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L’émergence des données massives (Big Data) a des impacts dans l’ensemble des disciplines scientifiques. Un des concepts fortement liés à la notion de « données » est celui d’ « information ». Le but de cette présentation sera de fournir une conception de l’information qui est adapté spécifiquement aux données massives. Après avoir exposé la théorie générale unifiée de l’information de Burgin (2010) et les bienfaits respectifs de la théorie systémique de l’information (Hofkirchner 2013) et de la théorie réductionniste de l’information (Griffiths et al. 2015), je proposerai une conception pragmatique de l’information. Plus spécifiquement, je vais montrer qu’il est possible de combiner la tradition mécaniste (Craver 2007) et l’approche fonctionnaliste (Vermaas & Houkes 2013) afin de conceptualiser l’information comme une construction servant de socle à l’attribution de fonctions comme marqueurs épistémiques.

Dans un contexte où les expériences spirituelles transfigurent radicalement notre herméneutique du religieux contemporain (Dumas, 2024), l'étude de la « logique du croire » s'avère pertinente. La problématique émerge de l'absence d'un cadre théorique holistique capable d'élucider la dialectique complexe entre les expériences spirituelles et les systèmes de croyances dans leur pluralité contemporaine. Comment conceptualiser l'interaction symbiotique entre les expériences spirituelles et les logiques du croire dans un paradigme religieux en constante mutation? Cette étude conceptuelle vise à combler une lacune significative dans la compréhension des dynamiques spirituelles contemporaines. La méthodologie repose sur une analyse critique et une synthèse intégrative de perspectives théoriques hétérogènes, incluant les notions d'« expériences limites » (Rankin, 2009; Meslin, 1997), de « véracité phénoménologique » (Peterson et al., 2009; Dumas, 2010), de « transmutations ontologiques » (Theissen, 2011), et de « narrativité existentielle » (Marin, 2019). Le résultat principal de cette recherche est un cadre théorique novateur qui propose un schéma intégratif articulant les interactions dynamiques entre expériences numinales, représentations sémiologiques et systèmes axiologiques comme catalyseurs de transformation pneumatologique. Ce modèle, bien que préliminaire, offre une nouvelle perspective herméneutique pour appréhender la complexité protéiforme du croire contemporain.

Dans le roman Godân (1936) du romancier et nouvelliste du Nord de l'Inde Premchand (1880-1936), la notion de service (sevâ) traverse l'intrigue en s'y présentant chargée de différents sens. La pratique du service semble trouver son achèvement dans le récit lorsqu'elle prend la forme d'un « service social ». Le personnage de la femme médecin Malti en représente en quelque sorte l'illustration ultime, en choisissant dans l'intrigue finale de consacrer sa vie au service des pauvres et des malades. Dans l'hindouisme, la pratique du service est traditionnellement l'expression d'une soumission, prenant sens à l'intérieur d'un monde extrêmement hiérarchisé. À partir du XIXe siècle, sous l'impulsion de réformateurs socioreligieux, la notion de service est réinvestie en Inde d'une charge humanitaire. Des hindous influents comme Gandhi (1869-1948) et Vivekananda (1863-1902) font alors la promotion du service à travers une pratique sociale et humanitaire qui paraît calquée sur l'action des missionnaires chrétiens. D'une forme hautement valorisée de soumission, la pratique du service passe, dans l'idéologie commune, du côté de l'action sociale et humanitaire. La réinterprétation de la notion de service présente un exemple récent de tensions et transformations au sein de la tradition hindoue. C'est ce que cette présentation cherchera à illustrer, à partir de l'analyse de la notion de service dans le roman Godân de Premchand.

Les matérialités religieuses participent des expériences des croyants et des (re)façonnages, perpétuels, du religieux. Voie soufie, la Mouridiyya est très présente dans les études sur l’islam sénégalais. Les portraits des guides religieux mourides, dans les espaces dakarois, ont été approchés par la fenêtre des arts davantage que par celle du religieux. La multiplication des portraits sur des objets de consommation de masse : t-shirt, robes, autocollants, coques de téléphones n’a pas fait l’objet d’études exhaustives. Nous voulons nous demander : comment les portraits des guides fabriquent-ils, matériellement et visuellement, l’expérience religieuse? Notre terrain se fait sous la forme de participation observante et d’entrevues avec des hommes et des femmes, à Montréal et en région. Dans le cadre de cette communication, nous présentons des résultats préliminaires. La disponibilité des portraits questionne deux aspects de l’expérience : l’accessibilité ou la démocratisation des guides et la plasticité dans la fabrication du sacré – ici la sacralité du guide mais aussi de la relation avec le disciple–. Appréhender comment se façonne cette relation peut se faire en regardant ce que font les disciples avec les portraits. De quelles manières les mobilités que permettent les migrations transnationales participent à ce faire? En quoi ces expériences sont-elles un espace pour rendre compte des mobilités, des diversités et des individualités qui (re)font le religieux contemporain?

L’historiographie nous a livré nombre d’études sur la polémique chrétienne contre l’islam, mais le plus souvent, le traitement se présente comme un catalogage des arguments les plus souvent employés sur les thèmes les plus controversés entre les deux religions. L’approche que je compte employer permet de montrer que, derrière la redondance des arguments utilisés dans cette littérature, se trouve un panorama diversifié et dynamique.

Les textes analysés sont choisis dans le cadre de l’histoire morisque depuis la conquête de Grenade (1492) jusqu’à l’expulsion des morisques (1609). Il s’agit de textes dont la littérature scientifique actuelle n’a pour le moment fournit aucune analyse d’ensemble. Les études à notre disposition portent sur des corpus limités. En proposant une étude sur le corpus de textes le plus complet à ce jour et en analysant chaque texte en fonction de son contexte historique et de ses originalités, je m’offre les moyens de des réponses aux questions suivantes : Quand, comment et pourquoi s’est opérée le glissement d’une production principalement faite de textes polémiques à une production principalement axée sur la catéchèse? Que nous disent les textes sur les projets qui supportèrent leur production? Et finalement, quel héritage ont-ils laissé aux auteurs qui, au début du XVIIe siècle, ont écrit pour réclamer, puis défendre l’expulsion des morisques de 1609?



De prime abord, le sport et le patrimoine culturel peuvent apparaître comme deux sujets a-priori antinomiques. Pourtant à travers les sports apparaissent en filigrane des marqueurs identitaires d'un territoire, en étant caractéristiques d'une société spécifique et d'un espace géographique localisé. Au Québec, les raquettes, comme le canot, font parties de ces emprunts culturels et techniques aux autochtones du Nord de l'Amérique. Au-delà, elles témoignent de l'évolution d'une pratique traditionnelle sur cette aire géographique, d'abord utilisée à des fins d'exploration (telles les découvertes de Radison ou de Cavelier de la Salle), de commerce (les coureurs des bois) ou de survie (pour la chasse), avant de devenir un divertissement à la fin du XIXe siècle et un trait culturel des sports et des loisirs actuels suivant le mode d'utilisation, en famille ou en compétition comme les courses ou le trekking. Mais pour que ces pratiques traditionelles vivent, il faut qu'elles aient une fonction (politique, économique ou sociale) dans la société dans laquelle elles s'inscrivent; c'est pourquoi elles peuvent être « revivifiées » suivant les besoins. L'analyse de ces expressions permettra notamment d'expliciter la relation qui se noue entre sport et patrimone, dans la transmission de certaines traditions et dans leur reformulation. Il s'agit de saisir ces circonvolutions humaines qui assurent des permanences d’expressions culturelles et identitaires.

Dans le cadre de mon mémoire de maîtrise, je m'intéresse aux rapports qu'entretiennent les jeunes adultes, de seconde generation, issus de minorités religieuses visibles, avec leurs signes religieux «ostentatoires». Je mène une série d'entrevues  avec des jeunes adultes sikhs, juifs et musulmans qui portent respectivement le turban, la kippa et le foulard pour les femmes musulmanes.

Pour ce faire, je mobilise les théories sur les représentations (Hall et Spivak) et la reconnaissance (Fraser).
Mes résultats préliminaires mettent en lumière l’importance de la trajectoire de vie sur le sens que ces jeunes accordent à leurs signes religieux, mais aussi la réappropriation qu’ils en font et qui pour certains d’entre eux, est distincte de celle de leurs parents ou de leur communauté.

Mon travail se situe dans une conjoncture socio-hostorique particulière, puisque un débat politique et sociétal à propos du port des signes religieux dans la fonction publique a lieu actuellement au Québec. Je pense que présenter mon travail de recherches à ce colloque me permettra d'avoir du feedback constructif de la part d'experts externes et ainsi alimenter ma réflexion critique sur mon cadre théorique et mes analyses. Ensuite, mes résultats issus de témoignages et d'expériences de vie, seront enrichissants pour tous les chercheurs qui s'intéressent à ce sujet et amèneraient un angle de recherche qui est jusqu'à maintenant occulté dans les études sur les minorités religieuses en général.



Les documents en langue française paraissent essentiels dans le domaine des études ottomanes, notamment pour celles s'adressant au XIXe siècle. Le Bulletin de l'Académie de Médecine (BAM) nous fournit ainsi une image précise et détaillée de la médecine ottomane à travers le regard de son homologue française dans la seconde moitié de ce siècle.  Nous avons choisi d’examiner quelques échantillons du matériel disponible dans cette source, en rapport avec le système de santé ottoman depuis 1850 jusqu’au tout début du XXe siècle. On attendait ainsi de la médecine ottomane qu’elle devînt un interlocuteur et un partenaire-clé, fiable et efficace sur des questions cruciales telles que la lutte contre la survenue et l’extension de maladies infectieuses dont le choléra est pris ici comme exemple. Les autorités de santé ottomanes se voyaient attribuer le rôle d’un véritable verrou sanitaire devant empêcher de telles épidémies – dont on estimait généralement qu’elles émanaient d’Orient, notamment des Indes – de se répandre dans l’Empire ottoman pour gagner ensuite l’Europe orientale puis occidentale. La Turquie se signalait ainsi déjà comme une passerelle entre Orient et Occident. En outre, il y a 150 ans, ces préoccupations en matière de santé renvoient aux crises sanitaires internationales vécues très récemment (SRAS, grippe H1N1...).

Mots-clés : médecine ottomane, Empire ottoman, choléra, épidémies, Turquie, histoire de la médecine, médecine islamique, la santé dans le monde.



Dans le cadre du projet de recherche collaboratif « musulman canadien en ligne » qui vise à examiner l’utilisation d’Internet chez les musulmans et à étudier le rôle joué dans leurs vies quotidiennes avec la technologie numérique, nous avons commencé à obtenir des données préliminaires à travers les entrevues menées à Montréal. La présentation reviendra sur l’implication en ligne des musulmanes qui démontre un intérêt pour la recherche de connaissances religieuses, conjugué parfois d’une volonté de s’impliquer hors ligne dans des associations communautaires. Aussi, l’utilisation des réseaux sociaux permet de mettre en conformité leurs actes quotidiens avec les sources religieuses, tout en essayant de faire évoluer ou inscrire leurs pratiques dans un processus identitaire. La construction d’une communauté en ligne s’établit avec une constante quant aux positions prises par les sites web visités où le prisme du féminisme et de la condition des femmes par les autorités possède son importance.

Créée en 1860 pour défendre les juifs persécutés dans le monde, cette grande institution juive française vise à émanciper les juifs en pays musulmans par la « régénération ». Pour ce faire, elle établit un vaste réseau d’écoles sur tout le pourtour méditerranéen dans lequel se dévouent des femmes et des hommes animés par des vocations de missionnaires. Même si l’Alliance se nourrit des idées des Lumières et de principes républicains, elle reste la fille de son temps et les femmes, tant au sein de l’organisation que dans le réseau des écoles en étant élèves, institutrices ou directrices, sont invisibilisées. À partir d’une perspective féministe postmoderne et du cadre théorique des rapports sociaux de sexe, ce communiqué vise à établir comment, au sein de l’Alliance, le caractère androcentrique, la production et la reproduction des rapports sociaux de sexe inégalitaires sont mis en œuvre par le discours (Chetcuti et Greco, 2012), par les programmes scolaires et par la formation des institutrices de manière à essentialiser le sexe et le genre féminin et de l’effacer dans les rapports de pouvoir.

La philosophie de l’information vise à fournir les bases d’une réflexion critique sur cette notion polysémique qu’est l’information. Depuis les travaux de Shannon (1948), Bar-Hillel & Carnap (1953), et Wiener (1961), nous avons divers moyens de quantifier l’information (entropie de Shannon) en terme de fonction de probabilité. Or ces moyens émanent d’une théorie mathématique de la communication et aucune définition universelle de l’information n’y est incluse. Dans son article de 2004, Luciano Floridi propose un programme, sous la forme de dix-huit questions ouvertes, qui a pour objectif d’aiguiller les recherches en philosophie de l’information autour de quatre grands axes. L’un d’entre eux concerne la possibilité d’une théorie générale de l’information (TGI). L’ouvrage de Mark Burgin (2010) Theory of Information, constitue précisément une tentative d’élaboration d’une telle théorie générale de l’information. Tout d’abord, j’exposerai comment cette théorie s’inscrit dans la tradition philosophique des approches dynamiques de l’information (Drestke 1981 ; Barwise & Seligman 1997). Ensuite, je montrerai en quoi la théorie de Burgin permet, à travers sa distinction entre principes ontologiques et principes axiologiques, de fournir une définition philosophiquement adéquate de l’information, de résoudre le paradoxe de Bar-Hillel-Carnap et de rendre compte de l’aspect subjectif de l’acquisition d’information en théorie de la décision.

Nous présenterons dans cette communication un problème classique de philosophie politique que nous instruirons à l'aide des textes de Marcel Gauchet et de Régis Debray : la possibilité de l’autonomie politique moderne, contre l’hétéronomie religieuse.

Il est communément admis que la modernité politique signifie la déprise du religieux sur la société. Or, l'idée selon laquelle le projet moderne d'autonomie politique est possible a sérieusement été bousculée par l'analyse du totalitarisme et de sa composante religieuse, bien qu'apparemment laïque.  Avec les révélations de Soljenitsyne,  l'Occident découvrait que le progrès technique s'accommodait très bien de l'hétéronomie religieuse.


Cette découverte eut en France dans les années 1980 un dénouement particulièrement intéressant que nous retracerons dans notre présentation. Ces deux auteurs sont en effet représentatifs d'un mouvement intellectuel par lequel des penseurs alors favorables aux marxismes se sont remis à reprendre au sérieux le fait religieux et le rôle qu'il entretient avec les conditions de possibilité du social.


Dans Le désenchantement du monde, Marcel Gauchet soutient la thèse selon laquelle la religion est une solution historique apportée au conflit politique, mais que l'instituant premier du social est ce dernier. Au contraire, Régis Debray soutient dans La critique de la raison politique que l'instituant premier du social est le religieux. 


Nous conclurons par une analyse critique de ces deux propositions.

Datant des civilisations méditerranéennes antiques, découverte par le physiologiste Américain Ancel Keys dans les années 1950 et inscrite sur la Liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2010, la diète méditerranéenne est bien plus qu’un simple régime alimentaire, mais une nouvelle étape dans l’évolution des concepts de Méditerranée et de méditerranéité. Un premier aspect critique surgit lorsqu’on essaie de définir cette « diète » censée être présente dans l’espace méditerranéen, ainsi que son étendue géographique et l’identification de ses pratiquants. L’objectif de ma présentation est de restituer les résultats préliminaires de ma recherche doctorale portant sur la compréhension du concept de « diète méditerranéenne » en tant qu’œuvre patrimoniale transnationale inscrite sur la Liste de l’UNESCO. Pour ce faire, quatre terrains ethnographiques furent entrepris auprès de quatre pays méditerranéens (Espagne, France, Italie, Maroc) – telle fut la méthodologie employée, qui inclut l’observation participante et les entrevues semi-dirigées. Mon étude ethnologique vise un triple objectif : d’abord, retracer les développements des concepts polyédriques d’imaginaire méditerranéen et de diète méditerranéenne ; ensuite, apporter une contribution au sein des études patrimoniales et des sciences du tourisme en ce qui est des impacts de la patrimonialisation d’un élément alimentaire à l’UNESCO ; enfin, approfondir la compréhension du paradigme de « glocalisation » contemporain.

La violence vécue par la communauté acadienne selon l’âge et le genre en Nouvelle-Écosse de 1755 à 1763 a très peu été thématisée dans l’historiographie. Pour répondre à cette lacune dans la recherche et contribuer à mieux saisir la violence de masse, la communication montrera comment les femmes et les enfants acadiens ont été traités comme utilisables dans le processus d’embarcation et comme éliminables dans la résistance acadienne de 1755 à 1759. 

Il s’agira, d'abord, d’expliquer pourquoi les Britanniques à l’automne 1755 ont divisé la communauté acadienne en deux : les hommes d’un côté et les femmes et les enfants de l’autre. Cette division sera présentée selon sa capacité à forcer les femmes et les enfants à fournir la nourriture aux hommes contrôlés par les Britanniques (Winslow, 1755, NSHS) et à aider à les kidnapper pour les mettre sur les bateaux (Le Guerne, 1757). Deux épisodes de 1757-1759 que John Mack Faragher et Clarence d’Entremont signalent sans approfondir seront ensuite examinés. Celui lors duquel des Britanniques ont tué des femmes et des enfants acadiens résistants de la région des Pubnicos de Nouvelle-Écosse (Amherst, 1759, CDI) et l’autre où un massacre similaire d’Acadiens résistants s’est produit le long du fleuve Saint-Jean près du sud du Nouveau-Brunswick actuel (1767, RCA). Prolongeant le travail de Dirk Moses sur la violence au 20e siècle, mon travail interprétera ces éliminations comme ayant résulté de la perception britannique de tout Acadien comme danger.

L’implantation du cours d’Éthique et culture religieuse dans les écoles du Québec en 2008 fut accompagnée d’un investissement massif des médias par ses détracteurs. Étonnamment, ce mouvement d’opposition regroupait et regroupe toujours des acteurs se situant aux deux pôles de l'appartenance religieuse. Associations pieuses et militance laïque se rejoignent ainsi pour réclamer l’abolition du programme ou le droit à l’exemption. Alors que les premiers allèguent l’atteinte à la liberté de religion des parents croyants, les militants sécularistes dénoncent eux une glorification de la pensée religieuse et la mise au rancart de l’athéisme, de l’humanisme et de la pensée scientifique dans le curriculum. Suivant cette ligne de pensée, l’absence d’un traitement satisfaisant de l’athéisme aux côtés des différentes traditions religieuses priverait le jeune élève d’une concurrence des discours nécessaire au développement de sa pensée critique. Ces constats appellent à une réflexion sur l’espace qui devrait être aménagé ou non pour l’incroyance dans les contenus en Éthique et culture religieuse. Le caractère secondaire qu’y occupe l’athéisme est-il justifiable au regard des perspectives et finalités du programme? Comment la notion devrait-elle être abordée par le matériel didactique? Sur la base de considérations normatives, d’une définition opératoire du concept et d’un examen du matériel pédagogique, nous entendons ici apporter des éléments de réponse à ces interrogations.



 

Le diocèse de Nicolet envoie, en 1955, trois prêtres au Brésil avec l’objectif de prendre en charge deux paroisses de la prélature de Pinheiro et d’y développer les vocations sacerdotales. Sur place, les prêtres québécois se rendent compte de la profonde misère de leurs nouveaux paroissiens. Afin de leur prêter main-forte, ils demandent rapidement l’aide des Sœurs Grises de Montréal. Celles-ci acceptent, en 1957, d’envoyer au Brésil des religieuses afin de prendre en charge les soins et les services sociaux. Elles y resteront 17 ans avant de quitter et poursuivre leur apostolat dans d’autres régions de la prélature. Leur départ aura des conséquences sur le maintien de la mission nicolétaine au Brésil dans sa forme d’alors. Les prêtres devront réfléchir à de nouvelles manières de maintenir la collaboration entre les diocèses pour garder la mission ouverte. Durant la totalité de leur présence au Brésil, les Sœurs Grises ont tenu une correspondance soutenue de laquelle il nous reste quelques lettres. Par ailleurs, des chroniques rédigées par les religieuses nous donnent un accès privilégié à leur quotidien. De fait, comment se représente-t-elle leur expérience brésilienne? Que peut-on dire de leurs relations avec entre elles? Avec les prêtres? Avec le peuple? Est-il possible de déceler la portée de leurs œuvres, leurs échecs et leurs succès? Notre présentation a pour objectif de mettre en lumière l’expérience d'une mission oubliée de notre histoire religieuse.

           Notre exposé cherche à dégager la nature et le rôle stratégique de la métaphore de la lisibilité du monde dans l'économie de la pensée benjaminienne et son importance pour l'élaboration d'une métaphorologie (Blumenberg, 1960)

            De fait, la métaphore de la lisibilité du monde est le postulat qui permet de penser l'unité de sa méthode interprétative. Puisque c'est à partir d'un tel postulat que la proposition de Benjamin, exposée dans un fragment de 1917, percevoir c'est lire, peut être comprise. Si la lisibilité du monde est une métaphore, c'est bien parce que les premières formes de lecture se sont faites avant la naissance de l'écriture, dans la lecture des entrailles, dans les étoiles et dans les danses. C'est donc dire que la perception est un phénomène qui, loin d'être une réalité strictement empirique, relève en dernière instance du langage. D'ailleurs, dans un autre fragment de la même époque, il affirme que la perception est une modalité du langage. Ce qui nous permettra de comprendre sa théorie mimétique du langage comme production de ressemblance non sensible. Ces considérations nous permettront, d'une part, de démontrer que la position de Walter Benjamin permet d'écarter dans le domaine de l'interprétation deux paradigmes opposés : la stricte empiricité et la tradition herméneutique (Gadamer, 1960). D'autre part, nous démontrons que l'origine de la connaissance humaine s'inscrit dans un tissu métaphorique préalable.





La toxicomanie et la parentalité se posent souvent comme antinomiques, notamment aux yeux de la loi. Pourtant, du point de vue psychique, et particulièrement au regard du mode d’investissement de l’objet, l'objet-drogue et l’enfant pourraient partager certaines caractéristiques, ou encore s’inscrire dans une solution de continuité tout aussi révélatrice du passage possible pour les parents d’un mode de vie de consommation à une parentalité exempte de celle-ci. Une telle compréhension pourrait s’avérer fertile pour l’intervention auprès des parents toxicomanes.

Notre étude vise à explorer les fonctions de la prise de drogue dans le parcours de jeunes parents dits «en difficulté» et, en parallèle, les fonctions psychiques de l’enfant chez ces parents. Une seconde étape de la recherche s’intéresse aux parallèles possibles entre les fonctions accordées à ces deux objets par les jeunes parents.

Pour ce, nous avons mené une analyse qualitative «à l’aide de catégories conceptualisantes» (Paillé et Mucchielli, 2012) d’entretiens semi-directifs recueillis dans le cadre d’une recherche du GRIJA portant sur la parentalité chez les jeunes adultes en difficulté. Nos résultats laissent entrevoir des croisements entre le mode d'investissement et les fonctions de l'objet-drogue et de l'enfant, lesquels permettent d’envisager des alternatives dans la compréhension des difficultés du maintien de l’abstinence chez ces parents, ainsi que de nouvelles voies pour l’intervention en ce domaine.

Mon exposé débutera par une courte présentation de la théorie des temporalités sociales (Mercure, 1995), un sujet assez marginal dans la sociologie, pour poser le problème de la projection dans le temps au sein des sociétés contemporaines. Cette introduction me permettra de souligner les limites inhérentes à une représentation linéaire des devenirs individuels, vision qui ne s'applique qu'à certaines sphères de la pratique significative et qu'il est nécessaire à prendre en compte pour élargir les possibilités de la collecte de données.

Je poursuivrai en exposant la méthodologie et des résultats auxquels a abouti l'analyse de 15 entrevues semi-dirigées menées entre septembre et novembre 2014 auprès de jeunes québécois(e)s âgées entre 20 et 25 ans. Les répondant(e)s sont réparti(e)s en quotas égaux entre diplômé(e)s universitaires, collégiaux et secondaires. Le cœur de la discussion tournera autour des formes d'organisation de l'anticipation du futur individuel, des valeurs personnelles ainsi que des contraintes sociales qui les orientent; de l'arrimage de ces formes à la projection dans l'avenir collectif et des paradoxes que cela occasionne dans les réponses de certain(e)s répondant(e)s. Pour terminer, je présenterai des conclusions préliminaires vers lesquelles pointent mes travaux.



Mes recherches se concentrent spécifiquement sur la critique du concept de Raison dans l’œuvre d’Herbert Marcuse, célèbre théoricien de ce qu’on appelle maintenant l’« École de Francfort ». Ce sujet nous amène des fondements typiquement hégéliens de la Théorie critique jusqu’à leur renversement radical au courant de la Seconde guerre mondiale. À travers différents thèmes qui traversent la pensée de Marcuse, ma conférence entend retracer ses tentatives pour trouver un fondement de la critique autre que celui, absolument inévitable en philosophie, de la Raison. Refusant obstinément de nuancer ses constats allant dans le sens d’une régression de la critique et d’une atrophie des capacités de négation de l’ordre établi dans la société industrielle avancée, sans pour autant jamais cesser de chercher ce qui, « de l’intérieur », pouvait encore receler un potentiel subversif de transformation, Marcuse tente tant bien que mal d’échapper à l’aporie inhérente à cette critique radicale de la Raison en s’efforçant de trouver dans les différentes sphères de l’existence humaine une dimension encore capable de résister à son intégration totalitaire dans le capitalisme avancé. Cette réflexion nous amène à nous demander s’il existe ou non des alternatives pour une critique sociale qui ne prétend plus plonger dans la Raison ses racines. Dans le sillage de Marcuse, nous suivons un chemin hésitant mais audacieux qui nous conduit vers rien de moins que les limites de la modernité elle-même.

Notre communication porte sur la pensée du psychiatre martiniquais Frantz Fanon en lien avec la situation coloniale et « décoloniale » de l’Algérie entre 1954 et 1960. Nous étudions ici le portrait que Fanon dresse sur l’évolution du rôle social et du statut des Algériennes avant et pendant la guerre d’Algérie. Ce regard sur la marginalité est alors inédit parmi les penseurs anticoloniaux et nous soutenons que Fanon est véritablement le premier à prendre en considération l'histoire sociale des femmes dans le contexte des indépendances africaines. Notre problématique de référence gravite autour d'une réflexion précise. Nous nous questionnons à savoir comment Fanon analyse-t-il l’évolution du statut social et le rôle des Algériennes avant et durant la guerre d’Algérie?

Dans son portrait, il dénote une fissure causée par le conflit entre leur statut traditionnel et leur rôle de combattantes au sein de la lutte indépendantiste. Il perçoit que cet engagement crée un phénomène d'émancipation. C’est dans cette optique que nous analysons l'organisation et le fonctionnement du noyau familial algérien ainsi que la place des femmes dans cette société. Nous nous penchons ensuite sur leur rôle dans la lutte d’indépendance et nous verrons comment les réalités vécues par les combattantes diffèrent des propagandes révolutionnaires du FLN. Nous appuierons notre réflexion par le croisement des deux études de Fanon, soit L’An V de la révolution algérienne (1959) et Les damnés de la terre (1961).

Problématique : Il existe au Québec deux modèles d'intégration en concurrence. L'un est incarné par la Charte de la langue française qui, tout en reconnaissant des droits aux minorités, place la majorité culturelle au cœur de son projet d'émancipation et d'intégration nationale, comme l'indique son préambule. L'autre est incarné par la Loi sur le multiculturalisme canadien qui place tous les groupes culturels sur un même pied, sans reconnaître un rôle particulier à la majorité culturelle québécoise. Eu égard à l'histoire politique, ces deux modèles et ces deux lois découlent de deux visions distinctes : celle de Lévesque (ainsi que de Camille Laurin) et celle de Pierre Trudeau. Se peut-il qu'au-delà de cette différence politique partisane, il existe une différence plus fondamentale relevant de la philosophie politique ? Et se peut-il que cette différence puisse être interprétée à la lumière de débats récents en philosophie politique autour du libéralisme et de ce qui, depuis le déclin du marxisme, constitue une de ses principales propositions philosophiques alternatives, soit le républicanisme ?

Conclusions : À la lumière de documents datant de l'époque de l'adoption de ces lois (texte de loi d'origine, archives parlementaires, etc.) et de travaux récents en philosophie politique, il est possible d'associer la Charte de la langue française à un certain républicanisme d'inspiration française, et la Loi sur le multiculturalisme canadien à un certain libéralisme anglo-saxon. 

Mon projet de recherche porte sur la création de la réserve innue de Nutashkuan dans les années 1950. À travers des entrevues d’histoire orale réalisées avec des membres de la communauté, et à l’aide de photographies d’époque et d’archives des missionnaires et des agences fédérale et provinciale, je tente de comprendre comment une réserve s'est établie à l’embouchure de la Grande rivière Natashquan, et comment les Innus qui l’habitent se souviennent de ces événements.

Dans le cadre de cette communication, je souhaite aborder plus spécifiquement le processus de recherche en lui-même et certaines questions méthodologiques liées à mon projet. En 2005, un protocole de recherche a été mis en place par l’APNQL pour encadrer la recherche en milieu autochtone et insister sur l’importance d'une collaboration avec les communautés. Comment cela se passe-t-il dans la réalité? Comment fait-on pour que la recherche soit réellement une «zone de convergence» entre une chercheure extérieure et une communauté? Est-ce possible?

Mon expérience m’a montré les difficultés de s’assurer que la communauté soit en accord avec la recherche. Par ailleurs, la collaboration demande beaucoup de temps, et peut impliquer une réorientation des intérêts de recherche, un choix parfois difficile à faire. Finalement, c’est parfois à l’extérieur de la recherche principale et du cadre universitaire que naît l’espace collaboratif et, peut-être, la recherche la plus utile pour la communauté.

La recherche en sociologie des émotions évolue aujourd'hui dans un climat dominé par l'idée que l'on ne peut pas espérer expliquer l'action humaine sans prendre, un tant soit peu, en considération les faits physiologiques, chimiques ou génétiques que les neurosciences accumulent dans la construction d'un savoir au sujet du fonctionnement du cerveau. Notre présentation viserait à faire le point sur les arguments qui ont amené à cette fracture disciplinaire. C'est face à l'impasse, au sein de la sociologie des émotions, d'une forme d'existence légitime de l'explication biologique dans le déclenchement et la constitution des émotions (Higgs et Reese 2003) que nous avons construit notre étude. L'interdisciplinarité dont la neurosociologie est le fruit, pose questions quant à la validité d'une jonction des méthodologies et épistémologies entre sociologie et neurosciences.

L'origine des émotions en sociologie, est-elle conçue comme interne ou externe, comme une réaction automatique à un événement extérieur, ou comme une réaction construite ?

a) Aucun processus - biologique, culturel ou cognitif - seul n'est responsable de la manière dont sont vécues et s'expriment les émotions. b) Tous ces éléments relatifs aux émotions interagissent de manière complexe et à ce jour aucune approche sociologique n'a réussi à en faire la synthèse complète. c) La sociologie des émotions a dans sa grande majorité minimisée voir négligée l'élément biologique dans ses analyses sociologiques de l'action.

Dans le cadre de cette communication libre, j’entends me lancer dans la définition de l’« angoisse spirituelle » associée à la peur de mourir, et ce en dehors de la terminologie psycho-médicale qui se révèle souvent incapable de conceptualiser des agonies autres que l’agonie physique. La peur de mourir, en tant que phénomène foncièrement existentiel et/ou spirituel, ne peut être ni traitée, ni déconstruite par la médication ou la thérapie traditionnelles. C’est pourquoi il faut que la réponse clinique à l’anticipation de la mort fasse appel à des disciplines mieux outillées telles que la philosophie, voire même la théologie.

En m’inspirant de la perspective « pluraliste » de Paul Feyeraband, je compte mettre en lumière les limites que rencontrent les sciences médicales lorsqu’elles doivent composer avec l’anticipation angoissante de la mort qu’éprouvent les patients. Bien évidemment, il ne s’agit pas ici de s’en prendre à l’utilité (indiscutable, par ailleurs) des méthodes actuellement employées dans les unités de soins palliatifs, mais bien de démontrer que leurs outils et pratiques sont inefficaces face à un problème tel que celui qui nous intéresse et dont les paramètres ne sont pas réductibles à ce que l’on appelle une « maladie ». Afin de bien exposer mon propos, ma présentation sera divisée en deux parties : a) exposition de la nature « spirituelle » de la peur de mourir, b) de l’inefficacité de l’approche médicale face à la peur de mourir.