Tout au long de la trajectoire migratoire des demandeurs d’asile, des liens se décousent, d’autres se tissent, plus ou moins fragiles ou fiables, parfois éphémères et parfois durables.
Si la vulnérabilité pré-migratoire est requise pour devenir un réfugié, les instabilités identitaire et spatiale post-migratoires la cultivent (Lacroix, 2003). Les recherches montrent que la famille joue un rôle primordial dans le processus de guérison du traumatisme (Rousseau & al, 1999). Mais beaucoup fuient seuls et en son absence, les exilés grégaires recherchent des liens de substitution sécurisants (Moreau & al, 1999).
Dans quelle mesure la nature de ces liens participe-t-elle à leur convalescence ?
Les demandeurs d’asile sont difficiles d’approche. D’une part, leur localisation physique est souvent mouvante, et certains liens qu’ils entretiennent sont en corrélation avec leur lieu de résidence. D’autre part, leur statut est amené à changer rapidement. Rencontrés à Projet Refuge, organisme communautaire d’accompagnement et d’hébergement situé à Montréal, je les ai observés interagir au quotidien, et interrogés sur leurs parcours rétrospectifs à leur stabilisation. Leurs témoignages démontrent un parallèle entre l’évolution de leurs liens et celle de leur bien-être, depuis le point de rupture des déliaisons intimes, jusqu’à l’atteinte des liaisons intimes en cette communauté thérapeutique (Pocreau, 2005), point de rencontre leur permettant de projeter un futur sain.