L’Acteur de dos et ses « inventions figuratives » au cinéma
Charlie Chaplin, en se détournant du public dans la dernière scène de son film Modern Times (1936), a lancé le bal du jeu de dos au cinéma, une posture actoriale qui, au fil de l’histoire du 7e art, s’est complexifiée et réinventée en de multiples cas de figure. Dans le cadre de cette communication, il s’agira de nous confronter à trois « inventions figuratives » (Nicole Brenez) de l’acteur de dos, et de cerner les enjeux actoriaux et esthétiques qui en découlent.
Dans un premier temps, nous examinerons le potentiel figuratif du jeu de dos, lorsque celui-ci devient une figure de résistance, ce que nous observerons notamment dans le film Marked Woman (1937) de Lloyd Bacon. Par ailleurs, nous étudierons la figure de « l’ineffable » du jeu de dos, à travers le désir inavoué (et inavouable) représenté dans le film In the mood for Love (2000) de Wong Kar Wai, la folie d'Élisabeth dans Lost Song (2008) de Rodrigue Jean, ou le deuil des personnages du film The Tree of Life (2011) de Terrence Malick. Enfin, il s’agira de cerner la « fonction de litote » (Augustin Fontanier) entraînée par cette nouvelle posture actoriale, voire, du nouveau mode de starification du jeu de dos au cinéma, ce que Michelangelo Antonioni aura fait avec son actrice fétiche, Monica Vitti.