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Clémence Cireau, Stagiaire en journalisme scientifique
Avec le Plan Nord, des mines seront installées dans des environnements extrêmes. La restauration de ces sites posera alors de nouveaux défis.

 

9 mai 2012, 80e Congrès de l'Acfas – Pour Bruno Bussière, professeur titulaire adjoint de la Chaire industrielle CRSNG Polytechnique-UQAT en environnement et gestion des rejets miniers, le principal défi de la restauration des mines est celui de la stabilité physique et chimique des résidus. Or, la position d’une mine dans le Grand Nord peut finalement tourner à son avantage.

La température très basse a des effets sur les matériaux. Elle ralentit les réactions chimiques dangereuses pour la stabilité des résidus. « Si l’eau est gelée, il n’y a pas de transport de contaminants. Quand la température est froide, la réaction est ralentie », explique Bruno Bussière, ajoutant cependant que « le problème n’est pas inexistant. Si deux mois dans l’année sont chauds, l’oxydation commence ».

Tout comme pour les mines du sud, il faudra donc isoler physiquement les résidus. Et dans ce cas, la logistique est plus compliquée dans le Grand Nord. « Les entreprises sont obligées de creuser des carrières, de concasser elles-mêmes leurs matériaux », explique Bruno Bussière, co-organisateur du colloque Principaux défis associés à la restauration des sites miniers. Elles doivent également acheminer leur mazout et produire de l’électricité sur place pour pouvoir faire fonctionner leurs machines. Cela ne simplifie pas le travail, selon le chercheur qui est aussi titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la restauration des sites miniers abandonnés.

Stéphane Robert, qui travaille pour les mines Agnico-Eagle, pense aussi que les conditions extrêmes de l’Arctique offrent de nouvelles possibilités de restauration. Il a raconté comment, dans la mine de Meadowbank, au Nunavut, on enterre les résidus stériles à plus de quatre mètres afin qu’ils soient gelés.

 

Bruno Bussière met cependant en garde contre les effets du changement climatique. « Il ne faut pas oublier que la restauration, c’est pour des centaines d’années. Il faut que ce soit viable à long terme. Mais que ce passera-t-il si les sols se réchauffent ou si le pergélisol disparaît? À quel point accepte-t-on ces risques? »

Ces risques sont encadrés par la loi des mines. Elle oblige les entreprises à déposer un plan de restauration et de mettre un pourcentage de leur profit de côté pour payer les frais engendrés. Cependant, dans le cas où l’entreprise fait faillite, c’est le gouvernement qui se retrouve à assumer la restauration, aux frais du contribuable. « La faillite est assez rare, ce n’est pas la norme », nuance Bruno Bussière. Il espère qu’avec la nouvelle loi, cela ne se reproduira pas. Ce projet de loi exigerait que l’entreprise minière paye 100 % de la somme nécessaire à la restauration dès les trois premières années de l’exploitation. « Mais ce projet de loi est toujours en discussion, cela fait deux ans que cela traine. S’il y a des élections encore une fois, cela peut retomber ».

Va pour les nouveaux projets… Mais le gros défi, c’est la restauration des vieilles mines. « Il faudrait avoir la technologie permettant de restaurer le type de gisement qui est déjà en exploitation », explique Jean-François Doyon, qui travaille lui aussi chez Agnico-Eagle. « On est obligé de guérir plutôt que de prévenir. C’est très difficile », confirme Bruno Bussière. « C’est pour cela qu’il est très important d’investir dans la recherche et développement », pense Jean-François Doyon.

Les mines dans le Grand Nord sont, la plupart, encore en période d’étude. « Il faut exploiter les futures mines en fonction de la restauration. C’est un changement de mentalité », conclut Bruno Bussière.


  • Clémence Cireau
    Stagiaire en journalisme scientifique

    Clémence Cireau part durant sa dernière année de licence en information et communication à l’Université de Bordeaux, en échange au Québec. Elle y réalise alors une maîtrise en journalisme scientifique à l’Université Laval. Elle a travaillé pendant deux ans à la Chaire de journalisme scientifique de l’Université Laval. Désormais, elle écrit des articles en journalisme scientifique, en parallèle de son poste d’adjointe de direction au sein du magazine Médecine Sciences Amérique.

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