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À la fois responsable et victime des changements environnementaux et climatiques qu’elle provoque, l’agriculture industrielle se trouve aujourd’hui dans le devoir d’imaginer son futur dans un contexte où les contraintes sont grandissantes, tant écologiques, économiques, que sociales.

Pendant que les crises se multiplient à différentes échelles, la perspective sur le futur des systèmes agro-alimentaires devient de plus en plus incontournable. La complexité de la situation ne permet pas de trouver une réponse simple mais requiert plutôt une analyse profonde sur la manière dont fonctionne le système, ses principaux enjeux et sur les rapports entre les aspects biophysiques et sociaux au sein de différentes sociétés.

Notre présentation vise à montrer comment le système agro-alimentaire international peut être mieux compris à travers l’analyse de l’extraction et de l’utilisation de l’énergie. Plus précisément, nous utiliserons un regard historique pour expliquer comment l’accès aux différentes sources d’énergie a changé la géopolitique globale de la nourriture au cours des cinq derniers siècles. Ceci nous permettra de déterminer la distribution actuelle de richesse, de pouvoir et de technologie.

Par cette approche, nous développerons une narration qui nous aidera à regarder le présent et le futur de l’agriculture sans perdre de vu ni la nature complexe des rapports socio-écologiques,ni le rôle déterminant joué par les rapports de force entre pays, groupes sociaux et modèles culturels.

Comment les femmes ingénieures professeures-chercheures et professionnelles de terrain contribuent-elles à l’avancement de la recherche technologique en génie pour le bien-être des femmes? À quels obstacles font-elles face? Ingénieurs et chercheurs s’entendent pour dire que le génie est au service de la société. Mais, il a été longtemps un domaine d’études et carrières réservé aux hommes. Par exemple, la première étudiante en génie de l’Université d’Ottawa a gradué en 1963. Avec l’accès des femmes au génie, n’est-il pas légitime de se demander comment le génie est au service des femmes? Nous avons mené une étude exploratoire auprès des hommes et femmes chercheurs-professeurs et futurs ingénieurs afin de: 1) explorer comment ces femmes et hommes conçoivent le génie; 2) appréhender l’importance qu’elles/ils accordent à la contribution des femmes au génie surtout sur le rôle des femmes ingénieures en tant qu’agentes de changement dans l’avancement de la recherche scientifique et technologique sur des questions d’intérêts féminins; 3) comprendre les obstacles qui entravent les femmes ingénieures à s’investir dans des questions typiquement féminines; 4) proposer des suggestions susceptibles d’inciter et encourager les ingénieures à investiguer et innover sur des questions  d’intérêts féminins. Les résultats permettent d’appréhender des facteurs qui influent sur le choix de projets de recherche et d’innovations technologiques des ingénieures et de proposer des pistes d’actions.

 



L’écotourisme est présenté comme étant une forme d’activité économique faisant partie des pratiques de développement dit durable, mis en place par et/ou dans le respect des communautés locales et ayant un engagement pour la conservation de l’environnement. Au Costa Rica, l’écotourisme est une pierre angulaire de l’image internationale ainsi que de l’économie nationale. Toutefois, cette pratique n’est pas aussi exemplaire qu’elle ne le laisse prétendre. Cette communication prétend à concevoir le développement de l'écotourisme comme une pratique extractiviste, paradigme au sein duquel la nature et les humains sont toujours considérés comme des ressources capitalisables. Afin de nous appuyer dans cette hypothèse, nous critiquerons le virage « vert » des institutions économiques internationales depuis les années 1990 qui ne représente en fait qu’une récupération capitaliste des enjeux environnementaux soulevés par les changements climatiques. En effet, nous postulons que la création d’instruments juridiques et économiques pour la conservation de l’environnement engendre des pratiques néocoloniales. Nous démontrerons, à travers le cas costaricain, que le développement de l’écotourisme s’intègre au sein d’une nouvelle phase de dépossession territoriale des communautés locales au profit d’acteurs gouvernementaux, non-gouvernementaux et/ou étrangers, le tout, sous le couvert de la protection environnementale et du développement économique national.

Problématique de référence :Les législations linguistiques québécoise et française visent toutes deux la consécration d’une seule langue officielle. Mais une fois devant le juge, font-elles pour autant l’objet d’interprétations similaires? Pour répondre à cette question, nous posons l’hypothèse que ces lois ont été inspirées par une intention républicaine, mais qu’elles ont fait l’objet d’interprétations libérales.

Conclusions générales : À la lumière des archives parlementaires et des textes des lois, nous concluons que les législations linguistiques québécoise et française ont été inspirées par une intention républicaine « à la française » (importance de l’État-nation, de la langue commune, de la démocratie, etc.).En France, sept des huit décisions pertinentes de la Cour de cassation ont opté pour une interprétation large du principe du français et ont donc respecté l’intention républicaine du législateur. Au Québec, six des sept décisions pertinentes de la Cour d’appel ont opté pour une interprétation stricte du principe du français et ont donc préféré une interprétation libérale (favorable aux droits individuels).



On observe le passage, à la fin du XXème siècle, d’un mode de gestion wébérien des administrations publiques à une nouvelle donne managériale conceptualisée sous l’appellation de « Nouveau Management Public » (NMP). Ce changement de paradigme a entrainé de profonds bouleversements quant aux rôles et aux responsabilités des gestionnaires de la fonction publique. Au cœur du NMP se déploie un nouvel ensemble de valeurs et s’organisent de nouveaux rapports entre ces gestionnaires et leurs subordonnés, mais aussi entre ceux-là et les décideurs politiques. Selon l’OCDE, ce type de gestion fondé sur la frugalité et l’efficience, en contribuant à l’institutionnalisation de l’éthique, doit permettre de réguler et normaliser certaines pratiques déviantes inhérentes au modèle de gestion traditionnel des administrations publiques. La mise en place du NMP, et le développement de l’éthique qui l’accompagne, apparait donc comme le remède aux dérives qui caractérisaient ce modèle. Toutefois, il semblerait que ce nouveau crédo de gestion ait permis, de par ses contradictions et ses exigences, l’émergence de nouveaux défis éthiques auxquels doivent répondre les gestionnaires des administrations publiques. En effet, pour ces cadres, le renversement des valeurs et méthodes de gestion au sein de ces organisations publiques et le nouveau modèle de responsabilité qu’il initie sont le contexte dans lequel les enjeux éthiques de loyauté, de désobéissance et de divulgation vont se déployer.

Les infirmières gestionnaires intermédiaires (IGI) ont un rôle marqué à la fois par leur subordination à leurs supérieurs et par leur supériorité vis-à-vis du personnel infirmier. Les IGI œuvrent dans un système de contraintes qui est source de nombreuses souffrances. Leur rôle est axé sur l’atteinte d’objectifs de performance parfois aux dépens de conditions humaines de travail. Les principes du new public management (NPM) qui règnent dans les CH ne sont pas étranger à ces situations vécues et nous amènent à questionner les actes de résistance utilisés par les IGI. Or, les IGI contestent rarement les termes de leur subordination en public. James C. Scott mentionne qu’il existe cependant un autre terrain de lutte politique, appelé infrapolitique des groupes subalternes, où sont menés des actes de résistance cachés. Selon cet auteur, pour accéder à ces actes de résistance, il faut s’intéresser aux formes de domination déployées. Ainsi, en appliquant les fondements théoriques mis de l’avant par Scott, il est possible d’identifier les formes de domination que subissent les IGI et qui portent atteinte à leur autonomie, leur liberté et leur dignité, mais également de mettre en lumière toute la question des actions politiques cachées des IGI. Les connaissances issues de cette communication permettront de réfléchir à notre rapport au travail dans un système néolibéral, ce qui constitue des sources importantes d'apprentissage transformant leur regard sur la société et le statu quo.

Une nouvelle philanthropie élitaire privée évolue de plus en plus dans une logique de partenariat avec les États et les groupes communautaires. Cette philanthropie, dont le principal avatar est la « philanthropie d’investissement », est un acteur majeur dans l’émergence de la « gouvernance du social ». À partir du cas de l’organisme communautaire Harlem Children’s Zone à New York et de la Fondation Lucie et André Chagnon au Québec, cette étude analyse les relations et les phénomènes d’influence au sein des partenariats entre l’État, la philanthropie et les groupes communautaires.  

La problématique repose sur différents questionnements concernant l’influence du donateur, la capacité d’action des donataires, la participation des groupes de la société civile au développement des politiques et les relations développées entre la philanthropie, l’État et les groupes communautaires. La comparaison ici effectuée est internationale et infranationale. La collecte des données repose sur une recension des publications associées à chacun des cas de même que sur la réalisation d’une série d’entretiens semi-directifs. Les conclusions de recherche nous amènent à jeter un regard critique sur les théories du Third-party government (Salamon, 2014) et de l’« État partenaire » (Vaillancourt, 2007). Les partenariats étudiés favorisent une cooptation de l’action communautaire, une consolidation du pouvoir des élites sur les politiques et une instrumentalisation de la société civile.

 

Les revendications foncières autochtones éveillent inévitablement des conflits de propriété avec les occupants actuels des terres revendiquées. Inspiré par les théories distributives de la justice qui visent notamment à prendre en compte les intérêts de tous les acteurs visés par une réparation pour une atteinte à un droit, le professeur J. Waldron propose une solution pour la résolution de ces conflits: l’interstice du passage du temps et du changement de circonstances sur la terre éteint la légitimité des revendications autochtones. Au regard du pluralisme juridique cette vision des réparations peut être critiquée. Devant un titre ancestral autochtone potentiel, une telle négation des injustices historiques subies par les peuples autochtones a pour conséquence d’avaliser la dépossession foncière ancestrale qui leur est imposée en ayant recours à une théorie de la justice étrangère à leurs coutumes. Bien qu’utile au débat des restitutions territoriales, la théorie omet selon nous le lien qui unit les peuples autochtones à leurs territoires. Dépossédée de celui-ci, l’identité autochtone en partie construite par le rapport particulier entretenu avec la terre s’amenuise. Une solution plus légitime à ces conflits territoriaux devrait par conséquent tenir compte de cet aspect des cultures autochtones. Plutôt que d’entériner le rapport de force entre les populations, les pistes de solutions devraient s’inspirer d’un processus dialogique avec les communautés autochtones.

Ce projet se fonde sur une recherche d’abord menée dans le cadre d’un mémoire de maîtrise (Histoire, UQÀM, 2009), et qui se poursuit maintenant aux études doctorales (Concordia). Il s’inscrit particulièrement bien dans le questionnement relatif à la tradition de pensée républicaine au Québec qui aurait été occultée, sinon confondue avec d’autres traditions politiques [M. Chevrier (UQÀM), L.-G. Harvey (Bishop’s) et Y. Lamonde (McGill)].

Nous nous intéresserons particulièrement à la genèse de la pensée de Louis-Joseph Papineau, en la situant dans un contexte atlantique, mais en considérant également le discours et les actions de ce dirigeant d’un mouvement de réformes
constitutionnelles au moment où l’Empire britannique se redéfinit dans une perspective de globalisation. Pour ce faire, l’exercice de l’étude du discours se fera sous le mode de la comparaison : Bas-Canada/Irlande. Pour l’Irlande, avec la figure de Theobald Wolfe Tone.

Sur le plan théorique, nous référerons à l’approche « outside in », utilisée par l’historien des idées David Armitage (2007). C’est-à-dire, quels emprunts, sur les plans des idéologies et de la stratégique politique, Tone et Papineau ont-ils respectivement choisi de faire, afin de construire leur propre discours public et action politique. De plus, cette
pensée, maintenant identifiée comme républicaine, sera analysée dans sa concurrence avec le libéralisme. Là, nous en référerons notamment aux travaux de Joyce Appelby et de Philip Pettit.

Les processus de délibération citoyenne dans l’élaboration des politiques de santé amenemt des points de vue divers dans un dialogue afin d'établir une ligne de conduite collective raisonnable. Ce processus de communication mobilise l’expression et l’échange des arguments comme des éléments de pouvoir mais il est souvent abordé comme une boîte noire dont l'analyse se limite à l'observation du changement avant et après. L’engagement et l’interaction sont censés de favoriser l’égalité mais il demeure difficile de déterminer empiriquement comment certaines formes de domination s’installent entre les participants.

Portant sur la communication délibérative dans un forum en ligne sur des technologies en santé, notre étude quantitative examine trois questions: 1) Comment cet espace est-il partagé? 2) Qui sont les plus saillants en termes d’engagement et d’interaction ? et 3) Quelles sont les variations dans leurs profils?

Notre méthodologie repose sur un devis exploratoire avec trois sources de données et diverses techniques d’analyse. D’abord, nous établissons des statistiques descriptives sur la participation, suivie par une analyse du réseau d’interactions et des techniques de visualisation. Ces analyses sont intégrer par triangulation.

Nos analyses permettent d’apprécier deux formes de saillance qui ne se traduisent pas en une domination unilatérale et homogène. Les éléments contextuels influençant ces résultats et les aspects méthodologiques à retenir sont discutés.

Au Canada, tout comme dans la plupart des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques, les systèmes de santé font face à des enjeux importants pour un assurer un meilleur accès aux soins et services de proximité. Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale (CIUSSS-CN), situé dans la région de Québec, a procédé à la mise en place d’un accès intégré aux soins et services pour la population de son territoire. Ce nouveau processus d’accès sollicite une pratique collaborative basée sur l’analyse du besoin prioritaire de l’usager plutôt que seulement sur le diagnostic, afin qu’il soit orienté vers les bons soins et services. Actuellement, un projet de recherche est en cours ayant pour objectif de faire l’évaluation de l’implantation de cette nouvelle pratique clinique et organisationnelle. Cette communication vise à présenter les résultats préliminaires d’une première phase d’évaluation, réalisée au moyen d’entretiens semi-dirigés auprès de professionnels (infirmiers, travailleurs sociaux), œuvrant au sein d’une équipe de travail du CIUSSS-CN dans laquelle la pratique a déjà été implantée. Les résultats tirés cette étude permettront d’identifier les conditions d’implantation de cette nouvelle pratique pour en apprécier son potentiel de diffusion et contribuer au développement d’une expertise québécoise en matière d’accès intégré aux soins et services de proximité.

Cette communication traite de la question de l’entretien sur les faits lors d’une plainte en matière criminelle et se penche tout particulièrement sur les crimes sexuels, la violence conjugale et les crimes commis par des membres des services policiers. Elle s'inscrit donc dans le cadre du mouvement #moiaussi et du rapport Rebâtir la confiance.

L’entrevue sur les faits est l'une des premières étapes du processus pénal. Elle est généralement conduite avec le ou la plaignant·e seul·e. En premier lieu, cette recherche souligne le besoin d’accompagnement des personnes victimes et les efforts du législateur pour répondre à ce besoin. La recherche démystifie ensuite les règles sur la contraignabilité des témoins et sur le droit à la défense pleine et entière de l’accusé·e, puisqu’elles constituent les deux arguments principaux pour refuser l’accompagnement des plaignant.es. Enfin, elle propose des réformes législatives afin de solidifier une interprétation du droit offrant un meilleur accompagnement aux personnes victimes. Étant donné l’importance du contact policier dans le processus, cette communication prétend que les efforts doivent commencer dès le moment où la plainte est formulée.

Ce projet adopte une approche doctrinale (c.à.d., une analyse de la loi, de la jurisprudence, etc.). À l'aide de ces sources, il établit que l'absence d'accompagnement n'est pas justifiée en vertu du cadre légal et documente un phénomène peu connu dans les écrits juridiques francophones. 

La Charte québécoise interdit la discrimination dans plusieurs champs d’activités, dont l’emploi ou la prestation de services. Cependant, certains moyens de défense sont explicitement prévus afin de justifier, dans des circonstances précises, un traitement qui serait autrement discriminatoire.

Or, plusieurs champs d’activité (conclusion d’un acte juridique, accès à un lieu public) échappent à l’application de ces moyens de défense. Certains soutiennent que la garantie d’égalité de la Charte québécoise serait alors absolue. Au contraire, dans quelques affaires, les tribunaux québécois ont appliqué un moyen de défense non explicitement prévu à la Charte : la défense de justification réelle et raisonnable, une création jurisprudentielle de la Cour suprême du Canada. La justification de l’usage de ce moyen de défense dans le cadre de la Charte québécoise est toutefois lacunaire. Un flou juridique persiste sur cette question en droit québécois.

À travers une démarche d’exégèse juridique et grâce à une analyse historique du droit québécois, l’auteur cherche à proposer un raisonnement innovant permettant d’appuyer le recours à la défense de justification réelle et raisonnable dans les cas non explicitement prévus à la Charte.

En 1867, l’attachement du Canada à l’Empire exerçait encore beaucoup d’influence auprès des Pères de la Confédération, loyauté historique d’ailleurs cristallisée par l’A.A.N.B. Le statut politique du Canada ayant évolué vers l’acquisition progressive de son indépendance, sans rupture brutale avec le Royaume-Uni, il en résulte plusieurs dispositions en décalage avec les pratiques politiques actuelles. L’intangibilité des dispositions rigides de la Constitution, amplifiée par l’adoption de la Partie V de la LC1982, conduit à un fossé entre le droit formel et écrit et le droit constitutionnel au sens large, et ce, pour des pans entiers des institutions canadiennes. Se produit alors une « désuétude » des règles écrites de la Constitution. Cette communication vise donc à partager les résultats préliminaires sur la définition de ce phénomène singulier dans l’évolution du droit constitutionnel canadien. Il s’agit plus particulièrement d’en cerner sa nature, ses conditions d’application et ses effets. À travers la théorie de la force normative, cette présentation s’efforcera d’identifier les conditions d’existence de la désuétude (valeur normative), sa reconnaissance par les acteurs politiques (portée normative), et son évaluation par le pouvoir judiciaire (garantie normative). Elle confrontera, du même coup, les conclusions obtenues à celles fournies par l’interprétation évolutive plus classique des normes constitutionnelles, imagée, au Canada, par la métaphore de l’« arbre vivant ».

                  Nous proposerons enfin une réflexion sur l’opportunité d’une réforme du processus de nomination judiciaire au Québec et au Canada en identifiant quels en sont les périls à l’aide d’exemple de l’actualité. L’actualité nous rappelle constamment que la nomination des juges est un enjeu politique et juridique important. L’indépendance de l’institution judiciaire

 Nous proposons une typologie des modes de nominations des juges, expliquant pour chacune ses origines, chacune tirant ses racines de différentes traditions philosophiques et politiques ayant des conceptions distinctes de la fonction judiciaire.    

Notre typologie propose les traditions monarchiques où le juge est d’abord et avant tout le représentant d’une autorité centrale, aristocratique où le juge est issu d’un corps spécifique, républicaine, se caractérisant par l’élection du juge, et démocratique, où la fonction judiciaire est assurée par les justiciables, comme les quatre principaux types de nomination judiciaire.

Nous examinerons les fondements de chacun de ces modes de nomination depuis ses origines à aujourd’hui, en identifiant quels en sont les origines historiques et les idées fondatrices, puis en identifiants quels en sont les forces et les faiblesses quant à l’indépendance judiciaire et leur légitimité.

L’éducation est un domaine clé de nos sociétés. Elle est source de préoccupation, non seulement des familles, mais aussi dans la sphère sociale, économique et politique. Pour certains auteurs, la fonction première de l’éducation est de conserver et de transmettre les valeurs culturelles à la nouvelle génération dans le but de continuité de la société. D’un point de vue sociologique, les savoirs seraient sélectionnés et organisés par les groupes dominants. La scolarisation constitue ainsi un enjeu social, politique et symbolique, plusieurs groupes sociaux rentrant parfois en confrontation concernant ce qui doit être enseigné. Les peuples autochtones se mobilisent aujourd’hui afin que leur langue et leurs savoirs soient transmis aux jeunes générations en passant par l’éducation formelle. Ces derniers souhaitent aussi que les jeunes puissent pleinement s’intégrer d’un point de vue économique dans la société, ce que favorisent la réussite scolaire et l’obtention de diplômes. Comme nous le verrons, ces deux objectifs ne sont pas toujours complémentaires dans l’esprit de tous et leur combinaison peut parfois créer des conflits d’intérêts. Nous verrons que le curriculum est utilisé comme un outil d’autodétermination des peuples amérindiens en Guyane à travers une intégration de leur langue. Toutefois, cet outil en plus de pouvoir créer des conflits d’intérêts au sein d’une population autochtone ne suffit pas à préserver la langue et la culture. D’autres actions sont indispensables.

Les modèles d'affaire de l'ère industrielle sont caractérisés par l'objectif ultime de générer du capital. C'est bien ce que résume la pensée de Friedman (1970) lorsqu'il émet que l'unique responsabilité sociale des entreprise est celle de créer des profits. C'est donc dire que nous sommes loin du « Triple bottom line » de Elkington (1994). Bien sûr ce ne sont pas toutes les organisations qui sont uniquement motivées par la valeur économique. Mais alors, pourquoi est-ce que le recherches sur les modèles d'affaire font abstraction des autres dimensions de la création de valeur? Comment déterminer qu'un modèle d'affaire est cohérent avec le paradigme du développement durable?

Nous avons suivi une méthodologie de recherche-action pour développer un outil de conception de modèles d'affaire. À partir du canevas des modèles d'affaire qui pèse les coûts et les revenus tel que proposé par Osterwaler et Pigneur (2010), nous avons ajouté des couches pour prendre en compte les bénéfices et les impacts environnementaux et sociaux tout au long du cycle de vie.

La conclusion de la recherche se distinguera non seulement par la validation de l'outil nommé "triple layered business model canvas" mais aussi par la génération de schémas et de scénarios qui démontrent lapertinence pour des secteurs ciblés. Ainsi, nous serons en mesure de mieux comprendre les avantages et inconvénients de modèles d'affaire du passé, présent et surtout du futur.

Cette communication débutera par la présentation des résultats obtenus au cours d’une maîtrise portant sur l’expérience de femmes québécoises ayant accouché auprès d’une sage-femme. Vingt mères d’enfants de moins de 15 mois ainsi que quatre sages-femmes ont été rencontrées lors d’entrevues semi-dirigées. En mettant l’accent sur les concepts de corps, de douleur et de risque, je présenterai les trois trajectoires de la naissance (naturelle, réparatrice et rationnelle) ayant émergé de l’analyse qualitative des témoignages des participantes, exposant ainsi la façon dont elles ont vécu et intégré leur dernière expérience périnatale. Je m’attarderai ensuite sur un trait commun qui unit les participantes ; une inclination favorable de l’adulte à l’égard des intérêts de l’enfant. Conçu comme une disposition de l’être qui mène à adopter des comportements empathiques, ce rapport de bienveillance me permet de faire le pont avec mon projet doctoral et de conclure en ouvrant la réflexion sur l’importance d’étudier cet autre pan de l’expérience humaine qu’est la sollicitude à l’égard d’autrui. Ce que la bienveillance dévoile, à travers la façon dont elle se déploie ou non dans les rapports sociaux en période périnatale, offre l’opportunité de mettre à jour des marqueurs de la façon dont les Québécois ont d’aborder le vivre ensemble à une échelle plus large, permettant une réflexion anthropologique féministe sur ce qu’est le politique, jusque dans ses répercussions dans la vie quotidienne.

Depuis les dernières décennies, nous assistons à une résurgence des nations autochtones et à la formation d’un certain nationalisme. Au Canada, les bases normatives de ce nationalisme autochtone sont principalement ancrées dans la tradition et la continuité, les références centrales étant la culture, un rapport ancestral au territoire et un système de valeurs axé sur un rapport étroit, voire holistique, avec la nature. Parallèlement, on remarque l’insertion grandissante du discours autochtone dans un langage essentiellement moderne, par l’usage de concepts tels « autodétermination », « souveraineté », « citoyenneté » et « gouvernement », entre autres, tout comme certaines actions politiques des élites et des citoyens témoignent d’une conception de plus en plus moderne de la nation. Cette communication se concentre sur l’impact de la tradition et de la modernité dans la définition de la nation et du nationalisme autochtones contemporains, dans une volonté de compréhension critique du nationalisme autochtone menée au moyen de la théorie de l’ethnosymbolisme. Les résultats d’une étude de cas menée avec la nation innue au Québec sont exposés, étude qualitative construite principalement autour d’entrevues semi-dirigées menées dans trois communautés innues actives au niveau politique et économique, soit Mashteuiatsh, Pessamit et Uashat mak Maliotenam.



Les politiques publiques constituent un élément essentiel dans nos démocraties en fournissant une ligne d’action aux dirigeants publics ainsi qu’un ancrage pour la reddition de comptes envers les citoyens. Or, celles-ci sont souvent développées en cloison, entraînant une absence de cohérence entre elles. La littérature fait surtout référence à deux axes de cohérence : vertical (ex : inter-pays ou intergouvernemental) et horizontal (ex : intra-pays). Or, bien que ces axes de cohérence soient essentiels pour optimiser l’effet recherché par une politique publique, la mise en œuvre de celle-ci peut être entravée si les politiques administratives en place ne sont pas formulées de façon à appuyer la politique publique. Nous proposons donc un axe transversal, analysant la cohérence entre les politiques publiques et les politiques administratives. Cette communication vise à démontrer la pertinence de cet axe transversal en étudiant le cas de la Politique canadienne de sécurité nationale.

Dans le cadre de cette communication, deux doctorantes de l’Université Laval proposent de rouvrir un champ de recherche mis dans l’ombre depuis plus de deux décennies. Les chercheures s’intéresseront au domaine des émotions et présenteront la pertinence du regard anthropologique sur cet espace de la vie humaine souvent occupé par la psychologie. L’analyse qualitative préliminaire des résultats de leur enquête de terrain leur permettra d’exemplifier ce que l’anthropologue peut apporter, dans une perspective interdisciplinaire notamment, à la réflexion scientifique sur les émotions.

Andrée-Ann Métivier propose de s’appuyer sur son enquête de terrain au sein de laboratoires scientifiques où des psychologues étudient la « pleine conscience » pour mettre en lumière les différences et similarités que présentent, d’un côté, l’approche psychologique des états affectifs et, de l’autre, l’approche socioculturelle. La chercheure amorcera une analyse sur l’articulation du rapport entre expérience affective et argumentation scientifique.

Aussi, Anne-Marie Rouillier souhaite livrer une réflexion sur les entrevues menées auprès de parents et d’intervenants de la santé portant sur le rapport à la nourriture des enfants de 0-3 ans. Cette thématique agit à titre d’ouverture vers le vécu affectif des familles, permettant de mieux saisir les rapports humains intrafamiliaux et laissant transparaître de quelles façons les émotions pourraient agir comme productrices d’actions et de décisions.

En septembre 1990, quelques mois après l’échec de l’entente du lac Meech, le gouvernement libéral de Robert Bourassa met sur pied la Commission sur l’avenir politique et constitutionnel du Québec (Bélanger-Campeau). Plus encore, suivant les recommandations formulées dans les rapports Allaire et Bélanger-Campeau, ce gouvernement fait adopter, en juin 1991, le projet de loi 150 qui prévoit la tenue d’un référendum sur la souveraineté en automne 1992. Que s’est-il passé au Québec entre le 2 décembre 1985, date qui marque l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement libéral enthousiaste de procéder au renouvellement du fédéralisme, et le 20 juin 1991, date à laquelle ce même gouvernement fait adopter par l’Assemblée nationale un projet de loi qui prévoit la tenue d’un référendum sur la souveraineté? Comment les responsables politiques se représentent-ils le Canada et, par le fait même, son système politique, le fédéralisme? Et qu’en est-il des représentations du Québec, de la souveraineté et du projet de loi 150? Comment ces représentations évoluent-elles dans le temps? C’est par l’adoption d’une perspective d’étude de la culture politique que nous répondrons à cette problématique, perspective qui nous permettra d’ailleurs de mettre à jour l’importance des représentations dans les luttes que se sont livrés les responsables politiques des différents partis politiques québécois (PLQ, PQ, Parti Equality) pour influencer l’issue du débat entourant l’avenir constitutionnel du Québec. 

Le manque de ressources pour traiter le nombre élevé de patients atteints de COVID-19 ont motivé l’élaboration de protocoles de triage pour l'attribution de lits et de ventilateurs aux soins intensifs. Ces protocoles cherchent à minimiser la mortalité pour l’ensemble de la population par souci d’efficience tout en préservant une équité d’accès aux soins. Les recommandations internationales divergent toutefois sur des aspects éthiquement controversés. L'objectif ici est d'explorer comment les contextes et différences culturels auraient pu conduire à ces divergences. Les protocoles de triage du Québec et d’Israël sont comparés au regard de leurs positions sur les critères (dé-)priorisant les personnes âgées, des personnes en situation de handicap et les travailleurs de la santé, puis sur le retrait du ventilateur. Un cadre méthodologique de dimensions culturelles a été développé de manière rétrospective et itérative, inspiré de la théorie de Hofstede. L’analyse culturelle met en lumière les valeurs, tensions et tendances sociétales, dont l’équité, la performance, l’âgisme, le capacitisme, la technocratie, la transparence, le risque d’exacerbation des iniquités sociales et la religion. Examiner le rôle de l'identité culturelle dans l’acceptabilité sociale des protocoles de triage permet d’élucider la manière dont des facteurs culturels peuvent influencer le débat public, les politiques publiques et l'adhésion aux mesures sanitaires en préparation aux futures pandémies.

Le Plan Nord, propulsé par le gouvernement libéral en mai 2011, aspire au développement du potentiel économique, environnemental et humain du Nord québécois. Or, son caractère égalitaire n’a été abordé que de manière superficielle. Le projet de « tous les Québécois » est-il également celui de toutes les Québécoises ? La communication proposée entend présenter les résultats d’un projet de recherche juridique féministe ayant démontréqu’en omettant de réaliser une analyse sexospécifique en amont du Plan Nord, le gouvernement contrevient à ses obligations relatives à l’égalité entre les sexes, et à moins d’une justification suffisante, il est raisonnable de douter de la constitutionnalité de cette entreprise. Les développements qui ont marqué l’évolution du droit à l’égalité font qu’il est aujourd’hui raisonnable d’affirmer que son objet comprend une obligation positive d’agir. Cette conclusion est entérinée par des engagements internationaux, des politiques égalitaires favorisant la réalisation d’analyses sexospécifiques, puis par une interprétation sans cesse réaffirmée en faveur de l’égalité réelle par la Cour suprême. Les effets pernicieux de l’absence d’une démarche omettant les enjeux relatifs au sexe et au genre s’avèrent particulièrement importants dans un contexte d’austérité économique et d’ultralibéralisme qui n’a de cesse d’accroître les besoins des personnes vulnérables parmi lesquelles les femmes sont toujours statistiquement du nombre. 

 

Ce travail de recherche a pour but d’identifier les enjeux de pouvoir et les tensions qui ont conduit à la dissidence du commissaire Renaud Lachance dans le cadre de l’établissement du rapport d’enquête suivant la Commission Charbonneau et les conséquences de cette dissidence sur les conclusions formulées dans le rapport final. À cet égard, ce travail a permis de décortiquer les sources de diverses tensions dans l’établissement du rapport final tel que les enjeux politiques, les attentes significatives de divers acteurs quant aux conclusions du rapport ainsi que les conséquences sur la réputation de certains individus. Grâce à une collecte de données incluant des entrevues avec des acteurs ayant joué un rôle crucial à la Commission et une analyse détaillée du rapport final de l’enquête, cette recherche a également mis en exergue que les enjeux de pouvoir, les tensions et ultimement, la dissidence du commissaire Lachance, auront conduit à un arrimage imparfait entre les causes et les recommandations formulées dans le rapport. Les acteurs rencontrés ont permis d’expliquer certaines des incohérences entre les causes et les recommandations, mais une partie des causes demeure orpheline suite à l’analyse. Ces distorsions retrouvées au cœur même du rapport ne peuvent que soulever un doute sur la capacité de la Commission Charbonneau à jouer un rôle significatif pour limiter la collusion et la corruption furtive dans les processus d’octroi de contrats municipaux et gouvernementaux.