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Les fosses archéologiques sont fréquentes sur les sites autochtones de la période historique dans le Nord-Est Américain. Souvent situées à proximité ou à l’intérieur des habitations, elles présentaient des formes, des tailles et des fonctions variées. Ces fosses servaient à entreposer des aliments, à enfouir des déchets domestiques, ou à réaliser diverses activités artisanales (p. ex. tannage, fumage, etc.). Plus d’une centaine de fosses de différentes tailles, riches en artéfacts, en écofacts et en résidus organiques, ont ainsi été découvertes sur le site du village fortifié d’Odanak. Construit au début du XVIIIe siècle pour héberger la mission jésuite Saint-François-de-Sales, ce village a livré des traces de maisons longues et de fortifications ainsi que de nombreux artéfacts lors des campagnes de fouilles menées entre 2010 et 2021 avec le soutien de la communauté abénakise d'Odanak. Dans le cadre d’un projet doctoral réalisé en collaboration avec le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki, l’analyse des macro-restes végétaux et des dépôts sédimentaires retrouvés au sein de six fosses du site, datées des XVIIIe et XIXe siècles, a été entreprise en vue de déterminer leur fonction et l’évolution de leur utilisation au cours du temps. L’approche méthodologique multidisciplinaire suivie, qui combine archéobotanique et géoarchéologie, apporte un nouvel éclairage sur les modes de subsistance et les conditions de vie des occupants de la mission d’Odanak aux XVIIIe et XIXe siècles.

Selon un lieu commun partagé par de nombreux historiens de l’Antiquité (Robin, Festugière, Aubenque), le concept de liberté intérieure serait apparu suite à la perte d’indépendance des cités grecques (338 av. J.-C.), comme si la liberté autrefois conçue à l’échelle de la communauté politique avait dû, en raison de la mainmise des Macédoniens sur la Grèce, trouver refuge chez l’individu. Or, en examinant toutes les occurrences des mots de la famille eleutheros (« libre ») dans la littérature grecque avant l’époque hellénistique, nous avons décelé une utilisation du terme qui ne renvoie pas simplement à une distinction d’ordre social – l’individu libre par opposition à l’esclave – mais qui possède aussi une signification morale, et cela remonte aussi loin qu’au VIe s. av. J.-C. (Théognis II 1377-80). Les deux sens, d’une part collectif et politique, d’autre part individuel et moral, sont complètement dissociés et même mis en opposition à l’époque classique chez Sophocle et Euripide avec l’apparition de « l’esclave libre ». L’acception morale de la liberté, associée à un comportement noble, relève d’une disposition de l’âme – d’où son « intériorité » – et pourrait remonter à la racine même du mot eleutheros, s’il faut en croire l’hypothèse étymologique avancée par Benveniste. La liberté ne s’est donc pas transmuée, passant d’un sens politique à un sens moral, les deux acceptions du terme ont plutôt évolué parallèlement, tantôt se recoupant, tantôt se dissociant.

Cette communication jette un premier regard sur la base de données historiques sur la recherche scientifique francophone et ses acteurs au Canada constituée à partir du patrimoine documentaire scientifique de l’Acfas, après trois ans de travail. Les données que contient cette base livrent, indistinctement des attaches institutionnelles de ses membres, un état de la communauté scientifique année après année, en même temps qu’elles aident à dégager les acteurs (personnes, institutions) clefs de la sociabilité savante dans la francophonie canadienne. Pierre d’assise de la nouvelle plateforme de l’Acfas, la base de données résultant de notre travail offre à l’historien des sciences un instrument de recherche inestimable.

Le 12 avril 1945, l’armée canadienne libérait le camp de transit de Westerbork, aux Pays-Bas, par lequel étaient passés près de 70% des Juifs néerlandais avant d’être ultimement déportés vers les camps d’extermination. Malgré son caractère symbolique, cet exploit fut mis de côté, voire oublié par l’histoire canadienne de la Deuxième Guerre mondiale. Dans cette communication, nous présentons la première reconstruction détaillée et exhaustive de cet évènement historique, mise sur pied à partir d’une recherche exhaustive au sein des archives et des témoignages canadiens et néerlandais.

De surcroît, nous expliquerons la façon dont la libération de Westerbork fut oubliée dans l’histoire de la libération de l’Holocauste, aux Pays-Bas et particulièrement au Canada. Nous démontrerons que cet oubli historique est essentiellement dû à l’incompatibilité de l’histoire de Westerbork et de sa libération avec les thèmes et les usages respectifs de l’histoire militaire canadienne (batailles difficiles, héroïsme et exploits militaires, sacrifice; usage à la fierté patrimoniale et au nationalisme canadien, etc.) et l’histoire de la libération des camps nazis (conditions de vie extrêmes, chambres à gaz, piles de corps, charniers, sadisme; usage au « plus jamais » et au souvenir des atrocités). Nous verrons enfin de quelle façon cette mémoire fut lentement réhabilitée au fil des décennies, jusqu’à nos jours, pour éventuellement atteindre son potentiel commémoratif.

Dans son roman L’insoutenable légèreté de l’être, Milan Kundera aborde le thème du "kitsch", et le définit comme un "accord catégorique avec l'être", c’est-à-dire comme "la réduction de toute pluralité à une réalité unidimensionnelle, idéalisée et mensongère". En redéployant à notre tour cette notion de kitsch, nous nous interrogerons d'abord sur la nécessité pour la théologie de s’inscrire dans cette critique kundérienne, spécialement à l’heure où s’affirment de plus en plus, tout à la fois le rétrécissement et l’éclatement des pratiques religieuses. Nous montrerons ensuite comment le conservatisme de certaines pratiques religieuses traditionnelles, tout comme l’universalisme véhiculé par certains mouvements spirituels et ésotériques, sont en réalité solidaires d’une même structure qui les rapproche du kitsch kundérien. Enfin, un troisième moment cherchera à repenser le "retour du religieux" dans les termes d’une "pratique de l’écart", dans la continuité de la critique kundérienne, ainsi qu'au moyen de certains acquis de la psychanalyse lacanienne. 

Patrimonialisée à l’UNESCO en 2010, la diète méditerranéenne constitue la énième tentative de construction de l’espace méditerranéen et une invention de la méditerranéité sur une base socioalimentaire. Plus on essaie de la définir, plus ses contours conceptuels nous échappent. L’objectif de la présentation est de restituer les résultats de mon projet doctoral portant sur la compréhension du concept de « diète méditerranéenne » en tant qu’œuvre patrimoniale plurinationale inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Afin de comprendre les impacts (sociaux, institutionnels et touristiques) de la patrimonialisation de la diète méditerranéenne, j’ai utilisé une ethnographie multisituée auprès de trois communautés : au Cilento (Italie), à Soria (Espagne) et à Marseille (France). Cette méthodologie inclut l’observation participante et les entretiens semi-dirigés. L’étude ethnologique vise un triple objectif : d’abord, recueillir les représentations et les manifestations de la diète méditerranéenne d’après trois catégories d’interviewés (habitants de la communauté, leurs représentants institutionnels et les touristes en visite); ensuite, apporter une contribution au sein des études patrimoniales et des sciences du tourisme en ce qui est des impacts de la patrimonialisation d’un patrimoine agroalimentaire à l’UNESCO; enfin, approfondir la compréhension du paradigme de « glocalisation » contemporain. 

Depuis les années 1970, l’expression « nouveaux mouvements religieux » est utilisée par les sociologues pour désigner des groupes religieux très divers : dans cette communication, nous proposerons une lecture critique de ce concept à partir d’un de ces « mouvements », le néo-druidisme, réhabilitation de l’ancien système religieux des Celtes.

En partant des définitions proposées par Eileen Barker et James A. Beckford, nous montrerons ainsi les avantages et les limites de ce concept pour la connaissance du druidisme contemporain : celui-ci est-il « nouveau », dans le sens où l’entendent ces spécialistes, qui évoquent surtout des mouvements religieux nés dans la seconde moitié du 20e siècle ? Alors qu’on est en présence d’une nébuleuse d’organisations druidiques, peut-on parler d’un « mouvement » pour ce phénomène ? L’adjectif « religieux » est-il pertinent, puisque certains adeptes rattachent le néo-druidisme tantôt à une expérience religieuse, tantôt à une forme de spiritualité, tantôt à une quête ésotérique ? Enfin, le néo-druidisme est-il « controversé », comme le sous-entend ce concept ?

En somme, à partir des premiers résultats de nos recherches doctorales, il s’agira donc de montrer en quoi le néo-druidisme contribue à la fois au renouveau du religieux contemporain et en quoi son étude, parce qu’elle montre notamment les limites de certains de ses concepts, contribue au dynamisme de la sociologie des religions.

Entre 1939 et 1945, l'aviation alliée, principalement américaine (USAAF) et britannique (RAF), largue plus de deux millions et demi de tonnes de bombes sur l'Allemagne nazie. Le résultat de ces opérations est dévastateur. En plus d'un nombre incalculable de maisons et d'infrastructures détruites, les bombardements dits « stratégiques » causent plus de 600 000 victimes chez la population allemande. Le point culminant de cette stratégie demeure l'une des attaques les plus connues de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, soit le raid sur la ville de Dresde. En réaction à  la destruction engendrée par cette stratégie, le commandement allié fut largement critiqué dans l'après-guerre en raison de l'envergure des bombardements face aux impacts réels sur le déroulement de la guerre et aux dommages perpétrés à la population allemande. Mais qu'en est-il des critiques émises à l'époque de la guerre soit entre 1939 et 1945 ? Outre les critiques connues issues de quelques voies individuelles quelle a été la réaction d'acteurs plus importants au sein de la société britannique face aux bombardements ? Particulièrement la presse écrite ? Cette présentation présente les résultats d'un mémoire de maîtrise en histoire et répond à ces questions. De manière plus précise, l'analyse porte sur la position soutenue par le London Times, le Daily Herald et le Manchester Guardian, trois journaux de tendances politiques différentes, au sujet du bombardement de l'Allemagne entre 1939 et 1945.

  

  

Dans la première moitié du XXe siècle , la tuberculose est une maladie terrible qui n'épargne personne. Toutefois, la classe ouvrière est atteinte de  façon la plus sévère, compte tenu son manque de ressources matérielles et financières. Tentant de remédier à cette situation et de traiter un grand nombre de patients à  moindre coût, des dispensaires sont créés à Montréal. Ce système permet aux patients tuberculeux d'être traités principalement dans leur maison. Ce type de traitement donne aux femmes une place centrale. En effet, les femmes, en tant que patientes et soignantes à domicile ont été essentielles dans la lutte contre la tuberculose à Montréal. Basé sur une étude comparative de documents d'archives des institutions antituberculeuses catholique, protestante et juive de Montréal, cette communication explorera les rôles joués par les femmes dans les soins aux patients atteints de tuberculose de la classe ouvrière à Montréal dans la première moitié du XXe siècle, mais aussi leur rôles en tant que patientes au foyer et au sanatorium. Nous verrons que les femmes atteintes de tuberculose voulaient rester à la maison avec leurs familles et essayaient d'influencer leur traitement. En tant que soignantes, les mères et épouses de la classe ouvrière essayaient de créer un environnement familial favorable, tel que prescrit par les experts médicaux, mais aussi d'adapter les règles à leurs moyens. 

Comment le poétique rencontre-t-il les grandes préoccupations humaines à travers sa propre exploration de l’indicible? Et lorsqu’il s’y adonne, opère-t-il une fonction religieuse? Pour répondre à ces questions, nous chercherons à repérer les aspects du religieux et de l’art qui pointent vers les zones limites de non-savoir et d’indétermination, c’est-à-dire le sacré (Bateson, 1989).

Nous verrons comment le religieux gère l’altérité et en quoi il est concerné par le performatif (Eliade, 1963) et la différence ontologique (Heidegger, 1967). Nous verrons ensuite comment l’art évoque l’altérité et en quoi il est, quant à lui, concerné par l’esthétique (Schaeffer, 2015) et la brèche (Didi-Huberman, 2009). Les aspects ineffable et négatif de l’Autre, à savoir qu’on peut dire de lui que ce qu’il n’est pas, rejoignent à bien des égards les enjeux du mysticisme, à la différence près que, ce dont nous ne pouvons rien dire, il ne faut pas le taire (Wittgenstein, 1986), mais plutôt l’exprimer correctement (Goodman, 2006).

L’indéterminé prend alors forme dans une parole où le sens vibre bien plus qu’il n’explique; où les images, la mélodie, le mouvement et le clair-obscur deviennent la grammaire d’une voie de l’entre-deux; où le Même peut se laisser traverser par l’Autre sans chercher à le refouler, à le rationaliser ou à le craindre. Bref, l’art se fait médiateur entre l’innommable, le sensible et l’intelligible, ouvrant ainsi le monde sur des modes d’existences pluriels (Souriau, 2009).

Le monde des cités (poleis) grecques se fondait sur des principes contradictoires de guerre et de paix, d’autarcie et de coexistence. Partageant, d’une part, un territoire restreint où les ressources se faisaient rares et désirant, d’autre part, préserver leur autonomie et leur indépendance, les cités furent amenées tôt dans leurs histoires à entretenir des relations agonistiques les unes avec les autres. Pour régler les conflits ponctuels éclatant entre deux cités voisines, ou les guerres plus conséquentes, les poleis grecques développèrent diverses institutions diplomatiques. Dès la fin de l’époque classique, certaines communautés civiques se joignirent entre elles sous l’égide d’États fédéraux (koina) capables de les défendre. Les cités membres de ces koina demeuraient indépendantes, mais devaient composer avec de nouvelles formes d’autorités fédérales dont les décisions pouvaient avoir des impacts sur les localités.

Entre le Ve  et le IVe siècle, les cités d’Étolie et d’Acarnanie se regroupèrent pour former deux koina. Alors que ces confédérations voisines avaient entretenu des rapports conflictuels pendant de nombreuses années, elles établirent une trêve en 263/262, concluant par la même occasion le traité étolo-acarnanien (Schmitt, no 480) à l’étude. La recherche proposée se constitue comme un commentaire exhaustif de la source explorant à la fois les effets des décisions fédérales sur les localités et l’étendue des pouvoirs dont disposaient les cités membres de koina.

La croissance du secteur tertiaire a amené la société à se métamorphoser en une société de services. Ce nouveau paradigme amène inévitablement le besoin de nouvelles expertises. C’est dans cet élan que le design de service s’est affirmé (MORITZ et MAGER 2005). Le design de service se définit comme une discipline du design dont l’approche est centrée-humain, collaborative et multidisciplinaire. Dans sa pratique, les designers aident les organisations à développer une compréhension holistique de la prestation de leurs services dans un objectif d’amélioration. Par l’apport de recherches ethnographiques et théoriques, ainsi que par l’application de processus et méthodes de design, les designers repèrent des irritants dans l’expérience de service. Cette démarche permet le déploiement de stratégies d’amélioration pertinentes et adaptées. Dans ce contexte, il devient profitable pour la discipline de s’intéresser aux irritants omniprésents et récurrents dans une variété de services afin de nourrir la pratique. Dans le cadre de cette communication, nous nous intéresserons au phénomène de l’attente : une dimension temporelle inhérente au service. Nous présenterons différents thèmes qui lui sont intimement liés, comme la perception du temps, l’impulsivité, l’ennui et la distraction. De là, nous saisirons avec plus de précision sa nature en tant qu’irritant. Il s’agira d’un point de départ essentiel aux réflexions sur sa prise en compte dans la conception des services de demain.

Les galas de musique récompensent les chansons populaires qui reflètent la culture et celles qui incarnent le changement. Les paroles des chansons qui gagnent des prix prestigieux peuvent exprimer la vision culturelle d’une époque. Notre étude observe l’évolution annuelle de la perspective temporelle (verbes au passé, présent, futur) des paroles des chansons mises en nomination au Juno au Canada (n=188; Song of the year/Best Selling Single) et au Grammy aux États-Unis (n=200; Single of the Year) entre 1975 et 2013. Le logiciel Linguistic Inquiry and Word Count (LIWC2007; Pennebaker et al., 2007) a permis d’opérationnaliser la perspective temporelle en proportions de verbes (% par chanson) au passé, au présent et au futur. Les résultats de régressions hiérarchiques modérées indiquent que la culture (Canada vs. États-Unis) modère le lien entre la perspective temporelle des paroles et les années. Parmi les chansons canadiennes, il n’y a pas de lien entre la perspective temporelle des paroles et les années. Toutefois, parmi les chansons américaines, il y a un lien négatif entre la perspective temporelle (passé, présent et futur) des paroles et les années. En bref, au fil du temps, la perspective temporelle des paroles canadiennes reste stable, tandis celle des paroles américaines diminue. Nos résultats interculturels montrent des différences culturelles reflétées dans les paroles de chansons, et ce, même si nous comparons des sociétés voisines comme le Canada et les États-Unis.

13 septembre 1759, bataille des plaines d’Abraham : cette date reste associée à la chute de Québec aux mains des Britanniques, omettant trop souvent le fait que la capitale de la Nouvelle-France ne capitule que cinq jours après la défaite française. Plusieurs historiens se sont intéressés aux événements ayant mené à la bataille du 13 septembre, livrant toutefois quasi unanimement le récit d’un « siège » de Québec jalonné par de grands moments-clés : arrivée des Britanniques à l’Île d’Orléans le 27 juin, bombardement de la ville à partir du 12 juillet, batailles de Beauport le 31 juillet et des Plaines le 13 septembre, puis reddition le 18. Je vous invite dans cette présentation à porter un regard nouveau sur les opérations militaires à Québec de l’été 1759. Au moyen de traités de la littérature militaire du XVIIIe siècle permettant de définir le modèle européen de la guerre de siège et d’une comparaison de celui-ci avec la situation de Québec, je démontrerai la nécessité de déconstruire l’idée selon laquelle les événements séparant l’arrivée des Britanniques à l’Île d’Orléans le 27 juin de la reddition de la ville le 18 septembre constitueraient un seul et même ensemble, un seul et même « siège » de Québec.

Qu’est-ce qu’être musulman? Plus spécifiquement, qu’est-ce qu’être Baye Fall (Pèzeril, 2008) ? En cherchant à rendre compte de l’islam tel que vécu (McGuire, 2008) chez des soufis, il nous est apparu que les expériences religieuses ne sont pas individuelles et linéaires mais intersubjectives et plastiques. Notre objectif est de comprendre comment se vivent les expériences religieuses incorporées. Nous adoptons la phénoménologie de Merleau-Ponty (1945) pour qui la seule connaissance du monde est celle sensible. Dans le cadre de notre Maitrise en Anthropologie, les résultats présentés seront préliminaires. Nous avons réalisé des entrevues et des observations de rituels en 2015 à Montréal. Nous proposons, comme Turner, de penser l’implication de notre présence et de parler au « nous » plutôt qu’au « eux » (2000: 55). En effet, notre propre expérience est un lieu de réflexivité pour accéder aux sensibilités de nos co-disciples. Ainsi, ces expériences sont intersubjectives. L’intersubjectivité à laquelle nous nous référons inclut autant les individus que les saints présents dans le lieu de culte. Nous pensons donc, comme Orsi, l’expérience religieuse comme une relation entre « heaven and earth » (2005: 5).  Une des contributions est de se donner des outils conceptuels qui rendent compte des perceptions emic. Ces outils doivent nous permettent de suspendre les questions sur la véracité des croyances et « do justice to the ways in which people actually live» (Jackson, 1996 :10).



 Au Québec, la sécularisation, la diversité croissante et la laïcité ont entraîné des transformations importantes du rapport des Québécois envers le catholicisme. Durant les dernières années, deux commissions ayant abordé notamment cette question ont été mises en place : l’une sur la place de la religion à l’école (1999) et l’autre sur les pratiques d’accommodements reliées aux différences culturelles (2008). Des centaines de mémoires ont été déposés à ces deux commissions provenant des divers acteurs de la société, allant des partis politiques aux simples citoyens. L’analyse de contenu de ces mémoires a permis de faire ressortir ce qu’ils renfermaient concernant le catholicisme et les différents discours à son endroit. Autrement dit, elle a permis de voir quelle était la perception d’une partie de la population à l'endroit du catholicisme et de comprendre en quoi ce dernier demeure encore présent dans la société québécoise. L’objectif de cette présentation est donc de dévoiler ces discours sur le catholicisme dans les deux commissions mentionnées plus haut et de voir comment celui-ci demeure important dans notre société postmoderne.     

L’époque hellénistique fut longtemps comprise par l’historiographie comme une période de déclin des cités grecques. On disait que celles-ci avaient perdu leur autonomie sans laquelle elles ne pouvaient fonctionner démocratiquement. Les recherches de certains historiens comme Paul Veyne tinrent l’évergétisme pour responsable de cette déchéance. On disait que les cités « en crise » nécessitaient l’aide des bienfaiteurs pour exister et qu’elles étaient ainsi forcées de les maintenir dans des positions de pouvoir (magistratures). Philippe Gauthier démentit cette vision en prouvant que l’évergétisme fonctionnait démocratiquement puisque les dons des bienfaiteurs étaient récompensés par des honneurs et votés par les citoyens.

Au cours de cette période, plusieurs femmes furent honorées à titre d’évergètes. La recherche présente tente de comprendre à l’aide de sources épigraphiques comment elles purent recevoir des honneurs qui jusqu’alors avaient été essentiellement réservés aux hommes. Pour répondre à cette problématique, le travail se divise en trois sections : la première explorant les sphères féminines et masculines de la société grecque; la seconde abordant les femmes ayant été honorées pour leur contribution dans des sphères comprises comme féminines et celles ayant reçu des honneurs pour leurs implications « masculines ». Ce travail, appuyé sur une historiographie forte et des sources anciennes, offre une perspective nouvelle sur le rôle des femmes en antiquité.

Dans l’Europe de la seconde moitié du 18ème siècle, on voit apparaître de nombreux traités prônant l’allaitement maternel – le plus souvent en opposition à l’allaitement par une nourrice. Écrits par des médecins, philosophes et moralistes, ces textes situent l’allaitement maternel au cœur d’importants enjeux médicaux, sociaux et même politiques : cette pratique est entre autres présentée comme nécessaire au maintien d’une population nombreuse, source de richesse.

Si ces traités nous montrent comment des discours « maternalistes » ont pu véhiculer des intérêts sociaux et politiques, ils restent silencieux quant aux expériences et enjeux de l’allaitement vus par les femmes elles-mêmes. Ce dernier point sera le point focal de cette communication ; pour l’illustrer, nous nous baserons sur la correspondance de deux familles bourgeoises du sud de l’Allemagne, au tournant du 18ème au 19ème siècle.

Dans ces sources, l’allaitement est abondamment discuté et débattu : entre mère et fille, entre mari et femme, mais aussi entre belle-mère et beau-fils. En suivant la trace de plusieurs « situations d’allaitement », nous mettrons en évidence les enjeux (émotionnels, corporels et relationnels) soulevés par cette pratique. Par là, nous montrerons que si les femmes bourgeoises semblent avoir intériorisé l’équation « mère qui allaite = bonne mère » véhiculée dans les discours imprimés, leur entourage met de l’avant d’autres priorités.

Cette recherche a été conçue à la suite des résistances rencontrées par les associations de femmes au Maroc, dans leurs efforts de promotion de la présence de femmes dans les instances politiques, depuis le début de la campagne de sensibilisation dans les années 1990, jusqu’aux requêtes exigeant la consécration constitutionnelle de la parité entre les sexes dans tous les domaines, en 2011.  En effet, ces efforts ont montré que si la présence des femmes dans la sphère publique ne constitue plus un tabou de nos jours, en revanche, leur accession aux postes de pouvoir le demeure.  La question de l’instrumentalisation de la culture, de la religion et des traditions se pose, quand leur interprétation officielle consacre le statut inférieur des unes, et inversement le statut supérieur des autres. Cette présentation vise à déconstruire la croyance populaire selon laquelle cette présence serait étrangère à la société marocaine.  Pour ce faire, j'ai consulté les sources arabes historiques classiques à la recherche des femmes qui ont participé à la gestion des affaires publiques des temps anciens à nos jours.  En rappelant que nombreuses sont les femmes qui ont soit exercé le pouvoir, soit participé à l’exercice du pouvoir et/ou à la gestion des affaires publiques, soit contesté les expressions du pouvoir de leur temps, cette recherche montre que la présence des femmes dans les instances de prise de décision fait partie intégrante de l’héritage religio-culturel marocain.

Depuis quelques décennies, on constate un mouvement dit progressiste chez les chrétiens évangéliques aux États-Unis. En contestant des normes traditionnelles, il se caractérise par la critique culturelle du conservatisme et la poursuite de justice sociale (Bielo, 2011). Ce mouvement repense la sociabilité hors groupe pour mettre l’accent sur l’amitié « authentique » et « inconditionnelle » au lieu du prosélytisme.

J’ai fait ma recherche de maîtrise à Nashville, dans le Tennessee, où j’ai exploré le rôle de l’authenticité relationnelle (Meintel, à paraître) dans le discours émergent d’une église évangélique sur la rencontre avec les immigrants musulmans. Bien que les relations interreligieuses soient tendues dans cette région du pays où règne le conservatisme politique chrétien, certains groupes tentent de surmonter les différences en développant des objectifs communs avec les musulmans tels que « l’épanouissement de la ville ». J’ai découvert que des tensions spirituelles et sociales peuvent découler de ce changement de perspective sur les conditions de l’engagement social avec l’autre. Chez certains, ces tensions deviennent productives et permettent la réduction de friction dans les relations sociales, tandis que pour d’autres elles entrainent des questionnements très difficiles. Pour cette communication, je propose de réfléchir sur les conditions socio-culturelles derrière ces changements et leurs potentiels effets sur les relations interreligieuses.

Le Sénégal est un pays de l'Afrique de l'Ouest dont la population est composée de 95 % de musulmans. En raison de plusieurs facteurs d'ordre culturel, religieux et politiques, la question des droits des femmes y est prépondérante (Coulon, 1981, Diop (dir), 2002). Le rapport de collaboration entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel traduit une compréhension commune du fonctionnement de la laïcité à la sénégalaise (Ndiaye, 2012; Samson, 2013). Cette relation de complicité entre les deux pouvoirs (politiques et religieux) est problématique et comporte des obstacles au Code de la famille. Notre recherche vise à problématiser le principe de la laïcité de l’État du Sénégal ainsi que son incidence sur le Code de la famille de 1972. Ainsi les objectifs consistent à analyser les modèles de laïcité (Baubérot & Milot, 2011) qui s'affrontent, tout en montrant en quoi le rapport de collaboration de l'État et du religieux constitue un obstacle à l'émancipation des femmes et son empreinte sur le Code de la famille (Mbow, 2010, 2011). D'autre part, nous analyserons la problématique de l'Islam et de la laïcité (Bernatchez, 2022; Bozdémir, 1996). Notre méthodologie consiste à analyser la problématique du modèle de laïcité à partir des théories de l'intersectionnalité (Bilge, 2009, 2014, 2015). Les résultats finaux ont montré en quoi les modèles de séparation et de collaboration semblent convenir le mieux pour évoquer la situation au Sénégal (Sow Sidibé et coll., 2006).

Les années 1960 ont été marquantes pour les communautés religieuses québécoises alors qu’elles subissent les bouleversements initiés par la Révolution tranquille, sur le plan local, et le Concile Vatican II au niveau institutionnel. Si de nombreuses recherches ont documenté les effets et les conséquences de ces années sur la société québécoise et sur certaines communautés, il semble qu’un événement majeur ait échappé à l’attention des chercheurs en sciences humaines : le Congrès des religieuses de Montréal de 1968.

La présente communication vise à jeter un regard critique sur ce congrès ayant réuni environ 6 000 religieuses à l’aréna Maurice-Richard, à Montréal, du 1er au 3 mars 1968. Comment les religieuses envisagent-elles leur place au sein d’une société québécoise qui se sécularise à toute vitesse alors qu’elles y ont joué un rôle prépondérant au cours du siècle précédent?

Par l’analyse des actes du congrès et de la couverture médiatique de l’événement, il sera possible de développer une compréhension élargie des représentations que les religieuses se font d’elles-mêmes, de leurs fonctions sociales et de leur mission dans un monde en ébullition.

Actuellement, l’Alberta fait face à une polarisation politique importante autour du nouveau curriculum d’études sociales proposé par le gouvernement de la province. Peu d’études se sont intéressées au contenu des curriculums passés et des manuels d’histoire présentés aux Albertain.es. Cette présentation propose d’aborder ces enjeux avec une perspective historique en se penchant en analysant le contenu de dix manuels d’histoire publiés avant 1945, qui ont exercé une influence importante sur la formation de l’identité albertaine. De ce fait, on peut se demander comment ils représentaient cette identité. La représentation de l’Ouest présentée mettait surtout en lumière ses contributions économiques à la nation canadienne, contribuant ainsi au sentiment d’aliénation et d’impuissance politique de l’Alberta. De plus, cette valorisation du progrès de la nation privilégiait les hommes, britanniques, partisans du projet nationaliste, excluant ceux qui niaient ce plan : les femmes, les Autochtones, les Métis, et les colonisateurs non britanniques. En suivant les méthodologies féministes de Clapperton-Richard (2019) et Efthymiou (2004), cette présentation exposera l’identité albertaine tant qu’elle est présentée dans ces manuels – divisé selon les rapports de force ethnique, régional et du genre – et l’effet continu de cette représentation sur la société albertaine.

Le développement, chez les jeunes,  de la culture religieuse, est un enjeu éducatif particulièrement important dans des sociétés où se côtoient plusieurs conceptions de la vie bonne. Or, les images artistiques constituent une voie d’accès privilégiée pour accéder à une compréhension fine des religions. En effet,  la question de la représentation artistique du divin  permet de mieux saisir la diversité des conceptions du sacré, y compris au sein d’une même tradition,  de même que le rôle essentiel que jouent les images elles-mêmes, qu’elles soient utilisées de façon restrictive (aniconisme, voire iconophobie) ou proliférante (iconophilie), dans la communication de messages à la fois religieux et esthétiques.  Dans notre communication, après avoir rappelé les grands principes iconographiques  associés  aux trois principaux monothéismes, nous reviendrons sur les vifs débats qui ont entouré les dessins représentant le prophète Mohammed publiés par plusieurs journaux, dont l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, depuis 2006, et sur la tension entre les dimensions symbolique et plastique de l’image. L’analyse des contextes de production, mais aussi de réception des images,  s’avère indispensable à  une bonne compréhension de leur message et permet de lever  plusieurs des ambiguïtés auxquelles elles donnent lieu.  La signification et le sens des images religieuses est en effet multiple, parfois complexe, et ne saurait s’accommoder de simplifications réductrices.

En 2007, le Canada annonce qu'il accueillera 5 000 réfugiés bhoutanais en provenance de camps népalais. Les tribulations de cette ethnie sont méconnues: alors que le Bhoutan a vu le sud de son pays défriché depuis des générations par des agriculteurs népalais (la plupart devenant citoyens en 1958), il change radicalement de politique vers 1990, avec le quatrième roi, la Loi de la citoyenneté et les recensements subséquents. Les Bhoutanais d’origine népalaise devenant majoritairement « non national », 100 000 d’entre eux doivent quitter le pays et se retrouvent dans des camps au Népal financés par l’UNHCR. Seulement depuis 2007, huit pays dont le Canada ont ouvert leurs portes à ces apatrides. Ainsi, environ 1200 sont actuellement résidents permanents du Québec, dont 190 à Saint-Jérôme, lieu de l'étude.

Dans ce contexte de réétablissement, comment ces réfugiés perçoivent-ils leur identité? Quel rôle joue leur religion ici?

Notre recherche exploratoire s’appuie sur une observation participante de deux ans et sur six entrevues des trois générations présentes.

En bref, la définition de leur identité varie selon leur âge, selon un continuum entre « être Bhoutanais » et « être Népalais ». L’unité de groupe se ressent cependant dans l’appartenance à la religion hindoue et la continuité de la tradition qui y est primordiale.

Notre recherche est une des premières au Canada à s’intéresser à ces réfugiés et à des modalités de leur insertion au Québec.