Au Japon, le vieillissement de la population ainsi que le manque de soignants exercent une pression grandissante sur le gouvernement ainsi que établissements pour personnes âgées, qui doivent ainsi prioriser les traitements physiques (cure), au soin (care) (Fortin 2015). De plus en plus, les robots compagnons sont donc envisagés pour permettre aux personnes âgées de continuer à interagir régulièrement, et limiter le manque de soin. Mais que devient donc la place du robot dans le soin ? J’ai mené une recherche ethnographique basée sur des entretiens et de l’observation participante dans deux établissements japonais qui utilisaient de tels robots, l’objectif étant de voir comment le robot est intégré, ou non, aux pratiques quotidiennes par les soignants et les personnes âgées.
Bien que technologie et soin soient souvent opposés, ils ne sont pas antithétiques (Mol 2008, Barnard and Sandelowski 2001), ce que soulignent les résultats de ma recherche. Les robots exhibent des caractéristiques nécessaires pour le soin, par exemple une écoute et une présence attentive (Kleinman 2012). Par ailleurs, les robots agissent comme un substitut (Dumouchel and Damiano 2016), qui, dans un contexte de compression du temps, peuvent permettre aux soignants de réaliser leurs tâches plus facilement. Cependant, l’utilisation de robots compagnons au Japon se situe dans un contexte de dévalorisation du soin (Dyer, McDowell, and Batnitzky 2008), où le rôle du soignant devient de plus en plus précaire.