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En protection de la jeunesse (PJ), la réunification familiale se définit comme le retour de l’enfant à la suite de son placement dans un milieu substitut. Une récente évaluation des impacts de la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) soulève qu’au Québec, parmi les enfants réunifiés avec leur famille d’origine, 61 % d’entre eux sont replacés en milieu substitut après avoir vécu une réunification, dont 42 % d’entre eux au cours des trois mois qui l’ont suivi. Par ailleurs, pour la grande majorité des enfants replacés, les services de PJ étaient toujours présents dans la vie de l’enfant et de la famille, ce qui aurait pu prévenir le replacement. Quelques études quantitatives ont tenté de mettre en lumière les facteurs facilitants et les obstacles à la réunification. Néanmoins, très peu se sont penchées sur l’expérience subjective des familles biologiques elles-mêmes directement concernées par le processus.

Cette étude, de nature qualitative, vise à documenter l’expérience subjective de 15 parents biologiques ayant vécu le processus de réunification familial au Québec, qu’il ait fonctionné ou non, à l’aide d’entrevues semi-structurées. Les résultats préliminaires mettent en lumière l’importance accordée par les familles à la qualité de la relation avec leur intervenant, aux services formels (ex. : PJ) et informels (ex. : soutien de la famille élargie) reçus et aux services post-réunification. Ultimement, cette étude permettra de contribuer au développement et à l’application de services mieux adaptés aux familles.

Dans le cadre d’un projet d’intervention expérimenté au Centre intégré de santé et de services sociaux de Laval, je me suis intéressé comme praticien à la clientèle de proches aidants qui présentent des risques d’épuisement, en raison de la durée, de la fréquence et de la complexité des activités de soins qu’ils effectuent. L’analyse des impacts de ces activités sur leur état de santé physique et mentale et les répercussions qui en découlent au niveau de leur qualité de vie constituent la problématique de ce projet. La démarche méthodologique utilisée est reliée à l’intervention individuelle. L’outil de dépistage des risques d’épuisement de l’aidant, tel qu’il sera implanté, servira à bonifier les pratiques professionnelles des intervenants du milieu institutionnel, notamment lors de l’évaluation des besoins et des ressources de cette clientèle. Le cadre théorique de l’interactionnisme symbolique mobilisé facilite la compréhension sur le fonctionnement organisationnel des relations de services et sur la manière dont les systèmes en place s’interagissent dans un espace de travail commun et partagé, entre les réseaux de soins formels et informels et les sphères d’intervention publique et familiale. La réalisation de ce projet d’intervention auprès des proches aidants alimente la réflexion sociologique quant à leurs rôles sociaux, à la reconnaissance de leur travail, mais surtout aux différentes formes d’inégalités sociales et économiques qui les touchent particulièrement.

Une association nationale des Espaces de Rencontre enfants-parents a demandé à notre centre de recherche en travail social d’identifier et d’analyser les différents fonctionnements de ces Espaces en France. Ce dispositif, qui se distingue de la « médiation familiale », est mis en place pour les familles sur décision de Justice et existe depuis 30 ans, mais est diversement organisé. Il permet à des parents et à des enfants de garder un lien grâce à un lieu neutre et sécurisé. L’étude de terrain avait pour vocation de permettre aux professionnels de développer des réflexions sur leurs propres pratiques et, également, de collecter le ressenti et le vécu des parents concernés : parents dits « hébergeant » (ceux qui ont la garde exclusive de l’enfant) et parents « visiteurs » (ne bénéficiant pas de temps de garde). C’est ainsi que des chercheurs issus de disciplines diverses (sciences de l’éducation, sociologie, droit, travail social) se sont rendus dans 12 Espaces de Rencontre, et ont réalisé des entretiens avec tous les acteurs concernés. Un vaste travail d’analyse du matériau recueilli (118 entretiens) a permis de proposer une typologie des pratiques en Espace de Rencontre, de lister des problématiques rencontrées et de formuler des recommandations. La communication porte sur la démarche de recherche employée et sur ses résultats qui ont été remis au commanditaire début 2020. Elle est portée par l'un des chercheurs, rédacteur principal du rapport de recherche.

La question des violences faites aux femmes connaît une légitimité scientifique assez récente dans les enquêtes sociologiques statistiques (Enveff, 1997-2003) : elle est associée de plus en plus souvent au concept de genre dans la recherche féministe française (Lieber, Marylène, 2008 ; Enquête Virage, 2014).

Notre travail vise à présenter la contribution de la sociologie historique quant à la compréhension de la production statistique de ce fait social, en étudiant les contextes des transformations sémantiques (de la figure des « femmes battues » à la terminologie publique sur les violences conjugales à partir de l’année 1989 pour aboutir aux violences faites aux femmes et à la violence de genre dans les années 2000) ainsi que les « ruptures contradictoires » des années 1994-1997. L’analyse secondaire des données statistiques produites par des enquêtes associatives ou publiques permet ainsi de comprendre l’ampleur des changements de regard du féminisme vis-à-vis de l’outil statistique, notamment sur cette question sensible des violences, et sur celle du viol. Le féminisme ayant à juste titre critiqué le chiffre noir du viol : il est un des crimes le moins déclaré aux autorités policières. In fine, l’Enveff représente un tournant pour la recherche scientifique française d’inspiration féministe qui se réconcilie avec l’ensemble de la communauté scientifique, en appliquant les méthodes classiques de la statistique publique.

Ces dernières années, l’utilisation des robots conversationnels (chatbots) a suscité un intérêt croissant dans le domaine de l’éducation (Okonkwo & Ade-Ibijola, 2021). Malgré leurs nombreux avantages, ces outils sont encore peu utilisés en criminologie. Cette étude s’intéresse à l’efficacité d’un robot conversationnel dans la formation à l’évaluation du risque de récidive des mineurs auteurs d’infractions. Plus précisément, cette étude examine: 1) l'acceptation et l'efficacité d'un robot conversationnel (chatbot); 2) l’effet de la perception de l’apprentissage sur l’apprentissage réel; 3) l’effet de la méthode d’enseignement sur l’apprentissage réel et 4) les avantages et les éléments facilitant l’apprentissage. Pour cela, 92 étudiants en criminologie ont été répartis aléatoirement en deux groupes selon deux méthodes d’enseignement : formation traditionnelle et formation axée sur la discussion. Les deux groupes ont reçu une formation sur un instrument d’évaluation du risque (YLS/CMI) par un robot conversationnel (chatbot), ils ont ensuite rempli un questionnaire en ligne sur leur expérience et puis ils ont effectué un examen d’évaluation du risque de récidive en utilisant le YLS/CMI. Les résultats de cette étude suggèrent que les robots conversationnels (chatbots) peuvent être bénéfiques pour la formation à l’évaluation du risque de récidive. Les résultats soulignent, entre autres, que les participants ont perçu l'outil comme une méthode d’apprentissage amusante et intéressante, et que ceux qui l'ont trouvé utile et satisfaisant ont obtenu de meilleurs résultats à l'examen.

La présente étude constitue la première méta-analyse de la documentation scientifique relative aux jugements de contingence chez les individus dépressifs et non-dépressifs. Elle visait à déterminer: 1) si les individus dépressifs présentent des jugements de contingence significativement plus précis que ceux des individus non-dépressifs, et 2) sous quelles conditions expérimentales ce phénomène se produit. Une revue de la documentation scientifique a permis de localiser 14 études (84 tailles de l'effet; N = 1633). Les résultats indiquent que les individus dépressifs ont des jugements de contingence significativement plus précis que ceux des individus non-dépressifs; mais cet effet est de petite taille. Aucun effet modérateur significatif propre à l’individu (sexe, sévérité de la dépression) ou au contexte de la tâche expérimentale (intervalle inter-essais, degré de contingence réel, type de jugement effectué, caractère privé ou public) n’a été détecté. Par ailleurs, aucune condition expérimentale n'a mené à des jugements de contingence plus précis chez les individus non-dépressifs. Les résultats sont discutés en regard de la théorie de la marge optimale d’illusion.

Libre des longs déplacements quotidiens dans la congestion routière compliquant la vie de bien des familles en région métropolitaine, Rimouski et ses environs est un lieu de choix pour étudier la différenciation de l’éducation des enfants d’âge préscolaire selon la composition des réseaux des parents et les manières dont ils y définissent leur rôle éducatif. Cette communication présente l’analyse d’entrevues semi-dirigées auprès de 12 parents qui élèvent leurs enfants dans leur milieu d’origine et auprès de 37 autres qui le font loin des leurs. Les représentations exprimées et les expériences relatées dans ces entrevues varient selon l’occupation des parents et leur usage ou non, plus ou moins heureux, de différents types de services de garde. Leur intégration dans un milieu et dans des réseaux d’aide et de sociabilité fait aussi une différence. Leur manière de définir leur situation s’organise en somme dans l’affirmation de valeurs existentielles liées à leur engagement dans la parentalité, que certains situent dans un rapport de continuité ou de rupture avec le modèle de leur famille d’origine.

L’utilisation des cahiers dans les tontines,  caisses et associations villageoises d'épargne et de crédit est une pratique très courante en milieu rural à Ziguinchor et partout au Sénégal. Ce sont des outils de gestion et de suivi des activités et processus de tous genres qui facilitent/assurent la gestion administrative des organisations en question. Leur structuration, les informations qui y sont renseignées, leur gestion, les acteurs qui s'en chargent, leur importance sont autant de questions qui incitent à s'y intéresser.

Pour mieux cerner cette problématique, la méthodologie utilisée a été qualitative. Elle a combiné des entretiens semi-structurés et des observations directes lors des rencontres hebdomadaires organisées par les membres. Les premières enquêtes ont permis d'identifier deux types d'organisations: les organisations de type familial et les organisations libres. En outre, nous avons pu noter le rôle central des cahiers de renseignement. Ces derniers sont des outils de travail qui permettent aux membres d'assurer le suivi des différentes activités de l'organisation concernées. On y renseigne le profil des membres, les mouvements de fonds, les règles de fonctionnements ainsi que les différentes sanctions en cas de manquement d'un membre du groupe. Il facilitent ainsi la gestion d'un système constitué par ces organisations et permettent de renseigner (dans la moindre des mesures) sur les interactions et les jeux de pouvoir qui s'y jouent.

Les personnes admises en Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) présentent un profil de santé de plus en plus précaire. La durée de séjour moyenne, s’écoulant entre l’admission et le décès des résidents, ne cesse de se raccourcir. Alors que les orientations ministérielles insistent sur le fait que ces établissements sont des « milieux de vie » et que des efforts importants en ce sens sont attendus des équipes, qu’en est-il du rapport à la mort dans ces établissements qui sont aussi, finalement, des « milieux de fin de vie »?

Cette présentation s’appuie d’une part sur une revue de littérature et divers projets de recherche, et d’autre part sur nos expériences cliniques en CHSLD et des discussions dans le cadre d’une communication dans une communauté de pratique sur l’accompagnement du deuil. Elle propose une réflexion sur le cumul des deuils vécus par les différents acteurs (résidents, proches, intervenants), ainsi que sur les freins au développement de pratiques d’accompagnement du deuil dans ces milieux.

PROBLÉMATIQUE : Les ainés et leurs proches aidants sont appelés à jouer un rôle de plus en plus actif et plus engagé dans la réponse à leurs besoins. Cela se traduit par diverses formes de partenariat entre les ainés, leurs proches et les acteurs en santé et en services sociaux, comme les travailleurs sociaux. Ce partenariat est traversé par une posture de collaboration et une posture contributive, cette dernière étant très prégnante dans un contexte de raréfaction de ressources. Pour qu’un réel partenariat puisse se déployer, les ainés et leurs proches doivent avoir un bon niveau de compétences en littératie en santé (LES) afin d’être capables de comprendre des informations relatives à leur condition et d’exprimer leurs préférences et leurs choix. Bien que l’autonomisation soit un principe fondamental en travail social, son actualisation comporte plusieurs enjeux.

CADRE THÉORIQUE : Le cadre conceptuel de Sørensen et coll. (2012) intègre des déterminants personnels, environnementaux, sociétaux et sociaux qui modulent les compétences en LES.

MÉTHODOLOGIE : une analyse qualitative de données secondaires constituées de 49 entretiens semi-dirigés.

RÉSULTATS: Il existe des disparités importantes entre les points de vue des intervenants du soutien à domicile et les ainés et leurs proches dans leurs attentes réciproques de partenariats et les compétences en LES.

CONCLUSION: Mieux comprendre ces disparités devrait permettre d’optimiser ces partenariats.

Problématique La prévention de la récurrence de la maltraitance est au cœur du mandat des services de protection de la jeunesse (SPJ). L’étude des indicateurs de récurrence permet de mieux comprendre si les services offerts par un SPJ ont pu prévenir de nouveaux épisodes de maltraitance chez les enfants desservis.

Objectifs Cette présentation examinera les facteurs de risque associés à la récurrence de la maltraitance (nouvelle évaluation et une nouvelle prise en charge, suite à une fermeture de dossier) pour les enfants allochtones et des Premières Nations (PN) desservis par un SPJ du Québec

Méthode Les données administratives de tous les enfants ayant vécu une fermeture de dossier entre 2002 et 2013 par ce SPJ (n=3081) ont été utilisées. Un comité aviseur, constitué de représentants du SPJ et des services sociaux des PN de la région, a été mis en place pour valider les objectifs, les analyses et leurs interprétations.

Résultats Les résultats préliminaires des modèles longitudinaux suggèrent que les enfants des PN desservis pour négligence, ainsi que les enfants allochtones desservis pour mauvais traitement psychologique et troubles de comportement, sont plus à risque de vivre de la récurrence.

Retombées Ces résultats permettront d’identifier des pratiques prometteuses soutenant les interventions des SPJ visant à prévenir la récurrence. Ces résultats seront discutés en considérant le contexte canadien de surreprésentation des enfants autochtones en protection de la jeunesse.

À partir d’entrevues auprès de 11 demandeurs d’asile déboutés (DAD), de 4 avocates et de 2 travailleuses sociales, cette recherche a eu pour objectif de répondre à la question suivante: comment le déni de reconnaissance du statut de réfugié se manifeste dans la subjectivation des demandeurs d’asile déboutés au Québec ?

D’abord, leur subjectivation se perçoit par leur volonté de maintenir un bon rapport-à-soi. Cela se traduit par la redéfinition de leur identité personnelle via des pratiques multiples (mobilisation de ressources cognitives (croyance, espoir, résilience) et relationnelles (professionnels, groupe de soutien, bénévolat)) qui leur permettent de s'adapter à leur nouvel environnement et de poursuivre leur lutte pour la reconnaissance.

Ensuite, elle se perçoit par une redéfinition de leur identité sociale qui, travaillée par des processus disciplinaires, les amène à investir l’identité de « travailleur » dans l’objectif d’obtenir une reconnaissance sociale et juridique via la demande de résidence permanente pour motifs humanitaires -- dont les critères se basent sur l'intégration, et non pas la peur des persécutions. 

La nouveauté de cette étude réside dans la délimitation de son objet (DAD et non pas sans-papiers ou réfugiés), la délimitation géographique (Québec), son approche (sociologie compréhensive, plutôt que psychanalytique ou psychopathologique), et enfin, son sujet (subjectivation et non pas la seule fragilisation psychique qui suit le moment du refus). 

L'apprentissage collectif constitue un processus au coeur de différentes politiques et stratégies de développement local et régional. Permettant la création, le développement ou l'acquisition de connaissances, de même que leur intégration  à un projet ou à une action, ce type de processus voit son cheminement être influencée par différentes conditions de soutien territorialisées au développement. L'étude d'un certain nombre d'initiatives au sein des filières énergétiques québécoises permet la mise en exergue de plusieurs de ces conditions. Comment celles-ci influencent le cheminement du processus de l'apprentissage collectif ? Les nouvelles orientations gouvernementales en matière de soutien au développement local et régional peuvent-elles être un frein, une contrainte ou une opportunité afin de favoriser l'apprentissage collectif ? L'étude de la situation de la région administrative du Saguenay-Lac-Saint-Jean permettra d'avancer ces réponses et recommandations à cet effet afin d'apporter un meilleur soutien aux différentes initiatives de développement local et régional par le biais de l'apprentissage collectif.

La présente étude avait pour but d’explorer la relation entre le trait d’anxiété et l’agressivité au volant, en s’inspirant notamment des résultats publiés par Scott-Parker et al.(2011) : des analyses de régression indiquent qu’à elle seule la détresse psychologique pourrait expliquer jusqu’à 8,5% de la variance des comportements de risque au volant(en plus des facteurs habituels d’impulsivité et de recherche de sensation).Nous avons voulu vérifier si les conducteurs anxieux commettent plus d’actes d’agressivité au volant que le reste de la population et si les personnes anxieuses de 18 à 25 ans sont plus à risque de commettre des actes d’agressivité au volant que les plus âgées.Notre échantillon comprend 437 participants, recrutés parmi des conducteurs de 18 à 65 ans.Les réponses aux questionnaires State Trait Anxiety Inventory et Dula Dangerous Driving Inventory indiquent une corrélation significative entre les mesures d’anxiété et l’ensemble des comportements dangereux chez les sujets féminins de 26 ans et plus (r = 0.31 ; p<0.01). Les tests t indiquent des différences de moyennes entre les groupes d’âges sur les trois échelles du DDDI (émotions négatives, agressivité au volant et prise de risque) et sur la cote globale.Ces résultats mènent à un questionnement face à l'expression du trait anxieux à travers les genres lors de la conduite d’une voiture.Pourrait-il être davantage verbal chez les sujets féminins et sous forme de prise de risque chez les sujets masculins?

 Dans cette région du monde où la croissance urbaine est créatrice de problèmes multiples, les femmes interviennent de plus en plus à travers le secteur informel, en particulier dans le ravitaillement alimentaire des populations urbaines.C'est le cas au Congo avec la ville de Brazzaville, neufs arrondissements et une population estimée à plus de trois millions d’habitants actuellement. Cet article analyse le rôle joué par les femmes dans les activités de production des dérivés de manioc et leur contribution à l’approvisionnement vivrier de la ville.  Une enquête de terrain a été menée en mars 2021, auprès de 204 femmes interrogées dans cinq localités de la zone étudiée retenues au regard de leur dynamisme dans les activités de transformation des racines de manioc. Les principaux résultats indiquent que ces femmes, en majorité mères de familles, mariées ou vivant en union libre (62%), ont un âge compris entre 20 et 39 ans (65%). La plupart d’entre elles (45,6%) intervient comme tâcherons recrutés pour diverses tâches (épluchage, rouissage, fonte de racines de manioc, etc.). D’autres (36,4%) se chargent de la fabrication des « chicouangues » destinés pour l’essentiel à la vente. D’autres enfin (18%) emploient des tacherons pour la production de « chicouangues » ou de cossettes de manioc. Par ces différentes activités, ces femmes rurales contribuent au ravitaillement de la ville en produits dérivés de manioc et à l’amélioration des conditions de vie des ménages ruraux.

En Amérique du Nord, près d’un adolescent sur cinq souffre d’une détresse émotionnelle ou psychologique (Costello, 1989).  Cette tendance est particulièrement exacerbée en ce qui concerne les jeunes délinquants. En effet, plusieurs travaux suggèrent qu’entre 60 et 70% des jeunes entre 12 et 17 ans en institutions présentent au moins un diagnostic de trouble mental (Abram, Teplin & McClelland, 2003; Atkins, Pumageria & Rogers, 1999; Wasserman & al. 2002). De plus, il existerait un lien non négligeable entre ces troubles psychologiques et les comportements délinquants (Biederman, Spencer, 1999;Connor, 2002;Steiner et coll., 1997; Cauffman et coll., 1998;Loeber & Derzon, 1998;Larkin et coll., 2010). Or certains travaux suggèrent que la délinquance elle-même pourrait contribuer à accentuer le risque de vivre des traumatismes psychologiques chez ces jeunes contrevenants(Corcoran et al., 2005). L’objectif de cette présentation est d’approfondir nos connaissances quant à la santé mentale de jeunes délinquants particulièrement à risque de vivre de telles expériences traumatisantes, à savoir les jeunes contrevenants ayant fait l’expérience des gangs de rue. Les résultats portant sur une soixantaine de délinquants évalués à l’aide du MAYSI-2 seront présentés afin d’étudier le lien entre l’affiliation au monde des gangs de rue et son impact sur les différentes détresses psychologiques. Les implications pour l’intervention auprès de ces jeunes seront discutées.

L’évaluation de l’implantation et des effets d’un programme de réinsertion sociale (CEEPC) auprès de personnes vivant en situation de pauvreté et d’exclusion sociale a été en grande partie une réussite grâce au développement d’un empowerment collectif chez les participants. Ce pouvoir d’agir dans et pour la collectivité s’est actualisé à travers une intervention à trois niveaux (individuelle, en groupe et dans la communauté) qui a culminé progressivement sur la réalisation d'un projet collectif. Une méthode d’évaluation mixte a permis de mesurer une augmentation des capacités de résolution de problème et du sentiment d’auto-efficacité pendant cette expérience de groupe. L’engagement et le sentiment de fierté des participants se sont avérés significatifs pendant plus de la moitié de la réalisation de leur projet collectif pour les enfants d’un CPE. Les participants ont appris à travailler en équipe et à se faire confiance. Il est clair que la période d’intervention (variable temps) demeure une condition de réussite importante, ainsi que l’intensité des contacts entre les membres du groupe et les intervenants. Toutefois, quelques modifications pourraient améliorer le programme de façon significative telles que la réalisation de plusieurs projets collectifs plus petits en sous-groupes afin de correspondre davantage aux intérêts des participants et aussi pour exercer leurs capacités à planifier, à organiser et à résoudre des problèmes pour un mieux-être personnel et collectif.

Alors que se développe au Québec et plus largement au Canada le mouvement social de défense des animaux (Bernatchez, 2022), un travail policier (surveillance et arrestation) se déploie pour en limiter l’action, parfois sous prétexte de lutter contre l’« écoterrorisme » (Gagnon, 2010). Cette thèse de sociologie politique a pour objectif d'analyser l'influence de cette répression, plus spécifiquement comment la police tente de prévenir, contrôler ou neutraliser l’action des activistes et comment le mouvement s’adapte (Earl, 2013). On pourrait penser que ce travail policier a pour conséquence la démobilisation des groupes qui agissent dans l’illégalité, mais nos recherches préliminaires suggèrent plutôt un contre-effet de surengagement de ces activistes (Ellefsen 2020). Cette recherche vise à répondre à la question suivante : « pourquoi les animalistes continuent d’agir individuellement et collectivement malgré les coûts importants associés à l’engagement dans ce mouvement social, notamment les lourdes amendes et arrestations? (Josse, 2021) »

La répression du mouvement animaliste au Canada n'a jusqu'à maintenant jamais constitué un objet d'étude. Nous utilisons l’approche de la « mobilisation des ressources » (Tilly et Tarrow, 2007) qui conçoit la répression comme un processus relationnel entre les forces en jeu. Nous mènerons des entretiens semi-directifs auprès des activistes antispécistes (Ocejo, 2013) ainsi que des observations-participantes et une analyse du matériel militant. 

Il est admis que le fait d’impliquer les utilisateurs dès la conception contribue à la pertinence des projets développés. L’approche de codesign implique que le développement des connaissances ainsi que la génération d’idées proviennent d’une diversité de personnes. Or, peu d’études documentent l’expérience de participation des utilisateurs impliqués dans une activité de codesign, la mobilisation de leurs compétences ainsi que les gains issus de leur participation. Dans le cadre d'un projet de recherche visant à concevoir un outil destiné à soutenir les proches aidants dans leur processus de recherche d’aide, huit séances de codesign sont réalisées dans onze régions du Québec. Cette étude vise à documenter l’expérience de participation des utilisateurs qui prennent part à des activités de codesign à partir du cadre sémiologique du cours d’action (Theureau, 2006). Ce cadre considère l’activité humaine comme une interaction du participant avec son environnement. Il permet d’analyser et de décrire l’activité en contexte, du point de vue de l’acteur. Les résultats préliminaires porteront sur l’expérience des utilisateurs en ce qui a trait à leurs attentes, leurs préoccupations, aux connaissances mobilisées, et aux apprentissages effectués. La présente étude contribuera à fournir une compréhension de la manière dont l’activité de codesign est vécue par les utilisateurs et à formuler des recommandations concernant l’intégration des utilisateurs dans une démarche de codesign.

Le mouvement international des femmes communistes fondé en 1920 (en tant que branche de l’Internationale Communiste) a marqué une avancée historique en ce qui concerne l'interaction entre la libération des femmes et la révolution. Ces femmes se sont battues pour un certain nombre de mesures spécifiques qui ne concernaient que les femmes. Les femmes communistes ont reconnu que la radicalisation chez les femmes était présente dans toutes les couches sociales. Elles ont donc coopéré avec des courants féministes sur des questions telles que le suffrage universel et les droits reproductifs. Les femmes communistes se sont vite rendues compte que l’émancipation n’était pas une tâche facile. Les difficultés étaient liées non seulement au scepticisme de L’International  Communiste par rapport à l’autonomie du mouvement ou à la déradicalisation des politiques soviétiques envers la femme. Le déclin du mouvement était également dû à la résistance des hommes communistes à l’activisme féminin au sein des partis communistes. La présentation se basera sur les documents d’archives des années 1920 et abordera trois points en particulier: 1) le caractère transnational du mouvement et l’agentivité des femmes communistes; 2) l’agenda des femmes communistes et leurs relations avec les «féministes bourgeoises»; 3) la position des femmes révolutionnaires en matière de maternité, de protection de l’enfance et de droits de procréation.

Depuis plus de quinze ans se sont développés au Brésil des marchés spécialisés de produits agricoles de qualité, où un nombre  généralement réduit d’agriculteurs familiaux viennent eux-mêmes vendre directement leurs produits obtenus selon des techniques agroécologiques. La proximité géographique et les échanges symboliques ont pris de l’importance au cours des recherches récentes. Ce travail analyse les stratégies commerciales et organisationnelles développées par des petits agriculteurs familiaux au Nord-Est du Brésil, en s'attachant à décrire les relations sociales qui s'établissent entre les producteurs et les consommateurs. Le climat de confiance établi entre eux renforce les réseaux alimentaires alternatifs bâtis sur ces circuits courts. Les agriculteurs garantissent eux mêmes la qualité des produits, fondée essentiellement sur la déclaration du non usage des pesticides et engrais de la chimie industrielle et non sur une certification par des entreprises indépendantes. Dans l'apprentissage des agriculteurs aux techniques douces pour l'environnement, les ONG jouent un rôle décisif. Par le biais de la compréhension de la dynamique des feirinhas (petits marchés) agroécologiques, la connaissance des conditions de la  reproduction sociale de l’agriculture familiale, sur un territoire donné,  est améliorée. Ce travail devrait contribuer à l'orientation des politiques publiques pour le développement des communautés rurales de petits agriculteurs.



Les enfants apprennent de nombreuses façons, notamment par la surimitation. L'objectif de la présente recherche était d'examiner le développement et les mécanismes sous-jacents de la surimitation. Dans une première expérience, nous avons administré une tâche de surimitation, une tâche d'imitation provoquée, une tâche d'imitation d'intentions, et une tâche de préférence de groupe comme mesure d’affiliation sociale, à des enfants âgés de 16 à 21 mois. Les analyses ont révélé une association entre les tâches d'imitation provoquée et d’intentions, mais aucun lien entre la surimitation et la préférence de groupe. Nous avons donc réalisé une deuxième expérience dans laquelle nous avons administré une tâche de surimitation, une tâche de préférence de groupe et une tâche d’apprentissage sélectif à des enfants âgés de 50 à 58 mois. Les parents ont également rempli des questionnaires mesurant les valeurs parentales d'autoritarisme et la théorie de l'esprit. Les analyses ont indiqué un lien entre la surimitation et la préférence de groupe, suggérant que cette association entre la surimitation et l’affiliation sociale émerge plus tard dans l'enfance. La surimitation n'était cependant pas liée aux valeurs parentales, à l’apprentissage sélectif, ni à la théorie de l'esprit. Ces résultats peuvent contribuer à trouver des moyens d’améliorer les expériences d’apprentissage des enfants, puisqu’ils suggèrent qu'un des contextes d’apprentissage optimaux est celui où le modèle leur ressemble.

Grâce à une collaboration interdisciplinaire et indo-américano-canadienne, nous avons réalisé à Mumbai une recherche-intervention-évaluation sur la santé sexuelle des musulman(e)s mariés, incluant plusieurs niveaux d’intervention (communautaire, services de santé publique et tradipraticiens). Nous discutons ici notre travail auprès des a’imat (imams) et des alimat («femmes-imams») sur les questions de violence domestique, de communication maritale, de sexualité conjugale et extraconjugale, de subordination et de résistance. Après une méfiance initiale, la collaboration des a’imat et des alimat est devenue généreuse quand nous leur avons présenté notre compilation de ahadith et de versets coraniques qui insistent sur la non-violence, la communication et la sexualité maritales comme actes de foi et comme responsabilité sociale. Une série de formations et négociations avec ces personnalités religieuses nous ont autorisés à convenir collectivement des thèmes qu’elles ont ensuite professés dans les madariss et les mosquées, et dont une version a été distribuée dans la communauté, sous forme de tracts en hindi et en urdu. Nous avons amorcé une évaluation qualitative-quantitative de l’impact de cette intervention sur les a’imat, les alimat et les hommes et femmes de la communauté. Nous présentons des résultats préliminaires inédits pour discuter la portée et les limites de l’implication des responsables religieux dans l’intervention en santé sociale des Indiennes musulmanes

 

Le harcèlement par les pairs en vertu du genre ou de l’orientation sexuelle, incluant toute violence favorable à la régulation ou au renforcement des normes de genre et de l’hétérosexisme, demeure un problème prédominant, persistant et mal compris dans les écoles nord-américaines, le personnel scolaire tendant à se déresponsabiliser envers les populations qui en sont visées. Cette inertie systémique engendre de nombreuses répercussions scolaires et parascolaires, et ce, dans la vie des personnes concernées, mais aussi de la société. Pour les minorités sexuelles, l’école est parfois l’unique milieu favorable au développement d’une construction identitaire positive. En Ontario français, l’école est parfois l’unique milieu au sein duquel les élèves font quotidiennement l’expérience du français. Les enjeux de pouvoir en cause sont donc nombreux, notamment chez les filles, dont le corps et la sexualité font l’objet de violences multiples, mais aussi en Ontario français, où les francophones sont minoritaires et où l’on remarque une diminution des effectifs scolaires. En s’appuyant sur les concepts d’intersectionalité, de socialisation et de construction identitaire, cette communication théorique soulèvera les enjeux particuliers concernant
l’expérience scolaire des élèves lesbiennes, bisexuelles ou ainsi perçues en Ontario français.

Les jeunes participent rarement au développement des programmes en éducation à la sexualité. Conséquemment, les programmes composent avec un biais en faveur du point de vue des adultes sur la sexualité à enseigner. Cette étude voulait mieux comprendre quels sont les besoins des jeunes en terme d’éducation à la sexualité positive, inclusive et émancipatrice. Une méta-analyse qualitative a été réalisée. Sur les 854 textes recueillis, 27 ont été sélectionnés pour un total d’échantillon de 1 179 jeunes. Les propos des jeunes ont été analysés de façon inductive à partir d’une lecture quant aux axes d'oppression (âgisme, sexisme, racisme, hétérosexisme, colonialisme, capacitisme, cisexisme, classisme). Les résultats démontrent que des rapports de pouvoir en classe minent la qualité des apprentissages à réaliser. Au total, 22 pratiques de renforcement du pouvoir ont été recensées et regroupées à travers 5 mécanismes structurants d’oppression et de privilèges en éducation à la sexualité : la marginalisation des personnes ; la stigmatisation de communautés ; l’invisibilisation de sujets et thématiques que les jeunes réclament ; la reproduction des rôles sociosexuels traditionnels par le curriculum enseigné ; la généralisation d’un modèle normatif unique des corps, des capacités et des vécus. Ces résultats mettent en lumière la nécessité d’une pédagogie pro-active pour adresser les dynamiques de pouvoir en classe et favoriser des apprentissages égalitaires en éducation à la sexualité.