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L’Internet est un média qui diffuse toutes sortes de formats se déclinant en plusieurs genres (des textes, des images, de l’audio, des images animés) ayant diverses origines. Parfois certains documents sont conçus pour d’autres médias, par exemple la télévision, et s’importent sur le web, et d’autres sont conçus pour être diffusés et consommés sur le web et rayonnent ensuite dans un autre média. Certaines œuvres tentent même d’être interactives, par exemple une forme hybride entre l’image en mouvement et le jeu vidéo. Cette multitude d’objets audiovisuels se trouvant sur Internet évoque le problème de leur définition et de leurs caractéristiques. Comment les différencier les uns des autres? De nombreux vidéos forment une série, mais sont-ils tous des webséries? Le terme websérie est présentement utilisé pour englober plusieurs types d’oeuvres qui sont un peu fictionnelles, un peu documentaires et un peu d’autres choses. Il est important de relever les caractéristiques de la websérie et de tenter une première définition d’un nouveau genre. En comparant différentes webséries québécoises avec des genres établis au cinéma (saga, feuilleton) et à la télévision (sitcom, série lourde), il est possible de faire ressortir certaines caractéristiques de la websérie. Cette analyse s’appuie sur les travaux de Barrette (2010), de Jost (2011) et d’Arsenault (2011).

J’envisage d’étudier La biographie imaginaire de Désiré Nisard par Éric Chevillard. Désiré Nisard a réellement existé. Des fragments de sa biographie, au sens classique du terme sont insérés à l’intérieur du récit relatant sa vie telle qu’elle est imaginée par Chevillard.

Pourquoi le choix de ce personnage moins illustre, par exemple  que «Charles Baudelaire ou Jules Barbey d’Aurevilly »? Chevillard tient son biographé  pour responsable de tous les malheurs : il est l’incarnation du mal et de tout ce qu’il déteste en littérature. Chevillard condamne ses positions critiques et sa conception de la littérature  que résume sa phrase qui suit : « Ce qui fait la gloire des siècles d’or et l’inépuisable popularité de leurs grands hommes, c’est qu’ayant fondé des monuments de raison, ils échappent aux caprices de l’imagination […] » (p.23, 24). Cette phrase peut se lire comme un plaidoyer en faveur des classiques et un réquisitoire contre les romantiques.

Le dessein de Chevillard est clair et annoncé dès le titre. Et c’est justement par les « caprices de l’imagination » qu’il entreprend sa démolition et l’écriture d’un livre sans Nisard, un livre qui rejette l’héritage classique. 

L’approche adoptée est l’approche biographique et plus précisément la biographie imaginaire. L’analyse du récit repose moins sur le portrait littéraire que sur les types de filiation élaborés par Robert Dion et Frances Fortier.

 

La notion de non-public se définit principalement par contraste ou en opposition avec celle de public (Jacobi et Luckerhoff, 2010). Cette notion qui a servi à identifier les individus qu’on ne compte pas parmi les publics de la culture cultivée a contribué à confirmer l’existence d’une hiérarchie des pratiques, des institutions et des habitus en fonction de leur légitimité (Le Marec, Schiele, Luckerhoff, 2021). Cette perspective négligeait le fait qu’un même individu puisse appartenir au public de la culture légitimée tout en s’adonnant à des pratiques peu légitimées. Considérant qu’il n’existe pas de réelle frontière entre le public et le non-public, des chercheurs ont refusé de définir les non-publics dans une perspective essentialiste – qui reviendrait à essayer de cerner qui ils sont – pour embrasser le projet de caractériser, tant par l’observation que par la cueillette et l’analyse de témoignages, ce qu’ils font (Lapointe et Luckerhoff, 2021). Il est possible pour des acteurs d’être plus ou moins publics et plus ou moins non-publics. Nous avons analysé 210 publications scientifiques portant sur les non-publics afin de dégager les nombreuses raisons d’être non-publics. Nous nous sommes intéressés à mieux comprendre les raisons du désintérêt chez différentes catégories de non-publics de même qu’à saisir la manière dont l’acte de réception positionne l’individu sur le continuum se déployant entre les pôles public et non-public.

Dans les romans retenus pour la présente étude, on remarque que le « je » occupe une place essentielle. Le premier de ces romans Dernier amour de Christian Gailly raconte l’histoire d’un compositeur de musique contemporaine affrontant plusieurs événements décevants, le narrateur hétérodiégétique et omniscient deviendra au cours de l’histoire homodiégétique omniscient et se confondra par moments avec le personnage principal Paul Cédrat. Cette pratique narrative rend ambiguë l’histoire racontée et déstabilise les conventions de la narration réaliste puisque le statut du narrateur n’est pas constant. Le même problème apparaît dans deux autres romans choisis pour cette étude. Dans Tarmac de Nicolas Dickner, le narrateur homodiégétique rapporte l’histoire de Hope, son amie. L’invisibilité du narrateur et son incapacité à s’imposer comme sujet de son récit, de même que son omniscience non justifiée rendent  problématique son existence au sein de l’histoire et nécessitent que l’on s’y intéresse. Dans La maison des temps rompus de Pascale Quiviger l’identité de la narratrice n’est jamais révélée. Pourtant, celle-ci raconte sa propre histoire depuis sa naissance jusqu’au moment de l’écriture de sa vie. De plus, son omniscience irrégulière rend la situation narrative doublement transgressive. Il faudra donc étudier la situation narrative dans ce roman afin de comprendre le motif derrière ces entorses à la vraisemblance pragmatique. 

Au Québec, le nombre de livres électroniques (LN) vendus a oscillé entre 505 657 en 2014 et 583 693 en 2022 (OCCQ, 2023). Bon an mal an, ce marché demeure relativement restreint. Le nombre de LN empruntés dans les bibliothèques est cependant en hausse alors que les emprunts de livres papier (LP) sont en baisse (Lapointe, Luckerhoff et Niort, 2023). 

Nous avons voulu connaître les raisons qui expliquent le passage du LP au LN chez des lecteurs. Nous avons animé des entretiens individuels et de groupe avec plus de 70 personnes dans une démarche qualitative (Luckerhoff, Guillemette et Lalancette, 2023) inductive (Germain, Guillemette, Luckerhoff, 2023) et nous les avons analysés selon les principes des approches inductives (Guillemette et Luckerhoff, 2023a, Guillemette et Luckerhoff, 2023b). Nous avons créé un échantillon théorique diversifié, notamment sur les plans sociodémographiques et des profils en lien avec la lecture.

Des participants trouvent qu’il est plus aisé de lire au format numérique, notamment en raison de la possibilité de grossir les caractères et de la légèreté de la liseuse. D’autres évoquent la possibilité d’avoir plusieurs livres à lire dans un seul dispositif, les coûts moins élevés et la facilité à se procurer des livres en ligne. Nos résultats de recherche permettent aussi d’identifier des changements dans les habitudes d’emprunt et d’achat et de mieux comprendre comment les lecteurs de LN découvrent des titres et des auteurs dans ce contexte.

Les rapports problématiques entre individus sont fréquemment représentés en littérature de la francophonie. Le mal-être général consiste à ne se reconnaître ni dans l’image projetée, le stéréotype, ni dans l’idéal intériorisé par la société. Ceci occasionne une fracture dans les relations et un écart vis-à-vis de l’Autre. Les écrits de la Négritude font état d’une rencontre manquée entre le colonisateur européen et l’Africain. Cette situation, vécue de la perspective du colonisé, permet de débâtir les idéologies et de les réorienter vers une acceptation de soi et de l’Autre. Léon-Gontran Damas, co-fondateur du mouvement, manifeste dans sa poésie les impacts de ce détachement, car ses poèmes présentent plusieurs situations dans lesquelles des sujets ne peuvent entrer en contact, ce qui est source de tension.

Il s’agira, dans le cadre de ce colloque, d'interroger la problématique de la communication dans le recueil Pigments de L.G. Damas. Nous nous demanderons comment elle se définit, quels sont ses moyens et ses visées. La communication, que nous entendons en terme d’interrelation, semble revêtir plusieurs fonctions. On peut s’exprimer pour expliquer, pour démontrer, pour informer, etc. Outre la parole, les silences et les gestes peuvent communiquer. Nous supposons qu’elle manifeste la volonté d’un émetteur d'échanger avec un récepteur et imaginons un effet idéologique sur les deux instances. Les théories de l’énonciation viseront à éclairer le jeu d'interlocution et sa portée. 

Écrivaine française contemporaine, Christine Montalbetti a publié depuis 2001 chez P.O.L onze ouvrages en prose, dont trois — Western (2005), Journée américaine (2009) et Plus rien que les vagues et le vent (2014) — mettent en scène des histoires se déroulant aux États-Unis. Ces « romans américains » se distinguent des autres œuvres par leur hétérolinguisme, c’est-à-dire par « la présence dans le texte d’idiomes étrangers » (Rainier Grutman), ici de langue anglaise. Après avoir proposé un relevé succinct de ces occurrences hétérolingues, nous les analyserons dans la perspective de la linguistique énonciative et les mettrons en relation avec la poétique méta-réflexive privilégiée par Montalbetti dans le reste de son corpus ; ce faisant, nous révèlerons comment elles participent à la mise en place de l’ethos érudit marquant la production scripturale de l’auteure.

En Ontario français, l'école s'est donné le mandat de promouvoir la langue et la culture françaises et reconnaît que l'art peut y contribuer (Ministère de l'éducation de l'Ontario, 1999, 2000, 2004). Les recherches ont principalement porté sur l’expérience des élèves et des enseignants, (Théberge, 2006a, 2006b, 2006c, 2007a, 2007b), plus rarement sur celle des professionnels (Théberge, 2008 et 2009). La présente recherche examine comment des artistes du théâtre franco-ontarien créent pour le public adolescent et comment ils pensent contribuer à son éducation artistique et culturelle. Le cadre conceptuel s'inspire du modèle systémique de créativité (Csikzentmihalyi, 1999, 2006) qui permet d'identifier la relation entre artiste et public dans le processus de création. Les données présentées sont issues d'une recherche doctorale de nature ethnométhodologique incluant seize artistes en période de création.  La communication présente trois concepts émergents: l'artiste conteur, l'artiste formateur et l'artiste passeur (Thibault, 2010). Cette recherche fait connaître le travail des artistes, leurs initiatives et les besoins qu'ils identifient en matière de formation du public adolescent et des adultes qui l'accompagnent. Les résultats peuvent contribuer à approfondir l'intégration de la création professionnelle à l'éducation artistique et culturelle en Ontario français. 

Écrivaine française d’origine vietnamienne, Linda Lê, une « femme tentée de noir » (N. Huston, 2004), pratique une « écriture du manque », cruelle et mortifère (M. Bacholle, 2006). Les Trois Parques (1997), premier opus d’un triptyque consacré au deuil du père demeuré au Vietnam, relate une relation filiale ardue et des retrouvailles ratées, dans une logorrhée où prédomine une oralité sadique. Lors de cette communication, j’étudierai les motifs de la nourriture et de l’incorporation mélancolique (N. Abraham et M. Torok, 1978; J. Kristeva, 1987) dans la production de Lê en m’attardant au récit Les Trois Parques. Contrastant avec la cuisine simple du roi Lear, les recettes sanglantes de lady Chacal – pensons aux mets de fête inusités inscrits dans le codex – sont souvent des objets de convoitise inaccessibles dont l’étrangeté amène la rhétorique culinaire dans un lieu qui n’est pas celui de l’exotisme. (T. Do, 2004, p. 43) Dans le roman, plusieurs descriptions alimentaires suscitent en outre le dégoût : lors de la noce normande, la cadette n’en peut plus de voir son Théo manger malproprement, alors que la cousine Manchote vomit durant le service du dessert. Pour C. Selao, le récit Les Trois Parques invite à une lecture d’une parole déplacée, inconvenante et en quête d’une place. (2011, p. 19) La métaphore alimentaire, qui constitue une modalité du récit de l’exil chez Lê, traduit à mon avis une acculturation culturelle qui achoppe et un questionnement de la transmission.

L’humour est bel et bien littéraire. Au Québec, le foisonnement des spectacles d’humour ont favorisé la recherche sur le sujet. Plusieurs thèses (M. Mazalto, G.Michaud, etc.) et articles universitaires (L. Joubert, E. Pillet, J.-M. Defays, etc.) rattachent désormais l’humour au domaine de la littérature. Ainsi, les spectacles d’humour, ces monologues ou encore numéros de stand-up, sont particulièrement actifs au Québec pour une population francophone de 7 millions d’habitants.

Les spectacles d’humour sont hybrides : ils empruntent au conte, à la chanson, au poème, au théâtre, à la nouvelle, au manifeste, à la fable et à la chronique journalistique. Deux théoriciens, J.-M. Moura et J. Sareil, ont aussi creusé la question, ne rendant plus possible d’évincer l’humoristique de la littérature. S’il ne s’est pas encore taillé une place comme genre à part entière, le monologue humoristique l’a certainement fait du côté de la culture québécoise, là où les spectacles dominent littéralement le marché. L’humour de scène québécois est davantage théâtralisé que celui des stand-up américains, mais moins qu’en France.

L’omniprésence des spectacles d’humour sur les scènes québécoises sont parlant à plusieurs égards, mais lesquels? L’humour présenté devant public est fortement lié à une question identitaire : celle d’un peuple qui se différencie de ses voisins. Qu’est-ce qui poussent les Québécois à renouveler leur expérience des représentations humoristiques, lieu de rassemblement ?

La présente contribution qui s’appuie sur deux concepts de la pragmatique, l’illocutoire et le perlocutoire, part du système anthroponymique des sociétés tchadiennes et montre les pouvoirs des noms propres comme énoncés performatifs. Au Tchad, les noms ne sont pas « simplement des marques [des] individus » (John S. Mill 1882 : 39), ils ont une visée perlocutoire, celle de « prendre effet » (Austin 1970 : 129) sur le porteur qui subit le destin consigné dans son nom. D’ailleurs l’adage latin Nomen omen, signifiant le nom est oracle et présage (Jacques Ferry 2014 :77) vient soutenir un autre proverbe tchadien qui veut que le nom est une chose qui fait la personne. C’est donc dire que l’assignation du nom crée le destin (illocutoire) qui est imposé au porteur par le fait de lui assigner ce nom (perlocutoire) qui va définir sa trajectoire personnelle. En envisageant le nom comme acte de langage, l’analyse va faire ressortir quelque typologie des noms tchadiens pour montrer leurs usages sociaux comme lieu de cristallisation identitaire et mémorielle. Cette contribution s’inscrit dans une recherche doctorale en cours portant sur la transmission de la mémoire des conflits tchadiens (guerre civile et dictature) à travers les témoignages des survivants. La présente analyse vise donc à rendre compte d’un aspect de notre travail qui aborde le système anthroponymique des sociétés tchadiennes. À terme, nous visons à montrer les fonctions sociales des noms dans les cultures orales en général.

Fabien Gris qualifie la littérature française contemporaine de « lieu de mémoire.s » (Gris, 2016). Par là, il entend que certain.e.s auteur.ice.s font dialoguer la mémoire intime avec la mémoire culturelle. De ces œuvres de mémoire.s, on trouve quelques textes autobiographiques qui se réfèrent à des œuvres cinématographiques pour mieux questionner la mémoire filiale. C’est ce type de récit mémoriel que je souhaite étudier dans le cadre de cette communication à l’aide de la notion d’« effet de projection » (Martin (2019) et Murzilli (2015), un procédé selon lequel la narratrice-personnage projette sa pensée, ses souvenirs et son vécu, ou ceux d’autres personnages, dans une œuvre filmique.

Plus particulièrement, je souhaite m’attarder à Supplément à la vie de Barbara Loden (2012) de Nathalie Léger et Thelma, Louise & moi (2018) de Martine Delvaux. Je veux en effet démontrer comment Léger et Delvaux inscrivent leur récit mémoriel dans une « filiation féministe » (Brassard, 2020) en mettant en parallèle une matière autobiographique avec le parcours des créatrices et héroïnes des films Wanda (Loden, 1970) et Thelma & Louise (Scott, 1991). Cette étude me permettra de démontrer que « l’effet de projection » permet à Léger et à Delvaux de remettre en question le récit de filiation tel que théorisé par Dominique Viart (2019) pour situer plutôt leur filiation dans une sororité symbolique féministe.

L’imaginaire occidental semble empreint d’un « sublime technoscientifique » qui à la fois modèle notre rapport au monde et en est le produit. Le développement accéléré des sciences et des techniques (et leur convergence, ce qu’on appelle désormais les « technosciences ») et les mutations industrielles entretiennent cette image du sublime. Bien plus, les acteurs majeurs de ce « sublime technoscientifique » (l'ingénieur notamment) sont devenues des héros, les figures tutélaires du contemporain .Par le sublime technoscientifique, l'homme moderne exprime ses fantasmes et ses aspirations. L’analyse de textes littéraires nous permettra d’identifier les ressorts de ce sublime technoscientifique qui nous apparaît comme l’un des aspects majeurs et moteurs de l’imaginaire contemporain. En effet, la production littéraire contemporaine y recourt fréquemment, en particulier dans la littérature française où l’ingénierie et l’industrie apparaissent de façon récurrente. Pour étayer notre propos, nous nous concentrerons sur l’étude de récits et de romans : Paysage fer de François Bon (Verdier, 2000), Les Forges de Syam de Pierre Bergounioux (Verdier, 2007), Atelier 62 de Martine Sonnet (Le Temps qu’il fait, 1968), La Centrale d’Elisabeth Filhol (POL, 2010) et La Naissance d’un pont de Maylis de Kerangal (Verticales, 2010).



Des années 1930 aux années 1980, Gilles Beaugrand-Champagne a dirigé, à Montréal, un atelier d'orfèvrerie qui a produit des milliers d'objets pour la clientèle ecclésiastique canadienne et américaine.

Le mode de production de son atelier était hérité de la tradition académique, dans laquelle l'objet d'art est associé au maître de l'atelier et signé de son nom, même si ce dernier n'est responsable que du dessin initial, alors que les étapes de production de l'objet étaient confiées à des artisans expérimentés. Notre présentation exposera la structuration de cette pratique, qui a permis à Gilles Beaugrand - c'est sous ce nom qu'il a fait carrière – d’être le créateur de nombreux objets de culte. Les œuvres de Beaugrand, aujourd'hui éparpillées dans des églises du Québec et de l'étranger, présentent une grande variété stylistique, en raison des goûts des clients et de l'évolution des courants artistiques. Parmi ces objets, notre communication permettra de mettre en valeur ceux qui présentent des formes et un décor hérités de l'art déco français des années vingt et trente, auquel Beaugrand était fortement attaché. Ils constituent non seulement un patrimoine moderne, à redécouvrir et à inventorier, mais aussi des ensembles décoratifs à considérer dans une perspective internationale. Une partie des données que nous utilisons proviennent du fonds d’archives de l’atelier Beaugrand, conservé à Montréal, et c’est grâce son contenu que nous pouvons aujourd’hui proposer nos analyses.



Depuis une trentaine d’années, on observe, au sein du corps professoral des universités québécoises, la présence de musiciens. Certains auteurs les nomment « chercheurs-créateurs » (Bruneau & Villeneuve 2007; Gosselin & Le Coquiec 2006). Or, des recherches récentes ont montré que ces artistes ne sont, la plupart du temps, pas engagés dans le domaine de la recherche-création, mais dans celui de la création essentiellement (Stévance & Lacasse 2013). Par conséquent, il demeure une lacune dans la compréhension des acteurs qui élaborent, développent et mènent des projets de recherche-création en musique. Pour mieux comprendre ce phénomène, je propose de rendre compte du profil du chercheur-créateur en musique, et incidemment du créateur à l’université, mais également de considérer la diversité des agents impliqués dans un projet de recherche-création dans la lignée de plusieurs auteurs (Léchot Hirt 2010, Stévance & Lacasse 2013), lesquels ont senti l'importance, dans le domaine de la recherche-création, de se concentrer sur le projet plutôt que sur l’individu, d'utiliser « la compétence créative propre […] aux artistes dans une démarche de recherche » plutôt que sur « la "boîte noire" de la création » (Léchot Hirt 2010: 29). Ainsi, en plus de préciser ce qu’est un projet de recherche-création, l’un de nos objectifs sera également de mettre en exergue les différents profils possibles de tous les protagonistes impliqués dans une telle démarche collective.

La revue d’art est comme une organisation sociale qui participe au processus de légitimation des acteurs du domaine artistique, à l’établissement et à la circulation de sens ainsi qu’à la visibilité des œuvres d’art. Au Brésil, les revues, à cause de leur format et de leur périodicité rapide, se sont établies comme le support idéal pour une réflexion critique qui représente la volonté d’agir de leurs acteurs sur la culture (Cohn 2011). Cependant, avec l’avènement du Web, il est possible de remarquer un renouvellement de ce format quant aux réflexions sur l’art. Selon le critique d’art Felipe Scovino (2013), Internet établit un nouvel espace pour la critique brésilienne, ce qui permet d’élargir la place de cette dernière dans le domaine artistique. La publication facilitée par des gestionnaires de contenus et les faibles coûts de maintenance des revues numériques semblent contribuer à ce phénomène. Dans ce contexte, ces publications permettent l’émergence de nouvelles générations de critiques et d’artistes. De plus, le caractère du Web qui traverse facilement les frontières géographiques aide à créer un système d’échanges entre les acteurs de l’art issus de régions distinctes au sein du Brésil. Alors, cette communication se propose d’analyser les caractéristiques générales des publications numériques de ce pays qui ont été répertoriées dans le cadre de ma recherche doctorale. Il s’agit principalement de publications autogérées, participatives et consacrées à l’art actuel.

The Realm of the Elderlings, de l’auteure Robin Hobb, est une série de fantasy employant des stratégies d’écriture féministes et postmodernes pour déstabiliser l’hétéronormativité. Notamment, cette remise en question de la norme hétérosexuelle se manifeste par l’intermédiaire du personnage du «Fool», lequel génère un brouillement entre le féminin et le masculin et met à mal les savoirs accumulés sur lui en incarnant tant des femmes que des hommes. Ainsi, cette figure sera au centre de notre communication, de même que le décentrement postmoderne du langage et de l’interprétation dont elle serait à l’origine. Nous postulerons que les performances et mascarades du personnage, de même que la subversion des substantifs contribuent à créer son illisibilité identitaire en brouillant les codes et les signes associés aux genres féminin et masculin. Parmi ces dispositifs, nous nous attarderons à un exemple précis, celui des performances parodiques, qui devrait permettre, en déstabilisant le genre, de dévoiler que celui-ci est une construction discursive. Pour ce faire, nous aurons recours à la performance de genre (Judith Butler), au concept d’excentré (Linda Hutcheon) et à l’emploi de la parodie comme stratégie d’écriture (Linda Hutcheon). En analysant dans une perspective queer et postmoderne cette figure plutôt que de tenter de la cloîtrer dans une catégorie prédéfinie, notre étude éclairera donc un aspect inédit du «Fool».

Qu'arrive-t-il lorsqu'une personne non-voyante ou malvoyante est confrontée à un tableau ? Sachant que les autres sens ne pourront jamais remplacer celui de la vue, quels procédés se mettent en oeuvre afin de pallier à ce manque d'information ? 

Depuis plusieurs années, on observe un changement majeur dans les musées alors que ceux-ci cherchent désormais à s'adresser à une clientèle plus vaste. En effet, l'ocularité, qui guidait traditionnellement l'approche de ces établissements culturels, n'est plus au coeur de leur démarche en termes de médiation. L'emphase est maintenant mis sur une approche dite multisensorielle dans le but de rejoindre les visiteurs qui étaient autrefois catégorisés comme un non-public.

Or, face à la grande variabilité des troubles visuels répertoriés, est-il seulement plausible d'envisager une solution universelle qui puisse garantir un accès multisensoriel aux oeuvres peintes ? De même, quel serait l'impact de l'ajout d'une composante sonore sachant que certaines personnes ont perdu la vue dès la naissance ? Le manque de repères formels et de référents communs ne seraient-ils pas problématiques dans une telle situation ? Avec cette recherche doctorale, je souhaite démontrer que la perception tactile combinée à une traduction multisensorielle des contenus peints pourraient constituer une piste de solution pour l'avenir.

Bien que l'art demeure subjectif en soi, est-ce que la compréhension que nous en avons ne serait ici qu'une question de perceptions ? 

Le film War Requiem du réalisateur britannique Derek Jarman (1989) présente une interprétation concrétisée en images de l’oratorio pacifiste du même titre par Benjamin Britten (1962). Dans plusieurs scènes du film, la nature de l’ennemi est remise en question par l’image. Ce film a reçu une réception mitigée de la part des critiques de cinéma et des musicologues à cause de sa mise en scène cliché. Or, un article d’Allen J. Frantzen (2013) réhabilite les images symboliques pour étudier la conjonction de ces images avec le texte; tout lorsqu'il montre comment l’image de la souffrance de la victime et de l’ennemi est mise au service des propos pacifistes de Britten. L’objet de cette communication est d’explorer comment la conjonction entre images et musique (identifiée dans les ouvrages séminaux de Mervyn Cooke [1991] ou Heather Wiebe [2015] sur la musique de guerre de Britten) renforce ces propos de Britten dans le film de Jarman. Pour ce faire, je propose une analyse comparative entre le film et la partition afin de mieux montrer les contrastes entre musique, image et texte et voir comment cette mise en scène allégorique peut en effet s’avérer efficace pour dénoncer la guerre en tant que nuisance sociale.

Cette présentation se propose d’interroger une dimension bien précise du paratexte éditorial pouvant sembler périphérique à prime abord : la jaquette (qui se veut, à la base, simple outil de marketing, sa fonction étant « d’attirer l’attention par des moyens plus spectaculaires qu’une couverture ne peut ou ne souhaite s’en permettre » aux dires de G. Genette dans Seuils). Cela dit, plutôt que de considérer la jaquette de strict point de vue de la mise en marché du livre, je pose l’hypothèse qu’elle peut également être investie par l’ethos de l’écrivain et du coup participer à la construction de son identité auctoriale : elle pourrait donc aussi avoir une fonction énonciative.

À partir de l’outillage somme toute récent que mettent à notre disposition l’analyse du discours, la pragmatique littéraire et les théories de l’énonciation, je ferai l’analyse de la jaquette de couverture du livre intitulé Autoportrait (2005, P.O.L) de l’écrivain français Édouard Levé. Comme son titre l’indique, cet ouvrage entreprend de dresser un portrait de la personnalité de son auteur, s’inscrivant par le fait même dans le registre de l’autonarration. Dans cette optique, je postule que l’entreprise d’« individualisation » de Levé sort du cadre strictement scriptural pour en investir également l’espace péritextuel, qui participe, dès lors, à la mise en forme de cet autoportrait au même titre que les énoncés qui le composent.

Dans l’univers culturel, la notion d’indépendance est plus que jamais revendiquée par des acteurs de taille et de statut variés : librairies, maisons d’édition, structures de distribution qui mettent en avant des contenus ainsi que des façons de travailler « différentes » de celles des structures dominantes.

Ma recherche ambitionne de clarifier les valeurs que recouvre cette notion complexe en s’intéressant au travail de médiation réalisé dans la filière du livre et du cinéma, à partir de l’exemple des librairies et d’associations de défense du cinéma indépendant. Par leur travail de valorisation et d’accompagnement des biens présentés au public, ces dernières contribuent à produire la réception de films et d’ouvrages « indépendants », tout en construisant leur propre image sociale de médiateurs culturels. L’analyse des dispositifs mis en œuvre montre que ce qui est en jeu est l’affirmation d’un lien situé au-delà de la transaction commerciale, laquelle tend à être euphémisée afin de mieux se démarquer des acteurs « commerciaux » en exaltant la singularité et la proximité.

Ces premiers résultats de la recherche s’appuient sur des observations pratiquées lors de moments particuliers de médiation : lectures organisées en librairies et projections spéciales autour du cinéma indépendant. Elles ont été complétées par une analyse documentaire ainsi que par des entretiens avec des libraires, des éditeurs, des responsables d’association et des pouvoirs publics. 

Cette communication propose d’explorer les expositions d’art présentées dans les grands magasins de Montréal de la fin des années 1920 jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Je souhaite y présenter les résultats de mes recherches de maîtrise effectuées à l’Université Carleton. Il s’agit de la première étude historique à s’être intéressée aux expositions d’art présentées dans ces institutions commerciales. Je propose ainsi de m’attarder aux années 1920 et 1930, durant lesquelles plus d’une centaine d’expositions mettent de l’avant le travail d’artistes canadiens. Lors de cette période, les grands magasins Morgan et Eaton se sont imposés comme des acteurs phares des scènes artistiques et culturelles de Montréal, de par la fréquence et l’importance des expositions d’art qu’ils présentent au sien de leur magasin respectif.

Tout comme l’ont démontré les travaux des historiens canadiens Paul-André Linteau (2010), Michelle Comeau (1995) et Donica Belisle (2011), ma recherche réaffirme comment, dans l’entre-deux-guerres, les grands magasins sont des catalyseurs de la modernité dans la métropole canadienne de l’époque, Montréal. De cette manière, ils ont joué un rôle culturel important dans l’émergence d’une scène artistique dynamique et moderne à Montréal et soulèvent la question du rôle plus large du grand magasin comme agent phare de la modernisation culturelle et sociale.

La littérature migrante occupe aujourd’hui une place de plus en plus importante dans le corpus québécois. Les auteurs haïtiens ont su se démarquer sur la scène littéraire montréalaise, voire mondiale. Dans cette diaspora haïtienne, l’œuvre de Laferrière propose un parcours empreint d’errance et de nomadisme. Or, si le thème de l’exil a maintes fois été abordé, nous proposons plutôt de l’observer, à travers le prisme de l’approche géopoétique, sous le mode de l’habiter. Comment l’Amérique de Nord et ses espaces nordiques – et plus précisément Montréal – sont-ils investis et perçus par cet auteur du « Sud »? Et comment cette posture d’errance, marquée par une dérive sur le continent américain, se résout-elle par un retour au pays natal, rappelant ainsi la circularité du mode de vie nomade (Deleuze et Guattari)?

Ce que nous proposons ici est en quelque sorte une géopoétique « climatique ». Comparant le sud au nord (Glissant), il est possible d’observer comment le climat influence notre façon d’habiter l’espace. En plus d’invoquer la mémoire des lieux (Bachelard), nous utiliserons, pour y parvenir, des notions de parcours et de paysage (Collot). Afin d’observer et d’analyser l’influence que le passage d’Haïti à Montréal exerce sur le protagoniste, nous étudierons quatre des romans de « l’autobiographie américaine » laferrienne soit : L’odeur du café, Chronique de la dérive douce, Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit? et Pays sans chapeau.

Le processus photographique est perçu à la fois comme un art de divertissement et un art documentaire. Bien que le public n’observe généralement que le propos, la conception de l'oeuvre est, quant à elle, transparente à la diffusion. Le but de l’artiste à tendre vers cette invisibilité se divise en deux arguments logiques : il souhaite créer une illusion auprès de son auditoire quant à l’authenticité d’un scénario, ou alors il veut représenter fidèlement une réalité quelconque. Quoi qu’il en soit, lorsque l’intention dépasse les probabilités de captation réelle, d’autres artistes collaborent afin de fabriquer des décors artificiels que ce soit à l’aide de maquettes, ou entièrement numériques en amalgamant dessins, peintures, photographies et infographie 3D. Cette complexité grandissante à conceptualiser de fausses représentations change ainsi le paradigme sur l’authenticité du processus photographique. À l’écran, comment le public peut-il distinguer le vrai de ce qui est fabriqué? Dans ce sens, comment les artistes collaborateurs peuvent-ils promouvoir leur talent si l’auditoire qualifie la résultante comme étant des images documentaires? L'hypothèse avancée est d’éduquer les gens sur cette possibilité de manipulation et cette éducation passe d'abord par la mise en place d’une typologie formelle qui cerne ces images de synthèse. Ce classement proposé servira aussi à quiconque douterait de l’authenticité d’une image, animée ou non, afin de révéler toutes oeuvres intermédiales. 

Son image migrant du musée-temple vers le musée dynamique, l’institution muséale d’aujourd’hui propose une offre des plus variées pour stimuler la demande et satisfaire les attentes des publics. S’assurant de leur constant renouvellement, notamment par les expositions temporaires et autres activités connexes, les musées s’inscrivent dans une logique de surconsommation culturelle, laquelle se mue en une logique de la surpersonnalisation dans une société de l’information. De nos jours, la mise à contribution des visiteurs est attendue, illustrant la frontière entre le visiteur passif ou actif. Les musées surpassent la récolte de commentaires et d’opinions en allant jusqu’à co-développer une exposition avec le public, qui sélectionne les œuvres à exposer.  

 

La présente communication propose d’aborder la figure du public, sans expertise spécifique, comme co-commissaire dans les expositions temporaires de musées d’art. Dans l’objectif de comprendre les modalités d’émergence de cette approche et d’en poser les bases théoriques, un survol historique des pratiques commissariales sera proposé en regard de l’influence des pratiques artistiques et muséales participatives. En raison du sujet qui a été bien peu réfléchi jusqu’à présent, une terminologie spécifique francophone accompagnée d’une définition de concept sera proposée de même qu’une typologie développée à partir d’une recension de cas.