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Dans le cadre de cette communication libre, j’entends me lancer dans la définition de l’« angoisse spirituelle » associée à la peur de mourir, et ce en dehors de la terminologie psycho-médicale qui se révèle souvent incapable de conceptualiser des agonies autres que l’agonie physique. La peur de mourir, en tant que phénomène foncièrement existentiel et/ou spirituel, ne peut être ni traitée, ni déconstruite par la médication ou la thérapie traditionnelles. C’est pourquoi il faut que la réponse clinique à l’anticipation de la mort fasse appel à des disciplines mieux outillées telles que la philosophie, voire même la théologie.

En m’inspirant de la perspective « pluraliste » de Paul Feyeraband, je compte mettre en lumière les limites que rencontrent les sciences médicales lorsqu’elles doivent composer avec l’anticipation angoissante de la mort qu’éprouvent les patients. Bien évidemment, il ne s’agit pas ici de s’en prendre à l’utilité (indiscutable, par ailleurs) des méthodes actuellement employées dans les unités de soins palliatifs, mais bien de démontrer que leurs outils et pratiques sont inefficaces face à un problème tel que celui qui nous intéresse et dont les paramètres ne sont pas réductibles à ce que l’on appelle une « maladie ». Afin de bien exposer mon propos, ma présentation sera divisée en deux parties : a) exposition de la nature « spirituelle » de la peur de mourir, b) de l’inefficacité de l’approche médicale face à la peur de mourir. 

Notre communication présente les résultats d'un projet de pédagogie universitaire intégrant des exercices de danse aux programmes de formation en psychologie, pratique sage-femme, sciences infirmières et ergothérapie.

La relation d'accompagnement inhérente aux soins de santé physique et psychologique implique une proximité qui fait appel à la conscience corporelle de l’intervenant. La danse permet d'aborder kinesthésiquement des notions telles que la confiance, la vulnérabilité et l’empathie qui sont généralement abordées théoriquement dans la formation des soignants. Elle amène l’étudiant dans une démarche réflexive et heuristique propice à la construction de son identité personnelle et, par extension, professionnelle. Une telle approche favorise le développement des intelligences kinesthésique, relationnelle et spatiale qui sont moins souvent sollicitées dans le cadre des cours théoriques ; elle devient un complément de formation indispensable.

Le projet a eu un impact important sur la prise de conscience des étudiants mais également sur l'expérience des formateurs concernés qui y trouvent un lieu de rencontre interdisciplinaire des plus intéressants et un espace de réflexion sur la pédagogie universitaire. 





Dans ma thèse, je teste l'hypothèse que l'intervention des idéologies philosophiques dans la formulation du problème de l'unité conceptuelle de la psychologie empêche la reconnaissance du problème réel et bloque ainsi toutes les possibilités de le résoudre adéquatement. Le problème réel étant de trouver le concept cohérent avec nos connaissances du vivant et celle du fonctionnement du système nerveux, qui permet de rendre compte de l’ensemble des phénomènes psychologiques. Peu importe l'idéologie en cause (ex.: positiviste ou phénoménologique), son intervention produit toujours les deux mêmes effets : une réduction du concept de vie à une conception matérialiste; et le blocage de sa reconnaissance comme un principe de base de l'unité conceptuelle de la psychologie. La grande originalité de notre démarche est qu’elle est hautement falsifiable, puisqu’il existe de nombreux textes sur le problème de l’unité de la psychologie sur lesquelles nous pouvons vérifier notre hypothèse de recherche et confirmer la perpétuation des deux erreurs fondamentales et le blocage de la reconnaissance de l’unité conceptuelle de la psychologie que nous proposons. En terminant, les quatre analyses de fond que nous avons réalisées jusqu’à maintenant confirment l’intervention des idéologies dans la formulation du problème de l’unité et le blocage de la reconnaissance de la solution que nous proposons : l’activité relationnelle d’une forme de vie, comme un tout, avec son environnement.



Il est difficile de déterminer les motivations des suicidaires, de chacun d’eux, individuellement. Durkheim, ses prédécesseurs, ses successeurs, ont surtout cherché à établir des corrélations entre l’acte suicidaire et l’âge, le sexe, l’état civil, la profession, la confession, le mode de vie urbain, etc. Il était presque fatal qu’en résulte des inférences entre caractéristiques sociales et passage à l’acte, de sorte que les caractéristiques en sont venues à passer pour des causes. Le procédé est questionnable. L’inférence est d’autant une tentation que la confidentialité des données personnelles rend difficile l’exploration des motivations.

En utilisant un corpus historique de pièces accessibles sans restriction, on évite l’inférence statistique. Ainsi des dossiers des militaires canadiens des années 1914-1922 et 1939-1947. Une fois résolue la difficulté d’établir les listes de noms, 530 cas ont été repérés. L’analyse montre que la corrélation entre combat et passage à l’acte est faible, que les principales causes sont les maladies mentales graves, comme la schizophrénie, de difficiles relations familiales ou sociales et des attentes économiques négatives à la démobilisation. Parfois ces motifs se conjuguent entre eux ou avec d’autres moins prégnants. Les traumatismes physiques ou psychologiques arrivent derrière comme motifs de suicide. Ce corpus, l’un des plus importants du genre au monde, permet d’aller loin dans la recherche des motivations des suicidés.

Je formule une approche visant à comprendre le rôle du langage dans la cognition humaine en faisant ce que je soutiens être des distinctions importantes dans l’étude des capacités cognitives. En ayant comme point de départ des critiques des théories à processus duaux (théories selon lesquelles nous avons deux systèmes cognitifs, l’un automatique, rapide et inconscient; l’autre, contrôlé, lent et conscient), je me penche sur le rôle attribué au langage dans de tels cadres explicatifs en sciences cognitives. Je développe cette idée en la contrastant avec la distinction que Hauser, Chomsky et Fitch (2002) font entre les notions de faculté de langage élargie et restreinte (Faculty of Language Broad / Narrow, FLB / FLN).

Ces critiques des théories à processus duaux et l’introduction de la distinction FLB / FLN aident à mieux comprendre les capacités cognitives nécessaires au langage et le rôle du langage dans la cognition – cela nous permet également de penser aux capacités qui ne sont possibles qu’avec / à travers le langage. Nous verrons qu’un petit changement au plan cognitif peut avoir des conséquences importantes sur l’ensemble de la cognition. Je fais ainsi quatre distinctions aidant à mieux comprendre le rôle du langage dans la cognition.

Je soutiens ensuite que cette façon d’aborder le rôle du langage peut changer comment est approché le travail en psychologie et en philosophie de l’esprit – des disciplines où domine ce que j’appellerai un ‘biais langagier’.

Le DPNI est une technique récente recueillant l’ADN des cellules fœtales libres, entre 8 à 10 semaines de gestation, par une prise du sang maternel afin de détecter les aneuploïdies fœtales. Sa simplicité et l'absence de risque permettent d'éliminer l'anxiété associée à la procédure et le risque de fausse couche.Il permet à la femme de se concentrer sur les résultats plutôt que sur la procédure et les risques, améliorant son autonomie reproductive. Paradoxalement, ces caractéristiques créent une menace potentielle sur cette autonomie. Pour les tests invasifs, le choix de les refuser peut être justifié par la présence d'un risque de fausse couche. Inversement, l’absence de ce risque modifie le contexte de prise de décision favorisant une pression à tester, pouvant venir de son partenaire, sa famille, d’une d’obligation morale d’être une mère responsable, des attentes de la société qui pèsent sur elle ou du risque de stigmatisation de de mener à terme une grossesse affectée. Le DPNI est une technologie révolutionnaire mais pour promouvoir l'autonomie reproductive de la femme, il devrait rester un choix. La femme devrait savoir qu'elle peut le refuser et être protégée des influences externes par un conseil génétique approprié. Pour celles qui souhaitent mener leur grossesse affectée, il faudrait créer des systèmes de soutien social pour les enfants trisomiques et favoriser le traitement de ces maladies.

Alors qu’on célèbre ou dénonce la fin d'un universel, la lutte à la pauvreté, déclarée aux États-Unis en 1964, peut être vue comme une affirmation de cet universel.  Par contre, elle s’acharne contre ce qui pourrait être une conséquence inéluctable de la modernité : l’impossibilité pour tout le monde de satisfaire ses besoins par le travail lorsque la production excède la consommation (Hegel, § 248 Z).  Or, pourquoi la lutte à la pauvreté fait-elle si largement consensus?  Pourquoi ce consensus a-t-il pris forme en 1964?  Je soutiens que cette lutte est le symptôme de l’intériorisation généralisée de l’« éthique sociale » de la civilisation capitaliste fondée sur l’obligation de ressentir l’obligation de travailler (Weber).  Ce qui ne pouvait subvenir qu’une fois que la contradiction entre le travail et le capital fut suffisamment abstraite des prolétaires et des capitalistes pour que tous puissent désormais se reconnaître comme des sociétaires unis et individualisés sous l’égide d’un État social garant des lois et des procédures capables d’assurer le progrès et la mobilité sociale en fonction du mérite (Donzelot, Aron).  Symptôme donc, et catalyseur puisque cette éthique trouve, non seulement dans les personnes des pauvres une désaffection inacceptable à son égard, mais aussi un objet tout disposé pour confirmer, à travers le sous-système de l'assistance (Luhmann), sa moralité universelle d'inclusion et sa foi dans ses capacités techniques de résolution de ses problèmes..

Le « Principe Responsabilité » de Hans Jonas est un texte vaguement connu de tous, mais lu de très peu, entouré de confusions et critiques plus ou moins fondées. Nous nous proposons d’éclaircir ce texte et d’en présenter les thèses centrales pour montrer leur caractère novateur par rapport à la tradition philosophique et leur pertinence dans un contexte contemporain.

Nous porterons notre attention sur l’éthique technologique proposée par Jonas et montrerons la place cruciale qu’y le concept de responsabilité sociale. La problématique à laquelle nous nous attacherons est la suivante: dans une société technoscientifique comme la nôtre, quelle forme peut prendre une éthique politique?

Dans la modernité où l’étendue du pouvoir humain est constamment décuplé par des apports technologiques, les éthiques classiques travaillant dans l’immédiateté spatio-temporelle ne sont plus d’aucun secours. Il est donc impératif de développer une nouvelle éthique apte à penser le genre de problèmes que rencontre de plus en plus fréquemment l'humanité. Cette éthique « de la responsabilité » en sera une qui, grâce à un concept central chez Jonas, « l’heuristique de la peur », sera apte à guider les actes humains en prenant en compte, sur le mode d’un pari éthique, les possibilités éloignées d’une action. Cette proposition veut remettre sur le devant de la scène une pensée qui peut servir de guide en ces temps de pandémie où les défis éthiques de nature technoscientifique se multiplient. 

 

Cette présentation explore les liens entre l’ascétisme bouddhiste et la psychologie. Plus précisément, elle vise à illustrer comment les pratiques de renoncement associées au bouddhisme Theravada pouvaient être une forme de psychothérapie présentant des similitudes frappantes avec les techniques employées aujourd’hui. Alors que les liens entre psychologie et bouddhisme sont en vogue, il est très rare de trouver une véritable exploration des textes religieux permettant de comprendre ces similitudes. Une exploration du Dhammapada et des Jatakas, qui sont des textes importants de cette religion, permettra de voir comment l’ascétisme prend forme dans le bouddhisme Theravada. Ces écrits exposent des éléments centraux de cette tradition et illustrent à plusieurs endroits la place accordée à l’ascétisme. L’objectif de notre réflexion sera donc d’analyser le contenu de ces textes afin de démontrer comment l’ascétisme tel qu’il est présenté dans ces textes peut être considéré de manière positive par la psychologie actuelle et inspirer des comportements sains pour le bien-être de l’individu. Les sections de ces textes illustrant des pratiques liées au renoncement seront mises de l’avant en faisant ressortir des similitudes avec la psychologie positive et la thérapie de l’acceptation et de l’engagement (ACT). Nous soulignerons ainsi comment l’ascétisme tel qu’il est représenté dans le bouddhisme Theravada peut inspirer des pratiques saines pour le développement individuel. 

Le concept de libre arbitre semble aujourd’hui menacé par les récentes avancées neuroscientifiques. Les fameuses expériences de Benjamin Libet dans les années 80 ont contribué à montrer que nos intentions d’agir ne constituent pas la source ultime de nos actes : elles sont en réalité précédées par une activité cérébrale qui nous prépare à agir avant même que nous ne prenions conscience de notre décision. Les expériences plus récentes de John-Dylan Haynes vont également dans ce sens et permettent de prédire l’action que va effectuer un sujet en se basant uniquement sur son activité cérébrale. Ces résultats scientifiques ont néanmoins été longuement discutés, et nous évoquerons les critiques qui peuvent leur être adressées. Nous montrerons également que le concept de libre arbitre, s’il doit être relativisé à la lumière des résultats expérimentaux, ne doit cependant pas nécessairement être évacué. Une possible redéfinition du libre arbitre consisterait en effet dans la maîtrise accrue de nos capacités attentionnelles : à travers un apprentissage sur le long terme, il serait possible, d’une part, de prendre conscience de processus qui sont habituellement inconscients ou pré-réfléchis, et, d’autre part, d’élargir notre répertoire d’actions disponibles grâce à la flexibilité qu’offre la capacité retrouvée de moduler des processus automatiques. Cette théorie attentionnelle du libre arbitre est appuyée par les résultats issus du champ émergent des « neurosciences contemplatives ».



La dépigmentation volontaire de la peau est le malaise africain des temps présents. Elle est l’une des nouvelles formes d’esclavage contemporain de l’Afrique. Ayant des racines psychologiques, elle résiste, jusqu’ici, aux efforts de sa réfutation. La pratique de la dépigmentation volontaire de la peau est l’écho de la transformation de l’être, aussi bien physique que psychologique. Il est l’effet du traumatisme vécu par l'Africain à l’égard de son identité qui se traduit par un désir de changement de couleur de la peau. La dépigmentation ayant des conséquences graves, constitue, désormais, un problème de santé publique et suscite les questions suivantes : Comment parvenir à l’éradication du phénomène ? Comment des sociétés africaines, fondées sur la transmission des principes de la solidarité, s’approprient-elles un fait de la psychologie individuelle comme celui de la dépigmentation de la peau ? Face à ces interrogations, il s’agira d’examiner les conditions de l’apparition et de la prolifération du phénomène de la dépigmentation, en rapport avec la crise identitaire due à la colonisation moderne et les politiques africaines de développement culturel.

Les approches analytiques et historiques s’emploieront, d'abord, à présenter le contenu sémantique du concept de dépigmentation; ensuite, à situer les responsabilités dans la prolifération du phénomène; enfin, à définir les perspectives pour des politiques de développement en Afrique, à travers la valorisation de l’humain.

Les logiques sous-structurelles sont un ensemble de logiques non-classiques définies par des variations sur les règles structurelles distinguées dans le calcul des séquents de Gentzen (1934). Dans son livre An Introduction to Substructural Logics (2000), Greg Restall effectue une première synthèse de ces différentes logiques, en développant une grammaire formelle qui sert de base commune à leur formalisme. Nous examinons la présentation unifiée des logiques sous-structurelles proposée par l'auteur, en nous concentrant plus spécifiquement sur l'interprétation de la ponctuation dans le formalisme des séquents, fondamentale à l'entreprise. Nous critiquons certaines notions logiques élémentaires laissées vaguement définies par l'auteur et proposons de les réinterpréter dans une perspective constructiviste, en utilisant certaines conceptions de la grammaire formelle au fondement de la sémiotique peircéenne. Nous envisageons finalement les conséquences générales de cette réinterprétation en ce qui a trait au développement d'une approche unifiée des logiques sous-structurelles.

Comment l’imagination morale peut-elle rehausser les capacités émergentes d’autonomie des enfants et des jeunes dans un contexte éducatif mettant l'accent sur le dialogue et l’éthique? La communication proposée s’appuie sur l’approche par les capacités développée par Amartya Sen et Martha Nussbaum—une méthodologie à la fois philosophique, politique et pédagogique—afin de justifier le rôle de l’imagination morale en tant que capacité éducative complexe qui peut élargir les critères d’évaluation morale chez les enfants/jeunes, ainsi que les modes de vie qu’ils choisissent de valoriser. L’idée développée dans cette contribution est que l’autonomie responsable chez les enfants/jeunes dépend d’un répertoire mental vaste et varié, et que ce dernier peut être agrandi par l’imagination morale pratiquée de façon délibérée dans le cadre d’une pédagogie dialogique. Comme étude de cas, le programme de Philosophie pour enfants (PPE) de Matthew Lipman et son modèle de communauté de recherche philosophique (CRP) feront l’objet d’analyse puisque leur accent sur le dialogue, le raisonnement critique et le vivre ensemble favorise l’imagination morale, et par extension, la pensée autonome. Les conclusions de recherche indiquent que l’imagination morale comme capacité éducative offre accès aux enfants/jeunes à de diverses ressources conceptuelles, à un espace dialogique et à l'expression créative, leur permettant de mieux évaluer les dimensions éthiques de leurs expériences vécues.

Nous sommes dans une époque marquée par la décolonisation et de petites victoires pour les peuples autochtones. Ces derniers luttent pour la reconnaissance de leur existence, leurs droits, leurs territoires et leurs cultures ancestrales. À la suite de la clôture de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, l’heure est au bilan environnemental. Qu’a-t-il été fait pour la conservation et la souveraineté territoriales des Premières Nations? Sont-elles réellement consultées lors des discussions autour de l’exploitation des ressources en eau ou le développement d’industries polluantes? Dans plusieurs cas, c’est la culture occidentale dominante d’exploitation des ressources qui s’impose, au détriment de la qualité de vie même des nations autochtones. Comment remédier aux problèmes que ce type d'exploitation engendre?

 

L’éthique environnementale se penche sur ces questions, mettant particulièrement en lumière les failles du système actuel de négociations environnementales, ainsi que la discrimination systématique des cultures et savoirs traditionnels, le manque de reconnaissance de la souveraineté des peuples autochtones ainsi que la négligence des apports autochtones lors de la mise en application des solutions. Une éthique environnementale interculturelle met l’emphase sur le dialogue comme solution aux problèmes éthiques soulevés par l’exploitation excessive ou la pollution de cette ressource commune, dont l’importance est si essentielle à la vie.

La forme catégorique impose une structure d'appréhension du monde qui ne rend pas compte du caractère flou et continu de l’expérience humaine – p.ex. les dimensions d'affect ou d'identité, la culture ou la signification. En posant la catégorie comme heuristique sémiotique et la catégorisation comme processus d’acculturation, j'ai adopté une perspective socio-sémiotique pour (dé/re)composer la catégorie. Je présenterai les éléments qui ont contribué à ma composition d’un modèle flouifié de la catégori(e/sation) humaine, en quoi ils sont pertinents et comment ils sont compatibles. La catégorie classique a été déconstruite, ses propriétés formelles réinterprétées en terme de logique floue. J'ai renommé ces catégories flouifiées « anagories » et tenté une modélisation de celles-ci inspirée de la proxémie chez E. T. Hall. Ceci m’a menée à redéfinir le concept comme émergence, reconstruire l’extension comme champ sémantique, et réinterpréter la sémiose et la catégorisation par analogie avec les systèmes dynamiques. Je soumettrai que ce modèle « anagorique » flou est en meilleure adéquation qu’un modèle « catégorique » classique avec les entités socio-construites qui constituent le monde humain. Il rend mieux compte des objets, des événements ou des signes dont le sens est en co-évolution constante avec la société. Il met en évidence plutôt les relations que les distinctions, et une dynamique de proximité/éloignement plutôt que d’inclusion/exclusion.

Dans les domaines scientifiques et philosophiques, les usages du terme «émotion» désignent «des circuits neuronaux, des systèmes de réponses, et un état ressenti ou un processus qui motive et organise la cognition et l’action» (Izard 2010). Pour expliquer le processus émotionnel, il convient donc d’examiner non seulement le substrat neuronal ou les systèmes motivationnels associés aux émotions particulières, mais également ce qui constitue l’expérience émotionnelle du sujet et la façon dont s’effectue l’accès à ses états émotionnels. C’est ce que je ferai dans ma présentation.

M’appuyant sur la distinction entre conscience phénoménale et accès cognitif (Block 2008), et sur l’étude des théories perceptuelles de l’émotion, je soutiendrai qu’il est possible de concevoir un état des émotions pour lequel il existe une conscience phénoménale sans accès cognitif. Si l’émotion est une forme de perception (Prinz 2004 ; Tappolet 1995), il ne peut y avoir d’émotion sans un sujet qui accède au phénomène et en fait l’expérience. Cependant, que l’émotion soit ressentie n’implique pas nécessairement qu’elle soit accessible pour un traitement cognitif. Dans ce cas, le sujet ne peut ni rapporter ni analyser ce ressenti. Je développerai cette idée à la lumière des théories expérientielles (Deonna et Teroni 2009), évaluatives (Tye 2008), et de celles du «core affect» (Barrett et Russell 1999). Je rendrai ainsi compte des différentes manières dont le sujet peut se rapporter à ses états affectifs.

Cette recherche s'inscrit dans une démarche empruntée à la psychologie cognitive et porte sur l’identification des situations typiques et de schémas récurrents reliés aux actions entreprises par des victimes de situations de survie en forêt boréale québécoise.

La pratique des activités de plein air est associée à près de mille traumatismes par année au Québec, dont environ 250 peuvent être qualifiés de graves et entraînent en moyenne 25 décès (Protecteur du citoyen, 2013). Pour favoriser la pratique sécuritaire de ces activités, des mesures de gestion des risques peuvent être mises en œuvre pour atténuer les impacts des situations d’urgence. Dans ce contexte, une meilleure compréhension de l’activité décisionnelle d’individus agissant dans des environnements dynamiques complexes voire critiques (contraintes temporelles, blessures, stress, etc.), pourrait être un atout à des fins d’éducation et de sensibilisation.

Notre étude s’est ainsi attachée à la description de l’activité décisionnelle de victimes de situation de survie, appréhendée à l’aide de plusieurs étapes : entretiens semi-directifs portant sur les récits des situations vécues, retranscription des données comportementales, identification des récurrences ou schémas, et modélisation de la dynamique de l’activité décisionnelle. Dans une visée pratique, l’étude menée pourrait contribuer à proposer de nouveaux référents d’aide à la décision, et sensibiliser les usagers du milieu naturel potentiellement les plus à risque.

Les dernières années ont vu fleurir de nombreux travaux portant sur les soins de santé dans le champ de la phénoménologie du corps (Vinit, 2007 ; Courtine, 2011, etc.). À l'instar de ces travaux, notre étude vise à étudier le phénomène de l'anorexie en y introduisant la question de la corporéité. En nous rattachant aux développements apportés par la tradition de la phénoménologie du corps (Merleau-Ponty, 1964 ; Patočka, 1985), notre contribution se veut l'amorce d'un travail reliant la dimension de la corporéité, pensée comme condition permanente de l'expérience (Merleau-Ponty, 1945), à la problématique de l'anorexie. Le corps est pensé comme un objet par le modèle médical, voire comme une chose, c’est-à-dire qu’il apparaît comme dévitalisé et coupé de la dimension psychique. Bien que l’efficacité des  méthodes scientifiques aient fait leurs preuves dans  le traitement des pathologies touchant le corps, la méthode phénoménologique apparaît comme une voie prometteuse pour penser les enjeux de l’anorexie et de son traitement, en particulier parce qu’elle permet de prendre en compte la dimension de l’expérience. Nous entendons ainsi toucher cette dimension en nous appuyant sur le concept de corporéité  entendu comme une modalité d’ouverture potentielle au monde et à son investissement. Partant de là, une avenue de réflexion sur l'anorexie est de la concevoir comme un dérèglement de cette modalité d'ouverture passant par le refus de s'alimenter.



Un débat important est en train d’émerger en sciences humaines et sociales, au sujet des enjeux éthiques, sociaux et politiques du champ de recherche récent qu’est l'épigénétique. Avec le développement des connaissances de la programmation épigénétique – qu’influencent l’environnement naturel et social – et ses répercussions sur la santé des personnes, l’idée de « responsabilité morale épigénétique » a été proposée, en lien avec les principes de justice environnementale et d’équité intergénérationnelle. Le caractère sensible de telles revendications requiert, comme nous allons le démontrer dans cette présentation, une attention toute spéciale de la part des chercheurs en bioéthique. De façon générale, je ferai valoir qu’avant de tirer des conclusions prescriptives en lien avec ces nouvelles connaissances, il sera primordial d’accorder une attention particulière à la nature hautement complexe des mécanismes épigénétiques. De façon plus spécifique, j’expliquerai pourquoi et comment les notions très ambiguës de « normalité épigénétique » et « plasticité épigénétique » devraient être prises en considération lors de telles discussions. En somme, je m’écarterai de la tendance réductrice qui consiste à faire émerger l’implication des connaissances en épigénétique simplement de la comparaison entre la génétique et l’épigénétique. L’épigénétique possède ses propres contradictions internes, lesquelles doivent être caractérisées avant d’accorder à ce champ d’étude toute force normative.

Le rapport de la maîtrise et de la servitude n’a pas la signification que lui attribue ordinairement le commentaire. Ce rapport oppose deux faces antagoniques d’une seule conscience de soi, et non pas deux antagonistes (ou deux classes sociales). Contrairement, donc, à ce que prétendait Alexandre Kojève - dont l'interprétation de Hegel a été érigée en doxa dans la tradition marixenne ainsi que dans la tradition hégélienne - , le rapport de la maîtrise et de la servitude ne peut pas être lu valablement comme la matrice de la lutte des classes chez Marx. En fait, la lecture de la Phénoménologie de l'esprit et de la Philosophie de l'esprit révèle que ce rapport a une signification ontologique et non pas une signification sociologique, historique ou politique. Nous nous proposons donc dans le cadre de cette présentation d'expliciter la véritable signification de la dialectique du rapport de la maîtrise et de la servitude et de contribuer par là a expliciter la philosophie hégélienne elle-même.

Cette communication a pour objectif de mettre en lumière la définition du bien mourir dans la culture palliative québécoise actuelle. Plus précisément, nous nous intéresserons au rôle attribué au mourant dans la prise en charge de sa propre mort.

Le paradigme du bien mourir, conçu sous l'angle de la «bonne mort» (Ariès), s’est transformé au cours des dernières décennies. Dans les différents modèles alternatifs actuels de la prise en charge de la fin de vie en Occident, la discipline palliative couvre un espace nouveau et intermédiaire entre les soins curatifs et le décès. Désireuse de prendre en charge le patient dans sa globalité et de répondre à ses souffrances physiques, psychologiques, sociales et spirituelles, la médecine palliative, centrée sur le patient, semble redéfinir les contours de la bonne mort et, par le fait même, le rôle du mourant. Comment le rôle du mourant est-il conçu? La culture palliative véhicule-t-elle des prescriptions ou des normes à ce sujet?

Pour répondre à ces questions, nous proposons d'analyser le rôle du mourant en termes de performance rituelle, en nous basant sur les théories de la sociologie interactionniste (Goffman, Strauss). Notre corpus sera formé d’un échantillon sélectif de documents écrits et visuels émanant de la culture palliative, qui feront l'objet d'une analyse thématique et visuelle.

La problématique examinée concerne l’opposition entre cognitivisme et non-cognitivisme ; une opposition au cœur de nombreux débats en métaéthique. Cette opposition se présente ainsi : les énoncés moraux peuvent soient être considérés comme des descriptions du monde – ils peuvent alors être qualifiés de croyances vraies ou fausses (la position du cognitivisme) ; ou au contraire, ces derniers sont considérés comme ne relevant pas du langage descriptif. Dans ce dernier cas, les énoncés moraux relèvent d’états conatifs et non pas de croyances. Ils ne peuvent donc pas être qualifiés de vrais ou de faux (la position du non-cognitivisme).

À partir d'une analyse de la littérature à ce sujet, j'émets l’hypothèse que la dichotomie entre cognitivisme et non-cognitivisme est erronée et qu’elle peut être dépassée. J'exposerai l’idée selon laquelle les croyances morales impliquent à la fois un aspect motivant – elles expriment nos croyances à propos de désirs (des états conatifs) – et un aspect descriptif. Une croyance morale décrit implicitement les émotions vécues lors de certaines situations ; et cette croyance peut être dite vraie si je fais l’expérience occurrente des émotions supposées par la croyance dans les situations concernées.

Le caractère novateur de cette position vient du fait qu’elle permet de rendre compte de deux caractéristiques des jugements moraux actuellement considérés mutuellement exclusifs : le descriptivisme et l’exigence pratique des jugements moraux.

Ma communication porte sur le discours social autour du deuil périnatal et sur les processus de reproduction, déstructuration et/ou restructuration qui le sous-tendent. En l’examinant à la fois au niveau institutionnel et au niveau des récits des femmes touchées par ce type de deuil au Québec, je me propose d’analyser le processus de régulation sociale à l’œuvre, à la fois dans son exercice (les discours institutionnels) et dans ses effets (dans les récits des femmes). Cela me permet ainsi de complexifier le concept de disenfranchised grief  (Doka, 1989, 2002), trop souvent accepté comme tel lorsque l’on parle de deuil périnatal (entre autres), en faisant appel aux concepts d’espace social  (Bourdieu, 1989), pour signifier que la régulation sociale du deuil périnatal est à géométrie variable, et de social labour  (Kurasawa, 2007), concept charnière puisqu’il signale à la fois les effets d’un deuil non reconnu et les pratiques pour le faire reconnaître.  

La temporalité est une expérience fondamentale de l’existence humaine. Elle se confond avec le premier palier d’émergence de la conscience, soit le niveau qu’on appelle en anglais simple awareness (ou conscience immédiate, par opposition à conscience réflexive). Pour représenter le rapport de la personne au déroulement de son vécu, en contexte théorique comme en contexte d'intervention, nous proposons un modèle de la temporalité de la conscience humaine.

Sur la base d’un homomorphisme structurel, nous avons transposé le modèle arborescent de l’univers (développé par le philosophe des sciences, Storrs McCall, A Model of the Universe, 1994) à une conceptualisation opérationnelle de la nature temporelle de la conscience humaine. Cette conceptualisation se fonde dans une description neuropsychologique de l’expérience consciente du temps (Eagleman, Tononi & Edelman, John). Ceci permet de faire le pont entre la neuropsychologie et la représentation formelle de la conscience telle qu’elle apparait chez des théoriciens de la conscience, principalement dans les théorie des Multiple Minds de Robert Ornstein (1991), et que nous contrastons avec la théorie des Multiple Drafts de Daniel Dennett (1991).

Nous montrerons en quoi cette théorie de R. Ornstein est plus adéquate que celle de D. Dennett pour rendre compte de l’expérience humaine de la conscience immédiate et du temps. Nous  conclurons en présentant deux applications de nos résultats, l’une en intervention, l’autre théorique.

Cet article propose d'examiner les différents noms et concepts utilisés pour décrire les modèles de l'intelligence artificielle (IA) émergents tels que ChatGPT, Gemini, Bard, etc. (les soi-disant LLM ou modèles de langage). Il étudie les notions de IAG (intelligence artificielle générale), de superintelligence (Bostrom) et propose une troisième appellation pour les LLM qui provient du travail de Matteo Pasquinelli soit des modèles statistiques automatisés (ASM). Ce travail cherche à dégager et définir la notion fondamentale se trouvant à la base de la notion d'intelligence, en comparant les notions d'auto-organisation qui semblent remonter au travail de Alexander Bogdanov dans Essais sur la Tektologie (1912) et celles de téléologie qui sont beaucoup plus anciennes et remontent à Aristote.