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Mariama Diallo, Journaliste
"L’hydrogel a l’avantage de s’adapter à son lieu d’injection. C’est comme une pâte à biscuit; il prend la forme du moule". Cette propriété assure un traitement ciblé et efficace des pathologies, car les molécules thérapeutiques sont libérées et conservées à proximité de la cible.

84e Congrès de l'Acfas - 2016
Colloque 111 - Approches multidisciplinaires pour les médicaments de demainCommunication : Transport et libération de médicaments en utilisant des hydrogels

L’année 2016 serait-elle celle du biogel? En janvier dernier, un gel contre le cancer a fait la une des médias;  aujourd’hui c’est pour lutter contre l’athérosclérose que la chercheuse postdoctorante du Laboratoire d’innovation et d’analyse de bioperformance (LIAB)  de Polytechnique Montréal, Dr Naziha Chirani, sous la direction du Pr. L’hocine Yahia et Dr. Sarkis Yeretsian, s’intéresse à leurs prometteuses propriétés.

 

Le biomatériau mis au point par Naziha Chirani est un biogel injectable constitué à 80% d’eau - un hydrogel. Liquide à température ambiante, aux alentours de 25° Celsius, le composé devient solide à 37° Celsius, la température du corps humain : « L’hydrogel a l’avantage de s’adapter à son lieu d’injection. C’est comme une pâte à biscuit; il prend la forme du moule ».

Cette propriété assure un traitement ciblé et efficace des pathologies, car les molécules thérapeutiques sont libérées et conservées à proximité de la cible. « Quand le principe actif s’épuise, le produit se dégrade et s’élimine naturellement dans le corps », souligne Naziha Chirani.  

L’hydrogel de la chercheuse contient aussi une molécule de synthèse obtenue à partir de la chitine des carapaces de crustacés, le chitosane. Il attaque les plaques d’athéromes, dépôt graisseux à l’origine de l’obstruction des artères chez les personnes atteintes d’athérosclérose. « Le chitosane est biodégradable et compatible avec une utilisation chez l’homme », explique la chercheuse. « La molécule se lie avec les acides gras, les lipides, en partie responsable des plaques ».

De solides liaisons chimiques se forment alors entre les deux molécules: « Le chitosane peut fixer jusqu’à 15 fois son poids en lipides » souligne Naziha Chirani.  Le complexe résiste aux processus métaboliques habituels du corps humain. Il s’élimine par voies naturelles : « Cela évite l’absorption des graisses par l’organisme » ajoute la chercheuse.

L’utilisation d’un hydrogel injectable au chitosane augmenterait donc l’efficacité des traitements contre l’athérosclérose : « On éviterait les chirurgies invasives et les risques de complications associées ». C’est aussi moins de stress, et un séjour à l’hôpital plus court : « Le patient pourrait rentrer chez lui peu de temps après l’injection de l’hydrogel. Pour l’assurance maladie, cela représenterait d’importantes économies». L’athérosclérose est la première cause de mortalité au monde selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Si les tests sur les humains s’avèrent concluants, l’hydrogel pourrait soigner d’autres pathologies, comme le diabète, ou faciliter la régénération cellulaire. Mais il reste encore plusieurs étapes à franchir. « La technologie est au point. Il faut maintenant tester l’hydrogel in vitro en laboratoire, puis in vivo sur des animaux ». Encore quelques années donc avant de pouvoir traiter l’athérosclérose par l’hydrogel.

L’utilisation d’hydrogels soulève aussi certaines problématiques. « Le gel peut générer des effets secondaires selon sa composition » souligne Naziha Chirani. « Il est important de faire des tests de toxicité, biocompatibilité et biodégradabilité ». Des études cliniques plus approfondies déterminerons si le gel issu des travaux de la chercheuse est sécuritaire: « Pour le moment, on est encore au début. Mais nos premiers résultats sont prometteurs », estime Naziha Chirani.

Plusieurs traitements utilisent déjà des hydrogels ou des biogels, sous forme de pansements ou de médicaments.  La technologie a été mise au point dès les années soixante, mais les applications concrètes sont très récentes: « C’est la new fashion du siècle », soutient Naziha Chirani. « Le domaine évolue vite. Après les biogels et les hydrogels,  voilà qu’arrivent les aérogels! L’eau y est remplacée par de l’air ».


  • Mariama Diallo
    Journaliste

    Mariama Diallo est à la fois finissante en journalisme à l’Université de Montréal et étudiante en technique d’analyse biomédicale au Collège Dawson. Après un baccalauréat en biochimie et médecine moléculaire de l’Université de Montréal, elle obtient un certificat en communication appliquée et s’oriente vers le journalisme. Elle réalise des reportages indépendants avec une collègue journaliste pour leur propre chaine YouTube, MWNews, et se prépare à lancer son blogue. Curieuse de nature et passionnée de science et de journalisme, Mariama aime partager ses trouvailles avec le public.

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