaque lettre de l’entité nommée en anglais, et à chercher la meilleure combinaison dans la phrase en langue arabe.

Pour diminuer le nombre de combinaisons des translitérations possibles d’une entité nommée, une méthode de normalisation des lettres en langue arabe vers une seule lettre, est proposée.

Une application est faite sur deux corpus. Un est extrait de Wikipédia et le très connu corpus des nations unis (UN).

La mesure généralement utilisée pour comparer les performances des systèmes se fonde sur le score de précision et de rappel. Cette mesure s’appelle la mesure F. Nos expérimentations ont montré un score de F-mesure égale à 99,1% en utilisant le corpus UN et  93,3%  en utilisant le corpus extrait de Wikipédia.

L’exposé que je propose porte sur le dialecte inuktitut de la baie d’Hudson, et traite
de récents changements morphosyntaxiques dans les constructions transitives. Il
existe peu de travaux linguistiques qui ont étudié l’inuktitut du Québec,
hormis les travaux de Lucien Schneider (1966; 1976; 1979) et de Louis-Jacques
Dorais (1977; 1978), ainsi que des publications en pédagogie (Mallon, 1992;
Ortiz, 1993). À l’été 2011, j’ai effectué une collecte de données à Inukjuak. L’examen
du corpus linguistique révèle que les analyses proposées par les auteurs ci-dessus
ne rendent pas compte de données actuelles. Traditionnellement, il est reconnu
que l’inuktitut affiche un alignement morphologique ergatif, c’est-à-dire que
le sujet d’une construction intransitive et l’objet d’une construction
transitive sont marqués morphologiquement de la même façon, tandis que le sujet
d’une construction transitive reçoit une marque morphologique distincte (un cas
ergatif). Il est admis aussi que l’inuktitut présente un syncrétisme morphologique
entre les constructions transitives et possessives. Ces caractéristiques ont
été rapportées dans tous les dialectes de la langue inuite. Or, dans le dialecte
de la baie d’Hudson, la marque casuelle ergative n’est plus employée, et le
syncrétisme entre les constructions transitives et possessives est ainsi en
train de disparaître. Ma communication vise à analyser ces changements et leurs
implications dans le fonctionnement de la transitivité dans ce dialecte.

Si le bilinguisme au Canada est synonyme de « traduit de l’anglais », ce serait le caractère idiomatique de la langue qui serait atteint, c'est-à-dire l'ensemble des habitudes de langage auxquelles se conforment les utilisateurs de cette langue (Delisle, 1998).

Notre problématique se place au cœur d’une approche communicationnelle qui aborde la question de la traduction de l’idiotisme vue par le lecteur de ce texte de presse, ce lecteur « utilisateur » de la langue française. Afin d’avoir un échantillon représentatif, nous avons choisi de préciser un écart de temps de 5 ans, allant du 31 janvier 2017 à la fin décembre 2022. Le corpus constitue donc un ensemble de nouvelles, contenant l’expression idiomatique « the elephant in the room », traduite de l’anglais au français par la Presse Canadienne, classifiées grâce à la base de données Eureka.

Les résultats d’analyse des traductions journalistiques de l’idiotisme « the elephant in the room » nous ont permis de dévoiler plusieurs défis (défis rédactionnels du rythme et de la poétique du texte de presse français, du défigement et de l’équivalence, de l’humour et de la couleur idiomatique). Nous avons démontré, à travers l’analyse des défis d’ordre rédactionnel (Delisle, 2003), abordés du point de vue de la logique/style, que la cohérence du réseau lexical, la non- coexistence de l’idiotisme traduit « the elephant in the room » avec d'autres idiotismes influent sur la qualité du texte en français et mènent à son appauvrissement. 

La didactique contemporaine maintient la thèse posant la langue en tant qu’outil de communication. Sur la base de la tradition de Port-Royal, le langage est compris comme expression de la pensée, mettant en avant certains critères qui rendent compte d’une tendance fonctionnelle du langage. Pourtant, la parole des sujets révèle une tout autre chose, laquelle est ignorée à l’heure actuelle : certains manques produits dans la communication. Cela dévoile une autre dimension faisant référence à une position débordant le point de vue de l’« instrument de communication ». Dans cet autre contexte, la langue est perçue comme substance et transforme, cela est mis en évidence par différents éléments. D’une part, la position de certains linguistes – accordant un statut prioritaire au langage par rapport à la pensée – révèle le rôle du langage dans la constitution du sujet. D’autre part, la relation des écrivains avec la langue montre certains faits importants : le pouvoir de la parole, son rôle transformateur, une fonction créative. Aspects mis en valeur par la théorie psychanalytique lorsqu’elle valorise une vision du langage notablement différente de celle préconisée par l’enseignement actuel. Sur la base de cette problématique, je formule une question : comment la classe de langue étrangère se constitue en un espace créateur ? Pour y répondre, j’entreprends une analyse sur la base d’un paradigme rationnel, appuyée par des observations des classes hispanophones apprenant le français.

Plusieurs études démontrent que l’habileté à percevoir et reproduire des patrons de rythmes est liée à la vitesse de décodage et au développement de la lecture.  Il est aussi reconnu que la dyslexie (trouble d’apprentissage de la lecture) tend à s’accompagner de déficits dans la réalisation de tâches de reproduction de rythmes. Suivant ces résultats, notre présentation a pour objectif d’élucider les facteurs sous-tendant la relation entre la reproduction de rythmes et la lecture en variant les types de patrons utilisés dans les tâches de reproduction. L’étude reprend en partie la méthode de Tierney et Kraus (2013).  Les habiletés en lecture de 37 participants ont été évaluées par des tâches de lecture rapide de mots (tâche standardisée) et de non-mots (textes contenant des manipulations de groupements visuels).  Pour la tâche expérimentale, les participants devaient reproduire des cadences de clics isochrones (stables ou changeants dans le temps) et des rythmes analogues à ce qu’on retrouve en parole. Les résultats indiquent une corrélation entre la capacité à reproduire des cadences isochrones de 1.5 Hz (correspondant à 3-4 syllabes), et la vitesse de lecture de non-mots dans un texte sans espace (voir Graph. 1). Cette corrélation était plus faible ou absente pour des textes de non-mots avec espaces, ce qui suggère un lien entre l’habileté à reproduire un rythme et le découpage perceptuel de texte selon les groupes verbaux à énoncer à voix haute.

La présente étude longitudinale évalue le développement de la capacité orale des élèves (1H à 4H) d’une école publique suisse reposant sur l’enseignement par immersion réciproque et dont les élèves sont germanophones, francophones et allophones. L’enseignement est dispensé pour moitié en allemand et pour moitié en français.

L’objectif de cette recherche consiste à mesurer la capacité à utiliser les langues de scolarisation à des fins communicatives. Notre corpus se base sur les outcomes d’interviews semi-dirigées et axées sur la performance conduites dans les deux langues, à savoir dix interviews au total pendant quatre ans (n=868).

Nous combinons deux approches: l’analyse qualitative décrit les stratégies du «translanguaging» (García, 2009) utilisées par les élèves, alors que l’analyse quantitative évalue leur capacité à utiliser la langue de façon communicative.

Cette étude suggère que la langue seconde des élèves en immersion réciproque suit une évolution impressionnante, surtout chez les élèves allophones. La langue première des élèves de cette école bilingue se développe aussi bien que chez les élèves des écoles monolingues. En comparant les élèves francophones et germanophones en immersion réciproque, on remarque que les taux de développement des premiers stagnent vers la fin de l’étude, probablement en raison de la diglossie alémanique.

Malgré certaines appréhensions, il semble que l’immersion réciproque ne soit pas un risque pour le développement de la capacité orale.

Le Programme de formation de l’école québécoise (PFEQ, 2001) fait des liens fréquents entre langue et culture et souligne que « l’école est invitée à porter une attention toute particulière à l’apprentissage du français, langue maternelle ou langue d’appartenance culturelle. » (p. 4) En effet, pour que les élèves parviennent à assimiler le registre standard, il faut qu’ils soient en mesure de le situer notamment par rapport aux autres registres en fonction des situations de communication, mais aussi par rapport aux autres variétés de français auxquelles ils sont confrontés. L’enseignement de la langue doit ainsi tenir compte du:

«[…] bagage linguistique avec lequel nous arrivons à l’école lorsque nous y mettons les pieds pour la première fois. Ajoutons à cela qu’en contexte québécois, l’école doit par ailleurs tenir compte du fait que le registre standard est différent à certains égards de celui que valorisent d’autres communautés francophones.» (Remysen, 2018 : 47)

Or, après analyse, notamment du PFEQ et de la formation des maitres, nous constatons que des éléments de variation sont présents, mais l’enseignement de la variation linguistique elle-même est absente des objectifs d’apprentissage et mal comprise par les enseignant.e.s. Pour combler cette lacune, nous proposerons un outil didactique, fruit de notre maîtrise en linguistique, pour enseigner la variation au premier cycle du primaire, premier contact des élèves avec la langue standard et avec l’enseignement de celle-ci.

La production des expressions référentielles (ER) joue un rôle central dans la communication humaine: pour communiquer, on doit être d'accord sur l'objet dont on parle et le localiser dans l'espace. Les études ont montré que les locuteurs surspécifient spontanément lors de la production des ER, c'est à dire qu'ils y incluent plus d'information que n'est strictement nécessaire pour l'identification. Il y a deux explications existantes pour ce phénomène: (1) La surspécificationest un résultat des ressources cognitives limités des personnes et (2) La surspécificationest un outil de communication qui donne plus de chances aux locuteurs de se mettre d'accord et s'aligner sur l'objet dont ils parlent.

Notre hypothèse est cohérente avec l'explication (2) – on croit que en surspécifiant lors des premiers stades d'un échange, les locuteurs assurent que toutes les caractéristiques du référent sont accessibles plus tard. Afin de tester cette hypothèse, on a conçu une expérience avec une situation d'acquisition de langue seconde, où on a comparé deux groupes d'apprenants : un groupe recevait des expressions minimales et l'autre recevait des expressions surspécifiées. Nos résultats ont montré que quand les apprenants ont pratiqué avec des expressions surspécifiées, ils retenaient mieux des nouveaux mots. Ceci semblerait confirmer notre hypothèse que lasurspécificationest un outil utile dans la communication à long-terme et aide la compréhension tout au long du processus communicatif.

Le doublage est une pratique culturelle commentée avec beaucoup d’émotions par les cinéphiles. Pour un grand nombre de films, le Québec offre son propre doublage. En effet, les Québécois disent vouloir se reconnaître dans la langue des films doublés et beaucoup critiquent les doublages réalisés en France. On serait donc porté à croire que le doublage est effectué dans tous les registres du français québécois afin de tenir compte de ceux qui sont présents dans la version originale. L'Union des Artistes (UDA) considère cependant qu’il doit être fait dans un français dit « international » ce qui, selon plusieurs, donne lieu à un français artificiel.

L’objectif de notre communication est de dégager les principales différences linguistiques entre la version québécoise Grossesse surprise et la version française En cloque. Mode d’emploi du film américain Knocked-up et d’identifier ce qui caractérise la langue du doublage québécois. Nous présentons une analyse prosodique qui permet d’approfondir une étude précédente qui portait sur les stratégies de traduction dans la version québécoise et la version française. Les résultats permettent de jeter un nouvel éclairage sur le mélange de variétés observées dans le doublage québécois. En effet, ce qui permet l’identification du doublage comme étant québécois est attribuable surtout à certains éléments lexicaux et prosodiques qui ont préséance sur les éléments liés à la prononciation et à la morphosyntaxe. 

Les langues naturelles utilisent divers procédés pour la création de nouveaux mots dont l’emprunt, la dérivation et la composition, qui sont pour la plupart motivés au sein de la structure linguistique (Lakoff, 1987). Cette proposition de communication est issue d’un vaste projet visant l’analyse de la forme et de l’acceptabilité de néologismes pour 50 concepts d’astronomie en LSQ. L’objectif de cette présentation est de vérifier si la motivation lexicale observée dans un échantillon de ces néologismes a une influence sur le lieu d’articulation. Sur la base de l’importance de l’iconicité dans les langues des signes (Dubuisson et al. 2000), nous posons l’hypothèse que le lieu d’articulation a une valeur morphémique de distalité dans ces néologismes. Les catégories de description de notre grille descriptive permettent de distinguer des degrés de proximalité/distalité, de bassesse/hauteur et de centralité/latéralité. Ces critères de forme sont croisés avec les catégories morphologiques (dérivation, composition, emprunt) et sémantiques (iconicité, classificateur) de 28 variantes de 17 concepts proposées par un comité de création lexicale des signes de l’astronomie, composé de trois signeurs sourds natifs. Les résultats préliminaires montrent que les 28 néologismes recueillis jusqu’à maintenant ont tous une relation entre une iconicité transparente et au moins l’un des traits de forme suivants : distal, haut ou latéral, appuyant ainsi l’hypothèse de la valeur morphémique.

Le football est aujourd’hui considéré comme le sport le plus populaire au monde. Dans son expansion croissante, cette discipline sportive rencontre d’autres types de pratiques caractéristiques de la société moderne, telle la publicité. Celle-ci investit de plus en plus intensément le terrain footballistique au point qu’il paraît actuellement invraisemblable d’évoquer le football sans l’associer à la publicité.    

L’une des questions soulevées par la rencontre de ces deux pratiques concerne la nature de cette interaction football-publicité. Lorsqu’on la scrute de près, on se rend compte que le discours publicitaire qui se déploie sur le champ du football semble s’efforcer d’incorporer dans sa trame narrative les codes de cette discipline, qu’il tente de remodeler à sa guise pour remplir ses propres objectifs pragmatiques, lesquels sont  inscrits dans un contrat argumentatif du type persuasif, opposés à ceux du football, qui fonctionne fondamentalement sur base d’un schéma rhétorique et dichotomique de l’épreuve. Cela se remarque notamment à travers l’exploitation par les annonceurs des unités fonctionnelles de l’univers footballistique, tels les joueurs, le ballon, la vue du stade, etc., qu’ils associent à leurs produits.

Nos travaux se proposent de repérer et de décrire les structures sémiotiques à travers lesquelles la rencontre football-publicité se réalise pour ainsi rendre compte de cette duplication. Nous nous concentrons sur la pratique du football aux stades. 

Le phonème, la plus petite unité linguistique, est considéré ayant une matérialisation aussi gestuelle (Stokoe, 1960). Les travaux sur la syllabe signée ont mis en évidence le rôle central du mouvement phonologique (MP), à travers lequel la séquentialité s’opérationnalise (ex. Sandler, 1989). Brentari (1998) propose une position suprasegmentale pour le MP, liée hiérarchiquement aux autres phonèmes. Dans ce cadre, est-ce que les locuteurs de langues des signes ont conscience du rôle du MP et intervient-il dans leur capacité à manipuler le matériel phonologique? L’objectif actuel est de vérifier l’impact du MP dans des tâches de conscience phonologique chez des enfants (n=18), adolescents (n=17) et adultes (n=21) sourds. Des tests de perception (identification, catégorisation, analyse) et de production (composition, permutation, fusion) ont été effectués sur ces groupes et sur un groupe contrôle de sujets entendants (n=20). Nous présenterons l’analyse statistique (Student-t, nonparamétrique pour réussite et temps de réponse) des données à savoir: i) les trois groupes maîtrisent-ils également les différentes catégories de phonèmes? ii) la nature du MP (interne vs à trajet) influence-t-elle la réussite? iii) le type de tâches intervient-il sur la réussite du MP? Bien que les résultats confirment que les sujets sont sensibles aux catégories de phonèmes, le MP parait être l’élément le plus difficile à manipuler et la tâche semble avoir une incidence sur sa manipulation.

Notre étude, présentement en cours, tentera de démontrer s’il est possible de relever le sarcasme en s’appuyant uniquement sur les indices prosodiques présents dans la parole.  Le sarcasme est considéré par certains chercheurs comme la verbalisation d’une intention ironique, découlant de ce fait d’un acte de langage volontaire ayant pour objectif principal de dire le contraire de ce que l’on souhaite faire entendre (Kerbrat-Orecchioni, 1978). Ainsi, le caractère intentionnel du sarcasme le distingue des émotions, en faisant plutôt une attitude discursive (Scherer, 2002).  Alors que de nombreuses études ont permis de démontrer que la prosodie pouvait permettre une reconnaissance efficace des émotions lors de tests de perception (Scherer, 1989), rares sont celles qui ont testé la perception du sarcasme en français québécois, chez des adultes sans troubles d’apprentissage ou de perception.  Nous avons donc élaboré un test constitué de pseudo-mots nous permettant de comparer la capacité des participants à identifier le sarcasme, en le contrastant avec d’autres émotions.  Au total, 30 participants ont dû porter un jugement sur 100 brefs énoncés, correspondant à 5 « états d’esprit » prédéterminés pour chaque enregistrement.  Les analyses préliminaires nous montrent un faible taux d’erreur d’association entre les items et ce, tant pour le sarcasme que pour les émotions mises en scène.



Nous présentons le corpus Arabic TreeBank, une ressource que nous avons développée au sein de la Linguistic Data Consortium. Il s'agit d'un corpus de 600,000 mots annotés syntaxiquement selon la structure Penn TreeBank. Cette ressource est annotée selon une approche d'annotation manuelle. Nous décrivons, les différentes étapes de ce projet y compris la préparation et le choix des données, l'infrastructure informatique et l'outil d'annotation, les choix méthodologiques qui ont guidés les diverses phases de préparation du corpus y compris les difficultés linguistiques. Enfin, Nous formulons les enjeux d’une telle ressource pour la linguistique et le traitement automatique du langage et nous présentons les premières exploitations.

La croissance du vocabulaire chez les jeunes enfants bilingues n'a jamais été comparée directement avec celle des monolingues durant la période de l'explosion du vocabulaire. En outre, bien que l'efficacité de la compréhension des mots des jeunes monolingues augmente au cours de la deuxième année, cela n'a pas été examiné chez les enfants bilingues. Nous avons testé un groupe composé de 38 enfants bilingues français/anglais et de 52 enfants monolingues francophones. Chaque groupe a été évalué à l'âge de 16 mois (M = 16,69, SD = .71), puis 6 mois plus tard. La taille du vocabulaire réceptif et la rapidité d’accès lexical pour des mots familiers ont été évalués à l'aide du Computerized Comprehention Test (Friend & Keplinger, 2003).Ce test informatisé nécessite de toucher le référent de 41 mots sur un écran tactile (noms, adjectifs et verbes). Les résultats ont révélé que les monolingues ont un vocabulaire supérieur lors de la Phase 2 . Les bilingues ont aussi augmenté leur vocabulaire dans leurs deux langues. Leur rapidité d’accès lexical s’est également améliorée dans les deux langues. Lorsque nous avons analysé la croissance (Phase 2 - Phase 1/Phase 1) pour chacune de ces variables, une augmentation plus importante du vocabulaire a été observée chez les bilingues, mais seulement pour L1. Ces résultats mettent en évidence des similitudes et des différences dans le taux de croissance du lexique précoce chez les jeunes enfants monolingues et bilingues.

Cette étude s'intéresse au fonctionnement d'une classe de verbes spécifique : les verbes de son, qui forment une classe sémantiquement homogène parce qu'ils partagent un sens relatif à l'émission d'un bruit ou d'un son. Plus particulièrement, il s'agit d'une description des verbes gargouiller et retentir. L'étude de ces verbes repose sur l'analyse d'un corpus écrit et comporte trois étapes : une analyse syntaxique, un typage lexical et une analyse en sémantique cognitive. L'analyse syntaxique consiste à identifier les éléments qui apparaissent aux côtés des verbes ciblés (syntagme nominal, syntagme prépositionnel) et à dégager les patrons syntaxiques dans lesquels ces verbes de son peuvent entrer. Ces patrons syntaxiques sont précisés par le typage lexical : les éléments qui accompagnent les verbes sont associés à des types sémantiques (entité concrète, lieu, partie du corps, etc.). Les résultats obtenus sont ensuite insérés dans le schéma conceptuel de la perception auditive proposé par Piron (2006). Les trois premiers paramètres de ce schéma, soit l'émission sonore, la propagation sonore et la réception acoustique, permettent de rendre compte des verbes de son à l'étude. Il est montré que les différentes acceptions des verbes de son correspondent à différents cas d'exploitation du schéma conceptuel.

Les chercheurs en langue et linguistique sont fréquemment confrontés à des réponses manquantes dans leurs tests. L’exclusion de participants qui ont des réponses manquantes peut causer la perte de précieuses informations. Des méthodes d’imputation simples sont courantes, où l’on remplace une valeur manquante par zéro, par la moyenne du participant, ou par la moyenne de l’item en question. Bien que les données manquantes soient “un problème courant dans la recherche sur l’acquisition du langage” (Blom & Unsworth, 2010:3), dans un grand nombre d’études, le sort des données manquantes est passé sous silence.

            Cette étude vise à comparer diverses options de remplacement pour les données manquantes en acquisition des langues secondes. Notre corpus consiste en des données authentiques obtenues via un éventail de tests de langue, formant six matrices de tailles variées (N = [60-320]; [15-64] items) avec divers pourcentages de données manquantes ([0.5-20] %). En comparant l’impact des diverses options de remplacement sur les qualités psychométriques des tests (e.g., alpha de Cronbach), nos résultats suggèrent que le pourcentage de données manquantes est important pour déterminer le caractère adéquat de chaque méthode. Les méthodes tendent à s’équivaloir pour de bas pourcentages, alors que plusieurs sont moins adéquates pour les pourcentages plus élevés. Des lignes directrices sont fournies aux chercheurs en langue pour choisir la meilleure stratégie de remplacement.