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Cette communication porterait sur les formes particulières de résistance, les détournements et subversions propres à certains spectacles de danse contemporaine, une discipline riche en nouvelles propositions esthétiques et critiques. La proposition traitera spécifiquement du spectacle Husk (2012) du chorégraphe montréalais George Stamos avec la compagnie Montréal Danse et la rockeuse Jackie Gallant. Cette pièce aborde métaphoriquement, mais sans détour, la performativité des genres, en passant par un éclatement de la figure du corps sexué. S’inscrivant dans un prolongement du travail théorique de Foucault sur le concept de pouvoir intrinsèquement lié à celui de résistance et de subversion, chorégraphes et interprètes proposent à leur manière des formes artistiques poursuivant cet effet. Ici, le travestissement, l’humour et l’informe sont employés comme procédés esthétiques ancrés dans l’imaginaire, permettant une forme de critique des normativités sociales. Ces procédés s’incarnent dans les représentations du corps dansant, dans les relations qui se créent entre les interprètes et dans le concept chorégraphique. En s’appuyant sur les études de genre, sur les théories du post-humain et les "performance studies", la recherche visera à comprendre de quelles manières ceux-ci réussissent à faire émerger un questionnement des normes sociales, politiques, culturelles voire économiques chez les spectateurs.

En 2003, Joy et Sherry soulignaient le rôle de l’incarnation corporelle dans la visite
d’un musée. Depuis, plus de deux milliards d’internautes explorent la toile, parfois
représentés par leur(s) avatar(s). Quel est l’impact sur les musées et les
effets de l’avatar sur l’expérience muséale virtuelle? Le matériel empirique
sur lequel repose la présente étude, comprend les transcriptions de vingt-trois
entrevues avec de jeunes adolescents (treize filles et dix garçons) ainsi que
celles de deux entretiens de groupe (six femmes visitant régulièrement les
musées et cinq hommes provenant du milieu culturel ou technologique),
rencontres qui avaient pour thème principal la fréquentation des musées tant
réels que virtuels. Si les adolescents expérimentaient la visite de musées
virtuels avec un avatar, les adultes, eux, prenaient connaissance des offres
disponibles à l’aide d’un support vidéo (musée sur internet et dans Second Life) afin de les affranchir des
contraintes techniques liées aux interfaces de la toile. En appliquant le
logiciel TROPES aux transcriptions, on examine les structures sémantiques de
constellations ayant pour centres divers mots tels que musée, art ou visite.
Une analyse comparative de ces constellations des différents groupes conduit à
une meilleure compréhension du concept de visite chez les jeunes et chez les
adultes, révélant aussi le potentiel des visites virtuelles. Une attention
particulière est portée aux notions d’immersion et d’authenticité.

Cette communication présentera les résultats préliminaires d’une recherche doctorale sur les manuels scolaires français. Pour cette recherche, une enquête exploratoire, quantitative et qualitative, de type descriptif a été effectuée autour des manuels scolaires du cycle 3 à la classe de première édités durant la période de 2004 à 2019 afin de décrire la représentation du monde littéraire franco-caribéen dans ces manuels. L’interrogation de cette enquête porte avant tout sur la politique de vulgarisation de la littérature franco-caribéenne dans les manuels utilisés dans les établissements scolaires français et sur les valeurs véhiculées par ces manuels dans le milieu scolaire. Cette recherche se propose de recenser les auteurs ainsi que les titres des ouvrages franco-caribéens dans ces manuels puis de classer et d’analyser ces corpus en fonction des entrées littéraires et des objets d’étude préconisés par les programmes ministériels. Une étude qualitative permettra de cerner le degré de prise en compte du contexte de l’œuvre par le biais du paratexte et de l’amphitexte.

Cette communication est une continuation d'un projet débuté à l'hiver 2023 qui s'intéresse à la sexualisation du handicap dans les romans vidéoludiques de genre bishōjo; c'est-à-dire ces jeux qui prennent comme sujets de « jolies filles » avec lesquelles le joueur peut interagir dans une relation imitant la relation amoureuse (et parfois même sexuelle).

Dans ce premier projet, j'ai établi des bases pour l'étude des processus cognitifs qui s'opèrent chez le joueur qui interagit avec ces héroïnes virtuelles. J'avais alors pris pour étude de cas le jeu Katawa Shôjo, dans lequel les jolies filles ont des handicaps physiques. Depuis, j'ai retravaillé ce modèle afin d'y inclure de jolies filles avec des handicaps psychologiques. Je soutiens que ces dernières sont même importantes dans le développement de l'industrie vidéoludique japonaise des années 1990, avec plusieurs titres faisant usage de la figure de la denpa (une jeune fille psychologiquement instable). D'ailleurs, je prends pour étude de cas le jeu Shizuku, reconnu comme étant le premier jeu à être annoncé comme un roman vidéoludique au Japon.

En m’inspirant des études sur les handicaps (disability studies) et la représentation de ceux-ci dans ces jeux interactifs souvent qualifiés péjorativement comme des « simulateurs de rencontre », je m’intéresse à la dimension sociale du problème alors qu'il semble y avoir une fétichisation de la vulnérabilité qu'exprime un handicap au sein de la sous-culture otaku.

Depuis l’édition 2014 de SXSW (South by Southwest, à Austin, Texas) et la présentation de "Strangers with Patrick Watson", réalisé par les studios montréalais Felix & Paul, les enregistrements cinématographiques en 3D et à 360° sont sur le point de devenir une réalité majeure pour l’industrie de la musique et des jeux vidéos. Avec la commercialisation programmée de visiocasques de réalité virtuelle (Oculus Rift, Samsung Gear VR, Sony Morpheus...), la demande pour du contenu créatif destiné à ce nouveau moyen de consommer des performances musicales ouvre la boite de Pandore aussi bien pour les créateurs de musique que pour les ethnographes.


En nous plongeant au centre d’une expérience totalement immersive, cette technologie offre de nouvelles avenues pour conserver le patrimoine musical et culturel de l’humanité. Du côté de la recherche, comment ce changement paradigmatique peut-il influencer notre façon de faire de l’ethnographie musicale?


Cette conférence présentera nos premières données ethnomusicologiques collectées à l’aide d’un dispositif de captation audiovisuel 3D à 360° – ce qui nous permettra d’estimer le rôle de l’enregistrement omnibinaural dans la « restitution » en réalité virtuelle. Cette présentation abordera également quelques unes des problématiques méthodologiques, technologiques et épistémologiques soulevées par l’utilisation d’un tel dispositif, au demeurant expérimental.

Le 12 décembre 1831, le député de Nicolet, Jean-Baptiste Proulx, proposait
qu’une somme « n’excédant pas trois cents livres courants, soit accordée à
Sa Majesté, pour mettre la Société littéraire et historique de Québec en état
d’obtenir et publier des documents historiques relatifs à l’histoire des temps
reculés de cette province ». Par cette résolution bien vite suivie
d’un projet de loi, les parlementaires du Bas-Canada se faisaient pour la
première fois les promoteurs de l’histoire de leur société et de la Nouvelle-France.
Mus par une conscience historique grandissante, les parlementaires du Bas-Canada
jouèrent un rôle déterminant dans la constitution d’archives destinées à
permettre l’écriture de l’histoire canadienne. Sous l’Union et sous l’Assemblée
législative du Québec, c’est le secrétaire général de la province qui perpétua
leurs efforts, et ce jusqu’à la crise économique de 1893.

Dans le cadre de notre présentation, nous chercherons à expliquer et à souligner le rôle
des parlementaires dans la constitution des archives historiques canadiennes et
dans la promotion de l’écriture de l’histoire au XIXe siècle. Nous
nous appuierons sur des sources telles que les Statuts provinciaux du Bas-Canada et les documents émanant du
Secrétariat de la Province. Comme on le verra, la mise en valeur des archives
et plus particulièrement celles de la Nouvelle-France, était le fait de
certains parlementaires que l’on pourrait qualifier d’« individualités
intellectuelles ». 

Cinquante ans après l’émergence du cinéma en Afrique - qui a renforcé l’image de la femme comme symbolisation du nationalisme durant les luttes pour les indépendances et métaphore de ces nouvelles nations à venir - comment peut-on aujourd’hui concevoir le corps de la femme? En utilisant l’érotisme comme étant un champ spécifique de la compréhension de la sexualité qui vise à promouvoir l’agentivité et en constituant le corps érotique comme présence perceptive du social, du politique et du culturel, je propose, avec comme objet d’étude le film camerounais Les Saignantes (Jean-Pierre Bekolo, 2007), une réflexion axée sur le féminisme postmoderne (Judith Butler, Elizabeth Grosz) du corps érotique de la femme comme moyen de considérer le social dans le contexte socioculturel actuel du Cameroun.

En utilisant la notion de performativité de Judith Butler, il s’agira d’exprimer l’idée que le corps érotique féminin ne se situe jamais à l’extérieur du social. Il s’agira donc, oui, de considérer le corps féminin en matière de nudité, mais la définition que je donne à l’érotique pousse à mettre de l’avant, au coeur de notions établies autour de la sexualité féminine, l’agentivité des femmes. Dans une perspective phénoménologique du corps féminin, Les Saignantes apparaît donc comme le moyen d’inscrire le corps érotique au coeur non seulement du social, mais de l’historique africain. Ce corps devenant ainsi le lieu de communication entre le sujet (ici, féminin) et le monde qui l’entoure. 

Marie Uguay est une figure de proue du retour au lyrisme dans la poésie québécoise. Alors que vers les années soixante on écrivait surtout une poésie nationaliste caractérisé par un nous rassembleur, Marie Uguay publie à la fin des années soixante-dix une poésie plutôt intimiste tournée vers le Je lyrique. Ce retour au lyrisme fait état d’une expérience paysagère par laquelle le sujet poétique se constitue.  Le Je dans les trois recueils Signe et rumeur (1976), L’outre-vie (1979) et Autoportraits (1982) puise dans les échos de la nature et en éprouve ses réverbérations. Cette relation entre le sujet et le paysage évolue à travers les trois œuvres; dans la nature, le Je se trouve, mais trouve également l’autre, ce Tu qui devient parfois Nous. Le paysage est alors le reflet du sujet, mais aussi de l'être aimé; la nature devient ainsi un espace de contemplation et d'apaisement: « que la mer à nouveau m'apaise/ et ton corps, la mer/mon repos aux jours inabordables de la ville » (Signe et rumeur, 1976). En somme, l'écriture tendre, mais saisissante d'Uguay illustre la rencontre entre un sujet et son espace et comment cette expérience du lieu façonne l'être;  les saisons ainsi deviennent symboles de temporalité tandis que la météorologie et les éléments incarnent des états émotifs. La poésie de Marie Uguay renouvelle ainsi les représentations du paysage dans la poésie québécoise en y ajoutant un caractère intimiste qui tourne le regard de la nature vers le sujet.





Dans le cadre d’une recherche exploratoire visant à mieux connaître le rôle de l’élève dans le travail de l’exposition d’art en milieu scolaire primaire et secondaire, une étude de cas multiples portant sur la compréhension des pratiques d’enseignement a été réalisée auprès de quatre enseignants spécialisés en arts plastiques. Au regard des perspectives de l’éducation préconisées au Québec ainsi que dans un grand nombre de pays occidentaux dont les fondements reposent sur l’implication de l’élève dans l’acquisition de ses connaissances, nous avons tenté de comprendre comment les enseignants procèdent pour impliquer l’élève dans le travail de l’exposition. Dans cette communication, nous présentons plus précisément le projet intitulé Se vêtir d’art réalisé auprès d’un groupe d’élèves du 1er cycle du secondaire.Les résultats mettent en relief les approches et les stratégies mises en application pour favoriser la participation active de l’élève. Ils apportent une meilleure compréhension des pratiques quant au rôle de l’élève dans le travail de l’exposition et contribuent à augmenter les connaissances en enseignement des arts plastiques. 

L’objectif de la présente communication est de faire un retour aux sources littéraires du personnage de Chimène en tant que figure féminine emblématique de la culture espagnole, avec un examen détaillé de sa représentation dans le « Cantar de Mio Cid », œuvre majeure composée au début du XIIIe siècle et inspirée des faits d’armes de Rodrigo Díaz de Vivar (dit le Cid), chevalier castillan de la seconde moitié du XIe siècle.

Si l’œuvre « Las mocedades del Cid » du dramaturge espagnol Guillén de Castro, créée en 1618, a été un moment clef dans l’évolution de la représentation de Chimène dans l’imaginaire occidental, en faisant d’elle une héroïne romantique déchirée entre l’amour et le devoir, le « Cantar de Mio Cid » s’inscrit au contraire dans la grande tradition du poème épique (au même titre, pour l’Espagne, que la « Chanson de Roland » en France ou le cycle arthurien en Grande-Bretagne). Puisant ses thèmes dans l’histoire, il nous présente l'épouse du héros comme une femme d’honneur dont le comportement et la discrétion dans tous les rôles qui lui incombent sont érigés en exemple.

L’examen des divers rôles attribués à Chimène tout au long du poème (ceux d’épouse et de mère, mais aussi celui d’intermédiaire privilégiée du héros auprès de Dieu), de ses mouvements, de ses paroles et même de ses absences, nous permettra de brosser le portrait d’une grande dame médiévale toute dévouée à servir la cause de son mari.

Depuis les années soixante-dix environ, avec l’arrivée des nouvelles technologies, la diversité des styles et une liberté de création motivée par un désir d'originalité, plusieurs auteurs ont défendu l'idée d'une crise de l'art. Ce que l'on constate aujourd'hui, dans les différents discours qui s'articulent autour de l'art actuel, c'est un effondrement des repères, tant esthétiques, sociaux, que philosophiques en ce qui a trait au statut et au rôle de l'art. Les démarches artistiques, les sujets et les productions sont éclatés à un point tel qu'il devient de plus en plus difficile, tant pour le public que pour la critique, de refaire du sens. 

Depuis que l'art s'est engagé dans une démarche auto-réflexive, la philosophie a obtenu une légitimité qui est de plus en plus importante lorsqu’il s’agit de réfléchir aux enjeux actuels et futurs de l’art. Par une analyse critique et rigoureuse des plus importants points de vue sur l’art contemporain, notamment grâces aux idées développées par Arthur Danto, Rainer Rochliz et Nathalie Heinich, nous désirons réfléchir aux productions contemporaines et à cette perte de sens décrite par tant d’auteurs.

L’art contemporain présente-t-il des symboles ou des symptômes ? Pourquoi est-il si difficile de réunifier les discours ? Que se passe-t-il avec l’art et que pouvons-nous espérer pour la suite ? La difficulté réside dans le manque de perspective historique que nous avons. Chose certaine, il faut "réenchanter" le monde.

Depuis l’invitation lancée aux lecteurs formulée par Roland Barthes dans « La mort de l’auteur » (1968), il est généralement convenu que la littérature constitue un monde à part, radicalement différent de l’espace démocratique par la liberté qu’elle engendre, non pas seulement dans le champ artistique de la création, mais également dans le champ esthétique de sa réception. Qu’elle produise une forme de distance de soi (Poulet, 1971), un dissensus (Rancière, 2008) ou qu’elle propose une rencontre avec une vision du monde du texte comme révélation (Jauss, 1978) ou construction (Iser, 1976), la littérature tisse des liens avec le politique par la participation de son public, les lecteurs. Par-delà les études littéraires, ces idées soulèvent des enjeux qui peuvent être éclairants pour les arts visuels, notamment pour les œuvres d’art conceptuel utilisant justement le texte comme médium principal. La présente proposition vise à interroger la spécificité politique de la posture de lecteur qu’exigent ces œuvres visuelles formées de mots. La murale Yes (2010) de l’artiste manitobain Micah Lexier commissionnée par le Drake Hotel à Toronto pour leur terrasse et les œuvres Oui et Non Merci (2013) du collectif québécois BGL présentées à la Parisian Laundry, semblables dans l’alternative qu’elles proposent mais dissemblables par leur contexte, serviront à cet égard d’exemples afin de penser aux incidences politiques de la posture du lecteur dans les arts visuels.

Quels auteurs marquent l’inauguration de la phénoménologie en tant que discipline philosophique au service des peuples vivant en Afrique de l’Ouest? L’hypothèse est de passer en revue les auteurs majeurs dans le processus de reprise appropriative de la théorie et la pratique nées d’Edmond Husserl. L’état des lieux s’établit sur quatre critères éliminatoires : la détermination d’un cadre pour l’évaluation des travaux d’universitaires ouest-africains nés dans la décennie 1950, juste avant les indépendances, se réclamant de la phénoménologie husserlienne et qui appartiennent effectivement à la filiation husserlienne; la chronologie des auteurs et des travaux des universitaires répondant au premier critère et dont la trame dessine une filiation entre eux et qui plus est, ont pour préoccupation, la désobstruction du monde de la vie des populations ouest-africaines; un ancrage véritablement original et novateur des travaux chez ceux des auteurs qui résistent aux deux premiers critères; le souci de la transmission d’un héritage phénoménologique chez ceux des auteurs qui passent par le filtre des trois critères précédents. À l’épreuve, Dominique Assalé et Lazare Ki-Zerbo semblent se présenter comme les pionniers de la phénoménologie ouest-africaine. Ce que valent les critères énoncés et la liste des auteurs qui, en ballotage avec les deux auteurs cités, participent de la constitution des étapes inaugurales de phénoménologie ouest-africaine, tels sont les enjeux de cette recherche.

Notre projet pilote, intitulé « Leçons de musique virtuelles pour les personnes âgées », vise à fournir un cadre pour les personnes âgées afin qu’elles puissent se joindre à des leçons virtuelles en petit groupe de 4 à 6 participants de leurs foyers. De plus, notre projet évalue la perception de qualité de vie des participants au cours de 8 mois de leçons. Sur le plan pédagogique, les leçons sont formulées en suivant l’adaptation de la méthode de Zoltán Kodály par Lois Choksy (1999; 1981) et les quatre étapes du processus d’apprentissage musical proposées par Kodály : préparer, rendre conscient, renforcer et évaluer. Puisque l’apprentissage expérientiel joue un rôle essentiel au sein de la méthode Kodály, les leçons incluent différentes activités, telles que le piano, la culture auditive, le chant, l’improvisation, la composition et l’histoire de la musique. Le petit nombre de participants leur permet d’interagir avec d’autres personnes qui s'intéressent à la musique, tout en créant un sentiment d’appartenance dans le contexte d'une petite communauté. Notre projet comporte aussi un élément de recherche qualitative, principalement par des entrevues informelles, et de recherche quantitative, par des tests cognitifs simples. Les résultats préliminaires démontrent que les leçons de musique permettent aux participants de percevoir une amélioration de la qualité de vie, surtout en ce qui a trait au sentiment d’appartenance et de l’isolement.

Nombreuses, assez récentes et encore mal définies, les initiatives d’archivage des films de famille se déploient selon de multiples intentions et stratégies de conservation. Nous proposons d’en faire un tour d’horizon en demandant : Qui archive ces films? En quels lieux? À partir de quels critères et optiques? Et avec quels moyens et méthodes? Nous visons, d’une part, à mieux cerner les différentes valeurs ou qualités documentaires émanant de la diversité des contenus, formes et supports des films de famille et, d’autre part, à préciser et catégoriser les gestes d’archivage actuellement mis en œuvre pour faire apparaître ces valeurs/qualités aux sens des usagers et spectateurs.

À l’aide d’exemples concrets, nous examinerons trois grandes modalités d’archivage des films de famille : 1) L’institutionnel, où des archives nationales et des musées sélectionnent et décrivent en détail certains films produits par des groupes minoritaires afin d’élargir les possibilités historiographiques (raison sociohistorique et scientifique); 2) Le communautaire, où des organismes régionaux collectent une masse de films produits sur un territoire et en génèrent des parcours de mémoire afin de tisser des liens identitaires (raison culturelle et patrimoniale); 3) Le créatif, où des artistes débusquent et creusent la matière d’objets-films pour créer des effets sensibles inédits (raison expressive et esthético-politique). Une réflexion sur les principes de la conservation sera ainsi inaugurée.

L’imaginaire occidental semble empreint d’un « sublime technoscientifique » qui à la fois modèle notre rapport au monde et en est le produit. Le développement accéléré des sciences et des techniques (et leur convergence, ce qu’on appelle désormais les « technosciences ») et les mutations industrielles entretiennent cette image du sublime. Bien plus, les acteurs majeurs de ce « sublime technoscientifique » (l'ingénieur notamment) sont devenues des héros, les figures tutélaires du contemporain .Par le sublime technoscientifique, l'homme moderne exprime ses fantasmes et ses aspirations. L’analyse de textes littéraires nous permettra d’identifier les ressorts de ce sublime technoscientifique qui nous apparaît comme l’un des aspects majeurs et moteurs de l’imaginaire contemporain. En effet, la production littéraire contemporaine y recourt fréquemment, en particulier dans la littérature française où l’ingénierie et l’industrie apparaissent de façon récurrente. Pour étayer notre propos, nous nous concentrerons sur l’étude de récits et de romans : Paysage fer de François Bon (Verdier, 2000), Les Forges de Syam de Pierre Bergounioux (Verdier, 2007), Atelier 62 de Martine Sonnet (Le Temps qu’il fait, 1968), La Centrale d’Elisabeth Filhol (POL, 2010) et La Naissance d’un pont de Maylis de Kerangal (Verticales, 2010).



Cet exposé présente les résultats d’une recherche de terrain portant sur les conditions de la rencontre avec l’altérité dans le
partage d’activités artistiques. Cette recherche s’intéresse plus particulièrement, par l’observation participante, à la posture de l’intervenant dans le cadre de ces activités et au type d’activités artistiques à mettre en place afin de permettre une rencontre avec l’Autre, fondée sur l’échange et la réciprocité.

L’expérience d’un voyage humanitaire accompli au Cameroun, dans une communauté autochtone Bagyéli, m’a confrontée aux limites d’une pensée occidentale. J’ai vécu l’intervention comme la prescription d’un point de vue aux populations concernées. J’ai eu l’impression de perpétuer une forme de colonisation qui inscrit le voyageur occidental dans un cycle de colonisation, d’exploitation et de conversion des populations (Todorov, 1985).

L’objectif principal de la recherche est de rencontrer l’Autre dans un contexte d’activités artistiques axées en particulier sur le dessin. L’idée est de co-construire un projet artistique avec la communauté d’intervention qui permette d’échanger et d’apprendre l’un de l’autre. Les activités artistiques agissant à la fois comme moyen et support de cette rencontre. La recherche est guidée par la question suivante : comment, la posture de l’intervenant dans le partage d’activités artistiques, peut-elle créer un rapport égalitaire avec la communauté d’accueil ?



 

 

Problématique :

Depuis les années 1990, on parle du renouveau du conte au Québec comme d’un mouvement artistique aux contours incertains, comme d’un point d’ancrage entre mémoire, tradition orale et contemporanéité. 

Cette communication se propose de contribuer à une sociologie de l’oralité en interrogeant le renouveau du conte au Québec,?? à partir d’une définition du conteur de Walter Benjamin et d'une théorisation de ma praxis (conteuse sous le nom de Myriame El Yamani et directrice générale de la Maison internationale du conte à Montréal).

Entre passeurs d’histoires et « stars » du spectacle vivant, où se situent les conteurs (ses) québécois dans le monde du conte ? La multiplication des lieux de « racontage » et des formes que prend cette parole publique nous amène aujourd'hui à redéfinir le conte, à la fois comme objet social et comme pratique artistique.

Méthologie : Analyse sociologique pour un état des lieux du monde du conte au Québec (données statistiques, entrevues semi-directives).

Conclusion :  La scène du conte au Québec semble avoir troqué le « conteux » de veillée pour l’artiste multidisciplinaire. La fonction sociale du conteur a-t-elle disparu à l’occasion de ce glissement? Ce changement privilégie-t-il un art du spectacle et du divertissement plutôt qu’un art de la relation où les territoires, les mémoires, les expériences et le dialogue interculturel restent à explorer ?

Bien que l’existence du règne de la reine-pharaon Ankhkheperourê Neferneferouaton à la dix-huitième dynastie (ca 1336-1333 BC) ait été démontrée dans les années 90, elle demeure une souveraine obscure dont la véritable identité pose encore question. Deux théories s’opposent actuellement en égyptologie : celle qui veut que Nefertiti aurait servi sous ce nom comme corégente d’Akhenaton ; et celle selon laquelle ce serait la fille aînée du roi, Méritaton, qui aurait régné après la mort de son père.

La plupart des arguments avancés pour soutenir ces hypothèses portent sur des éléments textuels. Lorsque des arguments iconographiques sont convoqués, ils donnent souvent lieu à des théories confuses basées sur des interprétations intuitives des images, négligeant d’importants indicateurs sémiotiques.

Avec cette présentation, je voudrais démontrer la façon dont l’histoire de l’art et la sémiotique visuelle peuvent contribuer au débat, en réinterrogeant avec méthode différents procédés de production de sens propres aux images, tel notamment l’usage de l’intericonicité en art égyptien.

Nous verrons alors qu’il existe une 3e identification possible de cette reine-pharaon, qui ne serait autre que la fille cadette du couple Akhenaton/Nefertiti, la princesse Neferneferouaton Tasherit. Sa candidature comme pharaon implique une situation inédite en Égypte : elle serait montée sur le trône avec sa sœur aînée Méritaton, cette dernière jouant le rôle institutionnel de Grande Épouse Royale.

Le meurtre irrésolu de la jeune Blanche Garneau, survenu à Québec en 1920, donne lieu à une affaire judiciaire et politique pleine de rebondissements, du genre dont raffolent tant les journaux de l’époque. L’un de ceux-ci va plus loin que les autres dans ses critiques de l’administration de la justice, valant à son éditeur d’être poursuivi deux fois plutôt qu’une : par la justice pénale et, exceptionnellement, par l’Assemblée législative pour « violation des privilèges de la Chambre ». 

Cette affaire est alors le lieu d’un débat, bref, mais important, sur la liberté de la presse au Québec. Ce sujet étant peu exploré dans l’historiographie de la presse, notre travail propose de mieux comprendre les limites rencontrées par les journaux dans leur couverture médiatique, particulièrement en ce qui a trait aux critiques envers l’État. À cette fin, les sources d’archives judiciaires et les périodiques nous offrent une fenêtre sur les pratiques journalistiques, surtout celles, plus provocatrices, des journaux à sensation, ainsi que sur les réactions des autorités.  

Nos recherches permettent de mieux cerner ces limites à travers l’étude de cas de l’affaire Blanche Garneau, par une analyse de ses dimensions médiatiques et politiques. Nous concluons que cet épisode fut l’occasion d’une renégociation des limites de la liberté de la presse au Québec, à laquelle prirent part les journaux, la justice, la législature et la société civile.

À partir de 1906, le mot mannequin, désignant l’objet anthropomorphe, qualifie également le corps de femme idéale. Les avancées de la chirurgie des deux guerres vont le concevoir comme un objet à réparer et à améliorer. Après la violence des armes, la médecine aide, par la technologique, à renouer avec le canon humain. À la fin du siècle, la science est exploitée par la sphère artistique faisant échos aux théories du corps sans organe de Deleuze et Guattari (1972). Notre société vit quotidiennement avec une technologie plus proche du corps (prothèses, chirurgie, robotique anthropomorphe) et de l'esprit (intelligences artificielles). Les oeuvres de Natasha Vita-More, artiste et philosophe, seront au cœur de notre propos. En 1982, elle rédige Transhumanist manifesto, l’un des textes fondamentaux pour l’art trans et post-humaniste. Deux ans après, Donna Haraway publie son essai A cyborg Manifesto associant intérêts féministes et trans-humanistes. En 1992, ouvre à Lausanne l'exposition Post-humain, le commissaire J.Deitch questionne l’art face aux revendications des contres-cultures post-1968. En parallèle, le cyberespace grandit peu à peu, le corps devient avatar. Ainsi, notre proposition abordera, sous l’angle de l’histoire de l’art, notre rapport au corps et aux nouvelles technologies dans le but de montrer qu’aujourd’hui les frontières artistiques entre le vivant et l’inerte sont plus obscures que jamais, l’un devenant presque indissociable de l’autre.

 

Dans ses incarnations les plus formalistes, la littérature dite expérimentale se présente comme coupée du monde, du référent, du Réel: méta-réflexive et autotélique, la poétique textualiste implique ainsi un radical détachement face à tout ce qui pourrait relever du social, du politique, voire de l’éthique. Est-ce pour autant dire que l’expérimentation ne va pas de pair avec certaines formes… d’engagement ? L’écrivain expérimental peut-il, tout en explorant les possibles de son art, proposer des œuvres critiques, notamment à l’égard de ses contemporains en général et de la « vie littéraire » en particulier ? En nous penchant sur les deux ouvrages publiés au Quartanier – La vie littéraire (2014) et Le guide des bars et pubs de Saguenay (2016) – de l’écrivain québécois Mathieu Arsenault et en nous référant aux concepts de « paratopie » et d’« ethos discursif » que l’analyse du discours littéraire met à notre disposition, nous tâcherons d’identifier quelle(s) forme(s) un tel engagement prend chez cet auteur pour qui l’illustration de l’expérimentation littéraire ne demeure jamais bien loin de sa défense (comme en témoignent ses diverses prises de position théoriques). De la sorte, nous postulons que la « posture engagée » d’Arsenault est ce qui permet à ce dernier de singulariser sa pratique dans le champ de l’expérimentation littéraire contemporaine au Québec.

Cette présentation se propose d’interroger une dimension bien précise du paratexte éditorial pouvant sembler périphérique à prime abord : la jaquette (qui se veut, à la base, simple outil de marketing, sa fonction étant « d’attirer l’attention par des moyens plus spectaculaires qu’une couverture ne peut ou ne souhaite s’en permettre » aux dires de G. Genette dans Seuils). Cela dit, plutôt que de considérer la jaquette de strict point de vue de la mise en marché du livre, je pose l’hypothèse qu’elle peut également être investie par l’ethos de l’écrivain et du coup participer à la construction de son identité auctoriale : elle pourrait donc aussi avoir une fonction énonciative.

À partir de l’outillage somme toute récent que mettent à notre disposition l’analyse du discours, la pragmatique littéraire et les théories de l’énonciation, je ferai l’analyse de la jaquette de couverture du livre intitulé Autoportrait (2005, P.O.L) de l’écrivain français Édouard Levé. Comme son titre l’indique, cet ouvrage entreprend de dresser un portrait de la personnalité de son auteur, s’inscrivant par le fait même dans le registre de l’autonarration. Dans cette optique, je postule que l’entreprise d’« individualisation » de Levé sort du cadre strictement scriptural pour en investir également l’espace péritextuel, qui participe, dès lors, à la mise en forme de cet autoportrait au même titre que les énoncés qui le composent.

Dans leur étude publiée en 1983, None is Too Many : Canada and the Jews of Europe, 1933-1948, les historiens canadiens Irving Abella et Harold Troper ont analysé la politique d'accueil canadienne tout en insistant sur le refus clair du gouvernement d'accueillir des réfugiés juifs. Notre recherche se place dans la continuité de leur ouvrage et se focalise sur les 2 000 personnes (environ) qui, malgré les réticences et l’antisémitisme, ont pu trouver refuge au Canada. 

Grâce aux archives du Congrès Juif canadien (Montréal) et à une analyse prosopographique de ces sources, notre communication interrogera les différents circuits migratoires de ces individus ainsi que la/les mémoire(s) liée(s) à ces migrations. 

À partir de la correspondance entre les organisations d’aide (juives et non juives) et le gouvernement canadien, nous analyserons la mise en place de procédures permettant l’émigration de familles réfugiées en Espagne et au Portugal, le sauvetage d’étudiants bloqués à Shanghai mais aussi la libération de civils internés au Canada. Ce panel permettra de mettre en perspective leurs différents parcours migratoires, en centrant le propos sur ce qui les unit et ce qui les oppose. 

Enfin, nous montrerons que la mémoire des réfugiés internés a supplanté celle(s) des autres groupes et nous tenterons d’expliquer ce phénomène, contribuant ainsi à l’histoire des migrations transnationales et à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale au Canada.

Bien qu’annonciateurs de l’humanisme inhérent à l’âge du numérique, le mythe heideggérien de l'origine poétique du Dasein et la pensée de son devenir qui innervent sa philosophie de la technique sont-ils conformes au tournant hyperhumaniste de l’analytique du mythe ? Si non, sont-ils ré-anthropologisables ? Répondant non à la première question, la communication part de l’hypothèse que la deuxième invite à penser le sens humain de la fiction mythologique et de la technologie comme devenir de la technique chez Heidegger. Nos objectifs sont de montrer que, herméneutiquement posthumaniste, la mythologie heideggérienne est transhumaniste. Elle en appelle à un "dieu nouveau" et débouche sur une post-humanité jetée au monde, sans appui. Sa ré-anthropologisation requiert une analytique du mythe de l’hyperconnexion. Notre méthode, husserlienne, par la "réduction" d'abord, constate que chez Heidegger (1972) « la pensée à venir n’est plus philosophie » (p. 325), encore moins positive. Par "constitution" phénoménologique ensuite, l’analytique de l'humanisme voit le mythe heideggérien de l’origine jusque-là, démiurgique, qui faisait le lit au transhumanisme et au pessimisme, être ramené à son "eidos" technique par « les apports des sciences » (E. Brito, 2000, p. 371), de la fiction artistique et de la technologie numérique. Comme résultat, la « mythanalyse du transhumanisme » (Fischer, 2018) offre une origine actuelle à l'humanité, augmentée et rassérénée via les hyperliens numériques.