Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Dans le cadre de cet exposé, je procède à une étude comparative entre trois destinations touristiques (Québec, Barcelone et Venise), classées selon les phases d’une « infection touristophobique » provoquée par le tourisme de masse. En guise d’introduction, un survol de la problématique abordée dans le cadre de l’école d’été 2018 de l’Institut du patrimoine culturel (IPAC) de l’Université Laval est proposé. Il est ensuite introduit la définition ainsi qu’un bref constat en ce qui concerne la Barcelomania et la touristophobie à Barcelone, avant d’insister sur le fait que ces enjeux, à degrés variables, touchent également d’autres destinations touristiques dans le monde et sont le produit d’une mauvaise gestion de « l’altérité touristique ». Deux tendances, à savoir la muséification et la muséalisation, seront utilisées pour éclairer sur des processus de, respectivement, fixation et mise en musée du patrimoine culturel des destinations. Ces deux forces antagonistes exercent une influence indiscutable au sein des villes à l’étude, agissent en tant que modèle de cohésion ou tension sociale et peuvent représenter un moyen de compréhension et dialogue entre les communautés locales et les visiteurs culturophages. Enfin, les enjeux reliés à la problématique seront soulevés, pour ensuite proposer des solutions pour l’avenir.

Matérialisation des principes de la « science ouverte » et de l’« innovation ouverte », le phénomène de la Do-it-yourself bio (DIYbio) vise à libérer la biologie moléculaire et les outils biotechnologiques de l’emprise politique, sociale et normative qu’y exercent les institutions de recherche. La DIYbio œuvre à mettre les outils biotechnologiques entre les mains du public de manière à ce que les individus puissent se les approprier et en faire un usage autonome. Par là, la DIYbio imbrique l’idéal politique d’autonomie, typiquement démocratique, avec des pratiques d’innovation en biologie. Cette présentation propose de décortiquer les principes et les implications sociales, culturelles, éthiques et politiques d’un tel enchevêtrement à partir de résultats d’une étude empirique sur le phénomène de la DIYbio. Ancrée dans le domaine des études sur la science, l’étude se base sur l’analyse de discours de sources documentaires et d’entretiens avec des membres du réseau DIYbio. En esquissant les rapports qu’entretiennent les communautés DIYbio nord-américaines à l’État, à l’éthique, aux droits de propriété intellectuelle, et à l’opposition sociale au génie génétique, la communication montrera que l’engagement envers la bio-innovation tend à aller de pair avec une sacralisation de la liberté individuelle. En conclusion, on verra en quoi ces éléments dessinent un modèle néolibéral de démocratie des biotechnologies.   

Cette présentation, vise à nuancer la lecture du néolibéralisme comme étant un hyperindividualisme. Prenant l’exemple des pratiques de beauté pendant et après la grossesse, pratiques ici appréhendées comme relevant d’un entrepreneuriat de l’esthétique s’inscrivant dans une idéologie néolibérale, je montre que cette appréhension du néolibéralisme ne sied pas au contexte taiwanais. Basée sur une ethnographie de près de trois ans à Taipei, cette présentation analyse le travail esthétique entourant la grossesse et participant du nouveau phénomène de la « yummy mummy». Je montre comment rester désirable durant la grossesse et « retrouver la taille » après, implique une dimension transindividuelle importante. Retrouvant rapidement leur silhouette, les femmes, non seulement, flattent l’égo de l’époux et honore la famille, mais la reconnaissance des autres qu’elles s’attirent ainsi est un facteur décisif de leur quête de beauté. Cette reconnaissance, provenant du mari, des membres de la famille, voire d’inconnus, est constitutive de la satisfaction de soi des femmes, gains immatériels ultimes de cet entrepreneuriat de l’esthétique. En conclusion, l’activité entrepreneuriale d’apparence individuelle, comme les pratiques de beauté, ne peut pas être appréhendée en faisant « abnégation du social »; en effet, l’analyse montre qu’une gestion attentive des relations sociales est un travail immatériel s’inscrivant dans l’entrepreneuriat de l’esthétique.

Au Cameroun, posters et panneaux géants des entrepreneurs religieux pullulent dans les rues. Les affiches des programmes arborent poteaux, murs et espaces réservés ou non à l’affichage. Les banderoles évangélisatrices, tracts, traités, flyers et billets d’invitation encombrent les rues. Les événements pentecôtistes en open air agrémentent ces notes communicationnelles : campagnes d’évangélisation, prières, séances d’exorcisme, cultes, messes, cérémonies d’ordination. En sus, phénomène apparemment récent, des prédicateurs itinérants avec mégaphones œuvrent dans les espaces publics, illustrant cette véritable occupation spatiale par l’évangile pentecôtisant. Le couple « nouvelles églises - nouvelles technologies », sous fond de media turn (Engelke, 2010 : 371-372) est ainsi annoncé. Les principales métropoles sont le théâtre de ce phénomène médiatico-religieux. Ainsi résumé, les églises pentecôtistes se présentent comme des media-churches.

Face à ce décor, l’Etat n’est pas resté coi. Comment expliquer que ces entrepreneurs médiatiques religieux tentent d’impulser le « media turn », malgré la répression gouvernementale ? Notre réflexion a pour objectif de cerner la capacité pentecôtiste à impulser les mutations sociétales par leur habitus médiatique. L’appropriation de l’« efficacité médiatique » à Yaoundé et Douala constituera le principal ancrage théorique de cette étude.

Certains dispositifs artistiques peuvent être porteurs de recherche scientifique. Nous souhaitons proposer à travers cette communication une expérience de ce type : une évaluation des dispositifs mobiles et leurs implications dans des projets de sciences citoyennes sous la forme d’une recherche expérimentale s’attribuant la forme d’un dispositif artistique. Cette problématique est corrélée à la question suivante : Comment capturer puis analyser les comportements émotionnels des publics à travers le codage facial et la reconnaissance gestuelle ? Spécifiquement nous souhaitons rendre compte des comportements de coopération des publics interragissant avec un dispositif mobile de sciences citoyennes puis proposer une grille d’évaluation de ces dispositifs par la redocumentation de l’expérience des publics. Dans un premier temps, nous réaliserons un état de l’art des approches en anthropologie de la communication et en marketing de la culture liées à ce type de méthodologie. Dans un second temps le dispositif de médiation et le dispositif de recherche seront décrits. Dans un troisième temps nous exprimerons les différents types de modélisations possibles des comportements dans ce type de design et nous proposerons une grille d’évaluation du dispositif. Nous discuterons enfin de la relation entre les arts et les sciences humaines, le statut du public dans ce type de dispositif de recherche.

Cette communication étudie les notions et les discours sur le changement climatique dans les traditions hindoues, tels qu'ils sont révélés dans les Puranas, dans la géographie sacrée hindoue et dans les discours contemporains. Dans les Puranas, l'imaginaire hindou comprend la création et la dissolution cycliques de l'univers comme un processus répétitif et nécessaire. Les êtres humains habitent actuellement dans l’ère cosmique de Kali yuga, qui est marquée par la prédominance de l'adharma (mal) et par des catastrophes naturelles et des calamités. La tradition hindoue implique la notion de géographie sacrée où la terre, les montagnes et les rivières incarnent différentes déesses. Ainsi, de nombreux hindous perçoivent la pollution des rivières, la création de barrages ou la construction de mines comme une violation des déesses des rivières ou des montagnes. De nos jours, la prolifération de nouveaux discours sur le changement climatique sont imprégnés des sentiments religieux associés à la violation des déesses et ne peuvent être ignorés lors de la discussion des discours actuels sur le changement climatique. Voilà pourquoi j’examine également comment l’imaginaire hindou a inspiré les activistes d'aujourd'hui dans leur lutte pour un monde plus durable. En plan méthodologique, cette communication explore les notions et les discours sur le changement climatique dans les traditions hindoues en se basant sur les études textuelles approfondies et sur l’analyse du discours.

L’acculturation des Franco-Américains de deuxième génération en Nouvelle–Angleterre durant la période des années 1920-1940 est le thème de cette communication.  L’hypothèse avancée est que ce groupe évolua dans un contexte social, économique, culturel et historique en forte transition, subissant des transformations majeures et amorçant un déclin à plusieurs niveaux.  Pour illustrer cette situation, la production littéraire d’auteurs franco-américains de deuxième génération, dont Jack Kerouac, sera analysée.

L’objet d’étude que constituent les membres de la deuxième génération, en tant que filles et fils d’immigrants pris entre la culture de leurs parents et celle de la société d’accueil, jouant ainsi un rôle majeur dans le processus de réception et de diffusion des valeurs et de la culture, nous apparaît important pour l’avancée des connaissances reliées aux Franco-Américains de cette époque et valider l’hypothèse de départ.  Le concept d’identité culturelle, englobant celui de l’acculturation, nous semble également primordial pour expliquer notre propos.  Alors que le contexte socio-économique des années 1920-1940 est marqué par un mouvement d’américanisation, par une amélioration des conditions de vie, mais aussi par de graves difficultés économiques, l’arrivée de la culture et de la consommation de masse est un élément important pour  enrichir notre point de vue, à la fois sur le contexte de l’époque ainsi que de son impact   sur l’identité culturelle du groupe.

     



Cette communication vise à examiner le discours journalistique au Québec en ce qui a trait à la gestion de la diversité en Inde. Lors d’une conférence, l'éminent professeur de politique indienne, Rajeev Bhargava (2010) avançait que l’Inde pourrait servir de « modèle » aux pays occidentaux en matière de respect de la diversité religieuse. Il s’appuyait sur ce qui fait la spécificité de l’Inde, soit le fait que la diversité intra- et interreligieuse constitue le fondement même du sécularisme indien. Mais qu’en est-il dans les faits? En réalité, force est de constater que le multiculturalisme en tant qu’objet d’analyse sociologique est souvent confiné au contexte « occidental ». Qu’il renvoie à une perspective normative, à des politiques publiques ou à des stratégies de résistance, le multiculturalisme « envahit » le discours scientifique (Parsanoglou 2004) (sauf lorsqu’il désigne une réalité démographique), mais le centre névralgique de la réflexion intellectuelle reste en « Occident ».  En prenant le cas de la presse québécoise, j’ai voulu examiner ce qu’une partie de l’Occident « voit » lorsqu’elle tourne son regard vers l’Inde. Quels événements attirent son attention et comment sont-ils traités? Ce traitement est-il révélateur d’une certaine perception « occidentalocentrique » de l’Inde? Fait-il écho à la situation au Québec? Et, au-delà de toutes ces interrogations, est-il pertinent de parler de « modèle »?

Cette présentation se concentre sur l’identité culturelle et la spiritualité dans la tradition du Radhasoami en Amérique du Nord. J’aborde le sujet en discutant l’histoire de la spiritualité du Radhasoami et puis en analysant plusieurs aspects importants de la spiritualité du Radhasoami dans la modernité. Je traite aussi de la question des liens complexes entre la spiritualité du Radhasoami et  l’identité culturelle. L'accent est mis sur les questions concernant la religion, l'identité, et l '«altérité»  des Américains sud-asiatiques qui adhèrent à la foi Radhasoami et vivent à Chicago, USA. Par la suite, je considère plusieurs aspects de la mondialisation du mouvement Radhasoami en Amérique du Nord et ses rapports complexes avec la patrie en Asie du Sud. Parmi les questions auxquelles je cherche une réponse sont: Quels sont les avantages et les inconvénients de cette mobilité spirituelle? Est-ce que les nouveaux espaces et pratiques rituelles fournissent une « spiritualité moderne » alternative à celle construite par l'Occident? Comment cela pourrait-il contribuer à la construction de nouvelles structures et de nouveaux espaces de spiritualité, pensée, d'être, et de croyance? Est-ce que «l'altérité» spirituelle de la communauté Radhasoami mène à l'isolement et à la marginalisation, ou est-ce qu'il contribue à l'intégration dans le nouveau pays de résidence (tout en conservant les liens avec la patrie indienne)?

La recherche opérationnelle, aujourd’hui associée à l’optimisation mathématique des processus, est une discipline scientifique qui est apparue au Royaume-Uni à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Ce concept était alors beaucoup plus large, englobant toutes les disciplines scientifiques, en sciences humaines autant qu’en sciences exactes. Désirant miser sur son capital académique, le gouvernement britannique voulait associer à l’effort de guerre les meilleurs chercheurs du pays en les motivant à laisser de côté la recherche fondamentale pour se consacrer à la résolution de problèmes concrets, d'ordre "opérationnel".

 

L’historiographie sur le sujet traite surtout de l’interaction entre les personnalités marquantes du domaine et sur leurs réalisations les plus spectaculaires. Allant au-delà de cette “Big Science” nous avons étudié les travaux moins connus. Comme tous les secteurs militaires ont eu recours à la recherche opérationnelle, nous avons limité notre étude au cas du Bomber Command, car les bombardements des villes allemandes que cette unité a effectués sont un aspect de la Seconde Guerre mondiale qui est considéré par plusieurs historiens comme le plus typique du concept de la "guerre totale" en vertu duquel la frontière entre civils et militaires est effacée. Notre étude démontre que la recherche opérationnelle telle que pratiquée au Bomber Command visait en priorité à maximiser l’offensive plutôt qu’à minimiser les pertes humaines et matérielles. 

Le dernier quart du 19e siècle marque l’apogée, en Amérique du Nord, d’une Révolution industrielle en quête d’une main-d’œuvre capable de supporter la demande, que la population locale ne pouvait satisfaire. L’apport de migrants chinois à cette nouvelle réalité économique ne s’est toutefois pas fait sans ressentiments sociaux et politiques. L’Exclusion Act de 1882 aux États-Unis, et le Chinese Immigration Act de 1885 au Canada en sont des exemples probants. Les exilés chinois, qui fuyaient, entre autres, les tumultes politiques en Chine et la crise agricole dans la région du Guangdong, voyaient pourtant dans l’Amérique une avenue intéressante. Depuis les années 1960, nombreux sont les travaux qui s’intéressent à la problématique des migrants et à la construction diasporale. Toutefois, des recherches récentes, dont celles de Dirk Hoerder et Huping Ling, tendent à critiquer certaines connaissances scientifiques sur les valeurs, motivations et perceptions de la diaspora chinoise. Selon cette approche, « l’espace » occupé par la diaspora délaisse le concept de géographie physique pour emprunter la représentation d’une perspective culturelle et sociale, méritant ainsi une analyse approfondie de sa problématique. Dans cette communication, nous proposerons un regard sur cette référence spatiale de la diaspora chinoise sous forme de démarche historiographique exploratoire qui mènera, dans une étape successive, à une connaissance plus juste de la réalité diasporique sino-montréalaise.

Le culte à la reine des cieux (Jr 7, 16-20 ; 44, 15-19, 25, également mentionné dans la lettre d’Hermopolis - Ve siècle av. J.-C) est une des formes d’adoration pratiquées dans la communauté des anciens Israélites du premier millénaire. Il existe des témoignages extrabibliques, notamment archéologiques, parmi lesquels les iconographies, trouvés dans la région d’Israël et dans d’autres contrées de l’ancien Proche-Orient ainsi qu’ailleurs, qui font le lien avec ce culte. Il y a malheureusement divergence de vues parmi les spécialistes sur l’identité réelle de cette divinité. Susan Ackerman (1989) soutient une  connexion directe de cette déesse avec la divinité sémitique occidentale Astarté et son correspondant assyrien Ishtar, tant la reine des cieux présenterait avec ces divinités des caractéristiques communes. Cette thèse est contestée. Certains spécialistes, comme K. Koch (1998), pensent qu’il n’y a rien sur Astarté à Jérusalem à l’époque pré-exilique. Ils sont ainsi favorables à un rapprochement de la reine des cieux biblique avec la déesse mésopotamienne Ishtar, qui trouve des correspondances chez Ashéra de l’Eternel, adorée en Israël. Devant cette impasse, nous proposons de retracer le profil de la déesse « reine des cieux » à travers une méthode de lecture : la lecture empirique et pragmatique du texte de Jr 7, 16-20, qui permet de dégager des indices susceptibles d’identifier cette divinité, dont on trouve encore quelques traces d’adoration aujourd’hui.

          De par sa situation géographique, économique, sociale et historique la Kabylie a de tout temps connu des mouvements migratoires. Le colonialisme  les a accélérés, en procédant à des expropriations, au lendemain de la résistance de 1871. Quelles sont les raisons de cette migration? Et pourquoi essentiellement vers la France?  

          La Kabylie est la dernière région à résister à la colonisation française. En 1871 L’armée française réussit à réprimer la rébellion d'El Mokrani. La Kabylie doit payer l’impôt de guerre, de nombreuses personnes sont exécutées ou emprisonnées. Les sols les plus fertiles sont confisqués et attribués aux colons.

         Le Sénatus-Consulte de 1863, la loi de 1873, en divisant les territoires des tribus, en instituant contre la propriété collective, la propriété individuelle, détruisent les bases économiques de la paysannerie. La dépossession de la terre accentue la paupérisation des zones montagnardes, et crée les conditions d’une prolétarisation excessive, source elle même de la grande migration. La surpopulation d´une terre morcelée, pauvre, vivant d´une agriculture primitive de montagne, ne laisse qu´une alternative: la faim ou l´émigration.

          L’émigration vers la France, avait pour fonction première de donner à la communauté paysanne les moyens de se perpétuer. Ce phénomène de mouvement de population amorcé après 1871, n’a jamais cessé, même si les raisons diffèrent d’une génération à une autre et d’une période à une autre.    

Le XXe siècle a passé une série de jugements anachroniques sur la pensée économique de Hegel, de manière à faire de lui le précurseur de Marx. En fait, selon la formule houleuse de M. Rubel, le XXe siècle a commodément « “redécouvert” un Hegel inconnu de Marx, un jeune Hegel, disciple de Adam Smith et précurseur de Ricardo ».  Hegel, prétend-on ainsi, aurait découvert la dialectique grâce à « l’analyse de l’économie politique, de la situation économique de l’Angleterre » (Lukács). Il aurait ensuite traité de l’économie politique avec un  « sérieux philosophique qui n’eut d’égal que chez Marx » (Löwith). Il aurait découvert le « rapport profond du mode de production capitaliste » (Lécrivain). Il  aurait « anticipé de façon remarquable sur les thèmes et les intuitions que Marx allait plus tard développer ». (Taylor). En somme, il «  annonce Marx par sa description de la crise socio-économique » (Bourgeois). Ces jugements anachroniques sont irrecevables. Ceux qui les passent font non seulement l’impasse sur l’histoire de la pensée économique, mais ils font de surcroit l’impasse sur les exigences du système hégélien de la science. Nous tenterons donc au cours de notre présentation de clarifier, par l’histoire et la philosophie à la fois, le rapport qu’entretenait véritablement Hegel à l’économie politique de son temps, c’est-à-dire le mercantilisme caméraliste (« Kameralwissenschaften ») enseigné dans les universités allemandes depuis le XVIIe siècle.

En Inde, Bombay a une industrie cinématographique énorme (donc, « Bollywood ») produisant des centaines de films grand-publics qui se distinguent par une formule de la musique, de la danse, du mélodrame, de la comédie, de la tragédie, et des perspectives religieuses et politiques, qui sont largement distribués dans l'Inde et au-delà du golfe Persique, l'Afrique, et l'Asie du Sud-Est. Récemment, les films populaires indiens ont gagné la reconnaissance dans les marchés nord-américains.

Dans cette présentation, je traite de la représentation de l’hindouisme et de l’altérité dans les films de Bollywood des années 2000s. J’examine cette question dans le contexte des théories d’altérité et de post-colonialisme en analysant deux films très populaires, Lagan (Les impôts sur la terre) (2001) et Ham dil de cuke sanam (J’ai déjà donné mon cœur) (1999). Ces films très populaires affirment une notion de l’hindouisme très nationaliste en propageant une identité hindoue-indienne non-occidentale et en même temps, en marginalisant les autres traditions religieuses telles l’islam, le christianisme et le sikhisme.



Dans la religion chrétienne, la tradition représente la connaissance et le savoir. La pastorale quant à elle représente la transmission de ce savoir adapté à la culture locale. La première pastorale de l’Histoire s’est faite pendant trois siècles à travers la culture romaine. Durant cette période, les martyrs occupent une place prépondérante. Dans le christianisme, le martyr est un fidèle qui accepte de donner sa vie au nom de sa foi. Souvent accusés de troubler l’ordre public, les martyrs militaires, à la popularité croissante, vont cristalliser toute la complexité du christianisme antique : non-violence, sacrifice de soi, spiritualité martiale en temps de guerre et de paix. Les vierges martyres incarnent l’aspect féminin de ce phénomène et seront influencées par les valeurs militaires de ces martyrs singuliers.

Les vierges martyres sont-elles devenues des soldats du Christ au même titre que leurs homologues masculins ? Afin d’appréhender cette appropriation masculine dans l’hagiographie féminine, il est nécessaire de comprendre qu’il s’agit de citoyennes romaines chrétiennes qui utilisent leurs codes culturels propres pour transmettre leur témoignage. Ainsi une étude comparative sur le rôle des femmes dans la société romaine et le rôle de la femme chrétienne est nécessaire pour comprendre le rôle des martyres du christianisme ancien. À travers un exemple précis, cette étude permet de mettre en lumière la façon dont le christianisme s’est répandu à travers l’Empire romain.

Cette commumication examine les visées pédagogiques et politiques des lois scolaires de 1801, 1824 et celles de 1829-1836, formulées respectivement par des représentants de l'élite protestante et britannique, du clergé catholique et de l'élite bourgeoise libérale canadienne. L'analyse se concentre sur le texte de ces lois ou projets de loi et est complétée par la consultation de documents officiels et de journaux de l'époque. À la veille du changement constitutionnel sensé remanier le poids de chacun de ces groupes idéologiques, ces derniers s'opposaient dans leurs lois scolaires quant à la réparition des droits et devoirs administratifs et pédagogiques entre les autorités intermédiaires, les autorités religieuses et le gouvernement, identifiant toute la responsabilité des citoyens dans la construction ou la surveillance des écoles. Alors que le défis unanimement reconnu consistait à généraliser l'acquisition d'éléments de l'enseignement primaire, le silence de ces lois sur des matières obligatoires, contrairement à des lois ultérieures, montre une entente tacite sur la nécessaire discrétion de l'État dans la formation des personnes. Comprendre le sens de ces lois occupées à déterminer l'autorité pédagogique sur l'enseignement primaire éclaire la compréhension des lois et idéaux ultérieurs à l'origine du système d'éducation actuel.

La notion de la diversité culturelle est définit au sein de la Déclaration universelle de l'UNESCO sur la diversité culturelle de 2001 comme étant le résultat de l'existence d'une pluralité des identités qui caractérisent les groupes et les sociétés composant l'humanité. Elle est considérée comme étant une source d'échanges, d'innovation et de créativité.

Depuis sa création, l'UNESCO a pour objectif principal de préserver la riche diversité des cultures dans le monde par son action normative. Plusieurs conventions, déclarations ou recommandations tant au niveau régional qu'international favorisent directement ou indirectement le respect de la diversité culturelle. Comme il n'existe pas de textes juridiques contraignants sur la protection de la diversité culturelle dans son sens large, on peut se demander si on assiste à l'émergence d'un principe général du droit international en matière de la diversité des cultures ?

À côté de la conception traditionnelle des principes généraux de droit reconnus par les nations civilisées selon l'article 38 §1 c) du Statut de la Cour Internationale de Justice, nous sommes en présence d'une nouvelle forme de cette source non écrite développée par la doctrine. Il s'agit des principes généraux propres au droit international, à la Communauté internationale. Ainsi, nous allons nous interroger sur le caractère autonome, sur le fondement théorique ainsi que sur le processus de création d'un tel principe en matière de la diversité culturelle.

 

 

Alors que les progrès de l'intelligence artificelle (IA) défraient régulièrement les manchettes, cette communication propose de remonter aux sources de la science de l'artificiel en s'intéressant à l'œuvre de l'un de ses précurseurs, H. A. Simon. Connu pour ses travaux sur l’économie et les décisions rationnelles, celui-ci s’est tourné vers l’intelligence artificielle, qui devait lui permettre de simuler l’intelligence et le comportement humain. Cette identité de l’ordinateur et de l’être humain, une conception dite computationaliste, avance l’idée d’un corps humain simulable et imitable par un ordinateur et repose sur l’analogie de l’information informatique et de la corporéité. Simon s’inscrit ainsi dans une vision matérialiste du corps. Pourtant, à la lecture des Sciences de l’artificiel (Simon, 1969), nous pouvons déceler deux types de symboliques du corps ne s’inscrivant pas dans une perspective matérialiste. Notre analyse du discours (Sabourin, 2010), informée par la théorisation des représentations symboliques de la technique (Miquel et Ménard, 1988), propose qu'une symbolique dualiste du corps et de l’esprit se manifeste dans la distinction entre le hardware et le software: une symbolique du « corps-tombeau » dans l’élagage des aspects matériels des systèmes, d'une part, et, d'autre part, une symbolique de la supériorité ontologique de l’esprit sur le corps dans la préséance du comportement humain vu sous l’angle de la décision rationnelle.

Hasard et incertitude sont deux termes inséparables.  Celui qui saurait prévoir les aléas du destin aurait, certes, un avantage sur tous ses congénères.  Menaces réelles pour toute organisation, le hasard et l'incertitude, font actuellement l'objet d'analyses se voulant exhaustives de "gestion des risques" qui allient études de scénarios, de gravité, de potentialité... bref, on cherche à tout prix à quantifier le hasard pour mieux se préparer à toutes les éventualités.  Les Grecs, dont les connaissances ont fourni les fondations des grands théorèmes actuellement utilisés dans les disciplines mathématiques, n'ont pourtant jamais essayé de les utiliser pour tenter de rationaliser le hasard.  On a allégué
parfois le manque d’outils conceptuels pour expliquer ce manque, mais pourtant les calculs de base eurent été particulièrement simples en comparaison avec ceux utilisés dans la construction du Parthénon.  Pourquoi a-t-il donc fallu attendre la fin du Moyen-âge pour voir la naissance d'une telle entreprise? 

 La communication propose de fournir des pistes de réflexion sur la question en étudiant le concept de hasard, tel qu'il est entendu aujourd'hui en comparaison avec l'antiquité grecque.  Le but sera non pas d'analyser l'actuelle conception du hasard dans les détails, mais, tout au moins, d'en cerner les différents aspects pour en dresser un parallèle le plus efficace possible dans l'antiquité et, ultimement, pour apprécier les écarts entre les deux conceptions.

L’exclusion des musulmanes de l’arène politique est-elle formellement énoncée dans le Coran? Telle est la question que je me propose d’examiner. Je commencerai par présenter des versets où le jugement des deux sexes repose sur les mêmes critères. J’examinerai ensuite des versets-récits où le littéral et l’allégorique s’entremêlent pour donner au Texte toute sa substance et sa force signifiante. Ces versets, qui mettent en évidence l’absence de discrimination divine entre les sexes, témoignent des écarts intervenus entre les fondements du Coran et les pratiques socioculturelles et permettent alors de contrer l’hégémonie patriarcale. Partant de l’hypothèse selon laquelle ce que le lecteur retient d’un texte n'est pas un absolu, mais la vision qu’il en a, vision qui ne coïncide que partiellement avec l’énoncé, je dirais que la conception qu’ont les musulmans des femmes et de leur place dans l’organisation sociale et politique repose moins sur le  Texte que sur ce que Bourdieu appelle la « sociodicée masculine » qui « légitime une relation de domination en l’inscrivant dans la nature biologique qui est elle-même une construction sociale naturalisée ».  C’est donc l’enchevêtrement des deux phénomènes suivants qui servira de toile de fond à ma présentation : la croyance selon laquelle le texte sacré serait le fondement même de la vision androcentrique;  les sentiments inavoués que Bourdieu appelle « l’inconscient androcentrique » et qui persistent plus dans les sociétés musulmanes.

L’historiographie de la crise de la conscription durant la Grande Guerre est en grande partie ancienne et limitée. Les études globales sont celles d’E. Armstrong (1937) et de J. Granatstein et J. Hitsman (1977). Tandis que Granatstein et Hitsman explorent brièvement la question durant les deux guerres mondiales et à travers l’ensemble du Canada, Armstrong explique l’opposition à la conscription par un « provincialisme » de la presse canadienne-française.

Ces analyses laissaient dans l’ombre la question de la diversité des points de vue dans la presse canadienne-française. Il en va de même pour les discours plus radicaux que celui du Devoir et de son célèbre directeur, pourtant importants dans les assemblées de protestations. Certains des ténors de ces discours identifiés dans les journaux se retrouvent associés à l’attentat à la résidence secondaire du propriétaire du Montreal Star, autre événement peu étudié. Ces sujets sont encore à explorer.

Cette communication présentera les résultats d’un projet de recherche impliquant le dépouillement de journaux. En cherchant à élargir le regard pour englober non seulement Le Devoir et les journaux libéraux, mais aussi les autres journaux indépendants (Le Droit, La Croix), les journaux conservateurs (L’Événement, La Patrie), nous verrons que la presse canadienne-française, dans sa diversité, accorda en fait une grande attention aux débats ailleurs dans le monde, notamment dans l’Empire, sur la participation et la conscription.

L’Île-du-Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, subit aujourd’hui une démodernisation (discours politique à faible portée, difficulté d'accès aux services publics et de santé, etc. - Y. Rabkin) et voit apparaître en conséquence une dissonance entre les discours du pouvoir global et les réalités quotidiennes locales – une fissure dans l’économie morale (E. P. Thompson). Dès lors, des phénomènes de réécriture des discours locaux comme autant de tentatives de réinvention du sens et de contrôle des champs d’action individuels et sociaux se développent. Recréant des points de repères dans l’imaginaire, les personnes se rapportent à des figures idéelles (au Cap-Breton, c’est souvent celle de « celui ou celle qui reste »). Néanmoins, ces figures alimentent une arythmie communément acceptée et culturellement pratiquée entre l’idéel qui est conté et le réel qui est vécu : un non-dit proche de l'intimité culturelle (M. Herzfeld).

À travers une brève ethnographie des pratiques de réécriture des discours (supports vidéos), j’explore comment les jeunes vivant sur l’Île-du-Cap-Breton travaillent à contrôler les champs d’action de leur vie et à s’investir dans le monde en œuvrant à la réécriture de cette figure idéelle de « celui ou celle qui reste ». Je théorise ensuite l’expérience du non-dit comme étant intrinsèque à ces discours, puis j’interroge si ce non-dit est une condition sine qua none de la réinvention culturelle et sociale dans le contexte actuel de la démodernisation. 

 

Cette communication en histoire immédiate, s’inscrit dans une réflexion plus large sur l’étude des nouveaux conflits, la culture et l’emploi des forces militaires françaises, en prenant l’exemple de son engagement en Afghanistan. Nous postulons à la grande importance des savoir-faire du génie en situation de contre-insurrection. S’articulant, entre autres, autour d’un riche corpus de recueil de récits de vies de vétérans, cette recherche primée (Prix d'histoire militaire 2014 du Ministère de la Défense) est la première étude historique globale sur l’engagement de l’armée française dans ce pays. Notre communication propose d’aborder à la fois la méthodologie et la conduite de ce projet de recherche en histoire immédiate et ses résultats. Nous mettrons en lumière les différentes étapes de l’engagement français, l’adaptation de l’arme du génie aux conditions changeantes des combats mais aussi les expériences contrastées des hommes et des femmes qui ont vécus cette opération extérieure, quatrième génération du feu après celle de la guerre d’Algérie (1954-1962). L'opération extérieure en Afghanistan met à jour une nouvelle culture de guerre au sein de l'armée française et souligne d'importantes mutations à l'oeuvre en son sein.

Cette recherche porte sur la compréhension du phénomène de la conversion des québécois montréalais à l’islam à partir de leur perception et leur conviction vis-à-vis le monde des religions. D’une part, elle tente d’identifier les facteurs principaux qui dévoilent les motifs sociologiques qui ont poussé certains québécois à choisir cette religion orientale comme référence religieuse, après avoir été affiliés pendant des siècles au christianisme, notamment par sa bronche catholique depuis la présence des franco-européens de la nouvelle France jusqu’à ce jour. 

D’une autre part, nous visons à vérifier, par leur culture héritée de la socialisation occidentale, et celle de la nouvelle religion adoptée, à mettre en lumière, leur éventuelle contribution intermédiaire positive, à corriger ou ajuster la fausse image attribuée à l’islam et aux musulmans à travers une nouvelle lecture d’un islam québécois configuré et adapté aux normes et aux valeurs de la majorité de la société d’accueil.   

Au Québec, nous abordons le phénomène de la conversion à l’islam au cœur des débats sur le retour du fait religieux au sein de la sphère publique après avoir été engourdi avant qu'il émerge en tant qu'un vecteur à effet mondial en devenant un thème d’actualité, et qui s’observe particulièrement dans les couvertures médiatiques et les articles journalistiques quand il s’agit, surtout, des cas de conversions radicales.