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L’acculturation est le processus de changement culturel et psychologique résultant du contact entre deux groupes culturels ou plus et leurs membres (Berry, 2005). Le modèle de l’acculturation de Schumann (1986) prédit que le succès d’un apprenant d’une langue seconde (L2) dépend de la distance psychologique et sociale d’un individu par rapport au groupe parlant la langue cible. La mesure de l’acculturation doit cependant considérer l’intégration du nouvel arrivant à sa communauté d’origine et à sa communauté d’accueil. Pour cette étude, nous avons bâti un questionnaire d’acculturation inspiré de Ryder et coll. (2000) en l’adaptant au contexte québécois. Nous avons sondé 31 participants de la Colombie et du Venezuela en mettant en lien leur niveau d’acculturation, leur prononciation, mesurée au moyen d’une tâche de lecture de phrases et leur compétence langagière, mesurée à l’aide d’une entrevue, en français L2. Ainsi, nous avons testé auprès de Latino-Américains vivant à Montréal l’efficacité de notre questionnaire d’acculturation en L2. Des analyses corrélationnelles ont confirmé l’existence d’un lien significatif entre le niveau d’acculturation par rapport au groupe majoritaire et la prononciation. Une analyse en parallèle a permis de déterminer l’existence de deux facteurs, soit les deux sous-dimensions de l’acculturation. Les résultats seront discutés au regard des études antérieures et les implications pour une mesure du niveau d’acculturation en L2 seront présentées.

La Révolution tranquille a profondément affirmé l’identité québécoise, jusqu’à l’aboutissement du mouvement séparatiste. Aunger (1999, p. 292) affirme que depuis : « […] l’autonomie politique dévolue à chaque province par le régime fédéral semble affaiblir [l’] identité pancanadienne [et que] la nation canadienne-française actuelle se trouve de plus en plus fragmentée en groupements provinciaux. » Plusieurs identités ont effectivement émergé. Les francophones vivant à l’ouest du Québec s’identifient maintenant en tant que Franco-ontariens, Franco-manitobains, Fransaskois, Franco-albertains et même Franco-colombiens.

Dans notre communication, nous présenterons les résultats d’une analyse qui vise à évaluer l’impact de l’identité linguistique sur le parler de 30 jeunes Franco-Ontariens natifs de Casselman. Notre étude est fondée sur l’examen d’un corpus d’entrevues semi-dirigées recueillies en 2010.

Dans un premier temps, nous exposerons brièvement les origines de la communauté franco-ontarienne de Casselman, ainsi que ses principales caractéristiques démolinguistiques. Puis, nous présenterons la méthodologie de notre recherche. Par la suite, nous traiterons des différentes identités auxquelles se rapportent actuellement les jeunes interviewés. Enfin, nous mesurerons concrètement l’influence du facteur « identité linguistique » sur les productions réelles de ces locuteurs, par le biais d’une analyse variationnelle de l’emploi de so / fait que / donc / alors.

Élan de l’article sur la dramatisation chez les enfants de l’école primaire fut la fable de la cigale et de la fourmi rencontrée en classe de français langue seconde.

Après une invitation réalisée par l’Université LAVAL de participer à la semaine des lettres et des sciences humaines avec un atelier, l’article présente l’effet que la dramatisation peut apporter en didactique de français langue seconde, utilisée comme support d’approche interdisciplinaire pour apprendre la langue. Tout en respectant l’équilibre entre la théorie et la pratique, les participants vont découvrir le progrès que les débutants font en apprenant une langue seconde. S’ils souhaitent de plus participer à des examens de certification de langue, un bon résultat est assuré. Les participants réaliseront la valeur et l’utilité de la dramatisation en classe de langue seconde. Elle encourage l’apprentissage d’une langue seconde. Venez nombreux découvrir les aventures didactiques et culturelles de la cigale et de la fourmi. Mots clés : Dramatisation - fable – didactique de langue seconde - culture – approche interdisciplinaire.

                                                         Hegel et la langue artificielle de la philosophie.

Certains traducteurs et interprètes de Hegel prétendent que Hegel a voulu emprunter la langue commune dans toute son  œuvre afin de préserver le caractère naturel de sa pensée dans sa langue maternelle. Il est vrai que Hegel emploie souvent des locutions concrètes dans un style imagé qui contraste avec les énoncés spéculatifs de la réflexion abstraite. Mais là-dessus précisément Hegel a-t-il mis l’accent pour recourir à une langue artificielle (Kunstsprache)  afin de rendre compte des déterminations réflexives  (reflektierte Bestimmungen), comme il dit dans la  Wissenschaft der Logik I, (pp. 94-95) en se référant au lexique latin. C’est là précisément que Hegel discute du double sens de Aufheben qu’il compare au tollere latin (en citant le mot de Cicéron sur « tollendum esse Octavium ») et qu’il invoque l’exemple du levier (Hebel) pour décrire les forces opposées dans ce qu’il faut bien appeler le moment cinétique. Ce terme même de moment < das Moment > vient du latin momentum et signifie quantité de mouvement comme dans la physique newtonienne que Hegel a pourtant critiquée pour son mécanisme. Or le caractère dynamique de la notion de moment chez Hegel n’a pas été relevée souvent, e.g, B. Bourgeois dans son Vocabulaire de Hegel a négligé de lexicaliser ce terme omniprésent dans la langue artificielle de Hegel. 

Les recherches ont montré que plusieurs facteurs, soit la connaissance du vocabulaire, les connaissances antérieures, les connaissances métalinguistiques, les connaissances syntaxiques, les stratégies de lecture, etc., influent sur la compréhension de la lecture académique en L2. Cependant, afin de mieux saisir comment les lecteurs arrivent à la compréhension réussie des textes universitaires, il s’avère important de déterminer quels facteurs ont le plus grand poids explicatif. À cette fin, nous avons mené une étude auprès de 75 étudiants iraniens, inscrits aux études supérieures, qui se sont soumis à des épreuves de compréhension en lecture (TCF-CÉ), de connaissance du vocabulaire (profondeur : Qian & Schedl, 2004 et taille en fonction de familles de mots, 2,000, 3,000, 5,000, 10,000 et académiques : Nation, 1990), de conscience syntaxique (Hammill, Brown, Larsen & Wiederholt, 2007) et de conscience métacognitive (Taraban, Kerr & Ryneason, 2004). Les résultats de l’analyse statistique SPSS et de l’analyse de régression multiple montrent que 56.88% de la variation du score de compréhension en lecture peut être expliqué par les variables Taille 3,000Totale et PhraseTotale. De ces deux variables, Taille 3,000Totale est la plus importante des deux. Elle contribue à elle seule à expliquer 49.61% de la variation du score de compréhension en lecture chez nos sujets, ce qui signifie la grande importance qui devrait être accordée à ces deux dimensions de la connaissance de la langue.

 

L’exposé que je propose porte sur le dialecte inuktitut de la baie d’Hudson, et traite
de récents changements morphosyntaxiques dans les constructions transitives. Il
existe peu de travaux linguistiques qui ont étudié l’inuktitut du Québec,
hormis les travaux de Lucien Schneider (1966; 1976; 1979) et de Louis-Jacques
Dorais (1977; 1978), ainsi que des publications en pédagogie (Mallon, 1992;
Ortiz, 1993). À l’été 2011, j’ai effectué une collecte de données à Inukjuak. L’examen
du corpus linguistique révèle que les analyses proposées par les auteurs ci-dessus
ne rendent pas compte de données actuelles. Traditionnellement, il est reconnu
que l’inuktitut affiche un alignement morphologique ergatif, c’est-à-dire que
le sujet d’une construction intransitive et l’objet d’une construction
transitive sont marqués morphologiquement de la même façon, tandis que le sujet
d’une construction transitive reçoit une marque morphologique distincte (un cas
ergatif). Il est admis aussi que l’inuktitut présente un syncrétisme morphologique
entre les constructions transitives et possessives. Ces caractéristiques ont
été rapportées dans tous les dialectes de la langue inuite. Or, dans le dialecte
de la baie d’Hudson, la marque casuelle ergative n’est plus employée, et le
syncrétisme entre les constructions transitives et possessives est ainsi en
train de disparaître. Ma communication vise à analyser ces changements et leurs
implications dans le fonctionnement de la transitivité dans ce dialecte.

Cette étude a examiné si la parole des adultes comprend des indices acoustiques qui marquent les catégories syntaxiques. Les sujets étaient des adultes Québécois francophones. Dans l’expérience 1, les sujets ont lu des énoncés [Dét+Nom] et [Pron+Verbe]. Les noms et les verbes étaient des pseudo-mots (par ex., mige, crâle) contrebalancés dans la présentation des énoncés. Les résultats suggèrent que les deux types d’énoncés ne diffèrent pas dans les mesures de leur prosodie : la production des pseudo-mots en nom ou en verbe était équivalente au niveau des caractéristiques prosodiques. L’expérience 2 a mesuré si des énoncés plus longs étaient produits avec des indices acoustiques qui supportent les unités grammaticales. Les mêmes pseudo-mots furent les derniers mots (contrebalancés) dans les deux structures suivantes: 1) [Dét+Adj+Nom] et 2) [[Dét+Nom]+Verbe]. Les résultats ont montré que le dernier mot en tant que nom vs verbe diffère significativement au niveau de la durée, amplitude et intensité; la consonne initiale dans la production du verbe était plus longue, et précédée d’une pause distincte. Le mot précédant le verbe (2) a présenté des indices de frontière distincts (durée, amplitude, intensité), significativement différents que le mot précédant le nom (1). Nous suggérons que les indices dans la parole peuvent aider les bébés à segmenter des énoncés, pour par la suite acquérir les propriétés syntactiques des mots et autres unités syntaxiques selon leur distribution.

Cet article vise à étudier les perceptions et les attitudes des élèves dans les programmes de français langue seconde (FLS) de l'Ontario, et les impacts potentiels que ces attitudes pourraient avoir sur la participation future à l’apprentissage du FLS dans les écoles secondaires de la province. Plus précisément, cette article tente de répondre à la triple question suivante : Comment le programme actuel de FLS de l’Ontario est-il perçu par les élèves, qu’est-ce qui peut influencer ces perceptions, et quelles sont certaines des implications possibles pour l’avenir du FLS en Ontario, surtout en ce qui concerne la participation ? Les données analysées dans cette article ont été obtenues dans six écoles secondaires de trois conseils scolaires de l’Ontario, dont deux catholiques et le troisième public. Ces données étant essentiellement quantitatives, les calculs ont été effectués à l’aide du logiciel Statistical Package for the Social Sciences (SPSS), version n° 26, dans le but d’analyser les observations et les relations pertinentes au sein des données recueillies. Les pourcentages ont été calculés à partir du nombre total de réponses données à chaque question spécifique. L’une des conclusions auxquelles cette étude est parvenue est que, pour davantage développer le programme de FLS en Ontario et promouvoir la participation des élèves à l’apprentissage de cette langue, les aptitudes à l’expression orale des élèves devront faire l’objet d’un intérêt tout particulier. 

L’approche d’enseignement bilingue aux élèves sourds implique qu’une connaissance métalinguistique de la langue des signes est nécessaire au développement de mécanismes d’analyse efficaces de la langue écrite (Mugnier, 2006). Dans le cadre de ma maitrise, je m’intéresse à l’utilisation de la subordonnée relative en français écrit par les scripteurs sourds, en comparaison avec les formes d’expression des relations de subordination relative (SR) en LSQ. Dans cette présentation, j’exposerai les résultats de la description des structures grammaticales de SR en LSQ. En premier lieu, je présenterai une synthèse des écrits sur la subordination dans différentes langues (caractéristiques de formes et de sens). En deuxième lieu, je présenterai la grille d’annotation servant à la description des formes et des sens de SR repérés dans un corpus de cinq récits LSQ produits par cinq signeurs sourds. J’utiliserai le logiciel ELAN (Crasborn et Sloetjes, 2008) pour l’annotation et la transcription matricielle de données multicouches. La localisation spatiale et l’utilisation de marqueurs non manuels étant définis comme des éléments formels du marquage des relations propositionnelles en LSQ (Chénier et James, 2014 ; Parisot, sous presse), cet outil permet de décrire l’ensemble des marqueurs identifiés (lexicaux, spatiaux et non manuels) pour l’expression des relations de SR dans notre corpus. Cette analyse descriptive présentera un premier portrait de l’expression de la SR en LSQ.

Les jeunes descendants de migrants algériens peuvent être considérés comme une source indéniable d’apprentissage pour les locuteurs algériens, non seulement pendant leurs séjours en Algérie, mais aussi quand ils sont en France à travers les différents moyens de communication tels que les Technologies de l’Information et de la Communication (TICES) considérées comme l’une des modalités d’échange les plus répandues de nos jours.

Pourrait-on considérer les TICES comme un moyen efficace pour apprendre et perfectionner le niveau des étudiants dans la langue française à travers leurs échanges avec des locuteurs français?

L’objectif de cette communication est de déterminer le rôle des TICES dans l’apprentissage informel du français en Algérie.

Afin de mieux connaître les modalités langagières utilisées lors des tchats entre les locuteurs algériens et leurs cousins habitant en France, nous avons décidé d’effectuer des entretiens semi- directifs avec des étudiants de 1ére année de langue française de l’université de Guelma.

Notre proposition de communication a pour objet le discours politique gabonais. Il ressort de l’observation de ce dernier une forte prégnance de Bongo, mettant en lumière une relation particulièrement asymétrique entre les énonciateurs de ces discours et le Président gabonais. Cette présence ostentatoire du Chef gabonais dans le discours interpelle. S’agirait-il d’un cas d’effacement des politiques gabonais face à ce que nous qualifierons d’une « haute autorité énonciative » ? L’effacement énonciatif, dorénavant (EE), se définit principalement par une absence plus ou moins « claire » de source énonciative. La question de la neutralité énonciative au sens d’un énonciateur ²universel² [Vion, 2001 :334] qui chercherait à effacer les marques d’une quelconque subjectivité se pose. A partir d’une approche énonciative et argumentative émanant de l'analyse du discours, nous souhaitons examiner les différents procédés linguistiques qui permettent de soutenir un effacement énonciatif opérable dans les discours politiques gabonais. Notre démarche nous mènera préalablement à expliciter le phénomène d’EE avant d’être conduit par la suite à voir en quoi celui-ci peut être corrélé aux discours politiques gabonais, notamment, à travers le discours rapporté. Nous ferons la démonstration, in fine, que l'EE participe d’une énonciation supérieure, c’est-à-dire d’un hyperénonciateur tel que l’entend notamment Maingueneau [2004].









Les individus bilingues alternent souvent entre deux codes linguistiques ou registres particuliers à deux langues dans une même phrase, comme dans « La ballerine is dancing » (Poplack, 1980). Puisque l'alternance de code linguistique peut être difficile à traiter pour les adultes bilingues (Grainger & Beauvillain, 1987), les enfants bilingues pourraient avoir autant plus de difficulté à traiter un mélange de deux langues; une telle éventualité pourrait avoir d'importantes conséquences sur l'acquisition du langage.

Cette étude vise à comprendre l'impact de l'alternance de code linguistique sur l'acquisition et la compréhension des mots chez les enfants bilingues. Des analyses des mouvements oculaires nous ont permis de savoir si les enfants sont capables de reconnaitre un mot entendu dans une même langue «Regarde! Le chien!» et dans un mélange de deux langues «Regarde! The dog!». Nos résultats préliminaires indiquent qu'à 20 mois, les enfants bilingues (n  = 10) sont capables de reconnaitre un mot dans une phrase mixte aussi bien que dans une phrase énoncée dans une seule langue. Ces résultats attestent d'une habileté remarquable des enfants d'identifier un référent dans un discours unilingue et mixte.

L'analyse d'une centaine d'appels d'urgence 911 démontre que plusieurs appelants, lorsqu’ils répondent aux questions du répartiteur, produisent des marqueurs épistémiques (Whalen et Zimmerman, 1990). Ces marqueurs, des éléments linguistiques de formes diverses, leur permettent d'exprimer leur degré de certitude à propos des informations qu'ils fournissent au répartiteur ainsi que la source de leur savoir (ex. la perception sensorielle) (Dendale, 1991). En produisant des marqueurs épistémiques, l’appelant peut moduler sa responsabilité énonciative (Kronning, 2012), soit l’intensité de son engagement concernant la fiabilité des informations qu’il fournit au répartiteur. L’objectif de cette étude, fondée sur un corpus de 100 appels d’urgence, est de voir s’il existe une relation entre la nature de l’information fournie par l’appelant et l’éventuel marquage épistémique de cette information. Tous les marqueurs épistémiques présents dans le discours des appelants ont d’abord été relevés. Nous avons ensuite catégorisé la nature de l’information marquée, sur une base qualitative (ex. l’apparence physique). Nous faisons l’hypothèse que le marquage de certaines informations donne des indices de la manière dont l'appelant se représente le service d'urgence (Laforest, 2011). Cette analyse est susceptible d'accroître notre compréhension du comportement de l'appelant au 911, un appelant généralement inexpérimenté, puisque l’appel d’urgence est un événement rare dans la vie d’un individu.

La recherche est partagée sur l’idée que les malentendants profonds développent une hypersensibilité tactile. Une des difficultés est la comparaison entre une perception qui implique des différences d’intensité et une perception qui implique une résolution temporelle (ex. est-ce que deux touchés rapprochés dans le temps se détectent). La résolution temporelle est essentielle dans la perception auditive de la parole où on doit distinguer l’ordre d’éléments à l’intérieur de syllabes  (ex. /pso/-/spo/). On peut se demander si une telle sensibilité temporelle de la perception auditive ne contribuerait pas à la perception de l’ordre d’événements tactiles. Afin de répondre à cette question, on a comparé des groupes d’entendants  et de malentendants profonds sur leur habilité à détecter avec l’index des pulsations d’air.  Les pulsations étaient présentées par paires (faible-fort, fort-faible) où les pulsations étaient séparées par des intervalles de 100 à 450 ms. Les participants devaient déterminer sur de multiples essaies quelle pulsation était la plus forte. À cette étape, les résultats montrent que lorsque les pulsations ont des durées proches des syllabes (100, 150 ms), les entendants ont en moyenne une meilleure détection tactile temporelle, bien que les différences pour l’ensemble ne sont pas significatives. Les résultats suggèrent que la sensibilité d’une modalité sensorielle peut varier selon la fonction d’une autre modalité et n’est pas seulement l’effet d’un déficit.

A la suite de Bakhtine, Paveau [2006 : 17] ratifie l’absence de génération spontanée de discours, tout acte de parole s’inscrivant dans une chaîne continue de dires aussi bien antérieurs que futurs, l’altérité étant une donnée fondamentale du discours. Cette conception dialogique sous-tend la présence de l’autre. Cet autre qui, dans la situation qui nous préoccupe, traverse systématiquement les discours politiques gabonais. Tout discours est par définition à la fois assumé et destiné, en cela que chaque énoncé est l’expression d’une prise de parole d’un sujet dont la marque est je s’adressant in fine à un autre, symbolisé par tu. L’un et l’autre de ces pronoms ont la particularité d’être substituables. Toutefois, s’il est avéré que je destine l’énoncé dont il est l’auteur à un tu, on note que ces personnes sont amenées à discuter de quelque chose ou de quelqu’un. Il s’agit de ce, ou celui dont il est parlé : le délocuté (il). Le triptyque je, tu, il est par conséquent une combinaison linguistique constitutive de tout discours. Nous soupçonnons, à côté d’un auditoire identifié, l’existence d’un allocutaire autre ; d’autant plus que les discours permettent de réaliser qu’il (cet autre) n’en est pas le plus souvent l’énonciataire désigné. Nos investigations nous conduiront à questionner préalablement à la notion de tiers. Il s’agira par ailleurs de voir si ce dernier n’est pas en filigrane ce qu'il convient d'appeler un surdestinataire à travers le trope communicationnel.

Les études sur l’acquisition du système phonologique en L2 ont montré que les difficultés à produire des sons de la L2 peuvent être dues à une difficulté de perception (Lado, 1957, Best et Tyler, 2007), au niveau allophonique (Flege, 1995, Sheldon et Strange, 1982) ou à un effet de l’orthographe de la L1 (Erdener et Burnham, 2005). Cette communication vise à présenter les résultats d’une étude menée à Montréal dans le but d’examiner l’effet de l’orthographe du français comme L1 sur le choix entre phonèmes /u/ et /y/ dans les mots de l’espagnol comportant le graphème «u». Puisque ce graphème représente le phonème /u/ en espagnol et /y/ en français, nous voulons vérifier si les erreurs des apprenants («u» réalisé /y/ au lieu de /u/) peuvent être reliées à la graphie. Un total de 20 étudiants d’espagnol du niveau élémentaire a participé à l’étude ainsi que 10 participants ayant très peu ou aucune connaissance en espagnol. La collecte de données a été fait à partir de deux tâches: lecture de mots à voix haute (stimulus écrit) et répétition de mots (stimulus auditif). Les analyses sont fait à l’aide de PRAAT en comparant les formants des voyelles produites dans les deux tâches. Les résultats préliminaires montrent que (1) l’orthographe pourrait avoir un effet négatif sur la prononciation chez les participants qui ne maitrisent pas la relation graphème-phonème « u »-/u/ en espagnol et (2) l’effet de l’orthographe chez ces participants disparait dans une tâche purement auditive.

Cette étude s'intéresse au fonctionnement d'une classe de verbes spécifique : les verbes de son, qui forment une classe sémantiquement homogène parce qu'ils partagent un sens relatif à l'émission d'un bruit ou d'un son. Plus particulièrement, il s'agit d'une description des verbes gargouiller et retentir. L'étude de ces verbes repose sur l'analyse d'un corpus écrit et comporte trois étapes : une analyse syntaxique, un typage lexical et une analyse en sémantique cognitive. L'analyse syntaxique consiste à identifier les éléments qui apparaissent aux côtés des verbes ciblés (syntagme nominal, syntagme prépositionnel) et à dégager les patrons syntaxiques dans lesquels ces verbes de son peuvent entrer. Ces patrons syntaxiques sont précisés par le typage lexical : les éléments qui accompagnent les verbes sont associés à des types sémantiques (entité concrète, lieu, partie du corps, etc.). Les résultats obtenus sont ensuite insérés dans le schéma conceptuel de la perception auditive proposé par Piron (2006). Les trois premiers paramètres de ce schéma, soit l'émission sonore, la propagation sonore et la réception acoustique, permettent de rendre compte des verbes de son à l'étude. Il est montré que les différentes acceptions des verbes de son correspondent à différents cas d'exploitation du schéma conceptuel.

Le Québec accueille annuellement environ 50 000 immigrants d’origines diverses, dont la moitié est allophone (Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, 2011). Ces allophones doivent atteindre un niveau de français suffisant leur permettant de s’intégrer au marché de l’emploi ou de poursuivre des études. L’Université du Québec à Montréal offre un programme de français langue seconde. Afin de faciliter l’intégration des immigrants, d’une part, et l’élargissement des compétences interculturelles de futurs professionnels, d’autre part, sont organisées des activités (appelées « jumelage interculturels ») entre de nouveaux arrivants étudiant le français langue seconde et des étudiants des programmes d’éducation, de carriérologie, de psychologie ou de travail social. Bien au-delà du jumelage linguistique (activité plus répandue), le jumelage interculturel permet l’échange entre porteurs de culture. Comment s’inscrit cette activité dans le cadre des cours de FLS? Quelle démarche est préconisée? Depuis plus de 10 ans, il est question de la perspective actionnelle et de didactique des langues-cultures. Après avoir fait un survol du cadre conceptuel dans lequel s’inscrit le jumelage (objectifs, approche préconisée, compétences de communication interculturelle), sera présenté le déroulement d’une activité réalisée dans le cadre d’un cours de communication écrite en FLS pour terminer avec la présentation des résultats d’un sondage effectué dans ce même cours.



Plusieurs études explorent la manière dont divers facteurs liés à l’identité, la motivation et l’utilisation d’une langue étrangère (LE) interagissent dans l’acquisition de la prononciation d’une LE. Toutefois, peu de recherches portent sur l’apprentissage d’une LE lorsque cette LE n’est pas la langue du territoire d’apprentissage. Nous nous sommes penchés principalement sur l’interaction de ces quatre facteurs : 1) le sentiment d’appartenance à un groupe ethnique ; (2) ses relations avec la motivation à la communication ; (3) l’utilisation de la LE ; et (4) le niveau d’accent étranger d’un groupe d’étudiants d’anglais en Argentine. Les résultats montrent que, si l’analyse quantitative n’a pas démontré de résultats significatifs, une analyse qualitative d’une portion des participants ayant répondu au questionnaire d’utilisation de la LE pourrait nous aider à comprendre les raisons de leur haut niveau d’accent étranger. Les conclusions de cette étude suggèrent que les caractéristiques ethno-identitaires et motivationnelles pourraient avoir un impact inférieur à la quantité et la qualité de l’input, ainsi qu’aux opportunités d’utilisation de la LE. Une interprétation possible de ces résultats serait que l’utilisation d’une LE n’est pas nécessairement liée à la volonté d’utilisation. Par conséquent, le contexte d’apprentissage et ses caractéristiques particulières devraient être pris en compte lorsque nous étudions le niveau d’accent étranger en contextes de non immersion.

Cette recherche consiste en un portrait qualitatif et quantitatif des phrases interrogatives en français québécois (FQ), sur la base de 1000 phrases interrogatives extraites du corpus Texto4Science (7274 messages recueillis en 2009-2010). La morphosyntaxe de l’interrogative en FQ est variée. Cinq procédés existent pour les interrogatives totales (intonation/ordre sujet-prédicat, marqueur est-ce que, marqueur postverbal -tu, inversion du pronom clitique et reprise pronominale). Pour les interrogatives partielles, on dénombre au moins sept procédés (intonation/ordre sujet-prédicat avec groupe interrogatif in situ ou en début de phrase, groupe interrogatif + est-ce que/est-ce qui ou c’est que/c’est qui ou que/ qui, inversion du pronom clitique et reprise pronominale). Il a été montré que le choix d’un de ces procédés à l’oral n’est pas aléatoire (des facteurs linguistiques et interactionnels inetrvinnent). La norme du français restreint le choix des procédés possibles dans l'écrit soigné. De nouvelles formes de l’écrit, plus spontanées et moins formelles, notamment les SMS, ont émergé dans l'histoire récente du français. On se demandera ici si cette nouvelle forme d'écrit est une transposition exacte de l'oral, libérée des codes de l'écrit normé. Grâce aux données extraites, nous présenterons la distribution des procédés interrogatifs et nous verrons que celle-ci n’est pas un calque de l’usage oral (on observe moins d'interrogatives en -tu dans les SMS qu'à l'oral, par exemple).

L’écriture inclusive est au cœur des débats sur la langue française et représente un enjeu de société pour lequel la recherche en linguistique doit apporter un éclairage. Elle désigne la représentation égalitaire des deux sexes, au niveau de la syntaxe, de la graphie et de la grammaire. Au Québec, celle-ci se fait depuis l’avis de recommandation de 1979. Par contre, même si ce débat existe en France depuis les rectifications de 1990 (Dister et Moreau, 2009), ce n’est qu’en 2019 que l’Académie française a adopté un rapport pour l’autoriser. Par conséquent, est-ce que ce décalage de quarante ans entre le Québec et la France au sujet de l’écriture inclusive se reflète dans leurs médias écrits respectifs ?

Nous proposons ici une étude linguistique d’un corpus d’articles de médias écrits provenant du quotidien québécois Le Devoir et du quotidien français Le Monde. Les médias retiennent notre attention parce qu’ils représentent une image publique de la norme sociale. Nous étudierons les articles de chaque quotidien sur une période de cinq ans (2015 à 2020). Pour évaluer l’intégration de l’écriture inclusive dans ces médias, nous nous appuierons sur les travaux de Viennot (2018), dans lesquels elle propose des techniques d’écriture inclusive, dont la féminisation des noms de métiers et l’accord de proximité. Nous émettons l’hypothèse que l’écriture inclusive est plus appliquée dans les médias québécois que dans les médias français, puisqu’elle a été acceptée plus tôt au Québec.

Les enfants anglophones présentant un trouble développemental du langage (TDL) ont des difficultés importantes au plan de l’acquisition et de la maîtrise de la morphologie verbale. Pour le français, moins de données sont disponibles. Cette étude a pour objectif principal de comparer la trajectoire développementale de l’utilisation des morphèmes grammaticaux qui marquent les temps de verbe d’un groupe d’enfants TDL âgés de 2 ans ½ à 4 ans ½ à celle d’un groupe d’enfants au développement typique (DT) du même âge. Trente-cinq enfants ont participé à l’étude, soit 17 enfants TDL et 18 enfants DT. Les enfants ont été rencontrés à 2 ans ½, 3 ans ½ et 4 ans ½. Des échantillons de langage spontané ont été enregistrés, transcrits et analysés pour ces trois temps de mesure. Des analyses statistiques ont permis de comparer la présence et la justesse des morphèmes marquant les temps de verbe pour les 2 groupes, aux 3 temps de mesure. Les analyses indiquent que les enfants TDL accusent un retard pour presque tous les temps de verbe par rapport à leurs pairs au DT. Alors que les enfants DT diversifient les temps verbaux qu’ils utilisent à 3 ans ½ et à 4 ans ½, les enfants TDL augmentent leur utilisation du présent de l’indicatif et de l’impératif.

Nous présentons le projet QALB (Qatar Arabic Language Bank) qui porte sur la création d’un corpus en langue arabe de 2 millions de mots annotés manuellement avec les erreurs et leurs corrections (orthographe, syntaxe, grammaire, ponctuation et l’usage des dialectes). Le deuxième volet de ce projet porte sur la création d’un système de correction automatique des erreurs pour la langue arabe.

Afin de couvrir une plus grande variété de textes, le corpus couvre trois sources : commentaires sur des articles en ligne par des lecteurs du site Aljazeera.net, des travaux d’étudiants natifs arabophones, des travaux d’apprenants de l’arabe ainsi qu’un ensemble de textes de Wikipédia traduits automatiquement de l’anglais vers l’arabe.
L’annotation manuelle d’un corpus de 2 millions de mots présente plusieurs défis. Tout d'abord, nous avons rédigé un manuel d’annotation d’une centaine de pages afin de guider l’équipe d’annotateurs dans leur tâche et pour les aider à produire une annotation consistante. Ensuite, plusieurs séances de formation ont été nécessaires pour former l’équipe d’annotateurs.

Afin de s’assurer de la qualité de l’annotation durant ce projet, des mesures d’accords inter-annotateurs sont prises régulièrement d’une manière aléatoire. L’accord moyen inter-annotateurs est de l’ordre de 95%, ce qui prouve que les guides d’annotation ont été bien appliqués par les annotateurs durant ce projet.

Depuis les années 1960, la question de la norme linguistique au Québec a été soulevée à de nombreuses reprises. En 1965, l’Office de la langue française soulignait l’importance d’aligner cette norme sur le français standard international. En 1977, l’Association québécoise des professeurs de français proposait que la norme du français québécois soit basée sur le français formel des Québécois. Cependant, aucune de ces deux propositions n’a réellement fait consensus.

Quelques années plus tard, Cajolet-Laganière et Martel (1995) affirmaient qu’il existait une norme québécoise basée ni sur du français populaire québécois, ni sur du français standard de France, mais que cette norme n’était encore décrite nulle part. Depuis, plusieurs études ont fourni des éléments descriptifs du français standard québécois oral. Cox (1998), Reinke (2005) et Bigot et Papen (2013) se sont penchés sur la prononciation. Bigot (2011) a, lui, centré son étude sur la morphosyntaxique.

Dans notre exposé, nous nous proposons de dresser un portrait exhaustif du français standard oral en usage au Québec. Dans un premier temps, nous reviendrons brièvement sur le débat entourant la question de la norme linguistique québécoise. Par la suite, nous fournirons une description de cette norme du point de vue phonique et du point de vue grammatical. Nous terminerons notre présentation par une réflexion sur l’importance didactique de ce standard québécois dans l’enseignement du français au Québec.

Les études en analyse de la conversation ont souvent porté sur les dyades ou sur les groupes, mais très rarement sur la conversation à trois. Pour bien comprendre les particularités de la triade, j’ai produit  un enregistrement audio et vidéo d’une conversation entre trois personnes qui discutaient dans un environnement qui favorisait une dynamique non-contraignante et naturelle. Grâce à une analyse détaillée de la direction du regard et des signaux de back-channels, je compte montrer l'influence de ces derniers sur les changements de tours de paroles. Je présenterai mes résultats sous la forme d’une analyse temporelle des interactions entre chacun des participants en mettant l’accent sur la dynamique des tours de parole et sur les vecteurs d’interactions (p.ex. interactions entre 1 et 2 pendant que 3 possède le droit de parole). Mes résultats tendent à confirmer l’importance du regard sur les changements de tours de parole, mais ils permettent aussi de montrer l’importance des back-channels pour la dynamique conversationnelle. Je décrirai aussi les différentes fonctions possibles des back-channels selon leurs types et selon la personne ciblée par ceux-ci. Mes résultats montrent également une connexion forte entre l’aspect dynamique et l’aspect sémantique d’une conversation et je proposerai une modification au concept de plancher conversationnel pour rendre compte de cette dépendance entre la sémantique et la dynamique.