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Notre communication présente les résultats d'un projet de pédagogie universitaire intégrant des exercices de danse aux programmes de formation en psychologie, pratique sage-femme, sciences infirmières et ergothérapie.

La relation d'accompagnement inhérente aux soins de santé physique et psychologique implique une proximité qui fait appel à la conscience corporelle de l’intervenant. La danse permet d'aborder kinesthésiquement des notions telles que la confiance, la vulnérabilité et l’empathie qui sont généralement abordées théoriquement dans la formation des soignants. Elle amène l’étudiant dans une démarche réflexive et heuristique propice à la construction de son identité personnelle et, par extension, professionnelle. Une telle approche favorise le développement des intelligences kinesthésique, relationnelle et spatiale qui sont moins souvent sollicitées dans le cadre des cours théoriques ; elle devient un complément de formation indispensable.

Le projet a eu un impact important sur la prise de conscience des étudiants mais également sur l'expérience des formateurs concernés qui y trouvent un lieu de rencontre interdisciplinaire des plus intéressants et un espace de réflexion sur la pédagogie universitaire. 





Dans ma thèse, je teste l'hypothèse que l'intervention des idéologies philosophiques dans la formulation du problème de l'unité conceptuelle de la psychologie empêche la reconnaissance du problème réel et bloque ainsi toutes les possibilités de le résoudre adéquatement. Le problème réel étant de trouver le concept cohérent avec nos connaissances du vivant et celle du fonctionnement du système nerveux, qui permet de rendre compte de l’ensemble des phénomènes psychologiques. Peu importe l'idéologie en cause (ex.: positiviste ou phénoménologique), son intervention produit toujours les deux mêmes effets : une réduction du concept de vie à une conception matérialiste; et le blocage de sa reconnaissance comme un principe de base de l'unité conceptuelle de la psychologie. La grande originalité de notre démarche est qu’elle est hautement falsifiable, puisqu’il existe de nombreux textes sur le problème de l’unité de la psychologie sur lesquelles nous pouvons vérifier notre hypothèse de recherche et confirmer la perpétuation des deux erreurs fondamentales et le blocage de la reconnaissance de l’unité conceptuelle de la psychologie que nous proposons. En terminant, les quatre analyses de fond que nous avons réalisées jusqu’à maintenant confirment l’intervention des idéologies dans la formulation du problème de l’unité et le blocage de la reconnaissance de la solution que nous proposons : l’activité relationnelle d’une forme de vie, comme un tout, avec son environnement.



Il est difficile de déterminer les motivations des suicidaires, de chacun d’eux, individuellement. Durkheim, ses prédécesseurs, ses successeurs, ont surtout cherché à établir des corrélations entre l’acte suicidaire et l’âge, le sexe, l’état civil, la profession, la confession, le mode de vie urbain, etc. Il était presque fatal qu’en résulte des inférences entre caractéristiques sociales et passage à l’acte, de sorte que les caractéristiques en sont venues à passer pour des causes. Le procédé est questionnable. L’inférence est d’autant une tentation que la confidentialité des données personnelles rend difficile l’exploration des motivations.

En utilisant un corpus historique de pièces accessibles sans restriction, on évite l’inférence statistique. Ainsi des dossiers des militaires canadiens des années 1914-1922 et 1939-1947. Une fois résolue la difficulté d’établir les listes de noms, 530 cas ont été repérés. L’analyse montre que la corrélation entre combat et passage à l’acte est faible, que les principales causes sont les maladies mentales graves, comme la schizophrénie, de difficiles relations familiales ou sociales et des attentes économiques négatives à la démobilisation. Parfois ces motifs se conjuguent entre eux ou avec d’autres moins prégnants. Les traumatismes physiques ou psychologiques arrivent derrière comme motifs de suicide. Ce corpus, l’un des plus importants du genre au monde, permet d’aller loin dans la recherche des motivations des suicidés.

La philosophie politique occidentale prend généralement pour objet l’idée de justice. David Hume et John Rawls ont formulé de manière canonique l’idée que la justice est un concept dont la pertinence s’impose dans des circonstances particulières. Suivant ces penseurs, les circonstances de la justice sont comprises comme un contexte de rareté relative entre individus plus ou moins égaux ayant des passions et des intérêts conflictuels. Or, cette idée ne permet pas uniquement de situer le contexte du discours portant sur la justice, il limite également notre capacité à concevoir la justice autrement.

Afin de déconstruire cette idée, nous nous intéresserons à l’action de grâce de la Confédération Haudenosaunee. Ces mots qui viennent avant tous les autres visent à remercier le Créateur ainsi qu’à reconnaître nos relations avec les autres-qu’humains. Ils nient la perception occidentale de rareté pour plutôt mettre l’accent sur l’abondance. Conséquemment, nous proposons de réfléchir aux manières de concevoir la justice politique et sociale rendues possibles lorsque l’on débute avec ces circonstances autres. Nous argumentons, notamment, que la justice peut dès lors être pensée comme reposant sur des relations de dépendance et de responsabilités plutôt que comme cherchant à établir une distribution équitable et à garantir le tien et le mien. Ultimement, ceci permet de mettre la lumière sur des conceptions de la justice qui reposent dans l’ombre des circonstances de la justice.

Bon nombre de révolutions technologiques, du monde du travail, des organisations, des orientations économiques et politiques sont justifiés par l’impératif du Changement.  Or, depuis l’Antiquité, le débat sur l’ontologie du Changement a trouvé son ancrage par son opposition à la permanence.  Mais qu’en est-il de cette conception dichotomique entre permanence et changement. 

La compréhension herméneutique et épistémologique de la noèse du Changement révèle son ancrage solipsiste, soit épistémologiquement et empiriquement subjectif.  Il en découle une multi-épistémologie solipsiste transversale aux épistémologies génétique, logique, réflexive, conventionnaliste, constructiviste, constructionniste, politique, existentialiste, virtualiste et nihiliste.

La triangulation parla : 1) phénoménologie, 2) théorie ancrée et 3) dérivation herméneutique de l’étude empirique s’appuie sur la conceptualisation de la dialectique de l’Être pour saisir l’expérience du Changement.  Il en résulte que le Changement est phénoménologiquement indissociable de l’Être.  Autrement dit, il faut passer par l’Être pour saisir le Changement.  Finalement, l’étude de la métaphysique de l’Être a engendré l’étude de l’Être-métaphysique pour tenter d’isoler l’ontologie du Changement. 

En conclusion, le Changement est ontologiquement virtuel et nihiliste de sorte qu’il n’existe pas en soi, mais que de manière théorique et intelligible.  Il n’est pas un phénomène mais plutôt une représentation noétique.

Le DPNI est une technique récente recueillant l’ADN des cellules fœtales libres, entre 8 à 10 semaines de gestation, par une prise du sang maternel afin de détecter les aneuploïdies fœtales. Sa simplicité et l'absence de risque permettent d'éliminer l'anxiété associée à la procédure et le risque de fausse couche.Il permet à la femme de se concentrer sur les résultats plutôt que sur la procédure et les risques, améliorant son autonomie reproductive. Paradoxalement, ces caractéristiques créent une menace potentielle sur cette autonomie. Pour les tests invasifs, le choix de les refuser peut être justifié par la présence d'un risque de fausse couche. Inversement, l’absence de ce risque modifie le contexte de prise de décision favorisant une pression à tester, pouvant venir de son partenaire, sa famille, d’une d’obligation morale d’être une mère responsable, des attentes de la société qui pèsent sur elle ou du risque de stigmatisation de de mener à terme une grossesse affectée. Le DPNI est une technologie révolutionnaire mais pour promouvoir l'autonomie reproductive de la femme, il devrait rester un choix. La femme devrait savoir qu'elle peut le refuser et être protégée des influences externes par un conseil génétique approprié. Pour celles qui souhaitent mener leur grossesse affectée, il faudrait créer des systèmes de soutien social pour les enfants trisomiques et favoriser le traitement de ces maladies.

La thèse que nous défendons analyse l’agentivité spécifique des systèmes intelligents, comme agent moral, afin de déterminer quelles seraient les conditions de possibilité d’un comportement vertueux de leur part. L’autonomie de ces systèmes se développe rapidement, entraînant une complexification de leur agentivité et intensifiant leur impact sur la société. Or, pour le moment, bien que ces machines soient capables de prendre des décisions, ils ne font pas appel à un raisonnement moral, lorsqu’ils effectuent une tâche. Par exemple, les voitures autonomes fonctionnent et agissent pour la protection des individus. Mais elles ne connaissent pas encore, la portée morale de leurs gestes. Pourtant, elles font des choix de vie et de mort et sont donc confrontées à des dilemmes moraux. Par ailleurs, les capacités sensorielles de ces systèmes ne sont pas encore adaptées à ce qui relève de l’éthique humaine. Pour contrer ces impasses, nous émettons l’hypothèse selon laquelle, il existe une analogie entre l’apprentissage moral de la vertu et l’apprentissage profond des machines, de telle sorte qu’il serait possible de développer un apprentissage moral de l’intelligence artificielle. Sous forme d’essais et d’erreurs et avec plus ou moins de supervision, les couches neuronales artificielles parviendraient à une reconnaissance du bien et du mal, dans le but de forger un caractère vertueux. On conçoit alors la perfectibilité morale des machines, grâce à l’apprentissage profond.

Le Conseil d’évaluation des technologies de la santé (CETS), devenu l'Agence d'évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (AETMIS) en 2000, et récemment intégré à l'Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), a publié au-delà de 100 rapports qui ont influencé la pratique médicale au Québec.  Malgré le rôle important de cette agence, ses rapports n'ont jamais fait l'objet d'études critiques de chercheurs en sciences juridiques.  Un sujet en particulier, la réutilisation du matériel médical à usage unique (MMUU), a fait l’objet de six rapports de l’agence de 1991 à 2009.  Une analyse de contenu de ces rapports révèle que la question du consentement d’un patient à l’utilisation de MMUU réutilisé a souvent été analysée de manière sommaire, ou négligée en faveur de discussions plus détaillées sur des aspects économiques ou scientifiques.  Toutefois, la question du consentement éclairé, loin d’être une préoccupation mineure, est fondamentale au respect de l’autonomie des patients, et a bénéficié d’un examen plus approfondi dans le contexte de la réutilisation du MMUU dans d’autres pays. Compte tenu de l’importance grandissante qu’occupe l’évaluation des technologies médicales dans la société, cette étude permettra une réflexion approfondie sur l’opportunité d’intégrer des patients au processus d’évaluation afin de mieux représenter leurs préoccupations, ainsi que d’améliorer la protection de leurs droits en milieu médical. 

Le concept de libre arbitre semble aujourd’hui menacé par les récentes avancées neuroscientifiques. Les fameuses expériences de Benjamin Libet dans les années 80 ont contribué à montrer que nos intentions d’agir ne constituent pas la source ultime de nos actes : elles sont en réalité précédées par une activité cérébrale qui nous prépare à agir avant même que nous ne prenions conscience de notre décision. Les expériences plus récentes de John-Dylan Haynes vont également dans ce sens et permettent de prédire l’action que va effectuer un sujet en se basant uniquement sur son activité cérébrale. Ces résultats scientifiques ont néanmoins été longuement discutés, et nous évoquerons les critiques qui peuvent leur être adressées. Nous montrerons également que le concept de libre arbitre, s’il doit être relativisé à la lumière des résultats expérimentaux, ne doit cependant pas nécessairement être évacué. Une possible redéfinition du libre arbitre consisterait en effet dans la maîtrise accrue de nos capacités attentionnelles : à travers un apprentissage sur le long terme, il serait possible, d’une part, de prendre conscience de processus qui sont habituellement inconscients ou pré-réfléchis, et, d’autre part, d’élargir notre répertoire d’actions disponibles grâce à la flexibilité qu’offre la capacité retrouvée de moduler des processus automatiques. Cette théorie attentionnelle du libre arbitre est appuyée par les résultats issus du champ émergent des « neurosciences contemplatives ».



La dépigmentation volontaire de la peau est le malaise africain des temps présents. Elle est l’une des nouvelles formes d’esclavage contemporain de l’Afrique. Ayant des racines psychologiques, elle résiste, jusqu’ici, aux efforts de sa réfutation. La pratique de la dépigmentation volontaire de la peau est l’écho de la transformation de l’être, aussi bien physique que psychologique. Il est l’effet du traumatisme vécu par l'Africain à l’égard de son identité qui se traduit par un désir de changement de couleur de la peau. La dépigmentation ayant des conséquences graves, constitue, désormais, un problème de santé publique et suscite les questions suivantes : Comment parvenir à l’éradication du phénomène ? Comment des sociétés africaines, fondées sur la transmission des principes de la solidarité, s’approprient-elles un fait de la psychologie individuelle comme celui de la dépigmentation de la peau ? Face à ces interrogations, il s’agira d’examiner les conditions de l’apparition et de la prolifération du phénomène de la dépigmentation, en rapport avec la crise identitaire due à la colonisation moderne et les politiques africaines de développement culturel.

Les approches analytiques et historiques s’emploieront, d'abord, à présenter le contenu sémantique du concept de dépigmentation; ensuite, à situer les responsabilités dans la prolifération du phénomène; enfin, à définir les perspectives pour des politiques de développement en Afrique, à travers la valorisation de l’humain.

Les métaphores sont omniprésentes dans le langage et structurent la réalité (Lakoff et Jonhson, 1995). En contexte de maladie, les métaphores utilisées par les patients nous informent sur leur expérience subjective. Si peu d’études empiriques s’attachent aux métaphores des patients (Hui et al, 2018), des écrits critiquent la métaphore guerrière qui domine les discours sur le cancer mais qui correspond mal au vécu des patients, surtout au vécu des patients atteints de cancer incurable qui ne peuvent plus s’identifier à l’image du combattant vainqueur (Hommerberg et al, 2020). La présente étude qualitative explore l’expérience du cancer incurable à partir des métaphores utilisées par des femmes atteintes d’un cancer du sein métastatique et ayant raconté leur vécu sur un blog personnel. Le blog est un outil reconnu en études qualitatives, permettant de saisir l’expérience du cancer au-delà du cadre médical (Wilson et al, 2015). Selon des critères rigoureux, nous avons sélectionné quatre blogs tenus entre 2013 et 2020. Notre analyse phénoménologique-interprétative (Smith et Osborn, 2007) a permis de classer les métaphores des femmes en trois catégories d’expérience : le cancer est incurable est 1) une expérience de violence, 2) une recherche d’authenticité, et 3) une tentative de composer avec les paradoxes du temps. Être ouvert au langage des malades s’inscrit une communication soignant-patient efficace, laquelle est centrale pour la qualité des soins (Seccareccia et al, 2015).

La complexité de nombreux enjeux moderne suscite l'intérêt pour l'interdisciplinarité. On peut définir ce concept polymorphe comme une « pratique collective de recherche cherchant la mise en relation et l’intégration des savoirs ». Vue sous cette perspective, l’interdisciplinarité nécessite la transdisciplinarité, laquelle peut se traduire comme « une fonction d’ouverture et de recherche présente dans tout acte de connaissance, quel qu’il soit, et ce, dès le début » (Létourneau, 2008). Cette communication vise à souligner l’approche interdisciplinaire et transdisciplinaire de John Dewey dans sa conception même de l’éthique. Pour ce faire, nous nous pencherons dans un premier temps sur le projet de reconstruction de la philosophie de Dewey dans lequel la philosophie a comme tâche l’examen critique des connaissances provenant de toutes disciplines confondues afin d’en déterminer leurs conséquences pour « notre humanité commune» (Dewey, 1958). Par la suite, nous jetterons un regard sur sa théorie de la valuation à travers laquelle l’éthique devient une entreprise transdisciplinaire orientée vers la détermination de l’action humaine en situation problématique. Nous insisterons particulièrement sur la relation étroite entre l’éthique, la psychologie et la sociologie. Nous terminerons notre parcours en interrogeant la pertinence de Dewey pour notre réflexion contemporaine sur l’éthique.

Comment l’imagination morale peut-elle rehausser les capacités émergentes d’autonomie des enfants et des jeunes dans un contexte éducatif mettant l'accent sur le dialogue et l’éthique? La communication proposée s’appuie sur l’approche par les capacités développée par Amartya Sen et Martha Nussbaum—une méthodologie à la fois philosophique, politique et pédagogique—afin de justifier le rôle de l’imagination morale en tant que capacité éducative complexe qui peut élargir les critères d’évaluation morale chez les enfants/jeunes, ainsi que les modes de vie qu’ils choisissent de valoriser. L’idée développée dans cette contribution est que l’autonomie responsable chez les enfants/jeunes dépend d’un répertoire mental vaste et varié, et que ce dernier peut être agrandi par l’imagination morale pratiquée de façon délibérée dans le cadre d’une pédagogie dialogique. Comme étude de cas, le programme de Philosophie pour enfants (PPE) de Matthew Lipman et son modèle de communauté de recherche philosophique (CRP) feront l’objet d’analyse puisque leur accent sur le dialogue, le raisonnement critique et le vivre ensemble favorise l’imagination morale, et par extension, la pensée autonome. Les conclusions de recherche indiquent que l’imagination morale comme capacité éducative offre accès aux enfants/jeunes à de diverses ressources conceptuelles, à un espace dialogique et à l'expression créative, leur permettant de mieux évaluer les dimensions éthiques de leurs expériences vécues.

Introduction :

L’IA est de plus en plus adoptée par les systèmes de santé. Cependant, des enjeux (éthiques, juridiques, sociaux et politiques) émergent pour diverses parties prenantes. L’enjeu qui nous intéresse est la responsabilité. Nous nous intéressons à savoir comment ce concept est discuté, défini et abordé dans la littérature relative à l’utilisation de l’IA en santé.



Méthode :

Nous avons effectué une revue de portée de la littérature sur la responsabilité de l’IA en santé (janvier 2017 et janvier 2022, inclusivement). Six bases de données électroniques (par ex : Ovid et Scopus) ont été utilisées et plusieurs articles ont été retrouvés indépendamment.



Résultats :

Notre stratégie de recherche nous a permis de sélectionner 145 articles. Les données ont été regroupées en 4 thèmes : 1) les types de responsabilités et les principes liés; 2) les groupes impliqués et leurs rôles vis-à-vis de la responsabilité; 3) les barrières d’établir des cadres normatifs sur la responsabilité; et 4) quelques recommandations pour assurer une imputabilité dans chaque stade de vie de l’IA en santé.



Discussion :

Les articles rassemblés ont démontré à la fois que le principe de la responsabilité est primordial pour une IA responsable et qu’il y ait un grand manque de lignes directrices sur le sujet. Ainsi, il est essentiel de faire ressortir les enjeux de responsabilités et préciser l’utilisation du terme durant toutes les discussions afin d’établir une gouvernance de l’IA éthiquement acceptable.

L’esthétique de l’environnement est une discipline philosophique qui s’est constituée et établie au cours des quarante dernières années. Dans la tradition analytique, elle jouit d’une pleine reconnaissance depuis deux décennies. – Je présenterai brièvement : 1) les principaux jalons de son évolution thématique et institutionnelle jusqu’à aujourd’hui; 2) quelques problèmes qui animent la réflexion dans cette discipline ; 3) le projet d’une philosophie anthropocentriste, inspirée par Kant, qui étudie le respect porté par les humains à la valeur esthétique des environnements. – Ce fut d’abord, à partir des années 1970, l’étude des environnements naturels puis mixtes et urbains qui a occupé cette nouvelle discipline. Elle a récemment élargi son champ à l’esthétique de la vie quotidienne et elle s’intéresse depuis peu à diverses composantes culturelles de l’expérience esthétique (notamment dans les cultures orientales). Parmi les thèmes qui alimentent cette réflexion, on retrouve la spécificité de l’appréciation esthétique de l’environnement comparée à celle de l’art, l’opposition entre les conceptions objectiviste et subjectiviste de l’appréciation esthétique, ainsi que la question du lien possible entre une esthétique et une éthique de l’environnement. Ma présentation comportera quelques références à certains auteurs importants de cette discipline (R. W. Hepburn, A. Carlson, A. Berleant, H. Rolston, Y. Sepänmaa, Y. Saito, E. Brady).

Dans les domaines scientifiques et philosophiques, les usages du terme «émotion» désignent «des circuits neuronaux, des systèmes de réponses, et un état ressenti ou un processus qui motive et organise la cognition et l’action» (Izard 2010). Pour expliquer le processus émotionnel, il convient donc d’examiner non seulement le substrat neuronal ou les systèmes motivationnels associés aux émotions particulières, mais également ce qui constitue l’expérience émotionnelle du sujet et la façon dont s’effectue l’accès à ses états émotionnels. C’est ce que je ferai dans ma présentation.

M’appuyant sur la distinction entre conscience phénoménale et accès cognitif (Block 2008), et sur l’étude des théories perceptuelles de l’émotion, je soutiendrai qu’il est possible de concevoir un état des émotions pour lequel il existe une conscience phénoménale sans accès cognitif. Si l’émotion est une forme de perception (Prinz 2004 ; Tappolet 1995), il ne peut y avoir d’émotion sans un sujet qui accède au phénomène et en fait l’expérience. Cependant, que l’émotion soit ressentie n’implique pas nécessairement qu’elle soit accessible pour un traitement cognitif. Dans ce cas, le sujet ne peut ni rapporter ni analyser ce ressenti. Je développerai cette idée à la lumière des théories expérientielles (Deonna et Teroni 2009), évaluatives (Tye 2008), et de celles du «core affect» (Barrett et Russell 1999). Je rendrai ainsi compte des différentes manières dont le sujet peut se rapporter à ses états affectifs.

Cette recherche s'inscrit dans une démarche empruntée à la psychologie cognitive et porte sur l’identification des situations typiques et de schémas récurrents reliés aux actions entreprises par des victimes de situations de survie en forêt boréale québécoise.

La pratique des activités de plein air est associée à près de mille traumatismes par année au Québec, dont environ 250 peuvent être qualifiés de graves et entraînent en moyenne 25 décès (Protecteur du citoyen, 2013). Pour favoriser la pratique sécuritaire de ces activités, des mesures de gestion des risques peuvent être mises en œuvre pour atténuer les impacts des situations d’urgence. Dans ce contexte, une meilleure compréhension de l’activité décisionnelle d’individus agissant dans des environnements dynamiques complexes voire critiques (contraintes temporelles, blessures, stress, etc.), pourrait être un atout à des fins d’éducation et de sensibilisation.

Notre étude s’est ainsi attachée à la description de l’activité décisionnelle de victimes de situation de survie, appréhendée à l’aide de plusieurs étapes : entretiens semi-directifs portant sur les récits des situations vécues, retranscription des données comportementales, identification des récurrences ou schémas, et modélisation de la dynamique de l’activité décisionnelle. Dans une visée pratique, l’étude menée pourrait contribuer à proposer de nouveaux référents d’aide à la décision, et sensibiliser les usagers du milieu naturel potentiellement les plus à risque.

À contre-courant de l’esthétique traditionnelle fondée sur les concepts de mimesis, d’expression et de jouissance, la pensée phénoménologique de l’art s’est employée à penser le mode d’être de l’œuvre d’art comme advenir de vérité (Heidegger, Gadamer) et comme puissance de refiguration du soi et de ses possibilités éthiques (Ricoeur). Nous proposons d’analyser originalement en quoi Husserl a contribué de manière ambigüe au bouleversement de la philosophie de l’art par la phénoménologie en nous penchant principalement sur une lettre que Husserl envoya à Hoffmansthal en 1907, texte inédit où il souligne la proximité qui unit l’attitude phénoménologique et l’attitude esthétique. En reliant esthétique et phénoménologie, Husserl pava la voie pour une nouvelle et subversive pensée phénoménologique de l’art qui allait découvrir la non-contradiction de l’imaginaire et du réel. Néanmoins, nous défendrons la thèse que son cadre conceptuel n’a pas su dégager l’esthétique philosophique de ce que Gadamer nomme « l’abstraction de la conscience esthétique » (Gadamer, 1960), qui consiste en le fait de concevoir l’œuvre d’art strictement comme un objet de jouissance subjective retiré du réel. Cette « abstraction », qui tient à la nature même de la réduction phénoménologique, isole l’art des champs épistémiques et éthiques, acheminant la phénoménologie de l’art vers l’abandon du cadre théorique husserlien en tant qu’elle aspire à rendre compte de la puissance ontologique et éthique de l’art.

Plusieurs féministes appellent à une théorie des passions pour comprendre la montée d'une droite radicale. Un "affective turn" déborde sur d'autres champs des sciences sociales. Dans son opus de 2004, Sarah Ahmed en appelle a une phenoménologie relationnelle afin de mieux théoriser la politique des corps et de leurs expressions qui balisent les relations sociales. Nous esquisserons les éléments de la tradition phénoménologique nous permettant de transposer ses acquis hors du champ de la subjectivité où l'a laissé Husserl. Nous partirons des commentaires et distinctions de son directeur et ami Carl Sumpf afin de rétablir la phenoménologie comme discipline au service des sciences de la culture. Son concept de "formation culturelle" permetra de spécifier la nature de l'objet des sciences sociales et le rôle de la phénoménologie. Celle-ci permet de clarifier les concepts relatifs aux "passions" et leur place dans un tissus de "relations de signes" formant autant de complexes socioculturels. Cette stratégie permet de passer directement de l'analyse phenoménologique à l'étude sociologique de 'formations' que nous rapprocherons de l'idée de Représentation sociale, tout en offrant une méthode pour spécifier le contenu d'affect ou de passion qui y prend part, ainsi que les relations que ce contenu entretient avec divers schèmes de pensée et d'action. Deux icônes liées à l'islamophobie contemporaine serviront à examplifier notre propos.

La sociologie se trouve de plain-pied impliquée au sein d'un processus d'interprétation, dès lors qu'elle se propose de comprendre un phénomène social. Pourtant, force est d'admettre que peu de théories herméneutiques satisfont aux critères d'objectivité auxquels cherche à adhérer la discipline. Les théories gadamérienne et ricoeurienne de l'interprétation, qui offrent à ce jour les percées les plus pénétrantes en matière d'herméneutique, s'avèrent d'un usage limité à l'égard de l'objet sociologique. Ces approches, en effet, accordent, selon nous, trop d'importance au vécu existentiel de l'interprète, négligeant de ce fait la valeur objective du fait social, tel que Durkheim nous invitait à le concevoir. Nous proposons, dans le présent article, de fusionner la théorie herméneutique ricoeurienne avec une conception dialogique du symbole, de manière à reconnaître, dans l'ethos, le principe directeur à partir duquel interpréter le phénomène social comme structure autonome, et donc objective.



Prenant en compte les études sur le disability en comparaison de celles sur le handicap, nous choisissons le terme disability au lieu de handicap afin de faciliter la compréhension. Ces deux termes ne sont pas utilisés péjorativement, mais ils sont faits dans le respect des personnes. Le disability résulte d'une interaction entre l'individu et son environnement. Dans plusieurs pays en voie de développement et certains pays occidentaux, le handicap ou disability n'est pas bien compris et n'est pas pris en considération comme un problème d'égalité entre les individus. Les bonnes pratiques dans ces pays devraient aussi passer par des politiques d'évaluations des résultats des enquêtes par exemple, et leurs publications n'existent pas. L'action politique devrait promouvoir l'égalité, tout en étant sensible aux coutumes, à la tradition des peuples africains par exemple. Comment le modèle du disability, informé par la bioéthique du disability, pourra-t-il concerner toutes les personnes de toute société à travers le modèle des limites?

L'objectif sera de comprendre la bioéthique du handicap dans sa complexité de sa liminalité. La méthodologie est celle de l'identité culturelle ou tradition, celle du corps ou du demeurer soi, et celle du processus biologique ou bioéthique et la vie sociale, venant du théologien Eloi M. Messi. Comme résultat, il va falloir définir la bioéthique du disability et comment faire comprehendre la limite des corps; Enfin, démontrer quel est leur lien avec la justice.

Wittgenstein semble avoir maintenu jusqu’à la fin de sa vie une opposition entre le discours philosophique théorique sur les normes et les conduites humaines et l’éthique telle qu’elle est vécue dans nos pratiques effectives. Or, en nous inspirant du modèle stoïcien selon l’interprétation de l’historien Pierre Hadot, il est possible de dépasser cette opposition en puisant dans les ressources mêmes de la pensée de Wittgenstein et de mettre en lumière la fonction « éthopoétique » du discours éthique dont le propre est de « produire de l’ethos », c’est-à-dire ici d'opérationnaliser les valeurs morales et de guider les actions en vue du bonheur. Il s’agit d’interpréter cette opposition non pas comme une incompatibilité de principe entre le discours philosophique et l’éthique vécue, mais de faire la distinction entre un discours inadéquat et un discours adéquat à l’éthique vécue. Dans un premier temps, nous examinerons les raisons principales qui expliquent la présence d’une telle opposition dans la pensée de Wittgenstein à partir de l’interprétation de l’éthique théorique comme discours inadéquat à l’éthique vécue. Dans un deuxième temps, nous verrons qu’il y a chez Wittgenstein des ressources permettant de dépasser cette opposition au profit d’un discours en accord avec l’éthique vécue, un discours éthique à la première personne fondé sur une attitude « éthopoétique » qui permet d'intégrer le discours philosophique théorique à l'éthique vécue.

L’accent d’emphase contrastive permet d’exprimer les états affectif et intentionnel du locuteur en intensifiant la prépondérance d’un constituent linguistique. Les enfants atteints de trouble du spectre autistique (TSA) montrent des difficultés de production de ce marqueur, ce qui diminue leur communication avec autrui.

Cette étude a pour but d’identifier les corrélats acoustiques de l’accentuation chez des enfants atteints de TSA et chez des enfants à développement typique (TYP).

Neuf enfants TSA et huit enfants TYP ont participé à l’étude. Les enfants devaient produire des phrases simples de type « c’est une chaise» en condition normale et en condition accentuée. 96 productions comprenant les voyelles /i y u a/ ont été enregistrées à l’aide d’un système de suivi des mouvements labiaux et linguaux, synchrone avec le signal acoustique. Pour cette présentation, les valeurs de fréquence fondamentale, d’intensité et de durée des voyelles seront présentées.

Les résultats préliminaires montrent qu’en condition accentuée, l’intensité et la durée des voyelles augmentent. De plus, les TYP amplifiaient ces caractéristiques entre les deux conditions, contrairement aux participants TSA.

Ces résultats suggèrent que l’intensité et la durée sont des corrélats acoustiques pertinents pour l’étude de l’accentuation contrastive d’une part, et que les TSA ont tendance à moins utiliser ces marqueurs d’autre part. Une discussion approfondie suivra après l’analyse de la cohorte entière.



Le champ onomasiologique est un domaine dans lequel se trouve un ensemble de mots ayant un sème commun, donc qui se substituent entre eux, mais cette commutation ne se vérifie pas dans tous les cas.L’analyse onomasiologique nous permet  d’étudier l’organisation des mots à l’intérieur d’un champ lexical. Notre choix porte sur le champ lexical du jugement. Dans une perspective onomasiologique, nous étudierons les mécanismes qui font qu’un verbe ou une expression peut, dans certains contextes, avoir le sens du jugement.Pour étudier des verbes ou des expressions ayant le sens du jugement nous devons nous référer à un corpus fiable. Dans cet article, nous justifierons notre choix d’un corpus clos et informatisé, en décrivant son contenu et la méthode de son maniement.Ensuite, nous présenterons le champ sémantique du verbe « juger » à partir d’un graphique, extrait de notre corpus informatisé. Enfin, nous présenterons un exemplier extrait de FRANTEXT contenant le verbe « juger » et le verbe « trouver » dans différentes constructions syntaxiques.Cet exemplier nous servira à montrer comment la construction syntaxique du verbe participe à son changement de sens.  Nous présenterons quelques emplois de la locution « quelle horreur » considérée comme expression d’un jugement.Cette variante devrait nous montrer comment cette expression a le sens du jugement sans être employée avec un verbe de jugement.Nous expliquerons comment « quelle horreur » est équivalente à « je juge+SN+horrible ».

L’identification visuelle à l’aide d’une parade d’individus est une technique connue dans les milieux judiciaire. Or il arrive dans certaines enquêtes portant sur les menaces par téléphone qu’il n’y ait aucun témoin oculaire et que les seules preuves pouvant mener à l’identification d’un suspect soient auditives. Dans ces situations, un témoin, un proche ou une victime pourrait alors être en mesure de reconnaître la voix dans une « parade vocale », mais plusieurs facteurs peuvent invalider ce type d’identification.

Notre résumons d’abord les considérations méthodologiques dans l’élaboration de la parade vocale. Plusieurs aspects de méthode ont fait l’objet de standardisation. Nous revoyons certains protocoles avec pour objectif d’élaborer une procédure applicable à des appels.  Puis nous présentons les facteurs intrinsèques et extrinsèques à considérer dans une parade vocale. Pour les facteurs intrinsèques, on considère la qualité des enregistrements, la similitude acoustique des voix présentées, la similitude dans le dialecte et la longueur des énoncés présentés. Pour les facteurs extrinsèques, on considère le niveau de familiarité de la voix. Ce dernier facteur peu considéré dans la littérature et constitue l’objet premier de notre études. Notre recherche vise à définir le niveau de familiarité nécessaire à une identification vocale fiable en tenant compte de différentes variables extrinsèques. Nous présenterons l’essentiel de notre protocole et nos résultats.