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Les études en analyse de la conversation ont souvent porté sur les dyades ou sur les groupes, mais très rarement sur la conversation à trois. Pour bien comprendre les particularités de la triade, j’ai produit  un enregistrement audio et vidéo d’une conversation entre trois personnes qui discutaient dans un environnement qui favorisait une dynamique non-contraignante et naturelle. Grâce à une analyse détaillée de la direction du regard et des signaux de back-channels, je compte montrer l'influence de ces derniers sur les changements de tours de paroles. Je présenterai mes résultats sous la forme d’une analyse temporelle des interactions entre chacun des participants en mettant l’accent sur la dynamique des tours de parole et sur les vecteurs d’interactions (p.ex. interactions entre 1 et 2 pendant que 3 possède le droit de parole). Mes résultats tendent à confirmer l’importance du regard sur les changements de tours de parole, mais ils permettent aussi de montrer l’importance des back-channels pour la dynamique conversationnelle. Je décrirai aussi les différentes fonctions possibles des back-channels selon leurs types et selon la personne ciblée par ceux-ci. Mes résultats montrent également une connexion forte entre l’aspect dynamique et l’aspect sémantique d’une conversation et je proposerai une modification au concept de plancher conversationnel pour rendre compte de cette dépendance entre la sémantique et la dynamique.

La génération automatique de texte est une branche de la linguistique computationnelle qui vise la production automatique d'énoncés en langue naturelle qui expriment de l'information qu'on veut communiquer. Je présenterai d'abord l'architecture classique d'un générateur de texte, en m'attardant plus particulièrement aux modules linguistiques d'un tel système. Je montrerai quel type d'information est nécessaire pour cette tâche, et comment elle se représente formellement. Ensuite, je parlerai plus en détail de l'étape de la lexicalisation (le choix des mots pour l'expression d'un message). Traditionnellement, cette opération s'effectue en une seule étape. Or, je montrerai que pour obtenir des textes fluides et naturels, il faut un modèle stratifié de la lexicalisation afin de traiter un type particulier de locution appelé collocation, c'est-à-dire une expression idiomatique où il existe un lien privilégié entre des mots qui «vont ensemble» (par exemple, «procéder à l'arrestation» au lieu de «arrêter»). Il existe dans les langue une grande variété de collocations («subir une perte», «peur bleue», «porter des accusations», etc.) et le phénomène, loin d'être marginal dans l'usage, est omniprésent. L'arbitraire de ces combinaisons de mots exige que l'information soit encodée d'une façon ou d'une autre dans un système de génération de texte, et c'est de cet encodage que je parlerai plus en détail.

 Les unités lexicales à charge culturelle, c'est-à-dire celles qui peuvent porter en elles un poids culturel qui les rendraient opaques aux personnes de cultures différentes, touchent plusieurs domaines. Des catégories sont établies par les linguistes qui se sont penchés sur la question. Selon Surmont (2000:193-194), les domaines « [...] sont entre autres les événements historiques, les fêtes calendaires, l'éducation, la politique, l'économie, le droit, les unités de temps, la technologie, les devises, l'histoire littéraire, les croyances, les coutumes, les institutions, les activités artisanales ou agricole[...]» Dans cette présentation, nous proposons une analyse du traitement lexicographique des entrées relevant du domaine de l'éducation, un domaine culturel par excellence. Il s'agit de dresser un portrait des différentes stratégies auxquelles les lexicographes ont recours afin de proposer un équivalent  en langue cible d'entrées non seulement similaires dans les deux cultures, mais aussi de celles qui sont porteuses d'une culture inexistante ou vécue différemment. L'ouvrage de référence soumis à l'étude est le Grand Robert et Collins 2008. Les recherches ont démontré que les procédés sont multiples. Nous retrouvons des équivalents dénotatifs (traduction directe de l'entrée, un emprunt ou une glose), des équivalents connotatifs (équivalent culturel ou une approximation culturelle) ou une combinaison d'équivalents dénotatifs et d'équivalents connotatifs.

La sociolinguistique a bien montré que, du point de vue linguistique et fonctionnel, toutes les variétés d’une langue s’équivalent. Cette idée a fait son chemin au point où de plus en plus de personnes conçoivent le français comme étant une langue pluricentrique où les normes endogènes de la francophonie (p.ex. du Québec) côtoient la norme exogène du « centre » (de la France). Or, cette valorisation a ses limites, comme le montre le cas du doublage québécois. Bien que les Québécois veuillent se reconnaître dans la langue des films doublés, l'Union des Artistes considère que le doublage doit être fait dans un français international neutre qui, selon elle, ne laisserait transparaitre que quelques particularités de la culture québécoise.

L’objectif de cette étude est de savoir si les Québécois sont en mesure de reconnaître un doublage fait au Québec. 296 énoncés extraits de 5 films américains préalablement sélectionnés ont été présentés à des participants âgés de 19 à 39 ans (n=40) à l’aide du logiciel de perception Parsour. Ceux-ci devaient écouter les énoncés et dire s’il s’agissait d’un extrait de la version québécoise ou française. Les résultats démontrent que l’accent québécois est souvent confondu avec l’accent français. Une analyse des énoncés en fonction de leurs caractéristiques linguistiques permettra de déterminer ce qui contribue à la perception d’un énoncé donné comme étant québécois ou français.

Steven Pinker et Paul Bloom (1990), deux représentants de la psychologie évolutionniste, soutiennent que le langage humain est une adaptation biologique ayant pour fonction la communication. Selon eux, deux critères nous autorisent à invoquer la sélection naturelle pour expliquer l’évolution d’un trait : 1) la présence d’un design complexe permettant l’accomplissement d’une certaine fonction, et 2) l’absence d’autres processus évolutifs permettant d’expliquer la complexité en question. Pinker et Bloom avancent des arguments pour démontrer que le cas du langage répond à ces deux critères et répondent aux objections de ceux qui voient une incompatibilité entre l’évolution du langage par sélection naturelle et certains principes de la théorie évolutionniste. En nous inspirant de la philosophie des sciences, nous ferons ici ressortir quelques présupposés problématiques de la position de Pinker et Bloom. Nous nous appuierons principalement sur la critique de la psychologie évolutionniste faite par Robert C. Richardson (2007). Nous examinerons le cadre théorique et méthodologique adopté par Pinker et Bloom, en nous interrogeant tout particulièrement sur ce qui constitue une bonne explication offerte en termes d’adaptation biologique.



Le pouvoir associatif de la langue devient souvent un instrument de dissociation. Dans les relations entre interlocuteurs, on constate des modes d'interaction qui oscillent entre l'hospitalité et l'hostilité. Par « hostilité linguistique », on entend l'aversion à la présence d'une autre langue, ou de certaines de ses caractéristiques. Dans les sociétés marquées par leur passé colonial, les locuteurs de l'espagnol ont tendance à mépriser les locuteurs des langues originaires. Par « hospitalité linguistique », on entend une relation de mutuelle reconnaissance et de réciprocité entre les langues. En prenant le cas de trois migrants issus de différents peuples natifs (quechua, aymara et mapuche), nous présentons leur expérience et leur perception de la discrimination linguistique et de l'acceptation mutuelle, tout en identifiant des traits linguistiques de leurs discours attribuables à la situation de contact : instabilité des voyelles i/e et o/u; neutralisation du genre et du nombre; fréquence élevée de l'utilisation des diminutifs. Tous ces phénomènes, associés à l'origine de leurs locuteurs, prédisposent à l'exercice de la discrimination; mais aussi quelques traits du contact ont été adoptés par une bonne partie des hispanophones monolingues non migrants. Bref, l'étude montre comment le contact linguistique opère dans la dynamique des sociétés racialement hiérarchisées, traversé par les hostilités et les hospitalités.

La plupart des phrases contiennent plusieurs types de significations: le point principal, ce qu’on présuppose/implicite, divers points secondaires ou « a-partés », la source de l’information, notre engagement par rapport au contenu, comment on se sent vers le sujet, etc. Les participants à une conversation peuvent exprimer leur désaccord avec n’importe quelle signification, mais cela ne se fait pas toujours de la même manière. Par exemple, plusieurs chercheurs, suivant Von Fintel 2004 et Simons et al. 2011, croient qu’il existe un contraste entre (1b) qui réfute l’assertion de (1a), et (1c) qui réfute sa présupposition.

(1) a. Personne 1: John est à nouveau au zoo.

     b. Personne 2: Non, il est malade chez lui.

     c. Personne 2: # Non, il n'a jamais été au zoo jusqu'à présent.

Cette comminication vise à répondre aux questions suivantes: (i) Quelles sont les  significations qui peuvent être directement réfutées, et (ii) quelles sont les propriétés qui déterminent si une signification peut être directement réfutée ou non. Nous présenterons notre étude qui a traité les cas de l'anglais, de l'espagnol et du catalan et dont les résultats ont démontré que ces langues sont plus hétérogènes que ce qui a été prédit dans la littérature. Nous  proposerons enfin les révisions nécessaires aux théories de contextes structurés, afin de mieux les adapter aux résultats expérimentaux, en expliquant le rôle que jouent conjointement les propriétés syntaxiques, sémantiques, et pragmatiques. 

L’apprentissage des habiletés réceptives d’une langue seconde est largement influencé par l’authenticité, l’intérêt, la pertinence, et l’adaptabilité de documents choisis, en ligne ou existant sur un support plus traditionnel. L’exploitation adéquate de ces outils est aussi tributaire de l’emploi privilégié ou non qu’en font les didacticiens et praticiens en enseignement, en fonction de leurs intentions de représentations socioculturelles et identitaires.

La réflexion que nous proposons sert au questionnement associé à la conceptualisation et la réalisation de matériel pédagogique, à partir d’un outil didactique et projet pilote publié en 2012. Une entente interinstitutionnelle a permis à 18 étudiants finalistes en journalisme de contribuer à l’élaboration d’un recueil d’activités destiné à l’apprentissage du français langue seconde (FLS).  Les activités pédagogiques proposées servent de continuum entre la langue parlée par des francophones de la communauté et les répertoires linguistiques traditionnels utilisés dans les pratiques d’enseignement du FLS. Cette initiative est un exemple de la vitalité, de la vigueur et de la richesse des communautés francophones en situation minoritaire, tout en étant en lien avec les visées pédagogiques du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) ainsi qu’en témoigne l’accueil enthousiaste que lui ont réservé  une cinquantaine d’enseignants de FLS au Canada, en France, en Belgique, au Mexique et aux États-Unis.

La pratique discursive franco-créole des Martiniquais est constituée d’alternances codiques et d’emprunts, qui confèrent à ces gens un ensemble d’expressions propres. Les études qui se sont attachées à décrire les particularismes du français martiniquais (FM) ne l’ont pas encore fait concernant l’expression du déplacement. En effet, l’encodage de la trajectoire (T) et de la manière (M) de se déplacer dépend moins de la typologie de la langue que des préférences expressives (style rhétorique) d’une communauté donnée. C’est pourquoi il existe différentes stratégies pour lexicaliser ces informations sémantiques au sein d’une même langue et de ses variétés. Pour vérifier si l’encodage de M et de T est différent en FM (en raison des particularités culturelles et linguistiques de la Martinique, ile française), nous avons demandé à des enfants de 7 ans (=18) et à des adultes (=10) parlant le FM de raconter une histoire à partir d’images (Frog, where are you?) puis de décrire des images de déplacements. Les données recueillies seront comparées aux enfants de 7 ans (=20) et aux adultes (=5) du Frog Story/French-Lyon Corpus de Hickmann et Kern en ligne sur CHILDES. L’analyse préliminaire du FM nous montre la présence de constructions verbe + préposition qui divergent de l’emploi français. Des analyses quantitatives nous indiqueront la fréquence d’utilisation des différentes constructions pour parler du déplacement en FM ainsi que la présence de constructions propres au FM.

Les affixes dérivationnels ont un caractère particulier qui rend délicat leur intégration dans les dictionnaires : il s’agit d’unités linguistiques non autonomes qui ont un sens constructionnel plutôt que référentiel, une combinatoire réduite et une forte polysémie. En raison de leurs caractéristiques intrinsèques, ils sont souvent négligés dans les dictionnaires généraux de langue ou spécialisés.

En français, un exemple illustrant l’ensemble des problèmes relatifs aux affixes serait le suffixe -IER qui présente également une alternance en genre, une allomorphie phonotactiquement conditionnée et une importante productivité synchronique. Il s’adjoint à des bases nominales afin de créer des noms d’agents, d’instruments et de contenants, et des adjectifs. Il a été l’objet d’une analyse unifiée (Corbin et Corbin 1991) et d’une analyse polysémique (Roché 1998).

Partant de l’analyse polysémique adoptée par Roché, nous comptons proposer des articles de dictionnaire s’inscrivant dans la lexicologie explicative et combinatoire de laquelle découle le Dictionnaire explicatif et combinatoire du français (entre autres, Mel’cuk et al. 1984, 1988, 1992, 1999).

Les voyelles fermées /iyu/ peuvent être réalisées de multiples façons en français québécois. Sous accent, trois variantes se distribuent de manière complémentaire. Il s’agit des brèves tendues (en syllabe ouverte), des relâchées (en syllabe fermée par une consonne non allongeante), et des allongées (en syllabe fermée par une consonne allongeante). Les caractéristiques spectrales des allongées ont été peu étudiées et des rapports de durée contradictoires sont rapportés dans la littérature entre les tendues et les relâchées. Cette contribution vise à déterminer les caractéristiques acoustiques qui distinguent ces trois types de variantes. Pour ce faire, 1350 occurrences produites lors d’une tâche de lecture oralisée par 30 locuteurs de Rouyn-Noranda, de Saguenay et de Québec ont été analysées. Leur durée a été relevée, puis la fréquence fondamentale et la fréquence centrale des trois premiers formants (F1, F2, F3) ont été estimées à 25, 50 et 75 % de la durée. Nos résultats indiquent que les tendues présentent le F1 le plus bas et les relâchées, le F1 le plus élevé; les allongées se situant entre les deux. En cours d’émission, les tendues et les allongées se tendent, mais les relâchées se centralisent. Les allongées sont celles qui présentent les trajectoires les plus longues dans un diagramme F1/F2. Le rapport de durée entre tendues et relâchées semble dépendre du voisement des consonnes adjacentes. Quelques différences régionales ont également été mises au jour.

Maladie bipolaire.Paranoïa. Psychose.La lecture de ces termes évoque des représentationspropres au contexte social dans lequel nous nous trouvons.En effet, comme la maladie mentale est à la fois interprétée et construite socialement, les façons de se la représenter varient d’un groupe à l’autre (Bélanger, 2001).  

 

Les précédentes études au sujet des représentations de la maladie mentale au sein de la société québécoise ont principalement porté sur les personnes atteintes de maladie mentale. Ces travauxont permis d’identifier la perception des gens en regard des façons de nommer les personnes atteintes de troubles de santé mentale (Green et al., 1987 ; Beiser et al., 1987 ;Poulin et Lévesque,1995)ou de mieux comprendre comment les gens identifient et décrivent la maladieainsi que la façon dont ils réagissent à son égard (Bélanger, 2001).  

 

Toutes ces études traitent de la maladie mentale comme un phénomène indifférencié, mais aucune ne porte sur les désignations de la maladie mentale.Nous nousproposonsdonc d'étudier le sens de termes issus de la psychiatrie dans le discours courant, soit celui produit par des non-psychiatres.À partir d’un corpus composé de documents écrits, nous analyseronsle sens des termes bipolaire, paranoïa et psychoseà travers le processus de progression des termes vers l’usage courant. Nous tenterons de voir quels éléments expliquent leur processus de modification sémantique, s'il y a lieu.

La langue française contient un grand nombre de mots dont l’étymologie remonte à un nom propre (proprionyme). Les mots ainsi créés, qu’on nomme onomastismes, abondent tant dans la langue générale que dans les langues de spécialité. Le mot saxophone, par exemple, a été formé à partir du nom de son inventeur, Adolphe Sax. Le mot dahlia a pour sa part été créé en hommage au botaniste suédois Anders Dahl, qui en fit la découverte au XVIIIe siècle.

Derrière la lexicalisation des noms propres se trouvent une histoire et un mécanisme qui touchent des éléments et des règles tantôt linguistiques, tantôt extralinguistiques. Dans le cadre de notre recherche doctorale, nous nous sommes intéressée à l’aspect linguistique des onomastismes. De façon plus précise, nous avons étudié un corpus de 720 onomastismes relevés du Nouveau Petit Robert. Cela nous a d’abord permis de dresser une typologie des modes de formation des onomastismes ainsi que de mesurer la productivité du nom propre à travers les siècles en tant que procédé de formation de noms communs. Nous nous sommes ensuite penchée sur le traitement dictionnairique des onomastismes dans trois dictionnaires français contemporains (le Nouveau Petit Robert, le Petit Larousse illustré et le Dictionnaire Hachette), ce qui nous a permis d’identifier la façon dont les lexicographes répertorient les onomastismes et les critères de sélection qu’ils emploient.

La communication que nous proposons vise à rendre compte des résultats de notre étude.

Il existe plusieurs outils de correction pour le français, tels qu'Antidote et Le Bon Patron, pour ne citer que ces deux-là. Cependant, ces systèmes, basés sur des règles, peinent à saisir les spécificités des écrits en langue seconde, souvent déviants des normes (Affes et al., 2023), ce qui provoque un échec d'analyse. Cette approche rend difficile la détection d'erreurs pour les apprenants de français langue seconde. Une solution plus adaptée serait d’utiliser des modèles linguistiques de grande envergure (LLM), qui nécessitent cependant d'importantes quantités de données parallèles, souvent rares pour le français. Les systèmes commerciaux ont tendance à surcorriger, dépassant parfois la correction grammaticale traditionnelle et interprétant mal certaines phrases. Les corpus publics, comme Lang-8, sont inadéquats sans adaptation, et d'autres corpus générés artificiellement produisent des erreurs non représentatives de la compétence réelle des apprenants. Notre projet vise à créer un corpus de 25 000 exemples, corrigés et annotés, ainsi qu'un modèle logiciel ouvert (open source), basé sur Llama 3.1, nommé Le Grammairien, surpassant les correcteurs actuels dans les tâches de correction automatique des productions écrites des apprenants du français langue seconde.

Depuis quelques années, la théorie sémiotique a exploré le territoire des signes en relation aux faits sociaux. Le concept de sociosémiotique s’est alors imposé dans la recherche sémiotique à partir de certains ouvrages de sémiologie française (Landowsky [1989], Greimas [1976]) et italienne (Pozzato [1992, 1998, 1999]). Au Québec, cette question, en plus des enjeux épistémologiques qu’elle soulève au sein de la sémiologie générale, est pourtant laissée pour compte. La sociosémiotique n’est pas une application élargie des méthodes de la sociolinguistique (Klinkemberg [1996]), mais plutôt l’étude des conditions de possibilité du social. Ainsi, le social ne serait pas une donnée empirique à l’état brut, mais un effet de sens construit par des processus particuliers (Marrone [2001]).

L’objet principal de la sémiologie est la relation entre deux termes (expression et contenu) construite par les agents cognitifs: la signification. Notre thèse cherchera alors à démontrer en quelle mesure ce lien est socialisé, par exemple via des institutions et des codes sociaux et collectifs qui caractérisent la signification comme étant supra-individuelle.

Le but de notre communication sera à la fois d’ouvrir ce débat au Québec et d’illustrer les principaux concepts théoriques à travers une analyse concrète du printemps érable, afin de répondre au principal défi de la sociosémiotique: construire le chaînon manquant entre philosophie du langage et analyse des phénomènes sociaux (Fabbri [1998]).

Cette communication présente une thèse doctorale soutenue dans le cadre d’un Programme de Doctorat en Sciences de l’Éducation de la Faculté d’Éducation de l’Université de Brasilia, au Brésil. Le référentiel théorique de cette étude dresse une approximation conceptuelle entre la jeunesse et les langues étrangères, ainsi que l’enseignement, l’historique de la législation et des politiques d’enseignement de langue étrangère dans le pays et dans le District Fédéral (DF). Une triangulation méthodologique de l’interprétation des données qualitatives avec la Méthode Documentaire et l’Analyse Conversationnelle a été réalisée. Les résultats de la recherche ont montré que l’étude d’une langue étrangère représente un parcours, des expériences collectives et une projection d’avenir pour les jeunes. Parmi les enseignant(e)s, actifs(ves) ayant moins de 29 ans, nous avons aussi observé qu’ils/elles peuvent être un modèle de réussite professionnelle en faisant état d’une flexibilité et d’une capacité plus grande de s’adapter aux changements. Concernant l’enseignement de langues, nous avons constaté des différences significatives entre les enseignant(e)s qui appartiennent à la première génération de professeurs de langues dans le DF et les jeunes enseignant(e)s d’aujourd’hui. Il en est ressorti respectivement une conception de l’enseignement comme une profession à vie pour les uns et comme un niveau initial d’une autre carrière professionnelle pour les autres.

Les collocations en malgache- langue nationale de Madagascar, de famille malayo-polynésienne demeurent encore un champ d’investigation quasi-vierge. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous nous sommes intéressés à l’étude des collocations adjectivales telles anatra mafonja ‘conseil solide’, hevitra mitombina ‘argument valable’, safidy masina ‘un choix judicieux’, etc.

Qualifiée d’expression semi-figée, la collocation, selon la terminologie de Hausmann (1979), est une expression composée de la base et du collocatif. Le premier constituant d’une collocation - la base - est libre et le deuxième, c’est-à-dire, le collocatif, est restreint. La Fonction Lexicale (FL), est un outil formel dont dispose la théorie Sens-Texte, théorie avec laquelle nous allons aborder notre analyse, pour la description des collocations. Une FL, formellement, est une formule f(x) = y dont f est le sens qui s’applique à un mot-clé ou argument x pour donner une valeur y. Par exemple, la FL Magn appliquée à l’argument fisaorana ‘remerciement’ donne les valeurs suivantes :

Magn(fisaorana) = feno litt.‘rempli’, mitafotafo ‘profond’

et forme des collocations adjectivales fisaorana feno ‘un grand remerciement’, fisaorana mitafotafo ‘un profond remerciement’.

Ainsi, notre article traite les différents sens de collocations adjectivales, le rôle qu’occupent les adjectifs dans le syntagme collocationnel, la typologie de ces collocations et leur description lexicographique.

Les dialectes (variétés régionales d’une langue) sont centraux aux attitudes des enfants envers les locuteurs et locutrices (Arredondo & Gelman, 2019). La formation des attitudes implique trois étapes : 1) l’identification de l’origine d’une locutrice d’après la prononciation; 2) la catégorisation d’une locutrice comme membre d’un ou de plusieurs groupes; et 3) l’attribution de traits d’après des stéréotypes au sujet du ou des groupes (Lambert, 1960). Nous nous focalisons sur l’étape 1 en explorant comment les enfants d’expression française en Alberta distinguent différents dialectes. La diversité de cette communauté de langue officielle en situation minoritaire nous permet d’explorer l’impact de l’appartenance d’une locutrice à plusieurs catégories sociales sur les jugements.

Nous avons présenté des paires de clips audio à des enfants (n = 137, âgés de 5 à 12 ans) et leur avons demandé si deux locutrices « viennent de la même place ou de deux places différentes ». Les enfants de 7 ans et plus pouvaient systématiquement regrouper les dialectes « canadiens » vs « internationaux ». De plus, ces enfants étaient plus susceptibles de distinguer les locutrices de différents groupes ethniques. Nos résultats suggèrent que les enfants créent des catégories de « nous » vs. « eux » et qu’ils ne raffinent pas ces groupes pour inclure des origines régionales plus précises que plus tard. Notre étude a comme objectif de mettre en question les attitudes afin d’assurer la vitalité de la communauté franco-albertaine.

Apprendre à utiliser correctement l’opposition sémantique « canté / he cantado » (je chantai / j’ai chanté) peut s’avérer une tâche ardue pour les apprenants de l’espagnol langue étrangère dont la langue maternelle est le français (Brisson: 1999). Cette difficulté a son origine, d’une part, du fait que cette distinction n’est plus fonctionnelle dans la langue orale du français. Ces deux effets de sens (aoristique et accompli respectivement) sont traduits en surface par une seule forme, «J’ai chanté», correspondant au passé composé (Gosselin: 1996).

Cette proposition présente les résultats de notre recherche basée sur la participation de 79 étudiants universitaires francophones. Notre recherche avait deux volets: évaluation (prétest et post-test) et intervention (deux ateliers). Dans la partie évaluative, nous voulions savoir si, au niveau cognitif, les locuteurs francophones peuvent saisir la différence sémantique malgré la disparition de la dichotomie formelle. Les résultats nous indiquent que le locuteur francophone fait encore une discrimination entre un sens ou l’autre. Le post-test avait pour objectif de vérifier l’apprentissage de trois habiletés distinctes : a) associer une forme à un contexte approprié (taux de réussite de 70%) ; b) identifier les marques de temps qui régissent l’usage du PPS et du PPC (taux de réussite, 60%) ; et c) comprendre le sens véhiculé par chaque forme verbale (taux de réussite de 80%).



Une écoute attentive de conversations à bâtons rompus montre que celles-ci sont parsemées d’hésitations, de pauses dites remplies comme euh, de répétitions, d’autocorrections, de lapsus, etc. Notre recherche porte sur ces imperfections que l’on qualifie habituellement de ratés. Le but est double. Il s’agit 1) de déterminer les mécanismes d'interrelation qui sous-tendent la production de deux paires de ratés (amorce de mot et répétition ainsi qu'amorce de syntagme et répétition) et 2) de vérifier si ces deux paires de ratés exercent une pression l'une sur l'autre dans le tour de parole.

À cette fin deux corpus multimodaux de conversations authentiques sont exploités : le Corpus de langue parlée en interaction (CLAPI) de l’Université de Lyon 2 et le Corpus de français parlé au Québec (CFPQ) de l’Université de Sherbrooke. Un premier coup de sonde dans ces corpus démontre l'existence d'interrelations entre les deux paires de ratés étudiées, mais leur mécanisme et leur influence mutuelle reste à déterminer. 

La recherche s’inscrit dans le champ des études interactionnistes qui focalisent l’attention sur le fait que le locuteur engagé dans une conversation à bâtons rompus construit son discours au coup par coup, en s’ajustant constamment aux réactions de l’interlocuteur produites de manière vocale et mimogestuelle. La recherche permet de mieux cerner le fonctionnement de l'oral spontané en approfondissant les connaissances sur les ratés de l’oral dans une perspective interactive.

 L'ANL a été conçue au Canada par Claude Germain et Joan Netten dans le contexte de l’influence grandissante des neurosciences dans le domaine de l’éducation. Elle repose principalement sur les recherches de Michel Paradis (2004, 2009), de Nick Ellis (2008) et de Norman Segalowitz (2010).

L’ANL s’appuie sur l’idée de développer de manière indépendante, en salle de classe, les deux composantes de toutecommunicationeffective : i) unecompétenceimplicite, ou l’habileté à utiliser spontanément, à l’oral, une L2/LE; ii)  le savoir explicite, ou la conscientisation de la façon dont une langue fonctionne, les règles degrammaireet levocabulaire. Cette dimension de l’approche est basée sur les recherches de Paradis (2009) et de Nick Ellis (2008). En effet, les recherches de Paradis font une nette distinction entre le savoir explicite, ou grammaire externe, qui est le savoir conscient au sujet d’une L2/LÉ, qui relève de la mémoire déclarative, et la compétence implicite, qui relève de la mémoire procédurale.

Nous aimerions présenter ici les résultats de l’application de l’ANL dans des classes d’ELE et FLE à l’Université du Québec à Montreal en 2014 et 2015. Nous présentons un exemple d’unité pédagogique en ELE et en FLE, des analyses de productions orales, notamment au niveau de la fluidité acquise. Nous nous proposons également de discuter des difficultés rencontrées en classe et dans la préparation des unités didactiques et des stratégies mises en place pour les surmonter.



Les apprenants du français langue seconde (L2) d’origine hispanophone éprouvent de la difficulté à percevoir /b/ et /v/. Selon le modèle d’assimilation en langue seconde (Best et Tyler, 2007), cette difficulté s’explique par l’absence du phonème /v/ en espagnol. L’apprenant assimilerait alors les deux phones de la L2 à une catégorie de la langue première (L1). Cependant, des observations empiriques montrent que les apprenants d’origine hispanophone, malgré leur difficulté à percevoir le contraste entre /b/ et /v/, produisent cette distinction sur le plan phonétique. La recherche sur l’acquisition de la phonologie en L2 montre que l’input écrit peut affecter la prononciation en L2 (Bassetti, 2008). Cette communication présente les résultats d’une étude menée à Montréal dont le but était d’observer l’effet de l’input écrit sur la prononciation du phonème /v/ chez les hispanophones. Cet effet a été observé chez 60 participants à l’aide de quatre tâches proposées dans des conditions différentes. Les résultats préliminaires montrent que malgré la difficulté en perception, les hispanophones sont capables de réaliser [v] lorsqu’ils connaissent la relation graphème <v> phonème /v/. Des analyses acoustiques réalisées avec PRAAT ont permis d’observer que certains participants associent chaque phonème /b/ et /v/ à une catégorie phonétique différente, mais leurs gestes articulatoires n’étant pas encore bien acquis, ils produisent un [v] occlusif labiodental voisé (plutôt qu’une fricative).

Plusieurs études ont analysé le français québécois (FQ) familier, mais peu se sont concentrées sur le FQ soutenu. Les entrevues télévisées permettent de combler cette lacune. Dans cette communication, nous examinons la variation sociostylistique en FQ dans un corpus d’entrevues avec des personnalités publiques, en portant notre attention sur la référence temporelle au futur (RTF).

Les travaux sur la RTF en FQ montrent que l’usage du futur périphrastique (il va partir) est plus fréquent que celui du futur simple (il partira); le présent à valeur du futur (il part demain) est rare. De plus, la RTF est soumise à des contraintes linguistiques et à une stratification sociale en FQ: le futur simple apparaît surtout dans les phrases négatives et revêt un prestige manifeste.

Nous étudions non seulement le rôle du thème de conversation et du degré de familiarité entre les interlocuteurs, mais aussi celui du contexte, en comparant un sous-ensemble de locuteurs interviewés dans 2 contextes conversationnels: l’un où ils abordent des thèmes personnels, l’autre où ils interviennent professionnellement face à un journaliste. Malgré le prestige social lié au futur simple, nous montrons que la RTF en FQ résiste à la variation intrapersonnelle (ou stylistique); il s’agit donc d’un indicateur plutôt que d’un marqueur sociolinguistique.

En analysant la variation sociostylistique en FQ soutenu, cette étude contribue à l’avancement des connaissances en linguistique française et en sociolinguistique.

La notion d’accent est complexe car elle recouvre deux phénomènes parfois difficiles à distinguer : la variation dialectale du locuteur natif et le parler du locuteur non-natif (Goslin, Duffy, & Floccia, 2012). La différence est particulièrement ténue en ce qui concerne la perception des propriétés acoustiques telles la prosodie et la durée des segments (Aoyam & Guion, 2007).
De plus, on note des variations intra-individuelles entre L1 et L2 au niveau de  la hauteur des formants (Chen, 2009;
Sereno & Wang, 2007). La présente étude s’intéresse à la capacité à percevoir les différences L1 et L2 de caractéristiques phonologiques de longueur et de hauteur d’émissions sonores de source non vocale, domaine relativement peu exploré (Pichette, 2013). Un total de 15 adultes francophones seront soumis à des tests de différentiation perceptuelle d’émissions
éructatives et flatulentielles basée sur la technique éprouvée du Matched-guise (Lambert, 1967), administré individuellement, par l’écoute de 10 émissions présentées aléatoirement pour chaque personne. L’exactitude de l’identification de même que le temps de réponse serviront à comparer les sous-groupes. L’hypothèse de recherche veut que les marqueurs dialectaux et non-natifs soient moindres pour ces formes de production sonores.

Les variétés d’anglais, d’espagnol et de portugais d’Amérique présentent depuis longtemps des traits linguistiques les distinguant de leurs contreparties européennes. Ne faisant pas exception à cette tendance, les français d’ici demeurent toutefois stigmatisés puisque souvent associés au parler des classes populaires ou à des styles 'trop informels'. Le français laurentien, en usage chez les Québécois et leurs descendants en Ontario et dans l’Ouest canadien, n’est pourtant pas exempt de registres soutenus, dont l’essentiel reste à décrire et à modéliser.

Dans cette communication, je pose les balises de l’usage du français laurentien que font les élites culturelles du Québec en contextes (semi-)formels, en me basant sur un corpus télévisuel récent tiré de deux émissions, On prend toujours un train et Le Point, diffusées sur les ondes de Radio-Canada. À la lumière d’analyses quantitatives issues de la sociolinguistique variationniste, je démontre que l’usage soutenu d’ici ne se distingue que peu de celui de la France hexagonale en ce qui a trait à trois variables morphosyntaxiques : l’alternance des auxiliaires (p.ex., il est / a monté), la négation verbale (p.ex., tu ne / Ø ris pas) et la référence temporelle au futur (p.ex., on arrivera / va arriver). En examinant la variation socio-stylistique en français canadien du 21e siècle, la présente étude offre une contribution utile tant pour la sociolinguistique française que pour l’enseignement de l'oral en contexte nord-américain.