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L’introduction du Test Prénatal Non-Invasif au sein des soins prénataux pour détecter les aneuploidies foetales rencontre actuellement un grand succès. Dans le but d’explorer les attitudes et les perceptions des femmes enceintes et de leurs partenaires vis-à-vis du TPNI, nous avons conduit une étude qualitative basée sur des entrevues semi-dirigées à l’Hôpital Sainte-Justine. La majorité des participants ont considéré que le test constitue un progrès dans le cadre des technologies reproductives. Ils ont souligné de nombreux avantages d’un nouveau test non-invasif, ayant une spécificité élevée et pouvant être effectué dès la dixième semaine de grossesse. Les participants ont préféré que le consentement relatif à la prise de décision autour du test soit fourni par écrit après avoir reçu le counseling d’un professionnel de la santé. Cependant, une des préoccupations soulevées et affectant leur prise de décision pour considérer le TPNI était l’inaccessibilité au test suite à son prix élevé et l’absence de couverture par le système de soins de santé. D’autres enjeux portent sur la routinisation du test et l’augmentation potentielle du nombre d’avortements affectant la diversité de la société en diminuant le nombre d’individus ayant un handicap. Pour assurer une prise de décision éclairée par les femmes et leurs partenaires, des lignes directrices et des stratégies de counseling devraient être mises en place pour une introduction appropriée et à large échelle du TPNI en clinique.

Les médiations symboliques créées par l'homme pénètrent la totalité de l’expérience qu'il fait du monde et l’ouvrent aux choses qu’il cherche à comprendre, dont les autres et soi-même. Dans cet exposé, nous allons nous pencher sur la forme symbolique du langage, auquel Ernst Cassirer consacre le premier tome de sa Philosophie des formes symboliques, et tâcherons de montrer que le sujet humain se constitue dans l’acte de parler, en s’identifiant au discours qu’il produit et à celui des autres, dans le dialogue, où il donne une signification aux choses qui l’entourent et à son propre vécu. Nous verrons que le monde symbolique de la culture, et plus particulièrement du langage, est le médium universel dans lequel se déploient les processus de formation de la subjectivité, et où s’opère la différenciation des sphères du moi et du non-moi, puisque le sujet se reconnaît dans le monde de formes que sa langue lui transmet, avec ses multiples expressions, représentations et schématisations, et se saisit constamment par son reflet dans ces dernières. C’est en vertu de cette relation constitutive avec le monde du langage et ses interlocuteurs que le sujet sait quelque chose de lui-même et se forme comme une personne à part entière.

Notre communication présente les résultats d'un projet de pédagogie universitaire intégrant des exercices de danse aux programmes de formation en psychologie, pratique sage-femme, sciences infirmières et ergothérapie.

La relation d'accompagnement inhérente aux soins de santé physique et psychologique implique une proximité qui fait appel à la conscience corporelle de l’intervenant. La danse permet d'aborder kinesthésiquement des notions telles que la confiance, la vulnérabilité et l’empathie qui sont généralement abordées théoriquement dans la formation des soignants. Elle amène l’étudiant dans une démarche réflexive et heuristique propice à la construction de son identité personnelle et, par extension, professionnelle. Une telle approche favorise le développement des intelligences kinesthésique, relationnelle et spatiale qui sont moins souvent sollicitées dans le cadre des cours théoriques ; elle devient un complément de formation indispensable.

Le projet a eu un impact important sur la prise de conscience des étudiants mais également sur l'expérience des formateurs concernés qui y trouvent un lieu de rencontre interdisciplinaire des plus intéressants et un espace de réflexion sur la pédagogie universitaire. 





Dans ma thèse, je teste l'hypothèse que l'intervention des idéologies philosophiques dans la formulation du problème de l'unité conceptuelle de la psychologie empêche la reconnaissance du problème réel et bloque ainsi toutes les possibilités de le résoudre adéquatement. Le problème réel étant de trouver le concept cohérent avec nos connaissances du vivant et celle du fonctionnement du système nerveux, qui permet de rendre compte de l’ensemble des phénomènes psychologiques. Peu importe l'idéologie en cause (ex.: positiviste ou phénoménologique), son intervention produit toujours les deux mêmes effets : une réduction du concept de vie à une conception matérialiste; et le blocage de sa reconnaissance comme un principe de base de l'unité conceptuelle de la psychologie. La grande originalité de notre démarche est qu’elle est hautement falsifiable, puisqu’il existe de nombreux textes sur le problème de l’unité de la psychologie sur lesquelles nous pouvons vérifier notre hypothèse de recherche et confirmer la perpétuation des deux erreurs fondamentales et le blocage de la reconnaissance de l’unité conceptuelle de la psychologie que nous proposons. En terminant, les quatre analyses de fond que nous avons réalisées jusqu’à maintenant confirment l’intervention des idéologies dans la formulation du problème de l’unité et le blocage de la reconnaissance de la solution que nous proposons : l’activité relationnelle d’une forme de vie, comme un tout, avec son environnement.



Il est difficile de déterminer les motivations des suicidaires, de chacun d’eux, individuellement. Durkheim, ses prédécesseurs, ses successeurs, ont surtout cherché à établir des corrélations entre l’acte suicidaire et l’âge, le sexe, l’état civil, la profession, la confession, le mode de vie urbain, etc. Il était presque fatal qu’en résulte des inférences entre caractéristiques sociales et passage à l’acte, de sorte que les caractéristiques en sont venues à passer pour des causes. Le procédé est questionnable. L’inférence est d’autant une tentation que la confidentialité des données personnelles rend difficile l’exploration des motivations.

En utilisant un corpus historique de pièces accessibles sans restriction, on évite l’inférence statistique. Ainsi des dossiers des militaires canadiens des années 1914-1922 et 1939-1947. Une fois résolue la difficulté d’établir les listes de noms, 530 cas ont été repérés. L’analyse montre que la corrélation entre combat et passage à l’acte est faible, que les principales causes sont les maladies mentales graves, comme la schizophrénie, de difficiles relations familiales ou sociales et des attentes économiques négatives à la démobilisation. Parfois ces motifs se conjuguent entre eux ou avec d’autres moins prégnants. Les traumatismes physiques ou psychologiques arrivent derrière comme motifs de suicide. Ce corpus, l’un des plus importants du genre au monde, permet d’aller loin dans la recherche des motivations des suicidés.

La notion de « fonctionnalisme » semble avoir bien mauvaise presse aujourd'hui au sein de la discipline sociologique. C'est que le terme semble encore attaché du relent téléologique que lui ont insufflé les approches fonctionnalistes de Malinowski, Parsons et Merton, lesquels ont voulu percevoir, dans la société, la forme d'un système qui, pareil à un organisme vivant, dispose de fonctions nécessaires à sa survie. Cette nécessité fonctionnelle, mise de l'avant par ces auteurs, aura rapidement classé ceux-ci, devant la montée de la théorie du conflit en sociologie, au cours des années 1970, au rang d'un conservatisme favorable au maintient du statu quo. Bien que ces interprétations se montrent, en fait, quelque peu manichéennes face à des entreprises pourtant distinctes et nuancées, qu'en est-il aujourd'hui du fonctionnalisme? Cette notion est-elle définitivement disqualifiée pour penser la société? Nous proposons, dans le cadre de cette communication, de nous interroger sur le sens de cette notion de « fonctionnalisme » et de voir de quelle manière celle-ci peut nous être encore utile, voire indispensable, pour la pensée sociologique. Nous proposons de réactualiser cette notion, en témoignant de la grande valeur heuristique de celle-ci, sans que nous soyons obligés, pour cela, d’adhérer à une vision téléologique de la société.

Le DPNI est une technique récente recueillant l’ADN des cellules fœtales libres, entre 8 à 10 semaines de gestation, par une prise du sang maternel afin de détecter les aneuploïdies fœtales. Sa simplicité et l'absence de risque permettent d'éliminer l'anxiété associée à la procédure et le risque de fausse couche.Il permet à la femme de se concentrer sur les résultats plutôt que sur la procédure et les risques, améliorant son autonomie reproductive. Paradoxalement, ces caractéristiques créent une menace potentielle sur cette autonomie. Pour les tests invasifs, le choix de les refuser peut être justifié par la présence d'un risque de fausse couche. Inversement, l’absence de ce risque modifie le contexte de prise de décision favorisant une pression à tester, pouvant venir de son partenaire, sa famille, d’une d’obligation morale d’être une mère responsable, des attentes de la société qui pèsent sur elle ou du risque de stigmatisation de de mener à terme une grossesse affectée. Le DPNI est une technologie révolutionnaire mais pour promouvoir l'autonomie reproductive de la femme, il devrait rester un choix. La femme devrait savoir qu'elle peut le refuser et être protégée des influences externes par un conseil génétique approprié. Pour celles qui souhaitent mener leur grossesse affectée, il faudrait créer des systèmes de soutien social pour les enfants trisomiques et favoriser le traitement de ces maladies.

Introduction :

L’IA est de plus en plus adoptée par les systèmes de santé. Cependant, des enjeux (éthiques, juridiques, sociaux et politiques) émergent pour diverses parties prenantes. L’enjeu qui nous intéresse est la responsabilité. Nous nous intéressons à savoir comment ce concept est discuté, défini et abordé dans la littérature relative à l’utilisation de l’IA en santé.



Méthode :

Nous avons effectué une revue de portée de la littérature sur la responsabilité de l’IA en santé (janvier 2017 et janvier 2022, inclusivement). Six bases de données électroniques (par ex : Ovid et Scopus) ont été utilisées et plusieurs articles ont été retrouvés indépendamment.



Résultats :

Notre stratégie de recherche nous a permis de sélectionner 145 articles. Les données ont été regroupées en 4 thèmes : 1) les types de responsabilités et les principes liés; 2) les groupes impliqués et leurs rôles vis-à-vis de la responsabilité; 3) les barrières d’établir des cadres normatifs sur la responsabilité; et 4) quelques recommandations pour assurer une imputabilité dans chaque stade de vie de l’IA en santé.



Discussion :

Les articles rassemblés ont démontré à la fois que le principe de la responsabilité est primordial pour une IA responsable et qu’il y ait un grand manque de lignes directrices sur le sujet. Ainsi, il est essentiel de faire ressortir les enjeux de responsabilités et préciser l’utilisation du terme durant toutes les discussions afin d’établir une gouvernance de l’IA éthiquement acceptable.

Le concept de «résonance» est  abondamment utilisé par les chercheurs des sciences sociales et humaines autant que les spécialistes des sciences physiques. Sa polyvalence étonne. Cette qualité n'en fait-elle pas en même temps un formidable outil de dialogue entre les différents champs du savoir. Mais qu'est-ce que la résonance ? Quelle réalité recouvre-t-elle? Qu'est-ce qui explique son pouvoir de séduction-évocation auprès des penseurs ? La biologie a montré que le corps est une immense caisse de résonance. La «nouvelle» physique avec sa théorie des cordes bouleverse déjà notre conception de la matière, de l'espace et du temps. Elle propose un modèle de particules semblables à d'infinis bouts de ficelles qui entrent en résonance. La géographie doit intégrer ces nouveaux développements dans ses modèles.

La légalisation de la prostitution est au cœur d'un important débat dans plusieurs pays. Deux études ont évalué l’opinion de personnes offrant des services sexuels sur ce sujet. Ces études ont été menées dans des États où la prostitution est légalisée ou criminalisée alors qu’au Canada, la prostitution n’est pas illégale, bien que trois activités y étant liées sont interdites. La présente étude évalue l’opinion de 27 danseuses érotiques (M= 24,3 ans, ET= 3,8) et de 15 danseurs érotiques (M=27,1 ans, ET= 6,1) du même âge, recrutés dans des clubs ou des soirées de danses érotiques. Lors d’une entrevue semi-structurée, les participants ont d’abord mentionné sur une échelle Likert allant de 1 (totalement en désaccord) à 5 (totalement en accord) leur opinion sur la légalisation de la prostitution. Les résultats démontrent que les danseurs érotiques (M=3,5, ET=1,6) et les danseuses érotiques (M=3, ET=1,5) sont en accord avec la légalisation de la prostitution. Il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes (t(36)=0,83, p=0,41). Les participants ont aussi expliqué les raisons de leur position. Par émergence pure, huit catégories de réponses ont été créées. Les réponses ont été codifiées dans les catégories via accord interjuges.  La catégorie de réponses la plus fréquemment abordée (44%) est « Meilleur encadrement et conditions de travail », suivie par « Libertés et choix personnels » (25)%.  Les retombées pratiques et théoriques de ces résultats seront discutées.

La philosophie des soins palliatifs favorise la prise en charge globale des patients, à travers l’ensemble des dimensions de la vie. Dans un contexte de fin de vie, la réponse aux besoins spirituels compte parmi les éléments majeurs et constitue l’un des fondements des projets de soins partagés, à travers la relation patients-soignants.  Les infirmières auxiliaires et préposées aux bénéficiaires réalisent de 80 à 90% des soins auprès des patients.  Malgré le fait qu’elles occupent une place centrale dans la réponse aux besoins des patients, elles sont pratiquement invisibles dans la littérature.  En effet, très peu de publications portent sur le travail des aides-soignantes et encore moins sur la façon dont elles définissent la spiritualité et comment elle s’exprime dans le quotidien des soins.  Pourtant, de par la nature de leur fonction auprès des patients en fin de vie, elles ont la possibilité d’entrer dans l’intimité de ceux-ci.  À partir d’une approche phénoménologique, cette étude vise à mieux comprendre comment les infirmières auxiliaires et préposées conçoivent la spiritualité et la façon dont elles intègrent les dimensions de l’expérience spirituelle dans les soins aux patients en fin de vie.  Les données recueillies à partir d’observations participantes auprès de ces dernières, seront présentées dans le cadre de cette communication orale.  Les implications cliniques associées à l’organisation des soins seront finalement discutées.

La question de savoir si l’humanité est actrice dans le théâtre de l’histoire ou si elle peut revendiquer l’écriture de la pièce est associée à Hegel et à Marx. Pourtant, le concept de virtù de Machiavel peut lui donner des airs de précurseur. Bien qu’il ne soit pas question de l’humanité entière, la question demeure : le prince virtuose est-il acteur dans l’histoire ou est-il en mesure de revendiquer sa production ? L’hypothèse à vérifier est que Machiavel s’arrête au seuil de l’action historique sans le franchir, la virtù se limitant à l’action dans l’histoire. Les allures de production historique proviennent du contexte particulier d’urgence qui est la trame de fond explicite du philosophe florentin : l’équilibre y est si sensible que l’agir politique peut prendre des apparences de transformation de l’histoire comme si le prince en était l’auteur.

Pour la vérifier, il faudra bien définir les concepts de virtù et de fortuna ainsi que la relation qu’ils entretiennent. Ensuite, l’analyse nécessitera d’examiner la manière dont ils sont utilisés en se penchant sur le contraste entre le contexte de l’acte virtuose et la vision générale de l’histoire de Machiavel. La contribution académique de cette recherche concerne le raffinement de l’interprétation de l’œuvre du philosophe florentin, son concept de virtù et sa vision de l’histoire.

Le concept de libre arbitre semble aujourd’hui menacé par les récentes avancées neuroscientifiques. Les fameuses expériences de Benjamin Libet dans les années 80 ont contribué à montrer que nos intentions d’agir ne constituent pas la source ultime de nos actes : elles sont en réalité précédées par une activité cérébrale qui nous prépare à agir avant même que nous ne prenions conscience de notre décision. Les expériences plus récentes de John-Dylan Haynes vont également dans ce sens et permettent de prédire l’action que va effectuer un sujet en se basant uniquement sur son activité cérébrale. Ces résultats scientifiques ont néanmoins été longuement discutés, et nous évoquerons les critiques qui peuvent leur être adressées. Nous montrerons également que le concept de libre arbitre, s’il doit être relativisé à la lumière des résultats expérimentaux, ne doit cependant pas nécessairement être évacué. Une possible redéfinition du libre arbitre consisterait en effet dans la maîtrise accrue de nos capacités attentionnelles : à travers un apprentissage sur le long terme, il serait possible, d’une part, de prendre conscience de processus qui sont habituellement inconscients ou pré-réfléchis, et, d’autre part, d’élargir notre répertoire d’actions disponibles grâce à la flexibilité qu’offre la capacité retrouvée de moduler des processus automatiques. Cette théorie attentionnelle du libre arbitre est appuyée par les résultats issus du champ émergent des « neurosciences contemplatives ».



La dépigmentation volontaire de la peau est le malaise africain des temps présents. Elle est l’une des nouvelles formes d’esclavage contemporain de l’Afrique. Ayant des racines psychologiques, elle résiste, jusqu’ici, aux efforts de sa réfutation. La pratique de la dépigmentation volontaire de la peau est l’écho de la transformation de l’être, aussi bien physique que psychologique. Il est l’effet du traumatisme vécu par l'Africain à l’égard de son identité qui se traduit par un désir de changement de couleur de la peau. La dépigmentation ayant des conséquences graves, constitue, désormais, un problème de santé publique et suscite les questions suivantes : Comment parvenir à l’éradication du phénomène ? Comment des sociétés africaines, fondées sur la transmission des principes de la solidarité, s’approprient-elles un fait de la psychologie individuelle comme celui de la dépigmentation de la peau ? Face à ces interrogations, il s’agira d’examiner les conditions de l’apparition et de la prolifération du phénomène de la dépigmentation, en rapport avec la crise identitaire due à la colonisation moderne et les politiques africaines de développement culturel.

Les approches analytiques et historiques s’emploieront, d'abord, à présenter le contenu sémantique du concept de dépigmentation; ensuite, à situer les responsabilités dans la prolifération du phénomène; enfin, à définir les perspectives pour des politiques de développement en Afrique, à travers la valorisation de l’humain.

L’État providence et l’euthanasie active. Perçu comme un avancement du droit des malades et la reconnaissance de leur autonomie, le suicide dit « assisté » marque le passage d’une frontière invisible. Salué par bon nombre de commentateurs politiques comme un progrès de la sensibilité à l’égard de la souffrance intolérable, accueilli favorablement par la population et les associations de droit des malades, promu au rang de droit fondamental dans l’arrêt Carter, s’agit-il pour autant d’une avancée de la conscience éthique? Élevé au rang de certitude quant à sa finalité et son caractère opportun, quelle transaction politique ce dispositif bureaucratique met-il en scène? La fin de vie en milieu hospitalier implique assurément des coûts importants; le choix d’un patient de devenir bénéficiaire d’un «acte médical » tarifé de cette nature opère un changement de paradigme dans la notion même de « soins ». L’expression « suicide assisté », cette contradictio in adjecto, rend manifeste l’effort pour court-circuiter la portée d’un acte meurtrier. Dans ce contexte, nous entendons examiner la fonction idéologique des Chartes,  en suivant l’affirmation suivante du juriste français Jean-Étienne-Marie Portalis pour qui : «Lorsque la corruption n’est pas dans les mœurs, on peut y remédier par de sages lois; mais quand un faux esprit philosophique l’a naturalisée dans la morale et la législation, le mal est incurable, parce qu’il est dans le remède même ».

Comment l’imagination morale peut-elle rehausser les capacités émergentes d’autonomie des enfants et des jeunes dans un contexte éducatif mettant l'accent sur le dialogue et l’éthique? La communication proposée s’appuie sur l’approche par les capacités développée par Amartya Sen et Martha Nussbaum—une méthodologie à la fois philosophique, politique et pédagogique—afin de justifier le rôle de l’imagination morale en tant que capacité éducative complexe qui peut élargir les critères d’évaluation morale chez les enfants/jeunes, ainsi que les modes de vie qu’ils choisissent de valoriser. L’idée développée dans cette contribution est que l’autonomie responsable chez les enfants/jeunes dépend d’un répertoire mental vaste et varié, et que ce dernier peut être agrandi par l’imagination morale pratiquée de façon délibérée dans le cadre d’une pédagogie dialogique. Comme étude de cas, le programme de Philosophie pour enfants (PPE) de Matthew Lipman et son modèle de communauté de recherche philosophique (CRP) feront l’objet d’analyse puisque leur accent sur le dialogue, le raisonnement critique et le vivre ensemble favorise l’imagination morale, et par extension, la pensée autonome. Les conclusions de recherche indiquent que l’imagination morale comme capacité éducative offre accès aux enfants/jeunes à de diverses ressources conceptuelles, à un espace dialogique et à l'expression créative, leur permettant de mieux évaluer les dimensions éthiques de leurs expériences vécues.

Prenant en compte les études sur le disability en comparaison de celles sur le handicap, nous choisissons le terme disability au lieu de handicap afin de faciliter la compréhension. Ces deux termes ne sont pas utilisés péjorativement, mais ils sont faits dans le respect des personnes. Le disability résulte d'une interaction entre l'individu et son environnement. Dans plusieurs pays en voie de développement et certains pays occidentaux, le handicap ou disability n'est pas bien compris et n'est pas pris en considération comme un problème d'égalité entre les individus. Les bonnes pratiques dans ces pays devraient aussi passer par des politiques d'évaluations des résultats des enquêtes par exemple, et leurs publications n'existent pas. L'action politique devrait promouvoir l'égalité, tout en étant sensible aux coutumes, à la tradition des peuples africains par exemple. Comment le modèle du disability, informé par la bioéthique du disability, pourra-t-il concerner toutes les personnes de toute société à travers le modèle des limites?

L'objectif sera de comprendre la bioéthique du handicap dans sa complexité de sa liminalité. La méthodologie est celle de l'identité culturelle ou tradition, celle du corps ou du demeurer soi, et celle du processus biologique ou bioéthique et la vie sociale, venant du théologien Eloi M. Messi. Comme résultat, il va falloir définir la bioéthique du disability et comment faire comprehendre la limite des corps; Enfin, démontrer quel est leur lien avec la justice.

Si l'entreprise philosophique de Martin Heidegger se caractérise majoritairement par la tentative de destruction et dépassement de la pensée métaphysique telle que l'a connue l'histoire de la philosophie occidentale, son rapport à une certaine tradition médiévale est en vérité plus complexe qu'on ne peut généralement le croire. Bien que le paradigme aristotélico-thomasien  se trouve largement critiqué par Heidegger, une certaine orientation néo-platonisante à tendance mystique du penser médiéval incarnée principalement par Saint Augustin et Maître Eckhart  a su influencer abondamment l'ontologie heideggérienne, autant dans ses premiers développements qu'au cours du tournant entrepris après la publication d'Être et temps. Prenant pour ligne directrice de notre lecture la thèse soutenue dans l'ouvrage du philosophe américain John D. Caputo The mystical element in Heidegger's thought, nous exposerons quel rôle a pu jouer dans la pensée heideggérienne la notion de néant et quel type de filiation cette importance du néant dans le discours ontologique instaure entre les pensées de Heidegger et de Maître Eckhart. Notre objectif sera de comparer le traitement qu'il est fait du néant et l'importance accordée à la néantification de l'étant au sein de la construction de l'expérience spirituelle dans certains ouvrages-clés du corpus heideggérien tels que Être et temps, "Introduction à la métaphysique" et Le principe de raison ainsi et dans les Traités et sermons de Maître Eckhart.



La séduction présente un paradoxe notable : elle est omniprésente dans nos vies sans être définie de manière convenable.  Elle révèle ainsi une tache d’ombre dans la démarche scientifique inter-disciplinaire : en effet, comment peut-on étudier un phénomène, même sous sa forme appliquée, si nous ne l’avons pas d’abord défini ?

 C’est justement parce que la séduction est une constante dans nos vies et qu’elle a des retombées sociales qu’il devient intéressant de la considérer comme figure de cas. Tâcher de définir la séduction est d’autant plus d’actualité alors que nos liens sociaux se modifient en réponse aux nouvelles technologies et contraintes professionnelles : en effet, définir la séduction, c’est situer les individus dans une trame historique, tout en qualifiant leurs relations intra- et inter-groupes.

 C’est ce que je me propose de faire en me basant sur les résultats de ma recherche doctorale : d’abord définir la séduction, pour ensuite prendre en compte les conséquences sociales et éthiques qui découlent de ma définition. Pour cela, j’étudie le phénomène de séduction dans un cadre comparatif où l’humain et les grands singes non-humains sont mis en relation. En établissant de la sorte des parallèles et divergences entre les espèces de grands singes (dont l'humain) en matière de séduction, nous serons amené à réfléchir au concept de communauté, d’identité et du vivre ensemble.

La souffrance des adolescents demeure préoccupante, notamment celle reliée au phénomène de l’intimidation par des pairs. Malgré de multiples efforts pour venir en aide à ces jeunes, un sentiment d’impuissance demeure présent chez plusieurs d’entre eux.

Cette étude exploratoire a eu pour objet d’étude de comprendre le phénomène de l’intimidation par les pairs vécu par les adolescents. Le défi était de rester au plus près du récit de ces adolescents et d’entreprendre des analyses en utilisant la méthodologie de la théorisation enracinée tout en nous inspirant de l’écoute et l’analyse psychanalytique. À partir du recrutement effectué par plusieurs intervenants dans les écoles de la Commission scolaire de Laval, nous avons rencontré dans un premier temps 7 sujets dont 16 entretiens. Comme certaines catégories n’avaient pas atteint de saturation théorique, d’autres données provenant de la série « Les intimidés » ont été ajoutées et intégrées à l’analyse (8 autres sujets).Dans le respect des assises épistémologiques et méthodologiques de la théorisation de la méthodologie enracinée, des analyses (ouverte, axiale et sélective) ont aussi été effectuées.

Les résultats empiriques démontrent comment le processus dynamique du vécu familial et fraternel vient influencer la construction identitaire de ces adolescents. Alors, ce vécu prédispose les adolescents à rejouer ce qu’ils ont appris dans leur famille, c’est-à-dire qu’avec leurs pairs, à l’école.

Le développement de l’intelligence artificielle (IA), tributaire du développement du numérique et des technologies de l’information et de la communication (TIC), bouleverse toutes les sphères de la société de l’information dans laquelle nous vivons. Les transports, l’emploi, l’économie, la santé, l’éducation, la sécurité publique, les médias d’information, la défense, etc.; aucun secteur d’activité n’est à l’abri des transformations radicales que provoque la croissance exponentielle de ces nouvelles technologies. Face à ces changements que plusieurs qualifient de révolution numérique, il apparaît essentiel de se demander quelles seront les conséquences de cette révolution et comment nous pouvons faire une utilisation responsable de l’IA. Bon nombre de questions éthiques quant aux utilisations spécifiques de l’IA sont discutées par plusieurs intervenants et intervenantes du milieu. Or, bien souvent les positions défendues dans ces débats s’appuient sur un arrière-plan en philosophie éthique qui demeure peu discuté. Partant de l’éthique de l’information développée par Luciano Floridi, je propose donc de réfléchir aux différentes approches théoriques des questions éthiques liées à l’IA, de mesurer la pertinence et les limites de chacune de ces approches et de proposer un modèle théorique qui puisse permettre de penser de manière satisfaisante nos obligations, compte tenu de l’ampleur des changements provoqués par l’IA (et les TIC) dans la société de l’information.

Dans les domaines scientifiques et philosophiques, les usages du terme «émotion» désignent «des circuits neuronaux, des systèmes de réponses, et un état ressenti ou un processus qui motive et organise la cognition et l’action» (Izard 2010). Pour expliquer le processus émotionnel, il convient donc d’examiner non seulement le substrat neuronal ou les systèmes motivationnels associés aux émotions particulières, mais également ce qui constitue l’expérience émotionnelle du sujet et la façon dont s’effectue l’accès à ses états émotionnels. C’est ce que je ferai dans ma présentation.

M’appuyant sur la distinction entre conscience phénoménale et accès cognitif (Block 2008), et sur l’étude des théories perceptuelles de l’émotion, je soutiendrai qu’il est possible de concevoir un état des émotions pour lequel il existe une conscience phénoménale sans accès cognitif. Si l’émotion est une forme de perception (Prinz 2004 ; Tappolet 1995), il ne peut y avoir d’émotion sans un sujet qui accède au phénomène et en fait l’expérience. Cependant, que l’émotion soit ressentie n’implique pas nécessairement qu’elle soit accessible pour un traitement cognitif. Dans ce cas, le sujet ne peut ni rapporter ni analyser ce ressenti. Je développerai cette idée à la lumière des théories expérientielles (Deonna et Teroni 2009), évaluatives (Tye 2008), et de celles du «core affect» (Barrett et Russell 1999). Je rendrai ainsi compte des différentes manières dont le sujet peut se rapporter à ses états affectifs.

Cette recherche s'inscrit dans une démarche empruntée à la psychologie cognitive et porte sur l’identification des situations typiques et de schémas récurrents reliés aux actions entreprises par des victimes de situations de survie en forêt boréale québécoise.

La pratique des activités de plein air est associée à près de mille traumatismes par année au Québec, dont environ 250 peuvent être qualifiés de graves et entraînent en moyenne 25 décès (Protecteur du citoyen, 2013). Pour favoriser la pratique sécuritaire de ces activités, des mesures de gestion des risques peuvent être mises en œuvre pour atténuer les impacts des situations d’urgence. Dans ce contexte, une meilleure compréhension de l’activité décisionnelle d’individus agissant dans des environnements dynamiques complexes voire critiques (contraintes temporelles, blessures, stress, etc.), pourrait être un atout à des fins d’éducation et de sensibilisation.

Notre étude s’est ainsi attachée à la description de l’activité décisionnelle de victimes de situation de survie, appréhendée à l’aide de plusieurs étapes : entretiens semi-directifs portant sur les récits des situations vécues, retranscription des données comportementales, identification des récurrences ou schémas, et modélisation de la dynamique de l’activité décisionnelle. Dans une visée pratique, l’étude menée pourrait contribuer à proposer de nouveaux référents d’aide à la décision, et sensibiliser les usagers du milieu naturel potentiellement les plus à risque.

Un système de logique est composé, dans son ensemble, d'une grammaire, de règles de calcul et d'une méthode de démonstration. Le calcul logique, dans le formalisme des séquents, est consistant lorsque les coupures peuvent y être éliminées (Gentzen 1934-1935). Ce critère de l'élimination des coupures participe d'un critère plus général, qui conditionne également la structure de la grammaire et de la méthode de démonstration. Le critère de cohérence général des systèmes de logique est explicité par la théorie des catégories, dans laquelle l'élimination des coupures correspond en particulier à l'élimination de la composition (Lambek & Scott 1986, Došen 1999). La transformation d'une catégorie doit toutefois aussi préserver certaines propriétés essentielles de la composition. Le critère de cohérence général des catégories et ses réquisits particuliers correspondent alors à des critères de définissabilité grammaticale, articulée par l'éliminabilité et la conservativité de la définition; d'effectivité du calcul logique, définie par l'élimination des coupures et la propriété de sous-formule (dans le calcul des séquents); et de constructivité de la méthode de démonstration, dont le processus doit être fini et dans laquelle chaque opération doit avoir un sens déterminé. Ces critères logiques sont structurés de manière cohérente dans leur ensemble même, la limitation du formalisme étant définie de l'intérieur par son effectivité.

Dans Vices of the Mind, le philosophe Quassim Cassam développe un cadre théorique pour saisir les vices qui contaminent la pensée, ce qu’il conceptualise comme des « vices épistémiques », c’est-à-dire des traits de caractère, des attitudes ou des modes de pensée qui font obstacle à l’acquisition et au partage des connaissances. Par exemple, l’étroitesse d’esprit, les préjugés, le dogmatisme, le mensonge à soi-même et le biais de confirmation sont des vices épistémiques. Or, mis à part la thérapie cognitive individuelle, des mécanismes robustes et collectifs de dissolution de ces vices épistémiques ne sont pas proposés. Pour faire face à cette lacune, il nous intéresse d’arrimer le concept des vices épistémiques aux apports de la philosophie pour enfants et adolescents, notamment la méthodologie de la communauté de recherche philosophique (CRP) pour travailler à les reconnaître et à les dissoudre. J’avance ainsi que la CRP représente une avenue pédagogique prometteuse afin de lutter contre les raisonnements défectueux. À l’aide du cadre fourni par Cassam, je chercherai d’abord à cerner ces vices, particulièrement l’étroitesse d’esprit. Une fois ce diagnostic établi, j’examinerai si la pratique philosophique peut participer à dissoudre explicitement cette entrave à la connaissance dans des CRP réalisées lors de cours de philosophie au collégial. En somme, est-ce que cette praxis collective contribue à dissoudre ce vice, mais aussi à développer la vertu épistémique?