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Julie Lane, Université de Sherbrooke

Mon domaine de pratique est directement lié au sujet de cette série d'articles sur la vulgarisation et le désir de transmettre. Depuis plus de 20 ans, ma mission professionnelle consiste à favoriser le mieux-être des populations en soutenant des praticien-ne-s, des enseignant.e.s et des décideur.se.s afin qu’ils puissent mettre à jour leurs pratiques et leurs décisions à l’aide de récents résultats de recherches. Une mission de partage des savoirs afin que la recherche change le monde! Je suis actuellement professeure-chercheuse spécialisée en partage des savoirs à l’Université de Sherbrooke, et ce, depuis un peu plus de trois années. Je suis également directrice du Centre RBC d’expertise universitaire en santé mentale qui porte une importante mission de partage des savoirs dans le domaine de la santé mentale pour le mieux-être de la population. 

Qu’est-ce qui vous motive dans le geste de transmission et de partage des savoirs de recherche?

La prise en compte des savoirs issus des recherches est primordiale pour soutenir l'amélioration continue des politiques, des décisions, des interventions et des actions. Toutefois, l’écart persiste encore entre les savoirs disponibles et leur application. Il est d’ailleurs reconnu que les résultats de recherche peuvent prendre jusqu’à 20 ans pour influencer les pratiques et les décisions. C’est à réduire cet écart que je m’attèle à travers mon programme de recherche. 

Je m’intéresse particulièrement au rôle de courtiers de connaissances. Cette fonction trouve de de plus en plus sa place qu’il soit question d’agent de liaison ou de mobilisation, de mobilisateur de connaissances, de conseiller en partage de connaissances, etc. Je m’intéresse aussi à une plus grande intégration de ce rôle dans les réseaux de la santé et de l'éducation.

Ces travaux s’actualisent avec la collaboration de mes collègues chercheurs de l’équipe RENARD œuvrant aussi et avec passion dans le domaine partage des savoirs : https://www.equiperenard.org/

La prise en compte des savoirs issus des recherches est primordiale pour soutenir l'amélioration continue des politiques, des décisions, des interventions et des actions.

À la lumière de votre parcours, d’où vient cette envie de transmettre? 

Depuis que je suis petite, je suis préoccupée par le fait que certaines personnes semblent apprendre plus difficilement. J’ai des souvenirs si limpides de Jimmy, Patrick, Sylvain et France qui suscitaient des réactions d’impuissance chez le personnel enseignant de mon école primaire. Il apparaissait totalement démuni face aux enjeux d’apprentissages et de comportements de ces élèves. 

J’ai également des souvenirs précis de mes oncles et tantes qui revenaient de missions (en Afrique, au Pérou et en Haïti) où ils dénonçaient vivement les iniquités dans l’accès aux nouveaux savoirs pour soigner et soutenir les populations fragilisées de ces pays. 

Ces souvenirs ont sûrement orienté mon parcours d’étudiante en adaptation scolaire et sociale où j’étais profondément animée par une quête d’apprentissage sur les stratégies optimales pour démocratiser l’accès à toutes formes de savoirs.  

J’ai ensuite développé mon expertise en partage des savoirs et en « science d’implantation » pendant la quinzaine d’années où j’ai œuvré dans le réseau de la santé et services sociaux comme gestionnaire de projets. On pourrait parler ici d’une autre forme de transmission, soit de faire passer de savoirs de recherche auprès de ceux et celles qui développent des politiques publiques. Avec le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), j’ai eu et j’ai toujours l’occasion de contribuer par mon expertise au pilotage des projets nationaux visant à implanter des bonnes pratiques, issues de recherches, dans l’ensemble du réseau. 

Comment contribuez-vous à l’évolution des pratiques de transmission et de partage des savoirs de recherche?

Les savoirs sur les pratiques de transmission ont beaucoup évolué depuis 20 ans. Plusieurs recherches ont démontré, par exemple, l’inefficacité des pratiques qui sont davantage passives et unidirectionnelles.  

Bien que le discours sur l’importance de publier des articles scientifiques dans des revues à haut facteur d'impact soit encore véhiculé avec véhémence, de plus en plus d’organismes subventionnaires et d’universités encouragent les chercheurs à s’investir dans des pratiques de partage des savoirs plus interactives afin de contribuer plus activement aux politiques, aux décisions et aux pratiques dans toutes les sphères de la société. 

Toutefois, il reste encore beaucoup à faire et je le constate lorsque je siège sur des comités d’évaluation d’organismes subventionnaires. Les plans de partages des savoirs de certaines demandes de subvention sont encore assez classiques en proposant essentiellement des publications et des communications scientifiques. Une formation des chercheurs sur le partage des savoirs dans le cursus doctoral est un geste simple qui peut avoir beaucoup d’impact. 

J’ai eu ce plaisir de former de futurs professeurs chercheurs au moment leur formation doctorale, par le biais d’un cours que j’ai élaboré soit le « EFD931 – École d’été en transfert de connaissances » destiné aux doctorants et postdoctorants de l’Université de Sherbrooke. Leur intérêt pour le sujet est manifeste. 

J’ai aussi contribué à l’élaboration d’une formation gratuite en ligne avec mes partenaires de l’équipe RENARD :  https://catalogue.edulib.org/fr/cours/umontreal-renard101/

Enfin, avec mon équipe nous venons de terminer la rédaction d’une collection de quatre guides et outils intitulée « Soutien à l’implantation de pratiques prometteuses et au transfert de connaissances dans le réseau de la santé et des services sociaux ». Ces guides ministériels, rédigés à la demande du MSSS, visent à faciliter le partage des savoirs dans le réseau de la santé et des services sociaux dans le cadre de projets d’envergure. 


  • Julie Lane
    Université de Sherbrooke

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