« [En 1970] on menaçait d’une orientation au secteur professionnel les élèves un peu turbulents ou incapables de continuer au cours régulier » écrivait J-P Charland dans son livre retraçant l’Histoire de l’enseignement technique et professionnel (1982, p.459-460). Trente ans plus tard, après une réforme importante de la formation professionnelle (FP) au Québec en 1986, des investissements importants dans la promotion de cette filière, une politique volontariste de recrutement des élèves de moins de 20 ans en FP, et les annonces alarmistes d’une pénurie de main d’œuvre à court terme, quels discours circulent en milieu scolaire sur la FP ? Comment les élèves s’y orientent-ils ou y sont-ils orientés ?
Partant d’un corpus d’entrevues semi-dirigées auprès d’élèves, d’enseignants, de professionnels et de directions de la FGJ, de la FP et de la formation générale des adultes (FGA) sur l’île de Montréal, l’analyse portera notamment sur les pratiques institutionnelles d’orientation (discours, structures, outils), telles qu’elles se matérialisent dans des établissements concrets, telles qu’elles s’imposent et sont retraduites par les acteurs. Les résultats traiteront de la place de la FP dans le paysage éducatif global (FP-FGJ-FGA) et de la figure de l’élève susceptible de poursuivre des études en FP. Nous envisagerons notamment comment la figure de l’exclus de l’intérieur qui prévalait dans les années 70 continue d’être agissante malgré une revalorisation manifeste de la FP.