Le conseil scientifique s’implante aujourd’hui activement au sein des villes du Québec, afin de donner accès aux décideurs à des expertises et connaissances scientifiques lors de la prise de décision. Sensibilisée depuis une dizaine d’années à l’importance de la collaboration entre scientifiques et municipalités, la Ville de Victoriaville développe depuis des projets et initiatives de développement durable soutenus par des données et avis scientifiques. Entretien avec Simon Barnabé, conseiller scientifique en chef de la Ville de Victoriaville depuis janvier 2023.
Magazine de l’Acfas : M. Barnabé, nous aimerions d'abord apprendre à vous connaître. Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours?
Simon Barnabé : Je suis professeur à l'Université du Québec à Trois-Rivières au département de chimie, biochimie, physique et science forensique. Ma vie de chercheur a débuté à la fin de mon baccalauréat en microbiologie à l’Université Laval, lors d’un stage de recherche en laboratoire. J’y ai découvert mon intérêt pour la recherche appliquée qui s’alliait parfaitement à mes intérêts sur la valorisation de la biomasse. À l’époque, j'aimais déjà traiter les eaux usées et essayer de réemployer les microorganismes qui y vivent afin de créer des produits à valeur ajoutée.

Quand je suis arrivé à l’institut national de la recherche scientifique (INRS) pour ma maîtrise, on m'a tout de suite confié un projet vraiment intéressant. Celui-ci consistait à transformer les boues d'épuration des eaux usées municipales en biopesticides contre les larves de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, un insecte indigène s’attaquant aux conifères d’Amérique du Nord. Dès ce moment, je me suis mis à interagir avec les villes, puisque mon échantillonnage se déroulait dans les stations d'épuration des eaux usées de différentes municipalités.
Là où j'ai eu le plus de plaisir, dans ce travail, c'était à la station d’épuration de la Ville de Victoriaville. J’ai fini par connaître tous les employés, tous les opérateurs. Vers le début de mon doctorat, le directeur des services de l’environnement de Victoriaville m’avait approché pour me demander mon avis sur une nouvelle technologie qu’ils souhaitaient potentiellement utiliser à la station. Il considérait que j’étais un expert « neutre » sur le sujet, puisque je ne représentais ni l’entreprise qui vendait la technologie, ni l’équipe qui s’en servirait. J’ai alors fait ma petite enquête pour lui donner un avis la semaine suivante.
C’est alors que j’ai compris que des décideurs municipaux, comme ce directeur, avaient parfois besoin d'un avis neutre mais bien informé sur certains sujets. À ce moment, je ne réalisais pas encore que ce que je venais de faire, c’était du conseil scientifique…
C’est alors que j’ai compris que des décideurs municipaux, comme ce directeur, avaient parfois besoin d'un avis neutre mais bien informé sur certains sujets. À ce moment, je ne réalisais pas encore que ce que je venais de faire, c’était du conseil scientifique…
J’ai ensuite réalisé un postdoctorat à l’Université McGill, où je m’intéressais au devenir des micropolluants dans les boues d'épuration des eaux usées des stations d’épuration du Québec, mais en particulier celle de Victoriaville. Après mon postdoctorat, je suis devenu associé de recherche à l'INRS. Je n'étais pas payé à temps plein, et j’ai souhaité trouver une manière de diversifier ma pratique en fondant ma propre entreprise, nommée ÉcoNovo Expert-conseil, vers 2006-2007. Il s’agissait d’une firme où j’offrais du conseil scientifique pour les villes, tout en faisant de la recherche. Je pensais mes services comme un département de Recherche et développement (R&D) pour les villes, un peu à l'image de ce qui se faisait à l’époque par les Centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT) avec les petites et moyennes entreprises. Et j'avais comme premier client… la Ville de Victoriaville!
C'est à ce moment que j'ai réalisé que j'avais la fibre entrepreneuriale, et que je me suis rapproché des décideurs municipaux, dont la direction générale et la mairie. En 2008, l'UQTR m'a offert de diriger la Chaire de recherche industrielle en environnement et biotechnologie, offre que je ne pouvais pas refuser. J’ai donc mis mon entreprise de côté. Je crois qu’une des raisons pour lesquelles on est venus me recruter, à la chaire, était que je proposais une approche différente : je présentais les municipalités comme un véhicule d'innovation. En 2013, la Ville de Victoriaville m’a ensuite donné un titre de conseiller scientifique externe. J’appuyais à ce moment le travail du directeur général de la Ville de l’époque, qui aimait avoir le soutien d’un scientifique dans ses dossiers.
Victoriaville est depuis longtemps le berceau du développement durable au Québec. Pour concrétiser cette idée dans l’arène politique, la Ville m’a officiellement nommé conseiller scientifique en chef en janvier 2023. Un souhait avec ce mouvement était également que les autres villes emboîtent le pas et nomment à leur tour des conseiller·ères scientifiques en chef. Et c'est ce qui est arrivé, grâce à l’appui du scientifique en chef du Québec, Rémi Quirion, et de l’équipe de son bureau, notamment Julie Dirwimmer.

MA : En effet, votre nomination est une première dans les municipalités québécoises. Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est un conseiller scientifique? Quel est votre rôle?
SB : D’abord, je crois important de faire la distinction entre conseil scientifique et recherche. La recherche, c’est le développement de nouvelles connaissances. Le conseil scientifique, c'est la mobilisation des connaissances.
Plusieurs modèles de conseil scientifique existent. En ce qui me concerne, on aime dire que je suis un modèle « externe », c’est-à-dire que j’œuvre pour la Ville de Victoriaville sans rémunération, dans le cadre de mes fonctions de professeur d’université - la majorité des conseiller·ères scientifiques sont d’ailleurs de ce modèle. Il y a aussi le modèle « interne », où la personne au conseil scientifique est employée par la ville pour occuper ce rôle. Finalement, il y a le modèle du « conseil » scientifique, avec un regroupement de plusieurs chercheur·euses.
Le rôle de conseiller·ère scientifique est d’offrir du conseil scientifique auprès des municipalités et de leurs décideurs. Nous sommes là pour soutenir la prise de décision avec des avis neutres et désintéressés, basés sur des données, des connaissances scientifiques. Nous sommes également souvent appelés à mobiliser des expertises complémentaires dans différents secteurs ou disciplines. Ainsi, j'oriente la Ville de Victoriaville vers les bonnes personnes, en leur donnant un accès privilégié à la communauté scientifique.
Ensuite, nous pouvons être appelés à collecter, à produire et à utiliser des données probantes, à anticiper des événements futurs, et ainsi développer une meilleure résilience municipale. Je donne souvent comme exemple l'agrile du frêne, qui a fait des ravages dernièrement dans différentes villes du Québec et de l’Ontario. Les villes sont malheureusement arrivées un peu trop tard pour pallier ce problème, c’est-à-dire alors que les arbres étaient déjà malades. En revanche, toutes les méthodes que nous avons déjà développées, réfléchies, partagées seront utiles pour combattre la prochaine espèce envahissante. Selon les observations d’expert·es scientifiques, ce pourrait être un coléoptère qui s’attaque aux feuillus, et donc fort probablement… aux érables! Si cela arrivait, le problème serait particulièrement important au Québec et au Canada.
[Les conseiller·ères scientifiques sont] là pour soutenir la prise de décision avec des avis neutres et désintéressés, basés sur des données, des connaissances scientifiques. Nous sommes également souvent appelés à mobiliser des expertises complémentaires dans différents secteurs ou disciplines.
Nous sommes aussi là pour imprégner les décideurs municipaux de la culture scientifique, de leur donner le réflexe de nous interpeller. Cette influence s’exerce d’abord auprès de ces personnes, mais elle peut s’étendre jusqu'aux citoyen·nes en les sensibilisant de l’importance de consulter des connaissances scientifiques pour vérifier une information, ou encore de s’intéresser aux travaux des chercheur·euses sur différentes questions. Or, quand tu touches les citoyen·nes, tu touches aussi les entreprises (les employé·es étant à la base des citoyen·nes), qui pourraient ensuite s’ouvrir davantage à la recherche et à l'innovation.
Nous accompagnons également les villes dans leur démarche d'internationalisation. En ce qui me concerne, quand je parle des villes, je fais référence aux petites et moyennes municipalités, qui ont les mêmes ambitions que les grands centres urbains, mais sans financement conséquent pour développer les projets. C’est à cet endroit que nous intervenons : nous allons chercher des fonds pour permettre aux décideurs municipaux de se déplacer, de visiter des entreprises et des universités locales, et ainsi développer des collaborations.
Avec le temps, les conseiller·ères scientifiques sont aussi devenus des agent·es d'interface entre les villes, notamment grâce à la Table des conseillères et conseillers scientifiques en chef municipaux. Propulsé par le bureau du scientifique en chef du Québec, l’objectif de ce regroupement est de faciliter les échanges de bonnes pratiques, d’informations et de données probantes entre nous pour mieux desservir nos communautés.
MA : Vous l’avez mentionné, votre collaboration avec la Ville de Victoriaville a débuté il y a plusieurs années. Nous aimerions vous entendre sur les projets et initiatives de la Ville, avant et depuis que vous occupez la fonction de conseiller scientifique.
SB : Une de mes grandes initiatives comme conseiller scientifique à Victoriaville remonte à 2013. On m'avait mis au défi de créer de nouvelles synergies dans son parc industriel avec des usines de différents secteurs. J’ai proposé d’utiliser leurs eaux usées pour cultiver des microalgues, qui serviraient ensuite à créer de nouveaux produits dans ces mêmes usines. C'était l'économie circulaire à son meilleur! Avec cette idée, les usines ont pu produire des biosavons pour la compagnie Sani Marc, et des biocarburants pour des flottes de véhicules lourds de la Ville de Victoriaville. Ce projet, appelé à l’époque Vertech I, n'était malheureusement pas rentable. En 2019, nous avons lancé le projet Vertech II, qui consistait à récupérer la biomasse de microalgues, produites dans les eaux usées du parc industriel, pour fabriquer des emballages spécialement conçus pour les usines du même parc! On ajoutait ces microalgues à de la pâte cellulosique afin de produire des emballages de carton qui auraient l’avantage de se composter beaucoup plus rapidement.
Tous ces projets ont mené à La Serre+, une initiative qui sera inaugurée le 19 juin prochain. Il s’agit d’un projet de serre de culture hydroponique dans le parc industriel de Victoriaville, où nous ferons pousser des microalgues à partir des eaux usées qui seront ensuite utilisées pour fabriquer des emballages écologiques. L’eau traitée par les microalgues sera utilisée dans la préparation de la solution nutritive destinée à la production hydroponique. Cette initiative de transfert technologique est d’ailleurs intégrée au Plan d'agriculture urbaine de Victoriaville. Cela dit, l'impact le plus important de ce projet et d’autres est le recrutement d’étudiant·es et des diplômé·es à la maîtrise et au doctorat par les entreprises locales, ce qui emmène des « cerveaux » à Victoriaville. Depuis que je suis officiellement conseiller scientifique en chef, je pense que je mobilise davantage les connaissances et les expert·es que je ne donne des avis!
[...] l'impact le plus important de ce projet et d’autres est le recrutement d’étudiant·es et des diplômé·es à la maîtrise et au doctorat par les entreprises locales, ce qui emmène des « cerveaux » à Victoriaville. Depuis que je suis officiellement conseiller scientifique en chef, je pense que je mobilise davantage les connaissances et les expert·es que je ne donne des avis!
Il y a aussi eu la problématique du réservoir Beaudet, le réservoir d'eau potable de Victoriaville, qui, au fil des années, s'envasait à cause, entre autres, de l'érosion des berges. La solution proposée était de draguer - c’est-à-dire, d’extraire - les sédiments qui se trouvaient au fond de l’eau. La Ville a interpellé mon équipe de la Chaire de recherche municipale pour les villes durables pour trouver des solutions originales pour valoriser les sédiments de draguage du réservoir Beaudet.
Pour tenter de répondre à cette question, nous avons collaboré avec le CentrEau, un regroupement stratégique de chercheur·euses québécois·es financé par le Fonds de recherche du Québec, pour organiser « l'Escouade VictEau ». Cette action a permis de réunir plusieurs chercheur·euses expert·es dans le domaine de l'eau qui n’avaient jamais été consulté·es auparavant sur le dossier, et qui ont ainsi apporté des éclairages nouveaux sur cette problématique. Or, la mobilisation de ces différent·es expert·es a soulevé le besoin de développer de nouvelles connaissances. Deux projets de recherche sont d’ailleurs présentement en voie d'être financés sur cette question : un de ceux-ci portera sur l’origine et la fréquence des contaminants affectant la qualité de l'eau du réservoir Beaudet, et l'autre sur la valorisation des sédiments.

Aussi, en réponse à une demande de la Ville de Bécancour, le maire de Victoriaville m’avait interpellé à titre de conseiller sénior de la Vallée de la transition énergétique - un autre rôle que j’occupe, en proximité avec les villes - pour voir comment sa ville et sa région pouvaient contribuer au secteur batterie grandissant à Bécancour. Mon rôle a été de recenser les entreprises locales qui pourraient subvenir aux besoins de cette zone d’innovation, de faire le lien entre elles, et de proposer des idées de recherches potentielles pour soutenir cette initiative.
MA : Votre travail se situe à l'intersection du scientifique et du politique. Comment percevez-vous le dialogue entre ces deux pôles?
SB : À l’échelle municipale, notre travail de conseil scientifique, de mobilisation de connaissances et des expertises, nous le faisons toujours de manière constructive. Nous ne sommes pas là pour détruire ou empêcher le développement de projets en cours, même s’ils posent certains défis. Par exemple, même si nous savons qu'une usine de batterie engendrera de la pollution, nous essaierons de trouver des solutions afin qu’elle pollue le moins possible et que les villes se développent.
Ultimement, ce ne sont pas les scientifiques qui prennent les décisions; c’est le décideur municipal. Je pense que les meilleures pratiques de conseil scientifique auprès des décideurs municipaux, ou autre type de gouvernement, évoluent dans un climat de confiance. Actuellement, il y a beaucoup de nominations faites sur la base de cette confiance - lorsque des chercheur·euses connaissent déjà les décideurs municipaux, par exemple.
Il y a un risque à mandater quelqu’un qui ne connaîtrait pas beaucoup la ville et ses réalités particulières, et qui pourrait avoir des idées préconçues sur ses besoins. Le ou la conseil·lère scientifique doit faire preuve d’un peu de réserve, et de ne pas laisser ses opinions personnelles influencer les dossiers en cours. Il faut vraiment être le plus neutre possible, le plus désintéressé possible. Pour vous donner un exemple : je suis un expert d'une bactérie qui s'appelle Bt, ou Bacillus thuringiensis, qu'on utilise pour ses propriétés insecticides contre les larves de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, des moustiques et des mouches noires. Certaines personnes aimeraient que nous cessions d’utiliser cette bactérie pour la lutte biologique parce qu’elle nuirait à la biodiversité. Je n'interviens pas dans ce débat-là, parce que j’ai passé le début de ma vie de chercheur aux côtés de cette bactérie.
En résumé, l'intersection entre les pôles scientifiques et politiques, au sein de mon travail, c'est de pouvoir faire appel à la communauté scientifique pour éclairer des décisions qui affecteront les citoyen·nes. Le rôle du conseiller scientifique est alors d’interpeller les bonnes personnes pour résoudre chaque problème ciblé - le tout, dans un souci de neutralité.
[...] l'intersection entre les pôles scientifiques et politiques, au sein de mon travail, c'est de pouvoir faire appel à la communauté scientifique pour éclairer des décisions qui affecteront les citoyen·nes. Le rôle du conseiller scientifique est alors d’interpeller les bonnes personnes pour résoudre chaque problème ciblé - le tout, dans un souci de neutralité.
MA : Quelles sont les questions, les enjeux particuliers qui existent à l'échelle municipale?
SB : Les questions liées à l'environnement touchent énormément les villes. Ce sont des enjeux qui sont également d’une grande importance pour la santé publique, puisqu’ils concernent la santé et le bien-être des citoyen·nes et leurs familles. Présentement, on parle d'adaptation aux changements climatiques. On doit se préparer à de potentielles inondations, aux menaces de nouvelles espèces exotiques envahissantes, à la complexification d’enjeux sociaux comme l'itinérance, etc. Il y a également beaucoup de désinformation sur le sujet, ce qui soulève de nouveau l’importance d’un conseil scientifique qui dialogue avec les décideurs municipaux et directement ou indirectement avec les citoyen·nes.
Heureusement, plusieurs questions environnementales vécues au niveau municipal résonnent avec les objectifs de développement durable (ODD) de l'ONU. Les ODD sont là pour proposer une vision unifiée et commune pour simplifier les perspectives de développement durable dans le monde, et s'appliquent particulièrement bien aux villes. Mieux vaut s’y accrocher pour bien communiquer le défi climatique, par exemple.
MA : Quels défis ou opportunités voyez-vous pour le rôle de conseiller scientifique en chef au cours des prochaines années? Que ce soit pour vous à Victoriaville, ou pour celles et ceux qui occupent ce rôle présentement dans la province?
SB : Maintenir un dialogue constant et une relation de confiance entre les communautés scientifiques et les décideurs municipaux : je pense que c'est ça, le grand défi. L’objectif est de communiquer efficacement les bonnes informations, de bien informer toutes les parties donnantes et prenantes lorsqu’il y a une décision à prendre. Il faut éviter une perte ou un manque de confiance envers nos institutions comme on voit ailleurs dans le monde.
Aussi, chaque ville voit le conseil scientifique différemment. Les personnes qui remplissent cette fonction sont pour le moment principalement des chercheur·euses employé·es ou attaché·es à des universités, des cégeps, des centres de recherche publique. Une idée porteuse serait d’ouvrir des postes permanents de conseiller·ères scientifiques au sein des villes, en s'assurant que ces personnes soient les plus neutres et transparentes possibles et que les villes leur accordent cette liberté. D’ailleurs, la Ville de Longueuil et la Communauté urbaine de Montréal et la Communauté métropolitaine de Québec ont déjà opté pour ce modèle et se débrouillent très bien.
Au cours des prochaines années, une idée pour Victoriaville serait de créer un conseil scientifique multi établissement. Par exemple, nous pourrions composer ce conseil avec des chercheur·euses de l'UQTR, de l'Université de Sherbrooke, de l'École de technologie supérieure et de l'UQAM, par exemple. Ce regroupement montrerait aux villes qu'il est possible de composer des conseils scientifiques avec plus d’un établissement. De cette manière, les villes s’assureraient également de tisser des collaborations durables entre établissements universitaires, et ainsi répondre plus efficacement à leurs problèmes.
Maintenir un dialogue constant et une relation de confiance entre les communautés scientifiques et les décideurs municipaux : je pense que c'est ça, le grand défi.
De mon côté, une opportunité sera de poursuivre le travail entamé avec la Table des conseillères et conseillers scientifiques en chef municipaux. Nous nous sommes d’ailleurs réunis dernièrement, au congrès de l’Acfas, avec des décideurs municipaux. Cette rencontre a mené à des conversations intéressantes et fructueuses pour l’avenir de nos villes et la diplomatie scientifique de manière générale.

Être conseiller scientifique municipal, c’est un rôle qui n'est pas si simple et qui prend du temps. Pour ma part, c'est une fonction que j’occupe au sein de mes activités de service à la collectivité en tant que chercheur et professeur. C’est un travail que je ferai encore pour une durée indéterminée - tant et aussi longtemps que la Ville me fera confiance, j’imagine.
Le conseil scientifique est rempli de belles opportunités, pour la carrière mais aussi pour la vie collective. Éventuellement, il serait intéressant de démocratiser cette nouvelle catégorie d'emploi pour des chercheur·euses tout frais sortis des universités. Mon souhait serait alors que chaque ville ait son ou sa scientifique en résidence qui, après quelques années, deviendrait un·e conseiller·ère scientifique ou entrerait dans le conseil scientifique de la ville.
Du 30 juin au 22 août 2025, la Ville de Victoriaville accueillera l’exposition La nature de l’urgence à la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot de Victoriaville. À travers 15 images issues de la recherche québécoise, cette exposition inédite du concours La preuve par l’image propose un regard original et éclairé sur des enjeux environnementaux d’ici et d’ailleurs. Elle sensibilise aux impacts environnementaux, sociaux et économiques de l’urgence climatique, tout en faisant connaître des initiatives et solutions portées par des scientifiques d’ici, provenant bien souvent de la relève étudiante en recherche.
- Simon Barnabé
Université du Québec à Trois-Rivières
Simon Barnabé est professeur au département de chimie, biochimie et physique à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), co-directeur de l'Institut d’innovations en écomatériaux, écoproduits et écoénergies (I2E3) et chercheur à l’Institut de recherche sur l’hydrogène de l’UQTR. Il est également titulaire de la Chaire de recherche municipale pour les villes durables et directeur du Réseau québécois sur l’énergie intelligente. Il est un chercheur de terrain qui dédie ses activités de recherche à la relance des régions-ressources et à la revitalisation et la mutualisation des infrastructures et des expertises locales par la diversification des produits issus de la biomasse ou des pratiques circulaires novatrices. Son équipe est bien connue pour favoriser la synergie collège-université-entreprise, utiliser les municipalités comme véhicule d’innovation et mettre de l’avant le conseil scientifique dans les petites et moyennes villes. Il est d’ailleurs devenu en 2023 le tout premier conseiller scientifique en chef d’une ville de taille intermédiaire au Québec et au Canada (Victoriaville).
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