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La nudité peut être troublante, dérangeante, excitante et fascinante. Bien sûr, elle a été réfléchie et éprouvée de façon différente selon les époques et les contextes. Mais qu’advient-il lorsque celle-ci est multipliée par dizaine, par centaine, par millier? Vanessa Beecroft et Spencer Tunick, deux artistes contemporains reconnus internationalement, nous donnent à voir ce genre de nudité; ils exposent, dans des contextes bien différents, des corps dénudés qui posent la question de la multiplicité. Étonnamment, les œuvres performatives de ces artistes nous montrent des corps dénudés dont l’érotisme semble presque complètement neutralisé, comme si l’œil du spectateur glissait sur un mur de peau et que l’excitation n’arrivait pas à le traverser.

L’objectif de cette communication est de positionner l’état de nudité des corps mis en scène par Beecroft et Tunick, tant dans leur rapport à l’histoire de l’art qu’aux problématiques contemporaines. Cette question présente certaines difficultés, puisque ces corps n’entrent dans aucune des catégories hégémoniques de la représentation – que ce soit celle qui oppose le nu et la nudité, la pornographie et l’érotisme ou le corps utopique et le corps «topique», selon le terme de Foucault. À partir de la théorie sur l’ouverture des corps de Georges Didi-Huberman et des stratégies formelles utilisées par Beecroft et Tunick, nous démontrerons que ces deux artistes proposent une nouvelle forme de nudité, dont les enjeux sont tout à fait actuels.

La « critique des traductions » fait partie des sous-disciplines de la traductologie depuis que James Holmes a publié une première cartographie du domaine en 1972. Dès lors, le nombre de théories sur le sujet ne fait qu’augmenter, tandis que les études sur le champ montrent qu’il existe un véritable fossé entre les propos critiques des spécialistes et ceux du lectorat moyen (Audet 2009; Doyle 2018; Desai 2020). Le Canada est un cas particulier en traductologie : en plus de disposer de deux prix nationaux en traduction, l’État finance chaque année la traduction de plusieurs dizaines d’œuvres. Pourtant, on en sait peu sur le processus évaluatif qui précède la remise de ces prix, et les rétroactions des jurys n’ont jamais été soumis à une étude approfondie.

Dans cette communication, une lacune historique est d'abord comblée en présentant le contexte qui a mené à la création du Prix de traduction John-Glassco et de la catégorie Traduction des Prix littéraires du Gouverneur général. Une analyse des critères d’admissibilité à ces prix et des quelques rares « directives » d’évaluation rédigées par certains membres du jury pour coter les traductions gagnantes est ensuite proposée. Les documents d’archives ainsi examinés témoignent de l’étonnante diversité qui caractérise les critères d’évaluation utilisés, même parmi les experts canadiens, et renseignent les lecteurs, les traducteurs et les critiques sur les présupposés que nous détenons tous sur la traduction littéraire (Vanderschelden 2000).

Cette communication sera l’occasion de présenter les axes de réflexions qui nourrissent mon mémoire de maitrise portant sur l’identité du sujet racé dans l’œuvre de Nadine Gordimer, auteure sud-africaine blanche et lauréate du prix Nobel de littérature de 1991. Il s’agira de rendre compte de la recherche d’un espace interstitiel (Bhabha, 1994), qui rend possible la rencontre entre Noirs et Blancs dans deux romans, La fille de Burger (Gordimer, 1981), Ceux de July (Gordimer, 1979). Les contextes de ségrégation, comme celui de l’apartheid, exacerbent l’importance de la notion de race, qui, dans les faits, relève d’une fiction maintenue en place au moyen de lois coercitives. Nous arguerons que les représentations du lieu physique ne permettent pas de véritables rencontres entre Noirs et Blancs, qu’elles sont tout au plus le théâtre d’un contact impossible ou violent. Écrire dans ces lieux chargés des violences raciales, c’est adopter une position de l’entre-deux ; c'est-à-dire éviter d’être confiné au territoire du maitre en reproduisant sa voix ou en s’y opposant de façon directe. En contexte d’oppression, il s’agit plutôt de trouver un espace autre dans lequel la race perd ce pouvoir discriminatoire ; un chez-soi (home) à l’intérieur de la maison du maitre (Morrison, 1997). Ainsi, c’est l’énonciation qui permet d’investir la frontière et de faire de la marge un lieu discursif où la rencontre de l’autre est possible. 

Si les théories du récit avancent diverses propositions pour organiser notre compréhension des mécanismes du discours narratif, un travail conséquent de défrichage théorique reste encore à faire, d’autant plus que certains termes, comme celui du storytelling, sont réputés pour leur caractère à la fois plurivoque et en constante réactualisation. 

Dans un premier temps, il s’agira de se pencher sur la polysémie du terme storytelling pour en saisir les fondements principaux. J’analyserai de quelles manières la notion étudiée peut s’inscrire en contexte littéraire et en quoi la dynamique entre littérature et storytelling tend à mettre en relief leurs différences. J’emploierai des exemples provenant de trois niveaux discursifs distincts. Le premier concernera le storytelling éditorial, par l’analyse de la mise en récit dans la ligne éditoriale de Lux Éditeur. Le deuxième sera le storytelling sous-tendant les récits diffractés avec Lieux de Georges Perec et, enfin, j’explorerai le côté performatif du storytelling en arts littéraires. 

Ce faisant, je proposerai une nouvelle perspective quant à l’abord des fictions en études littéraires tout en inscrivant clairement le sujet au cœur des études narratives. L’angle d’approche que je prône permettra de considérer la manière de raconter les histoires – et plus largement la littérature – sous un jour nouveau, c’est-à-dire en considérant, par l'intermédiaire du concept de performance, ce que le récit produit sur le réel.

Les enjeux de ce travail sont avant tout théoriques : il s’agit de comprendre quel a été l’apport spécifique des romans historiques dans la réception de l’héritage humaniste au XXe siècle. Nous proposons d’aborder le problème par une analyse de la figure de l’humaniste dans L’Œuvre au Noir de Marguerite Yourcenar. Nous le ferons dans le contexte plus large des débats qui ont divisé les historiens et les philosophes autour de la « question de l’humanisme » depuis la parution de la Lettre sur l’humanisme de Heidegger (1946) jusqu’à la publication du roman de Yourcenar (1968).

Nous chercherons à démontrer que L’Œuvre au Noir présente de nombreux échos de ces controverses, qui ont notamment opposé Paul O. Kristeller et Eugenio Garin. Nous soutiendrons néanmoins que le texte romanesque récuse toute interprétation globale de l’humanisme, en réactivant, parfois de manière ironique, une série de lieux communs associés à la querelle opposant les historiens aux philosophes (anthropocentrisme, rationalisme exacerbé, optimisme naïf).

Le caractère novateur de cette étude consiste en son approche pluridisciplinaire visant une synthèse susceptible de regrouper la somme importante de travaux dont l’humanisme a fait l’objet au sein de disciplines aussi variées que le sont la critique littéraire, la sociologie et l’historiographie.

Les poèmes des années ’30 publiés dans les volumes Ferveur
de Buenos Aires, Lune d’en face et Cuaderno San Martin, à
part le fait qu’ils préfigurent tous les écrits ultérieurs de Borges, font
émerger une figure singulière et emblématique de la modernité dans la
ville de Buenos Aires: celle du poète-flâneur. Sur les traces d’Evaristo
Carriego qui cherchait dans ses pérégrinations l’«âme du faubourg», le jeune Borges parcourt «la
capitale de son cœur» en tant que flâneur, en cherchant «les soirs, les
banlieues et le malheur» de sa ville natale. Durant ses flâneries, il collectionne
des fragments architecturaux de sa ville - des rues, des places, des
patios, des villas -, et aussi des éléments autres qui font la spécificité de
la ville, comme le personnage du compadrito
et la milonga. Ainsi, plutôt que de chanter les signes de la
modernisation de Buenos Aires dans les premières décennies du XXème siècle, le
flâneur Borges, nostalgique d’un temps révolu, chante la «déchirante beauté» des
banlieues pour saisir ou bien inventer les dimensions mythiques et métaphysiques
de sa ville tant aimée.

La carte postale a été un média de communication écrit très populaire tout au long du 20e siècle avant de tomber en désuétude avec l’avènement du courriel dans les années 1990, puis de disparaître presque complètement avec le déferlement des « textos » des années 2000. Dès son introduction, les Canadiens ont largement adopté cette « ressource des gens pressés » selon le mot de Burnaud (1958). Les autorités estiment à 27 000 le nombre de cartes postées au Canada en 1900; ce chiffre passe à 41 millions en 1908 et à 60 millions en 1913, soit une moyenne annuelle de 8 cartes par habitant (Beauregard 1987: 41). L’objectif de cette recherche en histoire culturelle est de présenter une analyse iconographique et sémantique des cartes postales représentant la ville de Sherbrooke durant l’âge d’or de ce média, au début du siècle dernier. La Collection patrimoniale de cartes postales de Bibliothèque et Archives nationales du Québec compte quelque 50 000 pièces. De ce nombre, précisément 181 ont « Sherbrooke » comme thème. Quels lieux et sites représente-t-on? Qui les produit? Quels messages rédige-t-on au verso? Dans quelle langue ? À qui sont-elles destinées? Voilà les questions que nous adressons dans le cadre de cette recherche. Pour y répondre, nous analyserons les illustrations – pour la plupart tirées de photos en noir et blanc, dont certaines coloriées à la main – et les textes du corpus.

La place de l’animation dans les œuvres de fiction est croissante et c’est au Québec qu’est produite la majorité des effets spéciaux de nombre de productions américaines. Il parait pertinent de s’intéresser aux précurseurs de cette industrie moderne et aux techniques empruntées au littéraire qui ont permis de faire évoluer le cinéma d’animation. Raoul Barré, artiste multidisciplinaire québécois du début du 20e siècle, est considéré comme un pionnier de l’animation, de la bande dessinée et de l’illustration. Notre communication s’inscrit donc dans un souci de contribuer à l’avancement des connaissances quant aux précurseurs québécois ayant participé significativement à l’élaboration de codes littéraires et artistiques toujours employés aujourd’hui. Nous proposons de mettre en relation, sur les plans technique et narratif, les éléments propres à différents médiums exploités par Barré et les procédés déployés dans ses films d’animation, afin de dégager l’apport de l’approche intermédiale dans son œuvre et dans l’élaboration de codes cinématographiques. Nous démontrerons ainsi en quoi l’analyse de la relation des divers supports déployés permettra d’identifier la nature des déplacements techniques et narratifs, et de réinvestir les codes cinématographiques qui en émergent en outils pour les cinéastes à une époque où l’animation et le cinéma se côtoient plus que jamais, au point d’entremêler leurs langages respectifs.

 

C'est peu dire que d'affirmer qu'un effet de spectralité est perceptible dans les fictions aurévilliennes. Tout l'univers du romancier semble, en effet, travaillé en profondeur par un clair-obscur oppressant qui spectralise les êtres et les choses. Sur cette thématique spectrale, la critique aurévillienne ne s'est par ailleurs pas vraiment attardée, la rapportant souvent à l'idéologie profondément réactionnaire d'un écrivain monarchiste.

S'il est vrai que l'idéologie antirévolutionnaire sous-tend de bout en bout l'oeuvre aurévillienne, il nous semble malaisé d'expliquer un tel déploiement de l'imaginaire spectral uniquement à travers son prisme, tant les raisons idéologiques évoquées demeurent en deçà des enjeux esthétiques de l'oeuvre en ramenant le choix du fantastique à une sorte d'impasse esthétique. Aussi nous proposons-nous de déplacer les termes de la question, et ce en s'interrogeant sur la présence d'un régime spectral de la représentation chez Barbey.

Cette communication sera donc le lieu d'un double enjeu: il s'agira dans un premier temps d'extraire la matière spectrale et d'en dresser un rapide inventaire, ensuite de voir en quoi il s'agit d'une spectralité opérante, véritable principe dynamique qui génère une poïétique des images en négatif et une politique de conjuration-hantise. Nous tenterons ainsi d'expliciter notre hypothèse de départ qui pose l'image spectrale comme une image métapoétique proposée par les textes aurévilliens pour symboliser leur propre forme.

 

Les récits de voyage dans l’imaginaire et le croisement entre divers contes et histoires sont des éléments de plus en plus présents dans la littérature de jeunesse. Ces textes qui prônent le mélange d’histoires donnent une seconde vie à des héros ou vilains venant de divers contes. Grâce à la transfictionnalité, un phénomène qui entraîne nécessairement une traversée de personnages ou de mondes fictionnels, de nouveaux lecteurs peuvent (re)découvrir des figures classiques des contes. Ces voyages posent toutefois diverses questions comme : quel est le but de ces textes? Comment ces récits initient-ils le lecteur à la littérature? Comment se présente le merveilleux « recyclé » des contes? Dans cette étude, l’on analysera la construction des univers merveilleux dans lesquels sont transportés les héros des œuvres.

L’on s’intéressera à deux versions contemporaines de voyages dans l’imaginaire. D’abord, l’on étudiera le roman jeunesse de Gudule La bibliothécaire. Celui-ci propose un voyage qui, grâce à la lecture, mène les héros à une rencontre avec les contes. Ensuite, l’on analysera l’album Il était une fois au pays des contes de Godard et Degans, dans lequel un garçon qui rêve de devenir le héros d’une histoire, voyage dans un monde merveilleux pour « visiter » des contes célèbres. Ces récits initient une nouvelle génération aux contes, puis permettent aux personnages de ces derniers de consolider leur place dans l’imaginaire et de vivre à nouveau dans un autre univers. 

Depuis la « Révolution sexuelle », bien que des études se soient intéressées au portrait de la sexualité « libérée » présenté par la culture visuelle occidentale en pleine effervescence, les efforts des chercheurs et des chercheuses ne ciblèrent pas précisément la représentation des actes sexuels en eux-mêmes; une figuration pourtant construite de toutes pièces et possiblement d’après les mêmes conventions qui régissaient cette « nouvelle » sexualité. Dans cette communication, je propose de synthétiser les résultats de l’étude empirique que j’ai menée dans le cadre de mon doctorat en Sciences humaines (PhD in Humanities, Fine Arts) à l’Université Concordia (Montréal) et qui porte sur la représentation des pratiques sexuelles telles qu’elles apparaissent dans un large échantillonnage de documents visuels diffusés en Occident de la fin des années 1950 à 1979. Plus précisément, je présenterai le portrait thématique du contenu sexuel des 872 images isolées dans 18 livres sur l’art au contenu sexuel et des 367 scènes sexuelles visibles dans une collection de 55 longs métrages de fiction commerciaux. À l’aide d’images et de graphiques, je résumerai mes constats en ce qui concerne la nature à la fois « libérée » et « conservatrice » du portrait révélé et de ses possibles conséquences sur ses spectateurs et spectatrices.

Le sujet de la communication que je propose est directement lié à mon projet d'essai-création, dans lequel je m'intéresse principalement, aux dispositifs de spatialisation des images vidéographiques qui amènent, et ce, depuis l'avènement de la Black Box dans les espaces d'exposition, une nouvelle forme de narrativité. Si la relation existante entre l'installation vidéo et le cinéma est aujourd'hui évidente, elle laisse toutefois, encore planer une sorte de mystère en ce qui a trait à la question du récit. Au cinéma, il se construit notamment grâce au montage cinématographique faisant évoluer, de manière successive et surtout linéaire, des plans et des actions. Mais qu'en est-il du récit, lorsque les images en mouvement se déploient dans l'espace du spectateur ? Lorsqu'il n'est plus passif devant elles, mais bien actif, embarqué dans un parcours qui lui impose une subjectivité par rapport à sa compréhension ? À mi-chemin entre l'art vidéo, et une forme de cinéma élargi, mon travail cherche à mettre de l'avant ces questions, en proposant au spectateur de remettre en question la manière dont il conçoit et perçoit la narration. Avant même d'aborder ou de s'intéresser aux images projetées, de ce qu'elles présentent et mettent en scène, c'est désormais le dispositif et l'expérience vécue qui génèrent, une forme de narrativité. Ma communication s'élaborera donc par une présentation partielle du fondement théorique à la base de mon projet de recherche ainsi que par une mise en relation de mon travail ainsi que celui d'artistes établis dont les oeuvres soulèvent mon questionnement. Je citerai des ouvrages d'auteurs tels que Gene Youngblood et A.L. Rees, sur la question du cinéma élargi, ainsi que des publication plus récentes d'auteurs québécois tels que Jean-Christophe Royoux et Marie Fraser, sur la question de la narration et de l'installation vidéo. Il s'agit, pour moi, de poser un regard lucide et général sur l'ensemble des enjeux de ma problématique, de manière à élargir ma compréhension vis à vis de ma production afin d'arriver à une théorisation de ma pratique. 

L’analyse du rythme dans la musique post-tonale peut être très complexe, surtout si l’on considère la possibilité d’analyser ce répertoire sous l’angle de structure métrique. Certains chercheurs, tels que Morris (1987), Hyde (1984), Forte (1980) et Babbitt (1972), analysent le rythme comme un objet fixe dans la musique post-tonale, alors que Roeder (1994) nous propose un modèle basé sur des accents afin de confirmer un réseau de « pulse streams » dans la musique de Schoenberg. Même si ces études nous offrent d’excellents outils pour analyser un répertoire post-tonal, il est également possible de considérer des structures métriques et hypermétriques dans le contexte de ce répertoire si l’on est flexible avec le concept du temps de mesure. Hasty (1997) argumente que les structures métriques ne sont pas nécessairement des structures fixes et qu’elles peuvent être aussi flexibles que le rythme d’une œuvre. Lorsque le temps de mesure n’arrive pas au temps attendu, soit trop tôt ou trop tard, il interprète ce phénomène comme une accélération ou un ralentissement dans le contexte du temps de mesure. « Ambiant V » de la compositrice québécoise Ana Sokolovic peut être analysé non seulement dans le contexte d’une structure métrique, mais aussi une structure hypermétrique, en adoptant cette flexibilité. Ceci nous permet d’interpréter le rythme de l’œuvre, ainsi que d’apprécier la richesse que nous offre la compositrice par sa musique.

Dans le guide créé par le YouTube Creator Academy, les intervenants suggèrent diverses stratégies pour attirer et retenir de nouveaux spectateurs. Comme ils le soulignent dans la série intitulée « Développez votre chaîne de jeux vidéo », la mise en place d’une relation à long terme entre un producteur et sa communauté est bénéfique pour les deux parties. La formation d’une image de marque est favorisée lorsque les créateurs proposent des sujets, thèmes et structures plutôt homogènes au sein de leurs chaînes.

Dans cette présentation, nous proposons d’analyser les enjeux liés à sérialisation des contenus qui mettent de l’avant les jeux vidéo sur YouTube. Nous exposerons les outils disponibles sur cette plateforme de partage de vidéos et leurs influences directes dans la manière de penser les créations en fonction de mises en séries. Par exemple, la planification des prochaines vidéos à travers une grille horaire est apparentée aux structures épisodiques que l’on retrouve à la télévision. D’autres outils tels que les listes de lecture et les moyens d’organisation des chaînes permettent des mises en séries des vidéos.

Des types de vidéos bien établis tels que les critiques, les let’s plays ou les longplays encouragent la publication de vidéos aux structures similaires. De plus, les créateurs sont encouragés à utiliser les métadonnées (étiquettes, titres, jeux populaires). L’intégration de ces codes, mots-clés et tendances pointe vers une logique sérielle des vidéos de jeux vidéo.

La poétique peut se définit à la fois comme une théorie descriptive et interprétative. Elle est une discipline à part entière plurielle, spécifique : elle se préoccupe d’étudier la littérarité d’un texte. Son caractère pluriel trouve ses fondements dans plusieurs facteurs dont la langue et la culture.

Si nous partons du principe selon lequel « la poétique [est une] discipline analysant les usages et les formes du discours littéraire en général tout en s’intéressant à des poétiques particulières — celle d’une écrivaine ou d’une école » — nous apercevons que ceci répond en écho au deuxième versant de la poétique, selon Todorov et Ducrot (1972), qui est d’interpréter ou d’analyser l’œuvre littéraire créée. Ainsi, s’agit-il d’une méthode qui a pour essence, à partir de l’interprétation, de donner un sens à une œuvre donnée. L’entreprise du poéticien a pour finalité de dégager les marques de littérarité ou de poéticité ainsi que leur fonctionnement, eu égard au contexte de l’œuvre.

C’est un tel projet qui sera mis en application dans l’analyse que nous ferons du recueil de poèmes de Noël X. Ebony intitulé Déjà vu. Il a pour objectif d’étudier, à partir de la poétique, entendue comme manifestation des caractères littéraires d’une œuvre, ce qui fonde sa littérarité. En l’occurrence, nous mettrons en exergue l’analyse du thème du souvenir dans ses déclinaisons dans l’œuvre poétique de Noël X. Ebony. L’acception théorique de Todorov et Ducrot fondera et orientera notre analyse.

The Realm of the Elderlings, de l’auteure Robin Hobb, est une série de fantasy employant des stratégies d’écriture féministes et postmodernes pour déstabiliser l’hétéronormativité. Notamment, cette remise en question de la norme hétérosexuelle se manifeste par l’intermédiaire du personnage du «Fool», lequel génère un brouillement entre le féminin et le masculin et met à mal les savoirs accumulés sur lui en incarnant tant des femmes que des hommes. Ainsi, cette figure sera au centre de notre communication, de même que le décentrement postmoderne du langage et de l’interprétation dont elle serait à l’origine. Nous postulerons que les performances et mascarades du personnage, de même que la subversion des substantifs contribuent à créer son illisibilité identitaire en brouillant les codes et les signes associés aux genres féminin et masculin. Parmi ces dispositifs, nous nous attarderons à un exemple précis, celui des performances parodiques, qui devrait permettre, en déstabilisant le genre, de dévoiler que celui-ci est une construction discursive. Pour ce faire, nous aurons recours à la performance de genre (Judith Butler), au concept d’excentré (Linda Hutcheon) et à l’emploi de la parodie comme stratégie d’écriture (Linda Hutcheon). En analysant dans une perspective queer et postmoderne cette figure plutôt que de tenter de la cloîtrer dans une catégorie prédéfinie, notre étude éclairera donc un aspect inédit du «Fool».

Une des différences les plus notables entre l'ouvrage majeur de John Rawls, Théorie de la Justice, et son Libéralisme politique est la grande importance qu'accorde ce dernier au contexte historico-politique d'où il s'élabore. Vue sous cet angle, l'on peut dire qu'il tente alors de concilier l'approche de Théorie de la justice, dans lequel les principes de justice sont légitimés par une procédure rationnelle et neutre, à une justification des principes qui découlent de la congruence de ceux-ci avec une compréhension plus profonde de nous-mêmes. Se voulant politique plutôt que métaphysique, cette compréhension est à tirer de la culture publique, de l'histoire et de la tradition de nos démocraties occidentales. 

En se focalisant sur Libéralisme politique, l'on dénotera d'abord le lieu d'une absence. En effet, bien que la dimension interprétative y occupe une place centrale, les notions théoriques fondamentales étant définies à partir de cette compréhension politique de nous-mêmes, elle n'y est pourtant jamais thématisée comme telle. Une fois cela relevé, l'on constatera que la théorie rawlsienne ne peut plus se permettre d'éluder la question herméneutique, celle qui exige de rendre compte de ce moment interprétatif initial, surtout en vertu d'enjeux de justice actuels comme celui de l'environnement. Car, ce qui se joue en cette compréhension, c'est la pertinence même de la théorie en regard des aléas de l'histoire et des défis inédits qu'ils ne cessent de poser à la justice.

L’Internet est un média qui diffuse toutes sortes de formats se déclinant en plusieurs genres (des textes, des images, de l’audio, des images animés) ayant diverses origines. Parfois certains documents sont conçus pour d’autres médias, par exemple la télévision, et s’importent sur le web, et d’autres sont conçus pour être diffusés et consommés sur le web et rayonnent ensuite dans un autre média. Certaines œuvres tentent même d’être interactives, par exemple une forme hybride entre l’image en mouvement et le jeu vidéo. Cette multitude d’objets audiovisuels se trouvant sur Internet évoque le problème de leur définition et de leurs caractéristiques. Comment les différencier les uns des autres? De nombreux vidéos forment une série, mais sont-ils tous des webséries? Le terme websérie est présentement utilisé pour englober plusieurs types d’oeuvres qui sont un peu fictionnelles, un peu documentaires et un peu d’autres choses. Il est important de relever les caractéristiques de la websérie et de tenter une première définition d’un nouveau genre. En comparant différentes webséries québécoises avec des genres établis au cinéma (saga, feuilleton) et à la télévision (sitcom, série lourde), il est possible de faire ressortir certaines caractéristiques de la websérie. Cette analyse s’appuie sur les travaux de Barrette (2010), de Jost (2011) et d’Arsenault (2011).

La notion de non-public se définit principalement par contraste ou en opposition avec celle de public (Jacobi et Luckerhoff, 2010). Cette notion qui a servi à identifier les individus qu’on ne compte pas parmi les publics de la culture cultivée a contribué à confirmer l’existence d’une hiérarchie des pratiques, des institutions et des habitus en fonction de leur légitimité (Le Marec, Schiele, Luckerhoff, 2021). Cette perspective négligeait le fait qu’un même individu puisse appartenir au public de la culture légitimée tout en s’adonnant à des pratiques peu légitimées. Considérant qu’il n’existe pas de réelle frontière entre le public et le non-public, des chercheurs ont refusé de définir les non-publics dans une perspective essentialiste – qui reviendrait à essayer de cerner qui ils sont – pour embrasser le projet de caractériser, tant par l’observation que par la cueillette et l’analyse de témoignages, ce qu’ils font (Lapointe et Luckerhoff, 2021). Il est possible pour des acteurs d’être plus ou moins publics et plus ou moins non-publics. Nous avons analysé 210 publications scientifiques portant sur les non-publics afin de dégager les nombreuses raisons d’être non-publics. Nous nous sommes intéressés à mieux comprendre les raisons du désintérêt chez différentes catégories de non-publics de même qu’à saisir la manière dont l’acte de réception positionne l’individu sur le continuum se déployant entre les pôles public et non-public.

Au Québec, le nombre de livres électroniques (LN) vendus a oscillé entre 505 657 en 2014 et 583 693 en 2022 (OCCQ, 2023). Bon an mal an, ce marché demeure relativement restreint. Le nombre de LN empruntés dans les bibliothèques est cependant en hausse alors que les emprunts de livres papier (LP) sont en baisse (Lapointe, Luckerhoff et Niort, 2023). 

Nous avons voulu connaître les raisons qui expliquent le passage du LP au LN chez des lecteurs. Nous avons animé des entretiens individuels et de groupe avec plus de 70 personnes dans une démarche qualitative (Luckerhoff, Guillemette et Lalancette, 2023) inductive (Germain, Guillemette, Luckerhoff, 2023) et nous les avons analysés selon les principes des approches inductives (Guillemette et Luckerhoff, 2023a, Guillemette et Luckerhoff, 2023b). Nous avons créé un échantillon théorique diversifié, notamment sur les plans sociodémographiques et des profils en lien avec la lecture.

Des participants trouvent qu’il est plus aisé de lire au format numérique, notamment en raison de la possibilité de grossir les caractères et de la légèreté de la liseuse. D’autres évoquent la possibilité d’avoir plusieurs livres à lire dans un seul dispositif, les coûts moins élevés et la facilité à se procurer des livres en ligne. Nos résultats de recherche permettent aussi d’identifier des changements dans les habitudes d’emprunt et d’achat et de mieux comprendre comment les lecteurs de LN découvrent des titres et des auteurs dans ce contexte.

Le pouvoir soviétique cherche à inculquer à ses citoyens, à l’aide de divers outils propagandistes, une conception du temps de l’histoire en accord avec son idéologie et ses politiques. Critère ordonnant la vision historique de l’État-parti, cette conception du temps de l’histoire est un instrument étatique imposant aux Soviétiques une façon de considérer le passé et de vivre le temps présent, permettant un contrôle maximal de l’activité symbolique et sociale dans le futur. Les téléastes de la station locale de la Républiques Soviétique Socialiste moldave (RSSM), tout comme d’autres catégories de producteurs culturels soviétiques, sont tenus de mettre en représentation la conception officielle du temps de l’histoire. Annexée à l'URSS pendant la Deuxième guerre mondiale, la Moldavie, ce territoire de litige entre la Roumanie et l’État soviétique, requiert un discours propagandiste qui prenne en compte son expérience historique et ses particularités culturelles. Dès lors, les téléastes moldaves refaçonnent, au moyen des procédés discursifs, audiovisuels et narratifs, les catégories de la continuité et de la rupture historiques ainsi que les instances temporelles de façon à appuyer une version soviétique de l’histoire de la Moldavie. L'historiographie officielle participe d’une politique identitaire de l’État-parti visant à construire une nation moldave soviétique supposément apparentée aux populations slaves et différente de la nation roumaine.

Dès les prémisses de la colonisation, la représentation de la femme « musulmane », comme exotique et démunie d’agentivité, est au centre des enjeux politiques et identitaires « occidentaux ». Celle-ci sert d’outil idéologique aux discours impériaux véhiculés par les médias de masse. Les médias servent avant tout à marquer et à classer les habitants du monde par le biais du stéréotype (Hall ; 1997). Ils participent au rapport imaginaire qu’on entretient avec notre existence de façon à préserver l’hégémonie culturelle occidentale. Les récentes révoltes survenues au Moyen-Orient visent justement à dénoncer ce régime du savoir autant qu’à renverser les états totalitaires (Dabashi ; 2012).

Ces évènements marqueraient l’émergence d’un monde gardé jusqu’ici sous silence, entre autres par le passage d’une image dictée par les médias à une image issue du peuple lui‑même suite à l’utilisation des technologies mobiles lors des révoltes. Nous proposons de suivre la naissance d’une image potentiellement contre-hégémonique de la femme « orientale » par l’analyse de quelques-unes de ces images. D’abord, une analyse formelle permettra de mettre à mal les stéréotypes omniprésents dans notre imaginaire. Nous verrons que ces idées bouleversent l’ordre symbolique au profit d’un nouveau rapport identitaire (Jones ; 2012). Enfin, nous constaterons les limites de ce potentiel par une critique de l’icônisation de ces images (Azoulay ; 2012) qui rend possible leur hégémonisation.

La littérature migrante occupe aujourd’hui une place de plus en plus importante dans le corpus québécois. Les auteurs haïtiens ont su se démarquer sur la scène littéraire montréalaise, voire mondiale. Dans cette diaspora haïtienne, l’œuvre de Laferrière propose un parcours empreint d’errance et de nomadisme. Or, si le thème de l’exil a maintes fois été abordé, nous proposons plutôt de l’observer, à travers le prisme de l’approche géopoétique, sous le mode de l’habiter. Comment l’Amérique de Nord et ses espaces nordiques – et plus précisément Montréal – sont-ils investis et perçus par cet auteur du « Sud »? Et comment cette posture d’errance, marquée par une dérive sur le continent américain, se résout-elle par un retour au pays natal, rappelant ainsi la circularité du mode de vie nomade (Deleuze et Guattari)?

Ce que nous proposons ici est en quelque sorte une géopoétique « climatique ». Comparant le sud au nord (Glissant), il est possible d’observer comment le climat influence notre façon d’habiter l’espace. En plus d’invoquer la mémoire des lieux (Bachelard), nous utiliserons, pour y parvenir, des notions de parcours et de paysage (Collot). Afin d’observer et d’analyser l’influence que le passage d’Haïti à Montréal exerce sur le protagoniste, nous étudierons quatre des romans de « l’autobiographie américaine » laferrienne soit : L’odeur du café, Chronique de la dérive douce, Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit? et Pays sans chapeau.

Le processus photographique est perçu à la fois comme un art de divertissement et un art documentaire. Bien que le public n’observe généralement que le propos, la conception de l'oeuvre est, quant à elle, transparente à la diffusion. Le but de l’artiste à tendre vers cette invisibilité se divise en deux arguments logiques : il souhaite créer une illusion auprès de son auditoire quant à l’authenticité d’un scénario, ou alors il veut représenter fidèlement une réalité quelconque. Quoi qu’il en soit, lorsque l’intention dépasse les probabilités de captation réelle, d’autres artistes collaborent afin de fabriquer des décors artificiels que ce soit à l’aide de maquettes, ou entièrement numériques en amalgamant dessins, peintures, photographies et infographie 3D. Cette complexité grandissante à conceptualiser de fausses représentations change ainsi le paradigme sur l’authenticité du processus photographique. À l’écran, comment le public peut-il distinguer le vrai de ce qui est fabriqué? Dans ce sens, comment les artistes collaborateurs peuvent-ils promouvoir leur talent si l’auditoire qualifie la résultante comme étant des images documentaires? L'hypothèse avancée est d’éduquer les gens sur cette possibilité de manipulation et cette éducation passe d'abord par la mise en place d’une typologie formelle qui cerne ces images de synthèse. Ce classement proposé servira aussi à quiconque douterait de l’authenticité d’une image, animée ou non, afin de révéler toutes oeuvres intermédiales. 

En Ontario français, l'école s'est donné le mandat de promouvoir la langue et la culture françaises et reconnaît que l'art peut y contribuer (Ministère de l'éducation de l'Ontario, 1999, 2000, 2004). Les recherches ont principalement porté sur l’expérience des élèves et des enseignants, (Théberge, 2006a, 2006b, 2006c, 2007a, 2007b), plus rarement sur celle des professionnels (Théberge, 2008 et 2009). La présente recherche examine comment des artistes du théâtre franco-ontarien créent pour le public adolescent et comment ils pensent contribuer à son éducation artistique et culturelle. Le cadre conceptuel s'inspire du modèle systémique de créativité (Csikzentmihalyi, 1999, 2006) qui permet d'identifier la relation entre artiste et public dans le processus de création. Les données présentées sont issues d'une recherche doctorale de nature ethnométhodologique incluant seize artistes en période de création.  La communication présente trois concepts émergents: l'artiste conteur, l'artiste formateur et l'artiste passeur (Thibault, 2010). Cette recherche fait connaître le travail des artistes, leurs initiatives et les besoins qu'ils identifient en matière de formation du public adolescent et des adultes qui l'accompagnent. Les résultats peuvent contribuer à approfondir l'intégration de la création professionnelle à l'éducation artistique et culturelle en Ontario français.