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L'interculturalisme est une des clés de voûte des politiques d'intégration développées au Québec. Axées sur une notion d'échange et de réciprocité, les relations interculturelles prennent des formes variées plus ou moins marquées. Un des domaines privilégiés de ces relations est le domaine artistique, plus particulièrement le domaine musical. Les moyens mis en oeuvre pour valoriser la diversité culturelle et artistique montréalaise favorisent les partenariats entre artistes locaux et artistes immigrants ainsi que le métissage entre musique occidentale et musiques du monde.

La musique, souvent qualifiée de langage universel, favorise-t-elle la bidirectionnalité relationnelle propre à l'interculturalisme ? Les rapprochements de différentes cultures musicales encouragent-ils une ouverture vers l'Autre?

Les propos d'interprètes et de compositeurs recueillis lors d'enquêtes de terrain permettront d'identifier la nature des influences et des relations qui s'instaurent lors d'un métissage musical. Des exemples de parcours et de réalisations d'interprètes immigrants et québécois viendront illustrer cette notion d'interculturalisme appliquée à la musique.

Dans le cadre d'une recherche sociomusicologique sur la place et le rôle des musiciens immigrants au Québec, cette communication tentera de démontrer que l'interculturalisme musical est un outil pertinent pour affronter et apprivoiser l'altérité et qu'il influence les pratiques artistiques et les valeurs culturelles du public québécois.

L’écocritique est une approche critique de la littérature qui a été développée aux États-Unis à partir des années 1990. Elle s’est depuis imposée dans le monde anglo-saxon, mais reste à peu près absente de la francophonie. Mon objectif est de présenter les grandes lignes de cette approche en m’attardant plus particulièrement aux travaux de Lawrence Buell, dont l’ouvrage The Environmental Imagination (1995) s’affirme comme un incontournable du corpus écocritique.

À partir des notions d’imaginaire social et d’imagination (Cornelius Catoriadis, 1975; Charles Taylor, 2004), je souhaite voir comment le concept d’imagination environnemental développé par Buell oblige à réarticuler les contours de la théorie littéraires de façon à expliquer en quoi le texte peut être porteur de représentations de la nature révélatrices d’un rapport identitaire à l’environnement physique. C’est toute l’approche structuraliste et post-structuraliste de la littérature qui est ainsi remise en question. En effet, dans une démarche écocritique, le texte ne peut être considéré comme un système clos fonctionnant de par lui-même. Il doit plutôt être envisagé dans la perspective d’un rapport entre paysage intérieur et paysage extérieur (Dansereau, 1973; Snyder, 1980; Lopez, 1989; Buell, 1995), d’une construction culturelle de l’environnement qui s'affirme comme condition de vraisemblance de la littérature.

L’exposition Eros ’65 ouvre ses portes à la Dorothy Cameron Gallery de Toronto le 21 mai 1965. Après avoir reçu un bon accueil par la critique d’art torontoise, l’exposition est visitée par des policiers du comité de moralité et devient l’objet d’une controverse artistique qui s’étend sur plus d’une année. Le 22 mai, Lovers no 1 de Robert Markle est saisie par les policiers pour cause d’obscénité puis, le 27 mai, 6 autres œuvres sont à leur tour confisquées, dont 4 sont de Markle. Cameron est sommée de se présenter au tribunal au début d’octobre 1965. En vertu d’une loi du Code criminel sur l’obscénité, la galeriste est accusée d’avoir exposé des œuvres au contenu sexuel explicite.

D’un côté, la défense croit que les 7 nus censurés s’inscrivent dans la tradition artistique et elle ne reconnaît pas la présence de la sexualité et de l’obscène dans les œuvres. D’un autre côté, les représentants de la justice n’arrivent pas à faire abstraction de celles-ci et refusent de reconnaître que le caractère artistique d’une œuvre permette de représenter ce qui n’est pas autorisé selon la loi.

En prenant en considération les comptes rendus du procès et les nombreux articles publiés dans les journaux torontois durant l’année 1965-1966, cette communication propose de se pencher sur les discours idéologiques opposés des principaux acteurs qui s’affrontent en Cour – galeriste, témoins experts, artistes et juges.

Quels auteurs marquent l’inauguration de la phénoménologie en tant que discipline philosophique au service des peuples vivant en Afrique de l’Ouest? L’hypothèse est de passer en revue les auteurs majeurs dans le processus de reprise appropriative de la théorie et la pratique nées d’Edmond Husserl. L’état des lieux s’établit sur quatre critères éliminatoires : la détermination d’un cadre pour l’évaluation des travaux d’universitaires ouest-africains nés dans la décennie 1950, juste avant les indépendances, se réclamant de la phénoménologie husserlienne et qui appartiennent effectivement à la filiation husserlienne; la chronologie des auteurs et des travaux des universitaires répondant au premier critère et dont la trame dessine une filiation entre eux et qui plus est, ont pour préoccupation, la désobstruction du monde de la vie des populations ouest-africaines; un ancrage véritablement original et novateur des travaux chez ceux des auteurs qui résistent aux deux premiers critères; le souci de la transmission d’un héritage phénoménologique chez ceux des auteurs qui passent par le filtre des trois critères précédents. À l’épreuve, Dominique Assalé et Lazare Ki-Zerbo semblent se présenter comme les pionniers de la phénoménologie ouest-africaine. Ce que valent les critères énoncés et la liste des auteurs qui, en ballotage avec les deux auteurs cités, participent de la constitution des étapes inaugurales de phénoménologie ouest-africaine, tels sont les enjeux de cette recherche.

Écrivain-voyageur, Pierre Benoit se sert souvent des lieux visités au cours de ses voyages pour peindre les paysages qui forment la toile de fond de ses écrits. Ce qui nous intéresse ici, c’est le tableau qu’il dresse de ces lieux que son lecteur ne visitera jamais et dont la seule connaissance ou image qu’il aura seront dues aux descriptions lues. Après avoir défini la notion d’Orient, nous nous intéresserons à celles de ses œuvres qui nous permettront de parvenir à une acception « benoitienne » du terme et de sa signification. En fait, il s’agit ici d'essayer de cerner les composantes (in)variables d’un monde parfois imaginaire, parfois mystique et revisité par un auteur dont le goût du voyage n’a d’égal que sa fascination pour l’Ailleurs. Proche du milieu diplomatique français du XXe siècle, Pierre Benoit a souvent représenté - de manière informelle - les couleurs de l’Hexagone et surtout dans des régions dites "orientales" et qui ont servi de théâtre à quelques-unes de ses œuvres les plus emblématiques (La Châtelaine du Liban, pour ne citer qu’elle). Dans ce but, une brève présentation suivie d’un approfondissement en ce qui concerne les différents lieux et époques concernés s'imposent, de même qu’un rappel de ce qui, dans son œuvre, a trait à l’aventure coloniale française (modalités, représentations…). Cela nous permettra ainsi de répondre au mieux à la question suivante : Orient de carte postale ou Orient "réel", comment se définirait l'Orient "benoitien"?

Notre projet pilote, intitulé « Leçons de musique virtuelles pour les personnes âgées », vise à fournir un cadre pour les personnes âgées afin qu’elles puissent se joindre à des leçons virtuelles en petit groupe de 4 à 6 participants de leurs foyers. De plus, notre projet évalue la perception de qualité de vie des participants au cours de 8 mois de leçons. Sur le plan pédagogique, les leçons sont formulées en suivant l’adaptation de la méthode de Zoltán Kodály par Lois Choksy (1999; 1981) et les quatre étapes du processus d’apprentissage musical proposées par Kodály : préparer, rendre conscient, renforcer et évaluer. Puisque l’apprentissage expérientiel joue un rôle essentiel au sein de la méthode Kodály, les leçons incluent différentes activités, telles que le piano, la culture auditive, le chant, l’improvisation, la composition et l’histoire de la musique. Le petit nombre de participants leur permet d’interagir avec d’autres personnes qui s'intéressent à la musique, tout en créant un sentiment d’appartenance dans le contexte d'une petite communauté. Notre projet comporte aussi un élément de recherche qualitative, principalement par des entrevues informelles, et de recherche quantitative, par des tests cognitifs simples. Les résultats préliminaires démontrent que les leçons de musique permettent aux participants de percevoir une amélioration de la qualité de vie, surtout en ce qui a trait au sentiment d’appartenance et de l’isolement.

The Alexandria Quartet de Lawrence Durrell joue sur les stéréotypes par l’intermédiaire des interprétations que font les personnages des actions d’autrui. Les stéréotypes donnent chacun « une impression de clarté, d'univocité, et accélèrent ainsi le rythme de la lecture » (Amossy, Les discours du cliché, 1982). Ils stimulent aussi la réaction passive du lecteur en agissant «[comme] des signaux génériques, ils orientent l’attention du lecteur vers des horizons de sens familiers» (idem.). Or, ces sens sont systématiquement déconstruits dans le Quartet : au fur et à mesure de son développement, la narration propose des perspectives nouvelles sur l’identité des personnages, lesquelles remettent en question l'interprétation initiale, la maintenant dans un état perpétuel d’indétermination. Lorsque certains éléments manquent au répertoire du lecteur, celui-ci est contraint de se lancer à la recherche de nouvelles configurations sémantiques. Le lecteur est appelé à revoir une idée préconçue. Par exemple, la description que fait Darley d’un policier et ancien marin dans le premier volume met de l’avant sa masculinité donnée pour traditionnelle. Suivant la lecture de Darley, le corsaire tout d’un bloc se révèle avoir été un travesti affublé d’un Dolly Varden. Dans le cadre de cette communication, nous analyserons la constitution des stéréotypes dans le Quartet et la façon dont ils interviennent pour produire un effet d’indétermination identitaire sur des personnages tels que Scobie.

Wikipédia est un projet encyclopédique qui vise la synthèse des savoirs existants. Mais, de quels savoirs parle-t-on ? Et quelle place est accordée aux savoirs des communautés marginalisées et aux contribut·rice·eur·s qui appartiennent à celles-ci ? Peu d’études ou d’exemples existent encore sur le sujet. Dans la foulée de ces réflexions, cette communication vise à présenter une recherche en cours sur la présence et l’inclusion sociale de la communauté LGBTQ+ au sein du projet Wikipédia à partir du contenu et du système (acteurs, communauté, organisation) qui soutiennent ses activités sur le territoire wikimédien québécois.

Cette étude trouve ses assises dans deux principaux appareils théoriques : les sciences de l’information (analyse documentaire, expérience-usager·ère, théorie critique) et les études LGBTQ+. Du point de vue méthodologique, ce projet intègre une approche mixte reposant sur trois volets : une analyse de contenu, l’application d’une grille d’évaluation sur l’inclusion sociale et des entretiens. Les données provisoires cumulées jusqu’à ce jour indiquent une sous-représentation de la communauté LGBTQ+ et la présence de mécanismes qui freinent sa participation. Les résultats de cette étude qui seront présentés permettront d’actualiser nos connaissances quant à l’inclusivité du projet Wikipédia dans le contexte québécois tout en élargissant notre compréhension des modalités et des obstacles systémiques, qui le façonne.

Bien que l’existence du règne de la reine-pharaon Ankhkheperourê Neferneferouaton à la dix-huitième dynastie (ca 1336-1333 BC) ait été démontrée dans les années 90, elle demeure une souveraine obscure dont la véritable identité pose encore question. Deux théories s’opposent actuellement en égyptologie : celle qui veut que Nefertiti aurait servi sous ce nom comme corégente d’Akhenaton ; et celle selon laquelle ce serait la fille aînée du roi, Méritaton, qui aurait régné après la mort de son père.

La plupart des arguments avancés pour soutenir ces hypothèses portent sur des éléments textuels. Lorsque des arguments iconographiques sont convoqués, ils donnent souvent lieu à des théories confuses basées sur des interprétations intuitives des images, négligeant d’importants indicateurs sémiotiques.

Avec cette présentation, je voudrais démontrer la façon dont l’histoire de l’art et la sémiotique visuelle peuvent contribuer au débat, en réinterrogeant avec méthode différents procédés de production de sens propres aux images, tel notamment l’usage de l’intericonicité en art égyptien.

Nous verrons alors qu’il existe une 3e identification possible de cette reine-pharaon, qui ne serait autre que la fille cadette du couple Akhenaton/Nefertiti, la princesse Neferneferouaton Tasherit. Sa candidature comme pharaon implique une situation inédite en Égypte : elle serait montée sur le trône avec sa sœur aînée Méritaton, cette dernière jouant le rôle institutionnel de Grande Épouse Royale.

De par sa propension à utiliser le texte et à présenter un récit, l’étude de la bande dessinée a souvent été reléguée au champ des études littéraires. Dans les années 1970, les spécialistes de la sémiotique visuelle s’en sont emparés, ouvrant ainsi la porte aux historiens de l’art (Fresnault-Deruelle, 1972). Cependant, une question méthodologique importante a jusqu’ici été largement laissée de côté. Comment l’historien de l’art peut-il travailler avec un large corpus d’images se comprenant sous trois modalités : la case, la planche et l’album.

Nous tenterons de répondre à cette question en utilisant les planches de bande dessinée de Pierre Dupras publiées de façon hebdomadaire dans Québec-Presse entre les années 1969 et 1974. Ce corpus, qui n’a jamais fait l’objet d’études approfondies, comprend plus de deux cents planches présentant chacune une dizaine de vignettes ainsi que deux albums regroupant une collection de planches originales et déjà publiées qui sont lancés aux éditions Québec-Presse.

Pour ce faire, nous mettrons à l’épreuve le modèle d’analyse systématique de Scott McCloud (Understanding Comics, 1993) et la méthode définitionnelle de Thierry Groensteen (Système de la bande dessinée, 2011) en plus d’évaluer la pertinence d’une approche thématique et d'établir des relations entre notre corpus et d'autres corpus plus classiques de l'histoire de l'art.

Ainsi, nous donnerons forme à un corpus complexe et multiple afin d’en proposer une compréhension globale.

À partir de 1906, le mot mannequin, désignant l’objet anthropomorphe, qualifie également le corps de femme idéale. Les avancées de la chirurgie des deux guerres vont le concevoir comme un objet à réparer et à améliorer. Après la violence des armes, la médecine aide, par la technologique, à renouer avec le canon humain. À la fin du siècle, la science est exploitée par la sphère artistique faisant échos aux théories du corps sans organe de Deleuze et Guattari (1972). Notre société vit quotidiennement avec une technologie plus proche du corps (prothèses, chirurgie, robotique anthropomorphe) et de l'esprit (intelligences artificielles). Les oeuvres de Natasha Vita-More, artiste et philosophe, seront au cœur de notre propos. En 1982, elle rédige Transhumanist manifesto, l’un des textes fondamentaux pour l’art trans et post-humaniste. Deux ans après, Donna Haraway publie son essai A cyborg Manifesto associant intérêts féministes et trans-humanistes. En 1992, ouvre à Lausanne l'exposition Post-humain, le commissaire J.Deitch questionne l’art face aux revendications des contres-cultures post-1968. En parallèle, le cyberespace grandit peu à peu, le corps devient avatar. Ainsi, notre proposition abordera, sous l’angle de l’histoire de l’art, notre rapport au corps et aux nouvelles technologies dans le but de montrer qu’aujourd’hui les frontières artistiques entre le vivant et l’inerte sont plus obscures que jamais, l’un devenant presque indissociable de l’autre.

 

En 1863, dans une lettre adressée au jardinier en chef de Central Park, l’architecte paysagiste Frederick Law Olmsted relate avec enthousiasme un moment fort de sa traversée du Panama. Sensible aux paysages tropicaux, Olmsted dit avoir été saisi d’une émotion que la littérature actuelle désignerait comme une expérience esthétique au sens fort d’un vécu cognitivement et affectivement marquant (Schaeffer, 2015). Olmsted n’hésite pas quant à lui à qualifier ce sentiment de « moral » et à le rattacher à certains traits du paysage panaméen. Cette expérience est si marquante qu’il décide d’effectuer de mémoire une analyse formelle du paysage, et ce dans le but d’en reproduire les effets à son retour à Central Park.

Cet épisode nous donne un aperçu de la particularité de l’approche réformiste chez le célèbre architecte paysagiste. Car bien que la littérature existante ait souligné la visée hygiéniste de ses parcs (autant d’un point de vue psychologique que physiologique), peu ont cherché à analyser son approche d’un point de vue esthétique. Construit autour d’une étude de Prospect Park, cette présentation vise à démontrer comment cette expérience influença la conception du parc de Brooklyn (plus que de Central Park qui était déjà construit), tout en démontrant comment la sensibilité esthétique d’Olmsted s’inscrivait de façon plus large dans un courant de pensée au cœur duquel la relation esthétique fut envisagée comme une expérience d’abord émotionnelle et moralement forte.

J’oriente l’étude des sculptures inuites de la collection de la Galerie de l’UQAM vers les spécificités organiques des matières qui les composent : principalement les pierres mais aussi les peaux, os, dents, bois, ivoire et pigments. La provenance de ces sculptures demeure inconnue, la moitié de celles-ci sont non-signées et seule l’identification à quelques artistes permet d’émettre l’hypothèse qu’elles ont été produites au Nunavik dans la décennie 1950. Devant ces lacunes méthodologiques, je propose d’analyser celles-ci au plus près de leur contexte de production, soit à partir de la pierre extraite du territoire où vivent les artistes. Au moyen des données géologiques/biologiques/géographiques et des rencontres in situ avec des artistes au sujet des conditions particulières d’approvisionnement et du travail de la pierre, je détourne les obstacles récurrents de la recherche sur l’art autochtone canadien et québécois. À l'heure où des chercheurs ont découvert de la «serpentinite qui pourrait jouer un rôle majeur dans l’apparition des premières biomolécules propice à l’émergence de la vie primitive terrestre» (CNRS, Communiqué de presse, 19/10/2011) ; où le gouvernement québécois élabore le «Plan Nord» pour exploiter les matières premières ; et où les biotechnologies défient nos conceptions historiques et artistiques du passé, de nouveaux axes de recherche transdisciplinaires sur l’art inuit pourraient être déterminants dans la constitution de notre mémoire collective.



Plusieurs écrivaines et écrivains s’étant penchés sur le lien entrela Révolutiontranquille et la révolution sexuelle au Québec soulèvent que, dans certains cas, les discours sexuels de l’époque furent pensés conjointement à la question de l’identité nationale. Alors qu’à l’époque, plusieurs croyaient que l’accession du Québec à l’indépendance allait être bénéfique à l’émancipation de la femme, on découvre, à travers l’analyse d’écrits nationalistes québécois dela Révolutiontranquille, que leur discours en ce qui a trait à la féminité et à la maternité n’était pas aussi révolutionnaire qu’on l’imaginait. 

Malcolm Reid dans son analyse de la revue nationaliste Parti Pris dénote une forte présence de l’allégorie du corps de la femme comme terre-mère : « N’oublions pas la symbolique érotique : la terre en tant que femme, la femme en tant que terre. (…) faire d’un même combat la conquête du pays et la conquête de la femme c’est se heurter inévitablement aux revendications autonomes des femmes.» (144)

Je compte analyser la manifestation de ce lien entre discours sexuel et question nationale précisément dans le cinéma québécois. Il s’agira ainsi de voir dans quelles mesures les spécificités du médium cinématographique ont influencé la mise en scène du symbole de la « terre-mère ». En bref, comment le cinéma peut nous aider à comprendre la construction de ce lien entre sexe et nation durant cette période charnière de la société québécoise?

Les îles de la nuit, le plus célèbre recueil d’Alain Grandbois (1900-1975), a paru pour la première fois en 1944. Depuis, de nombreuses critiques ont été consacrées à ce recueil et de multiples points de vue ont été exprimés. Pourtant, les analyses se mettent d’accord sur l’idée que l’ensemble des Îles de la nuit est placé sous le signe de son poème initial Ô tourments. Adoptant aussi ce point de vue, nous proposons de voir ces tourments avant tout comme une énorme angoisse face à la précarité du temps et à ses instants fugitifs. L’être angoissé au nom duquel parle le poète est aussi inconsolable devant le passage des « musiques de l’enfance » et la disparition des « beaux Visages » que devant « la blessure d’autrefois » et « sa souffrance », puisque tout cela appartient au passé. En s’arrêtant en détail sur les moments vécus, les étalant dans la rhétorique poétique – bien que le processus même d’une telle remémoration nous paraisse très pénible –, le poète lance un défi, tente de déjouer le temps, d’éviter que « les lourdes portes de l’oubli » ne se referment. Ainsi, pour une courte période au moins, arrive-t-il peut-être à se délivrer de l’angoisse? 

Bien qu’héritière de la biologie d’Aristote, l’ontologie heideggérienne est-elle conforme au tournant anthropologique de la philosophie ? Si non, est-elle ré-anthropologisable ? Répondant non à la première question, la communication part de l’hypothèse que la deuxième invite à penser le sens humain du mouvement de la vie facticielle. Nos objectifs sont de montrer que, herméneutiquement théologique, l’ontologie heideggérienne est de nature métaphysique ; la ré-anthropologiser exige de lui appliquer une herméneutique de la facticité de souche augustinienne, inspirée par H. Blumenberg et explicitable en dialogue avec J-L. Marion. Méthodologiquement, en répondant par la négative à la question de savoir si « … Heidegger a[…] bien lu Augustin » (Y. Meessen, 2006), l’on répète « … les sources aristotéliciennes et néotestamentaires d'Être et Temps » (C. Sommer, 2015) en remontant de la métaphysique à la facticité, de l’objectivation de Dieu à la vie facticielle. Comme résultat, le rapport de Heidegger à Aristote est médiatisé par la théologie luthérienne de la croix, via la Bekümmerung, la souciance (M. Heidegger, 2017) comme accomplissement. Lequel se déploie non plus dans l’opposition entre homme et Dieu mais en un pâtir signifiant que « plus la vie vient à elle-même » (Heidegger, Gesamtsausgabe, 60, 240), plus l’humain mesure le divin. Notre apport est le suivant : telle la compassion de l’humain pour le divin (S. Yapo, 2018), ainsi de l’anthropologie au regard de la philosophie.

Nature morte aux coquillages et au corail, du peintre français Jacques Linard (1597-1645) se veut le reflet de la culture française du premier XVIIème siècle. Les natures mortes du premier XVIIème siècle français, ont cela de spécifique qu'elles ont un contenu moral. Le tableau recèle des clefs d'interprétations qui ont trait à l'ère de la Contre-Réforme, et au courant de pensée du néostoïcisme présents en France. Il s'agit donc de relever des question que soulèvent les motifs peints et le dispositif de la toile, selon l'approche de l'Archéologie du savoir de Michel Foucault. Ce tableau du musée des Beaux-arts de Montréal, très peu étudié, d'abord une œuvre religieuse, entre dans le cadre de la contemplation, telle que prescrite par le Concile de Trente. Le but de cette communication sera d'offrir une analyse, et d'ajouter le discours philosophique de cette toile. Cette recherche visera l'étude de textes contemporains à l'artiste, et d'en montrer l'influence culturelle. Cette analyse contribuera à de nouvelles données sur la toile d'un peintre majeur du Grand Siècle. Linard offre un message de Rédemption par sa composition, et par le symbolisme des objets peints. Ainsi, le peintre inclut un pendant profane à la lecture sacrée. Il est question de démontrer la rhétorique que livre le peintre, un miroir de la culture d'alors. Le dispositif aurait pour but d'offrir un sursis au spectateur, durant une période où les guerres et les maladies font de nombreuses victimes.  

Les œuvres littéraires de l’écrivaine et théoricienne française Christine Montalbetti, publiées entre 2001 et 2013 chez l’éditeur parisien P.O.L, font un usage étonnamment explicite de la modalisation dite autonymique : en effet, d’un ouvrage à l’autre, le narrateur y « parle tout en commentant en même temps sa parole en train de se faire » (selon la définition proposée par le linguistique Dominique Maingueneau de ce phénomène relatif à la subjectivité énonciative). Dans le cadre de cette communication, nous analyserons à la lumière des méthodes mises à notre disposition par la linguistique de l’énonciation les nombreux exemples de modalisation autonymique dans Le cas Jekyll (2010, P.O.L), livre dans lequel Montalbetti se propose d’adapter en un long monologue pour le théâtre la fameuse nouvelle de Robert Louis Stevenson mettant en scène le personnage du docteur Jekyll et de son double monstrueux, monsieur Hyde.

 L’« ethos » discursif qui se dégage de ce bref ouvrage de l’auteure, c’est-à-dire l’image de soi projetée par une énonciation en constante réflexion sur elle-même, se trouve conséquemment marqué par une hétérogénéité fondamentale, la dichotomie au cœur de l’identité du personnage principal du récit (Hyde/Jekyll) faisant écho à ce télescopage du dramatique et du narratif inédit dans le parcours de l’auteure. Aussi Le cas Jekyll nous donnerait peut-être même la clé de toute la poétique romanesque de Montalbetti…

Bien qu’héritière de la biologie d’Aristote, l’ontologie heideggérienne est-elle conforme au tournant anthropologique de la philosophie ? Si non, est-elle ré-anthropologisable ? Répondant non à la première question, la communication part de l’hypothèse que la deuxième invite à penser le sens humain du mouvement de la vie facticielle. Nos objectifs sont de montrer que, herméneutiquement théologique, l’ontologie heideggérienne est de nature métaphysique ; la ré-anthropologiser exige de lui appliquer une herméneutique de la facticité de souche augustinienne, inspirée par H. Blumenberg et explicitable en dialogue avec J.-L. Marion. Méthodologiquement, en répondant par la négative à la question de savoir si « … Heidegger a[…] bien lu Augustin » (Y. Meessen, 2006), l’on répète « … les sources aristotéliciennes et néotestamentaires d'Être et Temps » (C. Sommer, 2015) en remontant de la métaphysique à la facticité, de l’objectivation de Dieu à la vie facticielle. Comme résultat, le rapport de Heidegger à Aristote est médiatisé par la théologie luthérienne de la croix, via la Bekümmerung, la souciance (M. Heidegger, 2017) comme accomplissement. Lequel se déploie non plus dans l’opposition entre homme et Dieu mais en un pâtir signifiant que « plus la vie vient à elle-même » (Heidegger, Gesamtsausgabe, 60, 240), plus l’humain mesure le divin. Notre apport est le suivant : telle la compassion de l’humain pour le divin (S. Yapo, 2018), ainsi de l’anthropologie au regard de la philosophie.

Dans le contexte des arts visuels, le détournement des dispositifs hypermédiatiques propres à l’univers biomédical sont de plus en plus fréquents. Par certaines stratégies, le spectateur sera invité à vivre une expérience immersive grâce à un univers multisensoriel construit à partir de données issues d’autres corps, qui auront préalablement été sondés et scrutés par diverses technologies (endoscopie, microscopie électronique à balayage,etc). En transformant nos rapports communs à la notion d’échelle, ainsi qu’aux notions d’intérieur/extérieur, le spectateur sera transporté de la fascination pour le corps sublimé en paysage fantastique,  au désenchantement, voire la répulsion, face au corps trivial et imparfait qui est pourtant notre seul moyen d’être au monde, comme l’a si bien décrit Foucault dans son essai Le corps utopique, les hétérotopies. Chez d’autres artistes, le corps sera représenté comme écosystème peuplé de bactéries et de micro-organismes, pourtant essentiels à son bon fonctionnement et à sa survie. Ces conceptions mèneront à la reformulation de notre définition même de l’identité (Carosella & Pradeu), qui devra être pensée comme pluralité soumise au changement perpétuel. Par les œuvres de Domingues/Artecno Group, Mona Atoum, Justine Cooper, Athena Tacha et Phillip Warnell nous verrons comment ces dispositifs immersifs deviennent des hétérotopies, intimités  projetées à même l’espace public, renouvelant nos rapports au corps. 

L’œuvre de Jean-Marie Gleize contient une multitude de références à la psychanalyse et, surtout, aux travaux de Jacques Lacan et de Gilles Deleuze sur la métonymie comme moteur du désir. Pour Lacan, « [l]es énigmes que propose le désir […] ne tiennent à nul autre dérèglement de l’instinct qu’à sa prise dans les rails – éternellement tendus vers le désir d’autre chose – de la métonymie », comme si la métonymie rendait possible le voyage du désir d’un objet à un autre, le désir devenant ainsi infini, ouvert sur le monde, en proie aux hasards de la pensée et de l’émotion. Pour Deleuze, « il n’y a de désir qu’agencé ou machiné. Vous ne pouvez pas saisir ou concevoir un désir hors d’un agencement déterminé ». Cette idée rejoint les théories de Lacan dans la mesure où ces deux conceptions du désir s’appuient sur le transfert inductif et métonymique. Alors que la notion de nom du père (ou non du père) développée par Lacan dans le Séminaire III vient ancrer le sujet dans la langue communicationnelle et ses règles, la lalangue est conçue comme une porte de sortie, un retour à une liberté langagière infantile. Le but de cette présentation sera donc de montrer comment le rapport complexe qu’entretient Gleize avec la psychanalyse lui permet, par le biais de ce qu’il nomme l’« être-sans-père », de générer une « lalangue » présubjective, qui s’incarne entre autres par un retour obsessif vers la figure de l’enfant ludique, agençant et réagençant constamment les parties de son discours.

À partir du 15e siècle, sous l’influence des écrits antiques, la villégiature monte en popularité en Italie. L’établissement loin des centres urbains et de leurs églises demande néanmoins que l’on s’attarde aux pratiques cultuelles, un champ de recherche peu exploré. La chapelle privée est essentielle, particulièrement pour les cardinaux du 16e siècle qui s’établissent dans la campagne romaine. Dans le contexte de la Réforme catholique, on fixe des règles relatives aux lieux de culte privés, officialisées lors du Concile de Trente. Ainsi, nous aurions cru que la construction et la décoration des chapelles de villas romaines de cette période appliqueraient ces préceptes. Or, dans le cas de celle du cardinal Alessandro Farnese à Caprarola, bien que le programme iconographique respecte généralement les idéaux de la Contre-Réforme, contre toutes attentes, l’espace ne semble pas adhérer aux décrets concernant le culte privé. Ainsi, nous suggérons une tension entre le discours, exprimé dans les fresques, et la pratique, qui dépend en partie de l’architecture.

Nous exposerons d’abord les recommandations réalisées à l’endroit des chapelles privées avant la Contre-Réforme et la persistance de leur influence à Caprarola. Ensuite, nous définirons les positions réformistes afin de montrer qu’elles ne sont pas entièrement mises en œuvre. Par conséquent, nous suggérons que le culte privé dans les villas se définit davantage en continuité qu’en rupture avec le passé. 

L’augmentation des ventes et des emprunts de livres numériques (LN) ont fait l’objet de recherches qui permettent notamment de mieux comprendre les raisons pour lesquelles des lecteurs choisissent ce format et dans quelles circonstances (Lapointe, Luckerhoff et Niort, 2023). Ces recherches ont permis de constater un intérêt grandissant pour le livre audionumérique (LAN), chez les lecteurs de LN, mais pas seulement. Il semble en effet exister une catégorie d’auditeurs intéressés par tout ce qui s’écoute, notamment les balados (podcasts), les émissions de radio, la musique et les LAN (Snelling, 2021).

Nous avons animé des entretiens qualitatifs (Germain, Guillemette, Luckerhoff, 2023) avec des auditeurs de LAN et procédé à l’observation de fils de discussions sur les groupes Facebook Booktok Québec et Booktok Baddies pour mieux comprendre leur vécu. Se pose également l’enjeu de la découvrabilité : comment se fait-elle?

Nos résultats préliminaires montrent que pour ces auditeurs, le LAN fait partie d’une offre audio variée et ne constitue pas nécessairement un prolongement du LN, ni un format différent ou complémentaire à celui-ci. Nous constatons en outre que le LAN intéresse des adeptes du multitâche. Ils peuvent ainsi écouter un livre en s’adonnant à une autre activité d’une nature différente, comme conduire, faire du ménage ou de l’exercice. Le rapport à la lecture peut ainsi être transformé.

Les productions littéraires contemporaines des multiples espaces francophones ont toujours été confrontées à l’expression plurielle des différents mondes qu’ils habitent et qui les habitent. Parmi les problématiques qui les occupent, il y a les questions liées à la mémoire, au silence, à l’exclusion, au processus de singularité, entre autres. Toutes ces démarches se situent dans le cadre d’un « humanisme radical » que des auteurs comme Léonora Miano adoptent dans une perspective esthétique de résistance à ce que Félix Guattari appelle des « universaux de la subjectivité ». Dans La saison de l’ombre de Miano, nous étudierons, ainsi, comment « l’humanisme radical » se déploie dans le roman, à travers une écriture qui fait ce qu’elle dit, c'est-à-dire, s’invente et propose une ligne de fuite où l’identité s’inscrit dans un devenir pluriel. Dès lors, nous pourrons conclure que l’œuvre de Léonora Miano constitue une proposition éthique qui se réalise dans de nouveaux rapports esthétiques faits d’ouverture à la pluralité des réalités du monde et de ses objets ainsi que de la production de subjectivité dont le caractère formel est toujours différé.



Production propagandiste, le documentaire historique étudié est un vecteur de la modernisation soviétique, celle-ci reposant sur le primat du changement radical. Dans la suite de l’axe transformiste de l’idéologie communiste, l’État soviétique cherche tout au long de son existence à légitimer son pouvoir au moyen des projets grandioses de nature à changer brutalement l’espace urbain, rural ou naturel. Ces interventions productivistes sur l’espace, initiées par l’État communiste sont souvent chargées d’un fort symbolisme, la propagande soviétique mettant en oeuvre des mécanismes sémantiques spécifiques afin de les associer à l’idée d’un futur porteur d’opulence et de sécurité sociale. Tel est le cas en Moldavie de la mise en place d’immenses exploitations agricoles. Le documentaire historique télévisé cherche à créer une esthétique autour du champ kolkhozien et à rendre sensible les téléspectateurs à la « beauté » des vastes paysages agraires. Dans le contexte politique de la soviétisation de la Moldavie, le sémantisme du paysage agraire s’accorde au projet d’édification d’une nation socialiste moldave. Le documentaire fait voir aux Moldaves la « richesse » et la « splendeur » de leur « pays » dans des terrains cultivés de grandes proportions et alimente une fierté collective éminemment liée au rôle de production agroalimentaire de la Moldavie dans le système soviétique de planification économique.