Le travail des historiens médiévistes s’attache, pour l'essentiel, à des objets qui ont disparu depuis l’époque étudiée: structures sociales, discours, réseaux commerciaux, institutions étatiques, etc. Rare exception, le paysage rural contient nombre d’éléments demeurés relativement inchangés à travers les siècles ce qui crée, au moins en théorie, la possibilité pour un observateur moderne de partager l’expérience subjective qu’avaient de leur environnement les habitants du moyen-âge.
Le projet présenté ici cherche à créer les conditions d’une telle recréation de l’expérience du lieu dans l’Anatolie médiévale. Fondé sur le concept central de « paysage », défini comme une portion de territoire telle qu’elle est perçue, il pose deux questions fondamentales : (1) Quelles composantes du territoire rural Anatolien demeurent aujourd’hui similaires à ce qu’elles étaient au quatorzième siècle ? et (2) En quoi la perception subjective du lieu chez les habitants de l’époque est-elle différente de la nôtre ?
Données archéologiques, textes narratifs, documents d’archives et visites sur le terrain permettent, dans une certaine mesure, de répondre à ces questions. Il est ainsi possible d’identifier un certain nombre de caractéristiques dans la perception subjective du paysage en Anatolie centrale, par exemple l’attention accordée à la dimension verticale, le caractère social associé aux routes et l’importance des zones ombragées que créent certains objets.