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Dans cette communication, il est proposé de s’intéresser au concept d’ontologie – concept cherchant à dépasser la notion de culture – telle que récupérée dans le domaine de l’anthropologie et de son « tournant ontologique » afin de réfléchir son potentiel heuristique dans l’étude de l’objet religieux. En premier lieu, lors de cette communication, je présenterai brièvement les différentes utilisations de l’ontologie en anthropologie (Descola, Vivieros de Castro, Holbraad, Latour, Mol, Blaser, etc.) J’articulerai ensuite la notion d’ontologie me semblant le plus heuristique dans l’examen de la religion – l’ontologie politique selon Anne-Marie Mol et en particulier Mario Blaser – avec la religion vécue telle que présentée en particulier par Meredith McGuire. L’exercice permettra de réfléchir le religieux quotidien, tel qu’il se donne à vivre chez le laïc, comme un être au monde et une manière de mettre en acte la réalité (worlding.) Ce regard sur le religieux permet de prendre en compte les différents interactants invisibles (ange, esprit, démon, etc.) dans l’analyse ethnologique de la religion vécue.

La violence vécue par la communauté acadienne selon l’âge et le genre en Nouvelle-Écosse de 1755 à 1763 a très peu été thématisée dans l’historiographie. Pour répondre à cette lacune dans la recherche et contribuer à mieux saisir la violence de masse, la communication montrera comment les femmes et les enfants acadiens ont été traités comme utilisables dans le processus d’embarcation et comme éliminables dans la résistance acadienne de 1755 à 1759. 

Il s’agira, d'abord, d’expliquer pourquoi les Britanniques à l’automne 1755 ont divisé la communauté acadienne en deux : les hommes d’un côté et les femmes et les enfants de l’autre. Cette division sera présentée selon sa capacité à forcer les femmes et les enfants à fournir la nourriture aux hommes contrôlés par les Britanniques (Winslow, 1755, NSHS) et à aider à les kidnapper pour les mettre sur les bateaux (Le Guerne, 1757). Deux épisodes de 1757-1759 que John Mack Faragher et Clarence d’Entremont signalent sans approfondir seront ensuite examinés. Celui lors duquel des Britanniques ont tué des femmes et des enfants acadiens résistants de la région des Pubnicos de Nouvelle-Écosse (Amherst, 1759, CDI) et l’autre où un massacre similaire d’Acadiens résistants s’est produit le long du fleuve Saint-Jean près du sud du Nouveau-Brunswick actuel (1767, RCA). Prolongeant le travail de Dirk Moses sur la violence au 20e siècle, mon travail interprétera ces éliminations comme ayant résulté de la perception britannique de tout Acadien comme danger.

À l’instar des États d’Afrique subsaharienne, le Burkina Faso négocie avec un pluralisme juridique complexe, notamment dans la sphère privée. En réaction à cette situation, il privilégia, en 1991, l’adoption d’un droit étatique moniste où les coutumes cessèrent d’avoir force de loi. Or, il n’eut pas de remplacement graduel des droits coutumiers; dans les faits, le pluralisme juridique fait toujours office de norme quotidienne. Dans le cadre de cette présentation, nous proposons d’analyser la problématique de l’accès à la justice dans les cas de conflits familiaux dans ce contexte pluriel. En référence à nos données ethnographiques récoltées à Koudougou, troisième ville du Burkina, nous postulons que le pluralisme juridique engendre un phénomène de forum shopping  tel que défini par Tamanaha (2008). Les justiciables en situation de conflit naviguent en effet au travers des stratégies de résolutions des divers systèmes juridiques, les modifiant et les métissant selon leurs trajectoires, les circonstances et leurs besoins (Le Roy, 2004). Nous démontrerons donc ainsi qu’en dehors des politiques de gouvernance, il est nécessaire d’analyser l’accessibilité d’un point de vue dynamique puisque celui-ci est directement lié la perception et la conscience juridique de la population (Silbey, 2005).

L’implantation du cours d’Éthique et culture religieuse dans les écoles du Québec en 2008 fut accompagnée d’un investissement massif des médias par ses détracteurs. Étonnamment, ce mouvement d’opposition regroupait et regroupe toujours des acteurs se situant aux deux pôles de l'appartenance religieuse. Associations pieuses et militance laïque se rejoignent ainsi pour réclamer l’abolition du programme ou le droit à l’exemption. Alors que les premiers allèguent l’atteinte à la liberté de religion des parents croyants, les militants sécularistes dénoncent eux une glorification de la pensée religieuse et la mise au rancart de l’athéisme, de l’humanisme et de la pensée scientifique dans le curriculum. Suivant cette ligne de pensée, l’absence d’un traitement satisfaisant de l’athéisme aux côtés des différentes traditions religieuses priverait le jeune élève d’une concurrence des discours nécessaire au développement de sa pensée critique. Ces constats appellent à une réflexion sur l’espace qui devrait être aménagé ou non pour l’incroyance dans les contenus en Éthique et culture religieuse. Le caractère secondaire qu’y occupe l’athéisme est-il justifiable au regard des perspectives et finalités du programme? Comment la notion devrait-elle être abordée par le matériel didactique? Sur la base de considérations normatives, d’une définition opératoire du concept et d’un examen du matériel pédagogique, nous entendons ici apporter des éléments de réponse à ces interrogations.



 

Le diocèse de Nicolet envoie, en 1955, trois prêtres au Brésil avec l’objectif de prendre en charge deux paroisses de la prélature de Pinheiro et d’y développer les vocations sacerdotales. Sur place, les prêtres québécois se rendent compte de la profonde misère de leurs nouveaux paroissiens. Afin de leur prêter main-forte, ils demandent rapidement l’aide des Sœurs Grises de Montréal. Celles-ci acceptent, en 1957, d’envoyer au Brésil des religieuses afin de prendre en charge les soins et les services sociaux. Elles y resteront 17 ans avant de quitter et poursuivre leur apostolat dans d’autres régions de la prélature. Leur départ aura des conséquences sur le maintien de la mission nicolétaine au Brésil dans sa forme d’alors. Les prêtres devront réfléchir à de nouvelles manières de maintenir la collaboration entre les diocèses pour garder la mission ouverte. Durant la totalité de leur présence au Brésil, les Sœurs Grises ont tenu une correspondance soutenue de laquelle il nous reste quelques lettres. Par ailleurs, des chroniques rédigées par les religieuses nous donnent un accès privilégié à leur quotidien. De fait, comment se représente-t-elle leur expérience brésilienne? Que peut-on dire de leurs relations avec entre elles? Avec les prêtres? Avec le peuple? Est-il possible de déceler la portée de leurs œuvres, leurs échecs et leurs succès? Notre présentation a pour objectif de mettre en lumière l’expérience d'une mission oubliée de notre histoire religieuse.

L’historiographie nous a livré nombre d’études sur la polémique chrétienne contre l’islam, mais le plus souvent, le traitement se présente comme un catalogage des arguments les plus souvent employés sur les thèmes les plus controversés entre les deux religions. L’approche que je compte employer permet de montrer que, derrière la redondance des arguments utilisés dans cette littérature, se trouve un panorama diversifié et dynamique.

Les textes analysés sont choisis dans le cadre de l’histoire morisque depuis la conquête de Grenade (1492) jusqu’à l’expulsion des morisques (1609). Il s’agit de textes dont la littérature scientifique actuelle n’a pour le moment fournit aucune analyse d’ensemble. Les études à notre disposition portent sur des corpus limités. En proposant une étude sur le corpus de textes le plus complet à ce jour et en analysant chaque texte en fonction de son contexte historique et de ses originalités, je m’offre les moyens de des réponses aux questions suivantes : Quand, comment et pourquoi s’est opérée le glissement d’une production principalement faite de textes polémiques à une production principalement axée sur la catéchèse? Que nous disent les textes sur les projets qui supportèrent leur production? Et finalement, quel héritage ont-ils laissé aux auteurs qui, au début du XVIIe siècle, ont écrit pour réclamer, puis défendre l’expulsion des morisques de 1609?



De prime abord, le sport et le patrimoine culturel peuvent apparaître comme deux sujets a-priori antinomiques. Pourtant à travers les sports apparaissent en filigrane des marqueurs identitaires d'un territoire, en étant caractéristiques d'une société spécifique et d'un espace géographique localisé. Au Québec, les raquettes, comme le canot, font parties de ces emprunts culturels et techniques aux autochtones du Nord de l'Amérique. Au-delà, elles témoignent de l'évolution d'une pratique traditionnelle sur cette aire géographique, d'abord utilisée à des fins d'exploration (telles les découvertes de Radison ou de Cavelier de la Salle), de commerce (les coureurs des bois) ou de survie (pour la chasse), avant de devenir un divertissement à la fin du XIXe siècle et un trait culturel des sports et des loisirs actuels suivant le mode d'utilisation, en famille ou en compétition comme les courses ou le trekking. Mais pour que ces pratiques traditionelles vivent, il faut qu'elles aient une fonction (politique, économique ou sociale) dans la société dans laquelle elles s'inscrivent; c'est pourquoi elles peuvent être « revivifiées » suivant les besoins. L'analyse de ces expressions permettra notamment d'expliciter la relation qui se noue entre sport et patrimone, dans la transmission de certaines traditions et dans leur reformulation. Il s'agit de saisir ces circonvolutions humaines qui assurent des permanences d’expressions culturelles et identitaires.

Dans le cadre de mon mémoire de maîtrise, je m'intéresse aux rapports qu'entretiennent les jeunes adultes, de seconde generation, issus de minorités religieuses visibles, avec leurs signes religieux «ostentatoires». Je mène une série d'entrevues  avec des jeunes adultes sikhs, juifs et musulmans qui portent respectivement le turban, la kippa et le foulard pour les femmes musulmanes.

Pour ce faire, je mobilise les théories sur les représentations (Hall et Spivak) et la reconnaissance (Fraser).
Mes résultats préliminaires mettent en lumière l’importance de la trajectoire de vie sur le sens que ces jeunes accordent à leurs signes religieux, mais aussi la réappropriation qu’ils en font et qui pour certains d’entre eux, est distincte de celle de leurs parents ou de leur communauté.

Mon travail se situe dans une conjoncture socio-hostorique particulière, puisque un débat politique et sociétal à propos du port des signes religieux dans la fonction publique a lieu actuellement au Québec. Je pense que présenter mon travail de recherches à ce colloque me permettra d'avoir du feedback constructif de la part d'experts externes et ainsi alimenter ma réflexion critique sur mon cadre théorique et mes analyses. Ensuite, mes résultats issus de témoignages et d'expériences de vie, seront enrichissants pour tous les chercheurs qui s'intéressent à ce sujet et amèneraient un angle de recherche qui est jusqu'à maintenant occulté dans les études sur les minorités religieuses en général.



Dans le cadre du projet de recherche collaboratif « musulman canadien en ligne » qui vise à examiner l’utilisation d’Internet chez les musulmans et à étudier le rôle joué dans leurs vies quotidiennes avec la technologie numérique, nous avons commencé à obtenir des données préliminaires à travers les entrevues menées à Montréal. La présentation reviendra sur l’implication en ligne des musulmanes qui démontre un intérêt pour la recherche de connaissances religieuses, conjugué parfois d’une volonté de s’impliquer hors ligne dans des associations communautaires. Aussi, l’utilisation des réseaux sociaux permet de mettre en conformité leurs actes quotidiens avec les sources religieuses, tout en essayant de faire évoluer ou inscrire leurs pratiques dans un processus identitaire. La construction d’une communauté en ligne s’établit avec une constante quant aux positions prises par les sites web visités où le prisme du féminisme et de la condition des femmes par les autorités possède son importance.

Créée en 1860 pour défendre les juifs persécutés dans le monde, cette grande institution juive française vise à émanciper les juifs en pays musulmans par la « régénération ». Pour ce faire, elle établit un vaste réseau d’écoles sur tout le pourtour méditerranéen dans lequel se dévouent des femmes et des hommes animés par des vocations de missionnaires. Même si l’Alliance se nourrit des idées des Lumières et de principes républicains, elle reste la fille de son temps et les femmes, tant au sein de l’organisation que dans le réseau des écoles en étant élèves, institutrices ou directrices, sont invisibilisées. À partir d’une perspective féministe postmoderne et du cadre théorique des rapports sociaux de sexe, ce communiqué vise à établir comment, au sein de l’Alliance, le caractère androcentrique, la production et la reproduction des rapports sociaux de sexe inégalitaires sont mis en œuvre par le discours (Chetcuti et Greco, 2012), par les programmes scolaires et par la formation des institutrices de manière à essentialiser le sexe et le genre féminin et de l’effacer dans les rapports de pouvoir.

La charte de valeurs, récemment légiférée, promeut une fracture entre les identités religieuses et l'identité laïque québécoise. Cette division peut être conçue comme une édification d'une ''frontière d'identité'', qui peut être perçue comme étant rigide ou négociable. Les minorités ciblées, telles que les musulmans, sont particulièrement intéressantes à observer dans ces contextes politiques, car des études démontrent que les jeunes musulmans ont tendance à développer une double identité, une indication d'incompatibilité des frontières d’identité en raison des expériences contradictoires d'appartenance religieuse au sein d'une société laïque. Ainsi la question demeure: comment les jeunes musulmans perçoivent-ils la rigidité et la fluidité de leurs frontières d'identité dans la formation de leur identité personnelle? Nos participants étaient composés de jeunes musulmanes du Québec, de l’Allemagne et du Danemark,  afin d'évaluer les similitudes et différences entre des contextes sociopolitiques qui partagent des idéaux laïques similaires. Une analyse qualitative révèle que les musulmans négocient continuellement leurs frontières d'identité, celles-ci étant entièrement soumises à la clarté des valeurs mises à leur disposition dans leurs contextes sociaux. Nous discutons de la viabilité du concept des frontières d'identité pour ainsi comprendre les processus d'inclusion et d'exclusion à l'intérieur du concept de soi.

Grâce à l’approche pluri disciplinaire, l’archéologie de la période moderne combine plusieurs sources et disciplines pour étudier l’histoire des sociétés passées.

Cette présentation examine l’intérêt de l’approche pluri disciplinaire dans la reconstitution des paysages du Baol, royaume historique du Sénégal entre le XVIe et le XVIIIe siècle. En fait, la combinaison des résultats des analyses au micro CT Scan, du microscope électronique à balayage (MEB) avec les résultats de l’analyse typologique et morphologique de la culture matérielle archéologique a permis de reconstituer les transformations des paysages Lambaye, capitale du Baol entre le XVIe et le XVIIIe siècle.

 

Mots clés : archéologie, Baol, Lambaye, micro CT Scan, MEB.

Selon un lieu commun partagé par de nombreux historiens de l’Antiquité (Robin, Festugière, Aubenque), le concept de liberté intérieure serait apparu suite à la perte d’indépendance des cités grecques (338 av. J.-C.), comme si la liberté autrefois conçue à l’échelle de la communauté politique avait dû, en raison de la mainmise des Macédoniens sur la Grèce, trouver refuge chez l’individu. Or, en examinant toutes les occurrences des mots de la famille eleutheros (« libre ») dans la littérature grecque avant l’époque hellénistique, nous avons décelé une utilisation du terme qui ne renvoie pas simplement à une distinction d’ordre social – l’individu libre par opposition à l’esclave – mais qui possède aussi une signification morale, et cela remonte aussi loin qu’au VIe s. av. J.-C. (Théognis II 1377-80). Les deux sens, d’une part collectif et politique, d’autre part individuel et moral, sont complètement dissociés et même mis en opposition à l’époque classique chez Sophocle et Euripide avec l’apparition de « l’esclave libre ». L’acception morale de la liberté, associée à un comportement noble, relève d’une disposition de l’âme – d’où son « intériorité » – et pourrait remonter à la racine même du mot eleutheros, s’il faut en croire l’hypothèse étymologique avancée par Benveniste. La liberté ne s’est donc pas transmuée, passant d’un sens politique à un sens moral, les deux acceptions du terme ont plutôt évolué parallèlement, tantôt se recoupant, tantôt se dissociant.

Les droits des femmes homosexuelles dans les sociétés islamistes soulèvent une question cruciale de justice sociale et épistémique. La marginalisation des femmes homosexuelles est accentuée par des lois religieuses qui encadrent la sexualité. Notre objectif est de démontrer que la sexualité est une affaire personnelle, mais que, sous un régime islamiste, elle devient une loi sociale. En imposant des normes hétérosexuelles strictes, les gouvernements islamistes commettent une injustice herméneutique (Fricker), qui empêche les femmes homosexuelles d’exprimer leur identité et préférence sexuelles. L’injustice épistémique envers ces femmes découle de pratiques patriarcales et conservatrices ancrées dans l’interprétation de la loi islamique, souvent utilisée politiquement pour contrôler la sexualité féminine (Benhabib). Ce contrôle social limite leur autonomie et renforce les normes hétérocentriques, créant des obstacles à la reconnaissance de leurs expériences et de leurs droits. L’approche de cette étude consistera à explorer la relation entre le pouvoir politique islamiste et l’injustice épistémique, cherchant à comprendre comment et pourquoi l’État islamiste utilise le pouvoir politique pour opprimer les femmes homosexuelles. Le lien entre cette oppression et les concepts d’épistémologie féministe seront également examinés, afin de mieux comprendre comment les structures de pouvoir reproduisent l’inégalité et l’injustice à l’égard des femmes homosexuelles dans ces sociétés (Medina, Fricker).

Le 12 avril 1945, l’armée canadienne libérait le camp de transit de Westerbork, aux Pays-Bas, par lequel étaient passés près de 70% des Juifs néerlandais avant d’être ultimement déportés vers les camps d’extermination. Malgré son caractère symbolique, cet exploit fut mis de côté, voire oublié par l’histoire canadienne de la Deuxième Guerre mondiale. Dans cette communication, nous présentons la première reconstruction détaillée et exhaustive de cet évènement historique, mise sur pied à partir d’une recherche exhaustive au sein des archives et des témoignages canadiens et néerlandais.

De surcroît, nous expliquerons la façon dont la libération de Westerbork fut oubliée dans l’histoire de la libération de l’Holocauste, aux Pays-Bas et particulièrement au Canada. Nous démontrerons que cet oubli historique est essentiellement dû à l’incompatibilité de l’histoire de Westerbork et de sa libération avec les thèmes et les usages respectifs de l’histoire militaire canadienne (batailles difficiles, héroïsme et exploits militaires, sacrifice; usage à la fierté patrimoniale et au nationalisme canadien, etc.) et l’histoire de la libération des camps nazis (conditions de vie extrêmes, chambres à gaz, piles de corps, charniers, sadisme; usage au « plus jamais » et au souvenir des atrocités). Nous verrons enfin de quelle façon cette mémoire fut lentement réhabilitée au fil des décennies, jusqu’à nos jours, pour éventuellement atteindre son potentiel commémoratif.

Dans son roman L’insoutenable légèreté de l’être, Milan Kundera aborde le thème du "kitsch", et le définit comme un "accord catégorique avec l'être", c’est-à-dire comme "la réduction de toute pluralité à une réalité unidimensionnelle, idéalisée et mensongère". En redéployant à notre tour cette notion de kitsch, nous nous interrogerons d'abord sur la nécessité pour la théologie de s’inscrire dans cette critique kundérienne, spécialement à l’heure où s’affirment de plus en plus, tout à la fois le rétrécissement et l’éclatement des pratiques religieuses. Nous montrerons ensuite comment le conservatisme de certaines pratiques religieuses traditionnelles, tout comme l’universalisme véhiculé par certains mouvements spirituels et ésotériques, sont en réalité solidaires d’une même structure qui les rapproche du kitsch kundérien. Enfin, un troisième moment cherchera à repenser le "retour du religieux" dans les termes d’une "pratique de l’écart", dans la continuité de la critique kundérienne, ainsi qu'au moyen de certains acquis de la psychanalyse lacanienne. 

La sous-estimation de la capacité cognitive des individus est une involontaire et inconsciente qui se produit contre les groupes marginalisés. Nous étudions les femmes musulmanes qu’on entend peu. L’une des questions concernant les musulmanes est leur capacité de témoignage dans la loi islamique. Le témoignage d’un homme équivaut à celui de deux femmes (conditions du témoignage). Dans les sociétés islamistes où la loi islamique est appliquée (Soage), on est moins enclin à accepter les arguments des femmes qui subissent. C’est une forme d’injustice épistémique (Fricker). Notre objectif sera de faire référence à l’utilisation de l’islam comme source de positions et de concepts politiques et les musulmanes sont donc l’objet d’une injustice épistémique (Pohlhaus). L’approche consistera à examiner la relation entre la politique et l’épistémologie, cherchant à savoir pourquoi et comment le pouvoir politique islamisé peut causer une injustice épistémique contre les musulmanes. L’injustice épistémique ne permet pas la participation herméneutique aux personnes en situation de minorité, qui se produit dans la sphère privée et publique. L’injustice épistémologique envers les musulmanes est tributaire des méthodes patriarcales inscrites dans la loi islamique, qui peut être instrumentalisée politiquement pour remettre en question l’individualité des femmes (Benhabib).Nous expliquerons la relation entre l’injustice épistémique et le pouvoir et leur rapport à l'épistémologie féministe.

Depuis les années 1970, l’expression « nouveaux mouvements religieux » est utilisée par les sociologues pour désigner des groupes religieux très divers : dans cette communication, nous proposerons une lecture critique de ce concept à partir d’un de ces « mouvements », le néo-druidisme, réhabilitation de l’ancien système religieux des Celtes.

En partant des définitions proposées par Eileen Barker et James A. Beckford, nous montrerons ainsi les avantages et les limites de ce concept pour la connaissance du druidisme contemporain : celui-ci est-il « nouveau », dans le sens où l’entendent ces spécialistes, qui évoquent surtout des mouvements religieux nés dans la seconde moitié du 20e siècle ? Alors qu’on est en présence d’une nébuleuse d’organisations druidiques, peut-on parler d’un « mouvement » pour ce phénomène ? L’adjectif « religieux » est-il pertinent, puisque certains adeptes rattachent le néo-druidisme tantôt à une expérience religieuse, tantôt à une forme de spiritualité, tantôt à une quête ésotérique ? Enfin, le néo-druidisme est-il « controversé », comme le sous-entend ce concept ?

En somme, à partir des premiers résultats de nos recherches doctorales, il s’agira donc de montrer en quoi le néo-druidisme contribue à la fois au renouveau du religieux contemporain et en quoi son étude, parce qu’elle montre notamment les limites de certains de ses concepts, contribue au dynamisme de la sociologie des religions.

Entre 1939 et 1945, l'aviation alliée, principalement américaine (USAAF) et britannique (RAF), largue plus de deux millions et demi de tonnes de bombes sur l'Allemagne nazie. Le résultat de ces opérations est dévastateur. En plus d'un nombre incalculable de maisons et d'infrastructures détruites, les bombardements dits « stratégiques » causent plus de 600 000 victimes chez la population allemande. Le point culminant de cette stratégie demeure l'une des attaques les plus connues de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale, soit le raid sur la ville de Dresde. En réaction à  la destruction engendrée par cette stratégie, le commandement allié fut largement critiqué dans l'après-guerre en raison de l'envergure des bombardements face aux impacts réels sur le déroulement de la guerre et aux dommages perpétrés à la population allemande. Mais qu'en est-il des critiques émises à l'époque de la guerre soit entre 1939 et 1945 ? Outre les critiques connues issues de quelques voies individuelles quelle a été la réaction d'acteurs plus importants au sein de la société britannique face aux bombardements ? Particulièrement la presse écrite ? Cette présentation présente les résultats d'un mémoire de maîtrise en histoire et répond à ces questions. De manière plus précise, l'analyse porte sur la position soutenue par le London Times, le Daily Herald et le Manchester Guardian, trois journaux de tendances politiques différentes, au sujet du bombardement de l'Allemagne entre 1939 et 1945.

  

  

Dans la première moitié du XXe siècle , la tuberculose est une maladie terrible qui n'épargne personne. Toutefois, la classe ouvrière est atteinte de  façon la plus sévère, compte tenu son manque de ressources matérielles et financières. Tentant de remédier à cette situation et de traiter un grand nombre de patients à  moindre coût, des dispensaires sont créés à Montréal. Ce système permet aux patients tuberculeux d'être traités principalement dans leur maison. Ce type de traitement donne aux femmes une place centrale. En effet, les femmes, en tant que patientes et soignantes à domicile ont été essentielles dans la lutte contre la tuberculose à Montréal. Basé sur une étude comparative de documents d'archives des institutions antituberculeuses catholique, protestante et juive de Montréal, cette communication explorera les rôles joués par les femmes dans les soins aux patients atteints de tuberculose de la classe ouvrière à Montréal dans la première moitié du XXe siècle, mais aussi leur rôles en tant que patientes au foyer et au sanatorium. Nous verrons que les femmes atteintes de tuberculose voulaient rester à la maison avec leurs familles et essayaient d'influencer leur traitement. En tant que soignantes, les mères et épouses de la classe ouvrière essayaient de créer un environnement familial favorable, tel que prescrit par les experts médicaux, mais aussi d'adapter les règles à leurs moyens. 

Les signes religieux participent des expériences de l'islam en contexte minoritaire. Les musulmans sénégalais sont statistiquement de plus en plus présents au Québec, mais sont moins visibles que d’autres communautés ethnico-nationales appartenant à l’islam. Pourquoi? Quelles sont les matérialités qui participent à leur expérience de l’islam? Sont-elles des signes religieux? Nous nous concentrons, ici, sur une communauté, la Mouridiyya, et sur un signe qui a attiré notre attention, soit les portraits des guides religieux mourides, les cheikhs. Présentés sous formes matérielles et numériques dans les espaces privés des disciples, certains portraits s’invitent publiquement, sur les espaces numériques ou sur des t-shirts ou des pendentifs, par exemple. Nous voulons nous demander : comment les portraits des cheikhs façonnent-ils une rhétorique visuelle de soumissions aux normes de la Mouridiyya? Quelles sont les caractéristiques qui permettent de les penser ou non comme des signes religieux, dans le contexte québécois de la Loi 21? Notre terrain se fait sous la forme de participation observante et d’entrevues avec des hommes et des femmes, à Montréal et en région en 2022-2023. Dans le cadre de cette communication, nous présentons des résultats préliminaires. Au niveau social, notre recherche veut rendre compte de la pluralité des islams vécus au Québec et participer à l’avancement des connaissances sur les modalités de visibilité de l’islam et de la définition du signe religieux.

La pratique clinique en soins spirituels, afin d’être conforme à l’esprit et à la lettre des orientations ministérielles (2010), doit se doter d’outils d’interventions spécifiques à ce nouveau domaine de compétence professionnel. Pour l’instant, les «outils» d’intervention auxquels peuvent se référer les intervenants semblent peu nombreux ou méconnus. La majorité des modèles d’interventions en soins spirituels proviennent de la pastorale (posture confessionnelle) ou du domaine de la psychologie et sont ainsi adaptés à l’intervention spirituelle. Puisqu’il s’agit d’accompagner les patients dans un contexte de relation d’aide, il va sans dire que les modèles de psychothérapie traditionnelle peuvent être des modèles de référence. Par contre, des modèles d’intervention conçus spécifiquement pour les soins spirituels sont préférables et souhaitables. Nous avons développé un tel modèle à partir de notre expérience clinique auprès des patients issus de différentes trajectoires de soins (oncologie, soins palliatifs, psychiatrie, neurologie, gériatrie, etc.). Nous souhaitons présenter ce modèle et éventuellement le mettre à l’essai dans le cadre d’un projet de recherche.

L'école instruit et construit la génération future, tout en affichant un modèle de société donné. L'école reflète aussi la politique préconisée par l'État sur la cohésion sociale, l'intégration et le citoyen-type. L'école publique au Québec a connu une évolution majeure depuis sa création, elle est passée d'une école religieuse à une école laïcisée. L’école publique québécoise avait un caractère confessionnel et la laïcisation de l'école fut tardivement. L'enseignement religieux à l'école publique au Québec était un compromis historique garanti par la Constitution canadienne depuis la fondation du Canada. Pour cette raison, l’enseignement de la religion a longtemps occupé une place importante au sein de l’école et que la déconfessionnalisation scolaire fut un long processus. Pour déceler la relation qui existe entre l'école, la laïcité et l'intégration à l'école publique au Québec, nous étudions l’évolution de la laïcité scolaire au Québec en mettant en avant la relation étroite qui existe entre la laïcité et la liberté de religion.  Nous penchons en particulier sur la question de l'enseignement des faits religieux et le port des signes religieux à l'école dans le but d'élucider comment le Québec interprète la laïcité et garantit la liberté de religion aux élèves. Par cet exercice nous voulons identifier les éléments qui ont modelé la politique d'intégration à l'école publique et comment cette politique a influencé la conception et l’application du principe de la laïcité.  

 

 

Les galas de musique récompensent les chansons populaires qui reflètent la culture et celles qui incarnent le changement. Les paroles des chansons qui gagnent des prix prestigieux peuvent exprimer la vision culturelle d’une époque. Notre étude observe l’évolution annuelle de la perspective temporelle (verbes au passé, présent, futur) des paroles des chansons mises en nomination au Juno au Canada (n=188; Song of the year/Best Selling Single) et au Grammy aux États-Unis (n=200; Single of the Year) entre 1975 et 2013. Le logiciel Linguistic Inquiry and Word Count (LIWC2007; Pennebaker et al., 2007) a permis d’opérationnaliser la perspective temporelle en proportions de verbes (% par chanson) au passé, au présent et au futur. Les résultats de régressions hiérarchiques modérées indiquent que la culture (Canada vs. États-Unis) modère le lien entre la perspective temporelle des paroles et les années. Parmi les chansons canadiennes, il n’y a pas de lien entre la perspective temporelle des paroles et les années. Toutefois, parmi les chansons américaines, il y a un lien négatif entre la perspective temporelle (passé, présent et futur) des paroles et les années. En bref, au fil du temps, la perspective temporelle des paroles canadiennes reste stable, tandis celle des paroles américaines diminue. Nos résultats interculturels montrent des différences culturelles reflétées dans les paroles de chansons, et ce, même si nous comparons des sociétés voisines comme le Canada et les États-Unis.

Les fosses archéologiques sont fréquentes sur les sites autochtones de la période historique dans le Nord-Est Américain. Souvent situées à proximité ou à l’intérieur des habitations, elles présentaient des formes, des tailles et des fonctions variées. Ces fosses servaient à entreposer des aliments, à enfouir des déchets domestiques, ou à réaliser diverses activités artisanales (p. ex. tannage, fumage, etc.). Plus d’une centaine de fosses de différentes tailles, riches en artéfacts, en écofacts et en résidus organiques, ont ainsi été découvertes sur le site du village fortifié d’Odanak. Construit au début du XVIIIe siècle pour héberger la mission jésuite Saint-François-de-Sales, ce village a livré des traces de maisons longues et de fortifications ainsi que de nombreux artéfacts lors des campagnes de fouilles menées entre 2010 et 2021 avec le soutien de la communauté abénakise d'Odanak. Dans le cadre d’un projet doctoral réalisé en collaboration avec le Grand Conseil de la Nation Waban-Aki, l’analyse des macro-restes végétaux et des dépôts sédimentaires retrouvés au sein de six fosses du site, datées des XVIIIe et XIXe siècles, a été entreprise en vue de déterminer leur fonction et l’évolution de leur utilisation au cours du temps. L’approche méthodologique multidisciplinaire suivie, qui combine archéobotanique et géoarchéologie, apporte un nouvel éclairage sur les modes de subsistance et les conditions de vie des occupants de la mission d’Odanak aux XVIIIe et XIXe siècles.