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La toxicomanie et la parentalité se posent souvent comme antinomiques, notamment aux yeux de la loi. Pourtant, du point de vue psychique, et particulièrement au regard du mode d’investissement de l’objet, l'objet-drogue et l’enfant pourraient partager certaines caractéristiques, ou encore s’inscrire dans une solution de continuité tout aussi révélatrice du passage possible pour les parents d’un mode de vie de consommation à une parentalité exempte de celle-ci. Une telle compréhension pourrait s’avérer fertile pour l’intervention auprès des parents toxicomanes.

Notre étude vise à explorer les fonctions de la prise de drogue dans le parcours de jeunes parents dits «en difficulté» et, en parallèle, les fonctions psychiques de l’enfant chez ces parents. Une seconde étape de la recherche s’intéresse aux parallèles possibles entre les fonctions accordées à ces deux objets par les jeunes parents.

Pour ce, nous avons mené une analyse qualitative «à l’aide de catégories conceptualisantes» (Paillé et Mucchielli, 2012) d’entretiens semi-directifs recueillis dans le cadre d’une recherche du GRIJA portant sur la parentalité chez les jeunes adultes en difficulté. Nos résultats laissent entrevoir des croisements entre le mode d'investissement et les fonctions de l'objet-drogue et de l'enfant, lesquels permettent d’envisager des alternatives dans la compréhension des difficultés du maintien de l’abstinence chez ces parents, ainsi que de nouvelles voies pour l’intervention en ce domaine.

Mes recherches se concentrent spécifiquement sur la critique du concept de Raison dans l’œuvre d’Herbert Marcuse, célèbre théoricien de ce qu’on appelle maintenant l’« École de Francfort ». Ce sujet nous amène des fondements typiquement hégéliens de la Théorie critique jusqu’à leur renversement radical au courant de la Seconde guerre mondiale. À travers différents thèmes qui traversent la pensée de Marcuse, ma conférence entend retracer ses tentatives pour trouver un fondement de la critique autre que celui, absolument inévitable en philosophie, de la Raison. Refusant obstinément de nuancer ses constats allant dans le sens d’une régression de la critique et d’une atrophie des capacités de négation de l’ordre établi dans la société industrielle avancée, sans pour autant jamais cesser de chercher ce qui, « de l’intérieur », pouvait encore receler un potentiel subversif de transformation, Marcuse tente tant bien que mal d’échapper à l’aporie inhérente à cette critique radicale de la Raison en s’efforçant de trouver dans les différentes sphères de l’existence humaine une dimension encore capable de résister à son intégration totalitaire dans le capitalisme avancé. Cette réflexion nous amène à nous demander s’il existe ou non des alternatives pour une critique sociale qui ne prétend plus plonger dans la Raison ses racines. Dans le sillage de Marcuse, nous suivons un chemin hésitant mais audacieux qui nous conduit vers rien de moins que les limites de la modernité elle-même.

Notre communication porte sur la pensée du psychiatre martiniquais Frantz Fanon en lien avec la situation coloniale et « décoloniale » de l’Algérie entre 1954 et 1960. Nous étudions ici le portrait que Fanon dresse sur l’évolution du rôle social et du statut des Algériennes avant et pendant la guerre d’Algérie. Ce regard sur la marginalité est alors inédit parmi les penseurs anticoloniaux et nous soutenons que Fanon est véritablement le premier à prendre en considération l'histoire sociale des femmes dans le contexte des indépendances africaines. Notre problématique de référence gravite autour d'une réflexion précise. Nous nous questionnons à savoir comment Fanon analyse-t-il l’évolution du statut social et le rôle des Algériennes avant et durant la guerre d’Algérie?

Dans son portrait, il dénote une fissure causée par le conflit entre leur statut traditionnel et leur rôle de combattantes au sein de la lutte indépendantiste. Il perçoit que cet engagement crée un phénomène d'émancipation. C’est dans cette optique que nous analysons l'organisation et le fonctionnement du noyau familial algérien ainsi que la place des femmes dans cette société. Nous nous penchons ensuite sur leur rôle dans la lutte d’indépendance et nous verrons comment les réalités vécues par les combattantes diffèrent des propagandes révolutionnaires du FLN. Nous appuierons notre réflexion par le croisement des deux études de Fanon, soit L’An V de la révolution algérienne (1959) et Les damnés de la terre (1961).

Mon projet de recherche porte sur la création de la réserve innue de Nutashkuan dans les années 1950. À travers des entrevues d’histoire orale réalisées avec des membres de la communauté, et à l’aide de photographies d’époque et d’archives des missionnaires et des agences fédérale et provinciale, je tente de comprendre comment une réserve s'est établie à l’embouchure de la Grande rivière Natashquan, et comment les Innus qui l’habitent se souviennent de ces événements.

Dans le cadre de cette communication, je souhaite aborder plus spécifiquement le processus de recherche en lui-même et certaines questions méthodologiques liées à mon projet. En 2005, un protocole de recherche a été mis en place par l’APNQL pour encadrer la recherche en milieu autochtone et insister sur l’importance d'une collaboration avec les communautés. Comment cela se passe-t-il dans la réalité? Comment fait-on pour que la recherche soit réellement une «zone de convergence» entre une chercheure extérieure et une communauté? Est-ce possible?

Mon expérience m’a montré les difficultés de s’assurer que la communauté soit en accord avec la recherche. Par ailleurs, la collaboration demande beaucoup de temps, et peut impliquer une réorientation des intérêts de recherche, un choix parfois difficile à faire. Finalement, c’est parfois à l’extérieur de la recherche principale et du cadre universitaire que naît l’espace collaboratif et, peut-être, la recherche la plus utile pour la communauté.

Raymond Aron et Paul Ricœur ont tous deux développé des philosophies critiques de l’histoire, condamnant les totalisations des philosophies spéculatives de l’histoire (Hegel, Marx, Comte…). À partir de perspectives différentes, ils ont cherché à historiciser la raison, en déployant une pensée nécessairement compréhensive et pétrie du caractère contingent de l’histoire. Ils ont donc cherché à arrimer Raison et Histoire : Aron à partir d’un questionnement épistémologique sur l’histoire et Ricœur, d’une herméneutique de la narration historique. La fin de l’histoire, d’eschatologique qu’elle était, sous les philosophies spéculatives de l’histoire, a ainsi pris le sens d’une visée et d’une intention de raison, indissociables de la réflexivité du savant sur sa propre condition. Notre communication s’interrogera sur le statut que revêt, chez eux, la raison, en regard de ces inflexions du rationalisme et de l’idéalisme. Elle y prend la double forme, complémentaire plutôt que contradictoire, d’un idéal, voire d’une utopie nécessaire, ainsi que d’une raison incarnée dans le travail du savant, qu’il tire des raisons d’agir au sein du monde vécu. Situation paradoxale, mais non aporétique, où la Raison devient l’objet d’une croyance, d’un acte de foi et d’espérance, et guide la réflexion sur l’histoire. Aron et Ricœur ont en effet pensé une idée de la raison comme horizon régulateur et idée-limite kantienne, tout en prenant la pleine mesure des limites du rationalisme et de l’idéalisme.

Nous entendons constamment parler de conflits d’intérêt,
et la chose se présente souvent avec une connotation juridique et politique. Ce
sont là d’importantes préoccupations, mais l’on s’arrête tout de même très peu sur
la notion pourtant centrale d’intérêt; la présente communication vise à développer une conception
non réductrice de la notion d’intérêt. Après avoir arrêté quelques
définitions de base de l’intérêt, plusieurs contributions philosophiques d’importance
sur la notion d’intérêt seront brièvement revues, notamment Cicéron, Hobbes,
Kant, Marx et le pragmatisme classique, plus récemment Comte-Sponville, C. Larrère.
Puis il s’agira de développer plus systématiquement la notion d'intérêt, à la lumière de
certaines considérations venues des sciences sociales et de la philosophie, pensons
à Habermas relisant notamment Peirce et à G. Simmel qui resitue la question de l'argent souvent confondue avec l'intérêt. Certaines contributions importantes des sciences économiques seront prises en compte, notamment l'apport de G. Hardin et sa discussion critique par Elinor Ostrom, ce qui permettra de dégager quelques intérêts substantiels peu visibles mais néanmoins incontournables. Il s'agira aussi d'examiner au plan des discours argumentés
à tour de rôle les domaines, les lieux et les critères de l’intérêt, pour déboucher sur des remarques concernant l’opposition et la conciliation des intérêts dans la vie sociale.

L’introduction du Test Prénatal Non-Invasif (TPNI) au sein des soins prénataux pour détecter les aneuploidies foetales tel la trisomie 21 rencontre actuellement un grand succès. Afin d'explorer les facteurs qui influencent la prise de décision des femmes enceintes et de leurs partenaires vis-à-vis du TPNI, nous avons conduit une étude qualitative basée sur des entrevues semi-dirigées à Montréal et au Liban.

Notre analyse a montré que la majorité des participants considèrent le test comme un progrès dans le cadre des technologies reproductives. Ils ont souligné les avantages d’un nouveau test non-invasif, ayant une spécificité élevée et pouvant être effectué dès la dixième semaine de grossesse. Cependant, ils ont soulevé divers facteurs jugés comme influençant leur choix de considérer le test. Ainsi, la comparaison des données a montré qu’il existe des facteurs similaires qui entrent en jeu tels le coût du test, ses caractéristiques, la perception concernant l’avortement et le désaccord potentiel entre le couple quant au choix de tester. Un élément mentionné uniquement par les couples Libanais était la recommandation du professionnel de la santé.

Pour assurer une prise de décision éclairée par les femmes et leurs partenaires, les facteurs contextuels devraient être pris en considération afin de promouvoir leur autonomie reproductive ainsi que dans l’élaboration de politiques visant une implantation éthiquement et socialement acceptable du test en clinique.

Toute bonne monographie traitant du climat intellectuel en Europe de la fin du 19e ou encore de l’Affaire Dreyfus contiendra une référence à Lucien Herr. On lui reconnait généralement la conversion au socialisme et au dreyfusisme de générations d’étudiants de l’École normale supérieure dont font parti Léon Blum et Jean Jaurès. Cependant, dans l’historiographie cette reconnaissance n’est jamais suivie d’une explication et devient plutôt un raccourci commode. L’Affaire Dreyfus étant considérée comme le moment historique de la naissance de l’intellectuel moderne en France et Lucien Herr y ayant joué un rôle central de mobilisation, notre compréhension de l’émergence de l’intellectuel peut-elle être complète sans l’analyse de ce cas? Dans le cadre de cette communication nous nous proposons donc de présenter le cas de Herr par une analyse de son engagement intellectuel, de son parcours professionnel et de ses écrits. Il s’agit de dégager une philosophie de l’engagement ancrée dans une logique de soustraction collective et de voir son impact dans ses réseaux. Cette communication, basée sur les résultats de recherches effectuées dans le cadre de la maîtrise, permettra de présenter un cas important dont les travaux précédents remontent aux années 70 et qui bénéficie maintenant des avancements récents en histoire des intellectuels. L’historiographie peut-elle faire l’économie de l’étude d’un intellectuel dont on reconnait l’importance centrale dans la mobilisation? 

Au coeur de tout accès au monde, au coeur de tout comprendre et de tout affect - enchâssés au monde de par un principe d'intentionnalité - subsiste une conscience d'être indivisible. Une ipséité englobant chaque être humain pensant et ressentant. Paradoxalement, c'est au frontière du cadre de son monde, au détour d'une situation-limite, que l'être humain arrive à saisir, l'espace d'un instant, l'englobante impression d'être, authentiquement. Or que la conscience théorique de sa mort prochaine peut entraîner l'humain vers une angoisse qui soulèvera la question insigne de l'être, le processus de mort, comme personnellement, phénoménologiquement éprouvée, représenterait l'ultime situation-limite pour qui relate avoir vécu une EMI, une expérience de mort imminente (18% de ceux ayant survécu à un arrêt cardio-vasculaire garderaient souvenir d'une telle expérience selon l'étude de Pim Van Lommel publié dans le Lancet en 2001). Cette expérience phénoménologique, par delà son caractère réel ou illusoire, laisse chez qui l'expérimente une trace durable : l'expérience du surgissement de leur être, à la fois transcendant et immanent, semblant perdurer au delà de toute contingence, de matière, de temps, d'espace.

M'appuyant sur des études de cas décrites par Moody, Ring et Alexander, cette conférence s'attardera à tisser des ponts entre les vécus phénoménologiques rattachés aux EMI et le travail de réflexion de penseurs tels Heidegger, Arendt, Cioran, Jaspers, Jung, May et Van den Berg.

En 1641, quand Descartes publie les Méditations métaphysiques, celui-ci soutient une thèse qui semble être profondément contradictoire. Le corps et l’âme, affirme-t-il, sont deux substances irrémédiablement distinctes, mais sont malgré tout tellement confondues et mêlées qu’elles forment une union très étroite qu’on appelle l’être humain.

Cette surprenante thèse de l’union sera l’objet des premières lettres qu’Élisabeth de Bohême adresse à Descartes. Cette dernière lui demande d’expliquer comment une substance immatérielle peut interagir avec une substance matérielle.

La réponse de Descartes, loin d’éclaircir le rapport entre le corps et l’âme finiront de confondre la princesse. Apercevant l’insatisfaction de la princesse, Descartes cherchera à fournir une réponse plus complète. C’est ainsi que cet échange donnera naissance au Traité des passions de l’âme.

Toutefois, plusieurs affirment que la solution cartésienne n’est pas acceptable : il est impossible de colmater la rupture ontologique qui existe entre deux substances simplement grâce à la physiologie.

Dans cette communication, nous allons nous intéresser particulièrement aux lettres qu’adresse Descartes à Élisabeth. Nous soutenons que cette correspondance permet d’éclaircir la thèse cartésienne de l’union du corps et l’âme et espérons que notre interprétation de celle-ci réhabilitera la solution cartésienne au problème de l’union.

Au cours des 10 dernières années, l’actualité a été riche en débats autour de la question de la laïcité au Québec. La laïcité dite ouverte, telle que décrite dans le rapport sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles (commission Bouchard-Taylor), m’a semblée porteuse d’une proposition originale pour gérer la diversité des croyances au sein d’une société pluraliste. Par l’étude d’un corpus bibliographique, j’analyse ce qui fonde le régime de laïcité ouverte comme une conception normative spécifique des relations entre État et religions dans le cadre de l’État québécois. J’en déduis que ce régime diffère des positions plus tranchées du débat actuel. D’une part, si les principes au fondement de la laïcité sont identiques pour les tenants de la laïcité ouverte comme pour ceux de la laïcité dite « stricte », leur hiérarchisation est différente : primauté de la neutralité pour les derniers, primauté du respect de la liberté de conscience et de l’égalité pour les premiers. D’autre part, ce qui se présente actuellement sous le terme de laïcité ouverte pourrait plutôt être considéré comme du pluralisme libéral en ce qu’il met l’accent uniquement sur la primauté des droits et libertés et en minimisant la reconnaissance de « la dimension spirituelle de l’existence » (Bouchard-Taylor, p. 141).  Cette reconnaissance est cependant porteuse de dialogue et de recherche du consensus qui semblent prometteur sur le plan du vivre-ensemble.

Nous croyons que la nature du pouvoir entre la Conquête et la période qui suit l’instauration du système parlementaire, doit être saisie dans son ensemble. L’instauration du système parlementaire en 1791-1792 a fait couler beaucoup d’encre parmi les historiens, la participation politique et surtout la représentation s’identifiant généralement avec les règles de jeu du parlementarisme. Pourtant, semble-t-il qu’aucune recherche ne s’est attardée de façon approfondie aux rapports entre le pouvoir local, la participation politique, la représentation populaire, dans la période précédente inaugurée par l’établissement du gouvernement civil en 1764. L’envergure de notre questionnement tient ainsi à l’identification des relations de pouvoir des groupes à l’intérieur de la société québécoise de la seconde moitié du XVIIIe siècle et début du XIXe. La délimitation du sujet dans l’espace et dans le temps répond davantage à deux critères : l’identification dans la « Province de Québec » de plusieurs formes de participation et de représentation populaire, documentées par des sources accessibles et, d’ailleurs, le commencement d’une période riche socio politiquement parlant, qui chevauche le manque d’institutions représentatives classiques et l’instauration du système parlementaire.

Il est difficile de ne pas voir dans le concept cartésien d'idea, par cause du tournant subjectiviste qu'il introduisit dans la pensée moderne, le signe d'une rupture vis-à-vis du réalisme médiéval des essentiis de Thomas d'Aquin. Bien que révolutionnaire par ce premier côté, l'ontologie des idées de Descartes ne s'est cependant pas développée sans subir, par un autre côté, l'influence de la métaphysique scolastique de Suárez. Une question se pose alors: la théorie cartésienne des idées est-elle au final tributaire ou non de la philosophie scolastique? Face à ce problème, les commentateurs se sont traditionnellement rangés au côté de l'une ou l'autre de deux interprétations, l'une discontinuiste et l'autre continuiste. C'est en contribuant au dépassement de cette dichotomie que notre thèse proposera une solution alternative. L'atteinte de cet objectif suivra une démarche méthodique en deux temps: (1) la doctrine cartésienne de l'idea sera tout d'abord comparée à celle thomasienne de la forma substantialis pour (2) ensuite être contrastée avec celle suarezienne du double conceptus. La conclusion qui résultera de cette analyse comparative sera celle-ci: il y a entre la conception cartésienne et la tradition scolastique à la fois continuité (les idées cartésiennes empruntant leur double réalité d'esse objectivum et d'esse formale à Suárez) et discontinuité (la subjectivation cartésienne des idées impliquant un rejet du réalisme thomasien de la forma substantialis).

L’itinérance est un phénomène qui est vécu par une diversité de personnes. La communication orale proposée dans le cadre du 84e congrès de l’ACFAS porte un regard sur la réalité des personnes itinérantes qui partagent leur quotidien en présence d’un animal de compagnie. Sachant que le milieu de la rue est un environnement stressant et rempli d’épreuves à surmonter, il est possible de croire que d’y vivre en compagnie d’un animal peut amener des contraintes importantes pouvant entraver leurs moyens de survie.

Or, afin de mieux cerner le contexte situationnel que les personnes vivent lorsqu’elles entretiennent une relation avec un animal de compagnie dans la rue, cette communication orale présentera les bénéfices et les contraintes d’une telle relation dans leur parcours de vie. Plus précisément, cet échange de connaissances portera sur l’influence que l’animal peut avoir sur l’identité personnelle et sociale de l’individu ainsi que sur le processus de désaffiliation sociale dans lequel la personne se situe. Bien que ce fragment populationnel ne représente que 10 % des personnes itinérantes, il est important d’aborder leur réalité et cela dans le but de réfléchir sur les actions à mettre en place pour améliorer leur condition de vie.

Mentionnons que cette recherche est en ce moment à l'étape d'analyse des entrevues. Par contre, d'ici la présentation, il sera possible d'avoir accès aux résultats dans son ensemble.

Le droit s’est imposé en force dans les sociétés modernes afin de baliser et coordonner les relations humaines et le vivre-ensemble (Legault, 2011). En dépit de la judiciarisation croissante des rapports humains et sociaux, le recours aux tribunaux semble ralentir au Québec depuis quelques années, laissant apparaître une crise de légitimité (Otis, 2001 et 2005). Les insuffisances du droit sont désormais dénoncées par les juristes, les philosophes et les sociologues (Lajoie, 1991; Legault, 2011; Rocher, 1989). Face à ce constat, plusieurs affirment que l’éthique et la médiation se révèlent toutes désignées pour répondre aux insuffisances du droit et contribuer à résorber la crise actuelle (Legault, 2011; Rocher, 1989; Otis, 2001 et 2005; Lacroix, 2002-03). L’éthique et la médiation permettent en effet une réflexion sur les normes, mais également sur les valeurs et les émotions. Ainsi, elles proposent des cadres régulateurs qui ne soient pas que normatifs. Au Québec, ces modes alternatifs de justice gagnent en popularité (Otis, 2001 et 2005). Mais que proposent-ils plus exactement afin de sortir le droit de la crise qu’il traverse? Sont-ils suffisants? En d’autres termes, en quoi ces modes alternatifs émergeant répondent mieux aux besoins actuels des individus et des sociétés démocratiques?



Le DDT est employé pour combattre la tordeuse des bourgeons de l’épinette dans les forêts québécoises depuis 1952, mais son usage est controversé. Lors de la parution en 1962 du livre de Rachel Carson, Silent Spring, titré ainsi parce que le chant des oiseaux ne se fait plus entendre, la Chambre des Communes se saisit du problème. Elle vote en 1969 une loi interdisant le DDT, interdiction progressive. On l’utilise jusqu’en 1975. Entre 1952 et 1975, trois campagnes anti-tordeuse sont menées : en 1952-1958, 1960-1962 et 1970-1975. Durant la seconde campagne, des ornithologues sont témoins d’un arrosage au DDT alors qu’ils recensent le gros-bec errant dans le bassin de la rivière Patapédia. Pendant la dernière campagne, un produit d’origine biologique, est testé : le Bacillus thuringiensis, bactérie aux propriétés insecticides. Les résultats des tests comparant les deux produits sont publiés en 1977. En 1978, la province adopte le BT comme solution dans le combat contre la tordeuse. C’est la fin d’une époque d’insensibilité aux effets toxiques d’une substance de synthèse qui trente ans auparavant était considérée miraculeuse. Ces événements sont synchroniques de la montée de l’écologie politique; il constitue donc un bon indicateur de la naissance de l’écologie contemporaine. Les principales sources sont des articles savants publiés dans des revues d’ornithologie, d’entomologie et de foresterie.

La demande du député Woodworth, de créer un comité spécial pour déterminer à quel moment un foetus deviendrait humain, de même que celle pour les tests prénataux servant à déterminer le sexe des fœtus, s’appuient sur la science et les traditions religieuses et culturelles. Elles partagent aussi le pouvoir de forcer les femmes et les jeunes filles à se reproduire ou à mettre fin à une grossesse. Ces revendications rendent compte d’une forme de violence structurelle dont il a été très peu question jusqu’ici. Cette présentation 1) explore les types de coercitions reproductives qui sont exercés sur les femmes et 2) la contribution de la reprogénétique à la perpétuation et au raffinement de la violence structurelle.

Méthodologie : Analyse thématique et socio-éthique de la littérature (PubMed, ERIC, FRANCIS, etc).

Résultats :Les femmes subissent plusieurs formes de coercition reproductive relatives à l’obligation d’enfanter ou d’avorter. Les débats sur le statut du fœtus, de même que le développement des tests de diagnostic prénatal non invasifs, nous obligent à nous demander quel est, au prix de leurs corps, de leur vie et de leur santé, le tribut qu’on exige des femmes pour perpétuer certaines valeurs et idéologies culturelles.

Conclusion : Nos sociétés de savoir placent encore le corps des femmes et des jeunes filles, à l’interface du contrôle de l’organisation sociale et de la consolidation des intérêts et des pouvoirs familiaux, politiques, religieux ou autres 

Les échecs répétés du projet voulant conférer à la science un fondement irréprochable ont alimenté, selon Quine, une vague de scepticisme épistémique grandissante. Pour l’empirisme logique, la question épistémique a en effet perdu toute pertinence, puisqu’elle ne peut être caractérisée par un algorithme conduisant, en un nombre fini d’étapes, à un résultat valide, en l’occurrence une découverte, ce qui présuppose que la question épistémique ne peut recevoir une réponse adéquate que dans une perspective formaliste ou logico-déductive. Cependant, Quine préconise le naturalisme ou la substitution, en matière épistémique, des théories scientifiques contemporaines sur la connaissance aux spéculations philosophiques traditionnelles concernant un sujet connaissant idéal. Nous porterons ici notre attention sur un détail peu discuté dans la littérature, à savoir la reformulation de la question épistémique en termes behavioristes proposée par Quine dans From Stimulus to Science. Se voulant une réponse à l’échec de l’empirisme logique et au scepticisme épistémique actuel, nous spécifierons d’abord la signification de ce dernier aux yeux de Quine. Nous considérerons ensuite comment sa critique de la distinction analytique-synthétique le conduit à revoir cette question dans une nouvelle perspective où non seulement la distinction n’est pas éliminée, mais encore qui redonne à la question épistémique toute sa pertinence dans la caractérisation de la science en épistémologie contemporaine.

Plusieurs études se sont intéressées aux relations de couple des femmes offrant des services sexuels et à la violence conjugale qu’elles subissent. Ces études ont démontré un taux de violence conjugale alarmant pour ces femmes, soit plus de 55%. Aucune étude n’a toutefois évalué la violence conjugale perpétrée par les femmes offrant des services sexuels envers leur partenaire. Cette étude évalue la violence conjugale subie et perpétrée par les danseuses érotiques (N= 50;M= 28 ET= 6,3) ainsi que la relation entre ces deux variables. Les participantes ont été recrutées par les mêmes méthodes que celles utilisées par les clients. La violence conjugale a été mesurée par l’Échelle révisée des stratégies de conflits conjugaux (CTS2). Résultats : les danseuses érotiques rapportent avoir commis, en moyenne, 54 (ET= 73) actes de violence conjugale (physique, psychologique et sexuelle) au cours de la dernière année et leur conjoint, 40 actes violents (ET=53). Aussi, 84% rapportent avoir été victime de violence psychologique, 38% de violence physique et 34% de violence sexuelle. Quant à la violence perpétrée, 92% des participantes rapportent avoir commis, au cours de la dernière année, des actes de violence psychologique envers leur partenaire, 52% des actes de violence physique et 26% des actes de violence sexuelle. Un lien positif entre la violence conjugale subie et perpétrée a aussi été démontré (r=0,87, p˂0,001). Les retombées pratiques et théoriques des résultats seront discutées.

La transition à la parentalité (TAP) apporte de grands défis d’adaptation pour les couples. Si l’arrivée d’un premier enfant est généralement positive, il est fréquent de voir une diminution de la satisfaction conjugale lors de cette période et une augmentation des conflits. La présente étude vise à examiner le rôle protecteur de l’intimité conjugale dans les liens dyadiques unissant l’attachement (anxiété, évitement), facteur clé dans la compréhension des relations lors de la TAP, et la gestion des conflits à la satisfaction conjugale chez les couples qui attendent la venue d’un premier enfant. Un échantillon de 100 couples a répondu individuellement à des questionnaires en ligne lors du 2e trimestre de grossesse. Des analyses de médiation et de modération dyadiques s’appuyant sur le Actor-Partner Interdependence model ont été réalisées. Les résultats révèlent que l’anxiété de la femme est liée positivement à son engagement dans les conflits tandis que l’anxiété de son partenaire est liée positivement à son engagement et celui de la femme. Il existe aussi un lien entre l’engagement de chaque partenaire et leur propre satisfaction conjugale, mais ce lien est modéré positivement par l’intimité de la femme. De plus, le lien entre le retrait des conflits de la femme et sa satisfaction est modéré positivement par son intimité. Ces résultats soulignent le rôle de l’attachement dans les dynamiques de conflits et le rôle protecteur de l’intimité chez la femme en période prénatale.

Cet article propose d'examiner les différents noms et concepts utilisés pour décrire les modèles de l'intelligence artificielle (IA) émergents tels que ChatGPT, Gemini, Bard, etc. (les soi-disant LLM ou modèles de langage). Il étudie les notions de IAG (intelligence artificielle générale), de superintelligence (Bostrom) et propose une troisième appellation pour les LLM qui provient du travail de Matteo Pasquinelli soit des modèles statistiques automatisés (ASM). Ce travail cherche à dégager et définir la notion fondamentale se trouvant à la base de la notion d'intelligence, en comparant les notions d'auto-organisation qui semblent remonter au travail de Alexander Bogdanov dans Essais sur la Tektologie (1912) et celles de téléologie qui sont beaucoup plus anciennes et remontent à Aristote.

Du dopage sportif à l’usage de psychotropes pour accroître les capacités intellectuelles ou mieux contrôler les émotions, du recours aux nouvelles technologies reproductives permettant une maîtrise croissante des naissances, au développement d’une médecine anti-âge qui œuvre à l’effacement de toute trace du vieillissement, jamais il n’a été autant question d’améliorer l’être humain et ses performances par le biais des avancées technoscientifiques et biomédicales contemporaines. À la croisée de la sociologie et de l’histoire des idées, cette communication interrogera cette aspiration à un humain augmenté à la lumière de l’idéal humaniste et politique de la perfectibilité humaine systématisé par les philosophes des Lumières au 18ème siècle. À la différence du modèle humaniste de la perfectibilité, qui valorise l’amélioration de la condition humaine dans et par la société, la société de l’amélioration contemporaine paraît promouvoir un modèle de perfectibilité dépolitisé, axé sur l’adaptabilité technoscientifique de l’être humain et la transformation de la vie en elle-même. Assurément révolutionnaire, ce renversement ne l’est certainement pas au sens politique et démocratique du terme. La société de l’amélioration manifeste plutôt, pour reprendre les mots de Hannah Arendt, un « devenir-indifférent à la politique, qui équivaut à renoncer à la pensée et au jugement, à la lutte pour rendre à nouveau le monde humain. »

Avec la révolution cartésienne, le statut ontologique accordé aux idées a subi d'importants changements. Chez Descartes, en effet, toute idée cesse de s'identifier aux formae qui, dans la scolastique thomiste encore, étaient conçues pour exister en dehors du sujet pensant. Désormais, la métaphysique du cogito fera correspondre les idées aux représentations mentales. Assimilées ainsi à des états subjectifs internes à l'esprit, les idées n'existeront plus qu'au sein d'un rapport de dépendance à l'égard de la cogitatio. Mais alors, comment Descartes peut-il faire coexister au sein des idées sensibles la double réalité d'une esse subjective et d'une esse objective? La solution à ce problème passe ici par une thèse inspirée de la phénoménologie brentanienne: les idées cartésiennes consistent en une structure qui unit en elle la réalité duale d'un (a) acte subjectif de pensée (une realitas formalis) intentionnellement dirigé vers (b) un contenu objectif de représentation (une realitas objectiva). Pour démontrer ce résultat, une démarche en deux points sera suivie: (1) les idées sensibles de Descartes seront d'abord définies via une taxonomie des pensées (2) pour ensuite être soumises à une analyse qui en présentera la dualité ontologique. Au final, cette interprétation de l'esse formale et de l'esse objectivum des idées comme acte et objet intentionnels contribuera à retracer la continuité historique qui doit lier la tradition brentano-husserlienne à celle de Descartes.

L’introduction du Test Prénatal Non-Invasif au sein des soins prénataux pour détecter les aneuploidies foetales rencontre actuellement un grand succès. Dans le but d’explorer les attitudes et les perceptions des femmes enceintes et de leurs partenaires vis-à-vis du TPNI, nous avons conduit une étude qualitative basée sur des entrevues semi-dirigées à l’Hôpital Sainte-Justine. La majorité des participants ont considéré que le test constitue un progrès dans le cadre des technologies reproductives. Ils ont souligné de nombreux avantages d’un nouveau test non-invasif, ayant une spécificité élevée et pouvant être effectué dès la dixième semaine de grossesse. Les participants ont préféré que le consentement relatif à la prise de décision autour du test soit fourni par écrit après avoir reçu le counseling d’un professionnel de la santé. Cependant, une des préoccupations soulevées et affectant leur prise de décision pour considérer le TPNI était l’inaccessibilité au test suite à son prix élevé et l’absence de couverture par le système de soins de santé. D’autres enjeux portent sur la routinisation du test et l’augmentation potentielle du nombre d’avortements affectant la diversité de la société en diminuant le nombre d’individus ayant un handicap. Pour assurer une prise de décision éclairée par les femmes et leurs partenaires, des lignes directrices et des stratégies de counseling devraient être mises en place pour une introduction appropriée et à large échelle du TPNI en clinique.

Le Conseil d’évaluation des technologies de la santé (CETS), devenu l'Agence d'évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (AETMIS) en 2000, et récemment intégré à l'Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), a publié au-delà de 100 rapports qui ont influencé la pratique médicale au Québec.  Malgré le rôle important de cette agence, ses rapports n'ont jamais fait l'objet d'études critiques de chercheurs en sciences juridiques.  Un sujet en particulier, la réutilisation du matériel médical à usage unique (MMUU), a fait l’objet de six rapports de l’agence de 1991 à 2009.  Une analyse de contenu de ces rapports révèle que la question du consentement d’un patient à l’utilisation de MMUU réutilisé a souvent été analysée de manière sommaire, ou négligée en faveur de discussions plus détaillées sur des aspects économiques ou scientifiques.  Toutefois, la question du consentement éclairé, loin d’être une préoccupation mineure, est fondamentale au respect de l’autonomie des patients, et a bénéficié d’un examen plus approfondi dans le contexte de la réutilisation du MMUU dans d’autres pays. Compte tenu de l’importance grandissante qu’occupe l’évaluation des technologies médicales dans la société, cette étude permettra une réflexion approfondie sur l’opportunité d’intégrer des patients au processus d’évaluation afin de mieux représenter leurs préoccupations, ainsi que d’améliorer la protection de leurs droits en milieu médical.