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Bien que la sexualité soit au coeur du travail du sexe, la recherche s'est peu intéressée à cette dimension. Ainsi, c'est à partir de positions idéologiques que se confrontent différents discours concernant les conséquences morales, émotionnelles et sexuelles découlant de la vente de services sexuels, certains soutenant qu'il y a nécessairement aliénation, d'autres que non. Afin de mieux comprendre l'expérience que des femmes, offrant ou ayant offert des services d'escorte, ont de leur sexualité dans le cadre du travail du sexe tout comme dans celui de leur vie privée, nous avons réalisé un total de 51 heures d'entrevue avec 16 participantes et analysé les données à l'aide de la méthodologie de la théorisation ancrée. Alors que les questions de départ exploraient la présence ou l'absence de plaisir sexuel dans le cadre du travail du sexe, la notion de plaisir dans la performance de sexualité a émergé. Nous présenterons quatre profils dans cette communication, allant de celles qui ressentent à la fois du plaisir sexuel et du plaisir dans la performance même de sexualité, à celles qui, au contraire, y éprouvent malaise et déplaisir. Nous ferons ainsi ressortir que, dans un contexte où la personne a librement choisi d'offrir des services d'escorte, l'expérience d'aliénation n'est pas toujours présente. De plus, nous discuterons des représentations de la sexualité qui semblent favoriser une expérience de plaisir et de celles qui semblent conduire à une expérience d'aliénation.



Pour quelles raisons des travailleur·ses quittent leur profession afin de se réorienter vers des milieux de travail reconnus comme éprouvants aux niveaux physique, financier et autres? Cette recherche explore le sens donné au travail et à l'activité de création par des artisan·es ayant vécu un changement de carrière vers les métiers d'art au Québec.  

Des articulations entre terrain de recherche et recherche de sens furent permises par une modification de la méthode hypothético-déductive. L'approche biographique du récit de vie s'est réalisée par des entretiens avec des artisan·es membres professionnels du Conseil des métiers d'art du Québec (CMAQ).

En conclusion, la reconversion représente une réorientation non seulement professionnelle, mais aussi et surtout biographique. La transition vers les métiers d’art est présentée dans les témoignages comme une solution à deux éléments couplés : les difficultés éprouvées dans l'emploi antérieur, et une passion pour l'artisanat qui suscite des bienfaits personnels, sociaux et/ou environnementaux.  

Des défis sociaux qui dépassent l'expérience individuelle sont dévoilés par des préoccupations sur la réalisation de soi à l'époque actuelle et les mécanismes du monde du travail contemporain. Une (re)connaissance plus ample de ces métiers est fondamentale puisqu’elle révèle un univers de possibilités et d’alternatives à la façon dont sont perçues la consommation et la production puis l’exploitation des ressources et des humains.

Les sous-cultures japonaises Lolita, où les jeunes portent des vêtements inspirés par l’aristocratie française du 17e siècle, et Angura, regroupant les individus qui apprécient le S&M et les modifications corporelles ainsi que les styles fetish, steampunk et gothique, font partie de la culture de mode eccentrique de certains quartiers de Tokyo comme Harajuku et Shinjuku. Malgré les différentes références culturelles et les différentes valeurs de ces deux sous-cultures, les individus forment une même grande communauté partageant un espace social et géographique common. Ils participent à de nombreuses activités, allant de défilés de mode, des « thés à l’anglaise » à des soirées déguisées, et partagent une économie locale de bars et cafés. Or, durant un premier terrain auprès de cette communauté durant l’été 2013, il a été observé que cet espace joue ausi le rôle de refuge, ou un espace sécuritaire pour de nombreux membres ayant des problèmes de santé mentale ou se sentant repoussés de la société. Cette présentation va explorer les deux sous-cultures, leur communauté, les discours identitaires centrés sur l’ « anomalie » et la « perversion » ainsi que l’utilisation de leur espace sécuritaire comme étape transitoire de réadaptation sociale.

Les professionnels de première ligne jouent un rôle essentiel dans la prévention des difficultés liées à la parentalité et dans la détection du recours aux punitions corporelles (PC) envers les enfants. Or on en connait encore peu sur leurs attitudes face aux PC et leurs connaissances des balises légales qui encadrent leur recours au pays. Pourtant, plus ils se montrent en leur faveur, plus ils sont susceptibles de les recommander aux parents. Considérant les effets néfastes de ces pratiques sur l’enfant et les risques d’escalade vers l’abus physique, cette étude vise à décrire et à prédire les attitudes et connaissances des professionnels à l’endroit des PC selon leur formation (psychosocial, santé, éducation). Au total, 1754 professionnels œuvrant au moins 20% du temps avec des enfants ou des parents ont complété un sondage en ligne sur leurs attitudes et connaissances de la PC ainsi que leurs caractéristiques personnelles et professionnelles. Les résultats montrent qu’ils sont fortement contre cette méthode disciplinaire et nombreux à déclarer qu’elle peut entraîner des conséquences pour l’enfant. Certaines balises légales sont toutefois peu connues, surtout des professionnels en santé et en éducation. Les résultats montrent aussi que plusieurs facteurs personnels et professionnels permettent de prédire les attitudes en faveurs de la PC et qu’il existe quelques distinctions selon le secteur de formation. Ces résultats sont discutés en termes de besoins de formation.

Une réflexion entre universitaires et Hockey Québec a été engagée sur la possibilité d’implanter des interventions de promotion de la santé en utilisant les entraîneurs. L’objectif de cette présentation est de documenter les représentations sociales du métier d’entraîneur. Cela permet de comprendre leur façon de penser leur métier et d’identifier le potentiel d’intervention de cet acteur. Cette recherche utilise la théorie des représentations sociales et adopte la posture épistémologique du constructivisme radical. La méthodologie s’appuie sur une étude transversale exploratoire avec un questionnaire et des entrevues individuelles. Un échantillon de 330 personnes a répondu au questionnaire et 12 entraîneurs ont participé aux entrevues. Des analyses statistiques descriptives et inférentielles, des analyses prototypiques, catégorielles, thématiques ont été réalisées Une procédure de triangulation des résultats a permis une modélisation de la représentation. La représentation sociale du métier d’entraîneur possède trois conceptions. Ils sont des leader, des enseignants et des éducateurs. Pour chacune de ces conceptions apparait plusieurs dimensions (ontologique, téléologique, méthodologique, éthique et autres). Une nouvelle perspective d’étude des représentations sociales a émergé avec cette étude. Les savoirs produits ont permis la production d’un cadre d’action pour Hockey Québec et évaluer le potentiel de cet acteur en promotion de la santé.

Plusieurs auteurs font parallèles entre le sugar dating (sugaring), la prostitution et les relations traditionnelles, et ce, malgré la dissociation faite par cette population. Ces études ont privilégié l’analyse des sites et forums de rencontre. Toutefois, leur contenu n'est pas neutre et concerne seulement les sugar babbies (SB) et sugar daddies (SD) encore à la recherche d’arrangement. Cette étude innove en se penchant sur la compréhension de l’expérience du sugaring telle que vécue par les SB. Cette présentation portera toutefois uniquement sur l'aspect de leur victimisation. L’analyse du discours des SB s’est faite sous la loupe de l’autonomisation psychologique et le concept de l’altérité. Conservant leurs activités et leurs relations secrètes, plusieurs SB pourraient se tourner vers les forums pour discuter. Ainsi, cette étude a recours à une analyse documentaire qualitative des publications d’un subreddit populaire. Sugar Lifestyle Forum est une plateforme sur lequel les SD et les SB discutent de sugaring et partagent leurs expériences tant positives que négatives. Que ce soit au niveau monétaire, de leur intégrité ou de la revictimisation, les SB ont raconté leur expérience sur ce forum. Pour elles, les dangers auxquels elles font face sont non comparables et plus graves que ceux rencontrés par les SD. En fait, elles seraient davantage à risque de victimisation et les conséquences seraient plus graves. 

Plusieurs routes mènent au désistement criminel et le parcours emprunté dépend des expériences passées. Peu de travaux se sont penchés sur le lien entre la carrière criminelle et la période qui lui succède, sur la manière dont les événements qui ont caractérisé le mode de vie criminel influencent la décision de se désister, mais surtout de maintenir l’abstinence criminelle. Sur la base de récits de vie narratifs de délinquants impliqués dans une criminalité lucrative (N=15), cette étude vise à reconstruire avec chaque délinquant sa trajectoire de vie afin d’étudier le sens et la dynamique derrière le processus d’amorce et de maintien du désistement. Les résultats ont permis d’identifier deux parcours distincts. Ils montrent aussi que la considération des expériences subjectives et des événements passés affectant la carrière criminelle donne accès une compréhension approfondie du désistement et des défis de la réinsertion sociale. Les analyses mettent en évidence l’intérêt de la notion de réussite criminelle dans l’étude du processus de désistement. L’étude favorise la compréhension des points tournants dans les carrières criminelles, et les processus qui expliquent la continuité et le désistement des activités criminelles.

De la communication dérive, non seulement l’intercompréhension, mais également la contrainte. L’étude des pathologies sociales d’ordre communicationnel soulève la question de contrainte, dit la violence invisible affectant les relations communicationnelles des individus. Autrement dit, elle met en question les mécanismes de colonisation intérieure qui peuvent produire des sujets vulnérables. Notre trajectoire de recherche s’inscrit spécialement dans le rapport entre les  organismes de protections sociales et des enfants abandonnés; des groupes marginalisés ou probablement qualifiés de marginaux en Iran.

Cette communication se concentre sur des pathologies qui sont produites par la société et son système de fonctionnement. Par exemple, peut-on affirmer qu’il existerait des liens entre l’apparition des pathologies sociales d’ordre communicationnel et le système des protections et de droits de la société iranienne, comme les droits sociaux, les codes d’éthique des organismes de protections sociales, ainsi que leurs modes de fonctionnement et les valeurs ? Cette interrogation constitue le cœur de notre recherche.

À l’aide de la théorie de l’agir communicationnel de Habermas (1987), nous examinerons, des pathologies sociales d’ordre communicationnel à travers les rapports qui s’établissent dans les organismes des protections sociales, entre les fonctionnaires des institutions et les enfants à leur charge.

 

 

 

 

Depuis le mois de mars 2020, le monde se trouve paralysé à cause de la propagation de la pandémie du COVID-19. L’économie mondiale n’a jamais été confrontée à une crise sanitaire de cette envergure depuis une cinquantaine d’années. Le secteur touristique a été l’un des plus affectés par la pandémie qui a engendré la fermeture des frontières et des aéroports ainsi que des restrictions de voyage. La littérature actuelle sur l’impact de la pandémie sur le secteur du tourisme et les voyages est particulièrement concentrée sur l’identification des impacts sur le tourisme dans différents pays comme la Turquie (Özdemir et al., 2020). En tenant compte des changements apportés par la pandémie sur le comportement des individus (Sheth, 2020), l’objectif de cet article est d’explorer le processus décisionnel des voyageurs en situation de crise sanitaire et d’identifier les mécanismes psychologiques qui interviennent dans la prise de décision affectée par un haut niveau d’incertitude. 15 entretiens individuels semi-directifs ont été réalisés auprès de différentes catégories de voyageurs; résidents étrangers au Québec ayant l’habitude de retourner à leur pays en été, les voyageurs discrétionnaires et les snowbirds ayant l’habitude de fuir le froid et s’installer dans le Sud pendant l’hiver. Les résultats préliminaires montrent une grande variation dans les schémas comportementaux adoptés par les individus pour faire face à l’incertitude et les risques perçus.

Les relations amoureuses à l’âge adulte émergent présentent une certaine continuité avec les relations familiales et amicales vécues antérieurement (Seiffge-Krenke, Overbeek, & Vermulst, 2010). La présente étude examine cette continuité en appliquant le modèle triangulaire de l’amour de Sternberg (1986,1988,2006), qui inclut les dimensions d’intimité, de passion et d’engagement. L’échantillon se compose de 131 jeunes ayant complété des mesures portant sur la relation avec leurs parents et avec leur meilleur ami de même sexe à 17 ans, et avec leur partenaire amoureux à 19 ans. Les analyses de régression montrent que l’intimité vécue dans le couple à l’âge adulte émergent est prédite par la qualité de la relation avec la mère et avec le père à l’adolescence, alors que l’engagement amoureux est prédit par la qualité de la relation avec le père seulement. Les analyses révèlent que ces effets s’appliqueraient aux filles seulement.

De plus en plus de jeunes semblent vivre de la détresse émotionnelle. Cette détresse peut se traduire par des symptômes d’anxiété que ce soit de l’anxiété de performance, de l’anxiété généralisée et de l’anxiété sociale ou par des symptômes de dépression. Ainsi, le premier objectif de cette recherche est d’étudier les taux de prévalence de l’anxiété de performance, une problématique peu connue actuellement, et de ses difficultés émotionnelles associées (anxiété généralisée, anxiété sociale et dépression), et ce, durant la pandémie de la covid-19, tandis que le second objectif est d’analyser si ces taux varient selon le genre des jeunes et leur appartenance à une école privée ou publique. 438 jeunes de troisième et quatrième secondaire répartie dans cinq écoles privées ou publiques ont pris part à l’étude. Les résultats montrent que 15% des élèves vivent de l’anxiété de performance élevée, un taux plus élevé chez les jeunes de genre féminin et chez ceux allant dans une école publique. Des symptômes élevés de dépression, d’anxiété sociale et d’anxiété généralisée sont également présents chez 26%, 32% et 37% d’entre eux. Ainsi, la détresse émotionnelle semble être en augmentation chez les jeunes du secondaire, tel que le suggère la comparaison des données recueillies à celles issues de la littérature. La réduction de l’anxiété de performance en contexte scolaire constitue une avenue d’intervention pertinente, puisqu’il s’agit d’une problématique d’ampleur peu considérée.

Le botellón est une pratique espagnole qui consiste en des réunions nocturnes de milliers de jeunes gens qui se retrouvent pour consommer de l’alcool bon marché et pour échanger au sein de groupes d’amis. Ces rassemblements sont pacifiques mais engendrent des nuisances qui ont conduits certaines villes à les interdire. La consommation précoce d’alcool a aussi de quoi inquiéter pour la santé des participants réguliers. Pourtant, des études montrent que cette pratique n’engendre pas une alcoolo-dépendance significative. Avec ce phénomène, nous disposons du recul nécessaire pour collecter des données utiles en matière de prévention du risque alcool. Le botellón est un bon analyseur d’autres formes d’alcoolisation de la jeunesse (du type « binge drinking »), dans le même temps que son ancrage culturel le distingue de nouvelles pratiques comme les « apéros géants ».

La communication s’appuie sur une recension des recherches menées sur le botellón (par des sociologues, anthropologues et médecins espagnols) et commanditée au Pôle Risques (MRSH-CNRS Université de Caen) par l’Institut de Recherche sur les Boissons. L’analyse documentaire est doublée d’un travail de terrain (Madrid et Andalousie) au moyen d’entretiens. Ce travail, encore en cours de réalisation, propose pour la première fois une synthèse en langue française des études existant sur le sujet en Espagne. Ce sont nos premières réflexions et analyses tirées de cette recension que nous proposons de présenter.??

Les atrocités commises durant la Deuxième Guerre mondiale ont provoqué la crise d’un discours éthique qui jusque-là avait pu rassembler au nom d’une conception relativement partagée du bien commun. La montée de l’individualisme dans les sociétés contemporaines approfondit cette crise en rendant plus évanescente encore l’idée de bien commun. Le désaveu des grandes utopies socialistes et le relatif désengagement des États suivant les récessions des années 1970 ont considérablement affaibli le projet de bâtir une société qui assurerait le bien-être de tous. Malgré tout, la rhétorique du « bien commun » parvient à se maintenir dans l’espace public sous différentes acceptions. Aujourd’hui, le fait de l’invoquer n’est plus l’apanage du clergé ou des syndicats ouvriers et les acteurs en quête de légitimité se revendiquant de cette notion se sont multipliés. D’un point de vue sociologique, il est utile de réfléchir à ce phénomène peut-être paradoxal, alors que s’évanouit toute conception partagée du « bien». Une analyse comparative des ouvrages de Maritain (1947), de Petrella (1996) et de David (2004) permet de montrer l’étonnante persistance de la notion de bien commun même si sa définition évolue et se transforme à travers le temps.

Au Japon, le vieillissement de la population ainsi que le manque de soignants exercent une pression grandissante sur le gouvernement ainsi que établissements pour personnes âgées, qui doivent ainsi prioriser les traitements physiques (cure), au soin (care) (Fortin 2015). De plus en plus, les robots compagnons sont donc envisagés pour permettre aux personnes âgées de continuer à interagir régulièrement, et limiter le manque de soin. Mais que devient donc la place du robot dans le soin ? J’ai mené une recherche ethnographique basée sur des entretiens et de l’observation participante dans deux établissements japonais qui utilisaient de tels robots, l’objectif étant de voir comment le robot est intégré, ou non, aux pratiques quotidiennes par les soignants et les personnes âgées.

Bien que technologie et soin soient souvent opposés, ils ne sont pas antithétiques (Mol 2008, Barnard and Sandelowski 2001), ce que soulignent les résultats de ma recherche. Les robots exhibent des caractéristiques nécessaires pour le soin, par exemple une écoute et une présence attentive (Kleinman 2012). Par ailleurs, les robots agissent comme un substitut (Dumouchel and Damiano 2016), qui, dans un contexte de compression du temps, peuvent permettre aux soignants de réaliser leurs tâches plus facilement. Cependant, l’utilisation de robots compagnons au Japon se situe dans un contexte de dévalorisation du soin (Dyer, McDowell, and Batnitzky 2008), où le rôle du soignant devient de plus en plus précaire.

En protection de la jeunesse (PJ), la réunification familiale se définit comme le retour de l’enfant à la suite de son placement dans un milieu substitut. Une récente évaluation des impacts de la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) soulève qu’au Québec, parmi les enfants réunifiés avec leur famille d’origine, 61 % d’entre eux sont replacés en milieu substitut après avoir vécu une réunification, dont 42 % d’entre eux au cours des trois mois qui l’ont suivi. Par ailleurs, pour la grande majorité des enfants replacés, les services de PJ étaient toujours présents dans la vie de l’enfant et de la famille, ce qui aurait pu prévenir le replacement. Quelques études quantitatives ont tenté de mettre en lumière les facteurs facilitants et les obstacles à la réunification. Néanmoins, très peu se sont penchées sur l’expérience subjective des familles biologiques elles-mêmes directement concernées par le processus.

Cette étude, de nature qualitative, vise à documenter l’expérience subjective de 15 parents biologiques ayant vécu le processus de réunification familial au Québec, qu’il ait fonctionné ou non, à l’aide d’entrevues semi-structurées. Les résultats préliminaires mettent en lumière l’importance accordée par les familles à la qualité de la relation avec leur intervenant, aux services formels (ex. : PJ) et informels (ex. : soutien de la famille élargie) reçus et aux services post-réunification. Ultimement, cette étude permettra de contribuer au développement et à l’application de services mieux adaptés aux familles.

Une association nationale des Espaces de Rencontre enfants-parents a demandé à notre centre de recherche en travail social d’identifier et d’analyser les différents fonctionnements de ces Espaces en France. Ce dispositif, qui se distingue de la « médiation familiale », est mis en place pour les familles sur décision de Justice et existe depuis 30 ans, mais est diversement organisé. Il permet à des parents et à des enfants de garder un lien grâce à un lieu neutre et sécurisé. L’étude de terrain avait pour vocation de permettre aux professionnels de développer des réflexions sur leurs propres pratiques et, également, de collecter le ressenti et le vécu des parents concernés : parents dits « hébergeant » (ceux qui ont la garde exclusive de l’enfant) et parents « visiteurs » (ne bénéficiant pas de temps de garde). C’est ainsi que des chercheurs issus de disciplines diverses (sciences de l’éducation, sociologie, droit, travail social) se sont rendus dans 12 Espaces de Rencontre, et ont réalisé des entretiens avec tous les acteurs concernés. Un vaste travail d’analyse du matériau recueilli (118 entretiens) a permis de proposer une typologie des pratiques en Espace de Rencontre, de lister des problématiques rencontrées et de formuler des recommandations. La communication porte sur la démarche de recherche employée et sur ses résultats qui ont été remis au commanditaire début 2020. Elle est portée par l'un des chercheurs, rédacteur principal du rapport de recherche.

Une antipathie mutuelle se définit comme une aversion réciproque entre deux personnes (Abecassis et al.,2002). L’implication dans une dyade antipathique serait relativement courante à l’enfance et à l’adolescence. Le peu d’études effectuées en début de scolarisation suggère que ce type de dyade serait même observable dès cet âge (Cleary,2005). Toutefois, peu d’information est disponible sur l’évolution de ces relations et sur les caractéristiques des partenaires antipathiques. La présente étude vise à combler ces lacunes en (1) identifiant les dyades antipathiques auprès d’élèves de maternelle; (2) examinant leur stabilité au cours d’une année scolaire, et (3) en tenant compte du genre du partenaire antipathique (même sexe versus autre sexe). L’ensemble de ces questions est examiné en considérant le genre de l’élève.  

En octobre et en mai de l’année scolaire, 1579 enfants de maternelle (53% filles) ont pris part à des entrevues sociométriques. Les dyades antipathiques ont été identifiées avec l’énoncé «Avec qui aimes-tu le moins jouer?», selon la réciprocité des nominations (i.e. A nomme B, B nomme A). Les analyses préliminaires révèlent que 49% des enfants ont au moins une dyade antipathique en octobre(48% de filles, 52% de garçons) et 48% en mai(49% de filles, 51% de garçons). Ainsi, ce type de dyade serait également fréquent à cet âge, sans égard au genre. Des analyses supplémentaires permettront d’examiner la prévalence et la stabilité des dyades de même sexe et mixtes.

La marchandisation des produits du travail appliquée à l’intervention en itinérance entraine un glissement des pratiques qui répondent à des impératifs plus économiques qu’humains. Ce contexte de «productivisme social» (Rhéaume, 2006) nous amène à questionner les bases sur lesquelles est jugée «l’efficacité» d’une approche d’intervention, parfois aux dépens des valeurs affectives et de l’éthique. Cette question se pose avec acuité lorsque l’on considère le vécu des populations itinérantes et des intervenants qui œuvrent avec elles. Comment penser l’intervention en itinérance dans la dynamique contemporaine de «l’hypertravail» (Alderson, 2006) et de la performance, dès lors que son action se situe dans une relation d’aide? Une analyse approfondie des enjeux psychiques du rapport aidant-aidé lors du travail d’intervention est apparue primordiale afin de cerner l’organisation nécessaire à son élaboration. À partir des résultats de notre recherche portant sur la spécificité de l’approche de l’organisme communautaire La rue des Femmes, nous interrogerons ces enjeux tels qu’ils se déploient temporellement et spatialement dans la relation d’aide. Notre analyse phénoménologique (Van Manen, 2014) des données et notre perspective psychodynamique nous permettent de discuter des limites et potentialités d’une intervention axée sur le lien authentique et à long terme (versus utilitaire et éphémère) qui s’inscrit dans un lieu où chacun participe à un travail de construction de sens.

Le capacitisme, entendu comme
structure de rapports de pouvoir fondés sur la normalisation de certaines
formes corporelles et l’exclusion des autres formes et des personnes qui les
habitent, demeure encore largement absent des préoccupations féministes sur
l’imbrication des rapports de pouvoir. Les handicaps constituent pourtant la
marque d’une domination et d’une oppression qui se conjugue au genre,
produisant à fois la marginalisation et l’invisibilité politique et sociale des
femmes handicapées et des enjeux qui les touchent. Cette communication se
propose de contribuer à l’analyse de l’imbrication des rapports de genre et du
capacitisme dans le militantisme féministe en examinant les identités, actions
et enjeux portés par l’organisation Action des femmes handicapées de Montréal
(AFHM). S’identifiant au féminisme, cette organisation interpelle non seulement
l’État par ses luttes sur le terrain des droits et de la justice sociale mais
aussi le milieu associatif et les groupes de femmes à qui elle adresse des
demandes de reconnaissance et d’inclusion. Les propos des représentantes de l’organisation
font apparaître les résistances rencontrées ou perçues en même temps qu’ils
font ressortir l’importance des alliances et collaborations. L’agentivité des
femmes handicapées et les réalités diverses de celles-ci, interrogent le
féminisme comme mouvement qui se veut inclusif et constituent un apport certain
pour ré-imaginer les luttes féministes dans une perspective plurielle.



Un climat familial caractérisé par des conflits ainsi que les relations difficiles avec les pairs ont été associés à la dépression. Toutefois, les relations  avec les membres de la famille (i.e. mère, père, fratrie) et celles avec les pairs ont été étudiées de façon indépendante. Il est donc difficile d’en évaluer le rôle unique dans le développement de la dépression. En plus, compte tenu du fait que les facteurs génétiques expliquent entre 28% et 71% de la variabilité de la dépression, il est de mise d’en contrôler l’effet afin de bien cerner le rôle des expériences sociales. Pour ce faire, nous avons utilisé la méthode des différences entre jumeaux monozygotes qui permet d’évaluer l’effet d’expériences environnementales non-partagées par les jumeaux d’une même paire, tout en contrôlant pour les effets génétiques. L’échantillon est composé de 176 paires de jumeaux monozygotes qui ont évalués la qualité de la relation avec leur mère, père, meilleur ami et co-jumeau, ainsi que leur niveau de dépression en secondaire 1 et secondaire 2. Les analyses de régression montrent que, chez les filles, les jumeaux qui entretiennent une mauvaise relation avec leur père relativement à leur co-jumeau verront leurs sentiments dépressifs augmenter par rapport à leur co-jumeau de secondaire 1 à secondaire 2. Cependant, une mauvaise relation avec le père prédit une augmentation des symptômes de dépression pour les deux sexes lorsque la relation avec le meilleur ami est peu supportante.

Ces dernières années, l’utilisation des robots conversationnels (chatbots) a suscité un intérêt croissant dans le domaine de l’éducation (Okonkwo & Ade-Ibijola, 2021). Malgré leurs nombreux avantages, ces outils sont encore peu utilisés en criminologie. Cette étude s’intéresse à l’efficacité d’un robot conversationnel dans la formation à l’évaluation du risque de récidive des mineurs auteurs d’infractions. Plus précisément, cette étude examine: 1) l'acceptation et l'efficacité d'un robot conversationnel (chatbot); 2) l’effet de la perception de l’apprentissage sur l’apprentissage réel; 3) l’effet de la méthode d’enseignement sur l’apprentissage réel et 4) les avantages et les éléments facilitant l’apprentissage. Pour cela, 92 étudiants en criminologie ont été répartis aléatoirement en deux groupes selon deux méthodes d’enseignement : formation traditionnelle et formation axée sur la discussion. Les deux groupes ont reçu une formation sur un instrument d’évaluation du risque (YLS/CMI) par un robot conversationnel (chatbot), ils ont ensuite rempli un questionnaire en ligne sur leur expérience et puis ils ont effectué un examen d’évaluation du risque de récidive en utilisant le YLS/CMI. Les résultats de cette étude suggèrent que les robots conversationnels (chatbots) peuvent être bénéfiques pour la formation à l’évaluation du risque de récidive. Les résultats soulignent, entre autres, que les participants ont perçu l'outil comme une méthode d’apprentissage amusante et intéressante, et que ceux qui l'ont trouvé utile et satisfaisant ont obtenu de meilleurs résultats à l'examen.

La communication portera sur les résultats d’une étude qualitative qui a pour objectif de comprendre le vécu des mères biologiques dont l’enfant est placé de façon permanente ou adopté en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ). Les mères qui perdent ou confient la garde de leur enfant sont à risque de vivre des conséquences à long terme sur les plans physique, psychologique et social. Ainsi, le sentiment d’être maître de sa vie peut se transformer. La rencontre de 12 mères biologiques dans le cadre d’entrevues semi-structurées a permis d’explorer, à partir de leur perception, ce qui caractérise leur expérience, et comment se transforme leur pouvoir d’agir à la suite de cet évènement. Les résultats de la recherche montrent que trois grandes difficultés viennent entraver la reprise de pouvoir sur leur vie. Premièrement, les femmes rencontrées vivent un processus de deuil à la suite du placement ou de l’adoption de leur enfant et celui-ci est difficile à traverser pour plusieurs d’entre elles. Deuxièmement, les difficultés à atteindre les attentes normatives liées à la maternité et la stigmatisation sociale subie ou perçue engendrent une baisse d’estime de soi et, par conséquent, l’identité de mère et de femme s’en trouve ébranlée. Troisièmement, la stigmatisation sociale et la crainte que la confidentialité ne soit préservée limitent leur recherche ou l’acceptation de l’aide offerte. 

L’utilisation des cahiers dans les tontines,  caisses et associations villageoises d'épargne et de crédit est une pratique très courante en milieu rural à Ziguinchor et partout au Sénégal. Ce sont des outils de gestion et de suivi des activités et processus de tous genres qui facilitent/assurent la gestion administrative des organisations en question. Leur structuration, les informations qui y sont renseignées, leur gestion, les acteurs qui s'en chargent, leur importance sont autant de questions qui incitent à s'y intéresser.

Pour mieux cerner cette problématique, la méthodologie utilisée a été qualitative. Elle a combiné des entretiens semi-structurés et des observations directes lors des rencontres hebdomadaires organisées par les membres. Les premières enquêtes ont permis d'identifier deux types d'organisations: les organisations de type familial et les organisations libres. En outre, nous avons pu noter le rôle central des cahiers de renseignement. Ces derniers sont des outils de travail qui permettent aux membres d'assurer le suivi des différentes activités de l'organisation concernées. On y renseigne le profil des membres, les mouvements de fonds, les règles de fonctionnements ainsi que les différentes sanctions en cas de manquement d'un membre du groupe. Il facilitent ainsi la gestion d'un système constitué par ces organisations et permettent de renseigner (dans la moindre des mesures) sur les interactions et les jeux de pouvoir qui s'y jouent.

Les cohortes d’immigrants maghrébins arrivés au Québec dans les années 1980 et 1990 arrivent progressivement à l’âge de la retraite. Pour la plupart issus de la catégorie des travailleurs qualifiés, leurs motivations à quitter le Maghreb dépassaient toutefois les seules raisons économiques (Lenoir et al., 2007), l’objectif étant d’améliorer leurs conditions de vie et de celles de leurs enfants. Parrainant souvent leur conjoint-e dans un premier temps, et plus tard d’autres proches, leur famille et leur couple occupent une place primordiale dans leur vie. Cette présentation vise à mettre en évidence les influences conjugales et familiales dans les prises de décisions de cette cohorte d’immigrants maghrébins, et ce à l’approche de leur retraite. Pour ce faire, nous avons réalisé 24 entretiens en profondeur sous forme de récits de vie auprès de Maghrébins et Maghrébines âgés de plus de 50 ans et vivant à Montréal depuis plus de 15 ans. Deux groupes de discussion ont été réalisés comme compléments à la collecte de données. Il ressort que l’influence de la famille et du couple dans les prises de décision est constante durant le parcours migratoire, et qu’elle se poursuit à l’approche de leur retraite. Cette influence concerne à la fois le moment de la retraite, la question du retour dans le pays d’origine, l’institutionnalisation éventuelle, ainsi que les projets de retraite et le lieu de leur réalisation.

Les personnes admises en Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) présentent un profil de santé de plus en plus précaire. La durée de séjour moyenne, s’écoulant entre l’admission et le décès des résidents, ne cesse de se raccourcir. Alors que les orientations ministérielles insistent sur le fait que ces établissements sont des « milieux de vie » et que des efforts importants en ce sens sont attendus des équipes, qu’en est-il du rapport à la mort dans ces établissements qui sont aussi, finalement, des « milieux de fin de vie »?

Cette présentation s’appuie d’une part sur une revue de littérature et divers projets de recherche, et d’autre part sur nos expériences cliniques en CHSLD et des discussions dans le cadre d’une communication dans une communauté de pratique sur l’accompagnement du deuil. Elle propose une réflexion sur le cumul des deuils vécus par les différents acteurs (résidents, proches, intervenants), ainsi que sur les freins au développement de pratiques d’accompagnement du deuil dans ces milieux.