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La transition à la parentalité (TAP) apporte de grands défis d’adaptation pour les couples. Si l’arrivée d’un premier enfant est généralement positive, il est fréquent de voir une diminution de la satisfaction conjugale lors de cette période et une augmentation des conflits. La présente étude vise à examiner le rôle protecteur de l’intimité conjugale dans les liens dyadiques unissant l’attachement (anxiété, évitement), facteur clé dans la compréhension des relations lors de la TAP, et la gestion des conflits à la satisfaction conjugale chez les couples qui attendent la venue d’un premier enfant. Un échantillon de 100 couples a répondu individuellement à des questionnaires en ligne lors du 2e trimestre de grossesse. Des analyses de médiation et de modération dyadiques s’appuyant sur le Actor-Partner Interdependence model ont été réalisées. Les résultats révèlent que l’anxiété de la femme est liée positivement à son engagement dans les conflits tandis que l’anxiété de son partenaire est liée positivement à son engagement et celui de la femme. Il existe aussi un lien entre l’engagement de chaque partenaire et leur propre satisfaction conjugale, mais ce lien est modéré positivement par l’intimité de la femme. De plus, le lien entre le retrait des conflits de la femme et sa satisfaction est modéré positivement par son intimité. Ces résultats soulignent le rôle de l’attachement dans les dynamiques de conflits et le rôle protecteur de l’intimité chez la femme en période prénatale.

Cet article propose d'examiner les différents noms et concepts utilisés pour décrire les modèles de l'intelligence artificielle (IA) émergents tels que ChatGPT, Gemini, Bard, etc. (les soi-disant LLM ou modèles de langage). Il étudie les notions de IAG (intelligence artificielle générale), de superintelligence (Bostrom) et propose une troisième appellation pour les LLM qui provient du travail de Matteo Pasquinelli soit des modèles statistiques automatisés (ASM). Ce travail cherche à dégager et définir la notion fondamentale se trouvant à la base de la notion d'intelligence, en comparant les notions d'auto-organisation qui semblent remonter au travail de Alexander Bogdanov dans Essais sur la Tektologie (1912) et celles de téléologie qui sont beaucoup plus anciennes et remontent à Aristote.

Du dopage sportif à l’usage de psychotropes pour accroître les capacités intellectuelles ou mieux contrôler les émotions, du recours aux nouvelles technologies reproductives permettant une maîtrise croissante des naissances, au développement d’une médecine anti-âge qui œuvre à l’effacement de toute trace du vieillissement, jamais il n’a été autant question d’améliorer l’être humain et ses performances par le biais des avancées technoscientifiques et biomédicales contemporaines. À la croisée de la sociologie et de l’histoire des idées, cette communication interrogera cette aspiration à un humain augmenté à la lumière de l’idéal humaniste et politique de la perfectibilité humaine systématisé par les philosophes des Lumières au 18ème siècle. À la différence du modèle humaniste de la perfectibilité, qui valorise l’amélioration de la condition humaine dans et par la société, la société de l’amélioration contemporaine paraît promouvoir un modèle de perfectibilité dépolitisé, axé sur l’adaptabilité technoscientifique de l’être humain et la transformation de la vie en elle-même. Assurément révolutionnaire, ce renversement ne l’est certainement pas au sens politique et démocratique du terme. La société de l’amélioration manifeste plutôt, pour reprendre les mots de Hannah Arendt, un « devenir-indifférent à la politique, qui équivaut à renoncer à la pensée et au jugement, à la lutte pour rendre à nouveau le monde humain. »

Avec la révolution cartésienne, le statut ontologique accordé aux idées a subi d'importants changements. Chez Descartes, en effet, toute idée cesse de s'identifier aux formae qui, dans la scolastique thomiste encore, étaient conçues pour exister en dehors du sujet pensant. Désormais, la métaphysique du cogito fera correspondre les idées aux représentations mentales. Assimilées ainsi à des états subjectifs internes à l'esprit, les idées n'existeront plus qu'au sein d'un rapport de dépendance à l'égard de la cogitatio. Mais alors, comment Descartes peut-il faire coexister au sein des idées sensibles la double réalité d'une esse subjective et d'une esse objective? La solution à ce problème passe ici par une thèse inspirée de la phénoménologie brentanienne: les idées cartésiennes consistent en une structure qui unit en elle la réalité duale d'un (a) acte subjectif de pensée (une realitas formalis) intentionnellement dirigé vers (b) un contenu objectif de représentation (une realitas objectiva). Pour démontrer ce résultat, une démarche en deux points sera suivie: (1) les idées sensibles de Descartes seront d'abord définies via une taxonomie des pensées (2) pour ensuite être soumises à une analyse qui en présentera la dualité ontologique. Au final, cette interprétation de l'esse formale et de l'esse objectivum des idées comme acte et objet intentionnels contribuera à retracer la continuité historique qui doit lier la tradition brentano-husserlienne à celle de Descartes.

La légalisation de la prostitution est au cœur d'un important débat dans plusieurs pays. Deux études ont évalué l’opinion de personnes offrant des services sexuels sur ce sujet. Ces études ont été menées dans des États où la prostitution est légalisée ou criminalisée alors qu’au Canada, la prostitution n’est pas illégale, bien que trois activités y étant liées sont interdites. La présente étude évalue l’opinion de 27 danseuses érotiques (M= 24,3 ans, ET= 3,8) et de 15 danseurs érotiques (M=27,1 ans, ET= 6,1) du même âge, recrutés dans des clubs ou des soirées de danses érotiques. Lors d’une entrevue semi-structurée, les participants ont d’abord mentionné sur une échelle Likert allant de 1 (totalement en désaccord) à 5 (totalement en accord) leur opinion sur la légalisation de la prostitution. Les résultats démontrent que les danseurs érotiques (M=3,5, ET=1,6) et les danseuses érotiques (M=3, ET=1,5) sont en accord avec la légalisation de la prostitution. Il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes (t(36)=0,83, p=0,41). Les participants ont aussi expliqué les raisons de leur position. Par émergence pure, huit catégories de réponses ont été créées. Les réponses ont été codifiées dans les catégories via accord interjuges.  La catégorie de réponses la plus fréquemment abordée (44%) est « Meilleur encadrement et conditions de travail », suivie par « Libertés et choix personnels » (25)%.  Les retombées pratiques et théoriques de ces résultats seront discutées.

La philosophie des soins palliatifs favorise la prise en charge globale des patients, à travers l’ensemble des dimensions de la vie. Dans un contexte de fin de vie, la réponse aux besoins spirituels compte parmi les éléments majeurs et constitue l’un des fondements des projets de soins partagés, à travers la relation patients-soignants.  Les infirmières auxiliaires et préposées aux bénéficiaires réalisent de 80 à 90% des soins auprès des patients.  Malgré le fait qu’elles occupent une place centrale dans la réponse aux besoins des patients, elles sont pratiquement invisibles dans la littérature.  En effet, très peu de publications portent sur le travail des aides-soignantes et encore moins sur la façon dont elles définissent la spiritualité et comment elle s’exprime dans le quotidien des soins.  Pourtant, de par la nature de leur fonction auprès des patients en fin de vie, elles ont la possibilité d’entrer dans l’intimité de ceux-ci.  À partir d’une approche phénoménologique, cette étude vise à mieux comprendre comment les infirmières auxiliaires et préposées conçoivent la spiritualité et la façon dont elles intègrent les dimensions de l’expérience spirituelle dans les soins aux patients en fin de vie.  Les données recueillies à partir d’observations participantes auprès de ces dernières, seront présentées dans le cadre de cette communication orale.  Les implications cliniques associées à l’organisation des soins seront finalement discutées.

Le Conseil d’évaluation des technologies de la santé (CETS), devenu l'Agence d'évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (AETMIS) en 2000, et récemment intégré à l'Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), a publié au-delà de 100 rapports qui ont influencé la pratique médicale au Québec.  Malgré le rôle important de cette agence, ses rapports n'ont jamais fait l'objet d'études critiques de chercheurs en sciences juridiques.  Un sujet en particulier, la réutilisation du matériel médical à usage unique (MMUU), a fait l’objet de six rapports de l’agence de 1991 à 2009.  Une analyse de contenu de ces rapports révèle que la question du consentement d’un patient à l’utilisation de MMUU réutilisé a souvent été analysée de manière sommaire, ou négligée en faveur de discussions plus détaillées sur des aspects économiques ou scientifiques.  Toutefois, la question du consentement éclairé, loin d’être une préoccupation mineure, est fondamentale au respect de l’autonomie des patients, et a bénéficié d’un examen plus approfondi dans le contexte de la réutilisation du MMUU dans d’autres pays. Compte tenu de l’importance grandissante qu’occupe l’évaluation des technologies médicales dans la société, cette étude permettra une réflexion approfondie sur l’opportunité d’intégrer des patients au processus d’évaluation afin de mieux représenter leurs préoccupations, ainsi que d’améliorer la protection de leurs droits en milieu médical. 

La notion de « fonctionnalisme » semble avoir bien mauvaise presse aujourd'hui au sein de la discipline sociologique. C'est que le terme semble encore attaché du relent téléologique que lui ont insufflé les approches fonctionnalistes de Malinowski, Parsons et Merton, lesquels ont voulu percevoir, dans la société, la forme d'un système qui, pareil à un organisme vivant, dispose de fonctions nécessaires à sa survie. Cette nécessité fonctionnelle, mise de l'avant par ces auteurs, aura rapidement classé ceux-ci, devant la montée de la théorie du conflit en sociologie, au cours des années 1970, au rang d'un conservatisme favorable au maintient du statu quo. Bien que ces interprétations se montrent, en fait, quelque peu manichéennes face à des entreprises pourtant distinctes et nuancées, qu'en est-il aujourd'hui du fonctionnalisme? Cette notion est-elle définitivement disqualifiée pour penser la société? Nous proposons, dans le cadre de cette communication, de nous interroger sur le sens de cette notion de « fonctionnalisme » et de voir de quelle manière celle-ci peut nous être encore utile, voire indispensable, pour la pensée sociologique. Nous proposons de réactualiser cette notion, en témoignant de la grande valeur heuristique de celle-ci, sans que nous soyons obligés, pour cela, d’adhérer à une vision téléologique de la société.

Notre communication présente les résultats d'un projet de pédagogie universitaire intégrant des exercices de danse aux programmes de formation en psychologie, pratique sage-femme, sciences infirmières et ergothérapie.

La relation d'accompagnement inhérente aux soins de santé physique et psychologique implique une proximité qui fait appel à la conscience corporelle de l’intervenant. La danse permet d'aborder kinesthésiquement des notions telles que la confiance, la vulnérabilité et l’empathie qui sont généralement abordées théoriquement dans la formation des soignants. Elle amène l’étudiant dans une démarche réflexive et heuristique propice à la construction de son identité personnelle et, par extension, professionnelle. Une telle approche favorise le développement des intelligences kinesthésique, relationnelle et spatiale qui sont moins souvent sollicitées dans le cadre des cours théoriques ; elle devient un complément de formation indispensable.

Le projet a eu un impact important sur la prise de conscience des étudiants mais également sur l'expérience des formateurs concernés qui y trouvent un lieu de rencontre interdisciplinaire des plus intéressants et un espace de réflexion sur la pédagogie universitaire. 





Dans ma thèse, je teste l'hypothèse que l'intervention des idéologies philosophiques dans la formulation du problème de l'unité conceptuelle de la psychologie empêche la reconnaissance du problème réel et bloque ainsi toutes les possibilités de le résoudre adéquatement. Le problème réel étant de trouver le concept cohérent avec nos connaissances du vivant et celle du fonctionnement du système nerveux, qui permet de rendre compte de l’ensemble des phénomènes psychologiques. Peu importe l'idéologie en cause (ex.: positiviste ou phénoménologique), son intervention produit toujours les deux mêmes effets : une réduction du concept de vie à une conception matérialiste; et le blocage de sa reconnaissance comme un principe de base de l'unité conceptuelle de la psychologie. La grande originalité de notre démarche est qu’elle est hautement falsifiable, puisqu’il existe de nombreux textes sur le problème de l’unité de la psychologie sur lesquelles nous pouvons vérifier notre hypothèse de recherche et confirmer la perpétuation des deux erreurs fondamentales et le blocage de la reconnaissance de l’unité conceptuelle de la psychologie que nous proposons. En terminant, les quatre analyses de fond que nous avons réalisées jusqu’à maintenant confirment l’intervention des idéologies dans la formulation du problème de l’unité et le blocage de la reconnaissance de la solution que nous proposons : l’activité relationnelle d’une forme de vie, comme un tout, avec son environnement.



Il est difficile de déterminer les motivations des suicidaires, de chacun d’eux, individuellement. Durkheim, ses prédécesseurs, ses successeurs, ont surtout cherché à établir des corrélations entre l’acte suicidaire et l’âge, le sexe, l’état civil, la profession, la confession, le mode de vie urbain, etc. Il était presque fatal qu’en résulte des inférences entre caractéristiques sociales et passage à l’acte, de sorte que les caractéristiques en sont venues à passer pour des causes. Le procédé est questionnable. L’inférence est d’autant une tentation que la confidentialité des données personnelles rend difficile l’exploration des motivations.

En utilisant un corpus historique de pièces accessibles sans restriction, on évite l’inférence statistique. Ainsi des dossiers des militaires canadiens des années 1914-1922 et 1939-1947. Une fois résolue la difficulté d’établir les listes de noms, 530 cas ont été repérés. L’analyse montre que la corrélation entre combat et passage à l’acte est faible, que les principales causes sont les maladies mentales graves, comme la schizophrénie, de difficiles relations familiales ou sociales et des attentes économiques négatives à la démobilisation. Parfois ces motifs se conjuguent entre eux ou avec d’autres moins prégnants. Les traumatismes physiques ou psychologiques arrivent derrière comme motifs de suicide. Ce corpus, l’un des plus importants du genre au monde, permet d’aller loin dans la recherche des motivations des suicidés.

L’aide internationale s’attaque aux problèmes de justice sociale les plus importants. Malheureusement, cette aide est généralement peu efficace. En réaction contre ce problème, l’altruisme efficace (AE) propose des solutions qui maximisent l’utilité de chaque dollar afin de faire la plus grande différence dans la vie du plus grand nombre de personnes.

En contradiction avec l’approche utilitariste prise par l’AE, les tenants de la critique institutionnelle (CI) affirment que l’AE pourrait être beaucoup plus efficace s’il s’attaquait à la racine du problème, les institutions, plutôt qu’aux symptômes, la souffrance individuelle.

La question qui guidera ma présentation sera: comment intégrer la CI à l’AE sans contrevenir à sa conception de l’utilité?

Pour répondre à cette question, je présenterai d’abord l’AE afin de faire ressortir les critères de leur conception de l’efficacité. Puis, je ferai de même pour la CI. Cela me permettra de faire  une analyse comparative des deux conceptions de l’efficacité afin de faire ressortir les pistes de solutions possibles.

La solution novatrice que je propose est d’intégrer des aspects de la conception de l’efficacité de la CI à l’AE. Plus précisément, je propose que l’AE devrait soutenir les transferts de fonds déjà envoyés par les migrants économiques qui soutiennent financièrement leur famille. Je propose de soutenir ces migrants dont on ne parle jamais et qui font une grande différence pour ceux qui nous restent souvent invisibles.

À l'ère de l'intelligence artificielle (IA), la compréhension et la définition de l’amour subissent des transformations profondes. La problématique centrale de cette recherche porte sur l’impact des technologies émergentes sur l’identité et l’intimité, ainsi que sur les défis éthiques qu’elles posent. Alors que l'IA devient omniprésente dans nos vies quotidiennes, des questions cruciales se posent concernant la nature des relations humaines et la manière dont elles peuvent être influencées par des agents non humains.

En examinant des cas concrets tels que les applications de rencontre, les robots conversationnels et les dispositifs d'assistance à la rédaction de messages, nous chercherons à identifier les implications de ces innovations sur les relations humaines traditionnelles. La méthodologie adoptée comprend une revue critique interprétative de la littérature existante, qui permettra de cartographier le paysage éthique et les enjeux associés à l'utilisation de l'IA dans le domaine des relations amoureuses. 

Les résultats préliminaires suggèrent que l'IA pourrait à la fois faciliter et complexifier les relations humaines, entraînant des implications significatives pour l'autonomie individuelle, l'identité sociale, et la compréhension de l'amour. Ce projet de recherche vise à enrichir le débat sur les nouvelles formes d'intimité et à éclairer les pratiques professionnelles, la recherche et les politiques publiques dans ce domaine en pleine évolution.

Le DPNI est une technique récente recueillant l’ADN des cellules fœtales libres, entre 8 à 10 semaines de gestation, par une prise du sang maternel afin de détecter les aneuploïdies fœtales. Sa simplicité et l'absence de risque permettent d'éliminer l'anxiété associée à la procédure et le risque de fausse couche.Il permet à la femme de se concentrer sur les résultats plutôt que sur la procédure et les risques, améliorant son autonomie reproductive. Paradoxalement, ces caractéristiques créent une menace potentielle sur cette autonomie. Pour les tests invasifs, le choix de les refuser peut être justifié par la présence d'un risque de fausse couche. Inversement, l’absence de ce risque modifie le contexte de prise de décision favorisant une pression à tester, pouvant venir de son partenaire, sa famille, d’une d’obligation morale d’être une mère responsable, des attentes de la société qui pèsent sur elle ou du risque de stigmatisation de de mener à terme une grossesse affectée. Le DPNI est une technologie révolutionnaire mais pour promouvoir l'autonomie reproductive de la femme, il devrait rester un choix. La femme devrait savoir qu'elle peut le refuser et être protégée des influences externes par un conseil génétique approprié. Pour celles qui souhaitent mener leur grossesse affectée, il faudrait créer des systèmes de soutien social pour les enfants trisomiques et favoriser le traitement de ces maladies.

La séduction présente un paradoxe notable : elle est omniprésente dans nos vies sans être définie de manière convenable.  Elle révèle ainsi une tache d’ombre dans la démarche scientifique inter-disciplinaire : en effet, comment peut-on étudier un phénomène, même sous sa forme appliquée, si nous ne l’avons pas d’abord défini ?

 C’est justement parce que la séduction est une constante dans nos vies et qu’elle a des retombées sociales qu’il devient intéressant de la considérer comme figure de cas. Tâcher de définir la séduction est d’autant plus d’actualité alors que nos liens sociaux se modifient en réponse aux nouvelles technologies et contraintes professionnelles : en effet, définir la séduction, c’est situer les individus dans une trame historique, tout en qualifiant leurs relations intra- et inter-groupes.

 C’est ce que je me propose de faire en me basant sur les résultats de ma recherche doctorale : d’abord définir la séduction, pour ensuite prendre en compte les conséquences sociales et éthiques qui découlent de ma définition. Pour cela, j’étudie le phénomène de séduction dans un cadre comparatif où l’humain et les grands singes non-humains sont mis en relation. En établissant de la sorte des parallèles et divergences entre les espèces de grands singes (dont l'humain) en matière de séduction, nous serons amené à réfléchir au concept de communauté, d’identité et du vivre ensemble.

La souffrance des adolescents demeure préoccupante, notamment celle reliée au phénomène de l’intimidation par des pairs. Malgré de multiples efforts pour venir en aide à ces jeunes, un sentiment d’impuissance demeure présent chez plusieurs d’entre eux.

Cette étude exploratoire a eu pour objet d’étude de comprendre le phénomène de l’intimidation par les pairs vécu par les adolescents. Le défi était de rester au plus près du récit de ces adolescents et d’entreprendre des analyses en utilisant la méthodologie de la théorisation enracinée tout en nous inspirant de l’écoute et l’analyse psychanalytique. À partir du recrutement effectué par plusieurs intervenants dans les écoles de la Commission scolaire de Laval, nous avons rencontré dans un premier temps 7 sujets dont 16 entretiens. Comme certaines catégories n’avaient pas atteint de saturation théorique, d’autres données provenant de la série « Les intimidés » ont été ajoutées et intégrées à l’analyse (8 autres sujets).Dans le respect des assises épistémologiques et méthodologiques de la théorisation de la méthodologie enracinée, des analyses (ouverte, axiale et sélective) ont aussi été effectuées.

Les résultats empiriques démontrent comment le processus dynamique du vécu familial et fraternel vient influencer la construction identitaire de ces adolescents. Alors, ce vécu prédispose les adolescents à rejouer ce qu’ils ont appris dans leur famille, c’est-à-dire qu’avec leurs pairs, à l’école.

L’esthétique de l’environnement est une discipline philosophique qui s’est constituée et établie au cours des quarante dernières années. Dans la tradition analytique, elle jouit d’une pleine reconnaissance depuis deux décennies. – Je présenterai brièvement : 1) les principaux jalons de son évolution thématique et institutionnelle jusqu’à aujourd’hui; 2) quelques problèmes qui animent la réflexion dans cette discipline ; 3) le projet d’une philosophie anthropocentriste, inspirée par Kant, qui étudie le respect porté par les humains à la valeur esthétique des environnements. – Ce fut d’abord, à partir des années 1970, l’étude des environnements naturels puis mixtes et urbains qui a occupé cette nouvelle discipline. Elle a récemment élargi son champ à l’esthétique de la vie quotidienne et elle s’intéresse depuis peu à diverses composantes culturelles de l’expérience esthétique (notamment dans les cultures orientales). Parmi les thèmes qui alimentent cette réflexion, on retrouve la spécificité de l’appréciation esthétique de l’environnement comparée à celle de l’art, l’opposition entre les conceptions objectiviste et subjectiviste de l’appréciation esthétique, ainsi que la question du lien possible entre une esthétique et une éthique de l’environnement. Ma présentation comportera quelques références à certains auteurs importants de cette discipline (R. W. Hepburn, A. Carlson, A. Berleant, H. Rolston, Y. Sepänmaa, Y. Saito, E. Brady).

L’État providence et l’euthanasie active. Perçu comme un avancement du droit des malades et la reconnaissance de leur autonomie, le suicide dit « assisté » marque le passage d’une frontière invisible. Salué par bon nombre de commentateurs politiques comme un progrès de la sensibilité à l’égard de la souffrance intolérable, accueilli favorablement par la population et les associations de droit des malades, promu au rang de droit fondamental dans l’arrêt Carter, s’agit-il pour autant d’une avancée de la conscience éthique? Élevé au rang de certitude quant à sa finalité et son caractère opportun, quelle transaction politique ce dispositif bureaucratique met-il en scène? La fin de vie en milieu hospitalier implique assurément des coûts importants; le choix d’un patient de devenir bénéficiaire d’un «acte médical » tarifé de cette nature opère un changement de paradigme dans la notion même de « soins ». L’expression « suicide assisté », cette contradictio in adjecto, rend manifeste l’effort pour court-circuiter la portée d’un acte meurtrier. Dans ce contexte, nous entendons examiner la fonction idéologique des Chartes,  en suivant l’affirmation suivante du juriste français Jean-Étienne-Marie Portalis pour qui : «Lorsque la corruption n’est pas dans les mœurs, on peut y remédier par de sages lois; mais quand un faux esprit philosophique l’a naturalisée dans la morale et la législation, le mal est incurable, parce qu’il est dans le remède même ».

Le concept de libre arbitre semble aujourd’hui menacé par les récentes avancées neuroscientifiques. Les fameuses expériences de Benjamin Libet dans les années 80 ont contribué à montrer que nos intentions d’agir ne constituent pas la source ultime de nos actes : elles sont en réalité précédées par une activité cérébrale qui nous prépare à agir avant même que nous ne prenions conscience de notre décision. Les expériences plus récentes de John-Dylan Haynes vont également dans ce sens et permettent de prédire l’action que va effectuer un sujet en se basant uniquement sur son activité cérébrale. Ces résultats scientifiques ont néanmoins été longuement discutés, et nous évoquerons les critiques qui peuvent leur être adressées. Nous montrerons également que le concept de libre arbitre, s’il doit être relativisé à la lumière des résultats expérimentaux, ne doit cependant pas nécessairement être évacué. Une possible redéfinition du libre arbitre consisterait en effet dans la maîtrise accrue de nos capacités attentionnelles : à travers un apprentissage sur le long terme, il serait possible, d’une part, de prendre conscience de processus qui sont habituellement inconscients ou pré-réfléchis, et, d’autre part, d’élargir notre répertoire d’actions disponibles grâce à la flexibilité qu’offre la capacité retrouvée de moduler des processus automatiques. Cette théorie attentionnelle du libre arbitre est appuyée par les résultats issus du champ émergent des « neurosciences contemplatives ».



La dépigmentation volontaire de la peau est le malaise africain des temps présents. Elle est l’une des nouvelles formes d’esclavage contemporain de l’Afrique. Ayant des racines psychologiques, elle résiste, jusqu’ici, aux efforts de sa réfutation. La pratique de la dépigmentation volontaire de la peau est l’écho de la transformation de l’être, aussi bien physique que psychologique. Il est l’effet du traumatisme vécu par l'Africain à l’égard de son identité qui se traduit par un désir de changement de couleur de la peau. La dépigmentation ayant des conséquences graves, constitue, désormais, un problème de santé publique et suscite les questions suivantes : Comment parvenir à l’éradication du phénomène ? Comment des sociétés africaines, fondées sur la transmission des principes de la solidarité, s’approprient-elles un fait de la psychologie individuelle comme celui de la dépigmentation de la peau ? Face à ces interrogations, il s’agira d’examiner les conditions de l’apparition et de la prolifération du phénomène de la dépigmentation, en rapport avec la crise identitaire due à la colonisation moderne et les politiques africaines de développement culturel.

Les approches analytiques et historiques s’emploieront, d'abord, à présenter le contenu sémantique du concept de dépigmentation; ensuite, à situer les responsabilités dans la prolifération du phénomène; enfin, à définir les perspectives pour des politiques de développement en Afrique, à travers la valorisation de l’humain.

La philosophie politique occidentale prend généralement pour objet l’idée de justice. David Hume et John Rawls ont formulé de manière canonique l’idée que la justice est un concept dont la pertinence s’impose dans des circonstances particulières. Suivant ces penseurs, les circonstances de la justice sont comprises comme un contexte de rareté relative entre individus plus ou moins égaux ayant des passions et des intérêts conflictuels. Or, cette idée ne permet pas uniquement de situer le contexte du discours portant sur la justice, il limite également notre capacité à concevoir la justice autrement.

Afin de déconstruire cette idée, nous nous intéresserons à l’action de grâce de la Confédération Haudenosaunee. Ces mots qui viennent avant tous les autres visent à remercier le Créateur ainsi qu’à reconnaître nos relations avec les autres-qu’humains. Ils nient la perception occidentale de rareté pour plutôt mettre l’accent sur l’abondance. Conséquemment, nous proposons de réfléchir aux manières de concevoir la justice politique et sociale rendues possibles lorsque l’on débute avec ces circonstances autres. Nous argumentons, notamment, que la justice peut dès lors être pensée comme reposant sur des relations de dépendance et de responsabilités plutôt que comme cherchant à établir une distribution équitable et à garantir le tien et le mien. Ultimement, ceci permet de mettre la lumière sur des conceptions de la justice qui reposent dans l’ombre des circonstances de la justice.

Comment l’imagination morale peut-elle rehausser les capacités émergentes d’autonomie des enfants et des jeunes dans un contexte éducatif mettant l'accent sur le dialogue et l’éthique? La communication proposée s’appuie sur l’approche par les capacités développée par Amartya Sen et Martha Nussbaum—une méthodologie à la fois philosophique, politique et pédagogique—afin de justifier le rôle de l’imagination morale en tant que capacité éducative complexe qui peut élargir les critères d’évaluation morale chez les enfants/jeunes, ainsi que les modes de vie qu’ils choisissent de valoriser. L’idée développée dans cette contribution est que l’autonomie responsable chez les enfants/jeunes dépend d’un répertoire mental vaste et varié, et que ce dernier peut être agrandi par l’imagination morale pratiquée de façon délibérée dans le cadre d’une pédagogie dialogique. Comme étude de cas, le programme de Philosophie pour enfants (PPE) de Matthew Lipman et son modèle de communauté de recherche philosophique (CRP) feront l’objet d’analyse puisque leur accent sur le dialogue, le raisonnement critique et le vivre ensemble favorise l’imagination morale, et par extension, la pensée autonome. Les conclusions de recherche indiquent que l’imagination morale comme capacité éducative offre accès aux enfants/jeunes à de diverses ressources conceptuelles, à un espace dialogique et à l'expression créative, leur permettant de mieux évaluer les dimensions éthiques de leurs expériences vécues.

Des différences dans la prononciation des voyelles à Québec et à Saguenay ont récemment été mises au jour chez des locuteurs jeunes et éduqués en situation formelle : par exemple la fréquence de la diphtongaison (Leblanc, 2012), la durée des voyelles fermées relâchées (Sigouin, 2013) et l’aperture de la voyelle /ɛ/ (Riverin-Coutlée et Arnaud, 2014) varient d’une ville à l’autre.

Par ailleurs, en français contemporain, la voyelle /ɔ/ est aussi marquée d’une variation diatopique : en France, notamment, sa prononciation est beaucoup plus antérieure au Nord qu’au Sud (Boula de Mareüil et al., 2010). L’antériorisation de /ɔ/ a été moins étudiée à l’échelle québécoise, mais le phénomène est attesté dans plusieurs régions (Lamontagne, 2015), dont le Saguenay (Paradis, 1985).

L’objectif de la présente étude est d’examiner la prononciation de /ɔ/ à Québec et à Saguenay pour vérifier si le phénomène d’antériorisation s’y manifeste de la même façon. Pour ce faire, nous avons procédé à l’analyse acoustique de 1000 occurrences de cette voyelle produites par 40 étudiant-e-s universitaires de ces deux villes lors d’une tâche de lecture formelle en laboratoire. Des modèles linéaires à effets mixtes ont été utilisés pour vérifier l’effet de l’origine géographique et du sexe des locuteurs sur la fréquence centrale des deux premiers formants vocaliques. Les résultats indiquent notamment que /ɔ/ serait une voyelle plus antérieure à Québec qu’à Saguenay, et ce, chez les locuteurs des deux sexes.

Le sujet de ma communication s’inscrit dans la discipline de la sociologie. Il s’agit de la trudeauisation de la langue française au Québec, un phénomène étudié lors de mon mémoire de maîtrise. La notion de trudeauisation est empruntée à l’historien Éric Bédard et fait référence à un processus d’individualisation radical de la société, entamé au Québec après 95 et qui s’oppose à toute subordination de l’individu au droit collectif. Lors de la communication, je me pencherai tout particulièrement sur son évolution dans la politique linguistique québécoise, en présentant chronologiquement la pensée de trois intellectuels québécois: Camille Laurin, Gérald Larose et Gérard Bouchard. Il en ressort que la trudeauisation se caractérise principalement par une incapacité d’aménager la langue française au nom de la culture nationale. Alors que la « Loi 101 » s’inscrivait initialement dans la continuité d’une culture nationale historiquement constituée, aujourd’hui, comme le concevait Trudeau, le droit individuel l’emporte inconditionnellement sur le droit collectif. Cela met en échec toute réforme de la politique linguistique basée sur la culture. Or, au nom de quoi peut-on maintenant promouvoir le français au Québec? Cette question en ouverture terminera la communication. Enfin, ma communication se résumerait à expliquer le phénomène de la trudeauisation dans la politique linguistique québécoise par l’entremise de Camille Laurin, Gérald Larose puis Gérard Bouchard.

Le potentiel d’altération de l’identité que présente le cyberespace est à la source de bien des délits d’imposture, qu’ils soient mineurs, comme la prise contrôle du compte Facebook d’un ami pour faire une blague; ou majeurs, comme le leurre d’enfant par un adulte se faisant lui-même passer pour une enfant. Cependant, endosser une identité qui n’est pas nôtre sur internet peut aussi permettre de résoudre ou de prévenir certains crimes.

Nous nous sommes intéressée à l’identification des stratégies discursives utilisées par des agents provocateurs (AP) pour se faire passer pour des adolescents et, ainsi, débusquer des cyberpédoprédateurs (CPP).

Pour ce faire, nous avons fait une analyse de conversations tirées du site pervertedjustice.com et prenant part entre des AP et des CPP avérés. Les stratégies de (re)construction de l’identité linguistique créée par les AP ont été identifiées par le biais des composantes sociopragmatique et interactionnelle et ont permis de dresser les grandes lignes de la représentation que se fait l’adulte du discours adolescent.

Cette analyse s’inscrit dans une démarche doctorale plus large qui, nous l’espérons, contribuera à élaborer un cadre d’analyse pour l’identification des CPP se faisant passer pour des (pré)adolescents sur les réseaux sociaux, collaborera à l’amélioration des techniques d’hameçonnage utilisées par les AP pour attirer les CPP et concourra à l’amélioration des programmes de prévention offerts aux (pré)adolescents.