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Le présent travail fait une analyse des différents moyens de sauvegarde et d’exposition du patrimoine culturel immatériel (PCI) dans certains musées du monde. L’intérêt de cette recherche est lié au déséquilibre entre les pays du Sud et ceux du Nord en matière de PCI. La convention de 2003 de l’UNESCO a été accueillie avec plus d’engouement dans les pays du Sud que du Nord; en témoigne le nombre de pays africains ayant ratifié la convention. L’un des moyens de sauvegarde que recommande l’ICOM (Conseil International des musées) est l’introduction du PCI dans les musées.

Cependant, force est de constater que les pays du Sud n’en font pas vraiment pratique, et que les pays du Nord sont plus déterminés dans ce domaine. Qu’est-ce qui explique alors la position des pays du Sud face à l’introduction du PCI dans les musées? Afin de répondre à cette question, la lecture des documents physiques et numériques est la principale méthode. La consultation des sites internet de certains musées dans différents espaces géographiques et des documents rédigés à leurs propos, n’est pas du reste.

La recherche nous permet de découvrir que les pays du Sud n’introduisent pas assez leurs PCI dans les musées car ils pensent qu’étant dans un musée, le PCI est coupé de ses communautés d’origine et par conséquent ne peut pas se recréer. Elle permet ainsi de   comprendre que la sauvegarde du patrimoine immatérielle dans les musées est fonction des réalités culturelles de chaque communauté.

Les documents en langue française paraissent essentiels dans le domaine des études ottomanes, notamment pour celles s'adressant au XIXe siècle. Le Bulletin de l'Académie de Médecine (BAM) nous fournit ainsi une image précise et détaillée de la médecine ottomane à travers le regard de son homologue française dans la seconde moitié de ce siècle.  Nous avons choisi d’examiner quelques échantillons du matériel disponible dans cette source, en rapport avec le système de santé ottoman depuis 1850 jusqu’au tout début du XXe siècle. On attendait ainsi de la médecine ottomane qu’elle devînt un interlocuteur et un partenaire-clé, fiable et efficace sur des questions cruciales telles que la lutte contre la survenue et l’extension de maladies infectieuses dont le choléra est pris ici comme exemple. Les autorités de santé ottomanes se voyaient attribuer le rôle d’un véritable verrou sanitaire devant empêcher de telles épidémies – dont on estimait généralement qu’elles émanaient d’Orient, notamment des Indes – de se répandre dans l’Empire ottoman pour gagner ensuite l’Europe orientale puis occidentale. La Turquie se signalait ainsi déjà comme une passerelle entre Orient et Occident. En outre, il y a 150 ans, ces préoccupations en matière de santé renvoient aux crises sanitaires internationales vécues très récemment (SRAS, grippe H1N1...).

Mots-clés : médecine ottomane, Empire ottoman, choléra, épidémies, Turquie, histoire de la médecine, médecine islamique, la santé dans le monde.



La philosophie de l’information vise à fournir les bases d’une réflexion critique sur cette notion polysémique qu’est l’information. Depuis les travaux de Shannon (1948), Bar-Hillel & Carnap (1953), et Wiener (1961), nous avons divers moyens de quantifier l’information (entropie de Shannon) en terme de fonction de probabilité. Or ces moyens émanent d’une théorie mathématique de la communication et aucune définition universelle de l’information n’y est incluse. Dans son article de 2004, Luciano Floridi propose un programme, sous la forme de dix-huit questions ouvertes, qui a pour objectif d’aiguiller les recherches en philosophie de l’information autour de quatre grands axes. L’un d’entre eux concerne la possibilité d’une théorie générale de l’information (TGI). L’ouvrage de Mark Burgin (2010) Theory of Information, constitue précisément une tentative d’élaboration d’une telle théorie générale de l’information. Tout d’abord, j’exposerai comment cette théorie s’inscrit dans la tradition philosophique des approches dynamiques de l’information (Drestke 1981 ; Barwise & Seligman 1997). Ensuite, je montrerai en quoi la théorie de Burgin permet, à travers sa distinction entre principes ontologiques et principes axiologiques, de fournir une définition philosophiquement adéquate de l’information, de résoudre le paradoxe de Bar-Hillel-Carnap et de rendre compte de l’aspect subjectif de l’acquisition d’information en théorie de la décision.

Cette présentation portera sur les résultats d’une recherche menée dans le cadre d’une cotutelle internationale de thèse, en sociologie et en sciences des religions, basée sur les récits de vie de personnes issues de la communauté catholique laotienne de Montréal. Elle tentera d’analyser le problème de la transmission intergénérationnelle de la mémoire d’exil que l’on retrouve au sein des familles composant cette communauté. La recherche a permis de faire ressortir que les membres de cette dernière qui ont fui le Laos suite à l’implantation d’un régime communiste dans ce pays en 1975 ont peu parlé des circonstances et des raisons de leur exil à leurs enfants. La présentation sera divisée en trois parties. Dans un premier temps, nous ferons un bref survol historique de la trajectoire de ces immigrés laotiens, de l’arrivée du communisme au Laos à leur installation au Québec. Dans un deuxième temps, nous aborderons la question du silence que gardent ces exilés relativement à leur mémoire d’exil, ses motifs et ses effets sur leurs enfants. Enfin, dans un troisième temps, nous verrons que ce silence ne demeure jamais absolu : il comporte des brèches, de telle sorte qu’il y a toujours, malgré tout, une certaine transmission intergénérationnelle qui s’opère de manière subtile, ce qui tend à démontrer que dans toute expérience ou mémoire « de souffrance », il y a quelque chose qui cherche à se dire et qui se refuse ainsi à être complètement oublié.

Exploration de l’impact d’internet sur les représentations musulmanes de l’"autre" lors du passage en ligne de fatwas sur les juifs ou le judaïsme. Produits, et productrices d’un certain regard musulman sur l’altérité, ces "fatwas juives" demeurent des constructions particulières, situées dans le temps et l’espace. Mais lors de leur passage en ligne, ces représentations sont mises à l’épreuve, à la merci de nouvelles logiques communicationnelles et des pratiques qui en découlent. Analyser le contenu d’une centaine de fatwas d’IslamOnline.net pour en relever les éléments tant jurisprudentiels (traditionnels) que ceux ancrées dans des réalités contemporaines. Ces constructions dynamiques de l’altérité juive en ligne s’inscrivent dans des relations de pouvoir, implicites ou explicites, établis ou ébranlées. Certains contenus relèveront, en partie, du positionnement des autorités auxquelles ces fatwas font appel : chercheurs d’IslamOnline.net, individus-expert provenant de différents pays, organisations transnationale ou nationale, certaines fatwas ayant même deux sources d’autorité ou plus. De surcroît, ces fatwas présentent des horizons d’interprétations normatifs "dé-localisés" (Echchaibi) et 'dé-territorialisés" (Roy) qu’infléchissent de nouveaux réseaux transnationaux (Mandaville) de collaborateurs-producteurs de fatwas. La migration en ligne de ces fatwas et des pratiques qui y sont associées opère un infléchissement de ces représentations musulmanes de
l’altérité juive.

Pour cette communication, nous nous penchons sur l’expérience d’appartenance à la «oumma» (communauté musulmane) de canadiens musulmans et musulmanes à l’ère des nouveaux médias socionumériques. Nous analysons les entrevues menées auprès de cinquante québécois musulmans et musulmanes de 20 à 50 ans de la région de Montréal et de Québec (projet CNRS), pour explorer leurs expériences vécus de ces deux modes distincts – présentiel et virtuel – d’être-ensemble (Campbell 2010) au sein de communautés «imaginées» (Anderson 1991) réelles ou virtuelles (Rheinigold 2000) et électives (Castells 2001). Alors que les médias socionumériques jouent un rôle important dans le maintien de réseaux locaux, régionaux, nationaux ou internationaux (Moghissi 2006), surtout pour les musulmans depuis le 11 sept. 2001 (Hirji 2006), ces médias facilitent à la fois le rétablissement d'affiliations avec les communautés du pays d’origine mais surtout l’établissement de nouvelles affiliations et appartenances (Guyot 2006). Nous nous penchons sur les rapports des participants avec les groupes qu’ils fréquentent (communauté de foi, mosquée, association des étudiants musulmans, groupes soufis, etc.) – en ligne et hors ligne –, sur les activités auxquelles elles participent, et sur les nouveaux rôles que prennent les médias socionumériques, s’intéressant particulièrement à la nature et la fréquence de l’interactivité (horizontal vs. vertical) pour le développement de leur sens d’appartenance (Campbell 2012).

Pourquoi et comment la controverse janséniste autour de Saint-Médard s’est trouvée à s’exprimer par la comédie et comment cet usage du théâtre peut-il nous renseigner sur la querelle janséniste des Lumières ?La comédie du père jésuite Guillaume-Hyacinthe Bougeant, Le saint Déniché ou la banqueroute des marchands de miracles (mai 1732) et celle d’un janséniste, qui est une réplique directe, Arlequin esprit folet (juillet 1732), permettent de parcourir une voie jamais empruntée pour rejoindre l’histoire de la polémique autour du jansénisme convulsionnaire à Paris. Elles ont surtout l’avantage de faire voir, selon le parti, une représentation de l’adversaire suivant une conception caricaturée et polémique de l’altérité. Faire voir au public, par une lecture comique, le danger de l’autre selon un dessein grossier de celui-ci. Les échos littéraires de la querelle janséniste révèlent un déplacement des modalités habituelles d’affrontements ainsi qu’une modification du contenu discuté. 

Le cadre méthodologique que Roger Chartier a développé en ce qui concerne l’analyse des sources imprimées se révèle tout à fait pertinent pour mon analyse. Il se résume dans ce triptyque : œuvre, support, réception. 

L’originalité historiographique réside véritablement en ce que ces comédies ne firent jamais l’objet de recherches systématiques. Le résultat de nos recherches participe, à sa mesure, à un meilleur savoir sur le jansénisme convulsionnaire et, donc, sur la France religieuse moderne.

Depuis 2008, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, plus de la moitié de la population mondiale habitent dans les centres urbains. Le Japon est confronté à ce nouveau paradigme. La campagne japonaise est sévèrement affectée par l’exode rural. La réalité de ceux qui percévèrent en ces lieux est très peu documentée. Une étude de cas, celle de la vallée d’Iya, une région isolée du Japon, porteuse de traditions vernaculaires ancestrales, mettra en lumière l’arrivée et la manifestation de la  modernisation puis l’impact de l’exode rural qui s’ensuit sur son patrimoine culturel. En raison de sa réalité territoriale et du modèle d’établissement particulier, cette étude est abordée, du point de vue de la géographie-culturelle et de sa lecture du paysage telle qu’entrevue par J.B Jackson. Ainsi, à travers la lecture du milieu naturel et la façon dont il est habité, l’ampleur des changements survenus par l’arrivée de la modernité est identifié. Aujourd’hui, avec une population vieillissante constamment à la baisse et un territoire marqué par l’arrivée de la modernité, son héritage culturel est en péril. Les mesures entreprises pour revitaliser la région sont à ce jour inefficaces. Un avenir est difficilement envisageable.  Aucune publication en langue française ou anglaise n’est disponible sur cette région méconnue. Cette présentation offrira un autre regard sur le Japon contemporain : celui du monde rural; une facette occultée dans l'image du Japon moderne. 

 

 

Dans le cadre de cet exposé, je procède à une étude comparative entre trois destinations touristiques (Québec, Barcelone et Venise), classées selon les phases d’une « infection touristophobique » provoquée par le tourisme de masse. En guise d’introduction, un survol de la problématique abordée dans le cadre de l’école d’été 2018 de l’Institut du patrimoine culturel (IPAC) de l’Université Laval est proposé. Il est ensuite introduit la définition ainsi qu’un bref constat en ce qui concerne la Barcelomania et la touristophobie à Barcelone, avant d’insister sur le fait que ces enjeux, à degrés variables, touchent également d’autres destinations touristiques dans le monde et sont le produit d’une mauvaise gestion de « l’altérité touristique ». Deux tendances, à savoir la muséification et la muséalisation, seront utilisées pour éclairer sur des processus de, respectivement, fixation et mise en musée du patrimoine culturel des destinations. Ces deux forces antagonistes exercent une influence indiscutable au sein des villes à l’étude, agissent en tant que modèle de cohésion ou tension sociale et peuvent représenter un moyen de compréhension et dialogue entre les communautés locales et les visiteurs culturophages. Enfin, les enjeux reliés à la problématique seront soulevés, pour ensuite proposer des solutions pour l’avenir.

Matérialisation des principes de la « science ouverte » et de l’« innovation ouverte », le phénomène de la Do-it-yourself bio (DIYbio) vise à libérer la biologie moléculaire et les outils biotechnologiques de l’emprise politique, sociale et normative qu’y exercent les institutions de recherche. La DIYbio œuvre à mettre les outils biotechnologiques entre les mains du public de manière à ce que les individus puissent se les approprier et en faire un usage autonome. Par là, la DIYbio imbrique l’idéal politique d’autonomie, typiquement démocratique, avec des pratiques d’innovation en biologie. Cette présentation propose de décortiquer les principes et les implications sociales, culturelles, éthiques et politiques d’un tel enchevêtrement à partir de résultats d’une étude empirique sur le phénomène de la DIYbio. Ancrée dans le domaine des études sur la science, l’étude se base sur l’analyse de discours de sources documentaires et d’entretiens avec des membres du réseau DIYbio. En esquissant les rapports qu’entretiennent les communautés DIYbio nord-américaines à l’État, à l’éthique, aux droits de propriété intellectuelle, et à l’opposition sociale au génie génétique, la communication montrera que l’engagement envers la bio-innovation tend à aller de pair avec une sacralisation de la liberté individuelle. En conclusion, on verra en quoi ces éléments dessinent un modèle néolibéral de démocratie des biotechnologies.   

Cette présentation, vise à nuancer la lecture du néolibéralisme comme étant un hyperindividualisme. Prenant l’exemple des pratiques de beauté pendant et après la grossesse, pratiques ici appréhendées comme relevant d’un entrepreneuriat de l’esthétique s’inscrivant dans une idéologie néolibérale, je montre que cette appréhension du néolibéralisme ne sied pas au contexte taiwanais. Basée sur une ethnographie de près de trois ans à Taipei, cette présentation analyse le travail esthétique entourant la grossesse et participant du nouveau phénomène de la « yummy mummy». Je montre comment rester désirable durant la grossesse et « retrouver la taille » après, implique une dimension transindividuelle importante. Retrouvant rapidement leur silhouette, les femmes, non seulement, flattent l’égo de l’époux et honore la famille, mais la reconnaissance des autres qu’elles s’attirent ainsi est un facteur décisif de leur quête de beauté. Cette reconnaissance, provenant du mari, des membres de la famille, voire d’inconnus, est constitutive de la satisfaction de soi des femmes, gains immatériels ultimes de cet entrepreneuriat de l’esthétique. En conclusion, l’activité entrepreneuriale d’apparence individuelle, comme les pratiques de beauté, ne peut pas être appréhendée en faisant « abnégation du social »; en effet, l’analyse montre qu’une gestion attentive des relations sociales est un travail immatériel s’inscrivant dans l’entrepreneuriat de l’esthétique.

Le but de ma
réflexion est d’aborder la question de la tradition vivante au sein d’un peuple
contextuellement situé. Son objet est l’Évangile, qui, sous l’action de
l’Esprit, est transmis de manière ininterrompue d’une génération à une autre,
donc du passé au présent de l’acte de foi de chacun. L’idée
de base est celle-ci : dès lors qu’on partage la même foi, mais sur fond
d’un enracinement historico-culturel irrécusable, aucune formule voulue unique
ne suffira à exprimer la foi dans sa plénitude. Il me paraît alors
possible d’avoir au sein de l’Église catholique une pluralité et diversité des
formules doctrinales sans mettre en danger l’unité de la foi. En effet, la catholica elle-même, est un
tissu complexe de traditions culturelles d’origines très diverses avec de
nombreuses visions du monde. 

Ma réflexion
a pour pivot le juste rapport à adopter vis-à-vis de la tradition. Le corpus de
référence est constitué de Dei Verbum,
Ad Gentes et Gaudium et Spes du concile Vatican II, pour réfléchir
théologiquement à une herméneutique de la tradition, et de Vérité et Méthode de H.-G. Gadamer pour le versant de
l’herméneutique philosophique.

Voici mon hypothèse: une cohérente conception de la tradition ne
devrait-elle pas promouvoir et maintenir une fécondité mutuelle entre
l’Évangile et le contexte ?

La pensée de Gadamer soulève des enjeux
herméneutiques et théologiques pour la théologie catholique et promet l’herméneutique
doctrinale à une reconfiguration encore inédite.

Les éditathons sont une rencontre de wikipédiens et de non wikipédiens au sein d’un équipement culturel. Ceux-ci écrivent, enrichissent des articles de l’encyclopédie Wikipédia, en relation avec la collection ou l’exposition de l’équipement culturel dans un temps donné. Les ateliers d’écriture des associations locales de wikipédia, expériences transmédiatiques sont questionnés du point de vue de la co-construction des contributeurs comme une réinvention de la transmission. Il est interrogé le coefficient de capacitation des publics de ce dispositif de médiation qui s’étend du web, aux espaces de documentation, aux salles d’exposition des équipements culturels. Quelles sont les relations entre les contributeurs entre eux ? Quelles sont les conditions de possibilité a minima de la participation  (engagement, adhésion) ? La méthodologie de cette enquête repose à la fois sur une description graphique du réseau que cet événement peut tisser entre les contributeurs, la portée spatio-temporelle de celle-ci, le type de contributions des contributeurs présents à l'événement, puis d'une redocumentarisation ethnographique de ces premières descriptions. L’apport des visualisations de données pour la recherche en sciences humaines et sociales sera discuté. L’objectif de cette recherche est de relever des indicateurs pour évaluer le coefficient de capacitation des publics au sein de ce type de médiations.

Au Québec, le vécu des pratiquants du bouddhisme tibétain est peu connu et encore moins, la pratique bouddhiste tibétaine. De nos jours, des pratiquants Occidentaux et des bouddhistes tibétains partagent non seulement des lieux communs, mais aussi à certains égards, une pratique bouddhiste commune. Dans cette ère moderne où des personnes d’origines différentes se côtoient, il est à propos de vouloir comprendre comment la diversité culturelle se dessine et s’accommode dans le cadre d’une pratique culturelle particulière. Nous nous intéressons aux transformations tant personnelles, sociales que culturelles qui surviennent au contact du bouddhisme tibétain. Une analyse du vécu et du discours portant sur les pratiques bouddhistes des participants à l’étude, nous permettra de mieux interpréter la signification accordée à la culture du temple tibétain. Les pratiques individuelles des pratiquants de trois origines différentes : tibétaine, vietnamienne et québécoise, seront analysées. La comparaison des groupes nous permettra de faire émerger les particularités des pratiques de chacun des groupes et ainsi nous aider à mieux comprendre la culture commune au temple.

Nombre de travaux qui s’inscrivent aujourd’hui dans une ère « post-multiculturelle » s’interrogent sur les effets néfastes d’une reconnaissance des spécificités culturelles sur une culture publique commune. Le débat semble aussi se déplacer progressivement sur les notions de pluralisme et de cosmopolitisme où l’accent est mis dorénavant sur l’individu et sa propension à rencontrer l’autre, plutôt que sur le multiculturalisme qui consiste en une simple juxtaposition de réalités hétérogènes. La notion de gouvernance de la diversité culturelle implique cette conversation entre les cultures. Mais de quelle gouvernance parle t-on ? Sur un plan strictement théorique, la question de la gouvernance en matière d’inclusion et de relations entre citoyens de toutes origines illustre la nécessité mais aussi la difficulté à délimiter des valeurs collectives qui sont véritablement au centre du dialogue démocratique. Sur un plan pratique, la gouvernance s’incarne dans les actions multiples engagées notamment par les différents acteurs des organismes communautaires et des associations qui orientent les immigrants vers diverses institutions et les initient aux valeurs culturelles et civiques locales mais qui, face au retrait progressif de l’Etat, doivent sans cesse être renouvelées, en particulier pour pallier les difficultés d’intégration vécues par les nouveaux arrivants. Notre communication se proposera d'explorer les deux acceptions de cette gouvernance de la diversité culturelle au Québec

Vers la fin du 20e siècle, de nombreuses communautés autochtones au Brésil ont réalisé l’importance de leur apparence externe dans la perception de l’authenticité de l’autochtonie pour appuyer leurs revendications. Le port d’accessoires de plumes colorées et de peintures corporelles est alors devenu plus fréquent. Dans ce contexte, les concours de Miss et Mister Terena ont connu une popularité grandissante dans le Centre-Sud du Brésil. Plusieurs de ces concours visent à montrer la beauté de leur culture, à se donner à voir dans un contexte sans violence en plus de stimuler la participation et l’intérêt des jeunes vis-à-vis de leur culture. Comment ces concours ont-ils contribué à des transformations spécifiquement en lien avec l’utilisation des peintures corporelles? Cette présentation examinera ces transformations, les pressions externes et internes qui les influencent ainsi que les significations qu’elles détiennent pour les Terena aujourd’hui. Ces résultats préliminaires sont issus d’une ethnographie de 8 mois au sein de communautés Terena où j’ai observé, filmé et photographié 14 concours et conduit 54 entrevues qualitatives avec les membres de l’organisation, des artisans et des candidats. Analyser ces concours expose l’agentivité des Autochtones dans la définition de leur culture ainsi que le rôle qu’endossent aujourd’hui les jeunes, à la fois créateurs de particularité culturelle et médiateurs de plus en plus habiles entre leur groupe et la société nationale.

Nous nous proposons de mettre en lumière le rôle que joue le corps dans la quête mystique de Georges Bataille. Ce dernier n’a en effet cessé de tendre vers ce qu’il appelle la communication sans bornes avec le cosmos, à savoir une communion qui est de l’ordre du sentiment océanique. Nous tâcherons plus précisément d’éclaircir l’horizon de sa quête en décryptant sa valorisation de l’ « acéphale »  (l’homme sans tête).

Nous nous pencherons tout d’abord sur le fait que Bataille opère un complet renversement du rôle joué par le corps dans la mystique chrétienne traditionnelle. Nous verrons que, bien loin de considérer le corps comme une prison pour l’âme, il préconise au contraire sa complète libération. Nous tenterons par la suite de comprendre en quoi l’expérience érotique, soit une expérience à la fois du corps et du dedans, frôle le champ de la mystique. Enfin, nous rapprocherons cette expérience d’une œuvre taoïste de la Chine ancestrale : le Zhuangzi, de façon à démontrer que la valorisation du corps ne se limite pas à l'oeuvre de Georges Bataille, mais épouse le coeur d'autres mystiques.



Dans le cadre de cette communication libre, j’entends me lancer dans la définition de l’« angoisse spirituelle » associée à la peur de mourir, et ce en dehors de la terminologie psycho-médicale qui se révèle souvent incapable de conceptualiser des agonies autres que l’agonie physique. La peur de mourir, en tant que phénomène foncièrement existentiel et/ou spirituel, ne peut être ni traitée, ni déconstruite par la médication ou la thérapie traditionnelles. C’est pourquoi il faut que la réponse clinique à l’anticipation de la mort fasse appel à des disciplines mieux outillées telles que la philosophie, voire même la théologie.

En m’inspirant de la perspective « pluraliste » de Paul Feyeraband, je compte mettre en lumière les limites que rencontrent les sciences médicales lorsqu’elles doivent composer avec l’anticipation angoissante de la mort qu’éprouvent les patients. Bien évidemment, il ne s’agit pas ici de s’en prendre à l’utilité (indiscutable, par ailleurs) des méthodes actuellement employées dans les unités de soins palliatifs, mais bien de démontrer que leurs outils et pratiques sont inefficaces face à un problème tel que celui qui nous intéresse et dont les paramètres ne sont pas réductibles à ce que l’on appelle une « maladie ». Afin de bien exposer mon propos, ma présentation sera divisée en deux parties : a) exposition de la nature « spirituelle » de la peur de mourir, b) de l’inefficacité de l’approche médicale face à la peur de mourir. 

Avec la parution d’Autrement qu’être ou au-delà de l’essence en 1974, Levinas entend effectuer ce qu’il nomme alors « la défection du phénomène », c’est-à-dire la réduction de la phénoménologie à un rapport éthique antérieur. Néanmoins, Levinas n’aura de cesse de réitérer son allégeance à la méthode husserlienne comme il le confirmera à Théo de Boer dans une section questions et réponses suivant la conférence Dieu et la philosophie prononcée en 1975. Ainsi, tout en prenant au sérieux la priorité que Levinas accorde à l’éthique, nous nous demanderons en quel sens sa pensée peut malgré tout demeurer phénoménologique. L’hypothèse qui guidera notre travail est que la méthode phénoménologique telle qu'élaborée par Husserl est paradoxalement nécessaire à son propre dépassement. Nous procéderons alors à l’analyse des principaux arguments qui marquent le tournant de Totalité et Infini à Autrement qu'être ou au-delà de l'essence en nous efforçant de relever le caractère proprement phénoménologique qui rend une telle démarche possible. Partant, nous voudrions montrer que l'avènement de l'éthique lévinassienne ne se fait pas ultimement au détriment du discours phénoménologique. Au contraire, en considérant que Levinas rénove la phénoménologie par l’éthique, il devient possible d'envisager une phénoménologie soucieuse de rendre justice à ce qu’a d’exceptionnel l’expérience d’autrui.

L’objet de notre communication est d’évaluer la pertinence de la phénoménologie pour les sciences contemporaines de la santé mentale. Le DSM-III (1980), sous prétexte d’athéoricité, chercha à opérationnaliser le désordre mental en employant des descripteurs béhavioraux objectifs. Ce projet eu pour effet d’amoindrir le rôle de l’expérience personnelle et de la trajectoire biographique du patient dans la critériologie diagnostique du désordre mental, mais aussi, et plus sérieusement encore, dans le processus thérapeutique lui-même.

La phénoménologie est une science descriptive cherchant à dégager les structures essentielles de l’expérience humaine. Cette approche serait-elle en mesure d’ouvrir une autre voie d’accès à la compréhension et, éventuellement, à la guérison de la psychopathologie?

Après avoir montré les insuffisances d’une conception strictement objectiviste de la santé mentale, notre exposé s’appliquera à montrer en quoi la phénoménologie, qui se voulait à l’origine une théorie de la connaissance, recèle en elle-même un potentiel éthico-thérapeutique – potentiel d’ailleurs déjà bien connu du fondateur de la phénoménologie, E. Husserl. Cette réflexion nous mènera à reconsidérer la signification du geste central à cette discipline, à savoir l’épochè transcendantale (l’abstention de tout jugement existentiel), par-delà son utilité purement méthodologique.

L’intelligence artificielle (IA),plus spécifiquement, l’apprentissage machine (AM) constitue l’un des domaines de recherche ayant formulé des promesses novatrices et conquis d’importants investissements ces dernières années. Alors que cet élan d’investigation bat son plein en termes de conception technique d'artefacts, nombreux sont les théoriciens, notamment les philosophes, qui se dédient à l’examen de la nature et de la valeur de cette technologie en lien avec ses impacts sur l’existence humaine. Si, une marge de la société demeure indifférente et minimise ces effets, une autre partie y voit des scénarios apocalyptiques de la singularité. 

Ce travail vise à rendre la juste mesure de la situation en explicitant la vraie nature des artefacts intelligents et les fondements théoriques de leur caractère agentiel. On notera que l’effet concomitant de la disponibilité d’avalanche de données, de l’accès constant aux ressources de calcul, de la mise au point et diffusion des algorithmes à des fins divers a instauré le virage informationnel. Dans ce contexte, la manipulation inductive des données par les algorithmes en AM, et partant, la production autonome d’informations agissantes, source de valeurs devient possible. Un encadrement éthique s’impose.

La recherche a été essentiellement bibliographique et a exploité la littérature scientifique pertinente récente en lien avec le thème et développe les arguments à partir des résultats de cette dernière.

Mots clés: IA, AM, Information.

 

Ce projet de recherche concerne l’expérience des proches en contexte d’aide médicale à mourir (AMM). Entre décembre 2015 et juin 2017, 805 AMM ont été administrées, un nombre important de proches sont donc touchés. Jusqu'à présent, les écrits scientifiques sur l’assistance à la mort se concentrent sur l’expérience de l’équipe médicale. Parmi ceux concernant les proches, il n’existe pas de consensus clair sur les effets de l’assistance médicale à la mort. Certains concluent en une expérience négative, qui peut provoquer des deuils compliqués, tandis que d'autres parlent d'une expérience positive et d'un deuil facilité. De plus, les diverses interactions avec l'environnement social pourraient influencer l'expérience.

Selon l'approche bioécologique, les résultats de ce projet suggèrent que l’environnement social est à considérer dans l'expérience des proches, mais également l'environnement physique des hôpitaux. L’accompagnement psychosocial est peu proposé par les professionnels. L'accès à l’information est difficile pour les proches. Les résultats suggèrent que le processus de deuil ne serait pas différent des morts "naturelles''. Les proches auraient aimé connaître les ressources d'aide pendant le processus d'AMM, en prévision des difficultés liées au deuil. Une demande de suivi en service social devrait être systématique et un outil destiné aux proches a été conçu afin de les informer sur l’AMM, sur les ressources d’aide et de leur permettre de noter leurs interrogations.

Le « Principe Responsabilité » de Hans Jonas est un texte vaguement connu de tous, mais lu de très peu, entouré de confusions et critiques plus ou moins fondées. Nous nous proposons d’éclaircir ce texte et d’en présenter les thèses centrales pour montrer leur caractère novateur par rapport à la tradition philosophique et leur pertinence dans un contexte contemporain.

Nous porterons notre attention sur l’éthique technologique proposée par Jonas et montrerons la place cruciale qu’y le concept de responsabilité sociale. La problématique à laquelle nous nous attacherons est la suivante: dans une société technoscientifique comme la nôtre, quelle forme peut prendre une éthique politique?

Dans la modernité où l’étendue du pouvoir humain est constamment décuplé par des apports technologiques, les éthiques classiques travaillant dans l’immédiateté spatio-temporelle ne sont plus d’aucun secours. Il est donc impératif de développer une nouvelle éthique apte à penser le genre de problèmes que rencontre de plus en plus fréquemment l'humanité. Cette éthique « de la responsabilité » en sera une qui, grâce à un concept central chez Jonas, « l’heuristique de la peur », sera apte à guider les actes humains en prenant en compte, sur le mode d’un pari éthique, les possibilités éloignées d’une action. Cette proposition veut remettre sur le devant de la scène une pensée qui peut servir de guide en ces temps de pandémie où les défis éthiques de nature technoscientifique se multiplient. 

 

Alors qu’on célèbre ou dénonce la fin d'un universel, la lutte à la pauvreté, déclarée aux États-Unis en 1964, peut être vue comme une affirmation de cet universel.  Par contre, elle s’acharne contre ce qui pourrait être une conséquence inéluctable de la modernité : l’impossibilité pour tout le monde de satisfaire ses besoins par le travail lorsque la production excède la consommation (Hegel, § 248 Z).  Or, pourquoi la lutte à la pauvreté fait-elle si largement consensus?  Pourquoi ce consensus a-t-il pris forme en 1964?  Je soutiens que cette lutte est le symptôme de l’intériorisation généralisée de l’« éthique sociale » de la civilisation capitaliste fondée sur l’obligation de ressentir l’obligation de travailler (Weber).  Ce qui ne pouvait subvenir qu’une fois que la contradiction entre le travail et le capital fut suffisamment abstraite des prolétaires et des capitalistes pour que tous puissent désormais se reconnaître comme des sociétaires unis et individualisés sous l’égide d’un État social garant des lois et des procédures capables d’assurer le progrès et la mobilité sociale en fonction du mérite (Donzelot, Aron).  Symptôme donc, et catalyseur puisque cette éthique trouve, non seulement dans les personnes des pauvres une désaffection inacceptable à son égard, mais aussi un objet tout disposé pour confirmer, à travers le sous-système de l'assistance (Luhmann), sa moralité universelle d'inclusion et sa foi dans ses capacités techniques de résolution de ses problèmes..

L’humanisme fut, surtout à partir du XVIe siècle, un chantier colossal pour l’activité philosophique moderne. De la pensée de Descartes (humanisme classique/dogmatique), lequel trouvera sa totale complétion dans la théorisation de Kant, duquel on assistera à une bifurcation de la réflexion humaniste, via l’idéalisme allemand, vers Hegel (humanisme romantique) ou encore, via le mouvement néokantiste, vers Husserl (phénoménologie), on arrivera, au XXe siècle, à la « querelle Sartre-Heidegger » concernant l’humanisme. En effet, Sartre et Heidegger se sont penchés de manière prolifique sur la réalité de l’homme dans leurs œuvres. Néanmoins, l’existentialisme est un humanisme et La lettre sur l’humanisme demeurent pour ainsi dire une sorte de vade-mecum des thèses touffues et difficiles de leurs ouvrages majeurs, respectivement, L’être et le néant, l’être et le temps.

En quoi la réflexion philosophique de Sartre (le Sartre de L’être et le néant ), d’un côté, en dialogue avec celle de Heidegger – le Heidegger de l’Être et le Temps, de qui il accepte l’assimilation de la phénoménologie à l’ontologie, et de l’autre côté, en demeurant très fidèle à l’approche subjectiviste de leur maître commun Husserl, constituerait une source originale d’où l’on peut puiser des inspirations et orientations neuves en vue de penser les exigences de toute pensée humaniste sérieuse dans le contexte des défis technologiques que posent nos sociétés contemporaines?