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Les matérialités religieuses participent des expériences des croyants et des (re)façonnages, perpétuels, du religieux. Voie soufie, la Mouridiyya est très présente dans les études sur l’islam sénégalais. Les portraits des guides religieux mourides, dans les espaces dakarois, ont été approchés par la fenêtre des arts davantage que par celle du religieux. La multiplication des portraits sur des objets de consommation de masse : t-shirt, robes, autocollants, coques de téléphones n’a pas fait l’objet d’études exhaustives. Nous voulons nous demander : comment les portraits des guides fabriquent-ils, matériellement et visuellement, l’expérience religieuse? Notre terrain se fait sous la forme de participation observante et d’entrevues avec des hommes et des femmes, à Montréal et en région. Dans le cadre de cette communication, nous présentons des résultats préliminaires. La disponibilité des portraits questionne deux aspects de l’expérience : l’accessibilité ou la démocratisation des guides et la plasticité dans la fabrication du sacré – ici la sacralité du guide mais aussi de la relation avec le disciple–. Appréhender comment se façonne cette relation peut se faire en regardant ce que font les disciples avec les portraits. De quelles manières les mobilités que permettent les migrations transnationales participent à ce faire? En quoi ces expériences sont-elles un espace pour rendre compte des mobilités, des diversités et des individualités qui (re)font le religieux contemporain?

Le Santo Daime, culte brésilien amazonien, s’est implanté dans la Belle Province depuis une vingtaine d’années. Issue d’un syncrétisme qui mêle traditions indigènes, afro-brésiliennes, catholiques, ésotériques et spirites européennes, cette religion est intrinsèquement liée à la culture brésilienne et plus particulièrement à l’Amazonie dans son usage de l’ayahuasca, une substance hallucinogène. Les fardados (membres) entrent en contact avec le divin grâce à cet enthéogène, appelé Daime.Cette communication parcourra l’implantation du Santo Daime au Québec, à travers l’histoire d'une Église daimiste québécoise. Nous explorerons les mécanismes mis en œuvre par les membres pour donner du sens à ce culte si distant culturellement. Cette recherche vise à saisir l’expérience du religieux chez ces daimistes, où se nouent des relations privilégiées avec les êtres de l’Astral. Les expériences mystiques et la clairvoyance sont deux phénomènes que nous abordons comme les catalyseurs de ces relations. Nous verrons qu’apprendre la religion constitue une première étape essentielle passant par la compréhension de la langue et des symboles du Santo Daime. Face à cet apprentissage, l’assemblage d’éléments religieux avec les croyances antérieures peut s’opérer afin de formuler un nouvel ensemble sensé, s’intégrant à leur quotidien.  Nous verrons que dès lors, un engagement du membre envers les êtres de l’Astral est possible et que se développe une véritable relation de disciples et de maîtres. 

Du XVIe au XVIIIe siècle, la Chine est successivement dominée par la dynastie Ming (1368-1644) et la dynastie Qing (1644-1911). C’est à cette époque qu’on voit l’arrivée en Chine de nombreux jésuites européens dans le but de convertir les Chinois au christianisme. Parmi eux se trouvent notamment Matteo Ricci, jésuite italien et fondateur de la mission chrétienne en Chine, Johann Adam Schall von Bell, jésuite allemand et supérieur de la résidence jésuite de Pékin, et Ferdinand Verbiest, jésuite belge et supérieur général de la mission de Chine. En raison de la fermeture de la Chine aux étrangers et de la difficulté de diffusion du christianisme, ces missionnaires ont très souvent recours à des objets de curiosité (horloges sonnant les heures, mappemondes, sphères célestes, clavecins européens, prismes permettant de décomposer la lumière, etc.) rapportés d’Europe ou achetés par la Compagnie de Jésus. Cette stratégie a le résultat escompté : ces objets inconnus en Chine attirent rapidement l’intérêt et l’admiration des hauts fonctionnaires, des gens lettrés et même des empereurs, avec qui les missionnaires parviennent à établir des contacts amicaux, qui choisiront, pour plusieurs d’entre d’eux, de se convertir au christianisme. La présente communication vise à examiner comment les missionnaires jésuites utilisent les objets occidentaux de manière stratégique pour gagner la faveur de la haute société chinoise et faciliter la conversion des Chinois au christianisme.



Création d’un livre d’artiste qui regroupe les œuvres de quatre générations d’une famille âgées de 1 à 87 ans. Ces personnes vivent une spiritualité laïque ou appartiennent aux Églises catholique et protestante unie du Canada; ensemble se vit l’oecuménisme. Dans la composition de ce livre d’art sacré, sont représentées les grandes phases de l’évolution graphique chez l’enfant; s’y joignent des images d’adultes et l’écriture manuscrite savamment apprise de l’aïeule. Les illustrations, inspirées du psaume 148, font place à divers médiums allant du crayon à la caméra numérique. Traité comme une oeuvre testamentaire, le livre est commenté à partir d’une analyse en arts visuels et en théologie.

.Mireille Galipeau est diplômée à l’Université Laval de Québec d’un baccalauréat en arts visuels; d’un diplôme de 2e cycle en édition de livre d’artiste; d’une maîtrise en psychopédagogie sur l’enseignement au Musée national des beaux-arts du Québec où elle a travaillé de 1975 à 2007. Ce présent livre d’artiste s’inscrit dans un programme de maîtrise à la Faculté de théologie et de sciences religieuses à la même université où l’auteure poursuit ses recherches en arts sacrés, sous la direction du professeur Guy Bonneau.

 

Cette communication présentera les résultats d’un dépouillement du Devoir qui participe du projet de recherche « Nouveaux regards sur la crise de la conscription, 1916-1919 ». Les analyses portant sur la conscription au Canada laissent notamment dans l’ombre la diversité des points de vue dans la presse canadienne-française et l’importance des débats sur la conscription ailleurs dans le monde dans leur couverture. Le dépouillement du Devoir durant cette période s’est fait sur trois axes : la radicalisation du discours lors des assemblées populaires anticonscriptionnistes, la position éditoriale du Devoir sur la conscription et l’attitude adoptée par le journal face au soulèvement nationaliste irlandais. Le dépouillement des années 1916 à 1918 permet d’établir le constat que la situation dans les autres parties de l’Empire, notamment en Irlande et en Australie, est utilisée par les journalistes et les différents orateurs populaires pour défendre la position canadienne et protester contre la mise en place du service militaire obligatoire. En 1916, Le Devoir porte un regard critique sur les débats sur la conscription en Grande-Bretagne et en Irlande. En 1917, lorsque le projet de loi annonçant la conscription au Canada est présenté au Parlement, notre dépouillement montre que Le Devoir se concentre plus exclusivement sur la politique canadienne. Mais en 1918 la crise irlandaise, où le débat sur la conscription est relancé, intéresse à nouveau les journalistes du Devoir.

Alors que l’on peut s’initier à une panoplie de cultures alimentaires au sein des nombreuses grandes villes nord-américaines, qu’en est-il des cultures autochtones? Au Canada, même si l’offre est restreinte, il est possible de manger à une table de restaurants autochtones dans plusieurs grandes villes. À quoi s’attendre quand on mange dans l’un de ces restaurants? Comment la diversité culturelle de ces peuples est-elle incarnée? Généralement situés en milieu urbain et s’adressant à un public autant autochtone qu’allochtone, ces restaurants sont l’occasion de mettre en scène les cultures autochtones. Comment choisissent-ils de se représenter? Un itinéraire gourmand entre Montréal et Vancouver a permis de visiter treize de ces restaurants pour en analyser le menu, le décor et l’ambiance. Il en ressort la présence d’une forme de culture autochtone dénudée de particularisme culturel et mobilisant des symboles panindiens. En plus de démontrer comment le panindiannisme est mobilisé à travers la restauration autochtone canadienne, cette communication analyse les objectifs et les avantages potentiels d’une telle démarche. Dans ce sens, elle interroge l’articulation d’enjeux identitaires en contexte de représentation alimentaire.

Datant des civilisations méditerranéennes antiques, découverte par le physiologiste Américain Ancel Keys dans les années 1950 et inscrite sur la Liste du patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2010, la diète méditerranéenne est bien plus qu’un simple régime alimentaire, mais une nouvelle étape dans l’évolution des concepts de Méditerranée et de méditerranéité. Un premier aspect critique surgit lorsqu’on essaie de définir cette « diète » censée être présente dans l’espace méditerranéen, ainsi que son étendue géographique et l’identification de ses pratiquants. L’objectif de ma présentation est de restituer les résultats préliminaires de ma recherche doctorale portant sur la compréhension du concept de « diète méditerranéenne » en tant qu’œuvre patrimoniale transnationale inscrite sur la Liste de l’UNESCO. Pour ce faire, quatre terrains ethnographiques furent entrepris auprès de quatre pays méditerranéens (Espagne, France, Italie, Maroc) – telle fut la méthodologie employée, qui inclut l’observation participante et les entrevues semi-dirigées. Mon étude ethnologique vise un triple objectif : d’abord, retracer les développements des concepts polyédriques d’imaginaire méditerranéen et de diète méditerranéenne ; ensuite, apporter une contribution au sein des études patrimoniales et des sciences du tourisme en ce qui est des impacts de la patrimonialisation d’un élément alimentaire à l’UNESCO ; enfin, approfondir la compréhension du paradigme de « glocalisation » contemporain.

Malgré l’interdiction des discriminations fondées sur les castes inscrite dans la constitution du pays, ces dernières continuent d’exercer une influence incontournable dans la société indienne contemporaine. En tant que réalité sociologique de première importance, les castes ont été et sont toujours l’objet des discours scientifiques les plus variés. L’objectif de cette présentation est d’analyser le concept de caste pour montrer qu’il recouvre, dans la littérature scientifique, un minimum de trois « dimensions » distinctes, que nous qualifions d’identitaire, d’idéologique et d’organisationnelle. Nous montrerons que des auteurs appartenant à des écoles de pensées pourtant opposées conçoivent les composantes organisationnelles comme de simples épiphénomènes des dimensions identitaires ou idéologiques. S’il n’est pas étonnant de voir à l’œuvre ce mode de conceptualisation chez des chercheurs d’orientation structuraliste comme Louis Dumont ou Jonathan Parry, il s’avère en revanche plus surprenant de le découvrir chez des auteurs comme Dipankar Gupta et Declan Quigley, deux penseurs contemporains qui ont vigoureusement critiqué Louis Dumont pour son penchant idéaliste. Nous soutiendrons enfin que cette incapacité à concevoir la dimension organisationnelle en tant que réalité ontologiquement irréductible, a conduit à négliger la complexité des composantes organisationnelles. Leur description rigoureuse et leur théorisation (explication) ont en conséquence été fortement limitées.



Le 13 octobre 1970, le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau procède à la reconnaissance diplomatique de la République populaire de Chine. Est-ce le fruit du hasard, un coup de tête provocateur de M. Trudeau en pleine guerre froide ou encore le fruit d'une longue histoire entre le Canada et la Chine? Nous sommes d'avis qu'il s'agit plutôt du résultat d'une longue histoire entre Trudeau et les Chinois. Bien entendu, ce processus diplomatique ne peut se résumer à une seule personne, mais nous avons la conviction que, sans Trudeau, l'histoire aurait été bien différente.

Le constat est le suivant : la majorité des spécialistes des relations Canada-Chine reconnaissent l'apport de Trudeau dans le processus de reconnaissance diplomatique et évoquent sa connaissance et son expérience de la Chine comme justification. Toutefois, aucun d'entre eux n'est en mesure d'expliciter la teneur de cette expérience.

Par chance, nous avons obtenu l'autorisation de consulter les archives personnelles de M. Trudeau. Certes, quelques biographes y ont eu accès avant nous, mais aucun d'eux n'est spécialiste de l'histoire chinoise. C'est ainsi que nous souhaitons éclaircir cet aspect de l'histoire sino-canadienne et de la vie de Trudeau en utilisant ses journaux de voyage pour démontrer à quel point il a su expérimenter la « vie à la chinoise » et saisir les grands traits culturels de cette civilisation, si mystérieuse aux yeux des occidentaux, pour ensuite mettre cette connaissance à profit.

Le « nouvel athéisme » est un mouvement américain né du contexte socioreligieux trouble du début du millénaire. Avec le poids politique pris par le lobby chrétien de droite aux États-Unis, le débat sur l’enseignement du dessein intelligent au Kansas, la polémique des caricatures du Jyllands-Posten et le spectre des attentats de septembre 2001, l’anxiété publique face au fanatisme religieux semble être à son paroxysme lorsque Sam Harris publie The End of Faith en 2004. Aussi son manifeste athée et ceux de Richard Dawkins, Daniel Dennett et Christopher Hitchens bénéficient-ils d’une couverture médiatique importante lors de leur parution. C’est la ferveur populaire cristallisée autour des quatre auteurs qui consacrera leur union intellectuelle et l’avènement du « nouvel athéisme ». Pour l’intellectuel averti, les prémisses positivistes et la dialectique du mouvement sont difficilement conciliables avec une approche philosophique postmoderne et raisonnable de la religiosité. Aussi ce « nouvel athéisme » apparaît-il revêtir un caractère tout aussi intégriste que les groupes religieux qu’il vilipende et sa littérature a été peu considérée au sein des milieux académiques. En saluant son succès auprès du grand public et la pertinence de son questionnement, nous entendons ici situer la mouvance dans son contexte sociopolitique et déterminer si son argumentation résiste à un examen philosophique rigoureux.

Le site archéologique de l’îlot des Palais abrite les vestiges des résidences des intendants de la Nouvelle-France, qui ont occupé cet endroit de 1684 à 1759. Le palais de l’intendant était également le siège du pouvoir administratif et accueillait les réunions du Conseil souverain, ce qui lui conférait une grande importance au sein de la colonie. En tant qu’héritiers d’une société française d’Ancien Régime hautement influencée par un système de convenances misant sur l’image projetée en société, les intendants se devaient de perpétuer cette nécessité de manifester leur statut social à travers tous les aspects de leur vie quotidienne permettant de rendre compte de leur pouvoir, de leur richesse et de leur rang.

Tel qu’illustré par des travaux antérieurs analysant l’architecture au site de l’îlot des Palais, il semblerait que l’expression du statut d’intendant ait passablement évolué au cours du Régime français, gagnant vraisemblablement en importance et en puissance au fur et à mesure du développement de la colonie. L’objectif principal de notre projet de recherche est d’effectuer une analyse comparative de la culture matérielle associée aux intendants, le tout en relation avec le contexte historique lié au développement de la Nouvelle-France. Les deux résidences de l’intendant s’étant succédé dans le temps, il sera intéressant d’identifier certains des éléments indicateurs d’un changement dans le désir des hommes ayant occupé cette fonction de magnifier leur rang social.

La transformation des processus générateurs d’autorité à l’ère du numérique est au cœur de la problématique des nouvelles dynamiques de circulation de savoirs et d’idéologies islamiques. L’étude de ces transformations s’avère cruciale, tout particulièrement en contexte migratoire où les nouvelles trajectoires croyantes obéissent souvent à des logiques inédites, et où autorités et institutions locales peuvent être sujettes à contestation. Plusieurs vecteurs de cette autorité religieuse coalisent en ligne (prêches, opinions légales ou fatwa, directives d’institutions religieuses, interprétations, bibliothèques virutelles, idéologies, etc.), de sorte que le numérique modifie le rapport que les musulmans entretiennent avec ceux-ci. Cette étude interroge deux sites web (contenus, fonctionnalités, utilisations, réseaux transnationaux et hyperliens, modes de communication, idéologies) appartenant à deux figures religieuses canadiennes : Abu Hammad Sulaiman (site en français) et Ahmad Kutty (site en anglais). Ces sites sont porteurs d’autorités distinctes: l’une, liée à une interprétation « salafiste » de l’islam et, l’autre, liée à une interprétation plus modérée (ou « wasatiyya » à la Qaradawi). Nous interrogeons ces virtualités d’autorités musulmanes pour démontrer que leur présence en ligne n’est pas toujours proportionnelle au nombre de leurs fidèles, et que les réseaux transnationaux qui soutiennent le site de Sulaiman présentent plusieurs défis pour les musulmans canadiens

Le diocèse de Nicolet envoie, en 1955, trois prêtres au Brésil avec l’objectif de prendre en charge deux paroisses de la prélature de Pinheiro et d’y développer les vocations sacerdotales. Sur place, les prêtres québécois se rendent compte de la profonde misère de leurs nouveaux paroissiens. Afin de leur prêter main-forte, ils demandent rapidement l’aide des Sœurs Grises de Montréal. Celles-ci acceptent, en 1957, d’envoyer au Brésil des religieuses afin de prendre en charge les soins et les services sociaux. Elles y resteront 17 ans avant de quitter et poursuivre leur apostolat dans d’autres régions de la prélature. Leur départ aura des conséquences sur le maintien de la mission nicolétaine au Brésil dans sa forme d’alors. Les prêtres devront réfléchir à de nouvelles manières de maintenir la collaboration entre les diocèses pour garder la mission ouverte. Durant la totalité de leur présence au Brésil, les Sœurs Grises ont tenu une correspondance soutenue de laquelle il nous reste quelques lettres. Par ailleurs, des chroniques rédigées par les religieuses nous donnent un accès privilégié à leur quotidien. De fait, comment se représente-t-elle leur expérience brésilienne? Que peut-on dire de leurs relations avec entre elles? Avec les prêtres? Avec le peuple? Est-il possible de déceler la portée de leurs œuvres, leurs échecs et leurs succès? Notre présentation a pour objectif de mettre en lumière l’expérience d'une mission oubliée de notre histoire religieuse.

L’une des caractéristiques principales de la société ukrainienne est un volume considérable de l’émigration internationale de ses citoyens. Cette communication présente l’évolution des schémas de migration des citoyens ukrainiens après le début du conflit armé qui tourmente le pays depuis printemps 2014. De juin 2015 au juin 2016, on a mené une enquête qualitative approfondie ciblée sur la deuxième destination la plus importante des Ukrainiens en Europe, la République tchèque.    

Le premier schéma nouveau de migration qui apparaît est le soi-disant « chemin polonais », l’utilisation de visas polonais pour se rendre en Tchéquie dans le cas où le visa tchèque est indisponible. L’autre est le changement dans la composition des immigrants au profit des jeunes, des étudiants et des membres de la famille de ceux qui sont déjà dans le pays. Assez surprenant est le fait que l’émigration directe vers l’étranger en provenance des zones de conflit est assez unique : ces gens deviennent surtout des déplacées internes. Aussi, le passage de la migration presque exclusivement temporaire et circulaire vers la migration permanente est un fait nouveau. L’intégration de ces immigrés dans la société reste pourtant assez compliquée. Les résultats de la recherche suggèrent également qu’il existe la possibilité de relations problématiques au sein de la diaspora ukrainienne, liées à la différence de temps d’arrivée (vieux ou nouveaux) et à la région d’origine des migrants en Ukraine (Ouest ou Est).

L’historiographie nous a livré nombre d’études sur la polémique chrétienne contre l’islam, mais le plus souvent, le traitement se présente comme un catalogage des arguments les plus souvent employés sur les thèmes les plus controversés entre les deux religions. L’approche que je compte employer permet de montrer que, derrière la redondance des arguments utilisés dans cette littérature, se trouve un panorama diversifié et dynamique.

Les textes analysés sont choisis dans le cadre de l’histoire morisque depuis la conquête de Grenade (1492) jusqu’à l’expulsion des morisques (1609). Il s’agit de textes dont la littérature scientifique actuelle n’a pour le moment fournit aucune analyse d’ensemble. Les études à notre disposition portent sur des corpus limités. En proposant une étude sur le corpus de textes le plus complet à ce jour et en analysant chaque texte en fonction de son contexte historique et de ses originalités, je m’offre les moyens de des réponses aux questions suivantes : Quand, comment et pourquoi s’est opérée le glissement d’une production principalement faite de textes polémiques à une production principalement axée sur la catéchèse? Que nous disent les textes sur les projets qui supportèrent leur production? Et finalement, quel héritage ont-ils laissé aux auteurs qui, au début du XVIIe siècle, ont écrit pour réclamer, puis défendre l’expulsion des morisques de 1609?



L’impartialité se définit-elle comme une neutralité désengagée, comme l’affirme John Rawls, ou comme un accord engagé (un consensus) comme le soutient Jürgen Habermas?

Les questions que soulève ce débat prennent tout leur sens lorsque posées dans le contexte actuel. À l’heure où nous pouvons affirmer que la sécularisation du monde occidental est achevée, nous remarquons parallèlement une recrudescence imprévue de certains mouvements religieux et de leur politisation. Que proposent Rawls et Habermas pour résoudre les conflits entourant l’expression religieuse dans l’espace public, conflits auxquels toutes les sociétés occidentales sont aujourd’hui confrontées? Les solutions amenées par les auteurs peuvent-elles être concrétisées?

Pour tenter de répondre à ces questions, nous effectuerons d’abord un bref exposé des conceptions qu’ont Rawls et Habermas de la démocratie.

Nous montrerons ensuite quelles sont, pour Habermas et à l’encontre de Rawls, les présuppositions cognitives nécessaires aux citoyens laïques et religieux dans l’usage public de la raison, et soulignerons par le fait même l’originalité et l’intérêt de la contribution habermassienne pour cette question.

En déconstruisant le processus de « traduction » auquel nous convie Habermas, nous souhaitons cependant – et finalement – démontrer que l’admission des raisons religieuses au sein du discours éthico-politique affaiblit grandement, pour ne pas dire qu’elle anéantit le caractère épistémique de ce même discours.

Cette recherche porte sur la construction de l’identité religieuse d’ascètes Occidentaux en Inde. Plus précisément, il s’agit d’analyser d’un point de vue anthropologique comment les Occidentaux devenus ascètes en Inde négocient-ils leur identité religieuse et leur intégration à une communauté monastique hindoue.

L’ascétisme en Inde implique le renoncement au monde et à sa matérialité par l’adhésion à un univers de sens éminemment codifié et hiérarchisé (Khandelwal 2007). Le but ultime est d’anéantir l’ego et de s’extirper du cycle ides réincarnations pour atteindre la libération (Kapani 2011). En devant sannyāsin, les Occidentaux s’affranchissent de leur repères culturels et religieux initiaux et effectuent une transition « d’une province de sens à une autre (Goulet et Young 1994 ; 316)», généralement initiée par une rencontre prolongée avec une culture différente ou par une expérience précise qui cristallise le point de non-retour (Fernandez 2001 ; 12).

Ma recherche se base sur des récits de vie recueillis auprès de huit répondants de manière à retracer leurs motivations de départ, pour ensuite appréhender leur intériorisation de la pratique hindoue par la transmission d’un maître (guru) et intimement liée à la validation communautaire (Hervieu-Léger 1998). L’objectif de cette recherche est donc de rendre compte de la non-linéarité des expériences religieuses en contexte de modernité et de mobilité (Csordas 2009) en présentant le cas particulier des ascètes étrangers en Inde.

Créée en 1860 pour défendre les juifs persécutés dans le monde, cette grande institution juive française vise à émanciper les juifs en pays musulmans par la « régénération ». Pour ce faire, elle établit un vaste réseau d’écoles sur tout le pourtour méditerranéen dans lequel se dévouent des femmes et des hommes animés par des vocations de missionnaires. Même si l’Alliance se nourrit des idées des Lumières et de principes républicains, elle reste la fille de son temps et les femmes, tant au sein de l’organisation que dans le réseau des écoles en étant élèves, institutrices ou directrices, sont invisibilisées. À partir d’une perspective féministe postmoderne et du cadre théorique des rapports sociaux de sexe, ce communiqué vise à établir comment, au sein de l’Alliance, le caractère androcentrique, la production et la reproduction des rapports sociaux de sexe inégalitaires sont mis en œuvre par le discours (Chetcuti et Greco, 2012), par les programmes scolaires et par la formation des institutrices de manière à essentialiser le sexe et le genre féminin et de l’effacer dans les rapports de pouvoir.

L'école instruit et construit la génération future, tout en affichant un modèle de société donné. L'école reflète aussi la politique préconisée par l'État sur la cohésion sociale, l'intégration et le citoyen-type. L'école publique au Québec a connu une évolution majeure depuis sa création, elle est passée d'une école religieuse à une école laïcisée. L’école publique québécoise avait un caractère confessionnel et la laïcisation de l'école fut tardivement. L'enseignement religieux à l'école publique au Québec était un compromis historique garanti par la Constitution canadienne depuis la fondation du Canada. Pour cette raison, l’enseignement de la religion a longtemps occupé une place importante au sein de l’école et que la déconfessionnalisation scolaire fut un long processus. Pour déceler la relation qui existe entre l'école, la laïcité et l'intégration à l'école publique au Québec, nous étudions l’évolution de la laïcité scolaire au Québec en mettant en avant la relation étroite qui existe entre la laïcité et la liberté de religion.  Nous penchons en particulier sur la question de l'enseignement des faits religieux et le port des signes religieux à l'école dans le but d'élucider comment le Québec interprète la laïcité et garantit la liberté de religion aux élèves. Par cet exercice nous voulons identifier les éléments qui ont modelé la politique d'intégration à l'école publique et comment cette politique a influencé la conception et l’application du principe de la laïcité.  

 

 

Grâce à l’approche pluri disciplinaire, l’archéologie de la période moderne combine plusieurs sources et disciplines pour étudier l’histoire des sociétés passées.

Cette présentation examine l’intérêt de l’approche pluri disciplinaire dans la reconstitution des paysages du Baol, royaume historique du Sénégal entre le XVIe et le XVIIIe siècle. En fait, la combinaison des résultats des analyses au micro CT Scan, du microscope électronique à balayage (MEB) avec les résultats de l’analyse typologique et morphologique de la culture matérielle archéologique a permis de reconstituer les transformations des paysages Lambaye, capitale du Baol entre le XVIe et le XVIIIe siècle.

 

Mots clés : archéologie, Baol, Lambaye, micro CT Scan, MEB.

Plus tard que les Portugais et les Italiens, la mission française n’a commencé à prendre de l’ampleur que vers la fin du XVIIe siècle. Grâce à leur réputation de mathématiciens et d’astronomes, certains jésuites français tels Joachim Bouvet et Jean-François Gerbillon, ont gagné rapidement la faveur de la cour impériale de la Chine. Pour ces pères français, le moment propice est venu de convertir cet Empire lointain. Du côté du gouvernement chinois, le dessein de mettre en valeur les connaissances scientifiques l’a amené à faire preuve de grande tolérance. Cependant, cette tolérance était de courte durée. Sous les règnes de Yongzheng(1723-1735) et Qianlong (1736-1795), la prohibition et l’expulsion persistaient malgré les pétitions. À partir de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, l’attitude de la cour impériale envers les jésuites était dominée par la méfiance et la désillusion, en raison des menaces politiques que pourrait causer l’expansion du christianisme en Chine. L’objectif de cette communication est de démontrer comment le gouvernement chinois et les jésuites français ont réagi l’un envers l’autre lors de leur rencontre. Et on tente de mettre en lumière les soucis du gouvernement chinois face aux jésuites ainsi qu’à leur doctrine religieuse, et les préoccupations des jésuites français qui avaient souvent tendance à idéaliser l’image de l’empereur et du régime politique de la Chine malgré la période de persécution.

Dans le roman Godân (1936) du romancier et nouvelliste du Nord de l'Inde Premchand (1880-1936), la notion de service (sevâ) traverse l'intrigue en s'y présentant chargée de différents sens. La pratique du service semble trouver son achèvement dans le récit lorsqu'elle prend la forme d'un « service social ». Le personnage de la femme médecin Malti en représente en quelque sorte l'illustration ultime, en choisissant dans l'intrigue finale de consacrer sa vie au service des pauvres et des malades. Dans l'hindouisme, la pratique du service est traditionnellement l'expression d'une soumission, prenant sens à l'intérieur d'un monde extrêmement hiérarchisé. À partir du XIXe siècle, sous l'impulsion de réformateurs socioreligieux, la notion de service est réinvestie en Inde d'une charge humanitaire. Des hindous influents comme Gandhi (1869-1948) et Vivekananda (1863-1902) font alors la promotion du service à travers une pratique sociale et humanitaire qui paraît calquée sur l'action des missionnaires chrétiens. D'une forme hautement valorisée de soumission, la pratique du service passe, dans l'idéologie commune, du côté de l'action sociale et humanitaire. La réinterprétation de la notion de service présente un exemple récent de tensions et transformations au sein de la tradition hindoue. C'est ce que cette présentation cherchera à illustrer, à partir de l'analyse de la notion de service dans le roman Godân de Premchand.

Cette communication présente les résultats d’une cotutelle internationale de thèse de doctorat. Cette recherche a pour objectif de cerner les modes et les rythmes du développement des secteurs de montagnes aux confins de la cité des Arvernes de la fin de l’Âge du Fer au début du Moyen Âge. Les sources écrites sont peu abondantes sur ce secteur ; le recours à d’autres types de recherches s’avère indispensable. Les Monts du Livradois-Forez fournissent un cadre de recherche privilégié par l’ancienneté et la diversité des recherches en cours. La recherche est menée selon trois axes. Le premier vise à reconstituer les dynamiques d’occupation humaine par le dépouillement de la bibliographie archéologique et par des prospections archéologiques. Le second axe concerne la reconstitution du paysage « naturel » par des analyses palynologiques, diatomologiques et celle des macrorestes végétaux. Le troisième met en œuvre des études géoarchéologiques afin de déterminer les influences des activités humaines sur le milieu. Toutes ces données ont été intégrées et cartographiées à l’aide d’un SIG. L’association de ces différents types de recherches a permis de mettre en évidence une occupation dense des espaces des confins ainsi que plusieurs cycles économiques, reflets de modes de mises en valeur différents selon les époques et les espaces géographiques retenus. Enfin, ces résultats suscitent de nouvelles interrogations quant aux relations entre le centre et les périphéries.

Les nouvelles technologies numériques permettent à tout musulman de rejoindre des réseaux ethno-confessionnels ou islamiques, tant locaux, régionaux, nationaux que transnationaux.  Dans une telle conjoncture, comment s’y prendre pour étudier l’utilisation que des canadiens de confessions musulmanes font des nouveaux médias ainsi que l’impact que l’internet peut avoir sur leurs identités religieuses et sentiments d’appartenance ? Existe-t-il des liens entre les différentes valeurs qu’ils adoptent et celles qu’ils côtoient en ligne et avec lesquelles ils peuvent s’identifier ? Notre étude pancanadienne (financement CRSH) privilégie une approche collaborative qui s’articule autour de quatre grands axes de recherche (identité, communauté, diversité et autorité) et trois méthodes de cueillette de données : un sondage avec questionnaire en ligne, une enquête de terrain avec entrevus et une « webservation » de sites (canadiens et étrangers) que les participants consultent. La présentation cherchera à montrer comment ces méthodes de collectes de données et ces quatre axes s’articulent pour permettre l’exploration des problématiques d’acculturation, d’intégration, de multiculturalisme et des rôles joués par l’internet et les nouveaux médias. L’approche ethnographique, assistée d’une sociologie des usages, permettra l’identification des dynamiques d’agentivité des usagers de ces nouveaux médias et des sphères publiques numériques canado-musulmanes dont nous postulons l’existence.

La sous-estimation de la capacité cognitive des individus est une involontaire et inconsciente qui se produit contre les groupes marginalisés. Nous étudions les femmes musulmanes qu’on entend peu. L’une des questions concernant les musulmanes est leur capacité de témoignage dans la loi islamique. Le témoignage d’un homme équivaut à celui de deux femmes (conditions du témoignage). Dans les sociétés islamistes où la loi islamique est appliquée (Soage), on est moins enclin à accepter les arguments des femmes qui subissent. C’est une forme d’injustice épistémique (Fricker). Notre objectif sera de faire référence à l’utilisation de l’islam comme source de positions et de concepts politiques et les musulmanes sont donc l’objet d’une injustice épistémique (Pohlhaus). L’approche consistera à examiner la relation entre la politique et l’épistémologie, cherchant à savoir pourquoi et comment le pouvoir politique islamisé peut causer une injustice épistémique contre les musulmanes. L’injustice épistémique ne permet pas la participation herméneutique aux personnes en situation de minorité, qui se produit dans la sphère privée et publique. L’injustice épistémologique envers les musulmanes est tributaire des méthodes patriarcales inscrites dans la loi islamique, qui peut être instrumentalisée politiquement pour remettre en question l’individualité des femmes (Benhabib).Nous expliquerons la relation entre l’injustice épistémique et le pouvoir et leur rapport à l'épistémologie féministe.