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Les souvenirs touristiques jouent depuis longtemps le rôle de pont entre les visiteurs et les visités (artisans, guides touristiques, agences de voyages). Malgré leur importance capitale, les représentations culturelles de ces objets n’occupent qu’une moindre place dans la littérature et plus particulièrement dans les études en français. Afin de contribuer à une meilleure connaissance de ce champ de la culture matérielle touristique, je mène dans le cadre d’une maîtrise, une recherche qui vise à étudier les perceptions des acteurs touristiques – visiteurs et visités- sur les symboles culturels représentés par les souvenirs artisanaux, via une étude de cas au Centre du Vietnam (Hué et Hoi An). À partir d’entretiens approfondis menés avec des artisans, des guides touristiques et des agences de voyages ainsi que de questionnaires avec des touristes francophones, cette communication propose de dresser un premier portrait des résultats avec la présentation d’un corpus des principaux types de souvenirs artisanaux et des représentations culturelles qu’ils incarnent; une analyse préliminaire du discours construit autour de ces souvenirs pour enfin esquisser des pistes de réflexion quant au rôle des souvenirs touristiques dans la mise en valeur des symboles culturels locaux et/ou nationaux.

En prenant le cas du rôle joué par l’État du Maroc dans le processus de rédaction de la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (1977, 1984), cette étude examine si les droits universels seraient la suite logique du colonialisme, et qu’en tant que tel, ils seraient de l’impérialisme culturel dans les pays anciennement colonisés. Aussi, dans un premier temps, cette recherche relève que bien que l’État du Maroc ait été présent au processus de rédaction de la Convention contre la torture, il n’y a joué aucun rôle significatif. Dans un second temps, elle juxtapose la pratique systématique de la torture de cet État aux discours du relativisme culturel qu’il véhicule. Ce double examen montre que la résistance populaire aux droits universels, qui s’exprime en termes de discours de relativisme culturel et d’authenticité culturelle, correspond en fait à des politiques délibérées de délégitimation des droits universels. Conséquemment, cette recherche remet en cause les critiques qui considèrent les droits universels comme néocoloniaux, ou encore comme hostiles aux cultures locales.

Le patrimoine culturel immatériel (PCI) du peuple Bouyei est un saphir brillant qui mérite d’être taillé, poli et partagé avec le monde entier. Cette recherche-création se concentrera sur l’élaboration d’une méthode de transmission du PCI Bouyei de génération en génération dans le but d’inciter à la découverte et l’exploration sans en perdre l’essentiel.

Dans un même temps, nous nous efforcerons à déployer une discussion approfondie sur la danse somatique, en particulier le lien et l’influence sur l’héritage de la richesse humaine patrimoniale. À travers le projet 12 tons d’indigo, dans le contexte de l’ère interdisciplinaire et multiculturelle qui suit le rythme de son temps, cette recherche-création incarnera deux dimensions essentielles. D’une part, elle mettra en lumière la culture folklorique et le savoir traditionnel du peuple Bouyei. D'autre part, elle se matérialisera à travers une chorégraphie introspective qui fusionnera la danse folklorique orientale minoritaire avec la pratique somatique.

En utilisant des technologies connexes dans le domaine de l’art numérique, telles que l’art vidéo et la capture de mouvement comme support technique, une application de réalité augmentée sera achevée dans le but de transmettre des messages et des informations sur le PCI Bouyei. 

Enfin, les objectifs de cette thèse seront atteints en présentant et en interprétant la transmission de ce PCI Bouyei à travers l'art numérique et la danse somatique.

De nos jours, l’idée voulant que l’économie du savoir soit le moteur des sociétés globales est un lieu commun. Par contre, la question sur comment les dites sociétés du savoir encouragent l’ignorance demeure un sujet moins exploré. À partir de résultats d’une étude empirique sur le phénomène de la Do-it-yourself bio (DIYbio), cette présentation a pour objectif de mettre en lumière comment la culture technoscientifique explore l’ignorance alors même qu’elle tient des discours et promeut des pratiques autour de la notion de « science ouverte ». Ancrée dans le domaine des études sur la science, l’étude se base sur l’analyse de discours de sources documentaires et d’entretiens avec des membres du réseau DIYbio. Après avoir mis en relief de la pluralité des cultures animant le phénomène de la DIYbio (la biologie synthétique, le hacking et le DIY/Maker), j'esquisserai la relation complexe que la DIYbio entretien à l’égard du savoir. On verra que cette relation combine tout à la fois des valeurs d’instrumentalité, de positivisme et d’ignorance. Tout en montrant que le savoir y est valorisé dans la mesure où il permet d’explorer des possibles biotechnologiques, ou de légitimer les produits issus du génie génétique, je discuterai comment une telle attitude à l’égard du savoir s’imbrique à la construction de l’ignorance comme une faculté en elle-même. La conclusion fera ressortir la solidarité d’un tel rapport au savoir avec le régime néolibéral.

Création d’un livre d’artiste qui regroupe les œuvres de quatre générations d’une famille âgées de 1 à 87 ans. Ces personnes vivent une spiritualité laïque ou appartiennent aux Églises catholique et protestante unie du Canada; ensemble se vit l’oecuménisme. Dans la composition de ce livre d’art sacré, sont représentées les grandes phases de l’évolution graphique chez l’enfant; s’y joignent des images d’adultes et l’écriture manuscrite savamment apprise de l’aïeule. Les illustrations, inspirées du psaume 148, font place à divers médiums allant du crayon à la caméra numérique. Traité comme une oeuvre testamentaire, le livre est commenté à partir d’une analyse en arts visuels et en théologie.

.Mireille Galipeau est diplômée à l’Université Laval de Québec d’un baccalauréat en arts visuels; d’un diplôme de 2e cycle en édition de livre d’artiste; d’une maîtrise en psychopédagogie sur l’enseignement au Musée national des beaux-arts du Québec où elle a travaillé de 1975 à 2007. Ce présent livre d’artiste s’inscrit dans un programme de maîtrise à la Faculté de théologie et de sciences religieuses à la même université où l’auteure poursuit ses recherches en arts sacrés, sous la direction du professeur Guy Bonneau.

 

Cette recherche porte sur la construction de l’identité religieuse d’ascètes Occidentaux en Inde. Plus précisément, il s’agit d’analyser d’un point de vue anthropologique comment les Occidentaux devenus ascètes en Inde négocient-ils leur identité religieuse et leur intégration à une communauté monastique hindoue.

L’ascétisme en Inde implique le renoncement au monde et à sa matérialité par l’adhésion à un univers de sens éminemment codifié et hiérarchisé (Khandelwal 2007). Le but ultime est d’anéantir l’ego et de s’extirper du cycle ides réincarnations pour atteindre la libération (Kapani 2011). En devant sannyāsin, les Occidentaux s’affranchissent de leur repères culturels et religieux initiaux et effectuent une transition « d’une province de sens à une autre (Goulet et Young 1994 ; 316)», généralement initiée par une rencontre prolongée avec une culture différente ou par une expérience précise qui cristallise le point de non-retour (Fernandez 2001 ; 12).

Ma recherche se base sur des récits de vie recueillis auprès de huit répondants de manière à retracer leurs motivations de départ, pour ensuite appréhender leur intériorisation de la pratique hindoue par la transmission d’un maître (guru) et intimement liée à la validation communautaire (Hervieu-Léger 1998). L’objectif de cette recherche est donc de rendre compte de la non-linéarité des expériences religieuses en contexte de modernité et de mobilité (Csordas 2009) en présentant le cas particulier des ascètes étrangers en Inde.

Dans un contexte où les expériences spirituelles transfigurent radicalement notre herméneutique du religieux contemporain (Dumas, 2024), l'étude de la « logique du croire » s'avère pertinente. La problématique émerge de l'absence d'un cadre théorique holistique capable d'élucider la dialectique complexe entre les expériences spirituelles et les systèmes de croyances dans leur pluralité contemporaine. Comment conceptualiser l'interaction symbiotique entre les expériences spirituelles et les logiques du croire dans un paradigme religieux en constante mutation? Cette étude conceptuelle vise à combler une lacune significative dans la compréhension des dynamiques spirituelles contemporaines. La méthodologie repose sur une analyse critique et une synthèse intégrative de perspectives théoriques hétérogènes, incluant les notions d'« expériences limites » (Rankin, 2009; Meslin, 1997), de « véracité phénoménologique » (Peterson et al., 2009; Dumas, 2010), de « transmutations ontologiques » (Theissen, 2011), et de « narrativité existentielle » (Marin, 2019). Le résultat principal de cette recherche est un cadre théorique novateur qui propose un schéma intégratif articulant les interactions dynamiques entre expériences numinales, représentations sémiologiques et systèmes axiologiques comme catalyseurs de transformation pneumatologique. Ce modèle, bien que préliminaire, offre une nouvelle perspective herméneutique pour appréhender la complexité protéiforme du croire contemporain.

L’une des caractéristiques principales de la société ukrainienne est un volume considérable de l’émigration internationale de ses citoyens. Cette communication présente l’évolution des schémas de migration des citoyens ukrainiens après le début du conflit armé qui tourmente le pays depuis printemps 2014. De juin 2015 au juin 2016, on a mené une enquête qualitative approfondie ciblée sur la deuxième destination la plus importante des Ukrainiens en Europe, la République tchèque.    

Le premier schéma nouveau de migration qui apparaît est le soi-disant « chemin polonais », l’utilisation de visas polonais pour se rendre en Tchéquie dans le cas où le visa tchèque est indisponible. L’autre est le changement dans la composition des immigrants au profit des jeunes, des étudiants et des membres de la famille de ceux qui sont déjà dans le pays. Assez surprenant est le fait que l’émigration directe vers l’étranger en provenance des zones de conflit est assez unique : ces gens deviennent surtout des déplacées internes. Aussi, le passage de la migration presque exclusivement temporaire et circulaire vers la migration permanente est un fait nouveau. L’intégration de ces immigrés dans la société reste pourtant assez compliquée. Les résultats de la recherche suggèrent également qu’il existe la possibilité de relations problématiques au sein de la diaspora ukrainienne, liées à la différence de temps d’arrivée (vieux ou nouveaux) et à la région d’origine des migrants en Ukraine (Ouest ou Est).

Cette présentation portera sur les résultats d’une recherche menée dans le cadre d’une cotutelle internationale de thèse, en sociologie et en sciences des religions, basée sur les récits de vie de personnes issues de la communauté catholique laotienne de Montréal. Elle tentera d’analyser le problème de la transmission intergénérationnelle de la mémoire d’exil que l’on retrouve au sein des familles composant cette communauté. La recherche a permis de faire ressortir que les membres de cette dernière qui ont fui le Laos suite à l’implantation d’un régime communiste dans ce pays en 1975 ont peu parlé des circonstances et des raisons de leur exil à leurs enfants. La présentation sera divisée en trois parties. Dans un premier temps, nous ferons un bref survol historique de la trajectoire de ces immigrés laotiens, de l’arrivée du communisme au Laos à leur installation au Québec. Dans un deuxième temps, nous aborderons la question du silence que gardent ces exilés relativement à leur mémoire d’exil, ses motifs et ses effets sur leurs enfants. Enfin, dans un troisième temps, nous verrons que ce silence ne demeure jamais absolu : il comporte des brèches, de telle sorte qu’il y a toujours, malgré tout, une certaine transmission intergénérationnelle qui s’opère de manière subtile, ce qui tend à démontrer que dans toute expérience ou mémoire « de souffrance », il y a quelque chose qui cherche à se dire et qui se refuse ainsi à être complètement oublié.

Le « nouvel athéisme » est un mouvement américain né du contexte socioreligieux trouble du début du millénaire. Avec le poids politique pris par le lobby chrétien de droite aux États-Unis, le débat sur l’enseignement du dessein intelligent au Kansas, la polémique des caricatures du Jyllands-Posten et le spectre des attentats de septembre 2001, l’anxiété publique face au fanatisme religieux semble être à son paroxysme lorsque Sam Harris publie The End of Faith en 2004. Aussi son manifeste athée et ceux de Richard Dawkins, Daniel Dennett et Christopher Hitchens bénéficient-ils d’une couverture médiatique importante lors de leur parution. C’est la ferveur populaire cristallisée autour des quatre auteurs qui consacrera leur union intellectuelle et l’avènement du « nouvel athéisme ». Pour l’intellectuel averti, les prémisses positivistes et la dialectique du mouvement sont difficilement conciliables avec une approche philosophique postmoderne et raisonnable de la religiosité. Aussi ce « nouvel athéisme » apparaît-il revêtir un caractère tout aussi intégriste que les groupes religieux qu’il vilipende et sa littérature a été peu considérée au sein des milieux académiques. En saluant son succès auprès du grand public et la pertinence de son questionnement, nous entendons ici situer la mouvance dans son contexte sociopolitique et déterminer si son argumentation résiste à un examen philosophique rigoureux.

Vers la fin du 20e siècle, de nombreuses communautés autochtones au Brésil ont réalisé l’importance de leur apparence externe dans la perception de l’authenticité de l’autochtonie pour appuyer leurs revendications. Le port d’accessoires de plumes colorées et de peintures corporelles est alors devenu plus fréquent. Dans ce contexte, les concours de Miss et Mister Terena ont connu une popularité grandissante dans le Centre-Sud du Brésil. Plusieurs de ces concours visent à montrer la beauté de leur culture, à se donner à voir dans un contexte sans violence en plus de stimuler la participation et l’intérêt des jeunes vis-à-vis de leur culture. Comment ces concours ont-ils contribué à des transformations spécifiquement en lien avec l’utilisation des peintures corporelles? Cette présentation examinera ces transformations, les pressions externes et internes qui les influencent ainsi que les significations qu’elles détiennent pour les Terena aujourd’hui. Ces résultats préliminaires sont issus d’une ethnographie de 8 mois au sein de communautés Terena où j’ai observé, filmé et photographié 14 concours et conduit 54 entrevues qualitatives avec les membres de l’organisation, des artisans et des candidats. Analyser ces concours expose l’agentivité des Autochtones dans la définition de leur culture ainsi que le rôle qu’endossent aujourd’hui les jeunes, à la fois créateurs de particularité culturelle et médiateurs de plus en plus habiles entre leur groupe et la société nationale.

Le site archéologique de l’îlot des Palais abrite les vestiges des résidences des intendants de la Nouvelle-France, qui ont occupé cet endroit de 1684 à 1759. Le palais de l’intendant était également le siège du pouvoir administratif et accueillait les réunions du Conseil souverain, ce qui lui conférait une grande importance au sein de la colonie. En tant qu’héritiers d’une société française d’Ancien Régime hautement influencée par un système de convenances misant sur l’image projetée en société, les intendants se devaient de perpétuer cette nécessité de manifester leur statut social à travers tous les aspects de leur vie quotidienne permettant de rendre compte de leur pouvoir, de leur richesse et de leur rang.

Tel qu’illustré par des travaux antérieurs analysant l’architecture au site de l’îlot des Palais, il semblerait que l’expression du statut d’intendant ait passablement évolué au cours du Régime français, gagnant vraisemblablement en importance et en puissance au fur et à mesure du développement de la colonie. L’objectif principal de notre projet de recherche est d’effectuer une analyse comparative de la culture matérielle associée aux intendants, le tout en relation avec le contexte historique lié au développement de la Nouvelle-France. Les deux résidences de l’intendant s’étant succédé dans le temps, il sera intéressant d’identifier certains des éléments indicateurs d’un changement dans le désir des hommes ayant occupé cette fonction de magnifier leur rang social.

La transformation des processus générateurs d’autorité à l’ère du numérique est au cœur de la problématique des nouvelles dynamiques de circulation de savoirs et d’idéologies islamiques. L’étude de ces transformations s’avère cruciale, tout particulièrement en contexte migratoire où les nouvelles trajectoires croyantes obéissent souvent à des logiques inédites, et où autorités et institutions locales peuvent être sujettes à contestation. Plusieurs vecteurs de cette autorité religieuse coalisent en ligne (prêches, opinions légales ou fatwa, directives d’institutions religieuses, interprétations, bibliothèques virutelles, idéologies, etc.), de sorte que le numérique modifie le rapport que les musulmans entretiennent avec ceux-ci. Cette étude interroge deux sites web (contenus, fonctionnalités, utilisations, réseaux transnationaux et hyperliens, modes de communication, idéologies) appartenant à deux figures religieuses canadiennes : Abu Hammad Sulaiman (site en français) et Ahmad Kutty (site en anglais). Ces sites sont porteurs d’autorités distinctes: l’une, liée à une interprétation « salafiste » de l’islam et, l’autre, liée à une interprétation plus modérée (ou « wasatiyya » à la Qaradawi). Nous interrogeons ces virtualités d’autorités musulmanes pour démontrer que leur présence en ligne n’est pas toujours proportionnelle au nombre de leurs fidèles, et que les réseaux transnationaux qui soutiennent le site de Sulaiman présentent plusieurs défis pour les musulmans canadiens

Malgré l’interdiction des discriminations fondées sur les castes inscrite dans la constitution du pays, ces dernières continuent d’exercer une influence incontournable dans la société indienne contemporaine. En tant que réalité sociologique de première importance, les castes ont été et sont toujours l’objet des discours scientifiques les plus variés. L’objectif de cette présentation est d’analyser le concept de caste pour montrer qu’il recouvre, dans la littérature scientifique, un minimum de trois « dimensions » distinctes, que nous qualifions d’identitaire, d’idéologique et d’organisationnelle. Nous montrerons que des auteurs appartenant à des écoles de pensées pourtant opposées conçoivent les composantes organisationnelles comme de simples épiphénomènes des dimensions identitaires ou idéologiques. S’il n’est pas étonnant de voir à l’œuvre ce mode de conceptualisation chez des chercheurs d’orientation structuraliste comme Louis Dumont ou Jonathan Parry, il s’avère en revanche plus surprenant de le découvrir chez des auteurs comme Dipankar Gupta et Declan Quigley, deux penseurs contemporains qui ont vigoureusement critiqué Louis Dumont pour son penchant idéaliste. Nous soutiendrons enfin que cette incapacité à concevoir la dimension organisationnelle en tant que réalité ontologiquement irréductible, a conduit à négliger la complexité des composantes organisationnelles. Leur description rigoureuse et leur théorisation (explication) ont en conséquence été fortement limitées.



Dans le cadre de cet exposé, je procède à une étude comparative entre trois destinations touristiques (Québec, Barcelone et Venise), classées selon les phases d’une « infection touristophobique » provoquée par le tourisme de masse. En guise d’introduction, un survol de la problématique abordée dans le cadre de l’école d’été 2018 de l’Institut du patrimoine culturel (IPAC) de l’Université Laval est proposé. Il est ensuite introduit la définition ainsi qu’un bref constat en ce qui concerne la Barcelomania et la touristophobie à Barcelone, avant d’insister sur le fait que ces enjeux, à degrés variables, touchent également d’autres destinations touristiques dans le monde et sont le produit d’une mauvaise gestion de « l’altérité touristique ». Deux tendances, à savoir la muséification et la muséalisation, seront utilisées pour éclairer sur des processus de, respectivement, fixation et mise en musée du patrimoine culturel des destinations. Ces deux forces antagonistes exercent une influence indiscutable au sein des villes à l’étude, agissent en tant que modèle de cohésion ou tension sociale et peuvent représenter un moyen de compréhension et dialogue entre les communautés locales et les visiteurs culturophages. Enfin, les enjeux reliés à la problématique seront soulevés, pour ensuite proposer des solutions pour l’avenir.

Le 13 octobre 1970, le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau procède à la reconnaissance diplomatique de la République populaire de Chine. Est-ce le fruit du hasard, un coup de tête provocateur de M. Trudeau en pleine guerre froide ou encore le fruit d'une longue histoire entre le Canada et la Chine? Nous sommes d'avis qu'il s'agit plutôt du résultat d'une longue histoire entre Trudeau et les Chinois. Bien entendu, ce processus diplomatique ne peut se résumer à une seule personne, mais nous avons la conviction que, sans Trudeau, l'histoire aurait été bien différente.

Le constat est le suivant : la majorité des spécialistes des relations Canada-Chine reconnaissent l'apport de Trudeau dans le processus de reconnaissance diplomatique et évoquent sa connaissance et son expérience de la Chine comme justification. Toutefois, aucun d'entre eux n'est en mesure d'expliciter la teneur de cette expérience.

Par chance, nous avons obtenu l'autorisation de consulter les archives personnelles de M. Trudeau. Certes, quelques biographes y ont eu accès avant nous, mais aucun d'eux n'est spécialiste de l'histoire chinoise. C'est ainsi que nous souhaitons éclaircir cet aspect de l'histoire sino-canadienne et de la vie de Trudeau en utilisant ses journaux de voyage pour démontrer à quel point il a su expérimenter la « vie à la chinoise » et saisir les grands traits culturels de cette civilisation, si mystérieuse aux yeux des occidentaux, pour ensuite mettre cette connaissance à profit.

Cette présentation, vise à nuancer la lecture du néolibéralisme comme étant un hyperindividualisme. Prenant l’exemple des pratiques de beauté pendant et après la grossesse, pratiques ici appréhendées comme relevant d’un entrepreneuriat de l’esthétique s’inscrivant dans une idéologie néolibérale, je montre que cette appréhension du néolibéralisme ne sied pas au contexte taiwanais. Basée sur une ethnographie de près de trois ans à Taipei, cette présentation analyse le travail esthétique entourant la grossesse et participant du nouveau phénomène de la « yummy mummy». Je montre comment rester désirable durant la grossesse et « retrouver la taille » après, implique une dimension transindividuelle importante. Retrouvant rapidement leur silhouette, les femmes, non seulement, flattent l’égo de l’époux et honore la famille, mais la reconnaissance des autres qu’elles s’attirent ainsi est un facteur décisif de leur quête de beauté. Cette reconnaissance, provenant du mari, des membres de la famille, voire d’inconnus, est constitutive de la satisfaction de soi des femmes, gains immatériels ultimes de cet entrepreneuriat de l’esthétique. En conclusion, l’activité entrepreneuriale d’apparence individuelle, comme les pratiques de beauté, ne peut pas être appréhendée en faisant « abnégation du social »; en effet, l’analyse montre qu’une gestion attentive des relations sociales est un travail immatériel s’inscrivant dans l’entrepreneuriat de l’esthétique.

L’impartialité se définit-elle comme une neutralité désengagée, comme l’affirme John Rawls, ou comme un accord engagé (un consensus) comme le soutient Jürgen Habermas?

Les questions que soulève ce débat prennent tout leur sens lorsque posées dans le contexte actuel. À l’heure où nous pouvons affirmer que la sécularisation du monde occidental est achevée, nous remarquons parallèlement une recrudescence imprévue de certains mouvements religieux et de leur politisation. Que proposent Rawls et Habermas pour résoudre les conflits entourant l’expression religieuse dans l’espace public, conflits auxquels toutes les sociétés occidentales sont aujourd’hui confrontées? Les solutions amenées par les auteurs peuvent-elles être concrétisées?

Pour tenter de répondre à ces questions, nous effectuerons d’abord un bref exposé des conceptions qu’ont Rawls et Habermas de la démocratie.

Nous montrerons ensuite quelles sont, pour Habermas et à l’encontre de Rawls, les présuppositions cognitives nécessaires aux citoyens laïques et religieux dans l’usage public de la raison, et soulignerons par le fait même l’originalité et l’intérêt de la contribution habermassienne pour cette question.

En déconstruisant le processus de « traduction » auquel nous convie Habermas, nous souhaitons cependant – et finalement – démontrer que l’admission des raisons religieuses au sein du discours éthico-politique affaiblit grandement, pour ne pas dire qu’elle anéantit le caractère épistémique de ce même discours.

 Je propose une étude de trois philosophes arabes: Averroès, Mohammed Abdou et Sayyid Qutb qui appartienne à trois périodes historiques. La période d'Averroès, qui correspond à une synthèse du rationalisme philosophique et à la valorisation de la connaissance rationnelle au XIIe siècle; ensuite, le réformisme d'Abdou, un penseur du renouveau rationnel au cœur du mouvement appelé Nahda au XIXe siècle; enfin, Qutb, pilier de l'islam politique fondamentaliste au XXe siècle. Ma thèse de recherche est que les oscillations dans la construction de l'identité arabomusulmane sont liées aux rapports polémiques et politiques entre rationalisme et fondamentalisme religieux, d'une part, et aux rapports complexes avec l'Autre, d'autre part. La confiance ou la méfiance envers l'autre ont encouragé soit le triomphe de la rationalité, soit la domination de l’orthodoxie religieuse. Aussi, la pensée musulmane a donné naissance, en même temps, à l’orthodoxie religieuse et au rationalisme philosophique. J’adopte l’approche constructiviste post-moderne de l'identité afin de localiser la structure mouvante de l’identité. Aussi, la méthodologie archéologique généalogique Foucaldienne et l'herméneutique intentionnaliste pour interroger les textes et clarifier l’héritage rationnel  que la communauté musulmane devrait sauvegarder et développer. Je pense que la rationalité philosophique qui inspire ma recherche peut enrichir le débat sur l’identité et la diversité culturelle au Canada.

L’émergence des données massives (Big Data) a des impacts dans l’ensemble des disciplines scientifiques. Un des concepts fortement liés à la notion de « données » est celui d’ « information ». Le but de cette présentation sera de fournir une conception de l’information qui est adapté spécifiquement aux données massives. Après avoir exposé la théorie générale unifiée de l’information de Burgin (2010) et les bienfaits respectifs de la théorie systémique de l’information (Hofkirchner 2013) et de la théorie réductionniste de l’information (Griffiths et al. 2015), je proposerai une conception pragmatique de l’information. Plus spécifiquement, je vais montrer qu’il est possible de combiner la tradition mécaniste (Craver 2007) et l’approche fonctionnaliste (Vermaas & Houkes 2013) afin de conceptualiser l’information comme une construction servant de socle à l’attribution de fonctions comme marqueurs épistémiques.

La violence vécue par la communauté acadienne selon l’âge et le genre en Nouvelle-Écosse de 1755 à 1763 a très peu été thématisée dans l’historiographie. Pour répondre à cette lacune dans la recherche et contribuer à mieux saisir la violence de masse, la communication montrera comment les femmes et les enfants acadiens ont été traités comme utilisables dans le processus d’embarcation et comme éliminables dans la résistance acadienne de 1755 à 1759. 

Il s’agira, d'abord, d’expliquer pourquoi les Britanniques à l’automne 1755 ont divisé la communauté acadienne en deux : les hommes d’un côté et les femmes et les enfants de l’autre. Cette division sera présentée selon sa capacité à forcer les femmes et les enfants à fournir la nourriture aux hommes contrôlés par les Britanniques (Winslow, 1755, NSHS) et à aider à les kidnapper pour les mettre sur les bateaux (Le Guerne, 1757). Deux épisodes de 1757-1759 que John Mack Faragher et Clarence d’Entremont signalent sans approfondir seront ensuite examinés. Celui lors duquel des Britanniques ont tué des femmes et des enfants acadiens résistants de la région des Pubnicos de Nouvelle-Écosse (Amherst, 1759, CDI) et l’autre où un massacre similaire d’Acadiens résistants s’est produit le long du fleuve Saint-Jean près du sud du Nouveau-Brunswick actuel (1767, RCA). Prolongeant le travail de Dirk Moses sur la violence au 20e siècle, mon travail interprétera ces éliminations comme ayant résulté de la perception britannique de tout Acadien comme danger.

L’émergence des sciences computationnelles (Humphreys 2004) et des questions reliées aux données massives (Leonelli 2016) amène au premier plan la notion de donnée, et avec elle, la notion d’information. Comme la définition même de la notion d’information ne jouit pas, à ce jour, d’une définition univoque qui permet de rendre compte de ses multiples usages dans diverses disciplines scientifiques (biologie, informatique, physique, etc.), un travail philosophique de définition semble d’une importance capitale (Floridi 2004). Dans cette présentation, je tenterai d’élaborer une définition de la notion d’information qui respecte à la fois l’usage qu’en font les sciences, et qui est suffisamment riche pour acquérir le statut de concept philosophique de premier plan. Pour ce faire, je procèderai en trois étapes. Je montrerai dans un premier temps comment la théorie générale unifiée de Burgin (2010) permet une distinction entre information et informativité. Dans un second temps, j’exposerai les bienfaits respectifs de la théorie systémique de l’information (Hofkirchner 2013) et de la théorie réductionniste de l’information (Griffiths et al. 2015). Enfin, je tenterai, à l’aide de ma nouvelle définition, d’unifier ces différentes approches, afin de rendre compte de façon adéquate du concept d’information.

Cette communication étudie les notions et les discours sur le changement climatique dans les traditions hindoues, tels qu'ils sont révélés dans les Puranas, dans la géographie sacrée hindoue et dans les discours contemporains. Dans les Puranas, l'imaginaire hindou comprend la création et la dissolution cycliques de l'univers comme un processus répétitif et nécessaire. Les êtres humains habitent actuellement dans l’ère cosmique de Kali yuga, qui est marquée par la prédominance de l'adharma (mal) et par des catastrophes naturelles et des calamités. La tradition hindoue implique la notion de géographie sacrée où la terre, les montagnes et les rivières incarnent différentes déesses. Ainsi, de nombreux hindous perçoivent la pollution des rivières, la création de barrages ou la construction de mines comme une violation des déesses des rivières ou des montagnes. De nos jours, la prolifération de nouveaux discours sur le changement climatique sont imprégnés des sentiments religieux associés à la violation des déesses et ne peuvent être ignorés lors de la discussion des discours actuels sur le changement climatique. Voilà pourquoi j’examine également comment l’imaginaire hindou a inspiré les activistes d'aujourd'hui dans leur lutte pour un monde plus durable. En plan méthodologique, cette communication explore les notions et les discours sur le changement climatique dans les traditions hindoues en se basant sur les études textuelles approfondies et sur l’analyse du discours.

Au Québec, le vécu des pratiquants du bouddhisme tibétain est peu connu et encore moins, la pratique bouddhiste tibétaine. De nos jours, des pratiquants Occidentaux et des bouddhistes tibétains partagent non seulement des lieux communs, mais aussi à certains égards, une pratique bouddhiste commune. Dans cette ère moderne où des personnes d’origines différentes se côtoient, il est à propos de vouloir comprendre comment la diversité culturelle se dessine et s’accommode dans le cadre d’une pratique culturelle particulière. Nous nous intéressons aux transformations tant personnelles, sociales que culturelles qui surviennent au contact du bouddhisme tibétain. Une analyse du vécu et du discours portant sur les pratiques bouddhistes des participants à l’étude, nous permettra de mieux interpréter la signification accordée à la culture du temple tibétain. Les pratiques individuelles des pratiquants de trois origines différentes : tibétaine, vietnamienne et québécoise, seront analysées. La comparaison des groupes nous permettra de faire émerger les particularités des pratiques de chacun des groupes et ainsi nous aider à mieux comprendre la culture commune au temple.

Dans le roman Godân (1936) du romancier et nouvelliste du Nord de l'Inde Premchand (1880-1936), la notion de service (sevâ) traverse l'intrigue en s'y présentant chargée de différents sens. La pratique du service semble trouver son achèvement dans le récit lorsqu'elle prend la forme d'un « service social ». Le personnage de la femme médecin Malti en représente en quelque sorte l'illustration ultime, en choisissant dans l'intrigue finale de consacrer sa vie au service des pauvres et des malades. Dans l'hindouisme, la pratique du service est traditionnellement l'expression d'une soumission, prenant sens à l'intérieur d'un monde extrêmement hiérarchisé. À partir du XIXe siècle, sous l'impulsion de réformateurs socioreligieux, la notion de service est réinvestie en Inde d'une charge humanitaire. Des hindous influents comme Gandhi (1869-1948) et Vivekananda (1863-1902) font alors la promotion du service à travers une pratique sociale et humanitaire qui paraît calquée sur l'action des missionnaires chrétiens. D'une forme hautement valorisée de soumission, la pratique du service passe, dans l'idéologie commune, du côté de l'action sociale et humanitaire. La réinterprétation de la notion de service présente un exemple récent de tensions et transformations au sein de la tradition hindoue. C'est ce que cette présentation cherchera à illustrer, à partir de l'analyse de la notion de service dans le roman Godân de Premchand.