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Depuis l’édition 2014 de SXSW (South by Southwest, à Austin, Texas) et la présentation de "Strangers with Patrick Watson", réalisé par les studios montréalais Felix & Paul, les enregistrements cinématographiques en 3D et à 360° sont sur le point de devenir une réalité majeure pour l’industrie de la musique et des jeux vidéos. Avec la commercialisation programmée de visiocasques de réalité virtuelle (Oculus Rift, Samsung Gear VR, Sony Morpheus...), la demande pour du contenu créatif destiné à ce nouveau moyen de consommer des performances musicales ouvre la boite de Pandore aussi bien pour les créateurs de musique que pour les ethnographes.


En nous plongeant au centre d’une expérience totalement immersive, cette technologie offre de nouvelles avenues pour conserver le patrimoine musical et culturel de l’humanité. Du côté de la recherche, comment ce changement paradigmatique peut-il influencer notre façon de faire de l’ethnographie musicale?


Cette conférence présentera nos premières données ethnomusicologiques collectées à l’aide d’un dispositif de captation audiovisuel 3D à 360° – ce qui nous permettra d’estimer le rôle de l’enregistrement omnibinaural dans la « restitution » en réalité virtuelle. Cette présentation abordera également quelques unes des problématiques méthodologiques, technologiques et épistémologiques soulevées par l’utilisation d’un tel dispositif, au demeurant expérimental.

Publié en 2006 sous le thème «La résistance culturelle», le numéro 273 de la revue Liberté marque l'arrivée d'un nouveau groupe d'intellectuels au sein du comité de rédaction. Je me propose d'analyser la mise en place, par le manifeste «Assoiffés de sens», d'un discours de la résistance. Celui-ci se fonde sur une double stratégie discursive: le comité de rédaction construit d'abord un ethos de la lutte; il s'inscrit parallèlement dans la filiation des intellectuels engagés d'ici et d'ailleurs. En m'appuyant sur les travaux de Ruth Amossy, je retracerai les subjectivèmes et les désignations collectives afin de définir le «nous» de Liberté. La rhétorique du manifeste étant en lien étroit avec l'ethos de la lutte, je plongerai au cœur du discours afin d'en dégager la structure ainsi que les couples axiologiques (Marc Angenot, La parole pamphlétaire). Avec «Assoiffés de sens», les membres de Liberté dépassent le projet des fondateurs de la revue pour effectuer une prise de position politique et esthétique. À l'instar des écrivains existentialistes des Temps modernes, des signataires du Refus global et des intellectuels des années soixante, ils arriment l'art au politique. Je conclurai en démontrant que la valorisation de ces filiations participe d'un refus de l'ère du désenchantement; combinée à l'ethos de la lutte, elle permet l'écriture au présent d'un nouveau Grand Récit, celui d'une communauté d'«assoiffés de sens».

Comment le dialogue entre art, société, corps et technologies peut-il produire de nouvelles façons d'appréhender la réalité? Cette proposition se veut une réflexion sur les ancrages processuels et sensibles d'une fabrication scénique immersive à travers l'enchevêtrement d'un récit de recherche-création et de son miroir réflexif pour en dégager certaines observations analytiques. Les notions de territoire, de paysage et d'écologie sont interpellées dans le parcours de recherche, toutes favorisant la dimension sonore et l'exploration d'outils technologiques pour les intégrer à la création d'espaces immersifs et exploiter leur potentiel de transformation. L'espace immersif suppose l'élaboration de différentes stratégies et l'Intégration de plusieurs couches d'écriture explorant  la mise à l'oeuvre d'un réseau de potentialités tant sur des niveaux intelligibles que sensoriels. La complexité et la complémentarité des outils intégrés au projet de création, invitent à vivre un nouveau rapport à l'espace et au temps. L'objectif est de s'inscrire dans la  notion de "médiance" théorisée par Berque et d'expérimenter la "résonance" dans le rapport au monde avancé par Rosa. La connaissance du territoire se construit par la superposition d'actions. Les éléments qui s'intègrent lors des interactions avec le paysage, invitent à une constatation " La nature est en effet ce qui en soi n'a de sens ni par l'homme ni pour l'homme ; mais qui a un sens dans l'homme et autour de l'homme." Berque 90

 

Le 12 décembre 1831, le député de Nicolet, Jean-Baptiste Proulx, proposait
qu’une somme « n’excédant pas trois cents livres courants, soit accordée à
Sa Majesté, pour mettre la Société littéraire et historique de Québec en état
d’obtenir et publier des documents historiques relatifs à l’histoire des temps
reculés de cette province ». Par cette résolution bien vite suivie
d’un projet de loi, les parlementaires du Bas-Canada se faisaient pour la
première fois les promoteurs de l’histoire de leur société et de la Nouvelle-France.
Mus par une conscience historique grandissante, les parlementaires du Bas-Canada
jouèrent un rôle déterminant dans la constitution d’archives destinées à
permettre l’écriture de l’histoire canadienne. Sous l’Union et sous l’Assemblée
législative du Québec, c’est le secrétaire général de la province qui perpétua
leurs efforts, et ce jusqu’à la crise économique de 1893.

Dans le cadre de notre présentation, nous chercherons à expliquer et à souligner le rôle
des parlementaires dans la constitution des archives historiques canadiennes et
dans la promotion de l’écriture de l’histoire au XIXe siècle. Nous
nous appuierons sur des sources telles que les Statuts provinciaux du Bas-Canada et les documents émanant du
Secrétariat de la Province. Comme on le verra, la mise en valeur des archives
et plus particulièrement celles de la Nouvelle-France, était le fait de
certains parlementaires que l’on pourrait qualifier d’« individualités
intellectuelles ». 

Cinquante ans après l’émergence du cinéma en Afrique - qui a renforcé l’image de la femme comme symbolisation du nationalisme durant les luttes pour les indépendances et métaphore de ces nouvelles nations à venir - comment peut-on aujourd’hui concevoir le corps de la femme? En utilisant l’érotisme comme étant un champ spécifique de la compréhension de la sexualité qui vise à promouvoir l’agentivité et en constituant le corps érotique comme présence perceptive du social, du politique et du culturel, je propose, avec comme objet d’étude le film camerounais Les Saignantes (Jean-Pierre Bekolo, 2007), une réflexion axée sur le féminisme postmoderne (Judith Butler, Elizabeth Grosz) du corps érotique de la femme comme moyen de considérer le social dans le contexte socioculturel actuel du Cameroun.

En utilisant la notion de performativité de Judith Butler, il s’agira d’exprimer l’idée que le corps érotique féminin ne se situe jamais à l’extérieur du social. Il s’agira donc, oui, de considérer le corps féminin en matière de nudité, mais la définition que je donne à l’érotique pousse à mettre de l’avant, au coeur de notions établies autour de la sexualité féminine, l’agentivité des femmes. Dans une perspective phénoménologique du corps féminin, Les Saignantes apparaît donc comme le moyen d’inscrire le corps érotique au coeur non seulement du social, mais de l’historique africain. Ce corps devenant ainsi le lieu de communication entre le sujet (ici, féminin) et le monde qui l’entoure. 

Cette communication présentera une partie des résultats d'une recherche postdoctorale sur la présence inuit à l'Exposition universelle organisée en 1967 à Montréal (Expo 67). Les organisateurs du pavillon canadien et d'Expo 67 investissent effectivement un ensemble de symboles culturels inuit, dont la langue et l'art, dans une mise en scène du Canada comme nation nordique. Cette présence inuit est toutefois rarement abordée dans les textes qui traitent d'Expo 67, alors même qu'elle constitue une source de réflexion précieuse sur les relations entre culture inuit, nationalisme canadien et public international. Peu d'informations sont ainsi disponibles, que ce soit sur les modalités de participation des artistes inuit, ou sur le devenir de certaines œuvres créées et présentées à Expo 67 dans les décennies qui suivent.

Cette communication s'intéressera ainsi plus particulièrement aux enjeux de patrimonialisation d'une série de murales créées par deux artistes de Kinngait, Kumukuluk Saggiak et Elijah (Pootoogook) Pudlat, pour le restaurant du pavillon canadien. En m'ancrant dans une approche biographique, qui retracent différentes périodes de la vie de ces murales, je présenterai une temporalité patrimoniale inachevée, qui commence dès leur création, avec un intérêt pour leur préservation post-Expo, jusqu'à aujourd'hui, avec un certain nombre d'enjeux concernant le renouvellement de leur interprétation et de leur mise en valeur.

La production littéraire des trente à quarante dernières années a connu un véritable travail d’hybridation. Des romans et des nouvelles qui prennent pour point de départ un genre sérieux – biographique ou autobiographique- afin de créer un nouveau sous-genre. Innombrables sont les formes de mobilisation qui sont nées de ce métissage : «biographie fictionnelle», «biographie fictive», «fiction biographique», «biofiction» et «autofiction». Devant cette nouvelle production, une question surgit : quelles sont les frontières de la fiction ? Autrement dit, comment définir les frontières qui séparent le réel du fictif ? Nombreux sont les critiques qui cherchent à répondre à ces interrogations : Genette 1991, Scheaffer 1999, Paval 1988, Gefen 2005, Lavocate 2016 et bien d’autres. En nous appuyant sur les développements théoriques proposés par ces chercheurs, nous faisons l’hypothèse que les frontières dans ces nouvelles productions hybrides ne sont pas brouillées mais plutôt superposées.

C’est à la question des frontières entre fait et fiction, réalité et imaginaire que nous souhaitons consacrer cette étude, en construisant notre réflexion à partir de l’œuvre d’un romancier, Yasmina Khadra, qui en met en scène un certain exemple, et en particulier du cas de «L’imposture des mots» (autofiction) et «La dernière nuit du Raïs» (biofiction).

Mots clés : Autofiction, Biofiction, Frontières, Fait, Fiction.

Marie Uguay est une figure de proue du retour au lyrisme dans la poésie québécoise. Alors que vers les années soixante on écrivait surtout une poésie nationaliste caractérisé par un nous rassembleur, Marie Uguay publie à la fin des années soixante-dix une poésie plutôt intimiste tournée vers le Je lyrique. Ce retour au lyrisme fait état d’une expérience paysagère par laquelle le sujet poétique se constitue.  Le Je dans les trois recueils Signe et rumeur (1976), L’outre-vie (1979) et Autoportraits (1982) puise dans les échos de la nature et en éprouve ses réverbérations. Cette relation entre le sujet et le paysage évolue à travers les trois œuvres; dans la nature, le Je se trouve, mais trouve également l’autre, ce Tu qui devient parfois Nous. Le paysage est alors le reflet du sujet, mais aussi de l'être aimé; la nature devient ainsi un espace de contemplation et d'apaisement: « que la mer à nouveau m'apaise/ et ton corps, la mer/mon repos aux jours inabordables de la ville » (Signe et rumeur, 1976). En somme, l'écriture tendre, mais saisissante d'Uguay illustre la rencontre entre un sujet et son espace et comment cette expérience du lieu façonne l'être;  les saisons ainsi deviennent symboles de temporalité tandis que la météorologie et les éléments incarnent des états émotifs. La poésie de Marie Uguay renouvelle ainsi les représentations du paysage dans la poésie québécoise en y ajoutant un caractère intimiste qui tourne le regard de la nature vers le sujet.



L’objectif de la présente communication est de faire un retour aux sources littéraires du personnage de Chimène en tant que figure féminine emblématique de la culture espagnole, avec un examen détaillé de sa représentation dans le « Cantar de Mio Cid », œuvre majeure composée au début du XIIIe siècle et inspirée des faits d’armes de Rodrigo Díaz de Vivar (dit le Cid), chevalier castillan de la seconde moitié du XIe siècle.

Si l’œuvre « Las mocedades del Cid » du dramaturge espagnol Guillén de Castro, créée en 1618, a été un moment clef dans l’évolution de la représentation de Chimène dans l’imaginaire occidental, en faisant d’elle une héroïne romantique déchirée entre l’amour et le devoir, le « Cantar de Mio Cid » s’inscrit au contraire dans la grande tradition du poème épique (au même titre, pour l’Espagne, que la « Chanson de Roland » en France ou le cycle arthurien en Grande-Bretagne). Puisant ses thèmes dans l’histoire, il nous présente l'épouse du héros comme une femme d’honneur dont le comportement et la discrétion dans tous les rôles qui lui incombent sont érigés en exemple.

L’examen des divers rôles attribués à Chimène tout au long du poème (ceux d’épouse et de mère, mais aussi celui d’intermédiaire privilégiée du héros auprès de Dieu), de ses mouvements, de ses paroles et même de ses absences, nous permettra de brosser le portrait d’une grande dame médiévale toute dévouée à servir la cause de son mari.

Depuis les années soixante-dix environ, avec l’arrivée des nouvelles technologies, la diversité des styles et une liberté de création motivée par un désir d'originalité, plusieurs auteurs ont défendu l'idée d'une crise de l'art. Ce que l'on constate aujourd'hui, dans les différents discours qui s'articulent autour de l'art actuel, c'est un effondrement des repères, tant esthétiques, sociaux, que philosophiques en ce qui a trait au statut et au rôle de l'art. Les démarches artistiques, les sujets et les productions sont éclatés à un point tel qu'il devient de plus en plus difficile, tant pour le public que pour la critique, de refaire du sens. 

Depuis que l'art s'est engagé dans une démarche auto-réflexive, la philosophie a obtenu une légitimité qui est de plus en plus importante lorsqu’il s’agit de réfléchir aux enjeux actuels et futurs de l’art. Par une analyse critique et rigoureuse des plus importants points de vue sur l’art contemporain, notamment grâces aux idées développées par Arthur Danto, Rainer Rochliz et Nathalie Heinich, nous désirons réfléchir aux productions contemporaines et à cette perte de sens décrite par tant d’auteurs.

L’art contemporain présente-t-il des symboles ou des symptômes ? Pourquoi est-il si difficile de réunifier les discours ? Que se passe-t-il avec l’art et que pouvons-nous espérer pour la suite ? La difficulté réside dans le manque de perspective historique que nous avons. Chose certaine, il faut "réenchanter" le monde.

Le père jésuite Joseph de Jouvency n'a jamais été en Nouvelle-France, ce qui ne l'a pas empêché d'écrire en 1710 De regione et moribus canadensium seu barbarorum Novae Franciae, texte basé en grande partie sur les Relations des jésuites qui décrit la faune, la flore et les mœurs des "Sauvages" de Nouvelle-France. Mais comment l'auteur décrit-il les Amérindiens qu'il n'a jamais vus? Pourquoi avoir publié un tel texte plus de trente ans après la fin de la publication des Relations?

Pour répondre à ces questions, je vais d'abord faire un bref survol du but des Relations et de la description des Amérindiens y étant faite. Ensuite, je traiterai de la vision des "Sauvages" dans le texte de Jouvency. Enfin, grâce au contexte historique et à l'analyse de la fin du De regione, je poserai quelques hypothèses pour expliquer pourquoi Jouvency a publié son texte.

Selon mes premiers résultats, il semble que Jouvency soit, à l'instar de plusieurs missionnaires, assez ouvert aux Amérindiens pour leur trouver non seulement des défauts, mais aussi plusieurs qualités. Le jésuite a probablement écrit De regione à la fois pour répondre à la demande d'un public intéressé aux mœurs étrangères, mais aussi pour faire de la propagande à la Compagnie de Jésus.

À la suite de travaux comme ceux d'H.J. Westra, mon projet va contribuer à faire avancer la recherche à propos de ce texte peu étudié jusqu'à récemment.

Cette recherche explore les effets de la combinaison de la couleur bleue avec d'autres teintes intérieures en tant qu'éléments qui améliorent et bénéficient au bien-être des gens dans les régions nordiques du Canada. Il a été constaté que différents effets biologiques sont provoqués par l'exposition à la lumière et notamment à la lumière bleue, car elle est responsable du décalage de l'horloge circadienne. Bien qu'il a été démontré que la lumière et les surfaces architecturales dans les teintes bleues sont très efficaces pour les processus physiologiques, les combinaisons de couleurs peuvent aussi apporter d'autres avantages. Cette présentation a donc pour but de présenter les effets de la couleur bleue dans différentes combinaisons de surfaces et de couleurs, telles que le gris, le jaune, le vert, le rouge et le violet. Afin d'assurer la précision des résultats, l'expérience a été réalisée sous un ciel réel à Québec, à l'aide de modèles réduits, de photographies de haute gamme dynamique et d'analyses photométriques. La principale preuve réside dans les niveaux d'efficacité circadienne ou mélanopique de la couleur bleue lorsqu'elle est mélangée à d'autres teintes, ainsi que dans l'implication sur le contraste visuel lorsqu'une teinte est appliquée sur la surface du sol de la pièce. Ces résultats peuvent constituer un outil important lors du processus de conception et de l'application d'une palette de teintes dans l'architecture des régions du Nord.

Depuis l’invitation lancée aux lecteurs formulée par Roland Barthes dans « La mort de l’auteur » (1968), il est généralement convenu que la littérature constitue un monde à part, radicalement différent de l’espace démocratique par la liberté qu’elle engendre, non pas seulement dans le champ artistique de la création, mais également dans le champ esthétique de sa réception. Qu’elle produise une forme de distance de soi (Poulet, 1971), un dissensus (Rancière, 2008) ou qu’elle propose une rencontre avec une vision du monde du texte comme révélation (Jauss, 1978) ou construction (Iser, 1976), la littérature tisse des liens avec le politique par la participation de son public, les lecteurs. Par-delà les études littéraires, ces idées soulèvent des enjeux qui peuvent être éclairants pour les arts visuels, notamment pour les œuvres d’art conceptuel utilisant justement le texte comme médium principal. La présente proposition vise à interroger la spécificité politique de la posture de lecteur qu’exigent ces œuvres visuelles formées de mots. La murale Yes (2010) de l’artiste manitobain Micah Lexier commissionnée par le Drake Hotel à Toronto pour leur terrasse et les œuvres Oui et Non Merci (2013) du collectif québécois BGL présentées à la Parisian Laundry, semblables dans l’alternative qu’elles proposent mais dissemblables par leur contexte, serviront à cet égard d’exemples afin de penser aux incidences politiques de la posture du lecteur dans les arts visuels.

Nombreuses, assez récentes et encore mal définies, les initiatives d’archivage des films de famille se déploient selon de multiples intentions et stratégies de conservation. Nous proposons d’en faire un tour d’horizon en demandant : Qui archive ces films? En quels lieux? À partir de quels critères et optiques? Et avec quels moyens et méthodes? Nous visons, d’une part, à mieux cerner les différentes valeurs ou qualités documentaires émanant de la diversité des contenus, formes et supports des films de famille et, d’autre part, à préciser et catégoriser les gestes d’archivage actuellement mis en œuvre pour faire apparaître ces valeurs/qualités aux sens des usagers et spectateurs.

À l’aide d’exemples concrets, nous examinerons trois grandes modalités d’archivage des films de famille : 1) L’institutionnel, où des archives nationales et des musées sélectionnent et décrivent en détail certains films produits par des groupes minoritaires afin d’élargir les possibilités historiographiques (raison sociohistorique et scientifique); 2) Le communautaire, où des organismes régionaux collectent une masse de films produits sur un territoire et en génèrent des parcours de mémoire afin de tisser des liens identitaires (raison culturelle et patrimoniale); 3) Le créatif, où des artistes débusquent et creusent la matière d’objets-films pour créer des effets sensibles inédits (raison expressive et esthético-politique). Une réflexion sur les principes de la conservation sera ainsi inaugurée.

Cet exposé présente les résultats d’une recherche de terrain portant sur les conditions de la rencontre avec l’altérité dans le
partage d’activités artistiques. Cette recherche s’intéresse plus particulièrement, par l’observation participante, à la posture de l’intervenant dans le cadre de ces activités et au type d’activités artistiques à mettre en place afin de permettre une rencontre avec l’Autre, fondée sur l’échange et la réciprocité.

L’expérience d’un voyage humanitaire accompli au Cameroun, dans une communauté autochtone Bagyéli, m’a confrontée aux limites d’une pensée occidentale. J’ai vécu l’intervention comme la prescription d’un point de vue aux populations concernées. J’ai eu l’impression de perpétuer une forme de colonisation qui inscrit le voyageur occidental dans un cycle de colonisation, d’exploitation et de conversion des populations (Todorov, 1985).

L’objectif principal de la recherche est de rencontrer l’Autre dans un contexte d’activités artistiques axées en particulier sur le dessin. L’idée est de co-construire un projet artistique avec la communauté d’intervention qui permette d’échanger et d’apprendre l’un de l’autre. Les activités artistiques agissant à la fois comme moyen et support de cette rencontre. La recherche est guidée par la question suivante : comment, la posture de l’intervenant dans le partage d’activités artistiques, peut-elle créer un rapport égalitaire avec la communauté d’accueil ?



 

 

Dans Réfléchir à la formation artistique, Chainé pose la question : « Comment la formation artistique reflète-t-elle un rapport à soi et à l’altérité ? » (2013, p. 7), dont la pertinence ne cesse de croître depuis la parution de l’ouvrage notamment en raison de la diversification soutenue de nos sociétés occidentales, hyperconnectées et de plus en plus polarisées (Mackey et Jacobson, 2019). Le questionnement, trop souvent occulté, mérite selon nous davantage d’attention et ouvre sur un champ de recherche et de pratiques émergent lui-même dans l’angle mort de la littérature scientifique francophone. Notre parcours singulier en recherche, sur divers terrains et misant sur une approche interdisciplinaire en sciences de l’éducation, sciences sociales et sciences de l’information, nous a en ce sens permis d'identifier la littératie culturelle comme concept fécond tant pour l’avancement de la recherche scientifique, que pour ses applications pratiques potentielles au sein de nos institutions éducatives, culturelles et informationnelles. Dans le cadre de cette communication, nous présenterons d’abord à titre préliminaire la conceptualisation dialogique de la littératie culturelle qui résulte d’une démarche qualitative et inductive de théorisation enracinée dans les écrits scientifiques (Glaser et Strauss, 1967 ; Luckerhoff et Guillemette, 2012). Nous discuterons, dans un second temps, des possibles applications pratiques du concept au sein des institutions québécoises.

Problématique :

Depuis les années 1990, on parle du renouveau du conte au Québec comme d’un mouvement artistique aux contours incertains, comme d’un point d’ancrage entre mémoire, tradition orale et contemporanéité. 

Cette communication se propose de contribuer à une sociologie de l’oralité en interrogeant le renouveau du conte au Québec,?? à partir d’une définition du conteur de Walter Benjamin et d'une théorisation de ma praxis (conteuse sous le nom de Myriame El Yamani et directrice générale de la Maison internationale du conte à Montréal).

Entre passeurs d’histoires et « stars » du spectacle vivant, où se situent les conteurs (ses) québécois dans le monde du conte ? La multiplication des lieux de « racontage » et des formes que prend cette parole publique nous amène aujourd'hui à redéfinir le conte, à la fois comme objet social et comme pratique artistique.

Méthologie : Analyse sociologique pour un état des lieux du monde du conte au Québec (données statistiques, entrevues semi-directives).

Conclusion :  La scène du conte au Québec semble avoir troqué le « conteux » de veillée pour l’artiste multidisciplinaire. La fonction sociale du conteur a-t-elle disparu à l’occasion de ce glissement? Ce changement privilégie-t-il un art du spectacle et du divertissement plutôt qu’un art de la relation où les territoires, les mémoires, les expériences et le dialogue interculturel restent à explorer ?

La présentation portera sur des enjeux de concordances entre cadre méthodologique et objet de recherche en sciences humaines. Détenteur d’un doctorat en sciences des religions et ayant rédigé une thèse sur les rapports entre représentations de la mort, dispositif cinématographique et fonction sociale des films, je propose ici de réfléchir la relation souvent difficile, parfois inadéquate, entre la posture savante et les expériences hautement significatives qui touchent aux limites du langage (perte d’un être cher, choc post-traumatique, expérience de mort imminente, etc.). Comment dès lors le ou la chercheur.e peut approcher son objet sans le dénaturer, ni le subordonner aux catégories langagières de la pensée scientifique ? En guise de réponse, je m’inspire des notions de sensible chez l’anthropologue François Laplantine et de résonance chez le sociologue Hartmut Rosa pour, au final, y trouver des accointances entre l’une et l’autre mais aussi des pistes de solution pertinentes quant à la question posée en amont. Toutefois, l’originalité de la réponse tient au fait qu’il y a dans la pensée de Laplantine et de Rosa quelque chose de véritablement « cinématographique » et, qu’en cela, le cinéma déborde de son cadre esthétique pour devenir une approche méthodologique tout à fait légitime, apte à cerner plus correctement les zones de l’expérience qui se manifestent sensiblement et qui résonnent d’un sujet à l’autre, d’une culture à l’autre.  

Le meurtre irrésolu de la jeune Blanche Garneau, survenu à Québec en 1920, donne lieu à une affaire judiciaire et politique pleine de rebondissements, du genre dont raffolent tant les journaux de l’époque. L’un de ceux-ci va plus loin que les autres dans ses critiques de l’administration de la justice, valant à son éditeur d’être poursuivi deux fois plutôt qu’une : par la justice pénale et, exceptionnellement, par l’Assemblée législative pour « violation des privilèges de la Chambre ». 

Cette affaire est alors le lieu d’un débat, bref, mais important, sur la liberté de la presse au Québec. Ce sujet étant peu exploré dans l’historiographie de la presse, notre travail propose de mieux comprendre les limites rencontrées par les journaux dans leur couverture médiatique, particulièrement en ce qui a trait aux critiques envers l’État. À cette fin, les sources d’archives judiciaires et les périodiques nous offrent une fenêtre sur les pratiques journalistiques, surtout celles, plus provocatrices, des journaux à sensation, ainsi que sur les réactions des autorités.  

Nos recherches permettent de mieux cerner ces limites à travers l’étude de cas de l’affaire Blanche Garneau, par une analyse de ses dimensions médiatiques et politiques. Nous concluons que cet épisode fut l’occasion d’une renégociation des limites de la liberté de la presse au Québec, à laquelle prirent part les journaux, la justice, la législature et la société civile.

À l’occasion d’une rétrospective Robert Frank organisée à Paris en 2009, des journalistes ont parlé de «  road-movie photographique ». Cette expression d’apparence absurde, puisqu’elle pose une relation d’égalité entre cinéma et photographie, a le mérite de révéler l’existence d’une forme artistique qui serait en photographie l’équivalent du road movie. Ce genre spécifique et encore peu étudié, que Danièle Méaux nomme “Voyage de photographe”,  pose la question du rapport entre mobilité et fixité de l’image. Si Wenders s’est illustré dans la réalisation de road movies, il mène en parallèle une activité de photographe qui a donné lieu à la publication d'un recueil de photos de la route intitulé Bilder von der Oberfläche der Erde. Cet ouvrage retient notre attention en raison du rapport qu’il instaure entre photographie, errance et cinéma. C’est cette relation intermédiale que nous souhaitons examiner ici. Nous posons que les photos de Wenders sont marquées par un refus de l’illusion du mouvement et qu’elles se distancient de la majorité des œuvres représentatives du genre. Nous établirons ensuite que les photos de Wenders s’inscrivent dans le champ plus vaste de ses productions filmiques, et qu’elles constituent un parcours à la fois rétrospectif et contrapunctique de son œuvre. Enfin, nous verrons que la photographie devient la matière même de ses films, notamment dans Alice in den Städten qui se présente comme une œuvre double, à la fois road movie et Voyage de photographe.

Dans ses incarnations les plus formalistes, la littérature dite expérimentale se présente comme coupée du monde, du référent, du Réel: méta-réflexive et autotélique, la poétique textualiste implique ainsi un radical détachement face à tout ce qui pourrait relever du social, du politique, voire de l’éthique. Est-ce pour autant dire que l’expérimentation ne va pas de pair avec certaines formes… d’engagement ? L’écrivain expérimental peut-il, tout en explorant les possibles de son art, proposer des œuvres critiques, notamment à l’égard de ses contemporains en général et de la « vie littéraire » en particulier ? En nous penchant sur les deux ouvrages publiés au Quartanier – La vie littéraire (2014) et Le guide des bars et pubs de Saguenay (2016) – de l’écrivain québécois Mathieu Arsenault et en nous référant aux concepts de « paratopie » et d’« ethos discursif » que l’analyse du discours littéraire met à notre disposition, nous tâcherons d’identifier quelle(s) forme(s) un tel engagement prend chez cet auteur pour qui l’illustration de l’expérimentation littéraire ne demeure jamais bien loin de sa défense (comme en témoignent ses diverses prises de position théoriques). De la sorte, nous postulons que la « posture engagée » d’Arsenault est ce qui permet à ce dernier de singulariser sa pratique dans le champ de l’expérimentation littéraire contemporaine au Québec.

La seconde moitié du XXe siècle a vu les revendications des mouvements des femmes et les théories du genre se tailler une place dans le domaine de la traduction littéraire et de la traductologie, répondant notamment au besoin de traduire les œuvres expérimentales ouvertement féministes de certaines autrices des années 70 et 80. Dans les dernières décennies, les pratiques littéraires des femmes se sont montrées plus ambivalentes dans leur identification aux féminismes, que l’on pense aux courants « métaféministe » (Saint-Martin 1992) ou « bad feminist » (Gay 2014). Comment les approches et stratégies existantes dans le domaine de la traduction féministe et axée sur le genre peuvent-elles être mises à profit pour rendre ce type d’œuvres de l’anglais au français? Diverses perspectives seront étudiées en vue de proposer des pistes tant sur le plan du processus traductif (lecture de départ; élaboration du projet; autoréflexivité; collaboration) que sur celui des stratégies textuelles (genre grammatical; syntaxe; transitivité; lexique) et métadiscursives (contextualisation; visibilité du sujet traduisant). Cette démonstration théorique s’appuiera sur les aspects formels et thématiques des œuvres et sur leur représentation de l’agentivité des personnages féminins. La communication proposée contribuera ainsi à problématiser et à adapter les approches traductologiques féministes et axées sur le genre de façon à ce qu’elles soient plus représentatives des féminismes contemporains.

Dans leur étude publiée en 1983, None is Too Many : Canada and the Jews of Europe, 1933-1948, les historiens canadiens Irving Abella et Harold Troper ont analysé la politique d'accueil canadienne tout en insistant sur le refus clair du gouvernement d'accueillir des réfugiés juifs. Notre recherche se place dans la continuité de leur ouvrage et se focalise sur les 2 000 personnes (environ) qui, malgré les réticences et l’antisémitisme, ont pu trouver refuge au Canada. 

Grâce aux archives du Congrès Juif canadien (Montréal) et à une analyse prosopographique de ces sources, notre communication interrogera les différents circuits migratoires de ces individus ainsi que la/les mémoire(s) liée(s) à ces migrations. 

À partir de la correspondance entre les organisations d’aide (juives et non juives) et le gouvernement canadien, nous analyserons la mise en place de procédures permettant l’émigration de familles réfugiées en Espagne et au Portugal, le sauvetage d’étudiants bloqués à Shanghai mais aussi la libération de civils internés au Canada. Ce panel permettra de mettre en perspective leurs différents parcours migratoires, en centrant le propos sur ce qui les unit et ce qui les oppose. 

Enfin, nous montrerons que la mémoire des réfugiés internés a supplanté celle(s) des autres groupes et nous tenterons d’expliquer ce phénomène, contribuant ainsi à l’histoire des migrations transnationales et à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale au Canada.

Dès leur première publication dans le recueil Refus global (1948), les textes de fiction de Claude Gauvreau (1925-1971) provoquent un grand malaise en raison de leur statut générique. « Non seulement [les journalistes] ne savent pas quoi en dire, mais ils ne savent pas non plus comment nommer ces objets abstraits, à la frontière de la poésie et du théâtre » (DUBOIS 2014 : 99). Cette difficulté à circonscrire l’œuvre de Gauvreau dans un espace littéraire défini pousse la critique à la qualifier, faute de mieux, de baroque c’est-à-dire « l’art du multiple, du difforme, du hors norme, du […] laid, voire [du] monstrueux » (DESGENT 2010 : 27). Interné à plusieurs reprises, l’auteur incarne bien cette figure dont la monstruosité se révèle par une écriture perçue comme symptomatique. Une étude comparative de son œuvre et de celle de ses contemporains tend pourtant à montrer que son écriture rend compte d’une esthétique de la fragmentation préfigurant certains éléments de l’esthétique du théâtre postdramatique. Cette communication aura ainsi pour but de proposer une lecture au-delà du symptôme afin de mieux cerner les enjeux et la particularité des textes dramatiques de l’auteur. En effet, si l’esthétique de la fragmentation se donne en premier lieu à lire comme un élément caractérisant formellement son écriture, elle appelle également à un changement de perspective herméneutique permettant de redéfinir les contours de la sémiotique théâtrale.

À ses origines, l’image-mouvement (Deleuze, 1983) au cinéma serait définie comme étant une succession mécanique d’instantanés caractérisée essentiellement par l’équidistance. La succession mécanique du mouvement par un codage serait intrinsèque à l'agencement dans l’image-mouvement. La problématique de l’image-mouvement réside dans l’idée selon laquelle la perception du mouvement à l'aide d'une succession de poses et la perception du mouvement par l’intermédiaire de dispositifs, réduisent l’interprétation du mouvement à un temps uniforme. À quel point cela va contraindre à saisir l’essentiel du mouvement, à savoir les micromouvements qui entrent dans ce régime de l’image-mouvement intensif et qui échappent à la mesurabilité de même qu'à l’agencement. Dans ce cas précis, la question serait de savoir non pas comment un mouvement succède à un autre mouvement, mais plutôt comment un mouvement donné se continue dans le mouvement suivant? Nos objectifs seront de comprendre le processus de l’analyse du mouvement en commençant par les travaux chronophotographiques à la capture du mouvement numérique. Nous entamerons une catégorisation de l’image-mouvement par le biais de la capture du mouvement numérique transférée sur les personnages en images de synthèse du film Avatar. Si plusieurs études portent sur l’analyse du mouvement au cinéma, aucune n'a encore considéré une classification qui éclaire le rapport d’individuation avec certaines catégories de l’image-mouvement.