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La science-fiction, par sa capacité à transgresser les frontières entre sciences et fiction, ses temporalités multiples et son traitement du changement global, devient pour les chercheurs une voie privilégiée dont ils font usage. L’objectif de cette communication est d’analyser l’Anthropocène au prisme des dialogues entre sciences et fictions, rompant avec le « grand partage » entre chercheurs et auteurs.

Dans une perspective diachronique et critique d’un corpus francophone, nous nous concentrerons dans un premier temps, sur ce qui constitue les bases fertiles d’un dialogisme entre science et fiction : l’appel aux récits et l’attention nouvelle aux futurs. Nous analyserons ces processus à travers l’imaginaire spéculatif chez Debaise et Stengers. Nous soulignerons ensuite la critique de la notion de progrès à travers deux formes d’usages de la S.F. : la réinterprétation d’un texte Bradley chez Hache et la rupture science-fictionnelle chez Latour. Enfin, nous analyserons la façon dont les chercheurs font usage de la S.F. pour « conjurer » la fin des temps, au regard des textes de Engélibert, Rumpala, Citton et Rasmi.

Notre démarche interdisciplinaire mêle analyse historique et études littéraires. Nous proposons ainsi une mise en regard de l’Anthropocène au prisme de l’analyse des dialogues entre sciences et fiction. En quoi le changement global et le tournant cosmologique qui lui est associé constituent-t-ils un levier de la fin du grand partage entre science et fiction ?

Le scénario de cinéma est largement perçu comme une étape, voire une formalité en vue de la réalisation d’une œuvre audiovisuelle et sa littérarité est peu considérée. Or, nous sommes bel et bien en présence d’une écriture de fiction et d’un rapport spécifique au langage, dicté par différents codes esthétiques et formels.

Alors que les travaux comparatifs dédiés à la littérature et au cinéma sont déjà nombreux – mais tournent le plus souvent autour de questions liées à l’adaptation filmique d’œuvres littéraires, sinon à l’inverse, de novellisation – je souhaite aborder le scénario et ses pratiques (écriture, lecture, analyse) comme de nouveaux objets pour réfléchir les circulations et les interactions possibles entre le texte et l’écran. L’étude du scénario soulève également des enjeux et des questions en lien avec les processus sociaux de légitimation esthétique des objets culturels, ainsi que l’organisation des savoirs et des disciplines dans les universités. L’approche intermédiale autorise ici le croisement multidisciplinaire de préoccupations littéraires et cinématographiques (J.E. Müller, Johanne Villeneuve). Elle permet également de penser le scénario à l’aune des «modalités de réception publique» et de «discursivité sociale» (André Gaudreault, Philippe Marion). L’intermédialité ouvre donc la voie à un double renouveau théorique autour du scénario et de ses pratiques. La présente communication sera l’occasion d’exposer mes principales pistes de réflexion en ce sens.

Les thèmes de la participation des « femmes de l’espace » à la fabrique de la ville, ainsi que l’analyse des pratiques et usages d’appropriation des « femmes dans l’espace » au niveau de la ville nouvelle Ali Mendjeli, constituent la matière du présent article. Aujourd’hui, les villes algériennes font face au désordre qui règne dans plusieurs secteurs de la vie urbaine. L’espace public n’échappe pas à la crise multiforme qui secoue le pays, il est ainsi le théâtre de toutes les dérives. Les femmes algériennes, autrefois confinées « à l’intérieur » des espaces, se battent chaque jour pour « traverser » et prendre place activement au sein de leur ville, en se frayant un chemin « sécuritaire » jusqu’à leur destination quotidienne. Aujourd’hui, quelle est la place de la femme dans le processus de fabrication de la ville? Quel est sa participation réelle dans la production de l’espace? Quel rapport entretiennent « les femmes de l’espace » et « les femmes dans l’espace » avec la ville nouvelle Ali Mendjeli ? Pour tenter de répondre à ces interrogations, une enquête qualitative a été menée et les propos qui suivent sont les premiers éléments de cette investigation. Si la participation des femmes se limitait à l’espace domestique, elle est à présent une réalité dans la fabrication et l’usage de la ville compte tenu d’un investissement « crescendo » à différentes échelles, de la sphère publique.

 

La Revue canadienne est une revue savante et littéraire, publiée entre les années 1864 et 1922. Elle est financée par Eusèbe Senécal, un jeune imprimeur-éditeur de Montréal, fondateur et propriétaire de cette publication. Le premier comité de direction (ou rédaction), est composé de 10 membres qui assurent le programme éditorial. Dès le début de l’aventure, les objectifs du comité et du propriétaire de la revue sont très clairs: mettre en place un organe de diffusion qui servira autant la cause de la littérature et des connaissances dites morale que celle de l’édification d’une conscience nationale francophone en Amérique. Le programme est ambitieux.

 

Pour cette communication, je présenterai la première décennie de la Revue canadienne, de 1864 à 1874, qui correspond  aux années où Eusèbe Senécal en est le propriétaire. Dans un premier temps, j’exposerai les sources consultées pour la réalisation de cette recherche. J’expliquerai ensuite le contexte historique dans lequel prend forme et évolue ce périodique, l’approche éditoriale de son comité de direction ainsi que l’administration de la revue. Enfin je brosserai un tableau des nombreux auteurs qui ont collaboré à la Revue canadienne pendant cette période.

Les Frères Gagné cinéastes, temoins et acteurs de l'expérience culturelle contre-culturelle québécoise, continuent d'intervenir en réalisant des films "indépendants" souvent hors-normes. Les Pales du mal - un parcours citoyen, film de quête et de combat, témoigne de l'engagement citoyen des artistes eux-mêmes et présente une myriade de manifestations de citoyens mécontents. Les Frères Gagné y mettent en question les approches politiques balisant et justifiant les infrastructures de production d'éolectricité dans les Appalaches. Le travail-passion des cinéastes s'y affirme tel un exercice de pouvoirs. Brut et expressionniste, ce film rend un regard de l'intérieur d'une lutte sociale qui bouscule de nombreuses certitudes quant à la pertinence de ces infrastructures et à la moralité des instances et processus institutionnels orientant, autorisant et conditionnant leur implantation. La compréhension de l'expérimentation singulière du politique par les artistes durant le parcours de réalisation et de production des Pales du mal permet d'apprécier les ancrages, limites et l'horizon de leurs actions en regard de leur propre perspective critique.  Partant d'un effort de description des liens sociaux qu'ils vivent et tissent durant leur pratique, l'étude exploratoire de cette expérience productive éclaircie les frontières et le sens de l'indépendance d'une pratique cinématographique et dénote l'évolution des penchants culturels contre-culturels des cinéastes.







La critique de la violence du pouvoir et celle du pouvoir de la violence sont ancrées dans le questionnement théorique et littéraire du vingtième siècle. C’est le cas du roman Le Maître de jeu (1999) écrit par Sergio Kokis dont l’un des thèmes principaux est la torture vécue par l’un des trois personnages principaux, Tiago Cruz. Celui-ci sera torturé physiquement et psychologiquement pendant de longs mois et, transformé par cette expérience déchirante, il est impuissant à exprimer son vécu physique, psychologique et métaphysique. C’est par une opération d’anamnèse sous forme de prise de parole et de reconstruction d’un discours morcelé par le trauma que son ami Ivan, en tant que scribe, essaye de redonner un sens, un temps et un espace à la vie de Tiago. Dans cette communication nous désirons analyser le discours sur la torture que fournit Tiago et qu’Ivan transcrit sous forme de métafiction, comme une reconstitution anamnestique qui fournirait une sortie possible de l’exil intérieur de Tiago. Nous souhaitons voir quels sont les mécanismes, les fonctions et les configurations de la transcription scripturale d’un vécu traumatique par le biais des forces (politiques, religieuses, littéraires, etc.) qui pèsent sur la victime et sur l’auteur. Cela nous amènera à nous questionner sur la possibilité même d’une transcription authentique et objective d’une telle expérience par un homme qui, dans son humanité profonde, est incapable de ne pas éprouver de l’empathie avec la victime.

La dissolution de l’Empire Ottoman et l’abolition du Califat, système politique ayant régi et rassemblé les pays à majorité musulmane pendant plus d’un millénaire, ont été vécus dans cette région du monde comme une défaite et une humiliation. Cet événement retentissant fut à l’origine de l’apparition d’une idéologie politique qui est à l’aube du XXIème siècle au centre de l’actualité mondiale. En 1928 en Egypte et dans un contexte colonial est créé le mouvement des Frères Musulmans, une organisation politique dont les objectifs sont entre autres la restauration du Califat et la protection des sociétés musulmanes de « l’occidentalisation » en prônant une application stricte des textes religieux. L’idéologie de cette organisation a parcouru depuis sa création un long chemin pour évoluer et passer d’un phénomène sociopolitique égyptien à un phénomène de société international et multiculturel.

Nous proposons ainsi dans notre communication d’étudier les premières apparitions dans la littérature francophone contemporaine du thème de « l’islamisme ». Nous étudierons pour cela l’inscription de cette idéologie dans le roman posthume de l’écrivain francophone algérien Tahar Djaout Le Dernier été de la raison. Nous tâcherons de montrer comment s’articule dans le texte littéraire francophone cette idéologie politique en nous aidant des recherches de théoriciens comme Marc Angenot ou encore Hannah Arendt sur les grandes idéologies politiques du XXème siècle.

En Espagne, il est difficile d’aborder le thème de la guerre civile (1936-1939) et de la mémoire de ses victimes sans que cela ne génère des clivages. En décembre 2007, la loi votée sur le devoir de mémoire a divisé et divise encore l’Espagne (Bennassar, 2009). Il est donc complexe pour l’Etat de construire un musée dédié à la guerre civile. Cependant, au Musée National Centre d’Art Reina Sofia une unité d’exposition est consacrée à la contextualisation historique et artistique de Guernica réalisé à Paris par Pablo Picasso en 1937 durant la guerre civile espagnole.

C’est dans ce contexte politique et social que cette communication vise à savoir si l’on peut considérer l’exposition et les expôts comme des outils nécessaires à une nation - ayant vécu un évènement traumatique - pour entreprendre un travail des mémoires individuelles et collectives ?

Nous présenterons les résultats d’une étude des publics effectuée au MNCARS. Quarante espagnols de 20 à 80 ans ont été interrogés dans les salles et après leur visite. L’objectif  est de montrer comment la réception des moyens scénographiques mis en œuvre par un musée national, à travers un symbole international, peut non pas corroborer un devoir de mémoire mais amorcer - suivant la génération ou le contexte politique et social dans lequel a grandi le visiteur - un travail des mémoires individuelles et collectives (Ricœur, 2000) auprès des publics originaires de cette nation.

En 1872, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau (1820-1890) écrit son ex-libris dans un exemplaire de La dévotion au Sacré cœur de Notre-seigneur Jésus-Christ, publié en 1757, ainsi que des commentaires sur sa mère, Marie-Louise Chauveau (née Roy, 1792-1852), et son grand-oncle, Charles Chauveau (1758-1794), qui avaient eux aussi laissé leur ex-libris dans ce même exemplaire. En plus de nous informer des préférences bibliophiliques de Chauveau et de sa famille, ces marques de possession participent à une mise en récit identitaire. En effet les notes biographiques dans les pages de garde de livres familiaux s’apparentent à la pratique du livre de raison, ou mémoire de famille, alors en vogue chez les élites canadiennes-françaises. Chauveau, alors qu’il est le premier premier ministre de la province de Québec, utilise ces notes pour mettre en valeur sa propre position au sein du gouvernement. Ce n’est cependant que par le travail en cours d’inventaire des livres anciens et d’interprétation des marques de possession que cette valorisation est actualisée. Enfin, par son passage d’un individu à l’autre avant d’être aujourd’hui conservé à l’Oratoire Saint-Joseph de Montréal, cet objet-livre a un parcours illustrant comment un cas de figure de patrimoine familial devient un exemple de patrimoine culturel national par l’intermédiaire de son institutionnalisation.

La mode demeure l’un des éléments les plus captivants du temps moderne. C’est un indicateur important du temps et de l’espace. La mode ne fait pas cavalier seul. Elle englobe entre autres le mannequinat, la photographie de mode, la haute couture, les défilés. Le mannequin s’inscrit dans une logique de construction identitaire tout au long de sa carrière. Cette recherche couvre certes les trois entités de la mode, mais elle met davantage l’emphase sur le mannequinat et le corps du mannequin comme produit de la modernité.

Dans le cadre de cette enquête, une méthodologie mixte a été adoptée. L’approche qualitative nous a permis d’interroger des dizaines de professionnels de la mode en Haïti dans le but de comprendre la construction identitaire des mannequins. Des techniques de recherche telles que l’observation participante, le focus group et l’entretien semi-dirigé ont été utilisées au cours de cette étude. Ainsi, un guide d’entretien individuel de type semi-directif et un guide de focus group ont été utilisés en vue de saisir le vécu, la compréhension des mannequins, des photographes de mode et des créateurs de mode.

Pour sa part, l’approche quantitative nous a permis d’avoir certaines données sociodémographiques importantes sur les mannequins en Haïti. L’enquête quantitative a été menée auprès de 75 mannequins (hommes, femmes, LGBTIQ+, binaires, bisexuels, etc.) sur tout le territoire national. Il est question de comprendre la construction identitaire des mannequins dans la mode.

Au cours des dernières décennies, le milieu de la musique classique a développé différentes stratégies afin de conserver son public. L’une d’entre elles est le cross-over, tel que pratiqué par les orchestres symphoniques au Québec. D’abord utilisée comme stratégie marketing, cette pratique a su s’implanter dans les programmations de concerts des orchestres symphoniques de Montréal et de Québec, et semble être devenue un moyen pour le public de renouer avec ces institutions. Ainsi, cette pratique est-elle seulement une stratégie marketing ou est-elle aussi le reflet des rapports de la société québécoise avec ses institutions de musique classique? De plus, comment le renouvellement des programmes de concert via une diversification du répertoire s’inscrit-il dans une démocratisation de la musique classique? Pour mener à bien ce projet de recherche, une analyse de l’ensemble des programmations de concerts de l’OSQ et de l’OSM depuis la saison 2000-2001 a été effectuée afin de dresser un réel portrait de la situation. À la lumière des résultats suggérant que le cross-over est maintenant une pratique établie, il s'agit maintenant de dresser une cartographie précise de l’impact du cross-over en musique classique au Québec. Cette recherche permettra de mieux comprendre le phénomène du cross-over au Québec et quel impact la diversification de l’offre de concerts a sur la démocratisation de la musique classique au Québec, en rapprochant les orchestres symphoniques et le public.

Cette communication présente l’avancement d’une recherche doctorale réalisée dans le cadre du projet Médias 19, une plateforme collaborative qui promeut la recherche sur la presse francophone présente sur les cinq continents et les représentations médiatiques construites à partir des récits d’explorateurs, de voyageurs et de reporters dans les périodiques.

L’objectif de notre travail est de dresser un inventaire des représentations du Brésil qui circulaient dans la presse française de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à la fin du premier tiers du XXe siècle, ainsi que dans certains romans, parfois prépubliés dans les journaux. Nous nous intéressons au rôle joué par la circulation des périodiques et les récits de voyage qu’ils publient dans « l’invention » médiatique d’un pays comme le Brésil, et ce à partir de l’autre rive de l’Atlantique, dans la France de la « civilisation du journal ».

Les premières étapes de la recherche ont compris le dépouillement du corpus à l’aide de fonds numérisés, le recensement quantitatif, rendant compte du phénomène de viralité et de représentation collective et, enfin, l’analyse qualitative dans le but de saisir de manière plus approfondie certains éléments que nous souhaitons remettre en question à l’aide de certaines études de cas.

Nos résultats préliminaires pointent vers un répertoire « d’images-thèmes » d’un Brésil colonial, peuplé par des autochtones et esclaves africains joyeux et naïfs, admirateurs des aventuriers européens.

L’Hôpital des enfants trouvés
de Nancy fut érigé en 1774. Cet établissement fut avant tout
un lieu de transit pour les enfants abandonnés en Lorraine. Entre 1774-1775, il
recueillit un total de 462 enfants, dont la plupart ne firent que passer. Ils y
reçurent seulement les soins élémentaires et le baptême, puis ils furent
renvoyés à la campagne. Cette
redistribution des enfants trouvés engendrait une importante mobilité
infantile. Elle impliquait que les enfants circulent sur une très grande
distance. Notre communication portera précisément sur
ce phénomène de circulation des enfants abandonnés. Elle s’intéressera au
destin des enfants trouvés en Lorraine, entre 1774-1789. Celle-ci s’appuiera
sur le fonds d’archives inédit de l’Hospice
St-Stanislas de Nancy (H-dépôt 5). À partir des registres d’admission de l’hôpital, des
procès-verbaux de la réception des enfants, des dossiers personnels de chacun,
ainsi que des bilans financiers de l’institution et des actes de fondation de
celle-ci, nous dégagerons les grandes tendances relatives à la circulation des
enfants exposés. Nous montrerons aussi comment les différentes trajectoires de vie de
ces derniers furent modulées par des caractéristiques propres à chacun, telles
que l’âge et le sexe. Cette présentation, en
fournissant des informations nouvelles issues de sources inexploitées,
contribuera assurément à l’avancement des connaissances liées à l’histoire de
l’enfance et l’histoire des institutions d’assistance.

Dans la foulée d’un travail de recherche présenté lors du dernier congrès de l’Association française de sémiotique (Lièges, 2013), je me propose de poursuivre la réflexion en abordant la réactualisation d’un genre pictural conventionnel dans les affiches publicitaires actuelles, à savoir la nature morte. Pour ce faire, je pendrai à témoin les publicités de la collection féminine Hiver 2013-2014 du couturier Valentino, de même que les affiches promotionnelles de la série télévisée Hannibal par Bryan Fuller. L’hypothèse à vérifier sera celle du passage d’un médium majeur à des supports publicitaires. Mais, plus spécifiquement, l’étude portera sur le transfert de la charge sémantique des natures mortes picturales anciennes à la publicité actuelle. Je tenterai de démontrer en quoi la reprise de la thématique de la nature morte constitue une stratégie permettant aux publicitaires de se faire les « relanceurs » d’un contenu symbolique antérieur (voluptas, vanitas) dans le domaine de la mode et celui des séries télévisuelles de criminalistique. L’étude comparative des images visera à mettre en lumière le fait qu’ellesrenseignent sur l’histoire sociale par le biais de la mise en image d’objets usuels issus du quotidien, de même que sur les rapports que l’homme entretient avec le monde matériel. Aussi, une attention particulière sera portée au contexte d’émergence des images de pub et à l’ancrage socioculturel dans la production du sens.

Avec quelles voix symboliques des femmes autochtones au Québec cherchent-elles à revitaliser la transmission de leur culture ? Deux cadres de référence, soit le blanc (culture euro-occidentale) et le rouge (autochtone), animés par le concept de contexte enchâssé (C. Goodwin), entament un «dialogue».  Les pressions de ruptures convoyées par le cadre blanc sont nommées : perte du lien à la nature, changement du rapport au temps et à l’espace, perte de la tradition (G. Balandier). Cette recherche examine le sens d’œuvres de Joséphine Bacon, Natasha Kanapé Fontaine (poésie), Nadia Myre,  Ellen Gabriel, Eruoma Awashish (arts multidisciplinaires) et Alanis Obomsawin (documentaire). Ces femmes autochtones nous convient, par la médiation de leurs œuvres, à un véritable dialogue, empreint des valeurs de paix et de respect. Le rapport au monde traditionnel (cosmogonie) réverbéré révèle un rapport sacré à la terre. Ainsi, la force de leurs traditions participerait à relever le sort de la transmission, le fondement même de toute culture.

En 1958, avec la création du Ministère de la Culture, Malraux inaugure une politique de démocratisation culturelle. Celle-ci influencera les musées à plusieurs égards ; on entend rendre accessible au plus grand nombre les chefs-d’œuvre de l’art. La démocratisation se comprend alors comme la volonté d’ouvrir symboliquement le musée aux publics qui n’en sont pas familiers. Les moyens de médiation se déploient dans et autour de l’exposition parallèlement au développement des services aux visiteurs.

Qu’en est-il aujourd’hui de la démocratisation dans les musées d’art ?

En 2006, Jean Caune affirme que la politique instituée par Malraux est un échec partiel. Les travaux de Bourdieu dénonçant l’inégalité des visiteurs face aux œuvres d’art font encore écho. Malgré de nombreux progrès, pourquoi les musées d’art, particulièrement, semblent-ils résister à ce mouvement ?

Pour répondre à ces questions, nous tâcherons tout d’abord de redéfinir le concept même de démocratisation. Il  paraît ensuite intéressant de mettre en perspective les situations française et québécoise car, bien qu’il y ait des similitudes dans l’apparence actuelle des institutions, il s’agit véritablement de deux traditions ou cultures muséales différentes. La mise en œuvre du projet de démocratisation culturelle, de part et d’autre de l’Atlantique, a probablement pris des tournures divergentes. Cette analyse comparative nous amènera peut-être à identifier les obstacles à sa réalisation.

Alors que le chasse nous rappelle notre appartenance au règne animal, elle est simultanément l’activité à partir de laquelle l’humanité s’est distinguée de celui-ci. On accorde d’ailleurs l’émergence du récit aux chasseurs de la préhistoire qui déchiffraient des séquences narratives à partir des traces laissées par leurs proies (Guizburg : 1989). La mise en récit des ruses, des espérances ou des exploits de la chasse témoigne ainsi d’une relation spécifique à la nature, mais aussi d’un rapport particulier à la narration et, par conséquent, à la communauté.

Si le témoignage cynégétique se construit principalement autour du passage de l’expérience vécue (Erlebnis) vers l’expérience transmise (Erfarhung), il se révèle également comme un puissant véhicule culturel. Ainsi, en racontant la « quête de l’animal », l’histoire de chasse déborderait de son cadre énonciatif initial et alimenterait un discours complexe sur les différents partages entre nature et culture, vie et mort, individu et société.

À partir d’extraits, tirés de L’histoire de la chasse au Québec de Paul-Louis Martin et de la revue Sentier Chasse et Pêche, cette présentation compte interroger la parole cynégétique québécoise afin de saisir ses enjeux et sa portée. Autrement dit, il s’agira, en rapatriant vers les études littéraires et, plus spécifiquement, vers la sociocritique, un objet d’étude généralement attribué aux anthropologues, de « lire » les visées sociales, voire politiques, attenantes au récit de chasse.



Considérant la présence accrue de la mode dans l'espace d'exposition autrement dédié aux arts visuels, phénomène récent qui culmine dans la dernière décennie avec des expositions telles que Jean Paul Gaultier et Alexander McQueen: Savage Beauty, il serait juste de se questionner sur les dynamiques engendrées par ce type de pratique interdisciplinaire. La nature protéiforme de l'objet de mode, qu'il s'agisse du vêtement, de l'accessoire, du support numérique ou plus conceptuellement du défilé de mode dans son entier, refuse une finalité arrêtée et porte ainsi une performativité inhérente, puisqu'en constante transformation et re-performance de l'acte initial (lequel se situe dans le défilé). À travers cette communication, je démontrerai que la mode, par son caractère performatif et double, pris entre acte et objet, modifie les codes de la pratique commissariale, et que la galerie, simultanément par son esthétique et ses politiques de mise en exposition, modifie également les codes de la mode. En ce sens, je vise à inscrire la mode comme pertinente et nécessaire au sein de l'espace d'exposition en tant que phénomène culturel significatif, puisque les deux pratiques se contaminent et provoquent un déplacement réciproque de leurs politiques spécifiques. 

La nudité peut être troublante, dérangeante, excitante et fascinante. Bien sûr, elle a été réfléchie et éprouvée de façon différente selon les époques et les contextes. Mais qu’advient-il lorsque celle-ci est multipliée par dizaine, par centaine, par millier? Vanessa Beecroft et Spencer Tunick, deux artistes contemporains reconnus internationalement, nous donnent à voir ce genre de nudité; ils exposent, dans des contextes bien différents, des corps dénudés qui posent la question de la multiplicité. Étonnamment, les œuvres performatives de ces artistes nous montrent des corps dénudés dont l’érotisme semble presque complètement neutralisé, comme si l’œil du spectateur glissait sur un mur de peau et que l’excitation n’arrivait pas à le traverser.

L’objectif de cette communication est de positionner l’état de nudité des corps mis en scène par Beecroft et Tunick, tant dans leur rapport à l’histoire de l’art qu’aux problématiques contemporaines. Cette question présente certaines difficultés, puisque ces corps n’entrent dans aucune des catégories hégémoniques de la représentation – que ce soit celle qui oppose le nu et la nudité, la pornographie et l’érotisme ou le corps utopique et le corps «topique», selon le terme de Foucault. À partir de la théorie sur l’ouverture des corps de Georges Didi-Huberman et des stratégies formelles utilisées par Beecroft et Tunick, nous démontrerons que ces deux artistes proposent une nouvelle forme de nudité, dont les enjeux sont tout à fait actuels.

La « critique des traductions » fait partie des sous-disciplines de la traductologie depuis que James Holmes a publié une première cartographie du domaine en 1972. Dès lors, le nombre de théories sur le sujet ne fait qu’augmenter, tandis que les études sur le champ montrent qu’il existe un véritable fossé entre les propos critiques des spécialistes et ceux du lectorat moyen (Audet 2009; Doyle 2018; Desai 2020). Le Canada est un cas particulier en traductologie : en plus de disposer de deux prix nationaux en traduction, l’État finance chaque année la traduction de plusieurs dizaines d’œuvres. Pourtant, on en sait peu sur le processus évaluatif qui précède la remise de ces prix, et les rétroactions des jurys n’ont jamais été soumis à une étude approfondie.

Dans cette communication, une lacune historique est d'abord comblée en présentant le contexte qui a mené à la création du Prix de traduction John-Glassco et de la catégorie Traduction des Prix littéraires du Gouverneur général. Une analyse des critères d’admissibilité à ces prix et des quelques rares « directives » d’évaluation rédigées par certains membres du jury pour coter les traductions gagnantes est ensuite proposée. Les documents d’archives ainsi examinés témoignent de l’étonnante diversité qui caractérise les critères d’évaluation utilisés, même parmi les experts canadiens, et renseignent les lecteurs, les traducteurs et les critiques sur les présupposés que nous détenons tous sur la traduction littéraire (Vanderschelden 2000).

Cette communication sera l’occasion de présenter les axes de réflexions qui nourrissent mon mémoire de maitrise portant sur l’identité du sujet racé dans l’œuvre de Nadine Gordimer, auteure sud-africaine blanche et lauréate du prix Nobel de littérature de 1991. Il s’agira de rendre compte de la recherche d’un espace interstitiel (Bhabha, 1994), qui rend possible la rencontre entre Noirs et Blancs dans deux romans, La fille de Burger (Gordimer, 1981), Ceux de July (Gordimer, 1979). Les contextes de ségrégation, comme celui de l’apartheid, exacerbent l’importance de la notion de race, qui, dans les faits, relève d’une fiction maintenue en place au moyen de lois coercitives. Nous arguerons que les représentations du lieu physique ne permettent pas de véritables rencontres entre Noirs et Blancs, qu’elles sont tout au plus le théâtre d’un contact impossible ou violent. Écrire dans ces lieux chargés des violences raciales, c’est adopter une position de l’entre-deux ; c'est-à-dire éviter d’être confiné au territoire du maitre en reproduisant sa voix ou en s’y opposant de façon directe. En contexte d’oppression, il s’agit plutôt de trouver un espace autre dans lequel la race perd ce pouvoir discriminatoire ; un chez-soi (home) à l’intérieur de la maison du maitre (Morrison, 1997). Ainsi, c’est l’énonciation qui permet d’investir la frontière et de faire de la marge un lieu discursif où la rencontre de l’autre est possible. 

Il s'agit des actions politiques employées pendant le consulat de Napoléon Bonaparte, liées au processus de colonisation française de Saint-Domingue, aujourd'hui Haïti, qui a débuté dans la première moitié du XVIIe siècle. Et les stratégies développées par les protagonistes Toussaint Louverture et Jean Jacques Dessalines, anciens esclaves qui ont vaincu le système esclavagiste en général et les troupes expéditionnaires françaises en particulier. En France, en 1799, toujours dans le contexte politique tumultueux de la révolution de 1789, l'ère napoléonienne introduite par le consulat a été mise en place. Parallèlement à ces événements, le scénario n'était pas différent dans la plus importante colonie française d'Amérique. Le contexte sociopolitique a fourni de multiples défis et ambitions diverses dans cette partie de l'île, surtout avec la montée en puissance de dirigeants noirs qui sont devenus des agents conscients de leur histoire, actifs et capables de remettre en question l'ordre dominant. Opposés aux politiques coloniales françaises, ils ont utilisé des stratégies politiques et des mécanismes juridiques importants pour affronter à la fois le consulat et le gouvernement impérial français. Dans cette optique, ce travail de thèse propose, à travers d'analyse de documents, d'étudier les actes et les décisions politiques de ces protagonistes et leurs contributions à la scène coloniale, de la fin du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle.

Suivant la réalisation du film eXistenZ, les années 2000 marquent un tournant dans le style de David Cronenberg. Cette production exclut toute appartenance au genre de l’horreur et au fantastique, comme en témoigne l’absence manifeste de mutations corporelles et de la figure du scientifique victime de sa propre création.  Le genre « body-horror » est mis à mal dans une production désormais axée sur le « drame réaliste ». Bien que son cinéma ait subi des mutations sous différents aspects du genre, il n’en demeure pas moins que la question liée à la subjectivité masculine demeure une constante dans la poétique et la mise en scène du cinéaste. Nous proposons dans cette communication une étude comparative entre deux personnages issus de la cinématographie de Cronenberg, soit Eric Packer du film Cosmopolis, réalisé en 2012, et Max Renn dans Videodrome, réalisé en 1983. À partir de ces deux œuvres, il sera possible de mettre en rapport la manière dont l’identité se construit dans un régime technologique, qu’elle soit explicite dans Videodrome (la nouvelle chair qui s’unit à l’ancienne) ou implicite dans Cosmopolis (par désappropriation de tous ses biens). La question de la dématérialisation du sujet dans son environnement fait partie de la question identitaire chez le cinéaste canadien. Cette comparaison entre ces deux personnages permettra d’établir la continuité dans la construction du personnage cronenbergien, un aspect souvent négligé dans les études critiques sur ses œuvres.

Depuis ces dernières années, on observe un engouement grandissant pour les paysages industriels et leur représentation photographique. Étant au départ l’apanage des artistes, les territoires issus de l'industrialisation obtiennent maintenant de plus en plus d’intérêt de la part des photographes amateurs. On semble ainsi porter un nouveau regard sur des territoires que l’on a longtemps refusé de considérer comme esthétiques. Curiosité nouvelle que l’on pourrait croire un phénomène isolé, la photographie de paysages industriels abonde sur les sites web de partage de photographies (tel Flickr). Cette présentation vise une meilleure compréhension de la façon dont s’est effectué le changement de regard sur le paysage industriel et du rôle que peut avoir eu le partage de photographies en ligne dans la naissance de cette nouvelle sensibilité. Il faudra tout d’abord tenter de voir ce qui, dans le contexte postindustriel présent, permet que l’on perçoive différemment le territoire industriel. Une brève étude d’images en circulation représentant le paysage industriel servira à illustrer ce passage de territoire à paysage. Le phénomène social de partage de photographies sera ensuite analysé afin de voir de quelle façon il a pu participer à l’attribution de nouvelles valeurs et significations aux paysages de l’industrie. L'étude de ce nouveau regard porté sur le paysage industriel permettra de mieux comprendre la qualité des rapports sociaux et culturels se développant envers lui.     

L'essai sur le bonheur de l'Éthique à Eudème (EE ; 1218b 30-1219a 39) que nous nous proposons d'analyser est, pour W. Jaeger, le « noyau de toute l'Éthique à Eudème » (v. Bloch et Léandri, 2011, Aristote. Éthique à Eudème, Paris, Les Belles Lettres, p. 45, n. 1). En partant de l'examen de cet essai par D. J. Allan (1961) dans son article intitulé « Quasi-mathematical Method in the Eudemian Ethics » (Aristote et les problèmes de méthode, Louvain, Publications universitaires, Paris, Béatrice-Nauwelaerts, p. 303-318), nous confronterons ce passage de l'EE avec la définition du bien humain dans le passage parallèle de l’Éthique à Nicomaque (EN; 1097b 22-1098a 20). Ceci nous permettra de faire ressortir les nuances de la démarche d’Aristote pour définir le bonheur dans l’EE. Nous croyons que le bilan de notre étude, qui s’articulera autour de trois pôles (la structure générale de la démonstration, ses éléments constitutifs et la définition proposée), montrera que l’EE définit le bonheur d’un point de vue philosophique, son essai de définition faisant ressortir clairement le lien de nécessité entre la vertu et le bonheur. La définition du bonheur proposée dans l'EE répond, en d’autres termes, à la question philosophique du « pourquoi », centrale pour le philosophe.