Nous présenterons dans cette communication un problème classique de philosophie politique que nous instruirons à l'aide des textes de Marcel Gauchet et de Régis Debray : la possibilité de l’autonomie politique moderne, contre l’hétéronomie religieuse.
Il est communément admis que la modernité politique signifie la déprise du religieux sur la société. Or, l'idée selon laquelle le projet moderne d'autonomie politique est possible a sérieusement été bousculée par l'analyse du totalitarisme et de sa composante religieuse, bien qu'apparemment laïque. Avec les révélations de Soljenitsyne, l'Occident découvrait que le progrès technique s'accommodait très bien de l'hétéronomie religieuse.
Cette découverte eut en France dans les années 1980 un dénouement particulièrement intéressant que nous retracerons dans notre présentation. Ces deux auteurs sont en effet représentatifs d'un mouvement intellectuel par lequel des penseurs alors favorables aux marxismes se sont remis à reprendre au sérieux le fait religieux et le rôle qu'il entretient avec les conditions de possibilité du social.
Dans Le désenchantement du monde, Marcel Gauchet soutient la thèse selon laquelle la religion est une solution historique apportée au conflit politique, mais que l'instituant premier du social est ce dernier. Au contraire, Régis Debray soutient dans La critique de la raison politique que l'instituant premier du social est le religieux.
Nous conclurons par une analyse critique de ces deux propositions.