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De nos jours, l’importance de l’économie du savoir consolide la relation entre la ville et ses universités et confirme leurs rôles majeurs dans son développement. À Montréal et depuis plus de deux siècles, les architectes de différents horizons inventent des formes, des espaces et des expressions nouvelles pour concevoir des lieux pour la recherche et l’enseignement universitaires. La proposition étudie l’histoire architecturale et urbaine de Montréal à travers la naissance et l’évolution de ses universités et à travers l’analyse de projets d’architecture intrinsèquement liés à la forme, l’expérience et à l’image urbaine. La recherche explore comment les universités montréalaises ont contribué à façonner le paysage architectural et urbain de la ville de Montréal et comment une nouvelle architecture a été pensée, planifiée, voire inventée lors de chaque projet majeur à travers l’histoire de la ville. La méthodologie est qualitative basée sur l’analyse des cartes historiques et l’analyse de l’architecture des bâtiments construits ainsi que des dessins et des textes des architectes. Il s’agit de souligner l’invention architecturale pour répondre à de nouveaux besoins fonctionnels, urbains et symboliques. L’analyse factuelle de l’histoire des institutions, la médiatisation et la représentation des projets, éclaire sur la construction de image de la ville. Le corpus d’étude inclus les bâtiments de l’Université de Montréal, de l’UQAM, ainsi que ceux de McGill et Concordia.

Les recherches sur l’esclavage au Canada sont de plus de plus détaillées sur les vies, l’agentivité et les situations uniques des individus qui ont été asservi·es sur le territoire. Bien que plusieurs questions demeurent en suspens quant à la potentielle institutionnalisation de l'esclavage en Nouvelle-France, nous savons que cette dernière n’a pas connu une organisation à grande échelle telle qu’observée pour les colonies du Sud. Cependant, la reconstitution des vies des individus asservi·es en Nouvelle-France, ainsi que la visualisation des réseaux de sociabilité de leurs propriétaires permet de mettre en évidence la formation informelle de réseaux esclavagistes. La paroisse de Batiscan en est un bon exemple : dans les familles Lafond Mongrain et Rivard Loranger, les voyageurs et les commerçants asservissaient des autochtones pendant leurs voyages dans les Pays-d’en-Haut, puis ils donnaient, vendaient et prêtaient leurs esclaves à leurs amis et familles. L’étude de cette paroisse qui, au premier regard, n’a pas une histoire esclavagiste, met en lumière la formation de ces réseaux informels qui transcendent les paroisses et les classes sociales. Cette présentation se penchera sur l'histoire de ces familles à titre d'exemple démontrant la formation de réseaux esclavagistes informels en Nouvelle-France, elle ira donc à l’encontre de la croyance populaire voulant que l'esclavagisme au Canada ne fût qu'anecdotique.

En France, la mission muséale d’élargissement du public, promue sur la vague de la démocratisation culturelle, a poussé à réfléchir sur l’importance de l’accès à la culture pour tous ceux qui en sont exclus. Les opérateurs sociaux ont ressenti l’exigence de se servir de la culture afin que le parcours d’insertion de leurs bénéficiaires soit complet. Cette conviction, a permis aux travailleurs sociaux de devenir médiateurs entre l’institution culturelle et leurs bénéficiaires. Ils animent concrètement des séances de visites muséales auprès de leur public. Ce dispositif a donc permis à des figures professionnelles étrangères au milieu muséal d’y opérer activement. La recherche que l’on soumet à l’attention de la communauté scientifique, menée à travers une étude de cas au Musée d’Orsay de Paris, sur les dispositifs de médiation culturelle adressés au public du champ social, a mis en évidence comment la médiation des travailleurs sociaux se détache sensiblement de celle des professionnels du musée. Leur discours ne vise pas à la transmission des connaissances spécifiques du champ de l’art mais porte sur la réflexion de l’expérience vécue. Le but de cette communication est donc de débattre sur comment l’intervention de travailleurs sociaux dans le domaine culturel change le rapport du public éloigné des institutions culturelles et dans quelle mesure le musée est obligé de repenser son rôle en fonction des nouveaux acteurs qui y interviennent.

L'interculturalisme est une des clés de voûte des politiques d'intégration développées au Québec. Axées sur une notion d'échange et de réciprocité, les relations interculturelles prennent des formes variées plus ou moins marquées. Un des domaines privilégiés de ces relations est le domaine artistique, plus particulièrement le domaine musical. Les moyens mis en oeuvre pour valoriser la diversité culturelle et artistique montréalaise favorisent les partenariats entre artistes locaux et artistes immigrants ainsi que le métissage entre musique occidentale et musiques du monde.

La musique, souvent qualifiée de langage universel, favorise-t-elle la bidirectionnalité relationnelle propre à l'interculturalisme ? Les rapprochements de différentes cultures musicales encouragent-ils une ouverture vers l'Autre?

Les propos d'interprètes et de compositeurs recueillis lors d'enquêtes de terrain permettront d'identifier la nature des influences et des relations qui s'instaurent lors d'un métissage musical. Des exemples de parcours et de réalisations d'interprètes immigrants et québécois viendront illustrer cette notion d'interculturalisme appliquée à la musique.

Dans le cadre d'une recherche sociomusicologique sur la place et le rôle des musiciens immigrants au Québec, cette communication tentera de démontrer que l'interculturalisme musical est un outil pertinent pour affronter et apprivoiser l'altérité et qu'il influence les pratiques artistiques et les valeurs culturelles du public québécois.

Selon la littérature, l’éducation musicale aurait un impact positif sur l’ensemble du développement de l’enfant, tant sur le plan des habiletés cognitives et langagières que du point de vue psychomoteur et socioaffectif. La participation quotidienne des jeunes enfants à un apprentissage musical est vivement conseillée. À cette fin, un projet pilote a été lancé dans une garderie privée au Québec.

L’objectif de ce projet est d’utiliser la vidéoconférence pour suivre l’évolution du développement musical d’enfants sur une période de sept mois. La vidéoconférence semblait être un outil technologique novateur et créatif pour suivre à distance et de manière synchrone leur évolution. Ainsi, deux séances mensuelles de vingt minutes ont permis d’émettre en direct des conseils pédagogiques à chaque éducatrice. De plus, un compte-rendu élaboré par les éducatrices a permis de suivre l’évolution musicale de chaque enfant durant leur apprentissage.  

Au moment de la présentation orale de ce projet, les chercheurs démontreront l’évolution du développement musical des enfants durant sept mois en présentant notamment des extraits vidéo.

L’apport de ce projet repose sur l’avancement des connaissances concernant l’utilisation d’un outil technologique dans l’apprentissage musical des enfants. Enfin, ce projet pourrait être proposé à d’autres services de garde afin d’optimiser l’apprentissage musical de chaque enfant.

George Stubbs est considéré d’emblée par plusieurs membres de la communauté historienne de l’art comme ayant été un peintre équestre important, sinon, le plus important d’Europe. Encore aujourd’hui, bien qu’elles se conservent difficilement, ses multiples toiles représentant le cheval enchantent et appellent un regard admiratif. Dans cette étude interdisciplinaire le corpus de Stubbs se voit passé au crible des animal studies pour révéler une problématique importante : sur quels critères l’histoire de l’art s’est-elle basée pour « consacrer » jusqu’à aujourd’hui les représentations équines de Stubbs? En effet, l’examen attentif de son art démontre de sérieuses économies dans sa façon de travailler qui problématisent son lien avec le cheval-sujet. Poussé à créer rapidement par une élite gourmande qui voit en ses portraits de champions de course un moyen de faire briller la flamme d’une fierté nationaliste, l’éthique de l’artiste envers l’animal s’en voit troublée. Par cette étude, certains mythes qui circulent actuellement au sein de l’histoire de l’art concernant l’exactitude et le réalisme de Stubbs en tant que peintre équestre seront donc remis en question. Ainsi, seront réfléchis les préceptes qui organisent et justifient les jugements de valeur de la tradition historienne occidentale dans son appréhension de ce que constitue des représentations équines de qualité dans l’art animalier en général et, plus spécifiquement, chez Stubbs.

Dans «“Il n’y a pas de mots” et “Ma langue est pleine de mots”. Continu et articulations dans la théorie du langage de Christophe Tarkos», Lucie Bourassa analyse l’œuvre de Christophe Tarkos à partir de l’idée selon laquelle ce dernier développerait dans sa pratique une véritable théorie du langage. Cette position sera aussi adoptée par Anne-Renée Caillé dans sa thèse de doctorat, intitulée Théorie du langage et esthétique totalisante dans l’œuvre poétique de Christophe Tarkos. Cette lecture s’appuie dans les deux cas sur la pensée d’Henri Meschonnic, selon qui «toute pratique du langage met en acte une théorie du langage» (Critique du rythme). Or le mot théorie peut chez Meschonnic s’entendre à la fois comme une compréhension ou comme une théorisation à proprement parler.

Nous tenterons donc de démontrer que, loin de se présenter comme un théoricien du langage dont la conception de la langue serait originale et explicite, Tarkos met plutôt en pratique et littéralise différentes conceptions de la langue héritées des XIXe et XXe siècles. Nous nous pencherons principalement sur la sémiose infinie de Charles S. Peirce et sur la différance de Jacques Derrida, qui nous semblent centrales à la compréhension de la poétique tarkossienne. Notre objectif sera de montrer comment ces théories sont récupérées et inscrites dans l’œuvre même de Tarkos, dont la pâte-mot résume en quelque sorte ces deux théories et les traduit par le biais de la poésie.

Notre projet pilote, intitulé « Leçons de musique virtuelles pour les personnes âgées », vise à fournir un cadre pour les personnes âgées afin qu’elles puissent se joindre à des leçons virtuelles en petit groupe de 4 à 6 participants de leurs foyers. De plus, notre projet évalue la perception de qualité de vie des participants au cours de 8 mois de leçons. Sur le plan pédagogique, les leçons sont formulées en suivant l’adaptation de la méthode de Zoltán Kodály par Lois Choksy (1999; 1981) et les quatre étapes du processus d’apprentissage musical proposées par Kodály : préparer, rendre conscient, renforcer et évaluer. Puisque l’apprentissage expérientiel joue un rôle essentiel au sein de la méthode Kodály, les leçons incluent différentes activités, telles que le piano, la culture auditive, le chant, l’improvisation, la composition et l’histoire de la musique. Le petit nombre de participants leur permet d’interagir avec d’autres personnes qui s'intéressent à la musique, tout en créant un sentiment d’appartenance dans le contexte d'une petite communauté. Notre projet comporte aussi un élément de recherche qualitative, principalement par des entrevues informelles, et de recherche quantitative, par des tests cognitifs simples. Les résultats préliminaires démontrent que les leçons de musique permettent aux participants de percevoir une amélioration de la qualité de vie, surtout en ce qui a trait au sentiment d’appartenance et de l’isolement.

Notre communication porte sur l'organisation du système culturel québécois. Nous postulons qu'il existe une discontinuité dans les rapports entre le secteur du loisir culturel et ceux des industries culturelles et de la culture professionnelle. Dans une perspective exploratoire, nous avons tenté de cerner les facteurs déterminants de leur intégration, dans l'optique de la synergie. Sur le plan méthodologique, un cadre conceptuel a été élaboré sur les préceptes de la systémique. Une recherche documentaire a ensuite été réalisée puis des entretiens individuels et de groupe ont été tenus auprès d'organisations, des conseils des arts ainsi que du ministère de la Culture et des Communications (MCC) dans un processus circulaire d'enrichissement du corpus de données. À partir d'une analyse qualitative des résultats préliminaires, nous proposons trois axes de regroupement principaux: 1- l'adaptation des organisations aux publics de la révolution numérique, par des actions visant non plus exclusivement leur développement mais aussi leur engagement, puis par l'harnachement des espaces virtuels de culture et de communication. 2- les fondements et moyens pour l'intersectorialité, reposant sur des réflexes d'inclusion ainsi que sur un dialogue transcendant les secteurs et traitant plus largement de pratiques culturelles. Puis 3- l'intervention publique en culture, où une désegmentation et une stratégie de développement socioculturel par la base, centrée sur le citoyen, sont demandées.

Le Ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis est un roman qui procède à une remise en cause de l’autorité narrative. Comme cette déstabilisation s’opère, entre autres, au moyen de la mise en scène d’une narratrice dont la fiabilité est presque d’emblée contestée, nous nous proposons de nous pencher sur cette figure ainsi que sur les stratégies utilisées pour ébranler sa crédibilité. Nous postulons, ainsi, que la tension qui s’installe entre le discours de la narratrice et celui des autres figures d’influence du roman contribue à la déstabilisation de l’autorité narrative, déjà minée par les accrocs à la vraisemblance qui parsèment le texte et bouleversent le cadre de référence établi. Ceci étant dit, dans le cadre de notre communication, nous analyserons plus particulièrement l’impact, sur la crédibilité de la narratrice, du discours en partie intériorisé de la mère et celui, rapporté, des spécialistes (médecins, psychiatres, pompiers) qui interviennent dans le roman. Pour ce faire, nous nous appuierons sur les travaux de Frances Fortier et Andrée Mercier sur le concept d’autorité narrative. Au terme de notre étude, nous souhaitons être en mesure de montrer que les mécanismes de contestation de l’autorité narrative mis en place exigent du lecteur une participation accrue dans le processus d’interprétation et permettent de jeter un nouvel éclairage sur la notion de pacte romanesque.

Bien que l’existence du règne de la reine-pharaon Ankhkheperourê Neferneferouaton à la dix-huitième dynastie (ca 1336-1333 BC) ait été démontrée dans les années 90, elle demeure une souveraine obscure dont la véritable identité pose encore question. Deux théories s’opposent actuellement en égyptologie : celle qui veut que Nefertiti aurait servi sous ce nom comme corégente d’Akhenaton ; et celle selon laquelle ce serait la fille aînée du roi, Méritaton, qui aurait régné après la mort de son père.

La plupart des arguments avancés pour soutenir ces hypothèses portent sur des éléments textuels. Lorsque des arguments iconographiques sont convoqués, ils donnent souvent lieu à des théories confuses basées sur des interprétations intuitives des images, négligeant d’importants indicateurs sémiotiques.

Avec cette présentation, je voudrais démontrer la façon dont l’histoire de l’art et la sémiotique visuelle peuvent contribuer au débat, en réinterrogeant avec méthode différents procédés de production de sens propres aux images, tel notamment l’usage de l’intericonicité en art égyptien.

Nous verrons alors qu’il existe une 3e identification possible de cette reine-pharaon, qui ne serait autre que la fille cadette du couple Akhenaton/Nefertiti, la princesse Neferneferouaton Tasherit. Sa candidature comme pharaon implique une situation inédite en Égypte : elle serait montée sur le trône avec sa sœur aînée Méritaton, cette dernière jouant le rôle institutionnel de Grande Épouse Royale.

Depuis l’automne 2013, la maîtrise en muséologie l’Université du Québec à Montréal et le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) ont engagé un projet de recherche collaboratif. Cette recherche de terrain exploratoire, portant sur l’évaluation du patrimoine hospitalier de trois hôpitaux, permet ainsi aux étudiants d’allier la théorie à une recherche pratique. Depuis septembre 2014, ils arpentent l’hôpital Hôtel-Dieu de Montréal.

Quelle mémoire et quel patrimoine hospitaliers devons-nous conserver et valoriser ? Afin de répondre à ce questionnement, les étudiants ont procédé à une recherche documentaire sur l’histoire de l’Hôtel-Dieu, son quartier et ses spécificités. Ils ont également collecté des objets et des témoignages. Au terme de ces démarches, les étudiants en extrairont des constats et proposeront des recommandations pour la préservation et la mise en valeur de ces patrimoines matériel et immatériel. À mi-chemin du projet, des conclusions intéressantes s’imposent déjà. D’une part, le patrimoine de l’Hôtel-Dieu est bien vivant et en continuel changement. Celui-ci est perceptible chez ses employés, mais aussi en ses murs, influencé par le temps, les développements techniques et technologiques. Enfin, cette recherche participe à la revalorisation du patrimoine hospitalier, à la mise en lumière de son importance sociale et culturelle. Bien plus qu’un lieu de soins, l’hôpital est également le théâtre de la vie, sans filtre, au plus près des émotions humaines.

Dans la partie occidentale de la plaine de la Mitidja en Algérie, le développement de l’habitat s’est fait à partir d’un embryon initial qui est le village colonial avec depuis quelques années la multiplication des lotissements individuels d’initiative privée ou encore des implantations d’habitat vertical. Ces développements récents s’inscrivent dans la situation du pays (tragédie nationale…) que dans les effets de la restructuration et de la récente politique agricole algérienne. (Imache et al, 2011).

Cette réflexion repose sur l’analyse détaillée de l’évolution de trois villages de la lisière septentrionale de la Mitidja Occidentale ou les transformations foncières et d’occupations du sol sont les plus marqués et les plus aptes à être étudiés. Sommes-nous face à l’affirmation d’une nouvelle identité spatiale à l’image des zones périurbaines apparues en France dans les années 70 ?

Ces évolutions témoignent-elles de l’émergence d’un nouvel espace géographique (Bryant.1992, Berger.1989, Poulot.2008) affirmé dans une ruralité nouvelle à travers des transformations économiques et sociales et face à la domination urbaine des villes limitrophes ?

Notre propos se veut une lecture critique sur la façon d’appréhender cette nouvelle dynamique avec l’idée de présenter les éléments précurseurs qui l’ont induit et son impact sur le développement de la région.

 

À partir de 1906, le mot mannequin, désignant l’objet anthropomorphe, qualifie également le corps de femme idéale. Les avancées de la chirurgie des deux guerres vont le concevoir comme un objet à réparer et à améliorer. Après la violence des armes, la médecine aide, par la technologique, à renouer avec le canon humain. À la fin du siècle, la science est exploitée par la sphère artistique faisant échos aux théories du corps sans organe de Deleuze et Guattari (1972). Notre société vit quotidiennement avec une technologie plus proche du corps (prothèses, chirurgie, robotique anthropomorphe) et de l'esprit (intelligences artificielles). Les oeuvres de Natasha Vita-More, artiste et philosophe, seront au cœur de notre propos. En 1982, elle rédige Transhumanist manifesto, l’un des textes fondamentaux pour l’art trans et post-humaniste. Deux ans après, Donna Haraway publie son essai A cyborg Manifesto associant intérêts féministes et trans-humanistes. En 1992, ouvre à Lausanne l'exposition Post-humain, le commissaire J.Deitch questionne l’art face aux revendications des contres-cultures post-1968. En parallèle, le cyberespace grandit peu à peu, le corps devient avatar. Ainsi, notre proposition abordera, sous l’angle de l’histoire de l’art, notre rapport au corps et aux nouvelles technologies dans le but de montrer qu’aujourd’hui les frontières artistiques entre le vivant et l’inerte sont plus obscures que jamais, l’un devenant presque indissociable de l’autre.

 

Aux XVIe et XVIIe siècles, il n’est pas rare de voir le discours prophétique mis au service de la propagande politique, de manière à exploiter la garantie de vérité qu’assure le recours à une source supérieure d’information. Diverses figures féminines assument ce discours : elles sont parfois allégoriques, comme dans La Sibylle francoise, ou derniere remonstrance au Roy (1602), parfois davantage incarnées, telle Friquette la bohémienne (Responce de Dame Friquette Bohëmienne, 1615). Les troubles politiques du début de la modernité semblent un contexte propice à l’activation de ce type de ventriloquie faisant appel à une persona féminine dont l’autorité repose sur une inspiration censément indiscutable.

Dans ce concert, une voix se distingue par son statut privilégié dans l’imaginaire collectif français : Mélusine, qui, dans La Complainte et lamentation ou prophetie de Melusine à la France (parue en 1575), se prononce sur l’état de la France au courant de la cinquième guerre de religion. Il est intéressant de se pencher sur la façon dont cette figure féminine est utilisée afin de véhiculer un discours politique, en m’attardant à la nature de sa prophétie et à l’ethos rhétorique qui fonde sa prise de parole. Je constaterai ainsi que ce pamphlet convoque l’histoire légendaire de Mélusine afin de lui faire servir l’intérêt national, en tissant une analogie entre les conséquences du fratricide pour la famille Lusignan et celles des dissensions religieuses pour l’avenir de la nation. 

J’envisage d’étudier La biographie imaginaire de Désiré Nisard par Éric Chevillard. Désiré Nisard a réellement existé. Des fragments de sa biographie, au sens classique du terme sont insérés à l’intérieur du récit relatant sa vie telle qu’elle est imaginée par Chevillard.

Pourquoi le choix de ce personnage moins illustre, par exemple  que «Charles Baudelaire ou Jules Barbey d’Aurevilly »? Chevillard tient son biographé  pour responsable de tous les malheurs : il est l’incarnation du mal et de tout ce qu’il déteste en littérature. Chevillard condamne ses positions critiques et sa conception de la littérature  que résume sa phrase qui suit : « Ce qui fait la gloire des siècles d’or et l’inépuisable popularité de leurs grands hommes, c’est qu’ayant fondé des monuments de raison, ils échappent aux caprices de l’imagination […] » (p.23, 24). Cette phrase peut se lire comme un plaidoyer en faveur des classiques et un réquisitoire contre les romantiques.

Le dessein de Chevillard est clair et annoncé dès le titre. Et c’est justement par les « caprices de l’imagination » qu’il entreprend sa démolition et l’écriture d’un livre sans Nisard, un livre qui rejette l’héritage classique. 

L’approche adoptée est l’approche biographique et plus précisément la biographie imaginaire. L’analyse du récit repose moins sur le portrait littéraire que sur les types de filiation élaborés par Robert Dion et Frances Fortier.

 

À l'époque des premières projections les bandes cinématographiques, envisagées comme divertissement ou innovations scientifiques, ne sont pas conçues pour donner naissance à un art. Cependant, à mesure que les années passent, les films évoluent et les discours que l'on porte sur eux changent : le cinéma est progressivement institué comme art. Ce processus a fait l'objet de nombreuses études, mais la relation entre la légitimation du cinéma et les textes qui lui sont consacrés est peu interrogée. Je me propose d'aborder cette question en croisant certains des discours tenus sur le cinématographe au cours de ses premières années d'existence avec des écrits portant sur le cinéma des origines rédigés dans les années 1940 et 1950, décennies marquées par un retour historiographique sur les « pionniers » du cinéma. Si les premiers écrits consacrés au cinématographe visent avant tout à produire une définition de l'« objet cinéma », les historiens des années 1940 et 1950 semblent proposer une reconfiguration de cette définition, en envisageant le cinéma des premiers temps comme les prémices de l'art cinématographique. En analysant les similitudes et les écarts entre ces différents textes replacés dans leur contexte de production, je tenterai d'étudier comment les discours portés sur le cinéma ont contribué à sa reconnaissance comme art et pourquoi ces actes de langage, entre évaluation et réévaluation, contribuent à agir sur la définition même du médium.



Dans les romans retenus pour la présente étude, on remarque que le « je » occupe une place essentielle. Le premier de ces romans Dernier amour de Christian Gailly raconte l’histoire d’un compositeur de musique contemporaine affrontant plusieurs événements décevants, le narrateur hétérodiégétique et omniscient deviendra au cours de l’histoire homodiégétique omniscient et se confondra par moments avec le personnage principal Paul Cédrat. Cette pratique narrative rend ambiguë l’histoire racontée et déstabilise les conventions de la narration réaliste puisque le statut du narrateur n’est pas constant. Le même problème apparaît dans deux autres romans choisis pour cette étude. Dans Tarmac de Nicolas Dickner, le narrateur homodiégétique rapporte l’histoire de Hope, son amie. L’invisibilité du narrateur et son incapacité à s’imposer comme sujet de son récit, de même que son omniscience non justifiée rendent  problématique son existence au sein de l’histoire et nécessitent que l’on s’y intéresse. Dans La maison des temps rompus de Pascale Quiviger l’identité de la narratrice n’est jamais révélée. Pourtant, celle-ci raconte sa propre histoire depuis sa naissance jusqu’au moment de l’écriture de sa vie. De plus, son omniscience irrégulière rend la situation narrative doublement transgressive. Il faudra donc étudier la situation narrative dans ce roman afin de comprendre le motif derrière ces entorses à la vraisemblance pragmatique. 

Bien qu’annonciateurs de l’humanisme inhérent à l’âge du numérique, le mythe heideggérien de l'origine poétique du Dasein et la pensée de son devenir qui innervent sa philosophie de la technique sont-ils conformes au tournant hyperhumaniste de l’analytique du mythe ? Si non, sont-ils ré-anthropologisables ? Répondant non à la première question, la communication part de l’hypothèse que la deuxième invite à penser le sens humain de la fiction mythologique et de la technologie comme devenir de la technique chez Heidegger. Nos objectifs sont de montrer que, herméneutiquement posthumaniste, la mythologie heideggérienne est transhumaniste. Elle en appelle à un "dieu nouveau" et débouche sur une post-humanité jetée au monde, sans appui. Sa ré-anthropologisation requiert une analytique du mythe de l’hyperconnexion. Notre méthode, husserlienne, par la "réduction" d'abord, constate que chez Heidegger (1972) « la pensée à venir n’est plus philosophie » (p. 325), encore moins positive. Par "constitution" phénoménologique ensuite, l’analytique de l'humanisme voit le mythe heideggérien de l’origine jusque-là, démiurgique, qui faisait le lit au transhumanisme et au pessimisme, être ramené à son "eidos" technique par « les apports des sciences » (E. Brito, 2000, p. 371), de la fiction artistique et de la technologie numérique. Comme résultat, la « mythanalyse du transhumanisme » (Fischer, 2018) offre une origine actuelle à l'humanité, augmentée et rassérénée via les hyperliens numériques.

Les rapports problématiques entre individus sont fréquemment représentés en littérature de la francophonie. Le mal-être général consiste à ne se reconnaître ni dans l’image projetée, le stéréotype, ni dans l’idéal intériorisé par la société. Ceci occasionne une fracture dans les relations et un écart vis-à-vis de l’Autre. Les écrits de la Négritude font état d’une rencontre manquée entre le colonisateur européen et l’Africain. Cette situation, vécue de la perspective du colonisé, permet de débâtir les idéologies et de les réorienter vers une acceptation de soi et de l’Autre. Léon-Gontran Damas, co-fondateur du mouvement, manifeste dans sa poésie les impacts de ce détachement, car ses poèmes présentent plusieurs situations dans lesquelles des sujets ne peuvent entrer en contact, ce qui est source de tension.

Il s’agira, dans le cadre de ce colloque, d'interroger la problématique de la communication dans le recueil Pigments de L.G. Damas. Nous nous demanderons comment elle se définit, quels sont ses moyens et ses visées. La communication, que nous entendons en terme d’interrelation, semble revêtir plusieurs fonctions. On peut s’exprimer pour expliquer, pour démontrer, pour informer, etc. Outre la parole, les silences et les gestes peuvent communiquer. Nous supposons qu’elle manifeste la volonté d’un émetteur d'échanger avec un récepteur et imaginons un effet idéologique sur les deux instances. Les théories de l’énonciation viseront à éclairer le jeu d'interlocution et sa portée. 

À Montréal, ville réceptacle de migration de masse, la communauté marocaine est en croissance et contribue significativement à la formation de la mosaïque culturelle de la ville. Cette recherche examine les formes d'appropriation de l'espace résidentiel par la communauté marocaine de Montréal et l'identité culturelle qui en résulte. Son originalité réside dans son approche croisant l'expérience utilisateur en architecture et les dynamiques d'habitation d'une communauté immigrante. Elle soulève ainsi la question suivante : comment les formes d'appropriation de l'espace résidentiel par la communauté marocaine de Montréal mettent-elles en lumière les limites du logement standardisé, et dans quelle mesure ces pratiques peuvent-elles orienter une conception d'un espace résidentiel adapté au contexte multiculturel? La méthodologie comprend l'étude de la morphologie de l'espace résidentiel montréalais et des politiques publiques de logement, la réalisation d'une étude ethnographique de l'espace domestique des Marocains, et des entretiens semi-dirigés auprès de la communauté pour documenter leurs choix d'aménagement. Cette recherche contribuera à l'avancement des connaissances sur la standardisation du logement dans les villes multiculturelles. Sur le plan pratique, elle offrira des perspectives de développement de politiques de logement plus inclusives aux minorités culturelles à Montréal avec des résultats potentiellement transférables à d'autres communautés immigrantes.

Le graphisme, dans la production d’un mémoire-création, est d’habitude confiné aux limites déterminées par le cadre institutionnel. Confrontée à ces limites, je cherche, par le biais d'une réflexion sur la notion de gabarit, à montrer que les interventions graphiques sur la forme du mémoire-création peuvent contribuer à la transmission des savoirs. Fondée sur des normes institutionnelles, la forme classique d’un mémoire universitaire offre une structure qui permet la transférabilité des résultats de recherche. Or, à cette forme normée s’oppose l’acte de création, qui cherche plutôt l’expression et l’originalité. Prenant appui sur la forme de mon mémoire-création en cours d’écriture, je montre que la rédaction d’un travail de recherche peut elle-même être l’occasion d’expérimentations, et que les résultats de recherche peuvent prendre une forme originale et pertinente, tout en respectant peu ou prou les normes de l’institution. Je m’intéresse aux tensions entre la forme institutionnelle normée et les spécificités propres au design graphique, en interrogeant le registre discursif qui permet à la forme du mémoire-création de contribuer à la production du sens. Bien qu’un désir d’écrire autrement la recherche-création se fasse sentir dans le milieu universitaire, peu d’études portent sur la forme de présentation d’une recherche en design. Cette communication souhaite ouvrir une piste de réflexion sur la possibilité de redéfinir les normes de présentation en recherche-création.

Écrivaine française contemporaine, Christine Montalbetti a publié depuis 2001 chez P.O.L onze ouvrages en prose, dont trois — Western (2005), Journée américaine (2009) et Plus rien que les vagues et le vent (2014) — mettent en scène des histoires se déroulant aux États-Unis. Ces « romans américains » se distinguent des autres œuvres par leur hétérolinguisme, c’est-à-dire par « la présence dans le texte d’idiomes étrangers » (Rainier Grutman), ici de langue anglaise. Après avoir proposé un relevé succinct de ces occurrences hétérolingues, nous les analyserons dans la perspective de la linguistique énonciative et les mettrons en relation avec la poétique méta-réflexive privilégiée par Montalbetti dans le reste de son corpus ; ce faisant, nous révèlerons comment elles participent à la mise en place de l’ethos érudit marquant la production scripturale de l’auteure.

Écrivaine française d’origine vietnamienne, Linda Lê, une « femme tentée de noir » (N. Huston, 2004), pratique une « écriture du manque », cruelle et mortifère (M. Bacholle, 2006). Les Trois Parques (1997), premier opus d’un triptyque consacré au deuil du père demeuré au Vietnam, relate une relation filiale ardue et des retrouvailles ratées, dans une logorrhée où prédomine une oralité sadique. Lors de cette communication, j’étudierai les motifs de la nourriture et de l’incorporation mélancolique (N. Abraham et M. Torok, 1978; J. Kristeva, 1987) dans la production de Lê en m’attardant au récit Les Trois Parques. Contrastant avec la cuisine simple du roi Lear, les recettes sanglantes de lady Chacal – pensons aux mets de fête inusités inscrits dans le codex – sont souvent des objets de convoitise inaccessibles dont l’étrangeté amène la rhétorique culinaire dans un lieu qui n’est pas celui de l’exotisme. (T. Do, 2004, p. 43) Dans le roman, plusieurs descriptions alimentaires suscitent en outre le dégoût : lors de la noce normande, la cadette n’en peut plus de voir son Théo manger malproprement, alors que la cousine Manchote vomit durant le service du dessert. Pour C. Selao, le récit Les Trois Parques invite à une lecture d’une parole déplacée, inconvenante et en quête d’une place. (2011, p. 19) La métaphore alimentaire, qui constitue une modalité du récit de l’exil chez Lê, traduit à mon avis une acculturation culturelle qui achoppe et un questionnement de la transmission.

Amorcées à la fin des années 1980, les guerres culturelles américaines ont opéré sur de multiples terrains, la sphère muséale ne faisant pas exception. Certaines institutions américaines sont ainsi devenues le théâtre de luttes idéologiques largement médiatisées opposant progressistes et conservateurs. Après une dizaine d’années de relative quiétude, le monde muséal a été secoué récemment par une polémique de grande envergure . Cette fois, les interactions entre les acteurs impliqués étaient d’un ordre différent, les nouvelles technologies ayant changé la donne quant  à la naissance et le développement des controverses. Le vaste débat engendré par l’exposition Hide/Seek : Difference and Desire in American Portraiture, présentée à la National Portrait Gallery de Washington D.C. entre octobre 2010 et février 2011,  est en partie attribuable à un emploi intensif des médias sociaux, pôle de médiation aux possibilités virtuellement illimitées. Une temporalité nouvelle s’introduit, le conflit se développant désormais en temps réel. Il s’amorce également un changement dans le degré de publicité de la controverse muséale, le terrain de cette dernière semble s’être élargi, internet ayant créé un nouvel espace public. Il s’agira d’examiner la nature des interactions induites par ce changement de paradigme en analysant plus particulièrement le début de la controverse, moment particulièrement révélateur en ce qui concerne le rôle exercé par les médias sociaux dans cette polémique.