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D’importantes transformations dans les discours et pratiques dominants relatifs aux personnes handicapées peuvent être notés depuis les années 1960s (Fougeyrollas, 2010). Ces changements ont, chacun leur tour, construit socialement et variablement l’image et le destin de la personne handicapée. Cette présentation fera un survol des diverses pratiques et discours à propos des personnes handicapées entretenus dans la société depuis une quarantaine d’années. Elle démontrera comment la société tente d’être inclusive et à la fois, ne reconnaît pas la diversité chez les personnes hors normes. Enfin, l’auteure exposera quelques hypothèses sur les similarités et disparités qui existeraient entre les pratiques et discours communs et les réalités sociales vécues par les personnes handicapées. Celles-ci seront vérifiées lors d’une recherche ultérieure menée par l’auteure dans le cadre de son projet de thèse de doctorat.



La pandémie a bouleversé le quotidien de la population mondiale (Dubey et al., 2020). Au Québec, peu d’études ont déterminé l’effet du confinement et de la pandémie sur le comportement des jeunes.

L’objectif de cette étude est d’évaluer l’impact du confinement sur les habitudes de vie des jeunes de 14 à 25 ans.

Entre mars et juin 2020, pendant le confinement obligatoire au Québec, 3152 participants (63,8% étaient des femmes, 33,6 % des homme, 2,3% de la communauté LGBTQ+ et 0,3% ont refusé de répondre) ont participé à une étude en ligne. Les jeunes ont rempli le K6 et ont répondu à des énoncés spécifiques aux changements quotidiens en lien avec le confinement (consommation, relations amoureuses ou familiales, adaptation positive).

Les résultats montrent que pendant le confinement, 66,3% de l’échantillon présentait de la détresse psychologique. De plus, 56,4% rapportent avoir été inquiets de leur parcours scolaire, 57% ont eu des difficultés de sommeil, 29,5% ont consommé plus d’alcool, 13% plus de drogues et 58,1 % plus de malbouffe. Les données révèlent aussi que 40 % ont vécu plus de conflit au sein de la famille et 30,1 % au sein du couple. Toutefois, 65,2% rapportent avoir eu plus de temps de qualité avec leur famille, 38,4% avec leur partenaire amoureux, 62,4% ont découvert de nouveaux passe-temps et 54,9% ont fait davantage d’exercice physique.

Cette étude permet de faire l’état descriptif de l’impact du confinement sur le quotidien des jeunes de 14 à 19 ans au Québec.

Une participation élevée à des jeux de hasard et d’argent (JHA) à l’adolescence représente un facteur de risque eu égard au développement de problèmes de jeu. Dans l’optique de développer des modèles étiologiques complets et pertinents, il importe donc d’examiner les facteurs associés à une participation élevée à des JHA. La littérature fait mention d’un lien entre la participation à des JHA des amis et la participation à des JHA des adolescents. Toutefois, ce lien pourrait être modulé par le risque génétique individuel de participation à des JHA. Pour déterminer le risque génétique, nous avons fait appel à un devis composé de jumeaux élevés ensemble (N=497; 47,7% garçons) et nous nous sommes basés sur le niveau de JHA du co-jumeau ainsi que sur le type de dyade gémellaire, monozygote( 56,1%) ou dizygote(43,9%). Les régressions multiniveaux montrent que le risque génétique prédit une augmentation des JHA de 15 à 17 ans. Ils montrent aussi une interaction gène-environnement (B =-0.29, p=0.46) indiquant que les JHA des amis ont une contribution additionnelle, mais uniquement pour les jeunes à faible risque génétique. Ces résultats tiennent compte des variables de contrôle suivantes : les JHA des adolescents à 15 ans, leur impulsivité à 11 ans, leur poids à la naissance et l’adversité familiale. Ainsi, contrairement à leurs pairs à faible risque génétique, les adolescents à risque élevé n’ont pas besoin de leurs amis pour voir leurs comportements de jeu augmenter.

Le retour au travail de la grande majorité des mères d’enfants de moins de 6 ans implique une réduction du temps de présence parentale auprès d’eux et la généralisation du recours à des services de garde. L’impression d’exercer une autorité parentale peut en être affectée. L’investissement de ressources familiales dans l’épanouissement des enfants par le biais d’activités variées révèle par ailleurs l’influence d’une idéalité de l’enfance et d’un souci éducatif explicite chez ces parents. La présence au Québec de deux grands types de garderie s’ajoute à ces déterminations temporelles et culturelles de l’action éducative des parents pendant la petite enfance : les garderies « en installation » et les garderies en « milieu familial ». À partir d’entrevues menées à Rimouski auprès de 52 parents d’enfants âgés de moins de 6 ans, nous analysons leur rapport à ces types de garderies et la manière dont il est lié à leurs choix, à leurs expériences et à leur conception de l'autorité parentale. Les significations qu’ils attachent aux avantages et inconvénients de chaque type révèlent que le bien-être et le développement de l’enfant que les garderies doivent permettre devraient être indissociables, selon plusieurs, du respect de la liberté et de l’autorité parentales. Il en découle des relations parents-garderie distinctes des relations familles-école, fondées sur le maintien de l’autorité parentale et la recherche d'une identité dans le partage d'idéaux pédagogiques.

L’intérêt croissant porté à l’étude des réseaux sociaux – ensembles d'acteurs sociaux et les liens les unissant – a permis de mieux comprendre les effets de l’isolement social sur la santé et le bien-être. Or, généralement appréhendé comme un sous-produit de la modernité, ce manque d’interactions sociales est principalement associé aux aînés des pays occidentaux ainsi qu’aux problèmes de santé les plus prévalents chez cette population. Ce faisant, les comparaisons avec d’autres enjeux de santé, selon les groupes d’âges et contextes, sont limitées. Trois objectifs guident cette communication. D’abord, proposer une conceptualisation de l’isolement social inspirée de l’approche des réseaux sociaux. Ensuite, en suggérer une mesure objective qui met de l’avant les caractéristiques structurelles des réseaux, dont les positions de centralité.  Enfin, dresser le profil des caractéristiques socio-démographiques et sanitaires des isolés identifiés. Pour ce faire, les données de réseaux sociocentrés collectées en milieu rural sénégalais seront utilisées. Les résultats préliminaires présentés lors de cette communication permettront de contribuer au développement d’une compréhension plus large de ce concept fluide qu’est l’isolement, tout en suggérant une analyse novatrice des interactions sociales en Afrique sub-saharienne. Cela permettra de mieux comprendre les dynamiques relationnelles ainsi que leurs associations avec différents comportements de santé, dont ceux de santé maternelle.

Au début de la pandémie, une augmentation des problèmes de sommeil a été observée chez les enfants de 6 à 12 ans (Bacaro et al., 2021). Bien que le sommeil et l'attachement soient intimement associés chez les enfants, aucune étude ne s’est intéressée à cette association à la période scolaire, dans le contexte de la COVID-19. L’objectif de cette recherche longitudinale consistait à évaluer le lien entre l'attachement des enfants de 9 à 12 ans et la qualité de leur sommeil. Par appel téléphonique, 167 enfants (M=10,4 ans, ET=1,1) ont répondu à un questionnaire mesurant la sécurité d’attachement aux parents (IPPA, T1 : durant le premier confinement) et leur parent a rempli un questionnaire mesurant la qualité du sommeil de l’enfant (CBCL, T1, T2 et T3 : 2 et 4 mois après le confinement). Une ANCOVA à mesures répétées a été réalisée avec la sécurité d’attachement et la qualité du sommeil. Les résultats ont montré qu’en confinement, le sommeil des enfants d’attachement insécurisant était moins bon que ceux d’attachement sécurisant. De plus, la qualité du sommeil diminuait significativement entre les 3 temps de mesures chez les enfants d’attachement insécurisant, alors qu’il restait faible et stable chez les enfants ayant un attachement sécurisant. Ces résultats suggèrent l’attachement comme composante pertinente dans les programmes d’intervention visant l'amélioration du sommeil en période de grand stress.

Le hip-hop est une culture urbaine  qui est reconnue comme une tendance primitivement révolutionnaire et contestataire depuis sa naissance dans le Bronx à New-York. Il a fait son apparition en Haïti dans les années 1980 dans un contexte social, culturel et politique difficile et permet aux jeunes issus majoritairement des quartiers populaires de s’exprimer ouvertement tout en réinventant l’art de dire  en imposant une esthétique « hors la loi » (Béthune, 2003). Le hip-hop a donc  été lié à des causes populaires et est en outre un espace de construction identitaire collective, l’appartenance à une jeunesse défavorisée, laquelle identité prend forme à travers un ensemble d’éléments, dont les pseudonymes, le style vestimentaire et autres pratiques ( Martínez, 2008 : 17). Questions de recherche: En quoi consiste le discours du hip-hop des quartiers populaires en Haïti à travers le rap ? Quel est le rôle ce discours dans la construction identitaire des jeunes des quartiers populaires en Haïti? 

Bibliographie

BETHUNE, Christian (2003). Le Rap. Une esthétique hors loi, Paris, éd. Autrement.

DAUPHIN, Claude (2014). Histoire du style musical d’Haïti, Montréal, Ed. Mémoire d’encrier.

HONORIN, Emmanuelle (2011). L’isola magica Haiti. Milan, Ed. Ricordi.

MARTINEZ, Marc Isabelle (2008). Le rap français. Esthétique et poétique des textes (1990-1995), Bernéd. éd. Peter Lang.

MASINO, Nicolas (2016), « Musique et modernité » in Les Territoires de l’art, art et politique, , No.15, Hiver 2016:77-84.

La population montréalaise du XIXe siècle, qui augmente à un rythme soutenu, se double d’une croissance tout aussi exceptionnelle du nombre d’animaux qui les accompagne pour travailler ou les nourrir. La contiguïté des milieux de vie que partagent les citadins et leurs bêtes atteint un niveau sans précédent dans l’histoire de la ville. Dans cette communication, j’identifierai, d’une part, quelles sont les préoccupations administratives que soulève cette présence massive des animaux dans l’environnement urbain en décrivant l’appareil règlementaire qui a été édifié entre 1840 et 1874 pour les encadrer. D’autre part, il s’agira de comprendre pourquoi parmi toutes les bêtes que l’on retrouve à Montréal durant cette période, une interdiction pèsera seulement sur le cochon. Pour y arriver, je vais suivre un groupe d’hygiénistes dans leurs efforts pour convaincre les dirigeants municipaux que tous les animaux dans l’agglomération sont un risque pour la santé publique et que le cochon en particulier, étant donné son comportement et son régime, en crée deux supplémentaires. Ainsi, ce groupe le soupçonnera de faire augmenter les taux de mortalité dans la ville, un problème urgent auquel le conseil cherche des solutions. Le compte rendu de leurs arguments va montrer comment les éleveurs urbains de l’époque assurent leur autonomie alimentaire à l’aide de techniques agricoles que l’on appellerait aujourd’hui circulaires et alternatives.

La majorité des Québécoises et Québécois deviennent parents dans leur vie, et ce à un âge toujours plus avancé au Québec, comme en témoigne l’âge moyen à la maternité qui est passée de 27,8 à 31 ans entre 1991 et 2021 (StatsCan, 2022). Le passage vers la parentalité n’est plus marqué par le mariage en tant que passage obligé pour fonder une famille puisque c’est maintenant près de deux naissances sur trois qui surviennent hors mariage au Québec (ISQ, 2022). L’objectif de la présentation est d’illustrer la complexité des parcours qui mènent à avoir un enfant et entrer dans la parentalité en s’appuyant sur des résultats de recherche finaux basés sur des analyses faites à partir d’un corpus de 24 entretiens réalisés auprès de parents entrés dans la parentalité entre 1986 et 2015. La communication vise à souligner que l’entrée dans la parentalité est inscrite dans des récits de cheminements qui rendent adultes et que la valeur attachée au « bon moment » pour avoir ses enfants tient surtout à la qualité du lieu de relations dans lequel se trouvent les acteurs de l’engendrement. Aussi précoce et déterminé que puisse être l’engagement dans le projet d’enfant, sa réalisation y apparaît généralement dépendre d’une mise en couple qui y convient et d’une entente conjugale plus ou moins explicite sur la manière de réaliser le projet commun, ordonnant différentes aspirations dont la réalisation acquiert le sens de franchissement d’étapes préalables avant celle d’avoir un enfant.

Que ce soit par les athlètes, entraineurs ou chercheurs, la confiance a souvent été mentionnée comme un facteur important dans les performances athlétiques. Toutefois, le rôle exact qu’elle joue demeure encore nébuleux. Il l’est encore plus dans les performances athlétiques de haut niveau. En utilisant une approche qualitative, la présente étude tente d’améliorer les connaissances scientifiques sur le rôle que peut jouer la confiance dans les performances athlétiques de haut niveau. Douze athlètes de niveau internationales et/ou professionnels provenant du Canada et de la Norvège furent longuement interviewés à propos de leur perception de la confiance ainsi que du rôle qu’elle a joué dans leurs pires et meilleures performances. L’analyse inductive de ces entrevues procure des informations considérables quant à l’influence de la confiance dans les performances athlétiques de haut niveau. Plus particulièrement, les résultats de l’étude procurent une meilleure connaissance de l’évolution de la confiance lors des performances, des facteurs qui viennent l’influencer ainsi que de l’impact qu’elle a sur les composantes émotives, cognitives et attentionnelles des athlètes. Les conclusions de l’étude viennent non seulement améliorer les connaissances scientifiques dans le domaine de la confiance dans le sport, mais détiennent également le potentiel d’aider les athlètes et les préparateurs mentaux dans la poursuite de leurs objectifs.

Problématique: Un traumatisme crânien (TC) entraîne fréquemment des comportements socialement inappropriés qui ont un impact négatif sur la réinsertion sociale. Des instruments diagnostiques décrivant la nature des troubles du comportement sont disponibles, mais il n’y a aucun outil pronostique évaluant la capacité à prendre des décisions en contexte social. Objectifs: Développer une tâche écologique visant à prédire la survenue de comportements socialement inappropriés et à mesurer la capacité de l’individu à prendre des décisions dans des situations sociales. Il était attendu que les sujets TC choisiraient davantage de comportements inappropriés quand les conséquences de l’action sont ambiguës et qu’on doit prendre en compte les besoins d’autrui. Méthodologie: 10 TC et 15 contrôles ont été soumis à 12 scénarios présentant des interactions sociales, répartis selon la présence ou non de conflictualité et/ou d'ambiguïté, présentés avec un choix de comportement approprié ou non. Le sujet devait indiquer la probabilité d’effectuer le comportement proposé. Résultats: Les TC ne choisissent pas plus de comportements inappropriés, mais présentent une rigidité mentale dans leur prise de décision diminuant leur capacité à s’adapter à différents contextes sociaux, i.e. conflictuel et ambigu. Retombées: Le développement de la tâche de prise de décision sociale visant à prédire les troubles du comportement en situation sociale se poursuivra prochainement par une étude de validation. 

La présence de problèmes de santé mentale chez les agriculteurs.trices est de plus en plus connue de la population générale. Pourtant la dernière Enquête sur la santé psychologique des producteurs agricoles du Québec, réalisée par Lafleur et Allard, remonte à 2006. Afin de documenter l’état de la situation 15 ans plus tard, une étude est en cours pour identifier les facteurs liés à la santé mentale des agriculteurs.trices québécois.es (p. ex., satisfaction familiale, résilience). Les sources et le niveau de stress en faisant partie, cette présentation décrira les résultats préliminaires de 250 participants.es. (160 femmes, 90 hommes; M = 42,27 ans, ÉT = 12,5). Sur les 20 sources de stress pour lesquels les participants.es devaient évaluer leur niveau, on retrouve en tête de liste l’augmentation des dépenses, la charge de travail, l’imprévisibilité de la météo, la bureaucratie et la conciliation travail/ vie familiale ou vie personnelle. Des différences selon l’âge, le genre, le statut au sein de l’entreprise (p. ex., cédant, relève) ou encore le fait d’être propriétaire ou conjoint.e sont également relevées. Les résultats seront discutés en comparaison à ceux obtenus par Lafleur et Allard (2006), puis en lien avec des données canadiennes (Jones-Bitton et al., 2020) et internationales (Droz et al., 2014; Lunner Kolstrup et al., 2013; Sprung, 2021). Seront également présentées des stratégies d’intervention communautaires et publiques adaptées à cette population.

Mon étude vise à comprendre l’expérience religieuse de jeunes croyants de 18 à 25 ans qui adhèrent à différentes traditions religieuses en contexte fortement sécularisé. Elle est orientée sur les croyances religieuses et spirituelles et sur l’impact que ces jeunes attribuent à leurs croyances dans différents registres d’expérience de leur vie, notamment celui de l’identité. À partir de données issues d’une série de douze entretiens semi-directifs et analysées dans une perspective compréhensive à l’aide d’une analyse de contenu par catégorisation, il ressort  que les croyances religieuses et spirituelles sont estimées structurantes des manières de penser, d’agir et d’être de ces jeunes. 1) Elles sont associées à une vision du monde qui donne sens à l’expérience vécue et à partir de laquelle se déploient la projection de soi dans l’avenir et l’orientation des choix de vie. 2) Elles participent à la définition d’une bonne attitude morale et à la motivation à adopter des comportements jugés cohérents avec cette dernière. 3) Elles se voient accorder un impact positif sur la perception et la définition de soi et contribuent à l’impression d’être plus assuré de sa manière d’être. L’étude montre que pour les jeunes qui investissent significativement une démarche religieuse l’identité religieuse n’est pas que nominale, les croyances étant porteuses d’un véritable éthos.



Cette communication s'intéressera au cas de la conversation quotidienne comme instance privilégiée des mouvements normatifs. Différentes institutions participent à la vie normative (la famille, l'école, les médias, etc.) et divers autres phénomènes sont exemplaires de ce mouvement (les modes, l'opinion publique, l'influence médiatique, etc.). Après avoir cadré notre problématique au sein de certaines filiations théoriques classiques (la norme-contrainte depuis Durkheim, l'opposition normal/pathologique chez Canguilhem et Foucault, le structuro-fonctionnalisme et l'interactionnisme symbolique), nous proposons de nous intéresser plus précisément à l'interface entre norme et conversation grâce aux études de la réception en sociologie des médias. Nous proposons ainsi une analyse qualitative exploratoire de compte-rendus de conversations quotidiennes (recueillis à l'automne 2011) en ce que ce sont des compte-rendus de « réception normative », de réception de la norme. Alors que les analyses de conversation se penchent souvent sur le « comment converse-t-on? », nous proposons de nous pencher sur le « de quoi parle-t-on? » et comment le fait-on jouer comme contenu « vrai ». Nous espérons ainsi pointer quelques thématiques prégnantes de la normativité actuelle ainsi que soulever quelques manières concrètes dont les individus s'approprient, manipulent, utilisent, font usage des matériaux normatifs aujourd'hui.

De 2 à 8 millions d’enfants vivent en orphelinat dans le monde (Dozier et al., 2012). En plus des difficultés sur les sphères cognitives, physiques et hormonales, une proportion élevée des enfants présente un attachement insécurisant-désorganisé (van IJzendoorn et al., 2011). Les enfants ayant développé ce type d’attachement sont les plus à risque de présenter des difficultés d’adaptation sociale et des psychopathologies (Lyons-Ruth & al., 2008). Bien que plusieurs études aient examiné les conditions dans lesquelles vivent les enfants institutionnalisés, le portrait des facteurs de risque menant à l’attachement désorganisé n’est pas clair. Ainsi, par une recension narrative, nous avons identifié ces facteurs institutionnels. Notre recension inclut tous les projets mesurant l’attachement désorganisé auprès d’enfants en orphelinat âgés entre 1 et 5 ans. Huit projets de recherche ont été retenus. Les résultats de notre recension soulignent l’importance 1) de la qualité des soins relationnels offerts par les donneurs de soins (ex. insensibilité); et 2) des caractéristiques institutionnelles (ex. instabilité) dans l’explication de l’attachement désorganisé chez ces enfants. Notre modèle illustre les différentes trajectoires menant à l’attachement désorganisé en institution (Figure 1) et propose non seulement des pistes de travail pour les recherches futures, mais aussi, cible les éléments essentiels à considérer dans le développement d’intervention auprès de cette clientèle.

Notre étude vise à vérifier le lien entre la participation à un traitement spécialisé et les taux de récidive chez des adolescents
auteurs d’agression sexuelle (AAAS). L’échantillon est composé de 351 adolescents (étendue=11-18 ans; x=15,8 ans; ÉT=1,8) évalués au Centre de psychiatrie légale de Montréal entre 1992 et 2002 pour avoir commis au moins un abus sexuel avec contact à l’endroit d’un enfant, d’un pair ou d’un adulte. Des données rétrospectives sur la participation au traitement ont
été recueillies à partir des dossiers archivés de cette clinique. Les données sur la récidive à l’adolescence et à l’âge adulte ont été recueillies jusqu’en 2005 à partir des sources officielles d’information sur la criminalité au Canada. Des analyses comparatives et des analyses de régression logistique seront effectuées afin de vérifier s’il existe des liens significatifs entre la participation au traitement et les taux de récidive. Les résultats de notre étude permettront de vérifier si la complétion d’un traitement spécialisé chez les AAAS diminue les taux de récidive sexuelle et si ce type de traitement a aussi impact sur les taux de récidive violente et générale. Puisque les programmes de traitement offert aux AAAS visent notamment à réduire les taux de récidive, il s’avère important de vérifier dans quelle mesure cet objectif est atteint par les modalités thérapeutiques actuelles et quelle est la pertinence d’offrir un traitement spécialisé à cette clientèle.

La présente étude examine le lien entre les souvenirs significatifs de couple et l’engagement des deux partenaires. Un total de 69 couples hétérosexuels ont complété un questionnaire sur la perception de satisfaction de leurs besoins psychologiques fondamentaux dans leur couple et sur leur engagement. Chaque participant a également décrit un souvenir positif et significatif vécu dans le cadre de sa relation de couple actuelle et a indiqué la satisfaction de ses besoins vécue durant l’évènement du souvenir. Les résultats montrent que la satisfaction des besoins dans le souvenir de la femme et la satisfaction des besoins dans le souvenir de l’homme prédisent la perception de satisfaction des besoins dans le couple de la femme. Par contre, seule la satisfaction des besoins dans le souvenir de l’homme prédit la perception de satisfaction des besoins dans le couple de l’homme. Par ailleurs, la satisfaction des besoins dans le souvenir de la femme, la satisfaction des besoins dans le souvenir de l’homme et la perception de satisfaction des besoins dans le couple de la femme prédisent l’engagement de la femme. Seule la perception de satisfaction des besoins dans le couple de l’homme prédit l’engagement de l’homme. En somme, l’engagement de la femme et sa satisfaction des besoins dans le couple seraient directement influencés par la façon dont l’homme se souvient des évènements liés à son couple.

Cet article s’intéresse aux étapes de la transition à la parentalité dans un contexte de naissance prématurée en ciblant les répercussions perçues et les stratégies d'adaptation des nouveaux parents. Six couples hétérosexuels (n = 12) résidant au Québec ayant eu un premier enfant prématuré ont participé à des entrevues dyadiques semi-directives. Une analyse qualitative exploratoire s'inspirant de la théorisation ancrée a permis d’étudier ce passage précoce à la parentalité. La fin imprévue de la grossesse est vécue comme un déchirement, faisant osciller le parent entre la joie et la déception. L’hospitalisation du bébé peut mettre à l'épreuve la solidité du couple, étant donné le stress vécu durant cette période. Bien que le retour à la maison soit un moment de joie, il s’accompagne aussi d’insécurités et de surprotection du bébé. Cet article met en lumière le rôle important du personnel soignant dans l’accompagnement des parents de bébé prématuré et propose des pistes d'interventions pour les intervenant·es sociaux en périnatalité.

Depuis le début des années 2000, le Nouveau-Brunswick manifeste sa volonté d’avoir « sa part » d’immigrants entrepreneurs. Le recrutement se fait prioritairement en Chine, en Europe de l’Ouest et en Corée du Sud. Pour le gouvernement provincial, avoir des immigrants entrepreneurs soigneusement sélectionnés grâce à leurs avoirs financiers et leurs projets d’entreprise permettrait de lutter contre le « mauvais sort » économique de la province. Toutefois, les immigrants entrepreneurs  opérant dans un contexte caractérisé par la vulnérabilité entrepreneuriale sont tout aussi stratèges et leurs pratiques dépendent de leur propre « feuille de route migratoire ».

Les stratégies des immigrants entrepreneurs au Nouveau-Brunswick entrainent des pratiques de « satellisation » et de « plurilocalisation » des familles qui n’arrivent à assurer leur cohésion que grâce à l’usage intensif des nouvelles technologies de l’information et de communication. Dans ce schéma de mobilité, le Nouveau-Brunswick devient un nœud territorial instrumentalisé et transitoire en vue d’assurer aux familles d’immigrants entrepreneurs la sécurité et la reproduction de leur statut de classe moyenne.  

Cette communication, produit de recherches qualitatives basées sur des entretiens semi-directifs et des observations, vise à restituer les stratégies, les intentions des immigrants entrepreneurs et à décrypter la rationalité de leurs pratiques de mobilité et de choix d’installation.

 



L’exploitation sexuelle des enfants (ESE) ou la prostitution des enfants est une industrie mondiale dans laquelle des mineurs sont les biens échangés sur un marché (Département américain de la justice, 2010) pour des activités sexuelles. L'ESE est de plus en plus reconnue comme un problème social et représente une violation des droits humains, et des efforts sont déployés pour lutter contre ce fléau. Ces dernières années, ce marché prospère en Afrique subsaharienne avec une offre et une demande fiables de services sexuels. La présente étude propose une analyse empirique afin d’examiner les déterminants pertinents de la prise de décision des enfants par rapport à l’ESE en présence d’un choc au Togo et au Burkina Faso. A l’aide de données secondaires de ces deux pays, cette recherche permettra i) d’analyser les principaux déterminants dans les dimensions économiques, culturelles et sociales de l’ESE ; ii) de proposer des politiques publiques appropriées pour amortir les effets fléau.  

La victimisation est un terme omniprésent lorsqu’il est question de prostitution. Pour conserver une image positive d’elles, les prostituées disent compartimenter leur vie professionnelle et personnelle. Or, la victimisation observée dans leur travail se reproduit souvent dans leur couple. Des études ont évalué séparément la violence subie au travail et dans le couple des prostituées, mais aucune n’a évalué le lien entre la violence dans ces deux contextes. Cette étude évalue le lien entre la violence subie au travail et celle subie dans le couple chez 68 femmes offrant des services sexuels (escortes, danseuses et masseuses érotiques; M=30 ans, ET=9). Elles ont été recrutées par les mêmes méthodes que celles utilisées par les clients. En entrevue, les participantes ont répondu à une question ouverte sur la violence au travail et ont identifié, via une liste d’items (ex. être menacé, coupé), les types de violence subie. Elles ont répondu à des questions (oui/non) sur la violence physique, verbale et psychologique perpétrée par un conjoint actuel ou passé. Les résultats démontrent que 59% des participantes ont déjà subi de la violence au travail et 85% ont subi de la violence conjugale. Celles ayant subi de la violence au travail n’ont pas subi significativement plus de violence conjugale (90%) que celles n’ayant pas subi de violence au travail (77%). Les retombées pratiques et théoriques des résultats seront discutées.

Un nombre important de détenus est libéré en liberation conditionnelle et quittent la prison avant la fin de leur sentence tout en étant soumis à de strictes conditions. Si un idéal de réhabilitation souhaitant voir le délinquant réformé et réintégré à la société a longtemps prévalu, il tend de nos jours à être remplacé par un idéal de protection de la société par l’intermédiaire de la gestion des risques que représente un individu. De plus, vivre en libération conditionnelle comporte un certain nombre d’enjeux et de défis. Grâce à des entrevues semi-dirigées, ce projet a donc pour objectif de comprendre l’expérience des libérés en libération conditionnelle au Québec de façon à contribuer à l’amélioration de la conception et de l’efficacité de cette mesure. L’analyse a ainsi fait ressortir que malgré des aspects pesants et stressants, les anciens détenus indiquent que « ca va bien », car ils ne sont plus en détention, et qu’ils se sentent aidés. De plus, ils s’adaptent et s’intègrent à leur nouvel environnement et beaucoup ont à cœur de s’impliquer dans leur réinsertion. Enfin, ils effectuent un travail sur eux même et sur leurs problèmes.  

Les populations autochtones sont confrontées à de nombreux obstacles pouvant limiter la persévérance scolaire et expliquer les faibles taux de diplomation observés en comparaison avec les allochtones. Les transitions scolaires sont dépeintes comme déterminantes pour la persévérance. Cependant, très peu d’études comparent les facteurs qui influencent les transitions avec ceux de la persévérance et le rôle des familles, des communautés et du milieu urbain est généralement occulté. Ainsi, l’objectif de cette communication est de présenter les résultats d’un projet de mémoire décrivant le rôle de la famille, de la communauté et du milieu urbain dans la scolarisation d’étudiantes autochtones fréquentant un établissement collégial du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ce mémoire s’insère dans un projet de recherche collaborative réalisé auprès d'étudiants autochtones au postsecondaire. Une analyse secondaire réalisée à partir du témoignage longitudinal de six étudiantes a permis d’identifier que la majorité des facteurs de risque et de protection touche la transition dans toutes ses étapes, ainsi que la persévérance. De plus, ils témoignent de l’importance des familles et des communautés sur l’intention d’entreprendre une transition et quant à la persévérance. Ces résultats sont particulièrement importants afin de bonifier l’accompagnement des étudiants autochtones et les taux de diplomation postsecondaires qui s’avèrent essentiels pour améliorer les conditions de vies des communautés autochtones. 

Au Canada, 52,2% des enfants placés sont autochtones, alors qu'ils ne comptent que pour 7,7% de l'ensemble de la population. Les mères sont généralement tenues responsables et plus souvent signalées pour négligence en protection de la jeunesse (PJ). Hormis le colonialisme, la pauvreté, les dépendances, et la violence institutionnalisée qui expliquent partiellement ces constats, des incompréhensions demeurent. Cette communication propose d'éclairer l’expérience parentale des mères innues pour comprendre si leurs savoirs et repères culturels sont reconnus et valorisés au contact de la PJ. En s’appuyant sur l’histoire, les cosmologies innues et une logique d’autodétermination, le constructivisme social et l’action historique ont servi d’écran d’analyse. 15 entrevues de type récit biographique ont été réalisées auprès de 9 mères innues, issues d’une même communauté, et dont (au moins) un enfant a fait l’objet de mesures de protection. Les résultats préliminaires de l'étude établissent le souhait des répondantes que leurs réalités culturelles et besoins familiaux singuliers soient davantage pris en compte pour garantir la sécurisation culturelle et la réduction de prise en charge de leurs enfants en PJ. Les retombées de cette étude permettront d’outiller les intervenants et milieux de pratiques, et à l’instar des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, d’émettre des recommandations pour la réforme législative de services en enfance famille autochtone.

Les tribunaux de santé mentale (TSM) visent des personnes ayant commis des délits mineurs dont la cause peut être attribuée à leurs problèmes de santé mentale, comme circonstance atténuante. Les juges et avocats y jouent un double rôle. D’une part, ils doivent s’assurer du bien-être des personnes accusées, les traiter avec bienveillance et assurer leur cheminement thérapeutique. D’autre part, ils doivent assurer la sécurité publique en prenant des décisions concernant les risques de dangerosité des personnes accusées. Comment peuvent-ils assurer ce double rôle? Comment un tribunal peut-il être à la fois coercitif et bienveillant? Cette étude a eu pour objectif de rendre visibles les relations de pouvoir et de coercition au sein du TSM de la Cour municipale de Montréal, avec une approche d’observation directe non participante d’audiences pendant 85 heures, de décembre 2021 à septembre 2022. L’analyse des données nous a amenées à soutenir que bien que l’accompagnement au sein des TSM se veut bienveillant et clément, il reproduit des relations de pouvoir, notamment en jouant sur une zone d’ombre juridique pour pousser les participants à accepter des traitements qu’ils auraient refusés autrement. Cette étude est importante dans un contexte où de plus en plus de TSM sont instaurés au Québec et ailleurs dans le monde, malgré le manque de littérature scientifique.