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Zatorre et Gandour (2008) montrent que le traitement des variations de pitch dans la langue est latéralisé dans l'hémisphère droit du cerveau chez les locuteurs de langues non-tonales (LNT, ex. français, anglais), et dans le gauche chez les locuteurs de langues tonales (ex. chinois). Avec les théories de Patel (2003, 2011) sur les liens musique-langage, on peut se demander si l’expertise musicale influence la capacité à percevoir les variations de pitch du mandarin chez les locuteurs de LNT. Plusieurs études appuient cette hypothèse (Marie et al., 2011; etc.) mais négligent 2 aspects: le temps de réaction et le traitement sémantique par les sujets chinois. Ces études utilisent la syllabe comme support pour les tons. Or, toute syllabe C+V+ton pouvant avoir un sens en mandarin, les sujets chinois risquent d’être plus lents et de faire plus d’erreurs, parce qu’ils tenteraient d’extraire un sens de chaque stimulus.

Pour cette étude, nos sujets (musiciens, non-musiciens, chinois) ont effectué une tâche pareil/différent, consistant en 28 paires de suites de 4 tons purs (i.e. sans support C+V) du mandarin. Nos résultats montrent que les musiciens et les chinois ont en moyenne un nombre de bonnes réponses et un temps de réaction similaires, alors que les non-musiciens ont moins bien performé. Ces résultats corroborent les conclusions de la littérature existante à ce sujet. Effectuer l’étude avec plus de stimuli et plus de participants pourrait offrir des résultats plus significatifs.

La sociolinguistique a bien montré que, du point de vue linguistique et fonctionnel, toutes les variétés d’une langue s’équivalent. Cette idée a fait son chemin au point où de plus en plus de personnes conçoivent le français comme étant une langue pluricentrique où les normes endogènes de la francophonie (p.ex. du Québec) côtoient la norme exogène du « centre » (de la France). Or, cette valorisation a ses limites, comme le montre le cas du doublage québécois. Bien que les Québécois veuillent se reconnaître dans la langue des films doublés, l'Union des Artistes considère que le doublage doit être fait dans un français international neutre qui, selon elle, ne laisserait transparaitre que quelques particularités de la culture québécoise.

L’objectif de cette étude est de savoir si les Québécois sont en mesure de reconnaître un doublage fait au Québec. 296 énoncés extraits de 5 films américains préalablement sélectionnés ont été présentés à des participants âgés de 19 à 39 ans (n=40) à l’aide du logiciel de perception Parsour. Ceux-ci devaient écouter les énoncés et dire s’il s’agissait d’un extrait de la version québécoise ou française. Les résultats démontrent que l’accent québécois est souvent confondu avec l’accent français. Une analyse des énoncés en fonction de leurs caractéristiques linguistiques permettra de déterminer ce qui contribue à la perception d’un énoncé donné comme étant québécois ou français.

Les clitiques du serbo-croate dans le cadre du programme minimaliste

Les clitiques qui sont gouvernés par la loi de Wackernagel occupent nécessairement la deuxième position au sein d'un énoncé. Un tel comportement des clitiques est bien observable en serbo-croate (Brown, 1974, 2004, 2014).

     Plusieurs auteurs soulignent que les clitiques dans cette langue apparaissent toujours soit après le premier mot prosodique, soit après le syntagme entier placé en tête de phrase. Ces particules dépendent ainsi prosodiquement de l'élément phonologique ou syntaxique auquel ils s'attachent et avec lequel ils ne partagent pas nécessairement de propriétés sémantiques ou syntaxiques. En raison de cela, de nombreux chercheurs ont proposé que les clitiques du serbo-croate obéissent soit aux lois prosodiques, soit aux lois syntaxiques, soit aux lois morphologiques semant ainsi une grande confusion en ce qui a trait au traitement de ces particules.

     Contrairement à cela, nous démontrerons, dans le cadre du Programme Minimaliste, qu'un nouveau regard sur les données proposées dans la littérature révèle un lien entre les clitiques et le trait EPP (Extended Projection Principle) tel que proposé par Chomsky (2015, 2001, 2000, 1995) peu importe s’il s’agit des clitiques auxiliaires, pronominaux ou phrastiques et que, bien qu'ils puissent créer une unité prosodique avec plusieurs constituants syntaxiques, ce sont uniquement les verbes principaux qui leur servent d'hôte.  

 

La plupart des phrases contiennent plusieurs types de significations: le point principal, ce qu’on présuppose/implicite, divers points secondaires ou « a-partés », la source de l’information, notre engagement par rapport au contenu, comment on se sent vers le sujet, etc. Les participants à une conversation peuvent exprimer leur désaccord avec n’importe quelle signification, mais cela ne se fait pas toujours de la même manière. Par exemple, plusieurs chercheurs, suivant Von Fintel 2004 et Simons et al. 2011, croient qu’il existe un contraste entre (1b) qui réfute l’assertion de (1a), et (1c) qui réfute sa présupposition.

(1) a. Personne 1: John est à nouveau au zoo.

     b. Personne 2: Non, il est malade chez lui.

     c. Personne 2: # Non, il n'a jamais été au zoo jusqu'à présent.

Cette comminication vise à répondre aux questions suivantes: (i) Quelles sont les  significations qui peuvent être directement réfutées, et (ii) quelles sont les propriétés qui déterminent si une signification peut être directement réfutée ou non. Nous présenterons notre étude qui a traité les cas de l'anglais, de l'espagnol et du catalan et dont les résultats ont démontré que ces langues sont plus hétérogènes que ce qui a été prédit dans la littérature. Nous  proposerons enfin les révisions nécessaires aux théories de contextes structurés, afin de mieux les adapter aux résultats expérimentaux, en expliquant le rôle que jouent conjointement les propriétés syntaxiques, sémantiques, et pragmatiques. 

L’apprentissage des habiletés réceptives d’une langue seconde est largement influencé par l’authenticité, l’intérêt, la pertinence, et l’adaptabilité de documents choisis, en ligne ou existant sur un support plus traditionnel. L’exploitation adéquate de ces outils est aussi tributaire de l’emploi privilégié ou non qu’en font les didacticiens et praticiens en enseignement, en fonction de leurs intentions de représentations socioculturelles et identitaires.

La réflexion que nous proposons sert au questionnement associé à la conceptualisation et la réalisation de matériel pédagogique, à partir d’un outil didactique et projet pilote publié en 2012. Une entente interinstitutionnelle a permis à 18 étudiants finalistes en journalisme de contribuer à l’élaboration d’un recueil d’activités destiné à l’apprentissage du français langue seconde (FLS).  Les activités pédagogiques proposées servent de continuum entre la langue parlée par des francophones de la communauté et les répertoires linguistiques traditionnels utilisés dans les pratiques d’enseignement du FLS. Cette initiative est un exemple de la vitalité, de la vigueur et de la richesse des communautés francophones en situation minoritaire, tout en étant en lien avec les visées pédagogiques du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) ainsi qu’en témoigne l’accueil enthousiaste que lui ont réservé  une cinquantaine d’enseignants de FLS au Canada, en France, en Belgique, au Mexique et aux États-Unis.

La pratique discursive franco-créole des Martiniquais est constituée d’alternances codiques et d’emprunts, qui confèrent à ces gens un ensemble d’expressions propres. Les études qui se sont attachées à décrire les particularismes du français martiniquais (FM) ne l’ont pas encore fait concernant l’expression du déplacement. En effet, l’encodage de la trajectoire (T) et de la manière (M) de se déplacer dépend moins de la typologie de la langue que des préférences expressives (style rhétorique) d’une communauté donnée. C’est pourquoi il existe différentes stratégies pour lexicaliser ces informations sémantiques au sein d’une même langue et de ses variétés. Pour vérifier si l’encodage de M et de T est différent en FM (en raison des particularités culturelles et linguistiques de la Martinique, ile française), nous avons demandé à des enfants de 7 ans (=18) et à des adultes (=10) parlant le FM de raconter une histoire à partir d’images (Frog, where are you?) puis de décrire des images de déplacements. Les données recueillies seront comparées aux enfants de 7 ans (=20) et aux adultes (=5) du Frog Story/French-Lyon Corpus de Hickmann et Kern en ligne sur CHILDES. L’analyse préliminaire du FM nous montre la présence de constructions verbe + préposition qui divergent de l’emploi français. Des analyses quantitatives nous indiqueront la fréquence d’utilisation des différentes constructions pour parler du déplacement en FM ainsi que la présence de constructions propres au FM.

Les voyelles fermées /iyu/ peuvent être réalisées de multiples façons en français québécois. Sous accent, trois variantes se distribuent de manière complémentaire. Il s’agit des brèves tendues (en syllabe ouverte), des relâchées (en syllabe fermée par une consonne non allongeante), et des allongées (en syllabe fermée par une consonne allongeante). Les caractéristiques spectrales des allongées ont été peu étudiées et des rapports de durée contradictoires sont rapportés dans la littérature entre les tendues et les relâchées. Cette contribution vise à déterminer les caractéristiques acoustiques qui distinguent ces trois types de variantes. Pour ce faire, 1350 occurrences produites lors d’une tâche de lecture oralisée par 30 locuteurs de Rouyn-Noranda, de Saguenay et de Québec ont été analysées. Leur durée a été relevée, puis la fréquence fondamentale et la fréquence centrale des trois premiers formants (F1, F2, F3) ont été estimées à 25, 50 et 75 % de la durée. Nos résultats indiquent que les tendues présentent le F1 le plus bas et les relâchées, le F1 le plus élevé; les allongées se situant entre les deux. En cours d’émission, les tendues et les allongées se tendent, mais les relâchées se centralisent. Les allongées sont celles qui présentent les trajectoires les plus longues dans un diagramme F1/F2. Le rapport de durée entre tendues et relâchées semble dépendre du voisement des consonnes adjacentes. Quelques différences régionales ont également été mises au jour.

Maladie bipolaire.Paranoïa. Psychose.La lecture de ces termes évoque des représentationspropres au contexte social dans lequel nous nous trouvons.En effet, comme la maladie mentale est à la fois interprétée et construite socialement, les façons de se la représenter varient d’un groupe à l’autre (Bélanger, 2001).  

 

Les précédentes études au sujet des représentations de la maladie mentale au sein de la société québécoise ont principalement porté sur les personnes atteintes de maladie mentale. Ces travauxont permis d’identifier la perception des gens en regard des façons de nommer les personnes atteintes de troubles de santé mentale (Green et al., 1987 ; Beiser et al., 1987 ;Poulin et Lévesque,1995)ou de mieux comprendre comment les gens identifient et décrivent la maladieainsi que la façon dont ils réagissent à son égard (Bélanger, 2001).  

 

Toutes ces études traitent de la maladie mentale comme un phénomène indifférencié, mais aucune ne porte sur les désignations de la maladie mentale.Nous nousproposonsdonc d'étudier le sens de termes issus de la psychiatrie dans le discours courant, soit celui produit par des non-psychiatres.À partir d’un corpus composé de documents écrits, nous analyseronsle sens des termes bipolaire, paranoïa et psychoseà travers le processus de progression des termes vers l’usage courant. Nous tenterons de voir quels éléments expliquent leur processus de modification sémantique, s'il y a lieu.

La langue française contient un grand nombre de mots dont l’étymologie remonte à un nom propre (proprionyme). Les mots ainsi créés, qu’on nomme onomastismes, abondent tant dans la langue générale que dans les langues de spécialité. Le mot saxophone, par exemple, a été formé à partir du nom de son inventeur, Adolphe Sax. Le mot dahlia a pour sa part été créé en hommage au botaniste suédois Anders Dahl, qui en fit la découverte au XVIIIe siècle.

Derrière la lexicalisation des noms propres se trouvent une histoire et un mécanisme qui touchent des éléments et des règles tantôt linguistiques, tantôt extralinguistiques. Dans le cadre de notre recherche doctorale, nous nous sommes intéressée à l’aspect linguistique des onomastismes. De façon plus précise, nous avons étudié un corpus de 720 onomastismes relevés du Nouveau Petit Robert. Cela nous a d’abord permis de dresser une typologie des modes de formation des onomastismes ainsi que de mesurer la productivité du nom propre à travers les siècles en tant que procédé de formation de noms communs. Nous nous sommes ensuite penchée sur le traitement dictionnairique des onomastismes dans trois dictionnaires français contemporains (le Nouveau Petit Robert, le Petit Larousse illustré et le Dictionnaire Hachette), ce qui nous a permis d’identifier la façon dont les lexicographes répertorient les onomastismes et les critères de sélection qu’ils emploient.

La communication que nous proposons vise à rendre compte des résultats de notre étude.

Au fil des années, les juges, les juristes et les avocats ont développé une logique qui leur est spécifique. Nous appellerons cette logique : la logique du droit. Or, qu’est-ce que la logique du droit ? Cette conférence répondra à cette question et elle démontrera que la logique du droit est un système qui comprend l’ensemble des règles de cohérence utilisées par les juges, les juristes et les avocats. Ce système – lorsqu’il sera explicité à la « manière » des logiciens – permettra d’affirmer, dans un premier temps, qu’un raisonnement juridique est valide ou non valide et il permettra d’affirmer, dans un deuxième temps, qu’une argumentation juridique est valide ou non valide. Or, comment expliciter ce système ? Tout simplement par une analyse logique des raisonnements juridiques. C’est cette analyse logique qui fera ressortir les règles de cohérence utilisées par les juges, les juristes et les avocats, car elle fera ressortir les lois et les contradictions logiques utilisées par ceux-ci. 

Notre objectif pour cette conférence sera de démontrer qu’il est possible de dégager de la pratique des juges, des juristes et des avocats, une logique spécifiquement juridique. La première partie résumera et critiquera le travail de ceux qui nous ont précédé en logique juridique (1). La deuxième partie analysera plusieurs raisonnements juridiques (2). La troisième partie proposera une nouvelle façon de concevoir la logique des juges, des juristes et des avocats (3).

L’écriture inclusive est une nouvelle pratique langagière dont l’usage s’est répandu depuis les années 2000 (Abbou et collab., 2018). Elle désigne « l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques qui [assurent] une égalité de représentations des [genres] » (Haddad, Sebagh et Baric, 2019, p. 4). Étant donné la nouveauté de l’écriture inclusive en français, il nous importe de voir si son usage est uniformisé. Notre question de recherche est la suivante : est-ce que l’utilisation de l’écriture inclusive est standardisée dans les journaux québécois ? La presse écrite retient notre attention parce qu’elle joue un rôle décisif dans « l’adoption ou le rejet de normes langagières » (Haddad et Sebagh dans Viennot, 2018, p. 119).

Nous proposons une étude linguistique d’un corpus d’articles provenant des quotidiens québécois La Presse et Le Devoir. Nous étudierons deux articles par mois par journal entre 2019 et 2022 (total de 192 articles). L’originalité de notre projet de recherche repose sur le fait que les études sur l’usage de l’écriture inclusive, et plus particulièrement sur la standardisation des techniques inclusives dans la presse québécoise, sont très rares, voire inexistantes. Nos résultats préliminaires indiquent que l’usage de l’écriture inclusive n’est pas uniformisé au sein des journaux, dans la mesure où les phénomènes inclusifs varient d’un article à un autre.

Cette communication présentera les résultats de mon mémoire dans lequel j’effectue une analyse discursive de chroniques de langage, soit des articles parus dans la presse et ayant pour objectif premier de corriger la langue. J’analyse les textes de Gérard Dagenais, un chroniqueur de langage influent des années 1960 et 1970, tant pour la quantité de chroniques qu’il a écrites que pour la nature de ses propos puristes (Remysen, 2009; Bouchard, 2002). Dans ses textes, Dagenais privilégie la norme qui a cours en France et s’appuie fréquemment sur le discours d’autres institutions normatives, à commencer par les dictionnaires hexagonaux. Ces derniers servent à alimenter le contenu de ses chroniques ou à justifier ses positions normatives, comme c’est le cas de plusieurs autres chroniques publiées dans la presse québécoise (Prévost, 1996; Gagné, 2004; Pellerin, 2007; Remysen, 2009). J’ai donc analysé quatre chroniques de Dagenais dans le but de comprendre l’exploitation des dictionnaires dans son discours normatif sur la langue française au Québec. Dans cette communication, grâce aux théories de la concession (Vincent et Heisler, 1999 ; Morel, 1996; Moeschel et Spengler, 1982), j’examinerai la valeur d’autorité que Dagenais accorde à ces ouvrages de référence (un dictionnaire par rapport à d’autres ou, plus largement, l’argument d’autorité par rapport à d’autres). Je me pencherai également sur les différents  lieux communs (Amossy, 2010)  relatif aux dictionnaires qu’il invoque.

Il a déjà été démontré que les nourrissons de 7 à 8 mois sont capables de faire la distinction entre deux locuteurs dans leur langue maternelle, mais pas dans une langue étrangère. Ces résultats suggèrent que c’est l’expérience d’une langue qui détermine cette capacité et non les propriétés accoustiques de la parole. Toutefois, les stimuli sonores utilisés dans de telles études sont des voix dites destinées aux adultes. Il a été démontré que les nourrissons sont significativement plus attentifs aux voix dites destinées aux nourrissons. Cette étude a donc tenté de vérifier si un groupe de 40 bébés ayant entre 4 et 13 mois pouvaient associer des voix de mères suisses-allemandes à des personnages en dessin-animés. Pour ce faire, une procédure de la préférence du regard a été utilisée. La mesure était le temps de fixation de chaque personnage à chaque essai. Pour chaque groupe, les analyses statistiques ont montré que les nourrissons ne performaient pas mieux que la chance pour identifier les locuteurs. Suite à ces résultats, un groupe de 40 adultes a été testé avec les mêmes stimuli pour vérifier si la faisabilité de la tâche. Les analyses montrent que la moyenne des adultes était significativement différente du hasard. Pour l’instant, ces résultats suggèrent que l’utilisation de voix destinées aux nourrissons plutôt que des voix destinées aux adultes ne semble pas être un élément assez saillant pour que les groupes de nourrissons puissent réussir à identifier les locuteurs.

Cette communication présente une thèse doctorale soutenue dans le cadre d’un Programme de Doctorat en Sciences de l’Éducation de la Faculté d’Éducation de l’Université de Brasilia, au Brésil. Le référentiel théorique de cette étude dresse une approximation conceptuelle entre la jeunesse et les langues étrangères, ainsi que l’enseignement, l’historique de la législation et des politiques d’enseignement de langue étrangère dans le pays et dans le District Fédéral (DF). Une triangulation méthodologique de l’interprétation des données qualitatives avec la Méthode Documentaire et l’Analyse Conversationnelle a été réalisée. Les résultats de la recherche ont montré que l’étude d’une langue étrangère représente un parcours, des expériences collectives et une projection d’avenir pour les jeunes. Parmi les enseignant(e)s, actifs(ves) ayant moins de 29 ans, nous avons aussi observé qu’ils/elles peuvent être un modèle de réussite professionnelle en faisant état d’une flexibilité et d’une capacité plus grande de s’adapter aux changements. Concernant l’enseignement de langues, nous avons constaté des différences significatives entre les enseignant(e)s qui appartiennent à la première génération de professeurs de langues dans le DF et les jeunes enseignant(e)s d’aujourd’hui. Il en est ressorti respectivement une conception de l’enseignement comme une profession à vie pour les uns et comme un niveau initial d’une autre carrière professionnelle pour les autres.

Le présent projet de recherche vise à élucider quand et comment des personnes plurilingues mobilisent l’écriture, et quelles sont les structures et formes linguistiques qu’elles s’approprient afin de communiquer dans différentes langues à l’écrit, notamment dans les médias électroniques. Dans la plupart des cas, les individus plurilingues n’écrivent pas dans toutes les langues qu’ils pratiquent à l’oral. Les structures linguistiques des littératies dans certains médias de communications électroniques ont été classifiées comme étant plus proches des formes orales de communication.

Dans le cadre du projet, nous partons de l’hypothèse suivante : La pratique écrite informelle dans les médias électroniques engendre moins d’insécurité linguistique, de telle sorte que les individus plurilingues mobilisent une plus grande partie de leur répertoire langagier en écrivant dans ces médias que dans les médias graphiques traditionnels (non-électroniques).

Pour examiner cette hypothèse à l’exemple des immigrant-e-s moldaves à Montréal, nous choisissons un approche ethnographique qui combine plusieurs approches méthodologiques : des questionnaires, des entretiens semi-structurés portant sur les biographies langagières et les « technobiographies », la documentation de pratiques écrites dans un journal de bord, la collection et l’analyse de textes produits dans la période de documentation, ainsi qu’une « visite commentée » des médias socionumériques.

 

Apprendre à utiliser correctement l’opposition sémantique « canté / he cantado » (je chantai / j’ai chanté) peut s’avérer une tâche ardue pour les apprenants de l’espagnol langue étrangère dont la langue maternelle est le français (Brisson: 1999). Cette difficulté a son origine, d’une part, du fait que cette distinction n’est plus fonctionnelle dans la langue orale du français. Ces deux effets de sens (aoristique et accompli respectivement) sont traduits en surface par une seule forme, «J’ai chanté», correspondant au passé composé (Gosselin: 1996).

Cette proposition présente les résultats de notre recherche basée sur la participation de 79 étudiants universitaires francophones. Notre recherche avait deux volets: évaluation (prétest et post-test) et intervention (deux ateliers). Dans la partie évaluative, nous voulions savoir si, au niveau cognitif, les locuteurs francophones peuvent saisir la différence sémantique malgré la disparition de la dichotomie formelle. Les résultats nous indiquent que le locuteur francophone fait encore une discrimination entre un sens ou l’autre. Le post-test avait pour objectif de vérifier l’apprentissage de trois habiletés distinctes : a) associer une forme à un contexte approprié (taux de réussite de 70%) ; b) identifier les marques de temps qui régissent l’usage du PPS et du PPC (taux de réussite, 60%) ; et c) comprendre le sens véhiculé par chaque forme verbale (taux de réussite de 80%).



 L'ANL a été conçue au Canada par Claude Germain et Joan Netten dans le contexte de l’influence grandissante des neurosciences dans le domaine de l’éducation. Elle repose principalement sur les recherches de Michel Paradis (2004, 2009), de Nick Ellis (2008) et de Norman Segalowitz (2010).

L’ANL s’appuie sur l’idée de développer de manière indépendante, en salle de classe, les deux composantes de toutecommunicationeffective : i) unecompétenceimplicite, ou l’habileté à utiliser spontanément, à l’oral, une L2/LE; ii)  le savoir explicite, ou la conscientisation de la façon dont une langue fonctionne, les règles degrammaireet levocabulaire. Cette dimension de l’approche est basée sur les recherches de Paradis (2009) et de Nick Ellis (2008). En effet, les recherches de Paradis font une nette distinction entre le savoir explicite, ou grammaire externe, qui est le savoir conscient au sujet d’une L2/LÉ, qui relève de la mémoire déclarative, et la compétence implicite, qui relève de la mémoire procédurale.

Nous aimerions présenter ici les résultats de l’application de l’ANL dans des classes d’ELE et FLE à l’Université du Québec à Montreal en 2014 et 2015. Nous présentons un exemple d’unité pédagogique en ELE et en FLE, des analyses de productions orales, notamment au niveau de la fluidité acquise. Nous nous proposons également de discuter des difficultés rencontrées en classe et dans la préparation des unités didactiques et des stratégies mises en place pour les surmonter.



Les apprenants du français langue seconde (L2) d’origine hispanophone éprouvent de la difficulté à percevoir /b/ et /v/. Selon le modèle d’assimilation en langue seconde (Best et Tyler, 2007), cette difficulté s’explique par l’absence du phonème /v/ en espagnol. L’apprenant assimilerait alors les deux phones de la L2 à une catégorie de la langue première (L1). Cependant, des observations empiriques montrent que les apprenants d’origine hispanophone, malgré leur difficulté à percevoir le contraste entre /b/ et /v/, produisent cette distinction sur le plan phonétique. La recherche sur l’acquisition de la phonologie en L2 montre que l’input écrit peut affecter la prononciation en L2 (Bassetti, 2008). Cette communication présente les résultats d’une étude menée à Montréal dont le but était d’observer l’effet de l’input écrit sur la prononciation du phonème /v/ chez les hispanophones. Cet effet a été observé chez 60 participants à l’aide de quatre tâches proposées dans des conditions différentes. Les résultats préliminaires montrent que malgré la difficulté en perception, les hispanophones sont capables de réaliser [v] lorsqu’ils connaissent la relation graphème <v> phonème /v/. Des analyses acoustiques réalisées avec PRAAT ont permis d’observer que certains participants associent chaque phonème /b/ et /v/ à une catégorie phonétique différente, mais leurs gestes articulatoires n’étant pas encore bien acquis, ils produisent un [v] occlusif labiodental voisé (plutôt qu’une fricative).

La notion d’accent est complexe car elle recouvre deux phénomènes parfois difficiles à distinguer : la variation dialectale du locuteur natif et le parler du locuteur non-natif (Goslin, Duffy, & Floccia, 2012). La différence est particulièrement ténue en ce qui concerne la perception des propriétés acoustiques telles la prosodie et la durée des segments (Aoyam & Guion, 2007).
De plus, on note des variations intra-individuelles entre L1 et L2 au niveau de  la hauteur des formants (Chen, 2009;
Sereno & Wang, 2007). La présente étude s’intéresse à la capacité à percevoir les différences L1 et L2 de caractéristiques phonologiques de longueur et de hauteur d’émissions sonores de source non vocale, domaine relativement peu exploré (Pichette, 2013). Un total de 15 adultes francophones seront soumis à des tests de différentiation perceptuelle d’émissions
éructatives et flatulentielles basée sur la technique éprouvée du Matched-guise (Lambert, 1967), administré individuellement, par l’écoute de 10 émissions présentées aléatoirement pour chaque personne. L’exactitude de l’identification de même que le temps de réponse serviront à comparer les sous-groupes. L’hypothèse de recherche veut que les marqueurs dialectaux et non-natifs soient moindres pour ces formes de production sonores.

Les variétés d’anglais, d’espagnol et de portugais d’Amérique présentent depuis longtemps des traits linguistiques les distinguant de leurs contreparties européennes. Ne faisant pas exception à cette tendance, les français d’ici demeurent toutefois stigmatisés puisque souvent associés au parler des classes populaires ou à des styles 'trop informels'. Le français laurentien, en usage chez les Québécois et leurs descendants en Ontario et dans l’Ouest canadien, n’est pourtant pas exempt de registres soutenus, dont l’essentiel reste à décrire et à modéliser.

Dans cette communication, je pose les balises de l’usage du français laurentien que font les élites culturelles du Québec en contextes (semi-)formels, en me basant sur un corpus télévisuel récent tiré de deux émissions, On prend toujours un train et Le Point, diffusées sur les ondes de Radio-Canada. À la lumière d’analyses quantitatives issues de la sociolinguistique variationniste, je démontre que l’usage soutenu d’ici ne se distingue que peu de celui de la France hexagonale en ce qui a trait à trois variables morphosyntaxiques : l’alternance des auxiliaires (p.ex., il est / a monté), la négation verbale (p.ex., tu ne / Ø ris pas) et la référence temporelle au futur (p.ex., on arrivera / va arriver). En examinant la variation socio-stylistique en français canadien du 21e siècle, la présente étude offre une contribution utile tant pour la sociolinguistique française que pour l’enseignement de l'oral en contexte nord-américain.

Notre objectif est de caractériser sur le plan linguistique des unités lexicales émergentes contenues dans des textes de mentations (ang. dream mentation). L'étude des mentations en cours de sommeil pose d'importants défis méthodologiques, notamment celui de l'observation indirecte par le biais de locuteurs dont l'expertise cognitive (Kahan 2011, 2012) et l'honnêteté présentent une variabilité. Nous avons considéré les expériences mentales en cours de sommeil à partir de leur reconstruction textuelle (Kilroe 2000, Zanazi 2010). Quinze structures lexicales obtenues par appel auprès de locuteurs du français ou de l'anglais ont ainsi été étudiées. Elles ont été liées à trois types de structures émergentes: les paraphasies, les lapsus et les néologismes. Nous proposons d'abord une taxonomie qui permet de faire ressortir que les unités lexicales contenues dans les textes de mentations sont la plupart du temps créatives, c'est-à-dire nouvelles et appropriées (Karkhurin, 2009; Kamplys et Vantalen, 2010) sur les plan formel et sémantique. Nous décrivons les opérations de déplacement, d'inversion, de suppression et d'addition (groupe µ 1982) qui rendent compte de leur création sur le plan morpho-phonologique. Nous suggérons enfin que certaines structures (amalgames) contribuent à la création de forme et de signification nouvelles par intégration conceptuelle, une opération mentale qui permet la combinaison (Fauconnier et Turner 2002) d'éléments convergents.

Steven Pinker et Paul Bloom (1990), deux représentants de la psychologie évolutionniste, soutiennent que le langage humain est une adaptation biologique ayant pour fonction la communication. Selon eux, deux critères nous autorisent à invoquer la sélection naturelle pour expliquer l’évolution d’un trait : 1) la présence d’un design complexe permettant l’accomplissement d’une certaine fonction, et 2) l’absence d’autres processus évolutifs permettant d’expliquer la complexité en question. Pinker et Bloom avancent des arguments pour démontrer que le cas du langage répond à ces deux critères et répondent aux objections de ceux qui voient une incompatibilité entre l’évolution du langage par sélection naturelle et certains principes de la théorie évolutionniste. En nous inspirant de la philosophie des sciences, nous ferons ici ressortir quelques présupposés problématiques de la position de Pinker et Bloom. Nous nous appuierons principalement sur la critique de la psychologie évolutionniste faite par Robert C. Richardson (2007). Nous examinerons le cadre théorique et méthodologique adopté par Pinker et Bloom, en nous interrogeant tout particulièrement sur ce qui constitue une bonne explication offerte en termes d’adaptation biologique.



Le pouvoir associatif de la langue devient souvent un instrument de dissociation. Dans les relations entre interlocuteurs, on constate des modes d'interaction qui oscillent entre l'hospitalité et l'hostilité. Par « hostilité linguistique », on entend l'aversion à la présence d'une autre langue, ou de certaines de ses caractéristiques. Dans les sociétés marquées par leur passé colonial, les locuteurs de l'espagnol ont tendance à mépriser les locuteurs des langues originaires. Par « hospitalité linguistique », on entend une relation de mutuelle reconnaissance et de réciprocité entre les langues. En prenant le cas de trois migrants issus de différents peuples natifs (quechua, aymara et mapuche), nous présentons leur expérience et leur perception de la discrimination linguistique et de l'acceptation mutuelle, tout en identifiant des traits linguistiques de leurs discours attribuables à la situation de contact : instabilité des voyelles i/e et o/u; neutralisation du genre et du nombre; fréquence élevée de l'utilisation des diminutifs. Tous ces phénomènes, associés à l'origine de leurs locuteurs, prédisposent à l'exercice de la discrimination; mais aussi quelques traits du contact ont été adoptés par une bonne partie des hispanophones monolingues non migrants. Bref, l'étude montre comment le contact linguistique opère dans la dynamique des sociétés racialement hiérarchisées, traversé par les hostilités et les hospitalités.

Cet exposé apportera une explication plus adéquate du contrôle en anglais et en français, en partant d’une description plus adéquate du signifié des unités linguistiques en jeu : l’infinitif, le gérondif et les prépositions to, à et de, complétée par des processus pragmatiques (Duffley 2006). Face aux approches purement formelles (Boeckx, Hornstein et Nunes 2010) ou purement notionnelles (Culicover et Jackendoff 2005), une analyse sera proposée qui est fondée sur la fonction sémiologique du langage, à savoir celle de permettre la symbolisation de conceptualisations au moyen de séquences phonologiques. Il sera démontré que cette analyse peut rendre compte de phénomènes de contrôle non expliqués par d’autres approches tels : (1) le fait que la séquence verbe + to + infinitif implique invariablement contrôle par le sujet, alors que la structure verbe + gérondif se caractérise par la variabilité du contrôle (The doctor enjoyed/recommended working out three times a week) ; (2) le fait que la séquence verbe + to + infinitif en anglais implique invariablement contrôle par le sujet, alors que la structure verbe + to + gérondif  permet le non contrôle par le sujet (He agreed to kill bin Laden/killing bin Laden) ; (3) le fait les séquences verbe + infinitif et verbe + à + infinitif impliquent invariablement contrôle par le sujet (Elle veut/cherche à s’en sortir), alors que la structure verbe + de + infinitif  permet le non contrôle par le sujet (Il a décidé/suggéré de démissionner).

On note depuis longtemps que la voyelle /ɔ/ est souvent antériorisée en français européen (Martinet 1969), un phénomème qui date du XVIIe siècle (Boula de Mareüil et al. 2010). Cette étude en temps apparent vise établir si le devancement de /ɔ/ se produit également en contexte canadien, étant donné la période de colonisation du Canada. D’autant plus, le fait que seulement /ɔ/ est antériorisé surprend d’un point de vue trans-linguistique; si une seule voyelle participe à un tel processus, c’est normalement /u/ et non /ɔ/ (Labov, 1994). Nous comparons donc les trois voyelles postérieures non-basses – soit /ɔ/, /o/ et /u/ – pour voir si le phénomène n’est pas unique à /ɔ/. Si les autres voyelles sont également devancées, nous visons identifier les facteurs qui font en sorte que ce n’est que /ɔ/ qui est antériorisé de façon perceptible.

À partir d’une analyse statistique du F2 de 23 000 cas d’une voyelle-cible en parole spontanée, nous trouvons que toutes les trois voyelles sont de plus en plus devancées en français laurentien. Par contre, la voyelle /ɔ/ se distingue de /o/ et de /u/ en étant plus antérieure non là où on s’attendrait à une réduction vocalique (amplitude réduite, courte durée, F0 bas), mais plutôt en étant plus devancée lorsqu’elle est plus proéminente que dans ces cas-là. Ce résultat propose une explication au fait que /ɔ/ est la seule voyelle typiquement décrite comme étant antériorisée : seul son devancement a lieu quand la voyelle est plus perceptible.