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Les recherches archéologiques qui furent effectuées en Égypte au cours des XXe et XXIe siècles ont permis de mettre au jour une quantité importante de documents papyrologiques et épigraphiques datant de l’Antiquité. Le corpus des textes magiques coptes, qui est constitué de plus de 600 témoins provenant de ces fouilles, offre aux chercheurs une fenêtre par laquelle un aspect important de l'univers religieux des Égyptiens peut être étudié. Il permet de mieux comprendre, dans ses nuances, ses fécondités et ses limites, la transition de la population de l'ancienne religion égyptienne au christianisme, transition qui demeure encore aujourd’hui un sujet complexe. En effet, les papyrus magiques coptes présentent un type d’expériences religieuses que l’on tend à qualifier de « magique ». Celles-ci semblent témoigner, au-delà de l'étiquette qu'on leur attribue et de l’ambiguïté qui les entoure, de la continuité et de la christianisation de certaines pratiques héritées de la piété traditionnelle. Par l’étude de cas de deux manuscrits, l’AMS 9 et le KOPT 686, qui proviennent de périodes charnières de l'histoire religieuse de l'Égypte (c'est-à-dire de l'apogée et du déclin du christianisme et de la langue copte), nous proposons de montrer, dans cette communication, comment certains de ces usages préchrétiens ont survécu et se sont transformés en contexte chrétien et leurs impacts, à l’interne et à l’externe, sur l’Église et son développement en Égypte.

"Messieurs les Anglais, tirez les premiers.". Cette phrase prononcée à la bataille de Fontenoy en 1745 illustre parfaitement le mythe de la "guerre en dentelle", surnom donné de manière péjorative aux guerres du XVIIIe siècle européen, des guerres "courtoises" presque "amusantes" pour la noblesse se livrant à ces jeux guerriers. L'historiographie a pourtant démontré l'absurdité de ce surnom, et l'utilité de replacer ces conflits dans le contexte des mentalités militaires du temps, régies par une éthique militaire quasi institutionnalisée, et reposant sur des codes de courtoisie et de respect mutuels entre les belligérants. Cependant cette éthique militaire, aussi logique soit-elle dans l'esprit des combattants de l'époque, connaissait certaines limites. Cette communication présentera lesdites limites dans le cadre de la guerre de Sept Ans en Nouvelle-France. Le respect parfois trop zélé de cette courtoisie militaire par les officiers français et britanniques vient parfois s'inscrire à l'encontre d'impératifs tactiques et/ou stratégiques, ce dont ces professionnels de la guerre sont pleinement conscients. S'ensuit alors une constante lutte pour ces officiers européens entre le respect de ces codes de courtoisie inculqués par leur éducation militaire et l'accomplissement des objectifs de la guerre, dans un contexte bien différent de celui des champs de bataille européens.

La construction identitaire des femmes chrétiennes en Haïti est un travail de recherche qui s'est réalisée sous un double angle. Il s'agit en fait d'étudier ce processus identitaire au regard des valeurs bibliques et religieuses, également sous l'angle d'une problématique de genre. L'intérêt est d'explorer comment la femme chrétienne arrive à être ce qu' elle se déclare être ? En cela, l'étude se positionne du côté d'un rapport dialectique entre l'individu et les identités collectives (Lenclud, 2008; Ollivier, 2009). Car l'individu étant le résultat d'une dynamique sociale, d'une socialisation. Il est la résultante d'une inéluctable interaction. Toutefois, l'individu ne constitue pas une réalité amorphe, il est co-auteur de sa définition de soi. Car bien que l'individu ne peut se soustraire de l'influence des identités collectives (Dubar, 2007; Lenclud, 2008; Ferrarese, 2009), il peut cependant se distinguer de temps en temps. Donc, il peut se subjectiver et se singulariser (Elias, 1939 cité par Pesche 2005; Kaufmann, 2004; Dubar, 2007).                  S'inscrivant dans une démarche qualitative, le résultat de l'enquête réalisée auprès de douze femmes d'obédience chrétienne a permis de comprendre que la définition de celles-ci peut être classée en trois catégories : 1) internalisation des valeurs religieuses 2) adhérence et discussion des valeurs religieuses 3) contestation des valeurs religieuses. 

Les souvenirs touristiques jouent depuis longtemps le rôle de pont entre les visiteurs et les visités (artisans, guides touristiques, agences de voyages). Malgré leur importance capitale, les représentations culturelles de ces objets n’occupent qu’une moindre place dans la littérature et plus particulièrement dans les études en français. Afin de contribuer à une meilleure connaissance de ce champ de la culture matérielle touristique, je mène dans le cadre d’une maîtrise, une recherche qui vise à étudier les perceptions des acteurs touristiques – visiteurs et visités- sur les symboles culturels représentés par les souvenirs artisanaux, via une étude de cas au Centre du Vietnam (Hué et Hoi An). À partir d’entretiens approfondis menés avec des artisans, des guides touristiques et des agences de voyages ainsi que de questionnaires avec des touristes francophones, cette communication propose de dresser un premier portrait des résultats avec la présentation d’un corpus des principaux types de souvenirs artisanaux et des représentations culturelles qu’ils incarnent; une analyse préliminaire du discours construit autour de ces souvenirs pour enfin esquisser des pistes de réflexion quant au rôle des souvenirs touristiques dans la mise en valeur des symboles culturels locaux et/ou nationaux.

En prenant le cas du rôle joué par l’État du Maroc dans le processus de rédaction de la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (1977, 1984), cette étude examine si les droits universels seraient la suite logique du colonialisme, et qu’en tant que tel, ils seraient de l’impérialisme culturel dans les pays anciennement colonisés. Aussi, dans un premier temps, cette recherche relève que bien que l’État du Maroc ait été présent au processus de rédaction de la Convention contre la torture, il n’y a joué aucun rôle significatif. Dans un second temps, elle juxtapose la pratique systématique de la torture de cet État aux discours du relativisme culturel qu’il véhicule. Ce double examen montre que la résistance populaire aux droits universels, qui s’exprime en termes de discours de relativisme culturel et d’authenticité culturelle, correspond en fait à des politiques délibérées de délégitimation des droits universels. Conséquemment, cette recherche remet en cause les critiques qui considèrent les droits universels comme néocoloniaux, ou encore comme hostiles aux cultures locales.

Le processus de libéralisation politico-économique du début des années nonante a culminé dans l’adoption de plusieurs lois ouvrant l’accès à l’exercice public des associations religieuses favorisant le foisonnement des pentecôtismes sur le territoire camerounais. Dans ce sens, Boyer (2005) constate que le pentecôtisme encourage « l’effervescence » par la « puissance » et les dons du « Saint-Esprit ». Ces charismes constitueraient un « capital » permettant de présenter une offre religieuse plurielle fondée sur la lutte contre les « sorciers » souvent issus du cercle familial.Comment le discours pentecôtiste contribue-t-il à l’imaginaire sorcellaire, à l’imaginaire des croyances dans la société  et en particulier chez les adeptes ? Comment expliquer la récurrence des discours porteurs de violence des pasteurs au sujet de la sorcellerie ? Cette réflexion vise à ethnographier le vaste champ des églises de guérisons et de délivrances au Cameroun, traversé par les politiques de délivrance basées sur la « witchdemonology ».

Dans cette dynamique culpabilisatrice, le tissu familial, base de la structure sociale, est touché par les discours sorcellaires constructeurs de l’imaginaire des membres de la société. Ce paradoxe de la famille potentiellement source de danger et espace de sécurité, incline à présager un équilibre fragile et précaire l’exposant aux turbulences débouchant parfois sur des sociabilités nouvelles.

Cette communication apportera une contribution au débat interdisciplinaire sur la modernité et la sécularisation, et plus particulièrement sur la place de la religion dans les sociétés occidentales. Des auteurs centraux dans ce débat comme Wolfgang Schluchter, Charles Taylor et Marcel Gauchet renvoient souvent à l’œuvre de Weber et au concept de « désenchantement » pour établir une distinction entre modernité désenchantée et des autres conditions humaines « enchantées ». Le désenchantement devient pour eux la marque de l’unicité occidentale.

Ma présentation montrera que dans l’œuvre de Weber la condition « enchantée » ou « magique » est plutôt circonscrite et représente une sorte de stade primitif de l’humanité à partir duquel on peut observer plusieurs trajectoires de modernisation, caractérisées par différentes manières de retravailler la pensée magique originaire. Je montrerai aussi que dans la théorie wébérienne le désenchantement opère parallèlement au processus de rationalisation : la modernisation ne peut pas être étudiée que comme une relation complexe entre ces deux formes de développement de la société.

Cette reconstruction permettra de fonder une approche pluraliste à la modernité, où le cas occidental reste un cas particulier, mais n’est plus le seul modèle pour expliquer la dynamique de la modernisation comme « désenchantement ».

Les cultes isiaques sont « les cultes qui se diffusent hors d’Égypte, entre la fin du IVe siècle av. et la fin du IVe siècle ap. J.-C., d’une douzaine de divinités appartenant à un même cercle mythique, cultuel et liturgique, soit Isis, Sérapis, Anubis, Apis, Bubastis (…) et Osiris ».

Si l’Histoire de l’isiacologie débute dès la fin du XIXe siècle, les liens entre les empereurs romains et les cultes isiaques ont été pourtant peu étudiés, les spécialistes se consacrant à des études sociales et liturgiques. Imaginez alors les études sur les inclinaisons isiaques des impératrices. Pourtant, il s’agit d’une histoire « officielle » des religions, qu’il est possible d’analyser à travers une source archéologique impériale : les monnaies. Elles peuvent être étudiées selon deux méthodes que nous allons présenter. Tout d'abord par l’histoire quantitative, sous la forme de graphiques ouvrant sur des observations chronologiques, géographiques et des décisions méthodologiques. Puis avec une analyse iconographique, démontrant des formes divines appréciées des impératrices à Rome, et l'évolution de ces choix. Nous analyserons ces choix selon le contexte géographique en comparant les monnaies isiaques romaines avec celles d’Alexandrie.

Nous démontrerons ainsi que chez certains empereurs des IIe et IIIe siècles qui semblent avoir eu des relations particulières avec ces divinités, il a pu y avoir influence de la part de leur entourage féminin ; et une influence plutôt maternelle que maritale.



L'habitation Loyola est une ancienne habitation agricole située en Guyane française et exploitée par les jésuites entre 1668 et 1769. Cet établissement esclavagiste était destiné à la production de sucre, d'indigo, de café, de cacao et de coton, afin de produire suffisamment de revenus pour financer des missions d'évangélisation chez des groupes amérindiens d’Amérique du Sud. Le magasin de l’habitation servait à l'entreposage d'outils, de denrées, d'alcools et autres objets d'importation. La seule représentation connue du magasin figure sur le cartouche d'une carte de 1730 produite par Dessingy.

Notre présentation portera sur les résultats des opérations de fouilles menées sur les vestiges du magasin en 2011 et 2012. Nous présenterons le mobilier et les vestiges architecturaux découverts au cours des fouilles et de la découverte d’un vestige immobilier nous permettant d'établir plus d’une phase d’occupation à l'emplacement du magasin. Placée sous les vestiges du magasin, cette structure indéterminée semble associée à une couche de sol noire qui s’apparente au dépôt d’une forge. La relation entre le magasin apparaissant sur l'illustration de 1730 et les vestiges présents à Loyola sera également abordée.

Le National Museum of the American Indian (NMAI) de Washington détient une collection impressionnante d’objets issus des communautés autochtones du Québec. Pour beaucoup de ces communautés, ces biens conservent une grande importance culturelle, sociale, identitaire et spirituelle. Alors que beaucoup de connaissances se perdent avec la disparition de leurs aînés, il devient urgent pour eux de documenter et de se réapproprier l’histoire et les savoirs rattachés à ces objets. Bien que le NMAI se montre très ouvert aux requêtes autochtones, certaines contraintes économiques et géographiques ne facilitent pas ces démarches. 

En juin 2013, sept étudiants de la communauté ilnue de Mashteuiatsh reçoivent une formation multimédia au NMAI. Les étudiants ont alors l’occasion d’entrer en contact direct avec leur patrimoine, tout en apprenant à le documenter et à le photographier. La découverte de ce patrimoine éloigné, dans le temps et dans l’espace, représente pour les eux une opportunité de mieux le connaître, le valoriser et le transmettre.

En détaillant ce projet, nous exposerons ce que représente ce type d’activité pour les communautés et les musées ainsi que les bénéfices mutuels qui peuvent en découler. En intégrant notre propos à une réflexion plus large sur la réappropriation culturelle, nous montrerons également le rôle crucial que peuvent jouer les collections muséales au sein des processus de transmission et de revivification des cultures autochtones, au Québec et ailleurs.

Le Santo Daime, culte brésilien amazonien, s’est implanté dans la Belle Province depuis une vingtaine d’années. Issue d’un syncrétisme qui mêle traditions indigènes, afro-brésiliennes, catholiques, ésotériques et spirites européennes, cette religion est intrinsèquement liée à la culture brésilienne et plus particulièrement à l’Amazonie dans son usage de l’ayahuasca, une substance hallucinogène. Les fardados (membres) entrent en contact avec le divin grâce à cet enthéogène, appelé Daime.Cette communication parcourra l’implantation du Santo Daime au Québec, à travers l’histoire d'une Église daimiste québécoise. Nous explorerons les mécanismes mis en œuvre par les membres pour donner du sens à ce culte si distant culturellement. Cette recherche vise à saisir l’expérience du religieux chez ces daimistes, où se nouent des relations privilégiées avec les êtres de l’Astral. Les expériences mystiques et la clairvoyance sont deux phénomènes que nous abordons comme les catalyseurs de ces relations. Nous verrons qu’apprendre la religion constitue une première étape essentielle passant par la compréhension de la langue et des symboles du Santo Daime. Face à cet apprentissage, l’assemblage d’éléments religieux avec les croyances antérieures peut s’opérer afin de formuler un nouvel ensemble sensé, s’intégrant à leur quotidien.  Nous verrons que dès lors, un engagement du membre envers les êtres de l’Astral est possible et que se développe une véritable relation de disciples et de maîtres. 

Création d’un livre d’artiste qui regroupe les œuvres de quatre générations d’une famille âgées de 1 à 87 ans. Ces personnes vivent une spiritualité laïque ou appartiennent aux Églises catholique et protestante unie du Canada; ensemble se vit l’oecuménisme. Dans la composition de ce livre d’art sacré, sont représentées les grandes phases de l’évolution graphique chez l’enfant; s’y joignent des images d’adultes et l’écriture manuscrite savamment apprise de l’aïeule. Les illustrations, inspirées du psaume 148, font place à divers médiums allant du crayon à la caméra numérique. Traité comme une oeuvre testamentaire, le livre est commenté à partir d’une analyse en arts visuels et en théologie.

.Mireille Galipeau est diplômée à l’Université Laval de Québec d’un baccalauréat en arts visuels; d’un diplôme de 2e cycle en édition de livre d’artiste; d’une maîtrise en psychopédagogie sur l’enseignement au Musée national des beaux-arts du Québec où elle a travaillé de 1975 à 2007. Ce présent livre d’artiste s’inscrit dans un programme de maîtrise à la Faculté de théologie et de sciences religieuses à la même université où l’auteure poursuit ses recherches en arts sacrés, sous la direction du professeur Guy Bonneau.

 

Le Nouvel Athéisme (New Atheism) est le nom donné au courant mené par Richard Dawkins et Sam Harris depuis la publication de leurs ouvrages en 2006 et 2004, The God Delusion ainsi que The End of Faith. Cet athéisme, qualifié de scientifique, en opposition avec une vision plus sociale et plus humaniste, a été extrêmement médiatisé après 2005 et a souligné l'importance grandissante des athées ou sans religions dans les sociétés occidentales, particulièrement aux États-Unis (LeDrew 2016). Ce mouvement a fourni un cadre idéologique à cette minorité athée qui se politise fortement depuis les années 2000 (Cimino 2014), mais a aussi considérablement complexifié le milieu séculariste. Pourquoi donc cette idéologie nouvelle au sein de l'athéisme a-t-elle complexifié et divisé les milieux non religieux, en particulier à propos des stratégies et positions à adopter vis-à-vis de la religion et de la foi ? Quelles conséquences sur la perception de l'athéisme ? Nous verrons que l'extrême virulence des propos du Nouvel Athéisme par rapport aux religions organisées et au théisme, ainsi que sa volonté d'universaliser la posture scientifique et d'imposer un cadre culturel est responsable de divisions entre humanistes sécularistes et athées (Zuckerman 2016, LeDrew 2016). Toutefois, cette complexification permet dans le même temps de montrer que l'athéisme est un mouvement important révélateur d'enjeux culturels, sociaux et politiques dans les sociétés contemporaines.

Dans l’effort historiographique dominant, il est commun d'aborder les avancées sociales au Québec en les présupposant comme uniquement laïque, omettant ainsi de prendre en compte une composante fondamentale des luttes sociales québécoises, soit leur « confessionnalité ». Car, bien que la Révolution tranquille soit corolaire à une distanciation institutionnelle et intime entre les québécois.es et l’Église catholique, l’entrée du Québec dans sa modernité, paradoxalement, fut grandement tributaire de cette même Église.

C’est ce que la présente communication visera à démonter en se penchant sur l’« Affaire silicose », qui eut lieu à Saint-Rémi-d'Amherst en 1948, et qui peut être considérée comme l’un des conflits déterminants de l'histoire ouvrière pré-Révolution tranquille.

L’étude des publications de la revue Relations - qui ont levé le voile sur l’hécatombe dont les mines québécoises étaient le théâtre - et de la vague de politisation majeure qui s’en suivit, permettront de révéler l’importance décisive qu’eut une certaine branche « progressiste » de l’Église catholique au sein du conflit. Plus largement, en insistant sur la dimension confessionnelle de ces événements, il sera possible d’affirmer que, alors qu’un influent courant clérical tentait de freiner le Québec dans son élan d’émancipation durant les années duplessistes, un autre œuvrait parallèlement à établir ce qui constituera les fondements sociaux de sa modernité, en ce qui a trait, du moins, à la condition ouvrière.

Cette communication présentera les résultats d’un dépouillement du Devoir qui participe du projet de recherche « Nouveaux regards sur la crise de la conscription, 1916-1919 ». Les analyses portant sur la conscription au Canada laissent notamment dans l’ombre la diversité des points de vue dans la presse canadienne-française et l’importance des débats sur la conscription ailleurs dans le monde dans leur couverture. Le dépouillement du Devoir durant cette période s’est fait sur trois axes : la radicalisation du discours lors des assemblées populaires anticonscriptionnistes, la position éditoriale du Devoir sur la conscription et l’attitude adoptée par le journal face au soulèvement nationaliste irlandais. Le dépouillement des années 1916 à 1918 permet d’établir le constat que la situation dans les autres parties de l’Empire, notamment en Irlande et en Australie, est utilisée par les journalistes et les différents orateurs populaires pour défendre la position canadienne et protester contre la mise en place du service militaire obligatoire. En 1916, Le Devoir porte un regard critique sur les débats sur la conscription en Grande-Bretagne et en Irlande. En 1917, lorsque le projet de loi annonçant la conscription au Canada est présenté au Parlement, notre dépouillement montre que Le Devoir se concentre plus exclusivement sur la politique canadienne. Mais en 1918 la crise irlandaise, où le débat sur la conscription est relancé, intéresse à nouveau les journalistes du Devoir.

Au Sénégal, le Code de la famille promulgué depuis 1972 s’est rapidement heurté à des oppositions et à des demandes d’amendements. Certaines de ces réactions allaient dans le sens d’une meilleure reconnaissance des droits des femmes et de l’égalité entre les sexes (Brossier, 2004; N’diaye, 2017), d’autres, en revanche, réclamaient un renforcement du pouvoir religieux traditionnel (Lydon, 2015). Dans le cadre de ce travail, nous allons nous intéresser plus particulièrement aux enjeux touchant la polygamie dans le Code de la famille. Nous allons montrer comment cette confrontation est paradigmatique de la lutte menée par les femmes sénégalaises pour faire reculer le pouvoir patriarcal sur la famille et assurer l’affirmation de leur droit à l’égalité avec les hommes. Elle est aussi paradigmatique des résistances religieuses et politiques auxquelles sont confrontées les femmes pour faire avancer leurs droits (Ndiaye, 2016). L’exploitation des arguments de chacun des camps et des polarisations sociales et politiques qui en découlent nous permettra de mieux comprendre quelques-unes des dynamiques qui sont à l’œuvre au Sénégal pour la transformation des rapports entre les sexes. Il s’agira, en somme, de se pencher sur la problématique de la polygamie et de son application en cherchant à cerner les facteurs entravant les modifications du Code de la famille. Les résultats finaux ont permis de mieux cerner les dynamiques de pouvoir des différents acteurs de ce débat sur la polygamie.

Constatant le peu de données actuelles disponibles sur le sujet, le Centre St-Pierre a choisi de mener une recherche sur la spiritualité des 20-35 ans en collaboration avec l’Université de Montréal. En fait, il désirait écouter la jeunesse du Québec dans ses aspirations humaines et spirituelles liées à sa vision de la vie et à son désir de croissance intégrale; connaître ses lieux « d’appartenance », « d’expérience » et de « croissance » humaine et spirituelle servant ses projets de vie et identifier ses enjeux spécifiques en ce qui a trait à la croissance humaine et spirituelle. 

Débutant par un questionnaire quantitatif en ligne répondu par 216 personnes, la recherche s’est poursuivie plus en profondeur avec 20 entrevues, suivies de rencontres de groupes. 

Le contexte social dans lequel la jeune génération évolue présentement est unique et crée à lui seul des conditions particulières grâce auxquelles le désir et le besoin d’une vie spirituelle se font ressentir. Les résultats de cette étude ont fait ressortir plusieurs thèmes permettant de cerner les enjeux spécifiques des jeunes : l’importance des relations, les lieux significatifs, les questions de sens et d’identité, la multiplicité des pratiques et des croyances, etc. Leurs rapports au religieux ainsi qu’à la spiritualité ont aussi été largement abordés. La divulgation de ces résultats vise à briser le tabou social entourant la spiritualité, nommé par les 20-35 ans comme un frein à l’expression de leur expérience. 

Malgré l’interdiction des discriminations fondées sur les castes inscrite dans la constitution du pays, ces dernières continuent d’exercer une influence incontournable dans la société indienne contemporaine. En tant que réalité sociologique de première importance, les castes ont été et sont toujours l’objet des discours scientifiques les plus variés. L’objectif de cette présentation est d’analyser le concept de caste pour montrer qu’il recouvre, dans la littérature scientifique, un minimum de trois « dimensions » distinctes, que nous qualifions d’identitaire, d’idéologique et d’organisationnelle. Nous montrerons que des auteurs appartenant à des écoles de pensées pourtant opposées conçoivent les composantes organisationnelles comme de simples épiphénomènes des dimensions identitaires ou idéologiques. S’il n’est pas étonnant de voir à l’œuvre ce mode de conceptualisation chez des chercheurs d’orientation structuraliste comme Louis Dumont ou Jonathan Parry, il s’avère en revanche plus surprenant de le découvrir chez des auteurs comme Dipankar Gupta et Declan Quigley, deux penseurs contemporains qui ont vigoureusement critiqué Louis Dumont pour son penchant idéaliste. Nous soutiendrons enfin que cette incapacité à concevoir la dimension organisationnelle en tant que réalité ontologiquement irréductible, a conduit à négliger la complexité des composantes organisationnelles. Leur description rigoureuse et leur théorisation (explication) ont en conséquence été fortement limitées.



Le 13 octobre 1970, le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau procède à la reconnaissance diplomatique de la République populaire de Chine. Est-ce le fruit du hasard, un coup de tête provocateur de M. Trudeau en pleine guerre froide ou encore le fruit d'une longue histoire entre le Canada et la Chine? Nous sommes d'avis qu'il s'agit plutôt du résultat d'une longue histoire entre Trudeau et les Chinois. Bien entendu, ce processus diplomatique ne peut se résumer à une seule personne, mais nous avons la conviction que, sans Trudeau, l'histoire aurait été bien différente.

Le constat est le suivant : la majorité des spécialistes des relations Canada-Chine reconnaissent l'apport de Trudeau dans le processus de reconnaissance diplomatique et évoquent sa connaissance et son expérience de la Chine comme justification. Toutefois, aucun d'entre eux n'est en mesure d'expliciter la teneur de cette expérience.

Par chance, nous avons obtenu l'autorisation de consulter les archives personnelles de M. Trudeau. Certes, quelques biographes y ont eu accès avant nous, mais aucun d'eux n'est spécialiste de l'histoire chinoise. C'est ainsi que nous souhaitons éclaircir cet aspect de l'histoire sino-canadienne et de la vie de Trudeau en utilisant ses journaux de voyage pour démontrer à quel point il a su expérimenter la « vie à la chinoise » et saisir les grands traits culturels de cette civilisation, si mystérieuse aux yeux des occidentaux, pour ensuite mettre cette connaissance à profit.

Le « nouvel athéisme » est un mouvement américain né du contexte socioreligieux trouble du début du millénaire. Avec le poids politique pris par le lobby chrétien de droite aux États-Unis, le débat sur l’enseignement du dessein intelligent au Kansas, la polémique des caricatures du Jyllands-Posten et le spectre des attentats de septembre 2001, l’anxiété publique face au fanatisme religieux semble être à son paroxysme lorsque Sam Harris publie The End of Faith en 2004. Aussi son manifeste athée et ceux de Richard Dawkins, Daniel Dennett et Christopher Hitchens bénéficient-ils d’une couverture médiatique importante lors de leur parution. C’est la ferveur populaire cristallisée autour des quatre auteurs qui consacrera leur union intellectuelle et l’avènement du « nouvel athéisme ». Pour l’intellectuel averti, les prémisses positivistes et la dialectique du mouvement sont difficilement conciliables avec une approche philosophique postmoderne et raisonnable de la religiosité. Aussi ce « nouvel athéisme » apparaît-il revêtir un caractère tout aussi intégriste que les groupes religieux qu’il vilipende et sa littérature a été peu considérée au sein des milieux académiques. En saluant son succès auprès du grand public et la pertinence de son questionnement, nous entendons ici situer la mouvance dans son contexte sociopolitique et déterminer si son argumentation résiste à un examen philosophique rigoureux.

Au sujet des missionnaires français parmi les Acadiens après 1713, les officiels britanniques affirmaient que « leur emplacement et leurs mouvements devraient être réglementés de près par les ordres britanniques » (Clark, 1968, 190). Toutefois, les chercheurs ont échoué à examiner ces politiques en lien avec celles appliquées aux Acadiens durant la déportation de 1755 à 1763. En réaction à ce silence, il s'agira de démontrer que la mobilité des prêtres français dans l'Empire britannique à partir de 1713 a été un point de départ totalitaire considérable pour le traitement des Acadiens en exil de 1755 à 1763.

D'abord, mon travail explorera le traitement britannique des prêtres catholiques comme une menace en 1713-1755 en Nouvelle-Écosse, une perception liée aux aspirations totalitaires de la Nouvelle-Angleterre. Ensuite, il sera question d'expliquer que cette peur a migré vers les politiques britanniques sur les limitations commerciales imposées aux Acadiens. Enfin, la déportation acadienne de 1755-1763 sera interprétée comme une exacerbation de cette obsession de contrôle se déversant dans les « règles faites pour restreindre le mouvement des Acadiens » (Faragher, 2005, 391) dans les colonies britanniques où les Acadiens sont devenus des réfugiés avec des droits ambigus (Vasquez-Parra, 2001). Ma conclusion développera l'intuition de Denys Delâge selon laquelle l'Amérique britannique contient « une préfiguration des formes contemporaines du totalitarisme » (Delâge, 2002).  

Bien que de notoriété ancienne dans l'archéologie péruvienne, la culture Recuay demeure peu étudiée. La concentration de ces recherches sur les céramiques, fournit aux chercheurs une image fragmentée des connaissances sur la culture Recuay.

Notre sujet de recherche porte sur l'analyse de l'agencement spatial des sites architecturés référencés Recuay. A partir d'une étude comparée des caractéristiques architecturales des sites archéologiques, nous tenterons de mettre en exergue les similitudes et les différences qui existent au sein et entre les occupations Recuay. Cette recherche a pour but de s'interroger sur l'occupation spatiale intra et interrégionale, tout en tentant d'extraire de l'architecture un schéma identitaire.

Pour y parvenir, nous utiliserons une voie qui débute en archéologie; les restitutions archéologiques assistées par ordinateur (TICs). En modélisant chacun des sites et leur caractéristiques, il sera possible grâce à l’ordinateur d’opérer des recoupements en fonction des hypothèses de travail formulées et de les vérifier dans l’espace virtuel. Notre présentation tentera de montrer le potentiel de l’informatique dans les recherches archéologiques au Pérou. Nous souhaitons ainsi renouveler les habitudes de recherche au Pérou où l’on utilise peu les outils technologiques comme c’est le cas pour la culture Recuay.



Le site archéologique de l’îlot des Palais abrite les vestiges des résidences des intendants de la Nouvelle-France, qui ont occupé cet endroit de 1684 à 1759. Le palais de l’intendant était également le siège du pouvoir administratif et accueillait les réunions du Conseil souverain, ce qui lui conférait une grande importance au sein de la colonie. En tant qu’héritiers d’une société française d’Ancien Régime hautement influencée par un système de convenances misant sur l’image projetée en société, les intendants se devaient de perpétuer cette nécessité de manifester leur statut social à travers tous les aspects de leur vie quotidienne permettant de rendre compte de leur pouvoir, de leur richesse et de leur rang.

Tel qu’illustré par des travaux antérieurs analysant l’architecture au site de l’îlot des Palais, il semblerait que l’expression du statut d’intendant ait passablement évolué au cours du Régime français, gagnant vraisemblablement en importance et en puissance au fur et à mesure du développement de la colonie. L’objectif principal de notre projet de recherche est d’effectuer une analyse comparative de la culture matérielle associée aux intendants, le tout en relation avec le contexte historique lié au développement de la Nouvelle-France. Les deux résidences de l’intendant s’étant succédé dans le temps, il sera intéressant d’identifier certains des éléments indicateurs d’un changement dans le désir des hommes ayant occupé cette fonction de magnifier leur rang social.

La transformation des processus générateurs d’autorité à l’ère du numérique est au cœur de la problématique des nouvelles dynamiques de circulation de savoirs et d’idéologies islamiques. L’étude de ces transformations s’avère cruciale, tout particulièrement en contexte migratoire où les nouvelles trajectoires croyantes obéissent souvent à des logiques inédites, et où autorités et institutions locales peuvent être sujettes à contestation. Plusieurs vecteurs de cette autorité religieuse coalisent en ligne (prêches, opinions légales ou fatwa, directives d’institutions religieuses, interprétations, bibliothèques virutelles, idéologies, etc.), de sorte que le numérique modifie le rapport que les musulmans entretiennent avec ceux-ci. Cette étude interroge deux sites web (contenus, fonctionnalités, utilisations, réseaux transnationaux et hyperliens, modes de communication, idéologies) appartenant à deux figures religieuses canadiennes : Abu Hammad Sulaiman (site en français) et Ahmad Kutty (site en anglais). Ces sites sont porteurs d’autorités distinctes: l’une, liée à une interprétation « salafiste » de l’islam et, l’autre, liée à une interprétation plus modérée (ou « wasatiyya » à la Qaradawi). Nous interrogeons ces virtualités d’autorités musulmanes pour démontrer que leur présence en ligne n’est pas toujours proportionnelle au nombre de leurs fidèles, et que les réseaux transnationaux qui soutiennent le site de Sulaiman présentent plusieurs défis pour les musulmans canadiens

L’une des caractéristiques principales de la société ukrainienne est un volume considérable de l’émigration internationale de ses citoyens. Cette communication présente l’évolution des schémas de migration des citoyens ukrainiens après le début du conflit armé qui tourmente le pays depuis printemps 2014. De juin 2015 au juin 2016, on a mené une enquête qualitative approfondie ciblée sur la deuxième destination la plus importante des Ukrainiens en Europe, la République tchèque.    

Le premier schéma nouveau de migration qui apparaît est le soi-disant « chemin polonais », l’utilisation de visas polonais pour se rendre en Tchéquie dans le cas où le visa tchèque est indisponible. L’autre est le changement dans la composition des immigrants au profit des jeunes, des étudiants et des membres de la famille de ceux qui sont déjà dans le pays. Assez surprenant est le fait que l’émigration directe vers l’étranger en provenance des zones de conflit est assez unique : ces gens deviennent surtout des déplacées internes. Aussi, le passage de la migration presque exclusivement temporaire et circulaire vers la migration permanente est un fait nouveau. L’intégration de ces immigrés dans la société reste pourtant assez compliquée. Les résultats de la recherche suggèrent également qu’il existe la possibilité de relations problématiques au sein de la diaspora ukrainienne, liées à la différence de temps d’arrivée (vieux ou nouveaux) et à la région d’origine des migrants en Ukraine (Ouest ou Est).