Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.

Au Canada, les langues des signes (LS) coexistent dans un rapport diglossique avec les langues officielles (Dubuisson & Nadeau, 1993). Les politiques canadiennes d’accès à l’information (p. ex. : LC 2019; LC 2023; OPHQ 2007, 2019) s’inscrivent dans le champ du handicap et reconnaissent les langues des signes comme des moyens d’adaptation. Nous présentons dans cette communication une analyse de la perception des sourds canadiens sur l’accès à l’information (7 groupes de discussion, 13 entrevues, sondage mené auprès de 168 citoyens sourds) et plus particulièrement sur la formation des langagiers de langues des signes qui facilitent l’accès à l’information. Les résultats qualitatifs de l’analyse phénoménologique (van Manen, 2023), confirmés par l’analyse statistique des réponses au sondage, montrent que les politiques actuelles sont incompatibles avec les demandes des sourds, qui déplorent l’absence de reconnaissance de leur spécificité culturelle et linguistique, de leur autonomie et de leur expertise concernant leur langue, leur culture et les questions d’accès à l’information. Dans cet esprit, nous proposons un modèle de formation des langagiers des LS qui considère l’expertise et le vécu des sourds et qui place en son centre la personne sourde comme enseignante, comme étudiante et comme cliente. Le modèle vise la valorisation de l’expertise sourde, de la culture sourde et des LS et permet de satisfaire les exigences de qualification des langagiers formulées par les sourds.

Il a été démontré que les mécanismes de rétroaction auditive permettent la calibration de nos commandes motrices lors de la production de la parole. Ainsi, une perturbation de la rétroaction auditive peut interférer avec nos stratégies de compensation qui deviennent nécessaires lors de situations de paroles perturbées. Cette étude évalue l’effet d’une privation auditive sur la production de voyelle lors d’une perturbation labiale. Onze entendants et dix-sept porteurs d’un implant cochléaire (7 prélanguage et 10 postlanguage) ont été enregistrés lors de la production de la voyelle /u/. Des analyses acoustiques et articulatoires ont été effectuées avec et sans perturbation labiale (tube de 15 mm inséré entre les lèvres). Des enregistrements ont été faits avant et après les conditions perturbées, et ce, avec et sans rétroaction auditive. Chez les porteurs d’un implant cochléaire, la rétroaction auditive était interrompue par une mise à arrêt du processeur de l’implant. Des analyses séparées ont été conduites sur les paramètres acoustiques (fréquence fondamentale, premier et deuxième formant) et les paramètres articulatoires (position de la langue). Les résultats indiquent un effet principal de groupe et une interaction entre les conditions et la présence ou non de rétroaction auditive. Les résultats suggèrent qu’une privation auditive, et que la rétroaction auditive, jouent un rôle important dans la compensation de la production de la parole lors de perturbation labiale.

Notre communication a pour objectif de dresser un panorama des pratiques et des recherches effectuées sur le thème de « télécollaboration » et son potentiel pour soutenir la pédagogie d’interculturelle en classe de langue. Après une comparaison des définitions de la télécollaboration, nous essayons d’élaborer une typologie sur les différentes pratiques de télécollaboration déjà utilisées en didactique des langues et, à cet égard, deux projets remarquables de télécollaboration seront présentés en détail. Nous nous focalisons, par la suite, sur les potentiels et les défis de la télécollaboration pour la pédagogie d’interculturel en classe de langue. Enfin, nous tenterons d’aborder quelques variantes importantes de type social, pédagogique, organisationnel, etc. qui doivent être pris en compte dans la mise en place d’une télécollaboration et qui pourraient influencer, d’une manière ou d’une autre, l’organisation, le déroulement et potentiellement les résultats de la télécollaboration pour la pédagogie interculturelle. Les variantes comme le choix de tâche pédagogique, le rôle de l’enseignant, le choix de l’outil de communication, le choix de langue pour les échanges en ligne et les exigences institutionnelles et culturelles seront discutées.



Des différences dans la prononciation des voyelles à Québec et à Saguenay ont récemment été mises au jour chez des locuteurs jeunes et éduqués en situation formelle : par exemple la fréquence de la diphtongaison (Leblanc, 2012), la durée des voyelles fermées relâchées (Sigouin, 2013) et l’aperture de la voyelle /ɛ/ (Riverin-Coutlée et Arnaud, 2014) varient d’une ville à l’autre.

Par ailleurs, en français contemporain, la voyelle /ɔ/ est aussi marquée d’une variation diatopique : en France, notamment, sa prononciation est beaucoup plus antérieure au Nord qu’au Sud (Boula de Mareüil et al., 2010). L’antériorisation de /ɔ/ a été moins étudiée à l’échelle québécoise, mais le phénomène est attesté dans plusieurs régions (Lamontagne, 2015), dont le Saguenay (Paradis, 1985).

L’objectif de la présente étude est d’examiner la prononciation de /ɔ/ à Québec et à Saguenay pour vérifier si le phénomène d’antériorisation s’y manifeste de la même façon. Pour ce faire, nous avons procédé à l’analyse acoustique de 1000 occurrences de cette voyelle produites par 40 étudiant-e-s universitaires de ces deux villes lors d’une tâche de lecture formelle en laboratoire. Des modèles linéaires à effets mixtes ont été utilisés pour vérifier l’effet de l’origine géographique et du sexe des locuteurs sur la fréquence centrale des deux premiers formants vocaliques. Les résultats indiquent notamment que /ɔ/ serait une voyelle plus antérieure à Québec qu’à Saguenay, et ce, chez les locuteurs des deux sexes.

Notre communication propose un regard croisé sur la problématique de la normativité et de la dynamique des discours épilinguistiques chez les jeunes Québécois. Le corpus de presque 700 questionnaires, établi en 2012 dans quatre collèges de la province du Québec (à Gatineau, à Montréal, à Québec-ville et dans la région rurale québécoise) fournira des exemples pertinents pour rediscuter cette problématique complexe. La situation québécoise, et franco-américaine en général, en matière de représentations socio-langagières connaît une dynamique importante (Dupuis, 1997, Boudreau & Boudreau, 2004). Une palette d’attitudes des locuteurs, allant de l’insécurité linguistique jusqu’aux affirmations assurée des acteurs publics, oscillent autour de la prise de position par rapport à la question des anglicismes. Depuis les études sociolinguistiques brisant les mythes (p.ex.Poplack & Sankoff & Miller, 1988), les appels à la vigilance contre « le stade ultime de déstabilisation » (Pergnier 1989) ou bien les proclamations du type « seuil de tolérance » (évalué autour de 15 % du lexique d’origine anglaise en français selon Hagège (2006)) ne semblent recueillir que peu d’écho auprès des sociolinguistes. Or, il n’empêche que les imaginaires de la jeune génération vis-à-vis des anglicismes sont intéressants à observer car ils traduisent les espoirs et les angoisses des jeunes quant à la langue et culture francophone.  

Notre proposition de communication a pour objet le discours politique gabonais. Il ressort de l’observation de ce dernier une forte prégnance de Bongo, mettant en lumière une relation particulièrement asymétrique entre les énonciateurs de ces discours et le Président gabonais. Cette présence ostentatoire du Chef gabonais dans le discours interpelle. S’agirait-il d’un cas d’effacement des politiques gabonais face à ce que nous qualifierons d’une « haute autorité énonciative » ? L’effacement énonciatif, dorénavant (EE), se définit principalement par une absence plus ou moins « claire » de source énonciative. La question de la neutralité énonciative au sens d’un énonciateur ²universel² [Vion, 2001 :334] qui chercherait à effacer les marques d’une quelconque subjectivité se pose. A partir d’une approche énonciative et argumentative émanant de l'analyse du discours, nous souhaitons examiner les différents procédés linguistiques qui permettent de soutenir un effacement énonciatif opérable dans les discours politiques gabonais. Notre démarche nous mènera préalablement à expliciter le phénomène d’EE avant d’être conduit par la suite à voir en quoi celui-ci peut être corrélé aux discours politiques gabonais, notamment, à travers le discours rapporté. Nous ferons la démonstration, in fine, que l'EE participe d’une énonciation supérieure, c’est-à-dire d’un hyperénonciateur tel que l’entend notamment Maingueneau [2004].









Dans une recherche portant sur l’acquisition des constructions nominales en français, Karmiloff-Smith (1979) expose que des enfants de 4 à 5 ans ont tendance à associer l’article ‘les’ à la pluralité mais pas à la maximalité. Caponigro et al. (2012) et Tieu et al. (2017) ont obtenu des résultats semblables chez des enfants anglophones, hispanophones et francophones âgés de 4 à 6 ans. Dans la présente étude, nous cherchons à vérifier si les enfants observent la maximalité des expressions nominales définies au pluriel, et ce, en fonction de différents groupes d’âge. 57 enfants âgés de 3 à 5;6 ans provenant de sept CPE au Québec ainsi que 25 adultes francophones ont participé à cette étude. Alors que les adultes donnent toujours des interprétations maximales aux constructions définies plurielles (97,3%), peu d’enfants le font. Dans le groupe le plus jeune (de 3 à 3;6 ans), nous observons des interprétations maximales seulement 14% du temps. Les enfants des groupes II, III et IV (de 3;6 à 5 ans) donnent des réponses maximales presque la moitié du temps, tandis que les enfants les plus vieux (de 5 à 5;6 ans) le font 69% du temps. Ces résultats démontrent que les enfants acquièrent la maximalité de l’article défini pluriel en plusieurs étapes. En suivant Modyanova (2009) et Wexler (2011), nous suggérons que, malgré la production précoce des déterminants, l’acquisition des différentes interprétations de ces derniers et des restrictions qui les régissent pourrait être tardive.

 

L'analyse d'une centaine d'appels d'urgence 911 démontre que plusieurs appelants, lorsqu’ils répondent aux questions du répartiteur, produisent des marqueurs épistémiques (Whalen et Zimmerman, 1990). Ces marqueurs, des éléments linguistiques de formes diverses, leur permettent d'exprimer leur degré de certitude à propos des informations qu'ils fournissent au répartiteur ainsi que la source de leur savoir (ex. la perception sensorielle) (Dendale, 1991). En produisant des marqueurs épistémiques, l’appelant peut moduler sa responsabilité énonciative (Kronning, 2012), soit l’intensité de son engagement concernant la fiabilité des informations qu’il fournit au répartiteur. L’objectif de cette étude, fondée sur un corpus de 100 appels d’urgence, est de voir s’il existe une relation entre la nature de l’information fournie par l’appelant et l’éventuel marquage épistémique de cette information. Tous les marqueurs épistémiques présents dans le discours des appelants ont d’abord été relevés. Nous avons ensuite catégorisé la nature de l’information marquée, sur une base qualitative (ex. l’apparence physique). Nous faisons l’hypothèse que le marquage de certaines informations donne des indices de la manière dont l'appelant se représente le service d'urgence (Laforest, 2011). Cette analyse est susceptible d'accroître notre compréhension du comportement de l'appelant au 911, un appelant généralement inexpérimenté, puisque l’appel d’urgence est un événement rare dans la vie d’un individu.

Le champ onomasiologique est un domaine dans lequel se trouve un ensemble de mots ayant un sème commun, donc qui se substituent entre eux, mais cette commutation ne se vérifie pas dans tous les cas.L’analyse onomasiologique nous permet  d’étudier l’organisation des mots à l’intérieur d’un champ lexical. Notre choix porte sur le champ lexical du jugement. Dans une perspective onomasiologique, nous étudierons les mécanismes qui font qu’un verbe ou une expression peut, dans certains contextes, avoir le sens du jugement.Pour étudier des verbes ou des expressions ayant le sens du jugement nous devons nous référer à un corpus fiable. Dans cet article, nous justifierons notre choix d’un corpus clos et informatisé, en décrivant son contenu et la méthode de son maniement.Ensuite, nous présenterons le champ sémantique du verbe « juger » à partir d’un graphique, extrait de notre corpus informatisé. Enfin, nous présenterons un exemplier extrait de FRANTEXT contenant le verbe « juger » et le verbe « trouver » dans différentes constructions syntaxiques.Cet exemplier nous servira à montrer comment la construction syntaxique du verbe participe à son changement de sens.  Nous présenterons quelques emplois de la locution « quelle horreur » considérée comme expression d’un jugement.Cette variante devrait nous montrer comment cette expression a le sens du jugement sans être employée avec un verbe de jugement.Nous expliquerons comment « quelle horreur » est équivalente à « je juge+SN+horrible ».

L’identification visuelle à l’aide d’une parade d’individus est une technique connue dans les milieux judiciaire. Or il arrive dans certaines enquêtes portant sur les menaces par téléphone qu’il n’y ait aucun témoin oculaire et que les seules preuves pouvant mener à l’identification d’un suspect soient auditives. Dans ces situations, un témoin, un proche ou une victime pourrait alors être en mesure de reconnaître la voix dans une « parade vocale », mais plusieurs facteurs peuvent invalider ce type d’identification.

Notre résumons d’abord les considérations méthodologiques dans l’élaboration de la parade vocale. Plusieurs aspects de méthode ont fait l’objet de standardisation. Nous revoyons certains protocoles avec pour objectif d’élaborer une procédure applicable à des appels.  Puis nous présentons les facteurs intrinsèques et extrinsèques à considérer dans une parade vocale. Pour les facteurs intrinsèques, on considère la qualité des enregistrements, la similitude acoustique des voix présentées, la similitude dans le dialecte et la longueur des énoncés présentés. Pour les facteurs extrinsèques, on considère le niveau de familiarité de la voix. Ce dernier facteur peu considéré dans la littérature et constitue l’objet premier de notre études. Notre recherche vise à définir le niveau de familiarité nécessaire à une identification vocale fiable en tenant compte de différentes variables extrinsèques. Nous présenterons l’essentiel de notre protocole et nos résultats.

Dans cette communication, nous voudrions nous pencher sur deux classes d’arguments mis en avant par les opposants à la féminisation des noms de professions  : les arguments linguistiques et sur ceux relatifs à la politique linguistique. En effet, on constate que souvent, les opposants à la féminisation mobilisent dans leurs discours un savoir sur la langue et parfois même la terminologie du spécialiste : « le genre est arbitraire », « le masculin est non marqué », « les nouveaux féminins créent de l’ambigüité parce beaucoup de formes sont homonymes » (qu’on pense à la célèbre cafetière, forme emblématique des opposants), « l’euphonie est menacée », « on ne respecte pas la morphologie du français », « mais c’est Babel ! » ou encore « laissons faire l’Usage ». Ces arguments, qu’ils soient convoqués isolément ou mis bout à bout, prennent sous la plume de leurs auteurs une valeur de vérité scientifique imparable, notamment parce qu’ils empruntent au métalangage des linguistes. A travers des courriers des lecteurs, des blogs et autres publications sur les réseaux sociaux, nous tenterons de voir ce que ce métalangage recouvre exactement, ainsi que les supposées connaissances de la langue et de ses mécanismes qu’il met en avant.

Dans cette communication, nous analysons la variation liée à l’emploi du il explétif non argumental (Auger 1994, Rizzi 1986) avec les verbes falloir, sembler et rester en français montréalais. À l’oral, cette variation se manifeste par l’alternance observée dans les énoncés (1) et (2).

(1) Il faut qu’elle fasse sonner le cadran à huit heures. (Loc. 34, Montréal 84)

(2) Ø faut que tu les connaisses pour conter des histoires. (Loc. 44, Montréal 84)

L’usage variable de il n’a pas encore fait l’objet d’une étude variationniste à Montréal, d’où l’importance de notre étude. En plus d’une étude préliminaire qui a révélé un changement vers l’omission à Orléans (Widera 2017), les études antérieures sur les structures impersonnelles sans sujet (Culbertson 2010, Zimmerman et Kaiser 2013, Culbertson et Legendre 2014) nous ont permis d’identifier les contraintes linguistiques pouvant influencer l’utilisation de il.

Les données analysées proviennent du corpus Montréal 84 (Thibault & Vincent 1990) et notre analyse s’appuie sur 3041 occurrences, soit 1080 présences et 1961 absences. Chaque occurrence a été codifiée pour des facteurs linguistiques (identité lexicale, temps verbal, type de complément) et sociaux (sexe, âge, classe socioéconomique) et analysée grâce au logiciel GoldVarb.

L’omission de il est importante (65%) à Montréal et favorisée par les verbes à forte fréquence. On assiste à un changement en cours mené par les femmes de la classe moyenne, mais plutôt vers la réalisation de il.

Les études sur l’acquisition du système phonologique en L2 ont montré que les difficultés à produire des sons de la L2 peuvent être dues à une difficulté de perception (Lado, 1957, Best et Tyler, 2007), au niveau allophonique (Flege, 1995, Sheldon et Strange, 1982) ou à un effet de l’orthographe de la L1 (Erdener et Burnham, 2005). Cette communication vise à présenter les résultats d’une étude menée à Montréal dans le but d’examiner l’effet de l’orthographe du français comme L1 sur le choix entre phonèmes /u/ et /y/ dans les mots de l’espagnol comportant le graphème «u». Puisque ce graphème représente le phonème /u/ en espagnol et /y/ en français, nous voulons vérifier si les erreurs des apprenants («u» réalisé /y/ au lieu de /u/) peuvent être reliées à la graphie. Un total de 20 étudiants d’espagnol du niveau élémentaire a participé à l’étude ainsi que 10 participants ayant très peu ou aucune connaissance en espagnol. La collecte de données a été fait à partir de deux tâches: lecture de mots à voix haute (stimulus écrit) et répétition de mots (stimulus auditif). Les analyses sont fait à l’aide de PRAAT en comparant les formants des voyelles produites dans les deux tâches. Les résultats préliminaires montrent que (1) l’orthographe pourrait avoir un effet négatif sur la prononciation chez les participants qui ne maitrisent pas la relation graphème-phonème « u »-/u/ en espagnol et (2) l’effet de l’orthographe chez ces participants disparait dans une tâche purement auditive.

Les apprenantsdu FLS rencontrent souvent des problèmes dans la compréhension du sens et des
fonctions des connecteurs logiques (« désormais »,« néanmoins », etc.),  et neparviennent donc pas à les intégrer correctement dans leurs productions écrites. Or, en dépit de ces problèmes et du rôle primordial que ces mots
jouent dans la création d’un texte cohérent et cohésif,  très peu d’études systématiques sur
l’approche pédagogique de ces connecteurs ont été menées jusqu’à présent. 

Cette étude examine le traitement des connecteurs dans les manuels d’écriture et de grammaire de
FLS.  Notre analyse d’environ 150 manuels illustre certaines limitations en ce qui
concerne l’explication des nuances de sens parmi les connecteurs appartenant à
la même catégorie, les différentes fonctions du même connecteur, les
informations sur le mot charnière (le registre auquel il appartient), ou encore
le type d’exercices et de tâches proposés pour la pratique des apprenants.

Dans cette communication, nous partagerons ces résultats ainsi que leurs implications pour
améliorer l’enseignement des connecteurs logiques.

 

Dans le domaine de la prononciation en langues secondes, plusieurs pratiques sont basées sur l'intuition des praticiens plutôt que sur les résultats de recherches scientifiques (Derwind & Munro, 2005). Lors de cette discussion, la présentatrice partage de quelle façon les résultats de recherches empiriques ont modifié son approche de l’enseignement de la prononciation du français langue seconde et comment elle les intègre à son enseignement. Cet enseignement spécifique de la prononciation porte principalement sur la prosodie puisque la littérature démontre son lien avec l'intelligibilité  (Derwing, Munro & Wiebe, 97; 98; Derwing& Rossiter, 2003; Kang, Ruben & Pickering, 2010). Elle s'intéresse entre autres au cas des apprenants anglophones qui de façon typique transfèrent en FL2  le patron mélodique du mot anglais (Guilbault & Beaudoin, 2009). Son intervention est composée de plusieurs étapes: l'explication (Schmidt, 1990; Venkatagiri & Levis, 2007), la perception auditive intégrée au programme d'enseignement (Zielinski, 2008) qui inclut la désyllabification (Saunders,2007). Une pratique étendue de l'expression orale est essentielle à l'amélioration de le prononciation (Gilbert, 2009; Reed & Michaud, 2011; Tremblay, 2009).

 Enseigner comment communiquer clairement et correctement son message à l’écrit constitue un des objectifs fondamentaux de toute école, peu importe la langue d’enseignement. La production de résumé est un des exercices proposés dans le programme de français langue première (FL1) au Manitoba: premièrement, au stade d’éveil pour les élèves du niveau intermédiaire et plus tard, en voie d’acquisition au niveau secondaire. Avec le temps, les élèves devraient pouvoir exprimer des idées de plus en plus complexes et nous devrions donc pouvoir observer une évolution des compétences dans la production écrite de résumés. Dans cette étude, 487 élèves, répartis par niveaux (sec. 1 à la 1re année des études universitaires) et par programmes (FL1 et immersion française, ou FL2) ont préparé un résumé à partir d’un texte de vulgarisation sur la réintroduction de loups au parc Yellowstone. Nous avons évalué la complexité syntaxique des résumés produits par ces élèves en faisant appel à l’unité de mesure T-unit, ou minimal terminal unit (Hunt, 1965). Pour chacun des programmes, des comparaisons entre les différents niveaux de scolarité ont été menées sur des mesures syntaxiques à l’aide des modèles d’ANOVA. Dans le programme FL1, on note des différences significatives entre les différents niveaux pour la longueur moyenne des propositions. Tandis que celles réalisées pour le programme FL2 indiquent que les différences sont significatives pour le nombre moyen de propositions par unité T. 

Le football et la publicité se croisent au stade depuis des années. Cette rencontre, qui remonte déjà au 19e S avec l’autorisation de la présence des panneaux publicitaires autour des terrains de jeu, et qui se manifeste aujourd’hui sous plusieurs formes : le phénomène de sponsoring, la publicité sur les maillots des joueurs ou sur les écrans de télévision lors de la diffusion d’un match, etc., est souvent saisie dans sa dimension « extérieure », laquelle met en avant le rôle joué par certains déterminants, comme la finance. Cependant, ces manifestations expressives de « surface », sont sous-tendues, au niveau des profondeurs, par toute une structure du sens qui les rend possibles et qui conditionne même leur efficacité. L’analyse du croisement du football et la publicité au stade que nous proposons décrit ce système sémiotique sous-jacent qui semble particulièrement se construire à travers la mise en place d’un système de modalisation actancielle singulier articulé autour de deux sujets d’énonciation : un informateur et un observateur, lesquels interagissent dans un procès du sens qui semble viser l’ « englobement » de deux espaces énoncés (le jeu du football et le panneau publicitaire) par un espace d’énonciation (le stade).

Cette contribution propose une étude acoustique, auditive et perceptive de la voyelle /ɛ/ en finale absolue. Les 480 occurrences analysées ont été produites en contexte formel (lecture en chambre sourde) par 40 jeunes universitaires originaires des villes de Saguenay et de Québec. L’analyse acoustique des caractéristiques spectrales (fréquence fondamentale et 3 premiers formants) des voyelles atteste d’une distinction très nette des occurrences en fonction de l’origine géographique des locuteurs : les Saguenéens produisent des /ɛ/ finaux présentant un plus haut degré d’aperture. Puisqu’à notre connaissance, un tel résultat n’a jamais été rapporté dans la littérature, un accord inter-juges a été effectué : 5 auditeurs expérimentés ont confirmé que le timbre des occurrences produites par les locuteurs de Saguenay était majoritairement plus ouvert. 20 auditeurs naïfs de Saguenay et de Québec ont également été soumis à deux tests de perception dont les résultats sont en cours de dépouillement. Le premier test, de type AXB, visait à évaluer la sensibilité des auditeurs à cette fine variation phonétique. Dans le second, ils étaient amenés à identifier l’origine géographique des locuteurs d’après leur prononciation de la voyelle /ɛ/. Ces tests ont pour objectif de vérifier si des auditeurs naïfs perçoivent l’ouverture du /ɛ/ et s’ils sont en mesure d’établir le lien attesté par nos résultats acoustiques et auditifs entre cette variation et l’origine géographique des locuteurs.

Nous présentons le projet QALB (Qatar Arabic Language Bank) qui porte sur la création d’un corpus en langue arabe de 2 millions de mots annotés manuellement avec les erreurs et leurs corrections (orthographe, syntaxe, grammaire, ponctuation et l’usage des dialectes). Le deuxième volet de ce projet porte sur la création d’un système de correction automatique des erreurs pour la langue arabe.

Afin de couvrir une plus grande variété de textes, le corpus couvre trois sources : commentaires sur des articles en ligne par des lecteurs du site Aljazeera.net, des travaux d’étudiants natifs arabophones, des travaux d’apprenants de l’arabe ainsi qu’un ensemble de textes de Wikipédia traduits automatiquement de l’anglais vers l’arabe.
L’annotation manuelle d’un corpus de 2 millions de mots présente plusieurs défis. Tout d'abord, nous avons rédigé un manuel d’annotation d’une centaine de pages afin de guider l’équipe d’annotateurs dans leur tâche et pour les aider à produire une annotation consistante. Ensuite, plusieurs séances de formation ont été nécessaires pour former l’équipe d’annotateurs.

Afin de s’assurer de la qualité de l’annotation durant ce projet, des mesures d’accords inter-annotateurs sont prises régulièrement d’une manière aléatoire. L’accord moyen inter-annotateurs est de l’ordre de 95%, ce qui prouve que les guides d’annotation ont été bien appliqués par les annotateurs durant ce projet.

Les études en analyse de la conversation ont souvent porté sur les dyades ou sur les groupes, mais très rarement sur la conversation à trois. Pour bien comprendre les particularités de la triade, j’ai produit  un enregistrement audio et vidéo d’une conversation entre trois personnes qui discutaient dans un environnement qui favorisait une dynamique non-contraignante et naturelle. Grâce à une analyse détaillée de la direction du regard et des signaux de back-channels, je compte montrer l'influence de ces derniers sur les changements de tours de paroles. Je présenterai mes résultats sous la forme d’une analyse temporelle des interactions entre chacun des participants en mettant l’accent sur la dynamique des tours de parole et sur les vecteurs d’interactions (p.ex. interactions entre 1 et 2 pendant que 3 possède le droit de parole). Mes résultats tendent à confirmer l’importance du regard sur les changements de tours de parole, mais ils permettent aussi de montrer l’importance des back-channels pour la dynamique conversationnelle. Je décrirai aussi les différentes fonctions possibles des back-channels selon leurs types et selon la personne ciblée par ceux-ci. Mes résultats montrent également une connexion forte entre l’aspect dynamique et l’aspect sémantique d’une conversation et je proposerai une modification au concept de plancher conversationnel pour rendre compte de cette dépendance entre la sémantique et la dynamique.

La génération automatique de texte est une branche de la linguistique computationnelle qui vise la production automatique d'énoncés en langue naturelle qui expriment de l'information qu'on veut communiquer. Je présenterai d'abord l'architecture classique d'un générateur de texte, en m'attardant plus particulièrement aux modules linguistiques d'un tel système. Je montrerai quel type d'information est nécessaire pour cette tâche, et comment elle se représente formellement. Ensuite, je parlerai plus en détail de l'étape de la lexicalisation (le choix des mots pour l'expression d'un message). Traditionnellement, cette opération s'effectue en une seule étape. Or, je montrerai que pour obtenir des textes fluides et naturels, il faut un modèle stratifié de la lexicalisation afin de traiter un type particulier de locution appelé collocation, c'est-à-dire une expression idiomatique où il existe un lien privilégié entre des mots qui «vont ensemble» (par exemple, «procéder à l'arrestation» au lieu de «arrêter»). Il existe dans les langue une grande variété de collocations («subir une perte», «peur bleue», «porter des accusations», etc.) et le phénomène, loin d'être marginal dans l'usage, est omniprésent. L'arbitraire de ces combinaisons de mots exige que l'information soit encodée d'une façon ou d'une autre dans un système de génération de texte, et c'est de cet encodage que je parlerai plus en détail.

Dans le texte original de Champlain, les éléments culturels et la religiosité amérindienne contribuent à produire une certaine représentation du « Sauvage », et celle-ci se transforme au fil des versions anglaises. 

Premièrement, il existe deux catégories d’éléments culturels. La première inclut les noms de lieux et les personnages historiques, alors que la deuxième inclut les pratiques, les habitudes, et les comportements marqués par les conditions et les traditions d’un endroit (Gambier, 2008, p. 179). Ces catégories comprennent donc le vocabulaire propre à l’environnement et au mode de vie des « Sauvages ». La représentation de l’Amérindien devient donc faussée lorsque ces éléments ne sont pas rendus adéquatement dans les traductions. 

Deuxièmement, la religiosité amérindienne est un autre point qui influence la représentation de l’Autochtone. Lorsque Champlain décrit les pratiques spirituelles des Amérindiens, il utilise un vocabulaire religieux qui lui est familier et donc marqué par le christianisme. Nous cherchons à déterminer si les traducteurs produisent une traduction adéquate ou s’ils décrivent les Autochtones différemment de Champlain, et si oui, quel type de représentation ils produisent.

 Les unités lexicales à charge culturelle, c'est-à-dire celles qui peuvent porter en elles un poids culturel qui les rendraient opaques aux personnes de cultures différentes, touchent plusieurs domaines. Des catégories sont établies par les linguistes qui se sont penchés sur la question. Selon Surmont (2000:193-194), les domaines « [...] sont entre autres les événements historiques, les fêtes calendaires, l'éducation, la politique, l'économie, le droit, les unités de temps, la technologie, les devises, l'histoire littéraire, les croyances, les coutumes, les institutions, les activités artisanales ou agricole[...]» Dans cette présentation, nous proposons une analyse du traitement lexicographique des entrées relevant du domaine de l'éducation, un domaine culturel par excellence. Il s'agit de dresser un portrait des différentes stratégies auxquelles les lexicographes ont recours afin de proposer un équivalent  en langue cible d'entrées non seulement similaires dans les deux cultures, mais aussi de celles qui sont porteuses d'une culture inexistante ou vécue différemment. L'ouvrage de référence soumis à l'étude est le Grand Robert et Collins 2008. Les recherches ont démontré que les procédés sont multiples. Nous retrouvons des équivalents dénotatifs (traduction directe de l'entrée, un emprunt ou une glose), des équivalents connotatifs (équivalent culturel ou une approximation culturelle) ou une combinaison d'équivalents dénotatifs et d'équivalents connotatifs.

Dans les 40 dernières années, l’alternance entre les marqueurs de conséquence (ça) fait que/donc/alors a fait l’objet de nombreuses études basées sur des corpus de français laurentien (entre autres Dessureault-Dober 1974, Thibault et Daveluy 1989, Mougeon et Beniak 1991, Blondeau et al. 2018). Néanmoins, aucune ne s’est penchée sur ces marqueurs en discours plus soutenu.

            Dans cette communication, nous présentons une analyse variationniste évaluant l’impact du degré de formalité sur les marqueurs de conséquences. Les données proviennent d’entrevues avec 32 personnalités publiques québécoises, diffusées dans le cadre de deux émissions télévisuelles. Les résultats montrent que la distribution des formes en discours plus soutenu se distingue des tendances relevées dans les études antérieures: les trois formes sont employées dans des proportions égales dans les entrevues semi-formelles (N=341), mais (ça) fait que, connecteur majoritaire dans les vernaculaires québécois, est très peu employé par les locuteurs qui sont vouvoyés. De plus, l’analyse comparative de 8 locuteurs ayant participé aux deux émissions révèle une différence significative entre les contextes, en particulier chez deux hommes qui emploient alors comme marqueur de formalité.

            En mesurant l’influence de la formalité sur les productions réelles des locuteurs, la présente étude sociolinguistique offre des pistes didactiques pertinentes pour l’enseignement du français en contexte nord-américain.

En français, les noms à voyelle-initiale sont généralement prononcés avec différentes consonnes initiales (par ex., un /n/avion, des /z/avions, etc.) dû à des contextes de liaisons variables. Cette étude examine l’encodage des formes des noms à voyelle-initiale chez les enfants de 30 mois. Nous utilisons un eye-tracker où chaque essai présente les images de deux objets (gauche-droite) alors qu’un objet est nommé (par ex., « Oh regarde, joli avion »). Le regard de l’enfant sur les objets est enregistré en ligne à une résolution de 16 msec. Nous avons 2 types d’essais. Le premier présente les formes correctes à voyelle-initiale (par ex. joli avion) et à z-initiale (par ex. jolis /z/avions). Le deuxième, les formes incorrectes, présente une intrusion d’une consonne de liaison /t/ (par ex. joli /t/avion, dérivé de : petit /t/avion) et une consonne /g/ non reliée à la liaison (par ex. joli /g/avion). Les résultats (20 enfants) montrent qu’à 0,5 sec après le début du nom, les enfants reconnaissent l’objet nommé dans les essais de « formes correctes ». La reconnaissance de l’objet nommé est retardée dans les essais de /t/, et encore plus retardée (après 1.7 sec) dans les essais de /g/. Ceci suppose que les enfants de 30 mois ont une certaine connaissance des liaisons. Bien que les noms à voyelle-initiale (par ex. avion) soient rarement prononcés sans consonne-initiale (par ex. joli/demi avion) dans la parole de parents, les enfants ont appris à encoder ces formes à voyelle-initiale.