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La notion de « fonctionnalisme » semble avoir bien mauvaise presse aujourd'hui au sein de la discipline sociologique. C'est que le terme semble encore attaché du relent téléologique que lui ont insufflé les approches fonctionnalistes de Malinowski, Parsons et Merton, lesquels ont voulu percevoir, dans la société, la forme d'un système qui, pareil à un organisme vivant, dispose de fonctions nécessaires à sa survie. Cette nécessité fonctionnelle, mise de l'avant par ces auteurs, aura rapidement classé ceux-ci, devant la montée de la théorie du conflit en sociologie, au cours des années 1970, au rang d'un conservatisme favorable au maintient du statu quo. Bien que ces interprétations se montrent, en fait, quelque peu manichéennes face à des entreprises pourtant distinctes et nuancées, qu'en est-il aujourd'hui du fonctionnalisme? Cette notion est-elle définitivement disqualifiée pour penser la société? Nous proposons, dans le cadre de cette communication, de nous interroger sur le sens de cette notion de « fonctionnalisme » et de voir de quelle manière celle-ci peut nous être encore utile, voire indispensable, pour la pensée sociologique. Nous proposons de réactualiser cette notion, en témoignant de la grande valeur heuristique de celle-ci, sans que nous soyons obligés, pour cela, d’adhérer à une vision téléologique de la société.

Notre communication présente les résultats d'un projet de pédagogie universitaire intégrant des exercices de danse aux programmes de formation en psychologie, pratique sage-femme, sciences infirmières et ergothérapie.

La relation d'accompagnement inhérente aux soins de santé physique et psychologique implique une proximité qui fait appel à la conscience corporelle de l’intervenant. La danse permet d'aborder kinesthésiquement des notions telles que la confiance, la vulnérabilité et l’empathie qui sont généralement abordées théoriquement dans la formation des soignants. Elle amène l’étudiant dans une démarche réflexive et heuristique propice à la construction de son identité personnelle et, par extension, professionnelle. Une telle approche favorise le développement des intelligences kinesthésique, relationnelle et spatiale qui sont moins souvent sollicitées dans le cadre des cours théoriques ; elle devient un complément de formation indispensable.

Le projet a eu un impact important sur la prise de conscience des étudiants mais également sur l'expérience des formateurs concernés qui y trouvent un lieu de rencontre interdisciplinaire des plus intéressants et un espace de réflexion sur la pédagogie universitaire. 





Dans ma thèse, je teste l'hypothèse que l'intervention des idéologies philosophiques dans la formulation du problème de l'unité conceptuelle de la psychologie empêche la reconnaissance du problème réel et bloque ainsi toutes les possibilités de le résoudre adéquatement. Le problème réel étant de trouver le concept cohérent avec nos connaissances du vivant et celle du fonctionnement du système nerveux, qui permet de rendre compte de l’ensemble des phénomènes psychologiques. Peu importe l'idéologie en cause (ex.: positiviste ou phénoménologique), son intervention produit toujours les deux mêmes effets : une réduction du concept de vie à une conception matérialiste; et le blocage de sa reconnaissance comme un principe de base de l'unité conceptuelle de la psychologie. La grande originalité de notre démarche est qu’elle est hautement falsifiable, puisqu’il existe de nombreux textes sur le problème de l’unité de la psychologie sur lesquelles nous pouvons vérifier notre hypothèse de recherche et confirmer la perpétuation des deux erreurs fondamentales et le blocage de la reconnaissance de l’unité conceptuelle de la psychologie que nous proposons. En terminant, les quatre analyses de fond que nous avons réalisées jusqu’à maintenant confirment l’intervention des idéologies dans la formulation du problème de l’unité et le blocage de la reconnaissance de la solution que nous proposons : l’activité relationnelle d’une forme de vie, comme un tout, avec son environnement.



Il est difficile de déterminer les motivations des suicidaires, de chacun d’eux, individuellement. Durkheim, ses prédécesseurs, ses successeurs, ont surtout cherché à établir des corrélations entre l’acte suicidaire et l’âge, le sexe, l’état civil, la profession, la confession, le mode de vie urbain, etc. Il était presque fatal qu’en résulte des inférences entre caractéristiques sociales et passage à l’acte, de sorte que les caractéristiques en sont venues à passer pour des causes. Le procédé est questionnable. L’inférence est d’autant une tentation que la confidentialité des données personnelles rend difficile l’exploration des motivations.

En utilisant un corpus historique de pièces accessibles sans restriction, on évite l’inférence statistique. Ainsi des dossiers des militaires canadiens des années 1914-1922 et 1939-1947. Une fois résolue la difficulté d’établir les listes de noms, 530 cas ont été repérés. L’analyse montre que la corrélation entre combat et passage à l’acte est faible, que les principales causes sont les maladies mentales graves, comme la schizophrénie, de difficiles relations familiales ou sociales et des attentes économiques négatives à la démobilisation. Parfois ces motifs se conjuguent entre eux ou avec d’autres moins prégnants. Les traumatismes physiques ou psychologiques arrivent derrière comme motifs de suicide. Ce corpus, l’un des plus importants du genre au monde, permet d’aller loin dans la recherche des motivations des suicidés.

La philosophie politique occidentale prend généralement pour objet l’idée de justice. David Hume et John Rawls ont formulé de manière canonique l’idée que la justice est un concept dont la pertinence s’impose dans des circonstances particulières. Suivant ces penseurs, les circonstances de la justice sont comprises comme un contexte de rareté relative entre individus plus ou moins égaux ayant des passions et des intérêts conflictuels. Or, cette idée ne permet pas uniquement de situer le contexte du discours portant sur la justice, il limite également notre capacité à concevoir la justice autrement.

Afin de déconstruire cette idée, nous nous intéresserons à l’action de grâce de la Confédération Haudenosaunee. Ces mots qui viennent avant tous les autres visent à remercier le Créateur ainsi qu’à reconnaître nos relations avec les autres-qu’humains. Ils nient la perception occidentale de rareté pour plutôt mettre l’accent sur l’abondance. Conséquemment, nous proposons de réfléchir aux manières de concevoir la justice politique et sociale rendues possibles lorsque l’on débute avec ces circonstances autres. Nous argumentons, notamment, que la justice peut dès lors être pensée comme reposant sur des relations de dépendance et de responsabilités plutôt que comme cherchant à établir une distribution équitable et à garantir le tien et le mien. Ultimement, ceci permet de mettre la lumière sur des conceptions de la justice qui reposent dans l’ombre des circonstances de la justice.

Le DPNI est une technique récente recueillant l’ADN des cellules fœtales libres, entre 8 à 10 semaines de gestation, par une prise du sang maternel afin de détecter les aneuploïdies fœtales. Sa simplicité et l'absence de risque permettent d'éliminer l'anxiété associée à la procédure et le risque de fausse couche.Il permet à la femme de se concentrer sur les résultats plutôt que sur la procédure et les risques, améliorant son autonomie reproductive. Paradoxalement, ces caractéristiques créent une menace potentielle sur cette autonomie. Pour les tests invasifs, le choix de les refuser peut être justifié par la présence d'un risque de fausse couche. Inversement, l’absence de ce risque modifie le contexte de prise de décision favorisant une pression à tester, pouvant venir de son partenaire, sa famille, d’une d’obligation morale d’être une mère responsable, des attentes de la société qui pèsent sur elle ou du risque de stigmatisation de de mener à terme une grossesse affectée. Le DPNI est une technologie révolutionnaire mais pour promouvoir l'autonomie reproductive de la femme, il devrait rester un choix. La femme devrait savoir qu'elle peut le refuser et être protégée des influences externes par un conseil génétique approprié. Pour celles qui souhaitent mener leur grossesse affectée, il faudrait créer des systèmes de soutien social pour les enfants trisomiques et favoriser le traitement de ces maladies.

La légalisation de la prostitution est au cœur d'un important débat dans plusieurs pays. Deux études ont évalué l’opinion de personnes offrant des services sexuels sur ce sujet. Ces études ont été menées dans des États où la prostitution est légalisée ou criminalisée alors qu’au Canada, la prostitution n’est pas illégale, bien que trois activités y étant liées sont interdites. La présente étude évalue l’opinion de 27 danseuses érotiques (M= 24,3 ans, ET= 3,8) et de 15 danseurs érotiques (M=27,1 ans, ET= 6,1) du même âge, recrutés dans des clubs ou des soirées de danses érotiques. Lors d’une entrevue semi-structurée, les participants ont d’abord mentionné sur une échelle Likert allant de 1 (totalement en désaccord) à 5 (totalement en accord) leur opinion sur la légalisation de la prostitution. Les résultats démontrent que les danseurs érotiques (M=3,5, ET=1,6) et les danseuses érotiques (M=3, ET=1,5) sont en accord avec la légalisation de la prostitution. Il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes (t(36)=0,83, p=0,41). Les participants ont aussi expliqué les raisons de leur position. Par émergence pure, huit catégories de réponses ont été créées. Les réponses ont été codifiées dans les catégories via accord interjuges.  La catégorie de réponses la plus fréquemment abordée (44%) est « Meilleur encadrement et conditions de travail », suivie par « Libertés et choix personnels » (25)%.  Les retombées pratiques et théoriques de ces résultats seront discutées.

La philosophie des soins palliatifs favorise la prise en charge globale des patients, à travers l’ensemble des dimensions de la vie. Dans un contexte de fin de vie, la réponse aux besoins spirituels compte parmi les éléments majeurs et constitue l’un des fondements des projets de soins partagés, à travers la relation patients-soignants.  Les infirmières auxiliaires et préposées aux bénéficiaires réalisent de 80 à 90% des soins auprès des patients.  Malgré le fait qu’elles occupent une place centrale dans la réponse aux besoins des patients, elles sont pratiquement invisibles dans la littérature.  En effet, très peu de publications portent sur le travail des aides-soignantes et encore moins sur la façon dont elles définissent la spiritualité et comment elle s’exprime dans le quotidien des soins.  Pourtant, de par la nature de leur fonction auprès des patients en fin de vie, elles ont la possibilité d’entrer dans l’intimité de ceux-ci.  À partir d’une approche phénoménologique, cette étude vise à mieux comprendre comment les infirmières auxiliaires et préposées conçoivent la spiritualité et la façon dont elles intègrent les dimensions de l’expérience spirituelle dans les soins aux patients en fin de vie.  Les données recueillies à partir d’observations participantes auprès de ces dernières, seront présentées dans le cadre de cette communication orale.  Les implications cliniques associées à l’organisation des soins seront finalement discutées.

Le Conseil d’évaluation des technologies de la santé (CETS), devenu l'Agence d'évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (AETMIS) en 2000, et récemment intégré à l'Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), a publié au-delà de 100 rapports qui ont influencé la pratique médicale au Québec.  Malgré le rôle important de cette agence, ses rapports n'ont jamais fait l'objet d'études critiques de chercheurs en sciences juridiques.  Un sujet en particulier, la réutilisation du matériel médical à usage unique (MMUU), a fait l’objet de six rapports de l’agence de 1991 à 2009.  Une analyse de contenu de ces rapports révèle que la question du consentement d’un patient à l’utilisation de MMUU réutilisé a souvent été analysée de manière sommaire, ou négligée en faveur de discussions plus détaillées sur des aspects économiques ou scientifiques.  Toutefois, la question du consentement éclairé, loin d’être une préoccupation mineure, est fondamentale au respect de l’autonomie des patients, et a bénéficié d’un examen plus approfondi dans le contexte de la réutilisation du MMUU dans d’autres pays. Compte tenu de l’importance grandissante qu’occupe l’évaluation des technologies médicales dans la société, cette étude permettra une réflexion approfondie sur l’opportunité d’intégrer des patients au processus d’évaluation afin de mieux représenter leurs préoccupations, ainsi que d’améliorer la protection de leurs droits en milieu médical. 

L’État providence et l’euthanasie active. Perçu comme un avancement du droit des malades et la reconnaissance de leur autonomie, le suicide dit « assisté » marque le passage d’une frontière invisible. Salué par bon nombre de commentateurs politiques comme un progrès de la sensibilité à l’égard de la souffrance intolérable, accueilli favorablement par la population et les associations de droit des malades, promu au rang de droit fondamental dans l’arrêt Carter, s’agit-il pour autant d’une avancée de la conscience éthique? Élevé au rang de certitude quant à sa finalité et son caractère opportun, quelle transaction politique ce dispositif bureaucratique met-il en scène? La fin de vie en milieu hospitalier implique assurément des coûts importants; le choix d’un patient de devenir bénéficiaire d’un «acte médical » tarifé de cette nature opère un changement de paradigme dans la notion même de « soins ». L’expression « suicide assisté », cette contradictio in adjecto, rend manifeste l’effort pour court-circuiter la portée d’un acte meurtrier. Dans ce contexte, nous entendons examiner la fonction idéologique des Chartes,  en suivant l’affirmation suivante du juriste français Jean-Étienne-Marie Portalis pour qui : «Lorsque la corruption n’est pas dans les mœurs, on peut y remédier par de sages lois; mais quand un faux esprit philosophique l’a naturalisée dans la morale et la législation, le mal est incurable, parce qu’il est dans le remède même ».

Le concept de libre arbitre semble aujourd’hui menacé par les récentes avancées neuroscientifiques. Les fameuses expériences de Benjamin Libet dans les années 80 ont contribué à montrer que nos intentions d’agir ne constituent pas la source ultime de nos actes : elles sont en réalité précédées par une activité cérébrale qui nous prépare à agir avant même que nous ne prenions conscience de notre décision. Les expériences plus récentes de John-Dylan Haynes vont également dans ce sens et permettent de prédire l’action que va effectuer un sujet en se basant uniquement sur son activité cérébrale. Ces résultats scientifiques ont néanmoins été longuement discutés, et nous évoquerons les critiques qui peuvent leur être adressées. Nous montrerons également que le concept de libre arbitre, s’il doit être relativisé à la lumière des résultats expérimentaux, ne doit cependant pas nécessairement être évacué. Une possible redéfinition du libre arbitre consisterait en effet dans la maîtrise accrue de nos capacités attentionnelles : à travers un apprentissage sur le long terme, il serait possible, d’une part, de prendre conscience de processus qui sont habituellement inconscients ou pré-réfléchis, et, d’autre part, d’élargir notre répertoire d’actions disponibles grâce à la flexibilité qu’offre la capacité retrouvée de moduler des processus automatiques. Cette théorie attentionnelle du libre arbitre est appuyée par les résultats issus du champ émergent des « neurosciences contemplatives ».



La dépigmentation volontaire de la peau est le malaise africain des temps présents. Elle est l’une des nouvelles formes d’esclavage contemporain de l’Afrique. Ayant des racines psychologiques, elle résiste, jusqu’ici, aux efforts de sa réfutation. La pratique de la dépigmentation volontaire de la peau est l’écho de la transformation de l’être, aussi bien physique que psychologique. Il est l’effet du traumatisme vécu par l'Africain à l’égard de son identité qui se traduit par un désir de changement de couleur de la peau. La dépigmentation ayant des conséquences graves, constitue, désormais, un problème de santé publique et suscite les questions suivantes : Comment parvenir à l’éradication du phénomène ? Comment des sociétés africaines, fondées sur la transmission des principes de la solidarité, s’approprient-elles un fait de la psychologie individuelle comme celui de la dépigmentation de la peau ? Face à ces interrogations, il s’agira d’examiner les conditions de l’apparition et de la prolifération du phénomène de la dépigmentation, en rapport avec la crise identitaire due à la colonisation moderne et les politiques africaines de développement culturel.

Les approches analytiques et historiques s’emploieront, d'abord, à présenter le contenu sémantique du concept de dépigmentation; ensuite, à situer les responsabilités dans la prolifération du phénomène; enfin, à définir les perspectives pour des politiques de développement en Afrique, à travers la valorisation de l’humain.

Les métaphores sont omniprésentes dans le langage et structurent la réalité (Lakoff et Jonhson, 1995). En contexte de maladie, les métaphores utilisées par les patients nous informent sur leur expérience subjective. Si peu d’études empiriques s’attachent aux métaphores des patients (Hui et al, 2018), des écrits critiquent la métaphore guerrière qui domine les discours sur le cancer mais qui correspond mal au vécu des patients, surtout au vécu des patients atteints de cancer incurable qui ne peuvent plus s’identifier à l’image du combattant vainqueur (Hommerberg et al, 2020). La présente étude qualitative explore l’expérience du cancer incurable à partir des métaphores utilisées par des femmes atteintes d’un cancer du sein métastatique et ayant raconté leur vécu sur un blog personnel. Le blog est un outil reconnu en études qualitatives, permettant de saisir l’expérience du cancer au-delà du cadre médical (Wilson et al, 2015). Selon des critères rigoureux, nous avons sélectionné quatre blogs tenus entre 2013 et 2020. Notre analyse phénoménologique-interprétative (Smith et Osborn, 2007) a permis de classer les métaphores des femmes en trois catégories d’expérience : le cancer est incurable est 1) une expérience de violence, 2) une recherche d’authenticité, et 3) une tentative de composer avec les paradoxes du temps. Être ouvert au langage des malades s’inscrit une communication soignant-patient efficace, laquelle est centrale pour la qualité des soins (Seccareccia et al, 2015).

Comment l’imagination morale peut-elle rehausser les capacités émergentes d’autonomie des enfants et des jeunes dans un contexte éducatif mettant l'accent sur le dialogue et l’éthique? La communication proposée s’appuie sur l’approche par les capacités développée par Amartya Sen et Martha Nussbaum—une méthodologie à la fois philosophique, politique et pédagogique—afin de justifier le rôle de l’imagination morale en tant que capacité éducative complexe qui peut élargir les critères d’évaluation morale chez les enfants/jeunes, ainsi que les modes de vie qu’ils choisissent de valoriser. L’idée développée dans cette contribution est que l’autonomie responsable chez les enfants/jeunes dépend d’un répertoire mental vaste et varié, et que ce dernier peut être agrandi par l’imagination morale pratiquée de façon délibérée dans le cadre d’une pédagogie dialogique. Comme étude de cas, le programme de Philosophie pour enfants (PPE) de Matthew Lipman et son modèle de communauté de recherche philosophique (CRP) feront l’objet d’analyse puisque leur accent sur le dialogue, le raisonnement critique et le vivre ensemble favorise l’imagination morale, et par extension, la pensée autonome. Les conclusions de recherche indiquent que l’imagination morale comme capacité éducative offre accès aux enfants/jeunes à de diverses ressources conceptuelles, à un espace dialogique et à l'expression créative, leur permettant de mieux évaluer les dimensions éthiques de leurs expériences vécues.

La séduction présente un paradoxe notable : elle est omniprésente dans nos vies sans être définie de manière convenable.  Elle révèle ainsi une tache d’ombre dans la démarche scientifique inter-disciplinaire : en effet, comment peut-on étudier un phénomène, même sous sa forme appliquée, si nous ne l’avons pas d’abord défini ?

 C’est justement parce que la séduction est une constante dans nos vies et qu’elle a des retombées sociales qu’il devient intéressant de la considérer comme figure de cas. Tâcher de définir la séduction est d’autant plus d’actualité alors que nos liens sociaux se modifient en réponse aux nouvelles technologies et contraintes professionnelles : en effet, définir la séduction, c’est situer les individus dans une trame historique, tout en qualifiant leurs relations intra- et inter-groupes.

 C’est ce que je me propose de faire en me basant sur les résultats de ma recherche doctorale : d’abord définir la séduction, pour ensuite prendre en compte les conséquences sociales et éthiques qui découlent de ma définition. Pour cela, j’étudie le phénomène de séduction dans un cadre comparatif où l’humain et les grands singes non-humains sont mis en relation. En établissant de la sorte des parallèles et divergences entre les espèces de grands singes (dont l'humain) en matière de séduction, nous serons amené à réfléchir au concept de communauté, d’identité et du vivre ensemble.

La souffrance des adolescents demeure préoccupante, notamment celle reliée au phénomène de l’intimidation par des pairs. Malgré de multiples efforts pour venir en aide à ces jeunes, un sentiment d’impuissance demeure présent chez plusieurs d’entre eux.

Cette étude exploratoire a eu pour objet d’étude de comprendre le phénomène de l’intimidation par les pairs vécu par les adolescents. Le défi était de rester au plus près du récit de ces adolescents et d’entreprendre des analyses en utilisant la méthodologie de la théorisation enracinée tout en nous inspirant de l’écoute et l’analyse psychanalytique. À partir du recrutement effectué par plusieurs intervenants dans les écoles de la Commission scolaire de Laval, nous avons rencontré dans un premier temps 7 sujets dont 16 entretiens. Comme certaines catégories n’avaient pas atteint de saturation théorique, d’autres données provenant de la série « Les intimidés » ont été ajoutées et intégrées à l’analyse (8 autres sujets).Dans le respect des assises épistémologiques et méthodologiques de la théorisation de la méthodologie enracinée, des analyses (ouverte, axiale et sélective) ont aussi été effectuées.

Les résultats empiriques démontrent comment le processus dynamique du vécu familial et fraternel vient influencer la construction identitaire de ces adolescents. Alors, ce vécu prédispose les adolescents à rejouer ce qu’ils ont appris dans leur famille, c’est-à-dire qu’avec leurs pairs, à l’école.

L’esthétique de l’environnement est une discipline philosophique qui s’est constituée et établie au cours des quarante dernières années. Dans la tradition analytique, elle jouit d’une pleine reconnaissance depuis deux décennies. – Je présenterai brièvement : 1) les principaux jalons de son évolution thématique et institutionnelle jusqu’à aujourd’hui; 2) quelques problèmes qui animent la réflexion dans cette discipline ; 3) le projet d’une philosophie anthropocentriste, inspirée par Kant, qui étudie le respect porté par les humains à la valeur esthétique des environnements. – Ce fut d’abord, à partir des années 1970, l’étude des environnements naturels puis mixtes et urbains qui a occupé cette nouvelle discipline. Elle a récemment élargi son champ à l’esthétique de la vie quotidienne et elle s’intéresse depuis peu à diverses composantes culturelles de l’expérience esthétique (notamment dans les cultures orientales). Parmi les thèmes qui alimentent cette réflexion, on retrouve la spécificité de l’appréciation esthétique de l’environnement comparée à celle de l’art, l’opposition entre les conceptions objectiviste et subjectiviste de l’appréciation esthétique, ainsi que la question du lien possible entre une esthétique et une éthique de l’environnement. Ma présentation comportera quelques références à certains auteurs importants de cette discipline (R. W. Hepburn, A. Carlson, A. Berleant, H. Rolston, Y. Sepänmaa, Y. Saito, E. Brady).

Un système de logique est composé, dans son ensemble, d'une grammaire, de règles de calcul et d'une méthode de démonstration. Le calcul logique, dans le formalisme des séquents, est consistant lorsque les coupures peuvent y être éliminées (Gentzen 1934-1935). Ce critère de l'élimination des coupures participe d'un critère plus général, qui conditionne également la structure de la grammaire et de la méthode de démonstration. Le critère de cohérence général des systèmes de logique est explicité par la théorie des catégories, dans laquelle l'élimination des coupures correspond en particulier à l'élimination de la composition (Lambek & Scott 1986, Došen 1999). La transformation d'une catégorie doit toutefois aussi préserver certaines propriétés essentielles de la composition. Le critère de cohérence général des catégories et ses réquisits particuliers correspondent alors à des critères de définissabilité grammaticale, articulée par l'éliminabilité et la conservativité de la définition; d'effectivité du calcul logique, définie par l'élimination des coupures et la propriété de sous-formule (dans le calcul des séquents); et de constructivité de la méthode de démonstration, dont le processus doit être fini et dans laquelle chaque opération doit avoir un sens déterminé. Ces critères logiques sont structurés de manière cohérente dans leur ensemble même, la limitation du formalisme étant définie de l'intérieur par son effectivité.

L’année 1968 est marquée par un cycle de mouvements protestataires étudiants en Tunisie, qui s'intègre dans le contexte global des contestations sociales et politiques des années 1960. Bien que l'on connaisse généralement les fameuses manifestations de mai 68 en France, il est important de souligner qu'il eut d'abord un « mars 68 » en Tunisie. Dans le but de plaider en faveur de réformes sociales, économiques et académiques, les manifestations étudiantes de 1968 ont joué un rôle essentiel dans la remise en question des politiques du régime, perçues comme favorables aux élites tunisiennes.

Cette communication examine ce contexte politique et social en Tunisie. Comment le gouvernement a-t-il réagi aux mouvements estudiantins dans un premier temps? Comment les relations fluctuantes entre le régime au pouvoir et les manifestants ont-elles permis la création d'un dialogue et d'un débouché pratique, établissant les bases pour plus de libertés civiles? À travers une approche d'histoire sociale et des idées, nous nous penchons pour comprendre les motivations socioéconomiques et intellectuelles des manifestants, ainsi que d'établir des liens avec les polémiques sur les droits de la personne soulevées avant et durant les protestations.

Dans les domaines scientifiques et philosophiques, les usages du terme «émotion» désignent «des circuits neuronaux, des systèmes de réponses, et un état ressenti ou un processus qui motive et organise la cognition et l’action» (Izard 2010). Pour expliquer le processus émotionnel, il convient donc d’examiner non seulement le substrat neuronal ou les systèmes motivationnels associés aux émotions particulières, mais également ce qui constitue l’expérience émotionnelle du sujet et la façon dont s’effectue l’accès à ses états émotionnels. C’est ce que je ferai dans ma présentation.

M’appuyant sur la distinction entre conscience phénoménale et accès cognitif (Block 2008), et sur l’étude des théories perceptuelles de l’émotion, je soutiendrai qu’il est possible de concevoir un état des émotions pour lequel il existe une conscience phénoménale sans accès cognitif. Si l’émotion est une forme de perception (Prinz 2004 ; Tappolet 1995), il ne peut y avoir d’émotion sans un sujet qui accède au phénomène et en fait l’expérience. Cependant, que l’émotion soit ressentie n’implique pas nécessairement qu’elle soit accessible pour un traitement cognitif. Dans ce cas, le sujet ne peut ni rapporter ni analyser ce ressenti. Je développerai cette idée à la lumière des théories expérientielles (Deonna et Teroni 2009), évaluatives (Tye 2008), et de celles du «core affect» (Barrett et Russell 1999). Je rendrai ainsi compte des différentes manières dont le sujet peut se rapporter à ses états affectifs.

Une grande majorité des individus des sociétés contemporaines se sentent quotidiennement pressés et contraints par le temps (MOGILNER et coll. 2018). Ils valorisent l’immédiateté dans l’idée d’accumuler le plus de capital économique, social et culturel en moins de temps possible. En tant qu’usagers de services, ils cherchent à bénéficier de prestations rapides et à éviter toute période d’attente perçue comme une perte de temps et profondément inconfortable (DURRANDE-MOREAU 1994). En parallèle, les fournisseurs de services s’efforcent de trouver des moyens pour accélérer leurs prestations afin de rester compétitifs et attrayants. Or, plusieurs ressources humaines et matérielles sont actuellement limitées ou le deviendront, et la durée de certains processus imbriqués dans la réalisation de services ne pourra être réduite davantage (ROSA 2016). L’imminence de ce phénomène et de ses conséquences psychologiques et environnementales motive les chercheurs en design à s’intéresser à de nouvelles façons d’aborder le temps qui auraient des retombées positives pour la société (KUJALA et coll. 2013 ; PSCHETZ et BASTIAN 2018, PAQUETTE et KAVANAGH 2021). Dans le cadre de cette communication, nous présenterons la méthodologie d’un projet de recherche de design en cours et nous exposerons un aperçu du fruit de la pré-analyse de discours sur le temps dans la pratique du design de service.

Cette recherche s'inscrit dans une démarche empruntée à la psychologie cognitive et porte sur l’identification des situations typiques et de schémas récurrents reliés aux actions entreprises par des victimes de situations de survie en forêt boréale québécoise.

La pratique des activités de plein air est associée à près de mille traumatismes par année au Québec, dont environ 250 peuvent être qualifiés de graves et entraînent en moyenne 25 décès (Protecteur du citoyen, 2013). Pour favoriser la pratique sécuritaire de ces activités, des mesures de gestion des risques peuvent être mises en œuvre pour atténuer les impacts des situations d’urgence. Dans ce contexte, une meilleure compréhension de l’activité décisionnelle d’individus agissant dans des environnements dynamiques complexes voire critiques (contraintes temporelles, blessures, stress, etc.), pourrait être un atout à des fins d’éducation et de sensibilisation.

Notre étude s’est ainsi attachée à la description de l’activité décisionnelle de victimes de situation de survie, appréhendée à l’aide de plusieurs étapes : entretiens semi-directifs portant sur les récits des situations vécues, retranscription des données comportementales, identification des récurrences ou schémas, et modélisation de la dynamique de l’activité décisionnelle. Dans une visée pratique, l’étude menée pourrait contribuer à proposer de nouveaux référents d’aide à la décision, et sensibiliser les usagers du milieu naturel potentiellement les plus à risque.

À contre-courant de l’esthétique traditionnelle fondée sur les concepts de mimesis, d’expression et de jouissance, la pensée phénoménologique de l’art s’est employée à penser le mode d’être de l’œuvre d’art comme advenir de vérité (Heidegger, Gadamer) et comme puissance de refiguration du soi et de ses possibilités éthiques (Ricoeur). Nous proposons d’analyser originalement en quoi Husserl a contribué de manière ambigüe au bouleversement de la philosophie de l’art par la phénoménologie en nous penchant principalement sur une lettre que Husserl envoya à Hoffmansthal en 1907, texte inédit où il souligne la proximité qui unit l’attitude phénoménologique et l’attitude esthétique. En reliant esthétique et phénoménologie, Husserl pava la voie pour une nouvelle et subversive pensée phénoménologique de l’art qui allait découvrir la non-contradiction de l’imaginaire et du réel. Néanmoins, nous défendrons la thèse que son cadre conceptuel n’a pas su dégager l’esthétique philosophique de ce que Gadamer nomme « l’abstraction de la conscience esthétique » (Gadamer, 1960), qui consiste en le fait de concevoir l’œuvre d’art strictement comme un objet de jouissance subjective retiré du réel. Cette « abstraction », qui tient à la nature même de la réduction phénoménologique, isole l’art des champs épistémiques et éthiques, acheminant la phénoménologie de l’art vers l’abandon du cadre théorique husserlien en tant qu’elle aspire à rendre compte de la puissance ontologique et éthique de l’art.

Cette communication présentera les enjeux pratiques et méthodologiques d'une recherche en études et pratiques des arts. Cette recherche s'intéresse plus précisément à la pratique d'un musicien interprète qui travaille en interdisciplinarité avec une équipe de soins palliatifs à l'hôpital de Verdun. La thèse traite de la description et de l’analyse de cette pratique inédite ainsi que de ses retombées sur les principaux acteurs impliqués. Les dynamiques entre les cliniciens et l'artiste, la structure d'accueil et d'encadrement seront également abordées. En résumé, ce sont les grandes lignes d'un modèle d'intervention en développement qui seront à l'ordre du jour.

La recherche de soutien en ligne par les endeuillésestun phénomène assez nouveau et encore mal connu. Cette communication présentera une étude exploratoire qui a été réalisée auprès de trois personnes endeuillées qui ont trouvé du soutien en ligne pendant leur deuil. Elle a permis d’étudier tant les aspects psychologiques que les aspects relationnels du deuil, dans ce contexte particulier. Chacune des personnes a été rencontrée à deux reprises. L’objectif visé était de documenter leur expérience et d’en proposer une description phénoménologique.  Les premières étapes de l’analyse des données recueillies tendent à démontrer que les endeuillés ont une perspective positive par rapport à l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux au cours de leur deuil. En effet, ces échanges peuvent s’avérer très pertinents et ils apportent une contribution au processus de deuil dans lequel ces personnes sont engagées. Certains de ces échanges ne sont d’ailleurs possibles que par le biais d’Internet, qui permet ainsi à des gens qui ne se connaissent pas de se rencontrer virtuellement, d’échanger et de se soutenir lors d’un deuil commun ou dans leur deuil respectif. La description phénoménologique de leur expérience est pertinente car elle permet de mieux comprendre comment s’exerce l’influence des nouvelles technologies sur le processus de deuil.