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On note depuis longtemps que la voyelle /ɔ/ est souvent antériorisée en français européen (Martinet 1969), un phénomème qui date du XVIIe siècle (Boula de Mareüil et al. 2010). Cette étude en temps apparent vise établir si le devancement de /ɔ/ se produit également en contexte canadien, étant donné la période de colonisation du Canada. D’autant plus, le fait que seulement /ɔ/ est antériorisé surprend d’un point de vue trans-linguistique; si une seule voyelle participe à un tel processus, c’est normalement /u/ et non /ɔ/ (Labov, 1994). Nous comparons donc les trois voyelles postérieures non-basses – soit /ɔ/, /o/ et /u/ – pour voir si le phénomène n’est pas unique à /ɔ/. Si les autres voyelles sont également devancées, nous visons identifier les facteurs qui font en sorte que ce n’est que /ɔ/ qui est antériorisé de façon perceptible.

À partir d’une analyse statistique du F2 de 23 000 cas d’une voyelle-cible en parole spontanée, nous trouvons que toutes les trois voyelles sont de plus en plus devancées en français laurentien. Par contre, la voyelle /ɔ/ se distingue de /o/ et de /u/ en étant plus antérieure non là où on s’attendrait à une réduction vocalique (amplitude réduite, courte durée, F0 bas), mais plutôt en étant plus devancée lorsqu’elle est plus proéminente que dans ces cas-là. Ce résultat propose une explication au fait que /ɔ/ est la seule voyelle typiquement décrite comme étant antériorisée : seul son devancement a lieu quand la voyelle est plus perceptible.

Les affixes dérivationnels ont un caractère particulier qui rend délicat leur intégration dans les dictionnaires : il s’agit d’unités linguistiques non autonomes qui ont un sens constructionnel plutôt que référentiel, une combinatoire réduite et une forte polysémie. En raison de leurs caractéristiques intrinsèques, ils sont souvent négligés dans les dictionnaires généraux de langue ou spécialisés.

En français, un exemple illustrant l’ensemble des problèmes relatifs aux affixes serait le suffixe -IER qui présente également une alternance en genre, une allomorphie phonotactiquement conditionnée et une importante productivité synchronique. Il s’adjoint à des bases nominales afin de créer des noms d’agents, d’instruments et de contenants, et des adjectifs. Il a été l’objet d’une analyse unifiée (Corbin et Corbin 1991) et d’une analyse polysémique (Roché 1998).

Partant de l’analyse polysémique adoptée par Roché, nous comptons proposer des articles de dictionnaire s’inscrivant dans la lexicologie explicative et combinatoire de laquelle découle le Dictionnaire explicatif et combinatoire du français (entre autres, Mel’cuk et al. 1984, 1988, 1992, 1999).

L’étude de la gestuelle co-verbale interroge le rôle des gestes sur l’organisation des informations linguistiques. L’hypothèse de l’interface propose que les gestes encodent les traits des référents tout en en structurant l’information parallèlement à l’encodage linguistique (Kita & Özyürekb. 2003). Ce qui est produit dans le discours est une synthèse de 2 systèmes sémiotiques (Calbris, 2001). En langues des signes (LS), on distingue 2 types de signaux : manuels (CM) et non manuels (CNM). Nous explorerons les similarités entre la gestuelle co-verbale et les CNM via l’utilisation du tronc dans les structures coordonnées. À partir des travaux portant sur les fonctions des CNM (Dubuisson et al.,1999 ; Pfau & Quer, 2010) et sur la coordination dans les LS (Lau & Tang, 2012), nous posons la question: Les mouvements de tronc interviennent-ils dans l’expression de la coordination en français et en LSQ? Les structures coordonnées, issues d’un corpus de données discursives élicitées chez un locuteur par langues cibles, isolées à l’aide de 2 tests (Riegel et al., 2009 ; Tellier, 2003) et transcrites permettent l’analyse des cooccurrences gestuelles et verbales, des CM et des CNM.

Nous présenterons 1) la représentation structurelle de la coordination et le rôle du tronc dans les LS 2) la méthode et la grille d’analyse 3) les résultats de l’analyse factorielle 4) la discussion des résultats en fonction de la notion de coordination et du parallèle systémique de Kendon (2004).

Depuis 2008, la réussite du Test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE) est une condition de poursuite des études dans tous les programmes de formation à l’enseignement des universités québécoises francophones. Ce test a pour but « de s’assurer de la qualité de la langue écrite utilisée par les candidats et les candidates à l’enseignement » (CÉFRANC, 2008). Chaque année, un grand nombre de futurs maîtres ne sont pas en mesure de réussir cet examen leur ouvrant les portes de la profession d’enseignant. La situation est plutôt inquiétante (Beaudoin, 2013 ; Carpentier et Leroux, 2013). C’est dans ce contexte que les fautes de français écrit de plus de 600 futurs maîtres ont été colligées dans leurs travaux. Ces erreurs ont été analysées et classées d’après les grandes catégories d'erreurs en orthographe grammaticale et d’usage. Partant de ce corpus, nous avons construit un test diagnostique et un tutoriel informatisés permettant à l'usager d’identifier ses lacunes, d’en comprendre les causes par la consultation de capsules de français et de consolider ses apprentissages par des exercices ciblés. L’objet de la communication est d’exposer le processus qui a conduit à la construction de ces outils, ainsi que leur contribution souhaitée au développement des compétences en français écrit des futurs maîtres. Une attention particulière est portée aux qualités du test diagnostique qui a été administré à ce stade à plus d’une centaine de futurs maîtres.

Le dictionnaire bilingue, un lieu d'échange culturel qui vise à faciliter la communication entre les personnes de cultures différentes, se trouve à dévoiler des écarts non seulement linguistiques mais culturels. Une analyse exploratoire du traitement des 96 unités lexicales françaises du Grand Robert & Collins (GRC) considérées comme « à fort contenu culturel », soit celles accompagnées d'une note encyclopédique, démontre tout d'abord que celle-ci certes facilite l’opération de décodage. Mais quelles sont les stratégies auxquelles les lexicographes ont recours pour proposer un équivalent porteur d'une charge culturelle plus ou moins similaire dans la communauté linguistique de la langue cible, et ce, sans l'aide de la note encyclopédique? En outre, le GRC, un ouvrage annoncé comme étant bidirectionnel, ne fournit pas toujours des éléments qui permettent à l'usager francophone de produire en anglais. Les entrées culturelles posent ainsi un problème d'envergure qui se manifeste par une absence d'équivalence pour l'encodeur. L'objectif de la recherche est d'analyser les propositions d'équivalence d'un corpus d'entrées culturellement marquées, à savoir le domaine de l'éducation, afin d'identifier les procédés utilisés pour satisfaire les besoins de l'encodeur et du décodeur. Gardant en mémoire les besoins des utilisateurs, nous examinons 220 entrées françaises du GRC en vue de dégager des tendances, nous questionner sur la pertinence des procédés et proposer des améliorations.

Nous démontrerons qu'il existe en français non pas une, mais deux catégories flexionnelles liées aux temps verbaux: une qui situe le point de référence par rapport au moment d'élocution, et l'autre qui situe les faits par rapport à ce point de repère. Ces deux catégories ne sont pas en compétition mais sont plutôt complémentaires: tout verbe à l'indicatif doit porter un sens de chacune de ces catégories. En plus de ces deux catégories temporelles, nous distinguons trois phases, qui ne situent pas directement les faits dans le temps mais qui dénotent plutôt un des trois intervalles de temps divisés par le fait (avant, pendant et après). Nous démontrerons que ce découpage des formes de l'indicatif explique de façon élégante un certain nombre de phénomènes. Notre modèle rend compte de formes souvent ignorées par les grammaires, comme "allait Vinf", "aurait Vpp", ou les formes surcomposées. La différence sémantique entre imparfait, passé simple et passé composé s'explique sans avoir recours à une catégorie d'aspect. Notre découpage permet de bien modéliser la concordance des temps, et ce même lorsque ces temps portent un sens modal. Enfin, la distinction entre ces deux catégories de temps met en lumière les liens sémantiques étroits qui existent entre le présent et l'imparfait, et explique pourquoi ces deux temps, mais pas les autres, peuvent se combiner au subjonctif en français littéraire ou vieilli.

Les potentiels évoqués (PÉs), permettent d’analyser le traitement du langage en temps réel. Cependant, cette technique est limitée par des contraintes méthodologiques, trop souvent négligées. Par exemple, l’influent modèle “syntaxe en premier” proposé par Friederici (2002) s’appuie sur la découverte d'une étape de traitement syntaxique, reflétée par une composante négative précoce (100-300ms), nommée Early left anterior negativity (ELAN), dont l’existence est questionnée en raison de dessins expérimentaux déséquilibrés (Steinhauer et Dury, 2012). Cette présentation portera sur le développement des stimuli pour l’étude de réévaluation de la ELAN en français.

Les phrases créées ont été soumises à une double évaluation. L’une teste l’acceptabilité par le biais d’un sondage. L’autre teste l’amorçage sémantique entre contextes et mots cibles. Trois méthodes ont été utilisées : l’analyse sémantique latente, un test d’association de mots et un de complétion de phrases. Les résultats au test d’acceptabilité permettent de filtrer les phrases inadéquates. Les différents tests d’amorçage sémantique ont révélé des résultats complémentaires, suggérant que chacun peut nous informer sur les différentes relations sémantiques au sein de la phrase.

Dans une démarche transparente, les tests sur un large échantillon devraient s’intégrer à la méthodologie en PÉs. Ainsi, les facteurs responsables de biais expérimentaux peuvent être identifiés et contrôlés lors de l’analyse des PÉs.

Nous présentons dans cet article une méthode de construction de lexiques bilingues pour les entités nommées basée sur les corpus parallèle. Les types des entités nommées étudiées sont les noms de personnes, des lieux et des organisations. Une application est faite sur la paire de langues anglais-arabe.

La construction des lexiques des entités nommées de type organisation se base sur différentes ressources linguistiques dont les ontologies comme DBPedia ou des listes préétablies comme JRC-Names.

La construction des lexiques des entités nommées de type noms de personnes et lieux, se base sur un modèle de translitération pour chaque entité nommée à partir de l'anglais vers l'arabe.

La procédure de translitération consiste à trouver les différentes translitérations de chaque lettre de l’entité nommée en anglais, et à chercher la meilleure combinaison dans la phrase en langue arabe.

Pour diminuer le nombre de combinaisons des translitérations possibles d’une entité nommée, une méthode de normalisation des lettres en langue arabe vers une seule lettre, est proposée.

Une application est faite sur deux corpus. Un est extrait de Wikipédia et le très connu corpus des nations unis (UN).

La mesure généralement utilisée pour comparer les performances des systèmes se fonde sur le score de précision et de rappel. Cette mesure s’appelle la mesure F. Nos expérimentations ont montré un score de F-mesure égale à 99,1% en utilisant le corpus UN et  93,3%  en utilisant le corpus extrait de Wikipédia.

Les collocations en malgache- langue nationale de Madagascar, de famille malayo-polynésienne demeurent encore un champ d’investigation quasi-vierge. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous nous sommes intéressés à l’étude des collocations adjectivales telles anatra mafonja ‘conseil solide’, hevitra mitombina ‘argument valable’, safidy masina ‘un choix judicieux’, etc.

Qualifiée d’expression semi-figée, la collocation, selon la terminologie de Hausmann (1979), est une expression composée de la base et du collocatif. Le premier constituant d’une collocation - la base - est libre et le deuxième, c’est-à-dire, le collocatif, est restreint. La Fonction Lexicale (FL), est un outil formel dont dispose la théorie Sens-Texte, théorie avec laquelle nous allons aborder notre analyse, pour la description des collocations. Une FL, formellement, est une formule f(x) = y dont f est le sens qui s’applique à un mot-clé ou argument x pour donner une valeur y. Par exemple, la FL Magn appliquée à l’argument fisaorana ‘remerciement’ donne les valeurs suivantes :

Magn(fisaorana) = feno litt.‘rempli’, mitafotafo ‘profond’

et forme des collocations adjectivales fisaorana feno ‘un grand remerciement’, fisaorana mitafotafo ‘un profond remerciement’.

Ainsi, notre article traite les différents sens de collocations adjectivales, le rôle qu’occupent les adjectifs dans le syntagme collocationnel, la typologie de ces collocations et leur description lexicographique.

Les dialectes (variétés régionales d’une langue) sont centraux aux attitudes des enfants envers les locuteurs et locutrices (Arredondo & Gelman, 2019). La formation des attitudes implique trois étapes : 1) l’identification de l’origine d’une locutrice d’après la prononciation; 2) la catégorisation d’une locutrice comme membre d’un ou de plusieurs groupes; et 3) l’attribution de traits d’après des stéréotypes au sujet du ou des groupes (Lambert, 1960). Nous nous focalisons sur l’étape 1 en explorant comment les enfants d’expression française en Alberta distinguent différents dialectes. La diversité de cette communauté de langue officielle en situation minoritaire nous permet d’explorer l’impact de l’appartenance d’une locutrice à plusieurs catégories sociales sur les jugements.

Nous avons présenté des paires de clips audio à des enfants (n = 137, âgés de 5 à 12 ans) et leur avons demandé si deux locutrices « viennent de la même place ou de deux places différentes ». Les enfants de 7 ans et plus pouvaient systématiquement regrouper les dialectes « canadiens » vs « internationaux ». De plus, ces enfants étaient plus susceptibles de distinguer les locutrices de différents groupes ethniques. Nos résultats suggèrent que les enfants créent des catégories de « nous » vs. « eux » et qu’ils ne raffinent pas ces groupes pour inclure des origines régionales plus précises que plus tard. Notre étude a comme objectif de mettre en question les attitudes afin d’assurer la vitalité de la communauté franco-albertaine.

Depuis 40 ans, Anna Wierzbicka et environ 50 chercheurs se penchent sur plus de 30 langues pour en extraire des universaux du lexique. À ce jour, une liste de 63 primitifs sémantiques a été empiriquement dressée. Ceux-ci, parfaitement traduisibles dans toutes les langues, sémantiquement simples et universellement intelligibles, se passent de définition : « toi, moi, quelqu'un, quelque chose, penser, vouloir, ressentir, dire, vrai, ne...pas, quand, où, bien, mal, grand, petit, vivre, mourir, etc. ». Accompagnés de leurs règles combinatoires universelles, ils forment la métalangue sémantique naturelle (MSN).

Nous exploitons ce cadre théorique pour décrire les plus fréquents actes de langage qui composent la conversation spontanée telle que transcrite dans le Corpus de français parlé au Québec (CFPQ).

Nous posons l'hypothèse qu'une telle description en MSN peut permettre à un apprenant du français de découvrir les différentes réalisations d'un acte de langage dans sa langue cible, à partir d'une construction intuitive en MSN de ce qu'il veut dire.

Nos résultats attestent de cette nouvelle possibilité pour l'enseignement du français. Nous présenterons un extrait du paradigme « dire » en exemple, où les simples concepts universaux de « vérité, volonté, ressenti » peuvent notamment guider l'étudiant vers 7 actes de langage distincts. Ceux-ci peuvent se réaliser de diverses façons et offrir des variantes ou des dérivés : nous démontrerons que la MSN réussit à décrire tous ces usages.

Ce n’est pas toujours évident si deux sons – sans paires minimales et généralement prévisibles dans le lexique natif – devraient être considérés distincts au niveau phonémique. Tel est le cas des voyelles hautes tendues ([i y u]) et relâchées ([ɪ ʏ ʊ]) en français laurentien, qui sont en distribution complémentaire en syllabe finale dans le lexique natif et qui sont variables en syllabe non-finale (Côté 2006). Étant donné que la similarité phonologique peut favoriser l’harmonie et la coarticulation (Poliquin 2006), il y a une solution possible : une voyelle peut être plus influencée par une autre si les deux ont plus de traits phonologiques en commun, permettant d’établir la représentation phonologique en comparant les traits partagés. Bref, si le relâchement est représenté de façon phonologique, /ɛ œ ɔ/ pourraient être plus fermés si la syllabe suivante contient [ɪ ʏ ʊ] que si elle contient [i y u].

Pour tester cette hypothèse, on a extrait 26 000 voyelles moyennes provenant de pénultièmes syllabes en parole spontanée. Nous trouvons que ces voyelles sont plus affectées par la hauteur de la voyelle suivante si les voyelles ont plus de traits phonologiques en commun (antériorité, arrondissement). Notamment, chez les jeunes adultes, /ɛ œ ɔ/ sont plus fermés devant [ɪ ʏ ʊ] que devant [i y u], ce qui n’est pas le cas pour /e ø o/ et ce qui a lieu malgré que [i y u] soient plus fermés. Ce résultat suggère que les voyelles hautes relâchées sont en train de devenir phonémiques.

Une écoute attentive de conversations à bâtons rompus montre que celles-ci sont parsemées d’hésitations, de pauses dites remplies comme euh, de répétitions, d’autocorrections, de lapsus, etc. Notre recherche porte sur ces imperfections que l’on qualifie habituellement de ratés. Le but est double. Il s’agit 1) de déterminer les mécanismes d'interrelation qui sous-tendent la production de deux paires de ratés (amorce de mot et répétition ainsi qu'amorce de syntagme et répétition) et 2) de vérifier si ces deux paires de ratés exercent une pression l'une sur l'autre dans le tour de parole.

À cette fin deux corpus multimodaux de conversations authentiques sont exploités : le Corpus de langue parlée en interaction (CLAPI) de l’Université de Lyon 2 et le Corpus de français parlé au Québec (CFPQ) de l’Université de Sherbrooke. Un premier coup de sonde dans ces corpus démontre l'existence d'interrelations entre les deux paires de ratés étudiées, mais leur mécanisme et leur influence mutuelle reste à déterminer. 

La recherche s’inscrit dans le champ des études interactionnistes qui focalisent l’attention sur le fait que le locuteur engagé dans une conversation à bâtons rompus construit son discours au coup par coup, en s’ajustant constamment aux réactions de l’interlocuteur produites de manière vocale et mimogestuelle. La recherche permet de mieux cerner le fonctionnement de l'oral spontané en approfondissant les connaissances sur les ratés de l’oral dans une perspective interactive.

Plusieurs études ont analysé le français québécois (FQ) familier, mais peu se sont concentrées sur le FQ soutenu. Les entrevues télévisées permettent de combler cette lacune. Dans cette communication, nous examinons la variation sociostylistique en FQ dans un corpus d’entrevues avec des personnalités publiques, en portant notre attention sur la référence temporelle au futur (RTF).

Les travaux sur la RTF en FQ montrent que l’usage du futur périphrastique (il va partir) est plus fréquent que celui du futur simple (il partira); le présent à valeur du futur (il part demain) est rare. De plus, la RTF est soumise à des contraintes linguistiques et à une stratification sociale en FQ: le futur simple apparaît surtout dans les phrases négatives et revêt un prestige manifeste.

Nous étudions non seulement le rôle du thème de conversation et du degré de familiarité entre les interlocuteurs, mais aussi celui du contexte, en comparant un sous-ensemble de locuteurs interviewés dans 2 contextes conversationnels: l’un où ils abordent des thèmes personnels, l’autre où ils interviennent professionnellement face à un journaliste. Malgré le prestige social lié au futur simple, nous montrons que la RTF en FQ résiste à la variation intrapersonnelle (ou stylistique); il s’agit donc d’un indicateur plutôt que d’un marqueur sociolinguistique.

En analysant la variation sociostylistique en FQ soutenu, cette étude contribue à l’avancement des connaissances en linguistique française et en sociolinguistique.

Traditionnellement, dans les ouvrages grammaticaux , et encore récemment, dans les ouvrages pédagogiques, on a considéré qu’un verbe peut se conjuguer aux temps simples (je marche, il partira) et aux temps composés (j’ai marché, il sera parti). On affirme que les mots dont les temps composés sont constitués forment un seul et même verbe, même si on se trouve en présence de deux mots, et qu’un seul des deux est conjugué. De plus, on attribue à la plupart de ces syntagmes l’étiquette de « temps du passé », ce qui crée une confusion lorsqu’on se trouve en présence d’exemples tels que « J’ai fini dans cinq minutes » ou « Il faut que vous ayez terminé vos devoirs à mon retour », où l’on parle de passé composé et de subjonctif passé, alors que l’on fait référence au futur. Cette façon d’analyser la question pose problème pour l’enseignement à cause des incohérences qu’elle engendre. Pour cette raison, nous souhaitons démontrer en quoi la sémantique grammaticale, une analyse qui vise principalement à expliquer la valeur des notions et des relations grammaticales ainsi que la structuration des parties du discours et de la phrase, pourrait représenter une option intéressante pour l’enseignement de ces syntagmes : elle fait une distinction claire entre le verbe et le participe et met en lumière les relations grammaticales et logiques qui s’établissent entre ces deux concepts.

Cette communication fait état de différences syntaxiques entre les impératives et les interrogatives avec inversion concernant la position du verbe, des clitiques et de la particule ne. Je propose que ces deux constructions diffèrent 1) quant à l'élément déplacé et 2) quant au point d'arrivée du mouvement.  

En impérative, le verbe précède les clitiques (Fais-le!; *Le fais!). Rooryck (1992) et Zeijlstra (2006) ont proposé que le verbe impératif monte à C (une projection plus haute que T), une analyse similaire au mouvement à C en interrogative (Rizzi 1991). De fait, les deux constructions sont exclues en enchâssée (*Je veux que fais-le; *Je me demande si viendras-tu.). Toutefois, cette analyse n'explique pas le fait que le verbe précède les clitiques en impérative (*Le fais!), mais les suit en interrogative  (*Fais-le tu?):

Depuis Rizzi (1997, 2001), on admet que le noeud C est scindé en différentes projections, soit FORCE (TOP*) INT (TOP*) FOC (TOP*) FIN TP. Je propose qu'en interrogative, la tête T (contenant verbe et clitiques) est déplacée sous INT, alors que le verbe impératif se déplace seul sous ForceIMP (Koopman 2007). Cette analyse rend compte des contrastes observés en contexte de négation. La négation bloque le mouvement du verbe dans les impératives (Ne le fais pas! *Fais ne le pas!; v. Rivero et Terzi 1995), mais non le mouvement de T (Ne le fais-tu pas?). En français québécois (Zeijlstra 2006), le mouvement du verbe résulte de l'absence de ne (Fais-le pas!).

Selon les statistiques, les enfants de langue d’origine (ELO) représentent une grande proportion d’élèves (43% selon Grenier, 2017) des écoles primaires et secondaires montréalaises. À Montréal, le russe est parmi les dix premières langues d’immigrants (ENM, 2011). Or, les informations concernant le développement du français langue seconde (L2) chez les enfants d’immigrants russophones sont inexistantes. Pour pallier cette lacune, la présente étude vise à examiner le développement du système consonantique du français L2 chez ce groupe linguistique. Dix enfants bilingues séquentiels russo-français de quatre et cinq ans ont participé à notre étude. Une tâche de dénomination (L’ESPP, MacLeod, 2014) de 40 images qui évalue la production de toutes les consonnes du français canadien en trois positions (initiale, intermédiaire, finale) leur a été administrée. Les productions des enfants ont été enregistrées sur support audio. Les réponses des enfants ont été d’abord transcrites en alphabet phonétique international (API) et ensuite analysées en calculant le ratio de consonnes produites correctement sur le nombre de consonnes dans les cibles produites (MacLeod et al., 2014). Afin de mesurer l’exposition des enfants au français, un questionnaire d’environnement langagier (adapté d’ALEQ, Paradis, 2011) a été rempli par les parents. Les résultats préliminaires ont révélé des profils développementaux comparables à ceux des enfants monolingues francophones, mais des erreurs différentes.

Les verbes à classificateur (vcl) se distinguent des autres
verbes en ce qu'ils contiennent un classificateur, qui réfère à un nom en
fonction des propriétés saillantes de son référent, le plus souvent de forme ou
de taille. Les travaux de Dubuisson et al.
(1996) et Lajeunesse (2001) ont proposé une description détaillée de
l’inventaire des classificateurs de la LSQ. Toutefois, aucune étude n'a porté sur
la description morphosyntaxique des vcl. L'objectif de cette recherche est de
déterminer quels sont les éléments distinctifs de la
forme morphosyntaxique des vcl en contexte discursif. Plus spécifiquement, nous posons les
questions suivantes : 1) quelle est la
distribution du vcl en contexte et plus particulièrement comment se manifeste
sa relation avec le nom et 2) comment s'effectue le
marquage argumental des vcl ? Nos résultats reposent sur l'analyse
d'un corpus de données discursives élicitées auprès de quatre signeurs à l'aide
d'une tâche de description de vidéos dans lesquelles des personnages interagissent
et manipulent des objets. En premier lieu, nous montrons que l'identification
du référent précède l'utilisation du vcl et que les deux éléments peuvent être
distants (souvent de plusieurs énoncés). En second lieu, nous montrons que la
forme des vcl est modifiée en contexte afin de marquer un ou deux arguments locatifs.
Finalement, nous proposons l'adoption d'une classification selon trois classes
(Schembri, 2003) en fonction de critères morphosyntaxiques.

 

 

 

 

 

Notre étude, présentement en cours, tentera de démontrer s’il est possible de relever le sarcasme en s’appuyant uniquement sur les indices prosodiques présents dans la parole.  Le sarcasme est considéré par certains chercheurs comme la verbalisation d’une intention ironique, découlant de ce fait d’un acte de langage volontaire ayant pour objectif principal de dire le contraire de ce que l’on souhaite faire entendre (Kerbrat-Orecchioni, 1978). Ainsi, le caractère intentionnel du sarcasme le distingue des émotions, en faisant plutôt une attitude discursive (Scherer, 2002).  Alors que de nombreuses études ont permis de démontrer que la prosodie pouvait permettre une reconnaissance efficace des émotions lors de tests de perception (Scherer, 1989), rares sont celles qui ont testé la perception du sarcasme en français québécois, chez des adultes sans troubles d’apprentissage ou de perception.  Nous avons donc élaboré un test constitué de pseudo-mots nous permettant de comparer la capacité des participants à identifier le sarcasme, en le contrastant avec d’autres émotions.  Au total, 30 participants ont dû porter un jugement sur 100 brefs énoncés, correspondant à 5 « états d’esprit » prédéterminés pour chaque enregistrement.  Les analyses préliminaires nous montrent un faible taux d’erreur d’association entre les items et ce, tant pour le sarcasme que pour les émotions mises en scène.



Nous présentons le corpus Arabic TreeBank, une ressource que nous avons développée au sein de la Linguistic Data Consortium. Il s'agit d'un corpus de 600,000 mots annotés syntaxiquement selon la structure Penn TreeBank. Cette ressource est annotée selon une approche d'annotation manuelle. Nous décrivons, les différentes étapes de ce projet y compris la préparation et le choix des données, l'infrastructure informatique et l'outil d'annotation, les choix méthodologiques qui ont guidés les diverses phases de préparation du corpus y compris les difficultés linguistiques. Enfin, Nous formulons les enjeux d’une telle ressource pour la linguistique et le traitement automatique du langage et nous présentons les premières exploitations.

L’exposé que je propose porte sur le dialecte inuktitut de la baie d’Hudson, et traite
de récents changements morphosyntaxiques dans les constructions transitives. Il
existe peu de travaux linguistiques qui ont étudié l’inuktitut du Québec,
hormis les travaux de Lucien Schneider (1966; 1976; 1979) et de Louis-Jacques
Dorais (1977; 1978), ainsi que des publications en pédagogie (Mallon, 1992;
Ortiz, 1993). À l’été 2011, j’ai effectué une collecte de données à Inukjuak. L’examen
du corpus linguistique révèle que les analyses proposées par les auteurs ci-dessus
ne rendent pas compte de données actuelles. Traditionnellement, il est reconnu
que l’inuktitut affiche un alignement morphologique ergatif, c’est-à-dire que
le sujet d’une construction intransitive et l’objet d’une construction
transitive sont marqués morphologiquement de la même façon, tandis que le sujet
d’une construction transitive reçoit une marque morphologique distincte (un cas
ergatif). Il est admis aussi que l’inuktitut présente un syncrétisme morphologique
entre les constructions transitives et possessives. Ces caractéristiques ont
été rapportées dans tous les dialectes de la langue inuite. Or, dans le dialecte
de la baie d’Hudson, la marque casuelle ergative n’est plus employée, et le
syncrétisme entre les constructions transitives et possessives est ainsi en
train de disparaître. Ma communication vise à analyser ces changements et leurs
implications dans le fonctionnement de la transitivité dans ce dialecte.

Si le bilinguisme au Canada est synonyme de « traduit de l’anglais », ce serait le caractère idiomatique de la langue qui serait atteint, c'est-à-dire l'ensemble des habitudes de langage auxquelles se conforment les utilisateurs de cette langue (Delisle, 1998).

Notre problématique se place au cœur d’une approche communicationnelle qui aborde la question de la traduction de l’idiotisme vue par le lecteur de ce texte de presse, ce lecteur « utilisateur » de la langue française. Afin d’avoir un échantillon représentatif, nous avons choisi de préciser un écart de temps de 5 ans, allant du 31 janvier 2017 à la fin décembre 2022. Le corpus constitue donc un ensemble de nouvelles, contenant l’expression idiomatique « the elephant in the room », traduite de l’anglais au français par la Presse Canadienne, classifiées grâce à la base de données Eureka.

Les résultats d’analyse des traductions journalistiques de l’idiotisme « the elephant in the room » nous ont permis de dévoiler plusieurs défis (défis rédactionnels du rythme et de la poétique du texte de presse français, du défigement et de l’équivalence, de l’humour et de la couleur idiomatique). Nous avons démontré, à travers l’analyse des défis d’ordre rédactionnel (Delisle, 2003), abordés du point de vue de la logique/style, que la cohérence du réseau lexical, la non- coexistence de l’idiotisme traduit « the elephant in the room » avec d'autres idiotismes influent sur la qualité du texte en français et mènent à son appauvrissement. 

La didactique contemporaine maintient la thèse posant la langue en tant qu’outil de communication. Sur la base de la tradition de Port-Royal, le langage est compris comme expression de la pensée, mettant en avant certains critères qui rendent compte d’une tendance fonctionnelle du langage. Pourtant, la parole des sujets révèle une tout autre chose, laquelle est ignorée à l’heure actuelle : certains manques produits dans la communication. Cela dévoile une autre dimension faisant référence à une position débordant le point de vue de l’« instrument de communication ». Dans cet autre contexte, la langue est perçue comme substance et transforme, cela est mis en évidence par différents éléments. D’une part, la position de certains linguistes – accordant un statut prioritaire au langage par rapport à la pensée – révèle le rôle du langage dans la constitution du sujet. D’autre part, la relation des écrivains avec la langue montre certains faits importants : le pouvoir de la parole, son rôle transformateur, une fonction créative. Aspects mis en valeur par la théorie psychanalytique lorsqu’elle valorise une vision du langage notablement différente de celle préconisée par l’enseignement actuel. Sur la base de cette problématique, je formule une question : comment la classe de langue étrangère se constitue en un espace créateur ? Pour y répondre, j’entreprends une analyse sur la base d’un paradigme rationnel, appuyée par des observations des classes hispanophones apprenant le français.

Plusieurs études démontrent que l’habileté à percevoir et reproduire des patrons de rythmes est liée à la vitesse de décodage et au développement de la lecture.  Il est aussi reconnu que la dyslexie (trouble d’apprentissage de la lecture) tend à s’accompagner de déficits dans la réalisation de tâches de reproduction de rythmes. Suivant ces résultats, notre présentation a pour objectif d’élucider les facteurs sous-tendant la relation entre la reproduction de rythmes et la lecture en variant les types de patrons utilisés dans les tâches de reproduction. L’étude reprend en partie la méthode de Tierney et Kraus (2013).  Les habiletés en lecture de 37 participants ont été évaluées par des tâches de lecture rapide de mots (tâche standardisée) et de non-mots (textes contenant des manipulations de groupements visuels).  Pour la tâche expérimentale, les participants devaient reproduire des cadences de clics isochrones (stables ou changeants dans le temps) et des rythmes analogues à ce qu’on retrouve en parole. Les résultats indiquent une corrélation entre la capacité à reproduire des cadences isochrones de 1.5 Hz (correspondant à 3-4 syllabes), et la vitesse de lecture de non-mots dans un texte sans espace (voir Graph. 1). Cette corrélation était plus faible ou absente pour des textes de non-mots avec espaces, ce qui suggère un lien entre l’habileté à reproduire un rythme et le découpage perceptuel de texte selon les groupes verbaux à énoncer à voix haute.

La présente étude longitudinale évalue le développement de la capacité orale des élèves (1H à 4H) d’une école publique suisse reposant sur l’enseignement par immersion réciproque et dont les élèves sont germanophones, francophones et allophones. L’enseignement est dispensé pour moitié en allemand et pour moitié en français.

L’objectif de cette recherche consiste à mesurer la capacité à utiliser les langues de scolarisation à des fins communicatives. Notre corpus se base sur les outcomes d’interviews semi-dirigées et axées sur la performance conduites dans les deux langues, à savoir dix interviews au total pendant quatre ans (n=868).

Nous combinons deux approches: l’analyse qualitative décrit les stratégies du «translanguaging» (García, 2009) utilisées par les élèves, alors que l’analyse quantitative évalue leur capacité à utiliser la langue de façon communicative.

Cette étude suggère que la langue seconde des élèves en immersion réciproque suit une évolution impressionnante, surtout chez les élèves allophones. La langue première des élèves de cette école bilingue se développe aussi bien que chez les élèves des écoles monolingues. En comparant les élèves francophones et germanophones en immersion réciproque, on remarque que les taux de développement des premiers stagnent vers la fin de l’étude, probablement en raison de la diglossie alémanique.

Malgré certaines appréhensions, il semble que l’immersion réciproque ne soit pas un risque pour le développement de la capacité orale.