Dans l’effort historiographique dominant, il est commun d'aborder les avancées sociales au Québec en les présupposant comme uniquement laïque, omettant ainsi de prendre en compte une composante fondamentale des luttes sociales québécoises, soit leur « confessionnalité ». Car, bien que la Révolution tranquille soit corolaire à une distanciation institutionnelle et intime entre les québécois.es et l’Église catholique, l’entrée du Québec dans sa modernité, paradoxalement, fut grandement tributaire de cette même Église.
C’est ce que la présente communication visera à démonter en se penchant sur l’« Affaire silicose », qui eut lieu à Saint-Rémi-d'Amherst en 1948, et qui peut être considérée comme l’un des conflits déterminants de l'histoire ouvrière pré-Révolution tranquille.
L’étude des publications de la revue Relations - qui ont levé le voile sur l’hécatombe dont les mines québécoises étaient le théâtre - et de la vague de politisation majeure qui s’en suivit, permettront de révéler l’importance décisive qu’eut une certaine branche « progressiste » de l’Église catholique au sein du conflit. Plus largement, en insistant sur la dimension confessionnelle de ces événements, il sera possible d’affirmer que, alors qu’un influent courant clérical tentait de freiner le Québec dans son élan d’émancipation durant les années duplessistes, un autre œuvrait parallèlement à établir ce qui constituera les fondements sociaux de sa modernité, en ce qui a trait, du moins, à la condition ouvrière.