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Les collocations en malgache- langue nationale de Madagascar, de famille malayo-polynésienne demeurent encore un champ d’investigation quasi-vierge. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous nous sommes intéressés à l’étude des collocations adjectivales telles anatra mafonja ‘conseil solide’, hevitra mitombina ‘argument valable’, safidy masina ‘un choix judicieux’, etc.

Qualifiée d’expression semi-figée, la collocation, selon la terminologie de Hausmann (1979), est une expression composée de la base et du collocatif. Le premier constituant d’une collocation - la base - est libre et le deuxième, c’est-à-dire, le collocatif, est restreint. La Fonction Lexicale (FL), est un outil formel dont dispose la théorie Sens-Texte, théorie avec laquelle nous allons aborder notre analyse, pour la description des collocations. Une FL, formellement, est une formule f(x) = y dont f est le sens qui s’applique à un mot-clé ou argument x pour donner une valeur y. Par exemple, la FL Magn appliquée à l’argument fisaorana ‘remerciement’ donne les valeurs suivantes :

Magn(fisaorana) = feno litt.‘rempli’, mitafotafo ‘profond’

et forme des collocations adjectivales fisaorana feno ‘un grand remerciement’, fisaorana mitafotafo ‘un profond remerciement’.

Ainsi, notre article traite les différents sens de collocations adjectivales, le rôle qu’occupent les adjectifs dans le syntagme collocationnel, la typologie de ces collocations et leur description lexicographique.

Les dialectes (variétés régionales d’une langue) sont centraux aux attitudes des enfants envers les locuteurs et locutrices (Arredondo & Gelman, 2019). La formation des attitudes implique trois étapes : 1) l’identification de l’origine d’une locutrice d’après la prononciation; 2) la catégorisation d’une locutrice comme membre d’un ou de plusieurs groupes; et 3) l’attribution de traits d’après des stéréotypes au sujet du ou des groupes (Lambert, 1960). Nous nous focalisons sur l’étape 1 en explorant comment les enfants d’expression française en Alberta distinguent différents dialectes. La diversité de cette communauté de langue officielle en situation minoritaire nous permet d’explorer l’impact de l’appartenance d’une locutrice à plusieurs catégories sociales sur les jugements.

Nous avons présenté des paires de clips audio à des enfants (n = 137, âgés de 5 à 12 ans) et leur avons demandé si deux locutrices « viennent de la même place ou de deux places différentes ». Les enfants de 7 ans et plus pouvaient systématiquement regrouper les dialectes « canadiens » vs « internationaux ». De plus, ces enfants étaient plus susceptibles de distinguer les locutrices de différents groupes ethniques. Nos résultats suggèrent que les enfants créent des catégories de « nous » vs. « eux » et qu’ils ne raffinent pas ces groupes pour inclure des origines régionales plus précises que plus tard. Notre étude a comme objectif de mettre en question les attitudes afin d’assurer la vitalité de la communauté franco-albertaine.

Depuis 40 ans, Anna Wierzbicka et environ 50 chercheurs se penchent sur plus de 30 langues pour en extraire des universaux du lexique. À ce jour, une liste de 63 primitifs sémantiques a été empiriquement dressée. Ceux-ci, parfaitement traduisibles dans toutes les langues, sémantiquement simples et universellement intelligibles, se passent de définition : « toi, moi, quelqu'un, quelque chose, penser, vouloir, ressentir, dire, vrai, ne...pas, quand, où, bien, mal, grand, petit, vivre, mourir, etc. ». Accompagnés de leurs règles combinatoires universelles, ils forment la métalangue sémantique naturelle (MSN).

Nous exploitons ce cadre théorique pour décrire les plus fréquents actes de langage qui composent la conversation spontanée telle que transcrite dans le Corpus de français parlé au Québec (CFPQ).

Nous posons l'hypothèse qu'une telle description en MSN peut permettre à un apprenant du français de découvrir les différentes réalisations d'un acte de langage dans sa langue cible, à partir d'une construction intuitive en MSN de ce qu'il veut dire.

Nos résultats attestent de cette nouvelle possibilité pour l'enseignement du français. Nous présenterons un extrait du paradigme « dire » en exemple, où les simples concepts universaux de « vérité, volonté, ressenti » peuvent notamment guider l'étudiant vers 7 actes de langage distincts. Ceux-ci peuvent se réaliser de diverses façons et offrir des variantes ou des dérivés : nous démontrerons que la MSN réussit à décrire tous ces usages.

Il est établi que la production de la parole est étroitement reliée à la perception audio-visuelle de celle-ci. Chez des aveugles congénitaux, la privation visuelle entraîne une réduction des mouvements labiaux lors de la production de voyelles. En guise de compensation, ces personnes accordent-elles plus d’importance à la perception auditive que leurs pairs voyants? L’objectif de l’étude est d’évaluer, via le paradigme de perturbation sensorielle, le poids de la vision dans la production vocalique.

Des enregistrements acoustiques et articulatoires (EMA) de 10 voyants et de 10 aveugles congénitaux ont été effectués. Des répétitions de la voyelle /ø/ en condition normale ont d’abord été produites. Ensuite, en condition perturbée, une version altérée de leur propre parole leur était transmise via un casque d’écoute, en temps réel. La production entendue différait donc de celle produite. Ainsi, pour compenser, le sujet devait adapter sa prononciation. L’adaptation sera d'autant plus grande que le poids de la perception auditive est important pour lui.

Les résultats préliminaires montrent que les sujets aveugles accordent un poids plus important à la rétroaction auditive que leurs pairs voyants en compensant différemment à la perturbation provoquée. Cette étude permet d’observer le rôle de la vision sur la perception et la production de la parole et de confirmer l’hypothèse selon laquelle la vision occupe une place majeure dans l'implémentation phonétique des cibles phonologiques.

Une écoute attentive de conversations à bâtons rompus montre que celles-ci sont parsemées d’hésitations, de pauses dites remplies comme euh, de répétitions, d’autocorrections, de lapsus, etc. Notre recherche porte sur ces imperfections que l’on qualifie habituellement de ratés. Le but est double. Il s’agit 1) de déterminer les mécanismes d'interrelation qui sous-tendent la production de deux paires de ratés (amorce de mot et répétition ainsi qu'amorce de syntagme et répétition) et 2) de vérifier si ces deux paires de ratés exercent une pression l'une sur l'autre dans le tour de parole.

À cette fin deux corpus multimodaux de conversations authentiques sont exploités : le Corpus de langue parlée en interaction (CLAPI) de l’Université de Lyon 2 et le Corpus de français parlé au Québec (CFPQ) de l’Université de Sherbrooke. Un premier coup de sonde dans ces corpus démontre l'existence d'interrelations entre les deux paires de ratés étudiées, mais leur mécanisme et leur influence mutuelle reste à déterminer. 

La recherche s’inscrit dans le champ des études interactionnistes qui focalisent l’attention sur le fait que le locuteur engagé dans une conversation à bâtons rompus construit son discours au coup par coup, en s’ajustant constamment aux réactions de l’interlocuteur produites de manière vocale et mimogestuelle. La recherche permet de mieux cerner le fonctionnement de l'oral spontané en approfondissant les connaissances sur les ratés de l’oral dans une perspective interactive.

Plusieurs études ont analysé le français québécois (FQ) familier, mais peu se sont concentrées sur le FQ soutenu. Les entrevues télévisées permettent de combler cette lacune. Dans cette communication, nous examinons la variation sociostylistique en FQ dans un corpus d’entrevues avec des personnalités publiques, en portant notre attention sur la référence temporelle au futur (RTF).

Les travaux sur la RTF en FQ montrent que l’usage du futur périphrastique (il va partir) est plus fréquent que celui du futur simple (il partira); le présent à valeur du futur (il part demain) est rare. De plus, la RTF est soumise à des contraintes linguistiques et à une stratification sociale en FQ: le futur simple apparaît surtout dans les phrases négatives et revêt un prestige manifeste.

Nous étudions non seulement le rôle du thème de conversation et du degré de familiarité entre les interlocuteurs, mais aussi celui du contexte, en comparant un sous-ensemble de locuteurs interviewés dans 2 contextes conversationnels: l’un où ils abordent des thèmes personnels, l’autre où ils interviennent professionnellement face à un journaliste. Malgré le prestige social lié au futur simple, nous montrons que la RTF en FQ résiste à la variation intrapersonnelle (ou stylistique); il s’agit donc d’un indicateur plutôt que d’un marqueur sociolinguistique.

En analysant la variation sociostylistique en FQ soutenu, cette étude contribue à l’avancement des connaissances en linguistique française et en sociolinguistique.

Cette communication proposera une explication de la montée du sujet/objet et du contrôle par le sujet/objet dans les constructions composées de ‘adjectif + à + infinitif’ en français, en partant d’une description du signifié des unités linguistiques en jeu – à savoir, l’adjectif, l’infinitif et la préposition à – complétée par l’intervention de processus pragmatiques. Face aux approches purement formelles ou notionnelles, une analyse fondée sur la fonction sémiologique du langage sera proposée, qui voit celui-ci comme impliquant la symbolisation de conceptualisations au moyen de séquences phonologiques. Il sera démontré que cette analyse peut rendre compte de phénomènes de montée et de contrôle non expliqués par d’autres approches, tels le fait que la séquence apte + à + infinitif implique invariablement la montée du sujet, la séquence facile + à + infinitif implique invariablement la montée de l’objet, alors que la structure prêt + à + infinitif permet la montée ou bien de l’objet, ou bien du sujet, selon la nature animée ou inanimée de celui-ci (Les hamburgers / Les invités sont prêts à manger). À partir d’un corpus de 700 occurrences de la construction en question, un classement des types d’adjectifs attestés avec les différentes interprétations sera proposé. Le rôle de la présence d’un complément d’objet direct de l’infinitif sera également mis en lumière (Le fax est prêt à envoyer / prêt à envoyer le document).

Traditionnellement, dans les ouvrages grammaticaux , et encore récemment, dans les ouvrages pédagogiques, on a considéré qu’un verbe peut se conjuguer aux temps simples (je marche, il partira) et aux temps composés (j’ai marché, il sera parti). On affirme que les mots dont les temps composés sont constitués forment un seul et même verbe, même si on se trouve en présence de deux mots, et qu’un seul des deux est conjugué. De plus, on attribue à la plupart de ces syntagmes l’étiquette de « temps du passé », ce qui crée une confusion lorsqu’on se trouve en présence d’exemples tels que « J’ai fini dans cinq minutes » ou « Il faut que vous ayez terminé vos devoirs à mon retour », où l’on parle de passé composé et de subjonctif passé, alors que l’on fait référence au futur. Cette façon d’analyser la question pose problème pour l’enseignement à cause des incohérences qu’elle engendre. Pour cette raison, nous souhaitons démontrer en quoi la sémantique grammaticale, une analyse qui vise principalement à expliquer la valeur des notions et des relations grammaticales ainsi que la structuration des parties du discours et de la phrase, pourrait représenter une option intéressante pour l’enseignement de ces syntagmes : elle fait une distinction claire entre le verbe et le participe et met en lumière les relations grammaticales et logiques qui s’établissent entre ces deux concepts.

Les langues naturelles utilisent divers procédés pour la création de nouveaux mots dont l’emprunt, la dérivation et la composition, qui sont pour la plupart motivés au sein de la structure linguistique (Lakoff, 1987). Cette proposition de communication est issue d’un vaste projet visant l’analyse de la forme et de l’acceptabilité de néologismes pour 50 concepts d’astronomie en LSQ. L’objectif de cette présentation est de vérifier si la motivation lexicale observée dans un échantillon de ces néologismes a une influence sur le lieu d’articulation. Sur la base de l’importance de l’iconicité dans les langues des signes (Dubuisson et al. 2000), nous posons l’hypothèse que le lieu d’articulation a une valeur morphémique de distalité dans ces néologismes. Les catégories de description de notre grille descriptive permettent de distinguer des degrés de proximalité/distalité, de bassesse/hauteur et de centralité/latéralité. Ces critères de forme sont croisés avec les catégories morphologiques (dérivation, composition, emprunt) et sémantiques (iconicité, classificateur) de 28 variantes de 17 concepts proposées par un comité de création lexicale des signes de l’astronomie, composé de trois signeurs sourds natifs. Les résultats préliminaires montrent que les 28 néologismes recueillis jusqu’à maintenant ont tous une relation entre une iconicité transparente et au moins l’un des traits de forme suivants : distal, haut ou latéral, appuyant ainsi l’hypothèse de la valeur morphémique.

Le phonème, la plus petite unité linguistique, est considéré ayant une matérialisation aussi gestuelle (Stokoe, 1960). Les travaux sur la syllabe signée ont mis en évidence le rôle central du mouvement phonologique (MP), à travers lequel la séquentialité s’opérationnalise (ex. Sandler, 1989). Brentari (1998) propose une position suprasegmentale pour le MP, liée hiérarchiquement aux autres phonèmes. Dans ce cadre, est-ce que les locuteurs de langues des signes ont conscience du rôle du MP et intervient-il dans leur capacité à manipuler le matériel phonologique? L’objectif actuel est de vérifier l’impact du MP dans des tâches de conscience phonologique chez des enfants (n=18), adolescents (n=17) et adultes (n=21) sourds. Des tests de perception (identification, catégorisation, analyse) et de production (composition, permutation, fusion) ont été effectués sur ces groupes et sur un groupe contrôle de sujets entendants (n=20). Nous présenterons l’analyse statistique (Student-t, nonparamétrique pour réussite et temps de réponse) des données à savoir: i) les trois groupes maîtrisent-ils également les différentes catégories de phonèmes? ii) la nature du MP (interne vs à trajet) influence-t-elle la réussite? iii) le type de tâches intervient-il sur la réussite du MP? Bien que les résultats confirment que les sujets sont sensibles aux catégories de phonèmes, le MP parait être l’élément le plus difficile à manipuler et la tâche semble avoir une incidence sur sa manipulation.

La ville de Montréal est l’une des villes les plus multiethniques du Canada. Compte tenu de cette diversité, il y a une grande proportion d’enfants qui apprennent deux phonologies ; la phonologie de leur langue maternelle et celle du français.



L’interaction entre ces deux systèmes phonologiques peut influencer le développement de la phonologie de la langue seconde. Le but de cette présentation est de comparer les compétences phonologiques en français des enfants allophones à celles des enfants francophones unilingues issues d’études précédentes. Nous avons évalué 50 enfants allophones à la fin de la maternelle avec une tâche de dénomination de mots (MacLeod, 2014). Une transcription des productions des enfants a été complétée et utilisée pour les analyses de production des consonnes.



Les résultats démontrent que les enfants ont un taux de précision généralement élevé (moyenne de 95%), mais qu’ils étaient moins précis en position finale de mot (moyenne de 88%). De plus, les enfants avaient besoin d’indice ou de modèle pour 26% des mots (enfants francophones de 4 ans n’ont besoin que 7% d’indices dans cette tâche).



Les conséquences pour le développement des connaissances sur l’apprentissage du français comme langue seconde et de la pratique clinique en orthophonie seront discutées.

Nous présentons le corpus Arabic TreeBank, une ressource que nous avons développée au sein de la Linguistic Data Consortium. Il s'agit d'un corpus de 600,000 mots annotés syntaxiquement selon la structure Penn TreeBank. Cette ressource est annotée selon une approche d'annotation manuelle. Nous décrivons, les différentes étapes de ce projet y compris la préparation et le choix des données, l'infrastructure informatique et l'outil d'annotation, les choix méthodologiques qui ont guidés les diverses phases de préparation du corpus y compris les difficultés linguistiques. Enfin, Nous formulons les enjeux d’une telle ressource pour la linguistique et le traitement automatique du langage et nous présentons les premières exploitations.

L’exposé que je propose porte sur le dialecte inuktitut de la baie d’Hudson, et traite
de récents changements morphosyntaxiques dans les constructions transitives. Il
existe peu de travaux linguistiques qui ont étudié l’inuktitut du Québec,
hormis les travaux de Lucien Schneider (1966; 1976; 1979) et de Louis-Jacques
Dorais (1977; 1978), ainsi que des publications en pédagogie (Mallon, 1992;
Ortiz, 1993). À l’été 2011, j’ai effectué une collecte de données à Inukjuak. L’examen
du corpus linguistique révèle que les analyses proposées par les auteurs ci-dessus
ne rendent pas compte de données actuelles. Traditionnellement, il est reconnu
que l’inuktitut affiche un alignement morphologique ergatif, c’est-à-dire que
le sujet d’une construction intransitive et l’objet d’une construction
transitive sont marqués morphologiquement de la même façon, tandis que le sujet
d’une construction transitive reçoit une marque morphologique distincte (un cas
ergatif). Il est admis aussi que l’inuktitut présente un syncrétisme morphologique
entre les constructions transitives et possessives. Ces caractéristiques ont
été rapportées dans tous les dialectes de la langue inuite. Or, dans le dialecte
de la baie d’Hudson, la marque casuelle ergative n’est plus employée, et le
syncrétisme entre les constructions transitives et possessives est ainsi en
train de disparaître. Ma communication vise à analyser ces changements et leurs
implications dans le fonctionnement de la transitivité dans ce dialecte.

Si le bilinguisme au Canada est synonyme de « traduit de l’anglais », ce serait le caractère idiomatique de la langue qui serait atteint, c'est-à-dire l'ensemble des habitudes de langage auxquelles se conforment les utilisateurs de cette langue (Delisle, 1998).

Notre problématique se place au cœur d’une approche communicationnelle qui aborde la question de la traduction de l’idiotisme vue par le lecteur de ce texte de presse, ce lecteur « utilisateur » de la langue française. Afin d’avoir un échantillon représentatif, nous avons choisi de préciser un écart de temps de 5 ans, allant du 31 janvier 2017 à la fin décembre 2022. Le corpus constitue donc un ensemble de nouvelles, contenant l’expression idiomatique « the elephant in the room », traduite de l’anglais au français par la Presse Canadienne, classifiées grâce à la base de données Eureka.

Les résultats d’analyse des traductions journalistiques de l’idiotisme « the elephant in the room » nous ont permis de dévoiler plusieurs défis (défis rédactionnels du rythme et de la poétique du texte de presse français, du défigement et de l’équivalence, de l’humour et de la couleur idiomatique). Nous avons démontré, à travers l’analyse des défis d’ordre rédactionnel (Delisle, 2003), abordés du point de vue de la logique/style, que la cohérence du réseau lexical, la non- coexistence de l’idiotisme traduit « the elephant in the room » avec d'autres idiotismes influent sur la qualité du texte en français et mènent à son appauvrissement. 

La didactique contemporaine maintient la thèse posant la langue en tant qu’outil de communication. Sur la base de la tradition de Port-Royal, le langage est compris comme expression de la pensée, mettant en avant certains critères qui rendent compte d’une tendance fonctionnelle du langage. Pourtant, la parole des sujets révèle une tout autre chose, laquelle est ignorée à l’heure actuelle : certains manques produits dans la communication. Cela dévoile une autre dimension faisant référence à une position débordant le point de vue de l’« instrument de communication ». Dans cet autre contexte, la langue est perçue comme substance et transforme, cela est mis en évidence par différents éléments. D’une part, la position de certains linguistes – accordant un statut prioritaire au langage par rapport à la pensée – révèle le rôle du langage dans la constitution du sujet. D’autre part, la relation des écrivains avec la langue montre certains faits importants : le pouvoir de la parole, son rôle transformateur, une fonction créative. Aspects mis en valeur par la théorie psychanalytique lorsqu’elle valorise une vision du langage notablement différente de celle préconisée par l’enseignement actuel. Sur la base de cette problématique, je formule une question : comment la classe de langue étrangère se constitue en un espace créateur ? Pour y répondre, j’entreprends une analyse sur la base d’un paradigme rationnel, appuyée par des observations des classes hispanophones apprenant le français.

Dans les langues des signes, les locuteurs peuvent produire des mots empruntés aux langues orales par épellation digitale lorsque le signe correspondant est inconnu ou inexistant. Le rapport à l’épellation, documenté pour la LSQ, est différent d’une langue à une autre, et distingue deux types d’épellation, soit lexicale ou compensatoire  (Dubuisson et al., 1999 ; Battison, 1978). Ce dernier type, contextuel, se trouve plus particulièrement dans le discours interprété où l’accès lexical est plus difficile. La présente étude propose une analyse de 146 mots épelés par des interprètes experts (n=7) et débutants (n=4) issus de deux types de contexte discursif (un récit d’expérience personnelle et une discussion scientifique). Plus précisément, nous analysons la distance phonologique (élision, assimilation et remplacement) entre la forme canonique et la forme produite. Nous montrerons que les variables « type de discours » et « degré d’expertise » ont une incidence sur la distribution statistique et la forme des épellations décrites.

La présente étude longitudinale évalue le développement de la capacité orale des élèves (1H à 4H) d’une école publique suisse reposant sur l’enseignement par immersion réciproque et dont les élèves sont germanophones, francophones et allophones. L’enseignement est dispensé pour moitié en allemand et pour moitié en français.

L’objectif de cette recherche consiste à mesurer la capacité à utiliser les langues de scolarisation à des fins communicatives. Notre corpus se base sur les outcomes d’interviews semi-dirigées et axées sur la performance conduites dans les deux langues, à savoir dix interviews au total pendant quatre ans (n=868).

Nous combinons deux approches: l’analyse qualitative décrit les stratégies du «translanguaging» (García, 2009) utilisées par les élèves, alors que l’analyse quantitative évalue leur capacité à utiliser la langue de façon communicative.

Cette étude suggère que la langue seconde des élèves en immersion réciproque suit une évolution impressionnante, surtout chez les élèves allophones. La langue première des élèves de cette école bilingue se développe aussi bien que chez les élèves des écoles monolingues. En comparant les élèves francophones et germanophones en immersion réciproque, on remarque que les taux de développement des premiers stagnent vers la fin de l’étude, probablement en raison de la diglossie alémanique.

Malgré certaines appréhensions, il semble que l’immersion réciproque ne soit pas un risque pour le développement de la capacité orale.

Le Programme de formation de l’école québécoise (PFEQ, 2001) fait des liens fréquents entre langue et culture et souligne que « l’école est invitée à porter une attention toute particulière à l’apprentissage du français, langue maternelle ou langue d’appartenance culturelle. » (p. 4) En effet, pour que les élèves parviennent à assimiler le registre standard, il faut qu’ils soient en mesure de le situer notamment par rapport aux autres registres en fonction des situations de communication, mais aussi par rapport aux autres variétés de français auxquelles ils sont confrontés. L’enseignement de la langue doit ainsi tenir compte du:

«[…] bagage linguistique avec lequel nous arrivons à l’école lorsque nous y mettons les pieds pour la première fois. Ajoutons à cela qu’en contexte québécois, l’école doit par ailleurs tenir compte du fait que le registre standard est différent à certains égards de celui que valorisent d’autres communautés francophones.» (Remysen, 2018 : 47)

Or, après analyse, notamment du PFEQ et de la formation des maitres, nous constatons que des éléments de variation sont présents, mais l’enseignement de la variation linguistique elle-même est absente des objectifs d’apprentissage et mal comprise par les enseignant.e.s. Pour combler cette lacune, nous proposerons un outil didactique, fruit de notre maîtrise en linguistique, pour enseigner la variation au premier cycle du primaire, premier contact des élèves avec la langue standard et avec l’enseignement de celle-ci.

J’étudie, en syntaxe, les prépositions sans, sauf et sous en français standard. Le postulat de base de mes recherches sous-tend que ces prépositions restrictives ont une portée étroite sur la phrase et que leur structure interne se développe de la même façon que celle des mots interrogatifs wh- (ex : Tu sors sans chapeau). Je présente une structure syntaxique à deux niveaux (c’est-à-dire une projection fonctionnelle qui comporte deux têtes) où le s- est engendré sous la tête supérieure et où les variables -ans, -auf, -ous sont engendrés sous la deuxième tête. Selon moi, la consonne initiale s- pourrait agir comme opérateur privatif à l’instar du a- ou du an- privatif contenu dans des mots comme amoral, atypique, analphabète (Gaatone 1971). Cette consonne s- s’accompagne d’un élément vocalique : -ans, -auf et -ous. Cette hypothèse se vérifie lorsque l’on étend le paradigme à certains verbes comportant ce s- privatif, par exemple défaire du mot latin desfaire, déshabituer, désaccord ou déshabiller. Je cherche aussi à définir la portée de ces prépositions. Certains tests peuvent être appliqués pour déterminer si leur portée est large ou étroite par rapport à la phrase dans laquelle elles se trouvent (Haegeman 1995). L’étude de la préposition et de sa structure pourra permettre d’étendre ses caractéristiques et de faciliter l’assimilation de son emploi (qui s’avère ardu chez les apprenants).

La production des expressions référentielles (ER) joue un rôle central dans la communication humaine: pour communiquer, on doit être d'accord sur l'objet dont on parle et le localiser dans l'espace. Les études ont montré que les locuteurs surspécifient spontanément lors de la production des ER, c'est à dire qu'ils y incluent plus d'information que n'est strictement nécessaire pour l'identification. Il y a deux explications existantes pour ce phénomène: (1) La surspécificationest un résultat des ressources cognitives limités des personnes et (2) La surspécificationest un outil de communication qui donne plus de chances aux locuteurs de se mettre d'accord et s'aligner sur l'objet dont ils parlent.

Notre hypothèse est cohérente avec l'explication (2) – on croit que en surspécifiant lors des premiers stades d'un échange, les locuteurs assurent que toutes les caractéristiques du référent sont accessibles plus tard. Afin de tester cette hypothèse, on a conçu une expérience avec une situation d'acquisition de langue seconde, où on a comparé deux groupes d'apprenants : un groupe recevait des expressions minimales et l'autre recevait des expressions surspécifiées. Nos résultats ont montré que quand les apprenants ont pratiqué avec des expressions surspécifiées, ils retenaient mieux des nouveaux mots. Ceci semblerait confirmer notre hypothèse que lasurspécificationest un outil utile dans la communication à long-terme et aide la compréhension tout au long du processus communicatif.

Deux approches de l’enseignement de la prononciation se côtoient : l’une non intellectualisée et basée sur la prosodie, avec la Méthode Verbo-Tonale (MTV), et l’autre métalinguistique et basée sur le segmental, avec la Méthode Articulatoire. Sachant que la prosodie est profondément ancrée dans notre comportement verbal, qu’elle est à la base des processus d’encodage et de décodage du langage (Di Cristo, 2004) et que les éléments prosodiques sont déterminants dans la perception d’un accent étranger (Jilka, 2000; Birdsong, 2003; Vieru & Boula de Mareüil, 2006; Kaglik & Boula de Mareüil, 2009, 2010) nous pensons que l’oral, en général et la prononciation, en particulier, devraient être enseignés avec la MTV et ce, dès le niveau débutant. D’après nous, la fluence et la prosodie sont étroitement corrélées. Acquérir la fluence de la production présuppose la mise en place de la compétence rythmique des apprenants. Nous avons donc formulé l’hypothèse que seuls les apprenants qui auront suivi des cours de correction phonétique via la Méthode Verbo-Tonale amélioreront la fluence de leurs productions de parole. Pour tester cette hypothèse, nous avons expérimenté les deux méthodes, la Verbo-Tonale et l’Articulatoire, dans nos classes de phonétique corrective. Nous avons constaté que les résultats étaient meilleurs quand 1) l’enseignement se faisait avec la MTV et quand 2) celui-ci était proposé dès le niveau débutant, car les apprenants de niveau avancé auront fossilisé leurs erreurs.

L’analyse acoustique des voyelles repose traditionnellement sur l’estimation de la fréquence centrale des deux ou trois premiers formants (F1, F2 et F3) lorsque ces derniers sont stabilisés, soit généralement à 50 % de la durée. Cependant, certains chercheurs considèrent que les voyelles doivent être interprétées non pas comme des cibles statiques, mais comme des trajectoires, en tenant compte de l’évolution temporelle des formants et de la fréquence fondamentale. Dans la présente contribution, notre objectif est de déterminer si la description acoustique d’une parole dysarthrique parkinsonienne peut être bonifiée par cette prise en compte. Les voyelles /i/, /a/ et /u/ suivant les consonnes /p/, /t/, /k/, /b/, /d/, /g/ produites par cinq locuteurs dysarthriques parkinsoniens traités par Lee Silverman Voice Treatment (LSVT) ont été analysées. F1, F2 et F3 à 25 et à 75 % de la durée vocalique ont été relevés. D’une part, les comparaisons intra-individuelles avant et après traitement n’ont pas permis de constater un important changement dans l’évolution temporelle des formants. D’autre part, il semble que la dynamique spectrale soit moindre ou différente chez ces sujets comparativement à ce qui a été constaté dans les études antérieures portant sur la parole normale. Afin de vérifier si ce résultat est dû à un potentiel effet de vieillissement de la parole, une comparaison avec des locuteurs contrôles d’âge comparable à celui des sujets parkinsoniens sera également présentée.

Cette étude de type mixte se veut une analyse des besoins langagiers d’assistants d’enseignement internationaux (AEI) dans des programmes de sciences et de génie. La collecte et l’analyse des données ont été réalisées en adoptant le modèle d’analyse des besoins langagiers (Long, 2005) et les modèles de compétence communicative et de caractéristiques des tâches (Bachman & Palmer, 2010). Les données ont été recueillies auprès de 84 participants (AEI, directeurs de recherche, étudiants de 1er cycle) à l’Université Laval en utilisant des questionnaires, des entrevues et des observations. Les résultats d’analyse MANOVA indiquent : l’absence des compétences des AEI en français pour réaliser des tâches interactionnelles et un niveau de compétence langagière plus élevé en anglais qu’en français. De plus, les résultats qualitatifs (entrevues et observations) confirment l’incapacité des cours de formation à améliorer les habiletés langagières académiques (en français et en anglais) pour les AEI. Nous avons défini des tâches et des construits à inclure dans un test d'admission potentiel et proposé un plan pour le développement d'un tel test.

Bachman, L. F., & Palmer, A. S. (2010). Language assessment in practice: Developing language assessment and justifynig their use in the real world. Oxford: Oxford University Press.

Long, M.H. (2005). Methodological issues in learner needs analysis. In M.H. Long (Ed.), Second language needs analysis (pp. 19–76). Cambridge: Cambridge University Press.

La croissance du vocabulaire chez les jeunes enfants bilingues n'a jamais été comparée directement avec celle des monolingues durant la période de l'explosion du vocabulaire. En outre, bien que l'efficacité de la compréhension des mots des jeunes monolingues augmente au cours de la deuxième année, cela n'a pas été examiné chez les enfants bilingues. Nous avons testé un groupe composé de 38 enfants bilingues français/anglais et de 52 enfants monolingues francophones. Chaque groupe a été évalué à l'âge de 16 mois (M = 16,69, SD = .71), puis 6 mois plus tard. La taille du vocabulaire réceptif et la rapidité d’accès lexical pour des mots familiers ont été évalués à l'aide du Computerized Comprehention Test (Friend & Keplinger, 2003).Ce test informatisé nécessite de toucher le référent de 41 mots sur un écran tactile (noms, adjectifs et verbes). Les résultats ont révélé que les monolingues ont un vocabulaire supérieur lors de la Phase 2 . Les bilingues ont aussi augmenté leur vocabulaire dans leurs deux langues. Leur rapidité d’accès lexical s’est également améliorée dans les deux langues. Lorsque nous avons analysé la croissance (Phase 2 - Phase 1/Phase 1) pour chacune de ces variables, une augmentation plus importante du vocabulaire a été observée chez les bilingues, mais seulement pour L1. Ces résultats mettent en évidence des similitudes et des différences dans le taux de croissance du lexique précoce chez les jeunes enfants monolingues et bilingues.

Cette étude s'intéresse au fonctionnement d'une classe de verbes spécifique : les verbes de son, qui forment une classe sémantiquement homogène parce qu'ils partagent un sens relatif à l'émission d'un bruit ou d'un son. Plus particulièrement, il s'agit d'une description des verbes gargouiller et retentir. L'étude de ces verbes repose sur l'analyse d'un corpus écrit et comporte trois étapes : une analyse syntaxique, un typage lexical et une analyse en sémantique cognitive. L'analyse syntaxique consiste à identifier les éléments qui apparaissent aux côtés des verbes ciblés (syntagme nominal, syntagme prépositionnel) et à dégager les patrons syntaxiques dans lesquels ces verbes de son peuvent entrer. Ces patrons syntaxiques sont précisés par le typage lexical : les éléments qui accompagnent les verbes sont associés à des types sémantiques (entité concrète, lieu, partie du corps, etc.). Les résultats obtenus sont ensuite insérés dans le schéma conceptuel de la perception auditive proposé par Piron (2006). Les trois premiers paramètres de ce schéma, soit l'émission sonore, la propagation sonore et la réception acoustique, permettent de rendre compte des verbes de son à l'étude. Il est montré que les différentes acceptions des verbes de son correspondent à différents cas d'exploitation du schéma conceptuel.