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Depuis la pandémie de la Covid-19, les symptômes intériorisés tels que l’anxiété et la dépression chez les enfants d’âge préscolaire suscitent une préoccupation croissante. Cependant, les recherches sur ces symptômes et leurs facteurs déclencheurs à cet âge demeurent limitées, ce qui complique la mise en place d’interventions précoces pour prévenir leur aggravation et leur chronicisation. L’inhibition comportementale, soit la tendance à éviter la nouveauté, est un facteur de risque majeur pour ces symptômes, mais sa nature innée limite les interventions possibles. En revanche, le système de caregiving (SC), qui oriente les réponses parentales, constitue un levier modifiable prometteur. Cette étude longitudinale, encore en phase préliminaire, explore le rôle médiateur du SC dans la relation entre l’inhibition comportementale et les symptômes intériorisés, à travers des questionnaires remplis par des parents d’un enfant de trois à six ans sur une période d’un an (nprésent = 41, nprévu = 120). Des analyses de corrélations révèlent qu’une exacerbation du SC est liée à l’augmentation des symptômes dépressifs de l’enfant, alors que des analyses de médiations indiquent que l’inhibition comportementale prédit l’apparition de symptômes dépressifs et anxieux, sans effet médiateur du SC. Ces résultats préliminaires suggèrent des pistes d’interventions ciblant les réponses parentales, afin de prévenir et de limiter l’aggravation de ces symptômes chez les enfants vulnérables postpandémie.

La consommation de cannabis est un phénomène très répandu chez les jeunes adultes. En effet, un peu plus d’un jeune âgé de 15 à 24 ans sur trois affirme avoir consommé du cannabis au courant de sa vie (Statistique Canada, 2011). L’objectif de cette recherche est d’apporter une contribution aux résultats mitigés de la littérature concernant les relations entre la consommation de cannabis chez les jeunes et la qualité de la communication avec leurs parents. L’échantillon est composé de 260 participants âgés de 17 à 30 ans. Pour évaluer la qualité de la communication, la traduction faite par Gosselin du questionnaire « Communication Parent – Jeune Adulte » de Barnes et Olsen a été utilisée. De plus, le questionnaire « Habitudes de consommation » de Bergeron et Paquette (2008) a servi à évaluer la consommation de cannabis. Les résultats n’indiquent pas de corrélation significative entre les deux variables, quel que soit le sexe des participants. Ces données semblent ainsi appuyer les résultats d’une étude de Nonnemaker (2012) démontrant l’absence de relation significative entre la communication parent-enfant et la consommation de cannabis ; ceci, à l’inverse de résultats d’autres chercheurs (par ex. Brière et al., 2011 ; Stephenson et al., 2005) à l’effet que les parents qui prônent une communication parent-enfant ouverte et des discussions à propos des drogues diminuent les risques de consommation de drogues chez leurs enfants. Il faut donc poursuivre les recherches à ce sujet.

Situé au croisement du politique et du social, le milieu communautaire a subi de profondes transformations au cours des dernières années. Austérité et néolibéralisme ont amené au foisonnement d’une logique comptable – où tout doit être statistiquement appuyé – reléguant le travail qualitatif au second plan. Ces transformations s’arriment aussi avec le développement des pratiques d’accompagnement. Avec elles, un nouveau paradigme de l’intervention sociale se dessine, soutenu par des injonctions balisant la posture professionnelle des intervenant·e·s.

Cette présentation sera l’occasion de discuter des résultats d’une enquête réalisée auprès de trois organismes communautaires ayant adopté ces pratiques. À partir de l’expérience du sentiment d’impuissance, je rends compte des moyens utilisés par les intervenant·e·s afin d’y faire face et de répondre aux nouvelles exigences de l’accompagnement. Inspirée des travaux de Hochschild (1983) et de Fernandez (2014) sur le travail émotionnel et le travail moral, je relève les mécanismes de gestion émotionnelle et de gestion morale que l’intervenant·e effectue sur lui-même, sur les usager·e·s et auprès de ses collègues afin de maintenir une posture professionnelle dans un emploi émotionnellement exigeant. Ces mécanismes n’opèrent pas de la même façon selon qu’il agit sur une émotion ou sur une valeur, laissant entrevoir que des économies émotionnelles et morales, œuvrant en parallèle, peuvent être dégagées de l’accompagnement.

Problématique :

Les individus sont de plus en plus isolés sur le plan politique et, pourtant, sont aussi de plus en plus dépendants des nouvelles technologies concernant l’information qui est mise à leur disposition et le traitement de celle-ci. En partant de ce constat, j’amène l’idée de particularisation, à savoir un double mouvement d’isolation et de dépendance. Ce concept permet de rendre compte de la réalité du capitalisme numérique, là où des termes tels que paupérisation, prolétariat et néoprolétariat ou encore aliénation manquent souvent le côté changeant et propre au numérique. Aussi, je propose une réflexion théorique qui pourrait servir de base à de futures recherches empiriques.

Contribution :

Pour appuyer ce concept, je me base sur une étude sur un temps long de l’évolution de la société capitaliste en la classifiant en trois périodes à savoir : l’ère des foules, des masses et des nuées, chacune avec des particularisations différentes (Han, 2015). En effet, Han constate les changements du numérique et, sans le dire aussi explicitement, distingue une société basée sur la foule, d’une société basée sur la masse, puis d'une société basée sur la « nuée » (Han, 2015 : 24). Dans la nuée, les individus ne sont pas seulement isolés, ou atomisés, mais aussi rendus dépendants. C’est en ce double sens inspiré de Stiegler (2015a : 78), Dewey (dans Stiegler, 2019 : 121) et Hegel (2020 : 155 & 158) que j’utilise l’idée de particularisation : à la fois isoler et rendre dépendant.

Au Québec, près du quart des femmes nées entre 1952 et 1965 n’ont pas donné naissance à un enfant au cours de leur vie (Institut de la statistique du Québec, 2012). Cette proportion représente le double de la situation des femmes issues de la décennie précédente. À partir des années 1960, le Québec occupe une place particulière en Occident en termes de transformation radicale des mœurs, avec la laïcisation de l’État et la perte du pouvoir moral de l’Église catholique sur les couples. L’utilisation des moyens contraceptifs est légalisée en 1968. Au même moment, le mouvement de libération des femmes attaque de front l’assimilation des figures de « femme » et de « mère » (Tahon, 2000). Ce faisant, les années 1970-80 vont représenter une époque nouvelle qui témoigne d’une véritable mutation culturelle : les femmes ne se définissent désormais plus par le mariage et la maternité (Corbeil et Descarries, 2003). Cette communication propose une démonstration des effets de cette redéfinition culturelle par l’analyse quantitative comparée des trajectoires biographiques de deux générations de femmes québécoises sans enfant (cohortes de naissance 1940-51 et 1952-65) à partir des données de l’Enquête sociale générale de 2011. Il ressort essentiellement de nos analyses que la 1ère cohorte présente des parcours homogènes tandis que les trajectoires des femmes sans enfant nées pendant le baby-boom sont multiples et diversifiées et ce, sur tous les plans (personnel, conjugal, professionnel).

L’un des troubles de santé mentale le plus prévalent à l'adolescence est la dépression, d'où l'importance d’étudier les potentiels facteurs de risque, tel que l'adversité familiale (Lansford et al.,2017). Plusieurs études ont montré une association significative entre l'adversité familiale et les symptômes dépressifs, sans pour autant considérer la façon dont les différents facteurs protecteurs pourraient affecter cette relation. Cette étude s'intéressera donc à savoir si l’activité physique (AP) organisée et non organisée réduit les symptômes dépressifs chez les jeunes adolescents exposés à l’adversité familiale.

À l’aide de l'étude longitudinale du développement des enfants du Québec (ELDEQ), cette recherche testera l’association entre l'adversité familiale à 10 ans et les symptômes dépressifs à 12 ans à l'aide de régression linéaire, en contrôlant pour les troubles émotifs initiaux (N = 1332). L'AP organisée et non organisée sera testée comme modérateur.

Les résultats montrent une association significative entre l'adversité familiale et les symptômes dépressifs (b =0,546, p<0,01). Or, seul l'AP non organisée modère l’association entre l'adversité familiale et les symptômes dépressifs (b=-0,487,p<0,01). Il n’y a pas d’interaction significative entre l’adversité familiale et l’AP organisée (b=0,09,p=0,126).

Cela suggère que la participation à l’AP non organisée représente une stratégie pour améliorer la résilience et la capacité d’adaptation des adolescents.

Dans cette communication, nous traitons des inégalités de genre dans l’action climatique au Québec. Il nous apparaît important d’examiner dans quelle mesure le genre (l’ensemble des rôles sociaux associés à la féminité et à la masculinité) influence les discours et les comportements de lutte à la crise climatique, afin de s’assurer qu’ils ne participent pas à de l’injustice sociale.

Notre étude s’inscrit dans le projet du Baromètre de l’action climatique, un sondage sur les croyances, attitudes et comportements de la population québécoise envers l’action climatique. La notion d’écart écologique entre les genres et la façon dont cette notion est conceptualisée et opérationnalisée peuvent être utiles pour discuter des inégalités de genre dans l’action climatique, ainsi que de la façon dont elles se manifestent dans la population québécoise. 

Cette communication est le résultat d’une revue de portée (une centaine d'articles, publiés entre 1992 et 2022) sur la façon dont est définie et traitée la notion d’écart écologique entre les genres dans la littérature scientifique multidisciplinaire. Ces résultats ont fait l’objet d’une analyse critique de genre puis ont été croisés avec les données empiriques de l'enquête en ligne de l’édition 2022 du Baromètre de l’action climatique (n=2 000, échantillon représentatif de la population québécoise adulte).

Près de 34 000 personnes vivaient en CHSLD au Québec en 2010. Le MSSS (2003) associe la qualité de vie en CHSLD à la qualité des interventions qui y sont réalisées. L’organisme Papillon blanc – danse contribue à cette orientation par l'intégration de la danse professionnelle en milieux de santé. Son approche s’inscrit dans le courant des thérapies par les arts et vise à : créer des moments où la communication, même non verbale, redevient possible; à émerveiller par la beauté et la sensualité de la danse;  et à valoriser la personne qui affirme ainsi une présence au monde. Une première étude exploratoire visant à identifier des variables pour orienter l’observation des impacts des visites dansées a été réalisée dans 2 CHSLD du CHU de Québec. Des indicateurs de mesure regroupés en 3 dimensions (psychologique, sociale et physique) ont été identifiés. Ces indicateurs ont servi de fondement pour l’élaboration de la phase 2 du projet qui vise à documenter les effets potentiels d’une intervention utilisant la danse sur la qualité de vie des aînés vivant en CHSLD, sur la qualité de leurs relations avec leurs proches aidants et sur la dynamique relationnelle soignant-soigné. Appuyée de vidéos illustrant des expériences de Papillon blanc – danse,  la présentation vise principalement à exposer la méthodologie envisagée pour la phase 2, soit un protocole d’observation filmée, dans le but de mesurer les effets de la thérapie par les arts sur la vie des personnes aînées résidant en CHSLD.

Beaucoup de recherches en psychologie sociale ont démontré que le rejet social entraîne souvent une augmentation du sentiment d’agressivité et des comportements agressifs (Williams, Forgas, 2005). Les sentiments éprouvés lors de ces expériences sont souvent associés aux indices du contexte dans lequel le rejet a été vécu. L’objectif de la présente étude était  de vérifier si un sentiment de rejet social peut être associé par conditionnement classique à un stimulus sonore et si ce même son déclencherait ultérieurement un sentiment d’agressivité. La première journée, les participants ont d’abord
accompli une tâche ayant pour fonction d’associer par conditionnement un signal sonore à une situation d’acceptation sociale et d’associer un son différent à une situation de rejet social. Ensuite, les participants ont été exposés à l’un des deux sons, et ont rempli une mesure d’agressivité. La deuxième journée, ils ont été exposés au même son que la journée précédente et le niveau d’agressivité éprouvé a ensuite été à nouveau mesuré. Les résultats suggèrent qu’il est possible d’associer un stimulus neutre aux expériences sociales positives et négatives et que le son de rejet social peut déclencher des sentiments d’agressivité. Ainsi, les conséquences néfastes découlant d’un rejet social tel que l’agressivité peuvent durer dans le temps et être ravivées par des indices contextuels associés à l’expérience originale.

L’endométriose est une maladie chronique parfois sévère touchant une personne assigné-e femme à la naissance sur dix. Elle est historiquement sous-étudiée et sous-diagnostiquée et n’est abordée par le prisme de la santé publique que depuis récemment dans les pays occidentaux. En France, depuis dix ans, cette maladie se politise, se médiatise et mobilise une diversité d’acteurs — associations, chercheur-e-s, soignant-e-s et figures politiques. La production et la diffusion de connaissances sur l’endométriose deviennent ainsi des enjeux centraux à examiner dans la question de sa reconnaissance en tant que problème d’intérêt public. Dans ce contexte, je montrerai que les groupes qui détiennent la parole et l’expertise reconnues socialement appartiennent au monde biomédical, malgré le fait que cette maladie ait été rendue visible par une mobilisation citoyenne de personnes atteintes. Toutefois, il sera possible de voir que savoirs et perspectives profanes sont incorporés au modèle dominant et renouvellent certaines compréhensions de la maladie. Cette analyse est tirée d’une ethnographie en Île-de-France qui a permis une immersion dans le réseau d’acteurs au centre duquel l’endométriose est continuellement négociée et réinterprétée. Cette étude d’anthropologie médicale enrichit la recherche sociale sur l’endométriose, encore rare dans la francophonie, et met en lumière des processus à l’intersection de l’épistémologie des sciences et de l’étude de la santé publique.

L’éducation aux droits humains offerte aux enfants prend souvent la forme d’un enseignement moral. Par le biais de cet enseignement transitent des valeurs telles que le respect, la collaboration ou l’inclusion. Comment navigue ce discours et par quel processus devient-il accessible aux enfants ? Quelles valeurs sont véritablement retenues par ces derniers ? Les données ont été recueillies dans le contexte du processus de transmission des valeurs d’un organisme de droits humains, Equitas, vers les enfants d’un camp de jour montréalais. Les discours de l’organisme à l’origine de cette formation et le choix des valeurs promues ont été observés, puis ceux des différents acteurs qui les transmettent. Fut aussi pris en compte la réception de ces discours et valeurs par les enfants du camp de jour. Cette recherche illustre le parcours des discours et des valeurs et identifie différents facteurs ayant influencé leur transformation tout au long de la formation.

Dans divers domaines de vie, il est important de découvrir les facteurs les plus prometteurs pour expliquer la performance d’une personne. La force mentale (FM) est l’un de ceux-ci. Elle est décrite comme une entité psychologique qui permet de réaliser des performances supérieures de façon constante, et ce, en présence de pressions, d’adversités ou d’obstacles (Gucciardi et al., 2015). Aussi, plusieurs chercheurs la conçoivent comme multidimensionnelle, c’est-à-dire représentée par un concept d’ordre supérieur qui intègre des dimensions distinctes, mais interreliées (Gucciardi et Gordon, 2011). Dans cette recherche, nous évaluons 12 dimensions de la FM chez des élèves du secondaire. De plus, nous sommes intéressés à vérifier si la FM et ses dimensions prédisent les résultats scolaires, la préférence pour résoudre des problèmes difficiles et la peur de l’échec. Nous avons évalué la FM auprès de 515 élèves du secondaire (filles 58 %) à l’aide du Mental Toughness Inventory (MTI; Middleton et al. 2007). Les résultats d’analyses par équations structurelles indiquent que la structure factorielle de cet instrument, développé dans le contexte sportif, est valide dans le contexte scolaire. Contrairement à nos hypothèses de départ, le facteur global de FM constitue un meilleur prédicteur des problèmes difficiles, des notes et de la peur de l’échec que les dimensions spécifiques de la FM. Les résultats sont discutés à l’aide de divers cadres théoriques et recherches actuelles sur la FM.

L'utilisation de l'évaluation phallométrique* auprès des délinquants sexuels a été critiquée au cours de la dernière décennie. Outre les considérations éthiques, la méthode présente des lacunes importantes de fidélité et de validité (Marshall et Fernandez, 2003). L'évaluation est peu reproductible (Fernandez et Marshall, 2002), falsifiable (Laws et Rubin, 1969) et fournit un profil invalide dans plus d'un tiers des cas (Michaud et Proulx, 2009). Malgré cela, pour les délinquants sexuels ayant un profil valide, l'évaluation phallométrique serait l'un des meilleurs prédicteurs de la récidive sexuelle (Hanson et Morton-Bourgon, 2004).

La présente étude a pour but d'approfondir la question en vérifiant non seulement si l'indice de déviance phallométrique prédit la récidive sexuelle, mais également si la qualité de cette prédiction est constante chez les principaux sous-groupes de délinquants sexuels.

Les résultats ont indiqué que l'indice de déviance phallométrique de l'ensemble des délinquants sexuels était en mesure de prédire la récidive criminelle sexuelle. Cependant, seulement l'indice de déviance des pédophiles prédisait la récidive criminelle sexuelle, pas celui des violeurs. Les implications cliniques et théoriques des résultats seront couvertes.

*Technique visant à déterminer les préférences sexuelles d'hommes en mesurant leurs réponses érectiles face à différents stimuli sexuels.

La sphère intime a progressivement évolué et s’est détraditionnalisée durant les dernières décennies, notamment par l’influence des mouvements queer et féministes. Si l’exclusivité reste une norme structurante des relations intimes, des formes alternatives au modèle monogame ont progressivement gagné en visibilité. Parmi celles-ci, nous nous intéresserons particulièrement aux modes relationnels incluant une pluralité théorique de partenaires et dans lesquels l’ensemble des personnes impliquées donnent leur accord à une ouverture de la relation. Cependant une question se pose : comment nommer ces pluralités relationnelles et sur la base de quels critères? Au-delà de la simple dénomination de pratiques en rien nouvelles, ces divisions nous renseignent sur les rapports qu’entretiennent les individus avec l’intimité. Définir convenablement celles-ci est également nécessaire afin de bien cibler les études, de plus en plus nombreuses, qui s’intéressent à ces pluralités relationnelles. Cet exposé sera l’occasion de nous pencher sur ces divisions, d’éclairer les débats académiques autour de la définition des relations plurielles ainsi que de replacer l’intime dans l’expérience de la condition sociale moderne. Comprendre les manières de nommer ces pluralités est primordial pour saisir ce qui se joue à travers elles, montrer la diversité des pratiques intimes et réimaginer des relations plus libres et égalitaires à l’aune des bouleversements sociaux des dernières décennies.

L’actuel mode de gouvernance néolibéral se traduit par la réduction des fonctions de protection et de solidarité sociale de l’État au profit de fonctions punitives et ce, dans toutes les sphères de l’action étatique. Ainsi, bien que le nombre de personnes prestataires de l’aide social soit à son plus bas depuis les quarante dernières années, la plus récente réforme du système de l’aide sociale s’inscrit dans ce virage punitif. Le programme Objectif Emploi oblige ainsi les premiers demandeurs de l’aide sociale à participer à un plan d’intégration à l’emploi, sous peine d’importantes pénalités. Les débats houleux qui ont entouré le Projet de loi portant sur le programme Objectif Emploi ont mis de l’avant les désaccords sociaux sur la place des mécanismes punitifs dans le dispositif de l’aide sociale. Cette communication vise à cerner les discours actuels sur le dispositif d’aide sociale, plus précisément les discours qui portent sur l’usage de la sanction comme mécanisme dans les rouages de l’aide sociale. Suite à une analyse thématique des mémoires déposés à l’Assemblée nationale dans le cadre des consultations sur le projet de loi no 70, cette communication explorera les axes suivants : quels sont les liens entre la sanction et la contrepartie ? Comment les discours particularistes sur la sanction sont-ils déployés ? Quels discours sur les assistés sociaux sous-tendent les discours sur la sanction ?

L’intensification des mouvements migratoires a comme conséquence d’augmenter la diversité culturelle. Dans ce contexte, les tensions peuvent s’accroître entre les groupes culturels majoritaire et minoritaires et nuire à l’intégration des identités et au bien vivre ensemble. Des identités sont intégrées si elles sont perçues comme compatibles, cohérentes et complémentaires. La présente étude vise à comprendre ce qui empêche les membres de groupes majoritaires d’intégrer leur identité culturelle et celle des groupes minoritaires. Les connaissances scientifiques suggèrent trois modèles : 1) percevoir une menace de la part d’un autre groupe inhibe l’intégration des identités ce qui, en retour, favorise l’émergence d’attitudes négative face à ce groupe, 2) se sentir menacé par un groupe favorise le développement d’attitudes négatives envers celui-ci, ce qui nuit à l’intégration des identités et 3) les attitudes négatives favorisent l’émergence d’un sentiment de menace, ce qui empêche l’intégration. Des analyses de médiation utilisant les réponses de 206 Québécois blancs francophones à un questionnaire ont été utilisées afin de comparer la plausibilité des modèles. Les résultats corroborent le modèle 3 et démontrent que l’attitude négative envers un groupe minoritaire peut être préalable au sentiment de menace et à l’intégration des identités. Ces résultats suggèrent d’encourager le groupe majoritaire à percevoir positivement les groupes minoritaires pour favoriser l’intégration.

 

Au Mexique, par le truchement de luttes sociales et la modification d’articles de loi s’inscrivant dans un processus de décentralisation et de libéralisation des économies, des communautés forestières mirent en exploitation leurs ressources ligneuses à travers l’organisation d’entreprises forestières leur appartiennant en mettant à profit et en développant des structures de gouvernance déjà en place.

Notre présentation exposera le cas de la communauté de Capulálpam de Méndez (État de Oaxaca, district de la Sierra Norte). Au fil des années, en plus d'une entreprise forestière communautaire, s’ajouta une entreprise d’écotourisme ainsi qu’une entreprise d’exploitation de différents matériaux de surface qui vinrent diversifier et renforcer les activités économiques de Capulálpam.

Trois questions alimenteront notre exposé. Nous tenterons dans un premier temps de caractériser les institutions gérant l’exploitation des ressources naturelles sur le territoire communal. Deux questions secondaires viendront ensuite alimenter notre propos. Ainsi, nous essaierons de dégager la part des structures sociales locales dans la mise en place de ces institutions. Ensuite, dans un troisième temps, nous initierons une réflexion sur l’impact de ce type de développement sur les structures sociales existantes.

Un terrain de recherche a été effectué au Mexique à l'hiver 2011. Plus d'un vingtaine d'entrevue y ont été réalisées. Le mémoire devrait être déposé à l'hiver 2012.

Contexte: Le modèle de Whiteside et Lynam (2001) conçoit l’impulsivité selon 4 grands traits de la personnalité dont l’urgence (U), le manque de préméditation (PRE) et la recherche de sensations (RS). Ce modèle, validé auprès de populations variées, permet de prédire de manière distincte plusieurs comportements inadaptés. Il n’existe à ce jour aucun instrument pour mesurer ces traits, autre que par l’UPPS Impulsive Behaviour Scale, un questionnaire autorapporté. Or il est bien connu que le manque d’autocritique de certaines clientèles impulsives peut affecter la validité des mesures autorapportées. But: Développer et valider une tâche mesurant de manière objective les dimensions U, PRE et RS via une réponse à des scénarios sociaux hypothétiques exigeant une prise de décision sur des comportements inappropriés socialement. Méthodologie: La tâche de prise de décision sociale comprend 12 scénarios divisés en conditions 1) Émotion forte; 2) Indice sur les conséquences et 3) Égocentrisme en situation de conflit, permettant de mesurer les dimensions U, PRE et RS respectivement.  La tâche a été soumise à une validation de contenu auprès de 12 participants. Résultats: Les effets attendus ont été confirmés pour les 3 conditions. Conclusion: Il semble possible de mesurer les traits impulsifs de manière objective et des efforts sont en cours pour établir la validité critériée de la tâche.

Le début de la vie adulte et la période du vieillissement sont des étapes majeures pouvant augmenter le risque de développer des enjeux de santé mentale. Cependant, de nombreux jeunes adultes et aînés ne sont pas enclins à aller chercher de l’aide. Les troubles anxieux sont particulièrement répandus chez les jeunes adultes et les aînés. Malgré les conséquences de l’anxiété non traitée, une sous-utilisation des services de santé mentale est observée chez ces deux populations. Selon la théorie du comportement planifié, les intentions de recherche d’aide sont fortement associées au comportement de recherche d’aide. Toutefois, il convient de noter que les intentions de recherche d’aide des aînés ont reçu peu d’attention dans la littérature, ce qui soulève des questions sur les différences intergénérationnelles au sujet des intentions de recherche d’aide. L’objectif est de dresser un portrait plus précis des intentions de recherche d’aide en identifiant les sources d’aide vers lesquelles les deux populations ont le plus l’intention de se tourner. Pour ce faire, le General Help Seeking Questionnaire a été rempli par 165 personnes âgées (> 60 ans) et 113 jeunes adultes (de 18 à 36 ans) ayant participé à une étude sur la littératie en santé mentale et la recherche d'aide. Cette connaissance servira de levier d’intervention préventif via la psychoéducation auprès du soutien privilégié par ces deux populations en contexte d’anxiété.  

En psychologie, l’amorçage subliminal est utilisé afin d’activer inconsciemment chez des participants divers construits ou stéréotypes et d’évaluer l’effet de cette activation sur le comportement. Notre équipe a élaboré une procédure d’activation subliminale novatrice : la Tâche des lapins et des lions. Conçue en script Flash, elle est gratuite et présente l’avantage majeur de pouvoir être utilisée sur Internet. La tâche consiste à compter séparément le nombre de fois où les mots lapins et lions apparaissent au sein de 85 mots d’animaux et non-mots défilant très rapidement à l’écran. Durant la tâche, 6 mots d’amorçage sont présentés encore plus rapidement (33 ms), demeurant ainsi indétectables pour les participants. Nous avons mené 3 études visant à reproduire des études classiques ayant utilisées des procédures traditionnelles d’amorçage subliminal. Les études 1 et 2 ont démontré que les participants chez qui le construit d’intelligence ou de vieillesse avait été activé ont respectivement résolus plus et moins d’anagrammes que les groupes contrôles. L’étude 3 a révélé que les participants chez qui un souvenir satisfaisant avait été inconsciemment activé (vs un souvenir frustrant) ont rapporté un niveau de bien-être situationnel supérieur (vs inférieur) que les groupes contrôles. Ces résultats confirment que la Tâche des lapins et des lions permet d’activer inconsciemment divers construits mentaux avec succès. 

L’intimidation chez les jeunes est bien documentée, mais l’est que très peu chez les aînés, et encore moins dans les résidences privées pour aînés.

L’objectif général de cette recherche-action est de concevoir, développer, implanter et évaluer un jeu sérieux visant à prévenir et contrer l’intimidation dans les résidences privées pour aînés. Cette communication portera sur l’un des objectifs spécifiques de l’étude : identifier et mieux comprendre les situations d’intimidation vécues dans ces résidences et les interventions réalisées pour les prévenir ou les contrer.

Cette étude, descriptive et compréhensive, s’appuie sur le Schéma des caractéristiques de l’intimidation spécifiques aux aînés, et sur des méthodes qualitatives. Des entrevues individuelles semi-dirigées auprès de 11 personnes (direction, résidents, employés, proches ou bénévoles) évoluant dans deux résidences privées pour aînés du Centre-du-Québec, et une analyse de contenu thématique mixte ont été réalisées.

Les situations rapportées ont trait à de la violence verbale, sociale et physique. Elles sont répétitives, généralement délibérées, et se produisent dans différents rapports de force. Elles ont des conséquences sur la santé physique et mentale des résidents, sur leurs interactions sociales et engendrent des réactions, telle la frustration. Pour les prévenir et les contrer, des interventions sont réalisées (ex. : rencontres auprès des résidents concernés, vérification des faits, mise en place de mesures).

La présente étude a porté sur la façon dont les enfants de trois (3) ans conceptualisent les robots comme des entités vivantes ou non vivantes. En utilisant une version modifiée de la tâche de biologie naïve de Gottfried et Gelman (2005), les enfants devaient déterminer si des robots, des animaux ou des objets mécaniques possédaient dans leur corps des pièces mécaniques (pile) ou biologiques (cœur). Pour évaluer le degré d’animation attribué aux items, les enfants ont également répondu à une série de questions sur les aspects psychologiques (p. ex., « est ce que ça peut penser? ») et biologiques (p. ex., « est-ce que c’est vivant? ») des articles présentés. Pour examiner le rôle de la morphologie, nous avons utilisé deux robots : un robot humanoïde et un robot non humanoïde. Pour mieux comprendre le rôle des caractéristiques d’animation, les enfants ont vu un robot s’orienter vers un but et un autre s’éloigner d’un but (p. ex., se déplacer vers une balle plutôt que de s'en éloigner). Les enfants dans notre étude ont correctement attribué un intérieur biologique à l’animal et un intérieur mécanique à l’objet mécanique. Cependant, ils semblaient perplexes quant à l’état biologique des deux robots et ont répondu au hasard pour les questions concernant les aspects psychologiques pour tous les articles. Nous concluons que les enfants de trois ans éprouvent de la difficulté à catégoriser les robots parce qu’ils possèdent des caractéristiques à la fois vivantes et non vivantes.

Des cégeps situés à l’extérieur de Montréal et de la Capitale-Nationale établissent, depuis 2003, des ententes spécifiques avec les institutions régionales de l’Île de La Réunion. L’objectif est de permettre à des jeunes Réunionnais de compléter une formation professionnelle de trois ans au terme de laquelle ils peuvent faire une transition vers le statut de résident permanent. L’entente de coopération de mobilité étudiante entre le Québec et La Réunion mise sur la probabilité que ces jeunes fassent le choix de prolonger leur expérience de migration au-delà de la formation professionnelle et décident de s’établir à long terme dans leur ville d’accueil ou dans une ville de la même région administrative. L’analyse de seize entrevues semi-dirigées réalisées avec des jeunes étudiants réunionnais qui sont restés au Québec montre l’importance du type de projet personnel de mobilité au départ de la Réunion dans la compréhension de l’établissement à long terme ou non de ces jeunes en région. Leur projet de voyage d’étude, de formation professionnelle, de carrière ou de vie personnelle va en général à l’encontre des souhaits qu’ils restent dans la ville d’accueil après leurs études. Dans leurs témoignages, leurs représentations de la ville d’accueil et les relations qu’ils y développent apparaissent par ailleurs plus déterminantes que les difficultés d’insertion professionnelle, sociale et culturelle observées dans les études sur l’immigration en région.

Cette proposition de communication a pour objectif de présenter les effets des mutations du marché des services de soutien à domicile sur le «sens du travail» chez les travailleuses du système d’allocation directe Chèque emploi-service (CES). Les analyses préliminaires issues de 12 entretiens semi-directifs indiquent un rapport au travail subversif demandant l'appréciation des émotions comme force de travail afin de saisir «l'éthos du care».

Malgré des conditions d'emploi précaires et peu lucratives, les travailleuses font valoir une haute satisfaction, où le sentiment d'être utile et intégrée dans des rapports affectifs voile le rapport d'exploitation sexiste et raciste induit par les réorganisations du marché du travail et des politiques sociales. La récurrence et la force de ces témoignages, ainsi qu'une approche féministe basée sur la théorie du point de vue, invitent alors la chercheuse à explorer les tensions et interstices entre les différentes représentations du travail «salarié» et «domestique». Quel est le sens du travail au quotidien lorsque celui-ci se situe aux marges des conceptualisations dominantes? Comment les motifs financiers et affectifs sont-ils (ré)appropriés par les travailleuses elles-mêmes?

Cette recherche prend pour point de départ une expérience de travail personnelle, suivie d'allers-retours exploratoires entre la théorie et l'empirie. C'est de cette première incursion sociologique qu'ont émergé les questions qui ont orienté la recherche présentée.

L’exposition à la violence conjugale (EVC) est vécue par plusieurs jeunes (Clément et al., 2019; Hélie et al., 2017) et ses conséquences sont bien documentées (Lessard et al., 2019). Cette conférence présente les résultats d’une recherche qualitative s’appuyant sur la théorie des parcours de vie (Elder et al., 2003). L’un des objectifs spécifiques était d’examiner comment les jeunes ayant vécu l’EVC expliquent les liens entre cette violence et d’autres victimisations vécues dans leur parcours de vie ainsi que la sévérité perçue des différentes victimisations. L’échantillon inclut 45 jeunes adultes de 18-25 ans ayant vécu l’EVC dans leur enfance ou adolescence. Les participants ont d’abord complété un questionnaire en ligne pour mesurer les victimisations vécues, puis participé à une entrevue semi-dirigée, supportée par la méthode du calendrier historique de vie. Les résultats montrent que les jeunes identifient des liens particulièrement importants entre l’EVC et les mauvais traitements directs à leur endroit, l’intimidation à l’école et la violence dans les relations amoureuses. Comme les différentes violences déclarées dans le questionnaire sont perçues de façon plus ou moins sévères par les jeunes, les résultats de cette recherche mettent en évidence l’importance de considérer le point de vue des jeunes concernés dans le développement d’interventions ou de programmes de prévention leur étant destinés.