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Malgré l’interdiction des discriminations fondées sur les castes inscrite dans la constitution du pays, ces dernières continuent d’exercer une influence incontournable dans la société indienne contemporaine. En tant que réalité sociologique de première importance, les castes ont été et sont toujours l’objet des discours scientifiques les plus variés. L’objectif de cette présentation est d’analyser le concept de caste pour montrer qu’il recouvre, dans la littérature scientifique, un minimum de trois « dimensions » distinctes, que nous qualifions d’identitaire, d’idéologique et d’organisationnelle. Nous montrerons que des auteurs appartenant à des écoles de pensées pourtant opposées conçoivent les composantes organisationnelles comme de simples épiphénomènes des dimensions identitaires ou idéologiques. S’il n’est pas étonnant de voir à l’œuvre ce mode de conceptualisation chez des chercheurs d’orientation structuraliste comme Louis Dumont ou Jonathan Parry, il s’avère en revanche plus surprenant de le découvrir chez des auteurs comme Dipankar Gupta et Declan Quigley, deux penseurs contemporains qui ont vigoureusement critiqué Louis Dumont pour son penchant idéaliste. Nous soutiendrons enfin que cette incapacité à concevoir la dimension organisationnelle en tant que réalité ontologiquement irréductible, a conduit à négliger la complexité des composantes organisationnelles. Leur description rigoureuse et leur théorisation (explication) ont en conséquence été fortement limitées.



Plus tard que les Portugais et les Italiens, la mission française n’a commencé à prendre de l’ampleur que vers la fin du XVIIe siècle. Grâce à leur réputation de mathématiciens et d’astronomes, certains jésuites français tels Joachim Bouvet et Jean-François Gerbillon, ont gagné rapidement la faveur de la cour impériale de la Chine. Pour ces pères français, le moment propice est venu de convertir cet Empire lointain. Du côté du gouvernement chinois, le dessein de mettre en valeur les connaissances scientifiques l’a amené à faire preuve de grande tolérance. Cependant, cette tolérance était de courte durée. Sous les règnes de Yongzheng(1723-1735) et Qianlong (1736-1795), la prohibition et l’expulsion persistaient malgré les pétitions. À partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, l’attitude de la cour impériale envers les jésuites était dominée par la méfiance et la désillusion, en raison des menaces politiques que pourrait causer l’expansion du christianisme en Chine. L’objectif de cette communication est de démontrer comment le gouvernement chinois et les jésuites français ont réagi l’un envers l’autre lors de leur rencontre. Et on tente de mettre en lumière les soucis du gouvernement chinois face aux jésuites ainsi qu’à leur doctrine religieuse, et les préoccupations des jésuites français qui avaient souvent tendance à idéaliser l’image de l’empereur et du régime politique de la Chine malgré la période de persécution.

Dans le roman Godân (1936) du romancier et nouvelliste du Nord de l'Inde Premchand (1880-1936), la notion de service (sevâ) traverse l'intrigue en s'y présentant chargée de différents sens. La pratique du service semble trouver son achèvement dans le récit lorsqu'elle prend la forme d'un « service social ». Le personnage de la femme médecin Malti en représente en quelque sorte l'illustration ultime, en choisissant dans l'intrigue finale de consacrer sa vie au service des pauvres et des malades. Dans l'hindouisme, la pratique du service est traditionnellement l'expression d'une soumission, prenant sens à l'intérieur d'un monde extrêmement hiérarchisé. À partir du XIXe siècle, sous l'impulsion de réformateurs socioreligieux, la notion de service est réinvestie en Inde d'une charge humanitaire. Des hindous influents comme Gandhi (1869-1948) et Vivekananda (1863-1902) font alors la promotion du service à travers une pratique sociale et humanitaire qui paraît calquée sur l'action des missionnaires chrétiens. D'une forme hautement valorisée de soumission, la pratique du service passe, dans l'idéologie commune, du côté de l'action sociale et humanitaire. La réinterprétation de la notion de service présente un exemple récent de tensions et transformations au sein de la tradition hindoue. C'est ce que cette présentation cherchera à illustrer, à partir de l'analyse de la notion de service dans le roman Godân de Premchand.

Le diocèse de Nicolet envoie, en 1955, trois prêtres au Brésil avec l’objectif de prendre en charge deux paroisses de la prélature de Pinheiro et d’y développer les vocations sacerdotales. Sur place, les prêtres québécois se rendent compte de la profonde misère de leurs nouveaux paroissiens. Afin de leur prêter main-forte, ils demandent rapidement l’aide des Sœurs Grises de Montréal. Celles-ci acceptent, en 1957, d’envoyer au Brésil des religieuses afin de prendre en charge les soins et les services sociaux. Elles y resteront 17 ans avant de quitter et poursuivre leur apostolat dans d’autres régions de la prélature. Leur départ aura des conséquences sur le maintien de la mission nicolétaine au Brésil dans sa forme d’alors. Les prêtres devront réfléchir à de nouvelles manières de maintenir la collaboration entre les diocèses pour garder la mission ouverte. Durant la totalité de leur présence au Brésil, les Sœurs Grises ont tenu une correspondance soutenue de laquelle il nous reste quelques lettres. Par ailleurs, des chroniques rédigées par les religieuses nous donnent un accès privilégié à leur quotidien. De fait, comment se représente-t-elle leur expérience brésilienne? Que peut-on dire de leurs relations avec entre elles? Avec les prêtres? Avec le peuple? Est-il possible de déceler la portée de leurs œuvres, leurs échecs et leurs succès? Notre présentation a pour objectif de mettre en lumière l’expérience d'une mission oubliée de notre histoire religieuse.

Du XVIe au XVIIIe siècle, la Chine est successivement dominée par la dynastie Ming (1368-1644) et la dynastie Qing (1644-1911). C’est à cette époque qu’on voit l’arrivée en Chine de nombreux jésuites européens dans le but de convertir les Chinois au christianisme. Parmi eux se trouvent notamment Matteo Ricci, jésuite italien et fondateur de la mission chrétienne en Chine, Johann Adam Schall von Bell, jésuite allemand et supérieur de la résidence jésuite de Pékin, et Ferdinand Verbiest, jésuite belge et supérieur général de la mission de Chine. En raison de la fermeture de la Chine aux étrangers et de la difficulté de diffusion du christianisme, ces missionnaires ont très souvent recours à des objets de curiosité (horloges sonnant les heures, mappemondes, sphères célestes, clavecins européens, prismes permettant de décomposer la lumière, etc.) rapportés d’Europe ou achetés par la Compagnie de Jésus. Cette stratégie a le résultat escompté : ces objets inconnus en Chine attirent rapidement l’intérêt et l’admiration des hauts fonctionnaires, des gens lettrés et même des empereurs, avec qui les missionnaires parviennent à établir des contacts amicaux, qui choisiront, pour plusieurs d’entre d’eux, de se convertir au christianisme. La présente communication vise à examiner comment les missionnaires jésuites utilisent les objets occidentaux de manière stratégique pour gagner la faveur de la haute société chinoise et faciliter la conversion des Chinois au christianisme.



Cette communication présente les résultats d’une cotutelle internationale de thèse de doctorat. Cette recherche a pour objectif de cerner les modes et les rythmes du développement des secteurs de montagnes aux confins de la cité des Arvernes de la fin de l’Âge du Fer au début du Moyen Âge. Les sources écrites sont peu abondantes sur ce secteur ; le recours à d’autres types de recherches s’avère indispensable. Les Monts du Livradois-Forez fournissent un cadre de recherche privilégié par l’ancienneté et la diversité des recherches en cours. La recherche est menée selon trois axes. Le premier vise à reconstituer les dynamiques d’occupation humaine par le dépouillement de la bibliographie archéologique et par des prospections archéologiques. Le second axe concerne la reconstitution du paysage « naturel » par des analyses palynologiques, diatomologiques et celle des macrorestes végétaux. Le troisième met en œuvre des études géoarchéologiques afin de déterminer les influences des activités humaines sur le milieu. Toutes ces données ont été intégrées et cartographiées à l’aide d’un SIG. L’association de ces différents types de recherches a permis de mettre en évidence une occupation dense des espaces des confins ainsi que plusieurs cycles économiques, reflets de modes de mises en valeur différents selon les époques et les espaces géographiques retenus. Enfin, ces résultats suscitent de nouvelles interrogations quant aux relations entre le centre et les périphéries.

Les nouvelles technologies numériques permettent à tout musulman de rejoindre des réseaux ethno-confessionnels ou islamiques, tant locaux, régionaux, nationaux que transnationaux.  Dans une telle conjoncture, comment s’y prendre pour étudier l’utilisation que des canadiens de confessions musulmanes font des nouveaux médias ainsi que l’impact que l’internet peut avoir sur leurs identités religieuses et sentiments d’appartenance ? Existe-t-il des liens entre les différentes valeurs qu’ils adoptent et celles qu’ils côtoient en ligne et avec lesquelles ils peuvent s’identifier ? Notre étude pancanadienne (financement CRSH) privilégie une approche collaborative qui s’articule autour de quatre grands axes de recherche (identité, communauté, diversité et autorité) et trois méthodes de cueillette de données : un sondage avec questionnaire en ligne, une enquête de terrain avec entrevus et une « webservation » de sites (canadiens et étrangers) que les participants consultent. La présentation cherchera à montrer comment ces méthodes de collectes de données et ces quatre axes s’articulent pour permettre l’exploration des problématiques d’acculturation, d’intégration, de multiculturalisme et des rôles joués par l’internet et les nouveaux médias. L’approche ethnographique, assistée d’une sociologie des usages, permettra l’identification des dynamiques d’agentivité des usagers de ces nouveaux médias et des sphères publiques numériques canado-musulmanes dont nous postulons l’existence.

L’émergence des sciences computationnelles (Humphreys 2004) et des questions reliées aux données massives (Leonelli 2016) amène au premier plan la notion de donnée, et avec elle, la notion d’information. Comme la définition même de la notion d’information ne jouit pas, à ce jour, d’une définition univoque qui permet de rendre compte de ses multiples usages dans diverses disciplines scientifiques (biologie, informatique, physique, etc.), un travail philosophique de définition semble d’une importance capitale (Floridi 2004). Dans cette présentation, je tenterai d’élaborer une définition de la notion d’information qui respecte à la fois l’usage qu’en font les sciences, et qui est suffisamment riche pour acquérir le statut de concept philosophique de premier plan. Pour ce faire, je procèderai en trois étapes. Je montrerai dans un premier temps comment la théorie générale unifiée de Burgin (2010) permet une distinction entre information et informativité. Dans un second temps, j’exposerai les bienfaits respectifs de la théorie systémique de l’information (Hofkirchner 2013) et de la théorie réductionniste de l’information (Griffiths et al. 2015). Enfin, je tenterai, à l’aide de ma nouvelle définition, d’unifier ces différentes approches, afin de rendre compte de façon adéquate du concept d’information.

Créée en 1860 pour défendre les juifs persécutés dans le monde, cette grande institution juive française vise à émanciper les juifs en pays musulmans par la « régénération ». Pour ce faire, elle établit un vaste réseau d’écoles sur tout le pourtour méditerranéen dans lequel se dévouent des femmes et des hommes animés par des vocations de missionnaires. Même si l’Alliance se nourrit des idées des Lumières et de principes républicains, elle reste la fille de son temps et les femmes, tant au sein de l’organisation que dans le réseau des écoles en étant élèves, institutrices ou directrices, sont invisibilisées. À partir d’une perspective féministe postmoderne et du cadre théorique des rapports sociaux de sexe, ce communiqué vise à établir comment, au sein de l’Alliance, le caractère androcentrique, la production et la reproduction des rapports sociaux de sexe inégalitaires sont mis en œuvre par le discours (Chetcuti et Greco, 2012), par les programmes scolaires et par la formation des institutrices de manière à essentialiser le sexe et le genre féminin et de l’effacer dans les rapports de pouvoir.

 Je propose une étude de trois philosophes arabes: Averroès, Mohammed Abdou et Sayyid Qutb qui appartienne à trois périodes historiques. La période d'Averroès, qui correspond à une synthèse du rationalisme philosophique et à la valorisation de la connaissance rationnelle au XIIe siècle; ensuite, le réformisme d'Abdou, un penseur du renouveau rationnel au cœur du mouvement appelé Nahda au XIXe siècle; enfin, Qutb, pilier de l'islam politique fondamentaliste au XXe siècle. Ma thèse de recherche est que les oscillations dans la construction de l'identité arabomusulmane sont liées aux rapports polémiques et politiques entre rationalisme et fondamentalisme religieux, d'une part, et aux rapports complexes avec l'Autre, d'autre part. La confiance ou la méfiance envers l'autre ont encouragé soit le triomphe de la rationalité, soit la domination de l’orthodoxie religieuse. Aussi, la pensée musulmane a donné naissance, en même temps, à l’orthodoxie religieuse et au rationalisme philosophique. J’adopte l’approche constructiviste post-moderne de l'identité afin de localiser la structure mouvante de l’identité. Aussi, la méthodologie archéologique généalogique Foucaldienne et l'herméneutique intentionnaliste pour interroger les textes et clarifier l’héritage rationnel  que la communauté musulmane devrait sauvegarder et développer. Je pense que la rationalité philosophique qui inspire ma recherche peut enrichir le débat sur l’identité et la diversité culturelle au Canada.

Datant des civilisations méditerranéennes antiques, découverte par le physiologiste Américain Ancel Keys dans les années 1950 et inscrite sur la Liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2010, la diète méditerranéenne est bien plus qu’un simple régime alimentaire, mais une nouvelle étape dans l’évolution des concepts de Méditerranée et de méditerranéité. Un premier aspect critique surgit lorsqu’on essaie de définir cette « diète » censée être présente dans l’espace méditerranéen, ainsi que son étendue géographique et l’identification de ses pratiquants. L’objectif de ma présentation est de restituer les résultats préliminaires de ma recherche doctorale portant sur la compréhension du concept de « diète méditerranéenne » en tant qu’œuvre patrimoniale transnationale inscrite sur la Liste de l’UNESCO. Pour ce faire, quatre terrains ethnographiques furent entrepris auprès de quatre pays méditerranéens (Espagne, France, Italie, Maroc) – telle fut la méthodologie employée, qui inclut l’observation participante et les entrevues semi-dirigées. Mon étude ethnologique vise un triple objectif : d’abord, retracer les développements des concepts polyédriques d’imaginaire méditerranéen et de diète méditerranéenne ; ensuite, apporter une contribution au sein des études patrimoniales et des sciences du tourisme en ce qui est des impacts de la patrimonialisation d’un élément alimentaire à l’UNESCO ; enfin, approfondir la compréhension du paradigme de « glocalisation » contemporain.

L’émergence des données massives (Big Data) a des impacts dans l’ensemble des disciplines scientifiques. Un des concepts fortement liés à la notion de « données » est celui d’ « information ». Le but de cette présentation sera de fournir une conception de l’information qui est adapté spécifiquement aux données massives. Après avoir exposé la théorie générale unifiée de l’information de Burgin (2010) et les bienfaits respectifs de la théorie systémique de l’information (Hofkirchner 2013) et de la théorie réductionniste de l’information (Griffiths et al. 2015), je proposerai une conception pragmatique de l’information. Plus spécifiquement, je vais montrer qu’il est possible de combiner la tradition mécaniste (Craver 2007) et l’approche fonctionnaliste (Vermaas & Houkes 2013) afin de conceptualiser l’information comme une construction servant de socle à l’attribution de fonctions comme marqueurs épistémiques.

La violence vécue par la communauté acadienne selon l’âge et le genre en Nouvelle-Écosse de 1755 à 1763 a très peu été thématisée dans l’historiographie. Pour répondre à cette lacune dans la recherche et contribuer à mieux saisir la violence de masse, la communication montrera comment les femmes et les enfants acadiens ont été traités comme utilisables dans le processus d’embarcation et comme éliminables dans la résistance acadienne de 1755 à 1759. 

Il s’agira, d'abord, d’expliquer pourquoi les Britanniques à l’automne 1755 ont divisé la communauté acadienne en deux : les hommes d’un côté et les femmes et les enfants de l’autre. Cette division sera présentée selon sa capacité à forcer les femmes et les enfants à fournir la nourriture aux hommes contrôlés par les Britanniques (Winslow, 1755, NSHS) et à aider à les kidnapper pour les mettre sur les bateaux (Le Guerne, 1757). Deux épisodes de 1757-1759 que John Mack Faragher et Clarence d’Entremont signalent sans approfondir seront ensuite examinés. Celui lors duquel des Britanniques ont tué des femmes et des enfants acadiens résistants de la région des Pubnicos de Nouvelle-Écosse (Amherst, 1759, CDI) et l’autre où un massacre similaire d’Acadiens résistants s’est produit le long du fleuve Saint-Jean près du sud du Nouveau-Brunswick actuel (1767, RCA). Prolongeant le travail de Dirk Moses sur la violence au 20e siècle, mon travail interprétera ces éliminations comme ayant résulté de la perception britannique de tout Acadien comme danger.

À l’instar des États d’Afrique subsaharienne, le Burkina Faso négocie avec un pluralisme juridique complexe, notamment dans la sphère privée. En réaction à cette situation, il privilégia, en 1991, l’adoption d’un droit étatique moniste où les coutumes cessèrent d’avoir force de loi. Or, il n’eut pas de remplacement graduel des droits coutumiers; dans les faits, le pluralisme juridique fait toujours office de norme quotidienne. Dans le cadre de cette présentation, nous proposons d’analyser la problématique de l’accès à la justice dans les cas de conflits familiaux dans ce contexte pluriel. En référence à nos données ethnographiques récoltées à Koudougou, troisième ville du Burkina, nous postulons que le pluralisme juridique engendre un phénomène de forum shopping  tel que défini par Tamanaha (2008). Les justiciables en situation de conflit naviguent en effet au travers des stratégies de résolutions des divers systèmes juridiques, les modifiant et les métissant selon leurs trajectoires, les circonstances et leurs besoins (Le Roy, 2004). Nous démontrerons donc ainsi qu’en dehors des politiques de gouvernance, il est nécessaire d’analyser l’accessibilité d’un point de vue dynamique puisque celui-ci est directement lié la perception et la conscience juridique de la population (Silbey, 2005).

L’implantation du cours d’Éthique et culture religieuse dans les écoles du Québec en 2008 fut accompagnée d’un investissement massif des médias par ses détracteurs. Étonnamment, ce mouvement d’opposition regroupait et regroupe toujours des acteurs se situant aux deux pôles de l'appartenance religieuse. Associations pieuses et militance laïque se rejoignent ainsi pour réclamer l’abolition du programme ou le droit à l’exemption. Alors que les premiers allèguent l’atteinte à la liberté de religion des parents croyants, les militants sécularistes dénoncent eux une glorification de la pensée religieuse et la mise au rancart de l’athéisme, de l’humanisme et de la pensée scientifique dans le curriculum. Suivant cette ligne de pensée, l’absence d’un traitement satisfaisant de l’athéisme aux côtés des différentes traditions religieuses priverait le jeune élève d’une concurrence des discours nécessaire au développement de sa pensée critique. Ces constats appellent à une réflexion sur l’espace qui devrait être aménagé ou non pour l’incroyance dans les contenus en Éthique et culture religieuse. Le caractère secondaire qu’y occupe l’athéisme est-il justifiable au regard des perspectives et finalités du programme? Comment la notion devrait-elle être abordée par le matériel didactique? Sur la base de considérations normatives, d’une définition opératoire du concept et d’un examen du matériel pédagogique, nous entendons ici apporter des éléments de réponse à ces interrogations.



 

La sous-estimation de la capacité cognitive des individus est une involontaire et inconsciente qui se produit contre les groupes marginalisés. Nous étudions les femmes musulmanes qu’on entend peu. L’une des questions concernant les musulmanes est leur capacité de témoignage dans la loi islamique. Le témoignage d’un homme équivaut à celui de deux femmes (conditions du témoignage). Dans les sociétés islamistes où la loi islamique est appliquée (Soage), on est moins enclin à accepter les arguments des femmes qui subissent. C’est une forme d’injustice épistémique (Fricker). Notre objectif sera de faire référence à l’utilisation de l’islam comme source de positions et de concepts politiques et les musulmanes sont donc l’objet d’une injustice épistémique (Pohlhaus). L’approche consistera à examiner la relation entre la politique et l’épistémologie, cherchant à savoir pourquoi et comment le pouvoir politique islamisé peut causer une injustice épistémique contre les musulmanes. L’injustice épistémique ne permet pas la participation herméneutique aux personnes en situation de minorité, qui se produit dans la sphère privée et publique. L’injustice épistémologique envers les musulmanes est tributaire des méthodes patriarcales inscrites dans la loi islamique, qui peut être instrumentalisée politiquement pour remettre en question l’individualité des femmes (Benhabib).Nous expliquerons la relation entre l’injustice épistémique et le pouvoir et leur rapport à l'épistémologie féministe.

L’historiographie nous a livré nombre d’études sur la polémique chrétienne contre l’islam, mais le plus souvent, le traitement se présente comme un catalogage des arguments les plus souvent employés sur les thèmes les plus controversés entre les deux religions. L’approche que je compte employer permet de montrer que, derrière la redondance des arguments utilisés dans cette littérature, se trouve un panorama diversifié et dynamique.

Les textes analysés sont choisis dans le cadre de l’histoire morisque depuis la conquête de Grenade (1492) jusqu’à l’expulsion des morisques (1609). Il s’agit de textes dont la littérature scientifique actuelle n’a pour le moment fournit aucune analyse d’ensemble. Les études à notre disposition portent sur des corpus limités. En proposant une étude sur le corpus de textes le plus complet à ce jour et en analysant chaque texte en fonction de son contexte historique et de ses originalités, je m’offre les moyens de des réponses aux questions suivantes : Quand, comment et pourquoi s’est opérée le glissement d’une production principalement faite de textes polémiques à une production principalement axée sur la catéchèse? Que nous disent les textes sur les projets qui supportèrent leur production? Et finalement, quel héritage ont-ils laissé aux auteurs qui, au début du XVIIe siècle, ont écrit pour réclamer, puis défendre l’expulsion des morisques de 1609?



De prime abord, le sport et le patrimoine culturel peuvent apparaître comme deux sujets a-priori antinomiques. Pourtant à travers les sports apparaissent en filigrane des marqueurs identitaires d'un territoire, en étant caractéristiques d'une société spécifique et d'un espace géographique localisé. Au Québec, les raquettes, comme le canot, font parties de ces emprunts culturels et techniques aux autochtones du Nord de l'Amérique. Au-delà, elles témoignent de l'évolution d'une pratique traditionnelle sur cette aire géographique, d'abord utilisée à des fins d'exploration (telles les découvertes de Radison ou de Cavelier de la Salle), de commerce (les coureurs des bois) ou de survie (pour la chasse), avant de devenir un divertissement à la fin du XIXe siècle et un trait culturel des sports et des loisirs actuels suivant le mode d'utilisation, en famille ou en compétition comme les courses ou le trekking. Mais pour que ces pratiques traditionelles vivent, il faut qu'elles aient une fonction (politique, économique ou sociale) dans la société dans laquelle elles s'inscrivent; c'est pourquoi elles peuvent être « revivifiées » suivant les besoins. L'analyse de ces expressions permettra notamment d'expliciter la relation qui se noue entre sport et patrimone, dans la transmission de certaines traditions et dans leur reformulation. Il s'agit de saisir ces circonvolutions humaines qui assurent des permanences d’expressions culturelles et identitaires.

Dans le cadre de mon mémoire de maîtrise, je m'intéresse aux rapports qu'entretiennent les jeunes adultes, de seconde generation, issus de minorités religieuses visibles, avec leurs signes religieux «ostentatoires». Je mène une série d'entrevues  avec des jeunes adultes sikhs, juifs et musulmans qui portent respectivement le turban, la kippa et le foulard pour les femmes musulmanes.

Pour ce faire, je mobilise les théories sur les représentations (Hall et Spivak) et la reconnaissance (Fraser).
Mes résultats préliminaires mettent en lumière l’importance de la trajectoire de vie sur le sens que ces jeunes accordent à leurs signes religieux, mais aussi la réappropriation qu’ils en font et qui pour certains d’entre eux, est distincte de celle de leurs parents ou de leur communauté.

Mon travail se situe dans une conjoncture socio-hostorique particulière, puisque un débat politique et sociétal à propos du port des signes religieux dans la fonction publique a lieu actuellement au Québec. Je pense que présenter mon travail de recherches à ce colloque me permettra d'avoir du feedback constructif de la part d'experts externes et ainsi alimenter ma réflexion critique sur mon cadre théorique et mes analyses. Ensuite, mes résultats issus de témoignages et d'expériences de vie, seront enrichissants pour tous les chercheurs qui s'intéressent à ce sujet et amèneraient un angle de recherche qui est jusqu'à maintenant occulté dans les études sur les minorités religieuses en général.



Dans le cadre du projet de recherche collaboratif « musulman canadien en ligne » qui vise à examiner l’utilisation d’Internet chez les musulmans et à étudier le rôle joué dans leurs vies quotidiennes avec la technologie numérique, nous avons commencé à obtenir des données préliminaires à travers les entrevues menées à Montréal. La présentation reviendra sur l’implication en ligne des musulmanes qui démontre un intérêt pour la recherche de connaissances religieuses, conjugué parfois d’une volonté de s’impliquer hors ligne dans des associations communautaires. Aussi, l’utilisation des réseaux sociaux permet de mettre en conformité leurs actes quotidiens avec les sources religieuses, tout en essayant de faire évoluer ou inscrire leurs pratiques dans un processus identitaire. La construction d’une communauté en ligne s’établit avec une constante quant aux positions prises par les sites web visités où le prisme du féminisme et de la condition des femmes par les autorités possède son importance.

Les signes religieux participent des expériences de l'islam en contexte minoritaire. Les musulmans sénégalais sont statistiquement de plus en plus présents au Québec, mais sont moins visibles que d’autres communautés ethnico-nationales appartenant à l’islam. Pourquoi? Quelles sont les matérialités qui participent à leur expérience de l’islam? Sont-elles des signes religieux? Nous nous concentrons, ici, sur une communauté, la Mouridiyya, et sur un signe qui a attiré notre attention, soit les portraits des guides religieux mourides, les cheikhs. Présentés sous formes matérielles et numériques dans les espaces privés des disciples, certains portraits s’invitent publiquement, sur les espaces numériques ou sur des t-shirts ou des pendentifs, par exemple. Nous voulons nous demander : comment les portraits des cheikhs façonnent-ils une rhétorique visuelle de soumissions aux normes de la Mouridiyya? Quelles sont les caractéristiques qui permettent de les penser ou non comme des signes religieux, dans le contexte québécois de la Loi 21? Notre terrain se fait sous la forme de participation observante et d’entrevues avec des hommes et des femmes, à Montréal et en région en 2022-2023. Dans le cadre de cette communication, nous présentons des résultats préliminaires. Au niveau social, notre recherche veut rendre compte de la pluralité des islams vécus au Québec et participer à l’avancement des connaissances sur les modalités de visibilité de l’islam et de la définition du signe religieux.

L'école instruit et construit la génération future, tout en affichant un modèle de société donné. L'école reflète aussi la politique préconisée par l'État sur la cohésion sociale, l'intégration et le citoyen-type. L'école publique au Québec a connu une évolution majeure depuis sa création, elle est passée d'une école religieuse à une école laïcisée. L’école publique québécoise avait un caractère confessionnel et la laïcisation de l'école fut tardivement. L'enseignement religieux à l'école publique au Québec était un compromis historique garanti par la Constitution canadienne depuis la fondation du Canada. Pour cette raison, l’enseignement de la religion a longtemps occupé une place importante au sein de l’école et que la déconfessionnalisation scolaire fut un long processus. Pour déceler la relation qui existe entre l'école, la laïcité et l'intégration à l'école publique au Québec, nous étudions l’évolution de la laïcité scolaire au Québec en mettant en avant la relation étroite qui existe entre la laïcité et la liberté de religion.  Nous penchons en particulier sur la question de l'enseignement des faits religieux et le port des signes religieux à l'école dans le but d'élucider comment le Québec interprète la laïcité et garantit la liberté de religion aux élèves. Par cet exercice nous voulons identifier les éléments qui ont modelé la politique d'intégration à l'école publique et comment cette politique a influencé la conception et l’application du principe de la laïcité.  

 

 

Nous présenterons dans cette communication un problème classique de philosophie politique que nous instruirons à l'aide des textes de Marcel Gauchet et de Régis Debray : la possibilité de l’autonomie politique moderne, contre l’hétéronomie religieuse.

Il est communément admis que la modernité politique signifie la déprise du religieux sur la société. Or, l'idée selon laquelle le projet moderne d'autonomie politique est possible a sérieusement été bousculée par l'analyse du totalitarisme et de sa composante religieuse, bien qu'apparemment laïque.  Avec les révélations de Soljenitsyne,  l'Occident découvrait que le progrès technique s'accommodait très bien de l'hétéronomie religieuse.


Cette découverte eut en France dans les années 1980 un dénouement particulièrement intéressant que nous retracerons dans notre présentation. Ces deux auteurs sont en effet représentatifs d'un mouvement intellectuel par lequel des penseurs alors favorables aux marxismes se sont remis à reprendre au sérieux le fait religieux et le rôle qu'il entretient avec les conditions de possibilité du social.


Dans Le désenchantement du monde, Marcel Gauchet soutient la thèse selon laquelle la religion est une solution historique apportée au conflit politique, mais que l'instituant premier du social est ce dernier. Au contraire, Régis Debray soutient dans La critique de la raison politique que l'instituant premier du social est le religieux. 


Nous conclurons par une analyse critique de ces deux propositions.

Grâce à l’approche pluri disciplinaire, l’archéologie de la période moderne combine plusieurs sources et disciplines pour étudier l’histoire des sociétés passées.

Cette présentation examine l’intérêt de l’approche pluri disciplinaire dans la reconstitution des paysages du Baol, royaume historique du Sénégal entre le XVIe et le XVIIIe siècle. En fait, la combinaison des résultats des analyses au micro CT Scan, du microscope électronique à balayage (MEB) avec les résultats de l’analyse typologique et morphologique de la culture matérielle archéologique a permis de reconstituer les transformations des paysages Lambaye, capitale du Baol entre le XVIe et le XVIIIe siècle.

 

Mots clés : archéologie, Baol, Lambaye, micro CT Scan, MEB.

Dans cette communication, il est proposé de s’intéresser au concept d’ontologie – concept cherchant à dépasser la notion de culture – telle que récupérée dans le domaine de l’anthropologie et de son « tournant ontologique » afin de réfléchir son potentiel heuristique dans l’étude de l’objet religieux. En premier lieu, lors de cette communication, je présenterai brièvement les différentes utilisations de l’ontologie en anthropologie (Descola, Vivieros de Castro, Holbraad, Latour, Mol, Blaser, etc.) J’articulerai ensuite la notion d’ontologie me semblant le plus heuristique dans l’examen de la religion – l’ontologie politique selon Anne-Marie Mol et en particulier Mario Blaser – avec la religion vécue telle que présentée en particulier par Meredith McGuire. L’exercice permettra de réfléchir le religieux quotidien, tel qu’il se donne à vivre chez le laïc, comme un être au monde et une manière de mettre en acte la réalité (worlding.) Ce regard sur le religieux permet de prendre en compte les différents interactants invisibles (ange, esprit, démon, etc.) dans l’analyse ethnologique de la religion vécue.