Aller au contenu principal
Il y a présentement des items dans votre panier d'achat.
Entretien avec Alain Huot, Université du Québec à Trois-Rivières
[Entretien réalisé par Audrey Groleau, UQTR]

Audrey Groleau : Alain, tu es professeur d’administration de l’éducation, un domaine moins connu des sciences de l’éducation, et somme toute relativement éloigné de la didactique des sciences et de la technologie. Cependant, au moins deux de tes étudiants ont effectué un de leurs stages de recherche en didactique. Que peuvent-ils retirer d’un tel séjour?

Alain Huot : Ce que j'apprécie particulièrement de la didactique des sciences et de la technologie pour la formation de mes étudiants et étudiantes dans un contexte de stage, c’est son approche principalement centrée sur la résolution de problèmes. En administration de l'éducation, les gestionnaires sont souvent confrontés à des problèmes complexes pour lesquels il n'y a pas de réponse unique. Peu importe le domaine, les méthodes de résolution de problèmes demeurent similaires parce qu’elles s’inspirent de la démarche scientifique : définition du problème, collecte et analyse des données, choix d’une solution.

Dans le contexte de ce stage, mes étudiants ont amélioré leurs habiletés, notamment du point de vue de la méthodologie. Ils ont peaufiné leur capacité de recherche documentaire et la structure logique de leur rédaction. Ils ont aussi travaillé d’autres méthodologies que celles identifiées pour leur thèse.

En fait, la « distance » entre l’administration de l’éducation et la didactique des sciences et de la technologie est un atout. Elle vient avec un point de vue différent qui permet de se questionner plus largement sur son objet de thèse.

Ce que j'apprécie particulièrement de la didactique des sciences et de la technologie pour la formation de mes étudiants et étudiantes dans un contexte de stage, c’est son approche principalement centrée sur la résolution de problèmes.

A. G. : Plusieurs de tes étudiants et étudiantes sont codirigés par une ou un collègue didacticien des sciences et de la technologie. Nous avons aussi souvent travaillé et rédigé ensemble, toi et moi. À la lumière de ces collaborations, qu’est-ce que la didactique des sciences et de la technologie a de particulier selon toi?  Et que peut-elle apporter à d’autres disciplines?

A. H. : Je ne sais pas si c’est unique à ton domaine, mais je constate que le travail transdisciplinaire est de plus en plus nécessaire pour évoluer dans le milieu académique. Lorsque je travaille avec une personne en didactique des sciences, je travaille avec quelqu’un qui a nécessairement une spécialité dans plusieurs champs : physique, chimie, biologie, astronomie, etc. J’ai pour ma part été formé aussi dans divers domaines – santé, éducation et administration. Mais naviguer de la sorte entre diverses disciplines est moins commun chez les personnes qui œuvrent en administration de l’éducation. Dans votre domaine, cette circulation fait partie de la culture, c’est en quelque sorte un prérequis. Je crois que cela facilite le travail transdisciplinaire et donc le partage des idées.

A. G. : D’après toi, à l’inverse, qu’est-ce que la didactique des sciences et de la technologie peut retirer de tes travaux en administration de l’éducation et en pédagogie de l’enseignement supérieur?

A. H. : Les travaux en administration de l’éducation traitent souvent d’évènements ou de situations complexes qui comportent des aspects humains, des composantes organisationnelles, mais aussi des dimensions politiques et économiques. On y aborde les effets comme les causes d’un évènement ou d’une situation. En ce sens, je crois qu’un maillage de tous ces aspects gagnerait à être pris en compte plus fréquemment en didactique des sciences et de la technologie, car tout savoir scientifique est un construit qui a sa part de contexte biosociopolitique.

Les apports de la pédagogie de l’enseignement supérieur se situent davantage dans la manière d’enseigner. Je pense à la prise en compte de l’expérience des apprenants, de l’approche réflexive et des bases de l’andragogie. Ces adultes que nous retrouvons à l’université doivent apprendre comment enseigner aux enfants, mais surtout, ils doivent apprendre… La didactique des sciences et de la technologie étudie bien sûr l’enseignement et l’apprentissage, mais elle met somme toutes elle met peu l’accent sur l’apprentissage des adultes, et c’est ici qu’elle peut tirer leçons de la pédagogie de l’enseignement supérieur.

[...] je crois qu’un maillage [des aspects humains, organisationnels, politiques et économiques d'un événement ou d'une situation] gagnerait à être pris en compte plus fréquemment en didactique des sciences et de la technologie, car tout savoir scientifique est un construit qui a sa part de contexte biosociopolitique.


  • Entretien avec Alain Huot
    Université du Québec à Trois-Rivières

    Alain Huot (Ph. D. UQAM) est professeur titulaire en administration de l’éducation à l’UQTR. Il intervient en enseignement supérieur depuis plus de 20 ans. Ses intérêts multiples portent sur l’amélioration continue, l’innovation pédagogique, les processus d’accompagnement, les technologies et le numérique, l'efficacité et l'efficience tant stratégiques qu’opérationnelles de même que la transdisciplinarité en enseignement-gestion-santé. La place du bienêtre dans les rapports humains/organisationnels est au cœur de ses actions. Il est chercheur au GRIDE, au LIRES, au Réverbère ainsi qu'au CRIFPE. Il agit également à titre de président de l’ADERAE et du GRIIP.

    Audrey Groleau est professeure titulaire de didactique des sciences et de la technologie à l'UQTR. Elle est titulaire de la Chaire d’excellence en enseignement UQTR sur l’appropriation de questions technoscientifiques d’actualité. Dans le contexte de ses activités d’enseignement, elle contribue à la formation d’enseignant·es du primaire, du secondaire et d’adaptation scolaire et sociale, mais aussi de chercheur·euses en didactique. Elle détient un baccalauréat en physique et a enseigné cette discipline au collégial.

Vous aimez cet article?

Soutenez l’importance de la recherche en devenant membre de l’Acfas.

Devenir membre Logo de l'Acfas stylisé

Commentaires