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Patrimonialisée à l’UNESCO en 2010, la diète méditerranéenne constitue la énième tentative de construction de l’espace méditerranéen et une invention de la méditerranéité sur une base socioalimentaire. Plus on essaie de la définir, plus ses contours conceptuels nous échappent. L’objectif de la présentation est de restituer les résultats de mon projet doctoral portant sur la compréhension du concept de « diète méditerranéenne » en tant qu’œuvre patrimoniale plurinationale inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Afin de comprendre les impacts (sociaux, institutionnels et touristiques) de la patrimonialisation de la diète méditerranéenne, j’ai utilisé une ethnographie multisituée auprès de trois communautés : au Cilento (Italie), à Soria (Espagne) et à Marseille (France). Cette méthodologie inclut l’observation participante et les entretiens semi-dirigés. L’étude ethnologique vise un triple objectif : d’abord, recueillir les représentations et les manifestations de la diète méditerranéenne d’après trois catégories d’interviewés (habitants de la communauté, leurs représentants institutionnels et les touristes en visite); ensuite, apporter une contribution au sein des études patrimoniales et des sciences du tourisme en ce qui est des impacts de la patrimonialisation d’un patrimoine agroalimentaire à l’UNESCO; enfin, approfondir la compréhension du paradigme de « glocalisation » contemporain. 

Cette recherche porte sur la compréhension du phénomène de la conversion des québécois montréalais à l’islam à partir de leur perception et leur conviction vis-à-vis le monde des religions. D’une part, elle tente d’identifier les facteurs principaux qui dévoilent les motifs sociologiques qui ont poussé certains québécois à choisir cette religion orientale comme référence religieuse, après avoir été affiliés pendant des siècles au christianisme, notamment par sa bronche catholique depuis la présence des franco-européens de la nouvelle France jusqu’à ce jour. 

D’une autre part, nous visons à vérifier, par leur culture héritée de la socialisation occidentale, et celle de la nouvelle religion adoptée, à mettre en lumière, leur éventuelle contribution intermédiaire positive, à corriger ou ajuster la fausse image attribuée à l’islam et aux musulmans à travers une nouvelle lecture d’un islam québécois configuré et adapté aux normes et aux valeurs de la majorité de la société d’accueil.   

Au Québec, nous abordons le phénomène de la conversion à l’islam au cœur des débats sur le retour du fait religieux au sein de la sphère publique après avoir été engourdi avant qu'il émerge en tant qu'un vecteur à effet mondial en devenant un thème d’actualité, et qui s’observe particulièrement dans les couvertures médiatiques et les articles journalistiques quand il s’agit, surtout, des cas de conversions radicales.

Depuis les années 1970, l’expression « nouveaux mouvements religieux » est utilisée par les sociologues pour désigner des groupes religieux très divers : dans cette communication, nous proposerons une lecture critique de ce concept à partir d’un de ces « mouvements », le néo-druidisme, réhabilitation de l’ancien système religieux des Celtes.

En partant des définitions proposées par Eileen Barker et James A. Beckford, nous montrerons ainsi les avantages et les limites de ce concept pour la connaissance du druidisme contemporain : celui-ci est-il « nouveau », dans le sens où l’entendent ces spécialistes, qui évoquent surtout des mouvements religieux nés dans la seconde moitié du 20e siècle ? Alors qu’on est en présence d’une nébuleuse d’organisations druidiques, peut-on parler d’un « mouvement » pour ce phénomène ? L’adjectif « religieux » est-il pertinent, puisque certains adeptes rattachent le néo-druidisme tantôt à une expérience religieuse, tantôt à une forme de spiritualité, tantôt à une quête ésotérique ? Enfin, le néo-druidisme est-il « controversé », comme le sous-entend ce concept ?

En somme, à partir des premiers résultats de nos recherches doctorales, il s’agira donc de montrer en quoi le néo-druidisme contribue à la fois au renouveau du religieux contemporain et en quoi son étude, parce qu’elle montre notamment les limites de certains de ses concepts, contribue au dynamisme de la sociologie des religions.

Le Québec, société vieillissante se distingue par le caractère multiethnique et multireligieux de sa population. Certains aînés vulnérables utilisent les services de santé et sociaux pour répondre à leurs besoins en vue d’un vieillissement «réussi». Pour d’autres, la spiritualité est une stratégie sur laquelle ils s'appuient pour faire face à la maladie et rechercher du bien-être. Cet aspect est souvent ignoré dans la tradition médicale occidentale. Les pratiques de santé restent dominées par une approche biomédicale où les soins de santé reposent sur des activités thérapeutiques.Des enquêtes récentes mentionnent qu’en contexte d'immigration, la spiritualité pourrait avoir un caractère plus significatif et influencer la conception de la santé et des soins psychosociaux des aînés immigrants, et leur vie sociale en général.

Cette communication est le résultat préliminaire de ma recherche exploratoire en cours. J'ai interrogé 45 personnes de 8 communautés ethniques du Québec, âgées de 65 à 84 ans, sur le sens qu'elles donnent à la spiritualité et le lien qu'elles font entre la spiritualité et la santé. L'analyse partielle de leurs discours montre que la spiritualité reste un concept polysémique difficile à définir. La plupart des aînés estiment qu’il y a un lien direct entre la spiritualité et la santé. La spiritualité apparaît comme une stratégie d'adaptation possible face au sentiment de finitude ressenti avec l'avancée en âge, et les pertes qui accompagnent le vieillissement.

En contexte de globalisation, les paysages religieux se diversifient et s'individualisent.  Le Bayefallisme est une branche à l'intérieur de la voie soufie de Mouridiyya (Bava et Gueye, 2001; Babou, 2011). Les disciples Baye Fall (Pézeril, 2008; Audrain, 2004) sont majoritairement sénégalais et renégocient leur rapport aux pratiques islamiques telles que la prière rituelle et le jeûne. Nous avons entamé notre recherche en nous demandant qu'est-ce qu'être Baye Fall. Mais, la majorité de nos informateurs n'affirmaient pas clairement :« Je suis Baye Fall », mais plutôt : « Je veux être Baye Fall ». Que nous dit ce « vouloir-être » (Lemieux, 2003) sur les expériences religieuses vécues (McGuire, 2008)? Cette posture, que nous qualifierons de bayefallisante, nous a tout d’abord semblé problématique pour ensuite devenir notre porte d'entrée. La littérature sur les trajectoires religieuses (Schielke, 2009; Koning , 2013)  a déjà démontré qu'elles ne sont pas linéaires, mais composées de contradictions et de moments d’arrêts où l’on se questionne sur le chemin à emprunter. L'objectif de cette communication est de prouver que ces ambiguïtés peuvent être créées par la qualité réflexive de l'expérience religieuse. Nous présenterons les résultats de notre mémoire de maitrise. Nos données ethnographiques sont issues d'observations participantes et d'entrevues avec des Baye Fall entre 2015 et 2016 à Montréal.

Le monde des cités (poleis) grecques se fondait sur des principes contradictoires de guerre et de paix, d’autarcie et de coexistence. Partageant, d’une part, un territoire restreint où les ressources se faisaient rares et désirant, d’autre part, préserver leur autonomie et leur indépendance, les cités furent amenées tôt dans leurs histoires à entretenir des relations agonistiques les unes avec les autres. Pour régler les conflits ponctuels éclatant entre deux cités voisines, ou les guerres plus conséquentes, les poleis grecques développèrent diverses institutions diplomatiques. Dès la fin de l’époque classique, certaines communautés civiques se joignirent entre elles sous l’égide d’États fédéraux (koina) capables de les défendre. Les cités membres de ces koina demeuraient indépendantes, mais devaient composer avec de nouvelles formes d’autorités fédérales dont les décisions pouvaient avoir des impacts sur les localités.

Entre le Ve  et le IVe siècle, les cités d’Étolie et d’Acarnanie se regroupèrent pour former deux koina. Alors que ces confédérations voisines avaient entretenu des rapports conflictuels pendant de nombreuses années, elles établirent une trêve en 263/262, concluant par la même occasion le traité étolo-acarnanien (Schmitt, no 480) à l’étude. La recherche proposée se constitue comme un commentaire exhaustif de la source explorant à la fois les effets des décisions fédérales sur les localités et l’étendue des pouvoirs dont disposaient les cités membres de koina.

La croissance du secteur tertiaire a amené la société à se métamorphoser en une société de services. Ce nouveau paradigme amène inévitablement le besoin de nouvelles expertises. C’est dans cet élan que le design de service s’est affirmé (MORITZ et MAGER 2005). Le design de service se définit comme une discipline du design dont l’approche est centrée-humain, collaborative et multidisciplinaire. Dans sa pratique, les designers aident les organisations à développer une compréhension holistique de la prestation de leurs services dans un objectif d’amélioration. Par l’apport de recherches ethnographiques et théoriques, ainsi que par l’application de processus et méthodes de design, les designers repèrent des irritants dans l’expérience de service. Cette démarche permet le déploiement de stratégies d’amélioration pertinentes et adaptées. Dans ce contexte, il devient profitable pour la discipline de s’intéresser aux irritants omniprésents et récurrents dans une variété de services afin de nourrir la pratique. Dans le cadre de cette communication, nous nous intéresserons au phénomène de l’attente : une dimension temporelle inhérente au service. Nous présenterons différents thèmes qui lui sont intimement liés, comme la perception du temps, l’impulsivité, l’ennui et la distraction. De là, nous saisirons avec plus de précision sa nature en tant qu’irritant. Il s’agira d’un point de départ essentiel aux réflexions sur sa prise en compte dans la conception des services de demain.

13 septembre 1759, bataille des plaines d’Abraham : cette date reste associée à la chute de Québec aux mains des Britanniques, omettant trop souvent le fait que la capitale de la Nouvelle-France ne capitule que cinq jours après la défaite française. Plusieurs historiens se sont intéressés aux événements ayant mené à la bataille du 13 septembre, livrant toutefois quasi unanimement le récit d’un « siège » de Québec jalonné par de grands moments-clés : arrivée des Britanniques à l’Île d’Orléans le 27 juin, bombardement de la ville à partir du 12 juillet, batailles de Beauport le 31 juillet et des Plaines le 13 septembre, puis reddition le 18. Je vous invite dans cette présentation à porter un regard nouveau sur les opérations militaires à Québec de l’été 1759. Au moyen de traités de la littérature militaire du XVIIIe siècle permettant de définir le modèle européen de la guerre de siège et d’une comparaison de celui-ci avec la situation de Québec, je démontrerai la nécessité de déconstruire l’idée selon laquelle les événements séparant l’arrivée des Britanniques à l’Île d’Orléans le 27 juin de la reddition de la ville le 18 septembre constitueraient un seul et même ensemble, un seul et même « siège » de Québec.

Il est suggéré par la géographie physique que la gestion du territoire est l’un des nombreux reflets de l’identité culturelle. En effet, la différence entre le système de lotissement français en seigneuries et le cantonnement britannique en est un exemple éloquent. En acceptant ceci comme prémisse, je suggère que « qui nous sommes détermine comment nous interagissons avec notre milieu, qui à son tour modifiera qui nous sommes » et qu’ultimement, cette identité culturelle transparaisse archéologiquement. C’est donc cette hypothèse qui servira de fil conducteur, non seulement dans le cadre de la présentation, mais également dans le cadre de la thèse, qui elle se basera également sur la palynologie et la micromorphologie des sols. Plus précisément, cette présentation portera sur l’apport des analyses archéoentomologiques dans la compréhension des changements environnementaux liés à l’activité humaine, soit plus précisément la transition d’un paysage naturel à un paysage culturel. Le projet de recherche en cours se base sur des données recueillies sur le site archéologique du palais de l’intendant (CeEt-30), en Basse-Ville de Québec, qui est également le chantier-école en archéologie historique de l’Université Laval. L'archéoentomologie se base sur deux prémisses, à savoir que les insectes n'ont pas changé de physiologie depuis les derniers millions d'années, et qu’ils n'ont pas changé d'écologie non plus. Conséquemment, cette méthode analytique est un puissant outil dans la reconstruction des paysages du passé.

Fondé en 1971, le Petit Québec libre est une commune rurale atypique qui ne peut être dissociée du Jazz libre, un groupe de jazz d’avant-garde issu de la gauche indépendantiste. Actifs depuis 1967, les membres de ce collectif priorisent l’improvisation collective comme vecteur d’organisation. Le projet d’une commune basée sur les expériences musicales du groupe constitue pour eux un moyen de rassembler les conditions nécessaires à la « naissance d’un nouvel homme québécois ». Celui-ci se définit à l’intérieur du Petit Québec libre, mais il n’existe pas en vase clos. En effet, cette commune est un laboratoire ouvert où convergent une grande partie des pulsions révolutionnaires de l’époque permettant ainsi un travail individuel et collectif de réflexion sur la masculinité et la famille dans un « futur grand Québec libre français et socialiste ».

La présente communication repose sur une analyse des discours articulés par le Jazz libre dans le journal de la commune. Elle s’appuie aussi sur une vaste collection de documents d’archives ainsi qu’une série d’entretiens avec d'anciens membres du Petit Québec libre. La thèse avancée ici est que l’aventure communale du Jazz libre constitua une rare occasion pour la gauche indépendantiste de s’interroger sur les rapports de pouvoir entre les genres dans la culture politique militante québécoise, et ce, malgré l’utilisation continue d’un langage androcentrique dans les pages du journal et la persistance d’inégalités au sein de la commune.

L’Antiquité tardive est largement reconnue comme une époque peu féconde en ce qui a trait à la philosophie politique.  Peu d’auteurs s’y consacrent et, s’ils le font, c’est dans un cadre chrétien et dans une perspective de glorification du régime impérial (à travers des panégyriques).  Or, un texte anonyme du VIe siècle, le Dialogue de science politique contredit ces deux points de vue.  Peu étudié, jamais traduit en français, le texte est néanmoins d’un grand intérêt.  Bien qu’il ait été transmis sous forme fragmentaire (un livre complet et la fin d’un autre sur un total de six), il peut nous éclairer sur la persistance de la philosophie politique classique dans l’Antiquité tardive.   

L'Antiquité tardive est en outre traditionnellement perçue comme une époque où l'empereur est tout-puissant, où on n'accorde plus d'importance au pouvoir du peuple et du Sénat.  Contre cette idée, le texte montre l'existence d'un courant politique qui prône l'encadrement du pouvoir de l'empereur et qui vise à rehausser le rôle du Sénat dans les différents aspects du pouvoir.  C'est donc un point de vue sénatorial qui y est présenté. Cette présentation visera à exposer les différentes caractéristiques du texte (la méthode et les idées proposées) et ainsi, à travers l'allusion à d'autres textes du VIe siècle (Jean le Lydien, Zosime, Procope), à reconstruire un courant politique dont l'importance est souvent sous-estimé dans l'historiographie.

L’avenir de l’islam dépend du débat entre le rigorisme et le réformisme. Le premier se contente de la lettre dans son application de la loi, alors que le deuxième cherche l’enseignement qui se cache derrière l’énoncé du texte. La lettre, sans intelligence humaine, devient dangereuse en raison de la faiblesse de la personne qui l’interprète. Elle peut mettre en péril des sociétés entières. Dans cette tourmente, l’esprit du texte permet de rétablir l’ordre dans la rigidité de la lettre. Pour cette raison, certains des anciens savants de l’islam ont remonté aux fondements du droit et de la jurisprudence pour adapter le texte au contexte. Cela nous amène à poser la question la plus importante sur laquelle se focalise notre recherche: que fait-on lorsque la lettre s’oppose à la finalité de la révélation ? Autrement dit, doit-on trahir le message divin pour appliquer quelques règles difficilement adaptables aux changements des contextes ? Est-il religieusement admissible de soumettre la spiritualité à l’obsession de la règle ?

Pour répondre à ces questions, nous avons adopté une méthodologie basée sur une analyse critique des textes anciens et nouveaux ainsi que sur une enquête de terrain visant à évaluer et analyser les différents discours religieux. Nous avons eu recours également à un ensemble de questionnaires auprès d’un échantillon de la communauté musulmane dans le but de déterminer le degré d’influence de chaque courant.

L’époque hellénistique fut longtemps comprise par l’historiographie comme une période de déclin des cités grecques. On disait que celles-ci avaient perdu leur autonomie sans laquelle elles ne pouvaient fonctionner démocratiquement. Les recherches de certains historiens comme Paul Veyne tinrent l’évergétisme pour responsable de cette déchéance. On disait que les cités « en crise » nécessitaient l’aide des bienfaiteurs pour exister et qu’elles étaient ainsi forcées de les maintenir dans des positions de pouvoir (magistratures). Philippe Gauthier démentit cette vision en prouvant que l’évergétisme fonctionnait démocratiquement puisque les dons des bienfaiteurs étaient récompensés par des honneurs et votés par les citoyens.

Au cours de cette période, plusieurs femmes furent honorées à titre d’évergètes. La recherche présente tente de comprendre à l’aide de sources épigraphiques comment elles purent recevoir des honneurs qui jusqu’alors avaient été essentiellement réservés aux hommes. Pour répondre à cette problématique, le travail se divise en trois sections : la première explorant les sphères féminines et masculines de la société grecque; la seconde abordant les femmes ayant été honorées pour leur contribution dans des sphères comprises comme féminines et celles ayant reçu des honneurs pour leurs implications « masculines ». Ce travail, appuyé sur une historiographie forte et des sources anciennes, offre une perspective nouvelle sur le rôle des femmes en antiquité.

Notre communication examinera le sujet de la reconnaissance juridique des Métis au Canada. Nous explorerons plus particulièrement l’instrumentalisation du test juridique Powley s’agissant de la délimitation de l’identité métisse par certaines organisations autochtones. Notre communication se penchera sur un document issu d’une organisation expliquant le refus de la demande d’adhésion d’un « Métis » selon des critères identitaires. Nous verrons comment cette exclusion est justifiée à la fois selon le jugement Powley et la notion d’une territorialité nationale métisse, qui exclut les ancêtres de la personne en question. Comme nous le démontrerons, un examen plus minutieux du cas Powley mène pourtant—si nous devions appliquer cette même notion de territorialité nationale métisse—à l’exclusion identitaire des frères Powley eux-mêmes. Notre exemple suivi d’une discussion servira à illustrer les tensions et les problèmes issus de l’instrumentalisation de critères juridiques par certains acteurs politiques plongés au coeur de négociations souvent difficiles au sujet d’une identité autochtone en pleine effervescence.

"Messieurs les Anglais, tirez les premiers.". Cette phrase prononcée à la bataille de Fontenoy en 1745 illustre parfaitement le mythe de la "guerre en dentelle", surnom donné de manière péjorative aux guerres du XVIIIe siècle européen, des guerres "courtoises" presque "amusantes" pour la noblesse se livrant à ces jeux guerriers. L'historiographie a pourtant démontré l'absurdité de ce surnom, et l'utilité de replacer ces conflits dans le contexte des mentalités militaires du temps, régies par une éthique militaire quasi institutionnalisée, et reposant sur des codes de courtoisie et de respect mutuels entre les belligérants. Cependant cette éthique militaire, aussi logique soit-elle dans l'esprit des combattants de l'époque, connaissait certaines limites. Cette communication présentera lesdites limites dans le cadre de la guerre de Sept Ans en Nouvelle-France. Le respect parfois trop zélé de cette courtoisie militaire par les officiers français et britanniques vient parfois s'inscrire à l'encontre d'impératifs tactiques et/ou stratégiques, ce dont ces professionnels de la guerre sont pleinement conscients. S'ensuit alors une constante lutte pour ces officiers européens entre le respect de ces codes de courtoisie inculqués par leur éducation militaire et l'accomplissement des objectifs de la guerre, dans un contexte bien différent de celui des champs de bataille européens.

Longtemps rejetées de la sphère publique et donc des instances de savoirs, les femmes n’ont pu participer à l’élaboration des connaissances ou des discours, dont ceux les concernant. Dans le cadre religieux, des rituels ont été élaborés par des hommes pour les femmes ; les commentaires et discours sur ceux-ci ont de même été le fait des hommes, instituant de ce fait des conceptions parfois éloignées du vécu des femmes.

À partir des travaux et écrits de la rabbin Elyse Goldstein, nous voulons démontrer l’importance pour les femmes de développer leurs propres discours sur leurs expériences corporelles et sur les rites qui y sont associés en vue d’influencer aussi les symboliques qui en découlent. En se basant sur l’exemple du mikveh (bain rituel pour les femmes juives),  nous montrerons comment, pour Goldstein, il s’agit d’en parler non pas comme d’un rite de pureté, entraînant une conception d’impureté sur des manifestations biologiques de femmes, mais comme d’un rite de passage, permettant une réappropriation de ce rituel dans sa globalité par les femmes.

Nous nous intéresserons d’abord aux rites de pureté, puis nous nous attarderons au rituel du mikveh et aux problèmes que ce rite peut poser aux femmes. Ensuite nous aborderons la question des changements sociétaux et le besoin de reconnaître les femmes comme productrices des discours sur leurs corps et sur leurs expériences. Enfin nous étudierons la question du rite de passage et la réappropriation féministe de ce rite.

Le Sénégal est un pays de l'Afrique de l'Ouest dont la population est composée de 95 % de musulmans. En raison de plusieurs facteurs d'ordre culturel, religieux et politiques, la question des droits des femmes y est prépondérante (Coulon, 1981, Diop (dir), 2002). Le rapport de collaboration entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel traduit une compréhension commune du fonctionnement de la laïcité à la sénégalaise (Ndiaye, 2012; Samson, 2013). Cette relation de complicité entre les deux pouvoirs (politiques et religieux) est problématique et comporte des obstacles au Code de la famille. Notre recherche vise à problématiser le principe de la laïcité de l’État du Sénégal ainsi que son incidence sur le Code de la famille de 1972. Ainsi les objectifs consistent à analyser les modèles de laïcité (Baubérot & Milot, 2011) qui s'affrontent, tout en montrant en quoi le rapport de collaboration de l'État et du religieux constitue un obstacle à l'émancipation des femmes et son empreinte sur le Code de la famille (Mbow, 2010, 2011). D'autre part, nous analyserons la problématique de l'Islam et de la laïcité (Bernatchez, 2022; Bozdémir, 1996). Notre méthodologie consiste à analyser la problématique du modèle de laïcité à partir des théories de l'intersectionnalité (Bilge, 2009, 2014, 2015). Les résultats finaux ont montré en quoi les modèles de séparation et de collaboration semblent convenir le mieux pour évoquer la situation au Sénégal (Sow Sidibé et coll., 2006).

Les années 1960 ont été marquantes pour les communautés religieuses québécoises alors qu’elles subissent les bouleversements initiés par la Révolution tranquille, sur le plan local, et le Concile Vatican II au niveau institutionnel. Si de nombreuses recherches ont documenté les effets et les conséquences de ces années sur la société québécoise et sur certaines communautés, il semble qu’un événement majeur ait échappé à l’attention des chercheurs en sciences humaines : le Congrès des religieuses de Montréal de 1968.

La présente communication vise à jeter un regard critique sur ce congrès ayant réuni environ 6 000 religieuses à l’aréna Maurice-Richard, à Montréal, du 1er au 3 mars 1968. Comment les religieuses envisagent-elles leur place au sein d’une société québécoise qui se sécularise à toute vitesse alors qu’elles y ont joué un rôle prépondérant au cours du siècle précédent?

Par l’analyse des actes du congrès et de la couverture médiatique de l’événement, il sera possible de développer une compréhension élargie des représentations que les religieuses se font d’elles-mêmes, de leurs fonctions sociales et de leur mission dans un monde en ébullition.

Le processus de libéralisation politico-économique du début des années nonante a culminé dans l’adoption de plusieurs lois ouvrant l’accès à l’exercice public des associations religieuses favorisant le foisonnement des pentecôtismes sur le territoire camerounais. Dans ce sens, Boyer (2005) constate que le pentecôtisme encourage « l’effervescence » par la « puissance » et les dons du « Saint-Esprit ». Ces charismes constitueraient un « capital » permettant de présenter une offre religieuse plurielle fondée sur la lutte contre les « sorciers » souvent issus du cercle familial.Comment le discours pentecôtiste contribue-t-il à l’imaginaire sorcellaire, à l’imaginaire des croyances dans la société  et en particulier chez les adeptes ? Comment expliquer la récurrence des discours porteurs de violence des pasteurs au sujet de la sorcellerie ? Cette réflexion vise à ethnographier le vaste champ des églises de guérisons et de délivrances au Cameroun, traversé par les politiques de délivrance basées sur la « witchdemonology ».

Dans cette dynamique culpabilisatrice, le tissu familial, base de la structure sociale, est touché par les discours sorcellaires constructeurs de l’imaginaire des membres de la société. Ce paradoxe de la famille potentiellement source de danger et espace de sécurité, incline à présager un équilibre fragile et précaire l’exposant aux turbulences débouchant parfois sur des sociabilités nouvelles.

Actuellement, l’Alberta fait face à une polarisation politique importante autour du nouveau curriculum d’études sociales proposé par le gouvernement de la province. Peu d’études se sont intéressées au contenu des curriculums passés et des manuels d’histoire présentés aux Albertain.es. Cette présentation propose d’aborder ces enjeux avec une perspective historique en se penchant en analysant le contenu de dix manuels d’histoire publiés avant 1945, qui ont exercé une influence importante sur la formation de l’identité albertaine. De ce fait, on peut se demander comment ils représentaient cette identité. La représentation de l’Ouest présentée mettait surtout en lumière ses contributions économiques à la nation canadienne, contribuant ainsi au sentiment d’aliénation et d’impuissance politique de l’Alberta. De plus, cette valorisation du progrès de la nation privilégiait les hommes, britanniques, partisans du projet nationaliste, excluant ceux qui niaient ce plan : les femmes, les Autochtones, les Métis, et les colonisateurs non britanniques. En suivant les méthodologies féministes de Clapperton-Richard (2019) et Efthymiou (2004), cette présentation exposera l’identité albertaine tant qu’elle est présentée dans ces manuels – divisé selon les rapports de force ethnique, régional et du genre – et l’effet continu de cette représentation sur la société albertaine.

L'habitation Loyola est une ancienne habitation agricole située en Guyane française et exploitée par les jésuites entre 1668 et 1769. Cet établissement esclavagiste était destiné à la production de sucre, d'indigo, de café, de cacao et de coton, afin de produire suffisamment de revenus pour financer des missions d'évangélisation chez des groupes amérindiens d’Amérique du Sud. Le magasin de l’habitation servait à l'entreposage d'outils, de denrées, d'alcools et autres objets d'importation. La seule représentation connue du magasin figure sur le cartouche d'une carte de 1730 produite par Dessingy.

Notre présentation portera sur les résultats des opérations de fouilles menées sur les vestiges du magasin en 2011 et 2012. Nous présenterons le mobilier et les vestiges architecturaux découverts au cours des fouilles et de la découverte d’un vestige immobilier nous permettant d'établir plus d’une phase d’occupation à l'emplacement du magasin. Placée sous les vestiges du magasin, cette structure indéterminée semble associée à une couche de sol noire qui s’apparente au dépôt d’une forge. La relation entre le magasin apparaissant sur l'illustration de 1730 et les vestiges présents à Loyola sera également abordée.

Le National Museum of the American Indian (NMAI) de Washington détient une collection impressionnante d’objets issus des communautés autochtones du Québec. Pour beaucoup de ces communautés, ces biens conservent une grande importance culturelle, sociale, identitaire et spirituelle. Alors que beaucoup de connaissances se perdent avec la disparition de leurs aînés, il devient urgent pour eux de documenter et de se réapproprier l’histoire et les savoirs rattachés à ces objets. Bien que le NMAI se montre très ouvert aux requêtes autochtones, certaines contraintes économiques et géographiques ne facilitent pas ces démarches. 

En juin 2013, sept étudiants de la communauté ilnue de Mashteuiatsh reçoivent une formation multimédia au NMAI. Les étudiants ont alors l’occasion d’entrer en contact direct avec leur patrimoine, tout en apprenant à le documenter et à le photographier. La découverte de ce patrimoine éloigné, dans le temps et dans l’espace, représente pour les eux une opportunité de mieux le connaître, le valoriser et le transmettre.

En détaillant ce projet, nous exposerons ce que représente ce type d’activité pour les communautés et les musées ainsi que les bénéfices mutuels qui peuvent en découler. En intégrant notre propos à une réflexion plus large sur la réappropriation culturelle, nous montrerons également le rôle crucial que peuvent jouer les collections muséales au sein des processus de transmission et de revivification des cultures autochtones, au Québec et ailleurs.

En 2007, le Canada annonce qu'il accueillera 5 000 réfugiés bhoutanais en provenance de camps népalais. Les tribulations de cette ethnie sont méconnues: alors que le Bhoutan a vu le sud de son pays défriché depuis des générations par des agriculteurs népalais (la plupart devenant citoyens en 1958), il change radicalement de politique vers 1990, avec le quatrième roi, la Loi de la citoyenneté et les recensements subséquents. Les Bhoutanais d’origine népalaise devenant majoritairement « non national », 100 000 d’entre eux doivent quitter le pays et se retrouvent dans des camps au Népal financés par l’UNHCR. Seulement depuis 2007, huit pays dont le Canada ont ouvert leurs portes à ces apatrides. Ainsi, environ 1200 sont actuellement résidents permanents du Québec, dont 190 à Saint-Jérôme, lieu de l'étude.

Dans ce contexte de réétablissement, comment ces réfugiés perçoivent-ils leur identité? Quel rôle joue leur religion ici?

Notre recherche exploratoire s’appuie sur une observation participante de deux ans et sur six entrevues des trois générations présentes.

En bref, la définition de leur identité varie selon leur âge, selon un continuum entre « être Bhoutanais » et « être Népalais ». L’unité de groupe se ressent cependant dans l’appartenance à la religion hindoue et la continuité de la tradition qui y est primordiale.

Notre recherche est une des premières au Canada à s’intéresser à ces réfugiés et à des modalités de leur insertion au Québec.

Au temps du semi-nomadisme, les sociétés algonquiennes du Nord-Est passaient la majeure partie de l'année dispersées en petits groupes de deux à cinq familles. Connue dans la littérature comme le groupe de chasse familial, cette formation a occupé une place centrale dans le développement des théories sur l'organisation sociale algonquienne et a permis de distinguer deux types de systèmes fonciers. L'un s'effectuerait au sein du groupe de chasse, l'autre relèverait d'un niveau d'organisation supra-local appelé la bande. Malgré la polysémie affligeant le concept de bande, les recherches convergent pour dire que l'organisation sociale qui caractérise cette époque est immensément flexible, tout particulièrement au-delà du groupe de chasse. Incapables de trouver des règles qui déterminaient son appartenance, on a conclu que pour définir rigoureusement la bande il fallait la fixer dans le temps.

Nonobstant l'accent mis dans la littérature sur cette flexibilité, nous démontrerons que le discours anthropologique sur leur organisation sociale est mu par une logique que nous dirons fédérative en ce sens qu'elle postule l'emboîtement mécanique d'unités sociales minimales en une unité plus inclusive. Nous argumenterons que cette vision sous-jacente pose obstacle à la comparaison rigoureuse des deux types de système foncier, car elle interdit la formulation de concepts capables d'appréhender cette flexibilité et donc de discourir sur l'organisation supra-locale.

Création d’un livre d’artiste qui regroupe les œuvres de quatre générations d’une famille âgées de 1 à 87 ans. Ces personnes vivent une spiritualité laïque ou appartiennent aux Églises catholique et protestante unie du Canada; ensemble se vit l’oecuménisme. Dans la composition de ce livre d’art sacré, sont représentées les grandes phases de l’évolution graphique chez l’enfant; s’y joignent des images d’adultes et l’écriture manuscrite savamment apprise de l’aïeule. Les illustrations, inspirées du psaume 148, font place à divers médiums allant du crayon à la caméra numérique. Traité comme une oeuvre testamentaire, le livre est commenté à partir d’une analyse en arts visuels et en théologie.

.Mireille Galipeau est diplômée à l’Université Laval de Québec d’un baccalauréat en arts visuels; d’un diplôme de 2e cycle en édition de livre d’artiste; d’une maîtrise en psychopédagogie sur l’enseignement au Musée national des beaux-arts du Québec où elle a travaillé de 1975 à 2007. Ce présent livre d’artiste s’inscrit dans un programme de maîtrise à la Faculté de théologie et de sciences religieuses à la même université où l’auteure poursuit ses recherches en arts sacrés, sous la direction du professeur Guy Bonneau.