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 Les unités lexicales à charge culturelle, c'est-à-dire celles qui peuvent porter en elles un poids culturel qui les rendraient opaques aux personnes de cultures différentes, touchent plusieurs domaines. Des catégories sont établies par les linguistes qui se sont penchés sur la question. Selon Surmont (2000:193-194), les domaines « [...] sont entre autres les événements historiques, les fêtes calendaires, l'éducation, la politique, l'économie, le droit, les unités de temps, la technologie, les devises, l'histoire littéraire, les croyances, les coutumes, les institutions, les activités artisanales ou agricole[...]» Dans cette présentation, nous proposons une analyse du traitement lexicographique des entrées relevant du domaine de l'éducation, un domaine culturel par excellence. Il s'agit de dresser un portrait des différentes stratégies auxquelles les lexicographes ont recours afin de proposer un équivalent  en langue cible d'entrées non seulement similaires dans les deux cultures, mais aussi de celles qui sont porteuses d'une culture inexistante ou vécue différemment. L'ouvrage de référence soumis à l'étude est le Grand Robert et Collins 2008. Les recherches ont démontré que les procédés sont multiples. Nous retrouvons des équivalents dénotatifs (traduction directe de l'entrée, un emprunt ou une glose), des équivalents connotatifs (équivalent culturel ou une approximation culturelle) ou une combinaison d'équivalents dénotatifs et d'équivalents connotatifs.

Dans les 40 dernières années, l’alternance entre les marqueurs de conséquence (ça) fait que/donc/alors a fait l’objet de nombreuses études basées sur des corpus de français laurentien (entre autres Dessureault-Dober 1974, Thibault et Daveluy 1989, Mougeon et Beniak 1991, Blondeau et al. 2018). Néanmoins, aucune ne s’est penchée sur ces marqueurs en discours plus soutenu.

            Dans cette communication, nous présentons une analyse variationniste évaluant l’impact du degré de formalité sur les marqueurs de conséquences. Les données proviennent d’entrevues avec 32 personnalités publiques québécoises, diffusées dans le cadre de deux émissions télévisuelles. Les résultats montrent que la distribution des formes en discours plus soutenu se distingue des tendances relevées dans les études antérieures: les trois formes sont employées dans des proportions égales dans les entrevues semi-formelles (N=341), mais (ça) fait que, connecteur majoritaire dans les vernaculaires québécois, est très peu employé par les locuteurs qui sont vouvoyés. De plus, l’analyse comparative de 8 locuteurs ayant participé aux deux émissions révèle une différence significative entre les contextes, en particulier chez deux hommes qui emploient alors comme marqueur de formalité.

            En mesurant l’influence de la formalité sur les productions réelles des locuteurs, la présente étude sociolinguistique offre des pistes didactiques pertinentes pour l’enseignement du français en contexte nord-américain.

En français, les noms à voyelle-initiale sont généralement prononcés avec différentes consonnes initiales (par ex., un /n/avion, des /z/avions, etc.) dû à des contextes de liaisons variables. Cette étude examine l’encodage des formes des noms à voyelle-initiale chez les enfants de 30 mois. Nous utilisons un eye-tracker où chaque essai présente les images de deux objets (gauche-droite) alors qu’un objet est nommé (par ex., « Oh regarde, joli avion »). Le regard de l’enfant sur les objets est enregistré en ligne à une résolution de 16 msec. Nous avons 2 types d’essais. Le premier présente les formes correctes à voyelle-initiale (par ex. joli avion) et à z-initiale (par ex. jolis /z/avions). Le deuxième, les formes incorrectes, présente une intrusion d’une consonne de liaison /t/ (par ex. joli /t/avion, dérivé de : petit /t/avion) et une consonne /g/ non reliée à la liaison (par ex. joli /g/avion). Les résultats (20 enfants) montrent qu’à 0,5 sec après le début du nom, les enfants reconnaissent l’objet nommé dans les essais de « formes correctes ». La reconnaissance de l’objet nommé est retardée dans les essais de /t/, et encore plus retardée (après 1.7 sec) dans les essais de /g/. Ceci suppose que les enfants de 30 mois ont une certaine connaissance des liaisons. Bien que les noms à voyelle-initiale (par ex. avion) soient rarement prononcés sans consonne-initiale (par ex. joli/demi avion) dans la parole de parents, les enfants ont appris à encoder ces formes à voyelle-initiale.

Il a été démontré que la rétroaction auditive joue un rôle majeur dans la production de la parole. Chez les individus sourds profonds pour qui l’utilisation d’une prothèse auditive n’a pas les effets escomptés ou n’est pas possible, l’implant cochléaire est proposé. Considérant l’importance de la rétroaction auditive dans la production de la parole, qu’advient-il de la production vocalique en contexte de rétroaction auditive déficiente? Cinq adultes ayant une audition normale et cinq adultes sourds porteurs d’un implant cochléaire ont été enregistrés en contexte de production de la voyelle / u /. Des mesures acoustiques relevant des formants 1 (F1) et 2 (F2) et de la fréquence fondamentale (F0) ont été effectuées. De plus, des données articulatoires provenant d’un système d’imagerie par ultrasons ont été recueillies afin de permettre l’analyse du contour sagittal médian de la langue. Globalement, les résultats suggèrent que la rétroaction auditive joue un rôle important dans la production de la parole.

Je propose une communication sur les constructions applicatives en inuktitut. Conformément à l’hypothèse typologique de Pylkkänen (2002), la langue présente les deux types de construction applicative: les constructions hautes, qui lient un argument à un événement (p.ex. un bénéficiaire), et les constructions basses, qui expriment un transfert de possession de l’argument interne à partir ou en direction d’un argument oblique. La présentation compte trois objectifs et porte plus particulièrement sur le type de construction basse. Premièrement, les constructions applicatives de la langue sont décrites. Deuxièmement, trois tests morphosyntaxiques menés sur les constructions basses sont exposés tour à tour. Troisièmement, une analyse approfondie des propriétés et de l’interprétation de l’argument oblique dans les constructions basses est effectuée. L’examen des données suggère que les têtes applicatives basse et haute aient la même position structurale au-dessus de VP, contrairement à la proposition de Pylkkänen (2002) mais comme Georgala et coll. (2008) affirment aussi. De plus, l’analyse démontre qu’une approche non dérivationnelle des constructions basses est plus appropriée, cette fois-ci à l’instar de Pylkkänen (2002) mais à l’inverse de Georgala et coll. (2008). Crucialement, toutefois, l’exposé propose une nouvelle hypothèse quant à l’interprétation de l’argument oblique dans les constructions applicatives basses, celle d’une entité affectée collatéralement.          

Le Québec accueille annuellement environ 50 000 immigrants d’origines diverses, dont la moitié est allophone (Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, 2011). Ces allophones doivent atteindre un niveau de français suffisant leur permettant de s’intégrer au marché de l’emploi ou de poursuivre des études. L’Université du Québec à Montréal offre un programme de français langue seconde. Afin de faciliter l’intégration des immigrants, d’une part, et l’élargissement des compétences interculturelles de futurs professionnels, d’autre part, sont organisées des activités (appelées « jumelage interculturels ») entre de nouveaux arrivants étudiant le français langue seconde et des étudiants des programmes d’éducation, de carriérologie, de psychologie ou de travail social. Bien au-delà du jumelage linguistique (activité plus répandue), le jumelage interculturel permet l’échange entre porteurs de culture. Comment s’inscrit cette activité dans le cadre des cours de FLS? Quelle démarche est préconisée? Depuis plus de 10 ans, il est question de la perspective actionnelle et de didactique des langues-cultures. Après avoir fait un survol du cadre conceptuel dans lequel s’inscrit le jumelage (objectifs, approche préconisée, compétences de communication interculturelle), sera présenté le déroulement d’une activité réalisée dans le cadre d’un cours de communication écrite en FLS pour terminer avec la présentation des résultats d’un sondage effectué dans ce même cours.



Traditionnellement, il y a eu des problèmes pour s’approprier du registre informel. Ces problèmes sont causés parce que les apprenants ont rarement l’occasion d’utiliser leur langue cible comme un instrument  authentique de communication. Malgré les efforts des professeurs de FLE de l’Université Centrale « Marta Abreu » de Las Villas, les étudiants de la Licence de Langue Anglaise, option Langue Française ne développent pas complètement leurs compétences communicatives langagières car le registre informel reste insuffisant dans les contenus pédagogiques du cours de FLE. Pour cette raison, nous proposons un système d’activités de compréhension et production orales pour renforcer le développement des compétences communicatives langagières à partir de l’exploitation du registre informel du français. Ces activités sont destinées à des apprenants de niveaux B1-B2. Le document authentique à exploiter dans les activités sont les films, choisis en tenant compte de quatre critères fondamentaux : nationalité ; année de réalisation et époque où le film se déroule; fonction didactique; et fonction pragmatique. Cette étude contribuera à un développement plus efficace de compétences communicatives langagières des apprenants. En outre, cette recherche offrira une autre façon de rapprocher les apprenants à la culture cible à travers du langage. Cela rendra possible aussi le développement des compétences générales individuelles, ainsi que la préparation interculturelle des apprenants.

Cette contribution propose une étude acoustique, auditive et perceptive de la voyelle /ɛ/ en finale absolue. Les 480 occurrences analysées ont été produites en contexte formel (lecture en chambre sourde) par 40 jeunes universitaires originaires des villes de Saguenay et de Québec. L’analyse acoustique des caractéristiques spectrales (fréquence fondamentale et 3 premiers formants) des voyelles atteste d’une distinction très nette des occurrences en fonction de l’origine géographique des locuteurs : les Saguenéens produisent des /ɛ/ finaux présentant un plus haut degré d’aperture. Puisqu’à notre connaissance, un tel résultat n’a jamais été rapporté dans la littérature, un accord inter-juges a été effectué : 5 auditeurs expérimentés ont confirmé que le timbre des occurrences produites par les locuteurs de Saguenay était majoritairement plus ouvert. 20 auditeurs naïfs de Saguenay et de Québec ont également été soumis à deux tests de perception dont les résultats sont en cours de dépouillement. Le premier test, de type AXB, visait à évaluer la sensibilité des auditeurs à cette fine variation phonétique. Dans le second, ils étaient amenés à identifier l’origine géographique des locuteurs d’après leur prononciation de la voyelle /ɛ/. Ces tests ont pour objectif de vérifier si des auditeurs naïfs perçoivent l’ouverture du /ɛ/ et s’ils sont en mesure d’établir le lien attesté par nos résultats acoustiques et auditifs entre cette variation et l’origine géographique des locuteurs.

Nous présentons le projet QALB (Qatar Arabic Language Bank) qui porte sur la création d’un corpus en langue arabe de 2 millions de mots annotés manuellement avec les erreurs et leurs corrections (orthographe, syntaxe, grammaire, ponctuation et l’usage des dialectes). Le deuxième volet de ce projet porte sur la création d’un système de correction automatique des erreurs pour la langue arabe.

Afin de couvrir une plus grande variété de textes, le corpus couvre trois sources : commentaires sur des articles en ligne par des lecteurs du site Aljazeera.net, des travaux d’étudiants natifs arabophones, des travaux d’apprenants de l’arabe ainsi qu’un ensemble de textes de Wikipédia traduits automatiquement de l’anglais vers l’arabe.
L’annotation manuelle d’un corpus de 2 millions de mots présente plusieurs défis. Tout d'abord, nous avons rédigé un manuel d’annotation d’une centaine de pages afin de guider l’équipe d’annotateurs dans leur tâche et pour les aider à produire une annotation consistante. Ensuite, plusieurs séances de formation ont été nécessaires pour former l’équipe d’annotateurs.

Afin de s’assurer de la qualité de l’annotation durant ce projet, des mesures d’accords inter-annotateurs sont prises régulièrement d’une manière aléatoire. L’accord moyen inter-annotateurs est de l’ordre de 95%, ce qui prouve que les guides d’annotation ont été bien appliqués par les annotateurs durant ce projet.

Maladie bipolaire.Paranoïa. Psychose.La lecture de ces termes évoque des représentationspropres au contexte social dans lequel nous nous trouvons.En effet, comme la maladie mentale est à la fois interprétée et construite socialement, les façons de se la représenter varient d’un groupe à l’autre (Bélanger, 2001).  

 

Les précédentes études au sujet des représentations de la maladie mentale au sein de la société québécoise ont principalement porté sur les personnes atteintes de maladie mentale. Ces travauxont permis d’identifier la perception des gens en regard des façons de nommer les personnes atteintes de troubles de santé mentale (Green et al., 1987 ; Beiser et al., 1987 ;Poulin et Lévesque,1995)ou de mieux comprendre comment les gens identifient et décrivent la maladieainsi que la façon dont ils réagissent à son égard (Bélanger, 2001).  

 

Toutes ces études traitent de la maladie mentale comme un phénomène indifférencié, mais aucune ne porte sur les désignations de la maladie mentale.Nous nousproposonsdonc d'étudier le sens de termes issus de la psychiatrie dans le discours courant, soit celui produit par des non-psychiatres.À partir d’un corpus composé de documents écrits, nous analyseronsle sens des termes bipolaire, paranoïa et psychoseà travers le processus de progression des termes vers l’usage courant. Nous tenterons de voir quels éléments expliquent leur processus de modification sémantique, s'il y a lieu.

La langue française contient un grand nombre de mots dont l’étymologie remonte à un nom propre (proprionyme). Les mots ainsi créés, qu’on nomme onomastismes, abondent tant dans la langue générale que dans les langues de spécialité. Le mot saxophone, par exemple, a été formé à partir du nom de son inventeur, Adolphe Sax. Le mot dahlia a pour sa part été créé en hommage au botaniste suédois Anders Dahl, qui en fit la découverte au XVIIIe siècle.

Derrière la lexicalisation des noms propres se trouvent une histoire et un mécanisme qui touchent des éléments et des règles tantôt linguistiques, tantôt extralinguistiques. Dans le cadre de notre recherche doctorale, nous nous sommes intéressée à l’aspect linguistique des onomastismes. De façon plus précise, nous avons étudié un corpus de 720 onomastismes relevés du Nouveau Petit Robert. Cela nous a d’abord permis de dresser une typologie des modes de formation des onomastismes ainsi que de mesurer la productivité du nom propre à travers les siècles en tant que procédé de formation de noms communs. Nous nous sommes ensuite penchée sur le traitement dictionnairique des onomastismes dans trois dictionnaires français contemporains (le Nouveau Petit Robert, le Petit Larousse illustré et le Dictionnaire Hachette), ce qui nous a permis d’identifier la façon dont les lexicographes répertorient les onomastismes et les critères de sélection qu’ils emploient.

La communication que nous proposons vise à rendre compte des résultats de notre étude.

Nous proposons une analyse de la grammaire du nīhithawīwin (cri du bois) de Joseph Howse (1844), considérée comme la première grammaire du cri (Wolfart 1985). Une esquisse biographique et une présentation de la philologie indianiste au XIXème siècle permettront d’abord de situer l’ouvrage dans son contexte, avant de présenter la structure de la grammaire et le système orthographique utilisé. Nous nous concentrerons ensuite sur le traitement des données morphosyntaxiques et notamment de la morphologie verbale, avec une attention particulière sur la façon dont l'auteur analyse les caractéristiques typologiques propres au cri tel que le polysynthétisme. Nous montrerons que malgré l’influence du modèle latin, le travail de distanciation de l'auteur par rapport aux catégories grammaticales traditionnelles est remarquable pour un premier travail de description. Enfin, nous essayerons de mettre en relief la pensée philosophique et linguistique de Howse et verrons que son œuvre se situe à mi-chemin entre une conception utilitaire de l’étude philologique, incarnée par la linguistique missionnaire, et une approche scientifique de description linguistique influencée par le comparativisme.

Références

Howse, J. (1844). A grammar of the Cree Language; with which is combined an analysis of the chippeway dialect. London, J. G. F. & J. Rivington.

Wolfart, H. C. (1985). Joseph Howse. Dictionary of Canadian Biography. F. G. Halpenny. University of Toronto Press. 8: 411-414.

S’inscrivant dans le courant d’un renouveau des études sur la sophistique amorcé depuis les années 1950, cette présentation propose une interprétation possible de la pensée de Gorgias de Léontinoi (480-375 av. J.-C.) à partir d’une comparaison avec la pensée du philosophe contemporain Willard van Orman Quine (1908-2000). Traditionnellement considéré comme un auteur mineur dont on peut douter du sérieux de la pensée et dont la seule valeur historique est d’incarner la figure par excellence du sophiste, en raison notamment du discrédit jeté sur lui par Platon, Gorgias est l’auteur d’un traité sur le non-être composé de trois thèses qui, prises au pied de la lettre, tendent à confirmer cette opinion défavorable : 1) rien n’est; 2) si quelque chose était, ce serait inconnaissable; 3) si quelque chose était et que c’était connaissable, nous ne pourrions le communiquer à autrui. Or si ces thèses ne peuvent en effet que laisser perplexe au premier abord, une comparaison attentive avec trois thèses parallèles formulées par Quine dans les années 1950 et 1960 (la relativité ontologique, la sous-détermination empirique des théories et l’inscrutabilité de la référence) permettra de jeter une nouvelle lumière sur la pensée du rhéteur de Léontinoi et de démontrer qu’il est possible d’y déceler une conception ontologique, épistémologique et langagière complexe et subtile, n’ayant en vérité rien à envier aux théories contemporaines les plus abouties.

Depuis quelques années, la théorie sémiotique a exploré le territoire des signes en relation aux faits sociaux. Le concept de sociosémiotique s’est alors imposé dans la recherche sémiotique à partir de certains ouvrages de sémiologie française (Landowsky [1989], Greimas [1976]) et italienne (Pozzato [1992, 1998, 1999]). Au Québec, cette question, en plus des enjeux épistémologiques qu’elle soulève au sein de la sémiologie générale, est pourtant laissée pour compte. La sociosémiotique n’est pas une application élargie des méthodes de la sociolinguistique (Klinkemberg [1996]), mais plutôt l’étude des conditions de possibilité du social. Ainsi, le social ne serait pas une donnée empirique à l’état brut, mais un effet de sens construit par des processus particuliers (Marrone [2001]).

L’objet principal de la sémiologie est la relation entre deux termes (expression et contenu) construite par les agents cognitifs: la signification. Notre thèse cherchera alors à démontrer en quelle mesure ce lien est socialisé, par exemple via des institutions et des codes sociaux et collectifs qui caractérisent la signification comme étant supra-individuelle.

Le but de notre communication sera à la fois d’ouvrir ce débat au Québec et d’illustrer les principaux concepts théoriques à travers une analyse concrète du printemps érable, afin de répondre au principal défi de la sociosémiotique: construire le chaînon manquant entre philosophie du langage et analyse des phénomènes sociaux (Fabbri [1998]).

Zatorre et Gandour (2008) montrent que le traitement des variations de pitch dans la langue est latéralisé dans l'hémisphère droit du cerveau chez les locuteurs de langues non-tonales (LNT, ex. français, anglais), et dans le gauche chez les locuteurs de langues tonales (ex. chinois). Avec les théories de Patel (2003, 2011) sur les liens musique-langage, on peut se demander si l’expertise musicale influence la capacité à percevoir les variations de pitch du mandarin chez les locuteurs de LNT. Plusieurs études appuient cette hypothèse (Marie et al., 2011; etc.) mais négligent 2 aspects: le temps de réaction et le traitement sémantique par les sujets chinois. Ces études utilisent la syllabe comme support pour les tons. Or, toute syllabe C+V+ton pouvant avoir un sens en mandarin, les sujets chinois risquent d’être plus lents et de faire plus d’erreurs, parce qu’ils tenteraient d’extraire un sens de chaque stimulus.

Pour cette étude, nos sujets (musiciens, non-musiciens, chinois) ont effectué une tâche pareil/différent, consistant en 28 paires de suites de 4 tons purs (i.e. sans support C+V) du mandarin. Nos résultats montrent que les musiciens et les chinois ont en moyenne un nombre de bonnes réponses et un temps de réaction similaires, alors que les non-musiciens ont moins bien performé. Ces résultats corroborent les conclusions de la littérature existante à ce sujet. Effectuer l’étude avec plus de stimuli et plus de participants pourrait offrir des résultats plus significatifs.

La sociolinguistique a bien montré que, du point de vue linguistique et fonctionnel, toutes les variétés d’une langue s’équivalent. Cette idée a fait son chemin au point où de plus en plus de personnes conçoivent le français comme étant une langue pluricentrique où les normes endogènes de la francophonie (p.ex. du Québec) côtoient la norme exogène du « centre » (de la France). Or, cette valorisation a ses limites, comme le montre le cas du doublage québécois. Bien que les Québécois veuillent se reconnaître dans la langue des films doublés, l'Union des Artistes considère que le doublage doit être fait dans un français international neutre qui, selon elle, ne laisserait transparaitre que quelques particularités de la culture québécoise.

L’objectif de cette étude est de savoir si les Québécois sont en mesure de reconnaître un doublage fait au Québec. 296 énoncés extraits de 5 films américains préalablement sélectionnés ont été présentés à des participants âgés de 19 à 39 ans (n=40) à l’aide du logiciel de perception Parsour. Ceux-ci devaient écouter les énoncés et dire s’il s’agissait d’un extrait de la version québécoise ou française. Les résultats démontrent que l’accent québécois est souvent confondu avec l’accent français. Une analyse des énoncés en fonction de leurs caractéristiques linguistiques permettra de déterminer ce qui contribue à la perception d’un énoncé donné comme étant québécois ou français.

Les clitiques du serbo-croate dans le cadre du programme minimaliste

Les clitiques qui sont gouvernés par la loi de Wackernagel occupent nécessairement la deuxième position au sein d'un énoncé. Un tel comportement des clitiques est bien observable en serbo-croate (Brown, 1974, 2004, 2014).

     Plusieurs auteurs soulignent que les clitiques dans cette langue apparaissent toujours soit après le premier mot prosodique, soit après le syntagme entier placé en tête de phrase. Ces particules dépendent ainsi prosodiquement de l'élément phonologique ou syntaxique auquel ils s'attachent et avec lequel ils ne partagent pas nécessairement de propriétés sémantiques ou syntaxiques. En raison de cela, de nombreux chercheurs ont proposé que les clitiques du serbo-croate obéissent soit aux lois prosodiques, soit aux lois syntaxiques, soit aux lois morphologiques semant ainsi une grande confusion en ce qui a trait au traitement de ces particules.

     Contrairement à cela, nous démontrerons, dans le cadre du Programme Minimaliste, qu'un nouveau regard sur les données proposées dans la littérature révèle un lien entre les clitiques et le trait EPP (Extended Projection Principle) tel que proposé par Chomsky (2015, 2001, 2000, 1995) peu importe s’il s’agit des clitiques auxiliaires, pronominaux ou phrastiques et que, bien qu'ils puissent créer une unité prosodique avec plusieurs constituants syntaxiques, ce sont uniquement les verbes principaux qui leur servent d'hôte.  

 

La plupart des phrases contiennent plusieurs types de significations: le point principal, ce qu’on présuppose/implicite, divers points secondaires ou « a-partés », la source de l’information, notre engagement par rapport au contenu, comment on se sent vers le sujet, etc. Les participants à une conversation peuvent exprimer leur désaccord avec n’importe quelle signification, mais cela ne se fait pas toujours de la même manière. Par exemple, plusieurs chercheurs, suivant Von Fintel 2004 et Simons et al. 2011, croient qu’il existe un contraste entre (1b) qui réfute l’assertion de (1a), et (1c) qui réfute sa présupposition.

(1) a. Personne 1: John est à nouveau au zoo.

     b. Personne 2: Non, il est malade chez lui.

     c. Personne 2: # Non, il n'a jamais été au zoo jusqu'à présent.

Cette comminication vise à répondre aux questions suivantes: (i) Quelles sont les  significations qui peuvent être directement réfutées, et (ii) quelles sont les propriétés qui déterminent si une signification peut être directement réfutée ou non. Nous présenterons notre étude qui a traité les cas de l'anglais, de l'espagnol et du catalan et dont les résultats ont démontré que ces langues sont plus hétérogènes que ce qui a été prédit dans la littérature. Nous  proposerons enfin les révisions nécessaires aux théories de contextes structurés, afin de mieux les adapter aux résultats expérimentaux, en expliquant le rôle que jouent conjointement les propriétés syntaxiques, sémantiques, et pragmatiques. 

L’apprentissage des habiletés réceptives d’une langue seconde est largement influencé par l’authenticité, l’intérêt, la pertinence, et l’adaptabilité de documents choisis, en ligne ou existant sur un support plus traditionnel. L’exploitation adéquate de ces outils est aussi tributaire de l’emploi privilégié ou non qu’en font les didacticiens et praticiens en enseignement, en fonction de leurs intentions de représentations socioculturelles et identitaires.

La réflexion que nous proposons sert au questionnement associé à la conceptualisation et la réalisation de matériel pédagogique, à partir d’un outil didactique et projet pilote publié en 2012. Une entente interinstitutionnelle a permis à 18 étudiants finalistes en journalisme de contribuer à l’élaboration d’un recueil d’activités destiné à l’apprentissage du français langue seconde (FLS).  Les activités pédagogiques proposées servent de continuum entre la langue parlée par des francophones de la communauté et les répertoires linguistiques traditionnels utilisés dans les pratiques d’enseignement du FLS. Cette initiative est un exemple de la vitalité, de la vigueur et de la richesse des communautés francophones en situation minoritaire, tout en étant en lien avec les visées pédagogiques du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECRL) ainsi qu’en témoigne l’accueil enthousiaste que lui ont réservé  une cinquantaine d’enseignants de FLS au Canada, en France, en Belgique, au Mexique et aux États-Unis.

La pratique discursive franco-créole des Martiniquais est constituée d’alternances codiques et d’emprunts, qui confèrent à ces gens un ensemble d’expressions propres. Les études qui se sont attachées à décrire les particularismes du français martiniquais (FM) ne l’ont pas encore fait concernant l’expression du déplacement. En effet, l’encodage de la trajectoire (T) et de la manière (M) de se déplacer dépend moins de la typologie de la langue que des préférences expressives (style rhétorique) d’une communauté donnée. C’est pourquoi il existe différentes stratégies pour lexicaliser ces informations sémantiques au sein d’une même langue et de ses variétés. Pour vérifier si l’encodage de M et de T est différent en FM (en raison des particularités culturelles et linguistiques de la Martinique, ile française), nous avons demandé à des enfants de 7 ans (=18) et à des adultes (=10) parlant le FM de raconter une histoire à partir d’images (Frog, where are you?) puis de décrire des images de déplacements. Les données recueillies seront comparées aux enfants de 7 ans (=20) et aux adultes (=5) du Frog Story/French-Lyon Corpus de Hickmann et Kern en ligne sur CHILDES. L’analyse préliminaire du FM nous montre la présence de constructions verbe + préposition qui divergent de l’emploi français. Des analyses quantitatives nous indiqueront la fréquence d’utilisation des différentes constructions pour parler du déplacement en FM ainsi que la présence de constructions propres au FM.

Les voyelles fermées /iyu/ peuvent être réalisées de multiples façons en français québécois. Sous accent, trois variantes se distribuent de manière complémentaire. Il s’agit des brèves tendues (en syllabe ouverte), des relâchées (en syllabe fermée par une consonne non allongeante), et des allongées (en syllabe fermée par une consonne allongeante). Les caractéristiques spectrales des allongées ont été peu étudiées et des rapports de durée contradictoires sont rapportés dans la littérature entre les tendues et les relâchées. Cette contribution vise à déterminer les caractéristiques acoustiques qui distinguent ces trois types de variantes. Pour ce faire, 1350 occurrences produites lors d’une tâche de lecture oralisée par 30 locuteurs de Rouyn-Noranda, de Saguenay et de Québec ont été analysées. Leur durée a été relevée, puis la fréquence fondamentale et la fréquence centrale des trois premiers formants (F1, F2, F3) ont été estimées à 25, 50 et 75 % de la durée. Nos résultats indiquent que les tendues présentent le F1 le plus bas et les relâchées, le F1 le plus élevé; les allongées se situant entre les deux. En cours d’émission, les tendues et les allongées se tendent, mais les relâchées se centralisent. Les allongées sont celles qui présentent les trajectoires les plus longues dans un diagramme F1/F2. Le rapport de durée entre tendues et relâchées semble dépendre du voisement des consonnes adjacentes. Quelques différences régionales ont également été mises au jour.

Les variétés d’anglais, d’espagnol et de portugais d’Amérique présentent depuis longtemps des traits linguistiques les distinguant de leurs contreparties européennes. Ne faisant pas exception à cette tendance, les français d’ici demeurent toutefois stigmatisés puisque souvent associés au parler des classes populaires ou à des styles 'trop informels'. Le français laurentien, en usage chez les Québécois et leurs descendants en Ontario et dans l’Ouest canadien, n’est pourtant pas exempt de registres soutenus, dont l’essentiel reste à décrire et à modéliser.

Dans cette communication, je pose les balises de l’usage du français laurentien que font les élites culturelles du Québec en contextes (semi-)formels, en me basant sur un corpus télévisuel récent tiré de deux émissions, On prend toujours un train et Le Point, diffusées sur les ondes de Radio-Canada. À la lumière d’analyses quantitatives issues de la sociolinguistique variationniste, je démontre que l’usage soutenu d’ici ne se distingue que peu de celui de la France hexagonale en ce qui a trait à trois variables morphosyntaxiques : l’alternance des auxiliaires (p.ex., il est / a monté), la négation verbale (p.ex., tu ne / Ø ris pas) et la référence temporelle au futur (p.ex., on arrivera / va arriver). En examinant la variation socio-stylistique en français canadien du 21e siècle, la présente étude offre une contribution utile tant pour la sociolinguistique française que pour l’enseignement de l'oral en contexte nord-américain.

Notre objectif est de caractériser sur le plan linguistique des unités lexicales émergentes contenues dans des textes de mentations (ang. dream mentation). L'étude des mentations en cours de sommeil pose d'importants défis méthodologiques, notamment celui de l'observation indirecte par le biais de locuteurs dont l'expertise cognitive (Kahan 2011, 2012) et l'honnêteté présentent une variabilité. Nous avons considéré les expériences mentales en cours de sommeil à partir de leur reconstruction textuelle (Kilroe 2000, Zanazi 2010). Quinze structures lexicales obtenues par appel auprès de locuteurs du français ou de l'anglais ont ainsi été étudiées. Elles ont été liées à trois types de structures émergentes: les paraphasies, les lapsus et les néologismes. Nous proposons d'abord une taxonomie qui permet de faire ressortir que les unités lexicales contenues dans les textes de mentations sont la plupart du temps créatives, c'est-à-dire nouvelles et appropriées (Karkhurin, 2009; Kamplys et Vantalen, 2010) sur les plan formel et sémantique. Nous décrivons les opérations de déplacement, d'inversion, de suppression et d'addition (groupe µ 1982) qui rendent compte de leur création sur le plan morpho-phonologique. Nous suggérons enfin que certaines structures (amalgames) contribuent à la création de forme et de signification nouvelles par intégration conceptuelle, une opération mentale qui permet la combinaison (Fauconnier et Turner 2002) d'éléments convergents.

Au fil des années, les juges, les juristes et les avocats ont développé une logique qui leur est spécifique. Nous appellerons cette logique : la logique du droit. Or, qu’est-ce que la logique du droit ? Cette conférence répondra à cette question et elle démontrera que la logique du droit est un système qui comprend l’ensemble des règles de cohérence utilisées par les juges, les juristes et les avocats. Ce système – lorsqu’il sera explicité à la « manière » des logiciens – permettra d’affirmer, dans un premier temps, qu’un raisonnement juridique est valide ou non valide et il permettra d’affirmer, dans un deuxième temps, qu’une argumentation juridique est valide ou non valide. Or, comment expliciter ce système ? Tout simplement par une analyse logique des raisonnements juridiques. C’est cette analyse logique qui fera ressortir les règles de cohérence utilisées par les juges, les juristes et les avocats, car elle fera ressortir les lois et les contradictions logiques utilisées par ceux-ci. 

Notre objectif pour cette conférence sera de démontrer qu’il est possible de dégager de la pratique des juges, des juristes et des avocats, une logique spécifiquement juridique. La première partie résumera et critiquera le travail de ceux qui nous ont précédé en logique juridique (1). La deuxième partie analysera plusieurs raisonnements juridiques (2). La troisième partie proposera une nouvelle façon de concevoir la logique des juges, des juristes et des avocats (3).

L’écriture inclusive est une nouvelle pratique langagière dont l’usage s’est répandu depuis les années 2000 (Abbou et collab., 2018). Elle désigne « l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques qui [assurent] une égalité de représentations des [genres] » (Haddad, Sebagh et Baric, 2019, p. 4). Étant donné la nouveauté de l’écriture inclusive en français, il nous importe de voir si son usage est uniformisé. Notre question de recherche est la suivante : est-ce que l’utilisation de l’écriture inclusive est standardisée dans les journaux québécois ? La presse écrite retient notre attention parce qu’elle joue un rôle décisif dans « l’adoption ou le rejet de normes langagières » (Haddad et Sebagh dans Viennot, 2018, p. 119).

Nous proposons une étude linguistique d’un corpus d’articles provenant des quotidiens québécois La Presse et Le Devoir. Nous étudierons deux articles par mois par journal entre 2019 et 2022 (total de 192 articles). L’originalité de notre projet de recherche repose sur le fait que les études sur l’usage de l’écriture inclusive, et plus particulièrement sur la standardisation des techniques inclusives dans la presse québécoise, sont très rares, voire inexistantes. Nos résultats préliminaires indiquent que l’usage de l’écriture inclusive n’est pas uniformisé au sein des journaux, dans la mesure où les phénomènes inclusifs varient d’un article à un autre.