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La question de la liberté artistique et de ses limites anime de nombreux débats médiatiques mais un  flou subsiste sur son statut juridique. Les organisations internationales, la doctrine et les praticiens considèrent souvent la liberté de création comme relevant de la liberté d’expression. Pour une partie de la jurisprudence, de la pratique et de la doctrine récente elle-ci s’inscrirait plutôt dans le champ des droits culturels. Question de recherche : la reconnaissance de la liberté artistique comme relevant du champ du droit de la culture permet-elle une protection plus efficace des droits ? Ma communication visera à présenter des résultats de recherche intermédiaires notamment sur le rôle de l'UNESCO. 

L'approche méthodologique est interdisciplinaire incluant la philosophie, l’histoire de l’art et la sociologie. Elle s'appuie sur une étude de droit comparé de différents systèmes juridiques et les théories d'harmonisation des droits et d’intégration normative. Le résultat visé serait de proposer des stratégies contentieuses devant les juridictions nationales ou internationales pour une meilleure protection de la liberté artistique dans l'espace public (réel ou numérique).

Il n’existe pas d’ouvrage francophone consacré exclusivement à la liberté de création comme relevant du droit de la culture ou des droits culturels. Ma recherche comblera donc un vide. Elle fournira aux organisations internationales et de la société civile un appui doctrinal solide.

Cette communication présente les résultats partiels d’une recherche qui vise à comprendre le processus créatif de neuf guitaristes experts dans le travail d’interprétation d’une même pièce qu’ils n’avaient jamais entendue auparavant. Les données ont été recueillies grâce à la captation audiovisuelle de l’ensemble des répétitions des sujets (accompagnées de verbalisations et d’un questionnaire réflexif), la description, par un observateur externe, des actions posées par les musiciens, et des entretiens semi-dirigés, d’autoconfrontation (Theureau, 2010) et d’explicitation (Vermersch, 2012). Nous avons effectué une Analyse par théorisation ancrée (Paillé, 1994). Les résultats démontrent que les musiciens, dans leur travail d’appropriation artistique d’une œuvre (Héroux-Fortier 2014), recherchent à être authentique soit à l’œuvre à interpréter et à la pensée du compositeur (Taruskin, 1995), soit à eux-mêmes et ce que l’œuvre évoque pour eux (Kivi 1995; Leduc, 2005), ou au public à qui est destiné l’interprétation. Cette quête semble naitre d’une part d’un ensemble de valeurs propres à chacun quant au rôle du musicien, et d’autre part, au contexte de réalisation de l’interprétation projetée. Elle a une influence sur le choix des stratégies de travail utilisé afin de créer une interprétation musicale et sur l’ensemble du processus de création.



La présente communication vise à analyser la fonction de construction identitaire que les peintures murales d’un petit village de l’arrière-pays de la Sardaigne ont exercé auprès de la population locale. Orgosolo, ancien village de bergers fermé dans un esprit fort archaïque, a vécu pendant la fin des années 60 et durant toute la décennie suivante, une période de forte contestation, suivant la vague des mouvements sociaux nationaux de 1968 et des années de plomb. Toujours en contraposition avec le pouvoir national par lequel la Sardaigne se percevait opprimée et dominée, les peintures murales sont nées avec l’intention de montrer dans quelle mesure la population locale avait participé à l’épopée nationale italienne. Les représentations des histoires personnelles, liées à la guerre de libération du nazi-fascisme ou aux revendications des paysans, ont servi à la population pour réfléchir sur un passé commun. Cependant, cette initiative est née de l’idée d’un professeur d’école siennois, étranger à la mentalité sarde de part sa formation et son horizon culturel. Comment est-ce ainsi possible qu’une personne étrangère ait pu faciliter le processus d’autodétermination des citoyens d’Orgosolo ? A travers l’étude formelle de la production muraliste et des témoignages de l’époque,  nous montrerons dans quelle mesure l’expérience d’Orgosolo peut être considérée comme un mouvement d’art populaire, selon les catégories critiques-interprétatives de A. Hauser.



Cette communication traitera du paradigme esthétique chez Béla Tarr en s'appuyant sur trois catégories épistémologiques: le relativisme, le nihilisme et la circularité. Actuellement, dans la critique des films de Béla Tarr, il n'existe pas d'étude qui ait combiné ces trois notions. De plus, le fait que Tarr ait pris sa retraite du monde du cinéma permet désormais une étude panoramique de son oeuvre. Béla Tarr est un réalisateur hongrois, qui a débuté sa carrière en 1977 avec Le Nid Familial et l'a couronnée en 2011 avec Le Cheval de Turin. Entre ces deux extrêmes, se présentent sept films, qui montrent l'évolution du style de ce réalisateur. Il y a les films de ses débuts, qui ont décrit la vie durant la Hongrie communiste, puis, les films d'un réalisateur plus mature, qui ont accompagné la société durant la chute du communisme. Il est à noter que cette évolution s'exprime avec un changement dans le style de réalisation, qui évoque une nouvelle voie d'expression cinématographique. Cette communication analysera donc les films de Béla Tarr pour définir un paradigme esthétique manifesté par une transition dans le style thématique et cinématographique du réalisateur. Les catégories épistémologiques qui aident à comprendre cette mutation sont: le relativisme de Weber, le nihilisme tel que défini par Leo Strauss et la circularité telle que définie par Béla Tarr lui-même. Des notions empruntées à Guattari permettront par ailleurs de définir l'idée d'un paradigme esthétique; celle-ci synthétisera les catégories épistémologiques de notre objet d'étude.

La mort volontaire a toujours été présente dans la littérature, que ce soit dans l’Antiquité grecque, dans les récits du Moyen-Âge, à l’époque romantique, dans la littérature réaliste ou encore dans les écrits de nos contemporains. Ce qui change, par contre, c’est le traitement qui lui est réservé ainsi que la fonction qu’il remplit.

La plupart des auteurs qui ont abordé le sujet du suicide, l’ont fait dans des récits avec, pour la plupart, de narrateurs hétérodiégétiques. Il faut attendre le XXIe siècle pour voir apparaître une nouvelle manière d’aborder le thème du suicide : la parole du survivant. Cette voix, il faut le mentionner n’appartient pas seulement à des proches de suicidés, elle peut appartenir à des survivants de génocides, pour ne citer que cet exemple. Le cas qui nous occupe, cependant, la voix du survivant d'un proche suicidé, cette nouvelle voix qui s’élève, depuis quelques années, celle du survivant, n’avait pas de place dans les œuvres précédentes. Depuis quelques temps, cependant, nous avons droit à quelques narrateurs qui s’approprient le récit pour raconter la réalité qui les affecte. Cette réalité, lorsque le thème est le suicide, peut s’exprimer par la voix d’un survivant, le plus souvent livrée par une narration autodiégétique. Le narrateur évoque sa réalité, chamboulée depuis le passage à l’acte d’un proche. Ces voix contemporaines, qui racontent l’Autre, demandent à être entendues, voire soulagées.

Cette communication traite des expériences de création dans la formation professionnelle en arts du cirque. Dans le cadre d’une recherche qualitative interprétative, je cherche à mieux comprendre les expériences de formation du corps dans différents contextes (Centre national des arts du cirque, France; École nationale de cirque, Montréal). Jusqu’à maintenant, la participation de 85 personnes (directeurs, formateurs, étudiants) à une vaste collecte de données (158 heures d’observation; 77 entrevues individuelles semi-dirigées; 10 groupes de discussion; matériel écrit divers; journal de bord) permet de faire la lumière sur des enjeux actuels dans ce domaine de formation.

Je propose ici de centrer le regard sur la variété d’expériences de création que vivent les étudiants tout au long de leur formation. Tantôt individuelles, tantôt collectives; souvent liées à leur spécialisation disciplinaire, parfois liées à une autre discipline ou à leurs cours de danse, de théâtre ou de musique, ces expériences de création amènent à reconsidérer le rapport à la reconnaissance, à la co-création, à la vulnérabilité, au processus et au résultat, ainsi qu’aux relations didactique, d’enseignement et d’apprentissage qui façonnent la manière de les vivre. Il importe donc de mieux comprendre ces expériences et les enjeux qui en découlent, tant pour les formateurs que pour les étudiants et, par ricochet, pour le milieu professionnel vers lequel ils se dirigent.

Ancré dans une pratique artistique de la photographie, je propose de rendre compte d'un processus de recherche-création dont la problématique s’articule autour de l’expérience esthétique de l'impermanence par le biais de l'image fixe. Engagée dans un objet d'étude changeant, la méthodologie adoptée se veut essentiellement phénoménologique et la théorisation inductive. En trois temps, la communication témoignera des objectifs spécifiques poursuivis et sera ponctuée par une projection de photographie. D'un intérêt pour l'image naturelle – reflets mouvants à la surface de l'eau –, j'ai constitué une collecte d'information, par l’intermédiaire d'une caméra, dont les récurrences ont révélé le leitmotiv du photographe : saisir le fugitif. En m'évertuant à fixer ce qui suit son cours, j'exposeraicomment cette intention foncièrement vouée à l'échec m'a servi de moteur. Dans un deuxième temps, par l'entremise de définitions du mot imago, je montrerai de quelle manière l'association de ce manque de l'image – présente une absence – au principe d'entropie – désagrégation de l'information –, m'a permis d'opérer un dessaisissement du saisissement photographique. Dans un dernier lieu, celui de l'exposition, j'aborderai des questionnements reliés aux codes de présentation de la photographie et les procédés utilisés pour créer des tensions entre pérennité et impermanence. Pour conclure, les résultats seront appuyés par les réactions des spectateurs en regard de cette installation.

Depuis la fin des années 70 et les années 80, la démarche d’artistes-photographes, particulièrement celle issue d’une culture nordique, notamment originaire d’Allemagne et des Pays-Bas, s’est avérée paradigmatique d’une façon de voir et d’une manière de représenter qui semble s’appuyer sur les principes d’une approche descriptive en art, notamment par la clarté et le rendu net et précis des détails, ainsi que par une conception singulière de l’espace pictural en tant que surface, mettant en valeur une esthétique tout à fait particulière en photographie. Il semble que dans ces démarches nous soyons en mesure d’observer, dans ce renouvellement d’une approche descriptive à travers la pratique photographique, un travail de réflexion sur un rapport simple et direct aux choses tel qu’elles se présentent, ostentatoire et descriptive, ainsi que sur l’enregistrement et l’inventaire des choses comme principe d’une pratique en art. Dans cette recherche, il s’agit de définir le photographique en tant que forme singulière d’appropriation et de représentation du monde qui nous entoure et comme mode de pensée, notamment déterminée par un rapport à l’espace et à la temporalité qui lui est propre. Cette recherche s’appuie sur l’idée qu’il existe un photographique identifiable à une « vue de l’esprit », mais aussi à une expérience singulière du monde, originaire et de l’ordre de l’apparition, en dehors et précédent l’invention du procédé photographique, et qui transcende les médias.

Même en étant extrêmement marginal par rapport au centre du monde arabo-musulman, le Maroc n’a pas été épargné par l’influence du Groupe des Frères Musulmans. En 1969, ce pays connaîtra la naissance du Mouvement de la Jeunesse Islamique (la chabiba), qui va emprunter la même structure. Une dizaine d’années plus tard, la première génération de la chabiba s’éclipsera en faveur d’une jeune génération de leaders et d’idéologues dont le discours est plus au moins réformiste et modéré.

À l’encontre de leurs aînés qui visaient l’islamisation directe de l’État selon le modèle du califat islamique, les new-islamistes marocains prôneront une participation politique pacifique et légale dans le cadre du régime en place. Cette mutation de positions, qui dépendaient d’un long processus de reformulation idéologique et de révisions intellectuelles de la version traditionnelle de l’islamisme, aboutira à la naissance du Parti de la Justice et du Développement (PJD) en 1996, en tant que parti politique de référence islamiste.

Cette présentation se penche les positions de l’islamisme réformiste (à travers le cas du PJD au Maroc) vis-à-vis d’un des concepts clés de l’islamisme qui est l’État islamique. Son objectif est de cerner et analyser la contribution des révisions intellectuelles effectuées par les idéologues de l’islamisme réformiste marocain  à la création d’une nouvelle littérature islamiste qui renonce à la doctrine de l’État islamique en faveur de celle de l’État civique.

Il existe actuellement un débat parmi les islamistes concernant la légitimité religieuse de la démocratie. Ce débat fourni un apport original concernant la question plus large du rapport de l’Islam à la modernité. La plupart des «néo-islamistes» vont signer des écrits sur le thème de la démocratie dans son rapport à l’islam. Cela diffère d’ailleurs grandement de l’aspect absolutiste du cadre de pensée et d’agir des mouvements islamistes de la première génération, lequel empêchait toute possibilité de négociation avec les modèles politiques modernes. En effet, les conceptions des Pères fondateurs de l’islamisme référaient à un modèle tellement absolu que ce dernier se trouvait en contradiction avec tout ce que la raison humaine aurait pu produire en dehors de références religieuses, voire islamique.

Cette présentation réfère à l’expérience du courant de la participation politique au Maroc incarnée par le parti de la Justice et du Développement (PJD), lequel  est au pouvoir depuis 2011. Elle vise à exposer et analyser les rapports ambivalents que ces islamistes entretiennent avec la démocratie. De plus, elle présentera les résultats d’une analyse des documents et des écrits de ses idéologues, ainsi que d’entrevues que nous avons effectuées avec plusieurs de ses leaders au Maroc. Cette analyse  sera appuyée par un cadre théologique référant au concept coranique de la chura (consultation), que l’on présente comme un équivalent ou même une  alternative à celui de démocratie.

Nous proposons d'examiner le processus de construction de Terry Fox en héros national.  Par l'examen de la couverture médiatique et des initiatives de commémoration telles les monuments, films et biographies, nous démontrons que les médias canadiens ont été essentiels à l'héroisation de Fox et, à l'opposé, que les médias québécois n'ont pas participé à ce processus. Nous notons les moments spécifiques où Terry Fox a été transformé de coureur inconnu, en célébrité, puis en héros.

Par ailleurs, nous suggérons que la mémoire publique du héros projète des messages spécifiques qui n'ont jamais été examinés, notamment au sujet de l'idéal masculin et de l'identité canadienne.  En insistant sur le statut héroique de Terry Fox, ceux qui ont le pouvoir de commémorer ont aussi par le fait même imposé leur vision d'une masculinité hégémonique, très intimement liée à une vision de l'identité canadienne.

C'est donc une réflexion sur l'héroisme et le nationalisme que nous proposons avec l'étude de l'histoire de Terry Fox, mais aussi sur l'utilisation du passé à des fins présentes et futures.  C'est une recherche qui est aussi inédite, puisque nous n'avons recensé que très peu de travaux savants sur Terry Fox, et aucun portant sur son histoire et sa mémoire.

En contexte de globalisation, les paysages religieux se diversifient et s'individualisent.  Le Bayefallisme est une branche à l'intérieur de la voie soufie de Mouridiyya (Bava et Gueye, 2001; Babou, 2011). Les disciples Baye Fall (Pézeril, 2008; Audrain, 2004) sont majoritairement sénégalais et renégocient leur rapport aux pratiques islamiques telles que la prière rituelle et le jeûne. Nous avons entamé notre recherche en nous demandant qu'est-ce qu'être Baye Fall. Mais, la majorité de nos informateurs n'affirmaient pas clairement :« Je suis Baye Fall », mais plutôt : « Je veux être Baye Fall ». Que nous dit ce « vouloir-être » (Lemieux, 2003) sur les expériences religieuses vécues (McGuire, 2008)? Cette posture, que nous qualifierons de bayefallisante, nous a tout d’abord semblé problématique pour ensuite devenir notre porte d'entrée. La littérature sur les trajectoires religieuses (Schielke, 2009; Koning , 2013)  a déjà démontré qu'elles ne sont pas linéaires, mais composées de contradictions et de moments d’arrêts où l’on se questionne sur le chemin à emprunter. L'objectif de cette communication est de prouver que ces ambiguïtés peuvent être créées par la qualité réflexive de l'expérience religieuse. Nous présenterons les résultats de notre mémoire de maitrise. Nos données ethnographiques sont issues d'observations participantes et d'entrevues avec des Baye Fall entre 2015 et 2016 à Montréal.

Des études récentes remettent en question la tradition interprétative qui voit dans le premier chapitre de l'Évangile de Matthieu l’affirmation d’une conception virginale sans agent masculin[1]. Cette communication propose de faire une synthèse de cette remise en question autour de quatre points: 1) la raison de la présence des femmes dans la généalogie de Jésus, 2) l’interprétation de « engendré par l’esprit » (Mt 1,18. 20), 3) l’interprétation de παρθένος (vierge) dans la citation d’Is 7,14 en Mt 1,23 et 4) la raison de l’abstinence de relations sexuelles avant la naissance (Mt 1,25).

Par l’analyse de la réponse du lecteur (reader response), nous allons étudier le premier chapitre de l’Évangile de Matthieu pour voir que l’interprétation traditionnelle de la virginité de Marie n’est pas la seule lecture possible. Cette méthode a pour objet l’étude de l’effet du texte chez le lecteur.

La conclusion de cette étude est que ce récit ne donne pas une affirmation explicite de la conception virginale de Jésus. Ainsi, le lecteur de l’Évangile de Matthieu peut aussi bien comprendre que Jésus n’a pas de père humain ou qu’un autre homme que Joseph était son père biologique. Le texte de Matthieu présente assez d’ambiguïtés pour soutenir les deux interprétations pourtant opposées.

 [1]Schaberg, Jane, « Feminist interpretations of the infancy narrative of Matthew », 2005. et Andrew T. Lincoln , « Contested paternity and contested readings: Jesus' conception in Matthew 1.18-25 », 2012.

Je consacre mon projet de recherche doctoral aux expériences subjectives (les vécus) et aux perspectives de femmes bruxelloises, beyrouthines et montréalaises de confession musulmanes de toutes orientations islamiques confondues quant à la radicalisation violente liée à la montée de Daesh (ISIS) en 2011 et aux pressions en tout genre qu'elles subissent depuis l’avènement et l’hyper-visibilité de Daesh. Les participantes rencontrées (n=92) ont des parcours très diversifiés comme par exemple des mamans ayant leurs enfants engagés sur les fronts syriens avec Daesh ou contre Daesh, ou encore des femmes ayant des difficultés à trouver un emploi à cause, estiment-elles, d’une islamophobie s’intensifiant depuis l’existence de Daesh. J’aborderai dans ce congrès l’importance des dialogues et des échanges de connaissances inter-religieuses et inter-sociales que certaines de mes interviewées de ma recherche doctorale fréquentent. Je relaterai les raisons qui ont poussées mes interviewées à fréquenter deux groupes sociaux précis mais aussi les répercussions de ces deux groupes sociaux sur leurs vies respectives. Premièrement, j’aborderai le cas d’un groupe bruxellois de connaissance inter-religieux fréquenté entre autres par des personnes de toutes confessions ou sans confessions qui se retrouvent pour discuter. Et deuxièmement, j’aborderai le cas d’un groupe de connaissance inter-sociale bruxellois composé de mamans et de papas ayant un enfant ou un proche rallié à daesh.

Je suis enseignante en philosophie au Cégep de Saint-Félicien depuis 2010. Il y a environ six ans, ma vision de la discipline, telle qu’enseignée à ce moment, a été bousculée par des rencontres et des prises de conscience qui ont fait naître plusieurs collaborations et projets de recherche institutionnels interdisciplinaires. Afin de rendre les résultats des conclusions de ces différentes recherches accessibles et de poursuivre la réflexion sur les fondements épistémiques et éthiques de l’enseignement de la philosophie au collégial, j'ai poursuivi la réflexion à la Maîtrise en études et interventions régionales, programme interdisciplinaire disponible à l’UQÀC (titre du mémoire : Pour un enseignement de la philosophie déhiérarchisé, interculturel et interdisciplinaire : Analyse d’une pratique particulière). La problématique centrale du mémoire étant : « Comment intégrer plus de diversité dans les cours de philosophie au collégial ? », pour parvenir à y répondre, en joignant les acquis des dernières années et en poursuivant les recherches entamées, j’ai opté pour une méthodologie praxéologique hybride : je suis partie de ma pratique et ses changements comme éléments centraux d’objet d’analyse. Ce sont les conclusions de ces six années de réflexions que je souhaite partager à mes collègues ainsi que les suites amorcées face aux constats recensés dans le prochain projet de recherche (projet de doctorat en cours).

Le Québec, société vieillissante se distingue par le caractère multiethnique et multireligieux de sa population. Certains aînés vulnérables utilisent les services de santé et sociaux pour répondre à leurs besoins en vue d’un vieillissement «réussi». Pour d’autres, la spiritualité est une stratégie sur laquelle ils s'appuient pour faire face à la maladie et rechercher du bien-être. Cet aspect est souvent ignoré dans la tradition médicale occidentale. Les pratiques de santé restent dominées par une approche biomédicale où les soins de santé reposent sur des activités thérapeutiques.Des enquêtes récentes mentionnent qu’en contexte d'immigration, la spiritualité pourrait avoir un caractère plus significatif et influencer la conception de la santé et des soins psychosociaux des aînés immigrants, et leur vie sociale en général.

Cette communication est le résultat préliminaire de ma recherche exploratoire en cours. J'ai interrogé 45 personnes de 8 communautés ethniques du Québec, âgées de 65 à 84 ans, sur le sens qu'elles donnent à la spiritualité et le lien qu'elles font entre la spiritualité et la santé. L'analyse partielle de leurs discours montre que la spiritualité reste un concept polysémique difficile à définir. La plupart des aînés estiment qu’il y a un lien direct entre la spiritualité et la santé. La spiritualité apparaît comme une stratégie d'adaptation possible face au sentiment de finitude ressenti avec l'avancée en âge, et les pertes qui accompagnent le vieillissement.

La visibilité accrue des communautés musulmanes dans les sociétés occidentales engendre un choc des valeurs et des pratiques sociales et politiques notamment envers la laïcité et l’égalité femmes-hommes. Certaines pratiques liées à l’islam sont perçues comme menaçantes à l’égard des acquis démocratiques, libéraux, laïcs et féministes. Cette prétendue incompatibilité entre les valeurs de l’islam et celles des sociétés occidentales pose une remise en question quasi systématique des choix que font les femmes qui s’identifient à l’islam (foi ou culture). Le port du hijab est un exemple significatif qui occupe régulièrement les fils d’actualité. La recherche met en lumière la perception des femmes intellectuelles francophones musulmanes quant à la conciliation de leur foi, leur culture et leur citoyenneté dans un contexte libéral et sécularisé. Une étude comparée entre la France et le Québec est réalisée en utilisant l’analyse documentaire afin de décrire les pensées développées par huit intellectuelles francophones musulmanes québécoises et françaises. Au-delà des spécificités reliées aux perceptions et aux visions de chacune d’elles, la recherche a permis de dégager trois constats généraux qui ont une influence sur leurs perceptions et leurs visions : (1) chaque femme a une relation différente et singulière avec l’islam (type, place occupée dans sa vie, etc.); (2) chaque femme a un parcours de vie singulier; (3) l’importance de l’influence du milieu d’accueil.

L’Antiquité tardive est largement reconnue comme une époque peu féconde en ce qui a trait à la philosophie politique.  Peu d’auteurs s’y consacrent et, s’ils le font, c’est dans un cadre chrétien et dans une perspective de glorification du régime impérial (à travers des panégyriques).  Or, un texte anonyme du VIe siècle, le Dialogue de science politique contredit ces deux points de vue.  Peu étudié, jamais traduit en français, le texte est néanmoins d’un grand intérêt.  Bien qu’il ait été transmis sous forme fragmentaire (un livre complet et la fin d’un autre sur un total de six), il peut nous éclairer sur la persistance de la philosophie politique classique dans l’Antiquité tardive.   

L'Antiquité tardive est en outre traditionnellement perçue comme une époque où l'empereur est tout-puissant, où on n'accorde plus d'importance au pouvoir du peuple et du Sénat.  Contre cette idée, le texte montre l'existence d'un courant politique qui prône l'encadrement du pouvoir de l'empereur et qui vise à rehausser le rôle du Sénat dans les différents aspects du pouvoir.  C'est donc un point de vue sénatorial qui y est présenté. Cette présentation visera à exposer les différentes caractéristiques du texte (la méthode et les idées proposées) et ainsi, à travers l'allusion à d'autres textes du VIe siècle (Jean le Lydien, Zosime, Procope), à reconstruire un courant politique dont l'importance est souvent sous-estimé dans l'historiographie.

Notre communication examinera le sujet de la reconnaissance juridique des Métis au Canada. Nous explorerons plus particulièrement l’instrumentalisation du test juridique Powley s’agissant de la délimitation de l’identité métisse par certaines organisations autochtones. Notre communication se penchera sur un document issu d’une organisation expliquant le refus de la demande d’adhésion d’un « Métis » selon des critères identitaires. Nous verrons comment cette exclusion est justifiée à la fois selon le jugement Powley et la notion d’une territorialité nationale métisse, qui exclut les ancêtres de la personne en question. Comme nous le démontrerons, un examen plus minutieux du cas Powley mène pourtant—si nous devions appliquer cette même notion de territorialité nationale métisse—à l’exclusion identitaire des frères Powley eux-mêmes. Notre exemple suivi d’une discussion servira à illustrer les tensions et les problèmes issus de l’instrumentalisation de critères juridiques par certains acteurs politiques plongés au coeur de négociations souvent difficiles au sujet d’une identité autochtone en pleine effervescence.

Comment cibler des relations significatives à l’intérieur d’une base de données archéologiques? Comment visualiser intuitivement des relations complexes entre ces diverses données? Quelle est l’utilité d’explorer les propriétés relationnelles de la culture matérielle paléohistorique?

Ces trois questions permettent d’introduire une méthodologie simple de traitement de données qui démontre la pertinence d’appliquer certains outils et concepts de la science des réseaux aux sciences humaines et sociales. L’auteur présente une démarche méthodologique de visualisation d’un réseau archéologique technologique, ses résultats finaux et les nouvelles questions qui en émergent. Fondée sur l’analyse macroscopique visuelle de milliers d’artefacts en pierre taillée découverts dans la vallée des rivières des Outaouais, du Lièvre et Rouge, cette méthodologie innovante permet d’explorer des questions de nature sociale et culturelle. L’auteur présente les opportunités d’application ainsi que les défis futurs de l’analyse des réseaux en archéologie paléohistorique. L’accent est mis sur l’adaptation spécifique de ces méthodes, notamment sur la possibilité de s’émanciper du cadre sociologique dont l’archéologie des réseaux est héritière.

Avec ce que l’on appelle communément le printemps arabe depuis un an, nous entrons dans une nouvelle ère, qualifiée de moderne, en ce qui concerne les sociétés musulmanes. Or presque l’ensemble du monde musulman dans sa globalité a souvent manifesté – et manifeste toujours –  une sorte de malaise profond à l’égard de la Modernité occidentale et ses idées. Ce malaise semble témoigner du fait que cette Modernité n’ait pas été comprise dans sa nature épistémologique et philosophique propres et dans son contexte historique des Lumières, mais plutôt comme un danger, une agression et un complot des forces occultes, d’autant plus que qu’elle a indéniablement infligé, en particulier au cours des deux derniers siècles et par le biais du colonialisme, des transformations traumatisantes aux traditions et aux manières de vivre et de penser des pays musulmans. Ainsi, la Modernité dérange ces traditions, les bouscule, crée des distorsions, et provoque des résistances, et ce en dépit du fait qu’elle s’avère, dans notre monde pluriel et globalisé, une réalité patente que l’on ne peut contourner. Dans ce contexte de printemps arabe, quelles perspectives d’avenir pourrait-on envisager pour ces sociétés musulmanes, dont la jeunesse majoritaire et moderne se montre désireuse des acquis de le Modernité occidentale ? La question s’avère à la fois vaste et cruciale, et l’ambition de cette communication sera d’y apporter quelques pistes de réflexions, et quelques éléments de réponses.

Il est suggéré par la géographie physique que la gestion du territoire est l’un des nombreux reflets de l’identité culturelle. En effet, la différence entre le système de lotissement français en seigneuries et le cantonnement britannique en est un exemple éloquent. En acceptant ceci comme prémisse, je suggère que « qui nous sommes détermine comment nous interagissons avec notre milieu, qui à son tour modifiera qui nous sommes » et qu’ultimement, cette identité culturelle transparaisse archéologiquement. C’est donc cette hypothèse qui servira de fil conducteur, non seulement dans le cadre de la présentation, mais également dans le cadre de la thèse, qui elle se basera également sur la palynologie et la micromorphologie des sols. Plus précisément, cette présentation portera sur l’apport des analyses archéoentomologiques dans la compréhension des changements environnementaux liés à l’activité humaine, soit plus précisément la transition d’un paysage naturel à un paysage culturel. Le projet de recherche en cours se base sur des données recueillies sur le site archéologique du palais de l’intendant (CeEt-30), en Basse-Ville de Québec, qui est également le chantier-école en archéologie historique de l’Université Laval. L'archéoentomologie se base sur deux prémisses, à savoir que les insectes n'ont pas changé de physiologie depuis les derniers millions d'années, et qu’ils n'ont pas changé d'écologie non plus. Conséquemment, cette méthode analytique est un puissant outil dans la reconstruction des paysages du passé.

Fondé en 1971, le Petit Québec libre est une commune rurale atypique qui ne peut être dissociée du Jazz libre, un groupe de jazz d’avant-garde issu de la gauche indépendantiste. Actifs depuis 1967, les membres de ce collectif priorisent l’improvisation collective comme vecteur d’organisation. Le projet d’une commune basée sur les expériences musicales du groupe constitue pour eux un moyen de rassembler les conditions nécessaires à la « naissance d’un nouvel homme québécois ». Celui-ci se définit à l’intérieur du Petit Québec libre, mais il n’existe pas en vase clos. En effet, cette commune est un laboratoire ouvert où convergent une grande partie des pulsions révolutionnaires de l’époque permettant ainsi un travail individuel et collectif de réflexion sur la masculinité et la famille dans un « futur grand Québec libre français et socialiste ».

La présente communication repose sur une analyse des discours articulés par le Jazz libre dans le journal de la commune. Elle s’appuie aussi sur une vaste collection de documents d’archives ainsi qu’une série d’entretiens avec d'anciens membres du Petit Québec libre. La thèse avancée ici est que l’aventure communale du Jazz libre constitua une rare occasion pour la gauche indépendantiste de s’interroger sur les rapports de pouvoir entre les genres dans la culture politique militante québécoise, et ce, malgré l’utilisation continue d’un langage androcentrique dans les pages du journal et la persistance d’inégalités au sein de la commune.

Longtemps rejetées de la sphère publique et donc des instances de savoirs, les femmes n’ont pu participer à l’élaboration des connaissances ou des discours, dont ceux les concernant. Dans le cadre religieux, des rituels ont été élaborés par des hommes pour les femmes ; les commentaires et discours sur ceux-ci ont de même été le fait des hommes, instituant de ce fait des conceptions parfois éloignées du vécu des femmes.

À partir des travaux et écrits de la rabbin Elyse Goldstein, nous voulons démontrer l’importance pour les femmes de développer leurs propres discours sur leurs expériences corporelles et sur les rites qui y sont associés en vue d’influencer aussi les symboliques qui en découlent. En se basant sur l’exemple du mikveh (bain rituel pour les femmes juives),  nous montrerons comment, pour Goldstein, il s’agit d’en parler non pas comme d’un rite de pureté, entraînant une conception d’impureté sur des manifestations biologiques de femmes, mais comme d’un rite de passage, permettant une réappropriation de ce rituel dans sa globalité par les femmes.

Nous nous intéresserons d’abord aux rites de pureté, puis nous nous attarderons au rituel du mikveh et aux problèmes que ce rite peut poser aux femmes. Ensuite nous aborderons la question des changements sociétaux et le besoin de reconnaître les femmes comme productrices des discours sur leurs corps et sur leurs expériences. Enfin nous étudierons la question du rite de passage et la réappropriation féministe de ce rite.

L’avenir de l’islam dépend du débat entre le rigorisme et le réformisme. Le premier se contente de la lettre dans son application de la loi, alors que le deuxième cherche l’enseignement qui se cache derrière l’énoncé du texte. La lettre, sans intelligence humaine, devient dangereuse en raison de la faiblesse de la personne qui l’interprète. Elle peut mettre en péril des sociétés entières. Dans cette tourmente, l’esprit du texte permet de rétablir l’ordre dans la rigidité de la lettre. Pour cette raison, certains des anciens savants de l’islam ont remonté aux fondements du droit et de la jurisprudence pour adapter le texte au contexte. Cela nous amène à poser la question la plus importante sur laquelle se focalise notre recherche: que fait-on lorsque la lettre s’oppose à la finalité de la révélation ? Autrement dit, doit-on trahir le message divin pour appliquer quelques règles difficilement adaptables aux changements des contextes ? Est-il religieusement admissible de soumettre la spiritualité à l’obsession de la règle ?

Pour répondre à ces questions, nous avons adopté une méthodologie basée sur une analyse critique des textes anciens et nouveaux ainsi que sur une enquête de terrain visant à évaluer et analyser les différents discours religieux. Nous avons eu recours également à un ensemble de questionnaires auprès d’un échantillon de la communauté musulmane dans le but de déterminer le degré d’influence de chaque courant.