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Frédéric Nabki, École de technologie supérieure
Après seulement quelques années d’expérience, et avec un seul projet de recherche au chapitre « entrepreneuriat », je ne peux pas clamer avoir découvert tous les secrets, et j’admets être souvent dépourvu et devoir réagir à des situations peu prévisibles et bien différentes que celles caractérisant ma carrière de chercheur. Cependant tout n’est pas perdu, nos habilités de recherche sont aussi des ressources, car nous sommes formés à faire face à l’inconnu, à adapter nos méthodes à des résultats inattendus et à proposer des solutions novatrices.
F Nabki
Frédéric Nabki. Source : ÉTS

Comment en êtes-vous venu à l’entrepreneuriat?

J’ai étudié en génie électrique à l’université McGill où j’ai complété un baccalauréat et un doctorat dans le domaine de la microélectronique. J’ai ensuite débuté une carrière de professeur à l’UQAM en génie microélectronique, pour ensuite me diriger vers l’École de technologie supérieure en génie électrique.

Mes intérêts de recherche portent sur les microsystèmes électromécaniques et les circuits intégrés. Ce sont en gros des dispositifs de taille microscopique qui ont des fonctions mécaniques et/ou électroniques. Les applications de mes recherches touchent aux circuits de télécommunications sans fil et aux capteurs miniatures incorporés dans les téléphones intelligents par exemple. Et ce, pour exécuter plusieurs fonctions dont la captation des mouvements de votre téléphone se connectant aux différents « objets » : montre, écouteurs, etc.

Comme professeur, j’ai entamé plusieurs projets de recherche dont un en particulier qui, huit ans après mon début de carrière, m’a mené à l’entrepreneuriat. En 2009, avec mon collègue, le professeur Dominic Deslandes, nous avons exploré comment on pouvait améliorer des technologies semblables à Bluetooth pour en rehausser l’efficacité et la performance des liens sans fil de courte portée. Huit ans plus tard, de brevets en subventions, nous décidions d’amener le fruit de notre recherche dans l'espace commercial par l’entremise d’une start-up au sein de Centech, l’incubateur d’entreprises de l’ÉTS. Aujourd’hui, après un peu plus de trois ans, l'équipe de SPARK Microsystems, une trentaine d’employés, s’apprête à lancer son premier produit de connectivité sans fil pour la nouvelle génération d’objets connectés!

Huit ans plus tard, de brevets en subventions, nous décidions d’amener le fruit de notre recherche dans l'espace commercial.

Quels sont les joies, les angoisses, les défis de l’entrepreneur?

L’entrepreneuriat a une image très glamour dans certains cercles, mais j’ai appris très vite que si un réel succès devait arriver, il ne pourrait venir que d’une somme de travail, voire d’une énergie qui s’approche de l’acharnement. Cela transcende tous les défis que j’ai rencontrés jusqu’à présent. En effet, un projet entrepreneurial peut facilement prendre une envergure difficile à cadrer et engloutir sans fin les efforts. Il est facile de s’y perdre ou ne de pas savoir comment gérer le stress ou les inquiétudes nouvelles que l’entrepreneuriat amène. L’entreprise survivra-t-elle à sa prochaine ronde de financement? La recherche sera-t-elle en mesure d’être adaptée au marché commercial assez rapidement et à suffisamment faible coût? Les clients sont-ils prêts à faire confiance à cette nouvelle technologie disruptive mise de l’avant par une toute petite et jeune entreprise? Toutes ces incertitudes m’ont amené à angoisser trop souvent, mais elles furent toujours éclipsées par chaque victoire technologique, entrepreneuriale ou commerciale.

Avec l’aide du Centech, j’ai compris, heureusement plus tôt que plus tard, que mon doctorat ne m’avait pas trop bien préparé à ce défi si différent que celui de la recherche fondamentale ou appliquée. Le défi de l’entrepreneuriat, outre sa nature très « encombrante », est qu’il n’y a pas de méthode assurant la réussite et que le succès ne dépend pas seulement de la compétence, de la rigueur, de la méthode scientifique, etc. Étant d’abord chercheur, cette réalité n’a pas été facile à accepter.

L’entrepreneuriat a une image très glamour dans certains cercles, mais j’ai appris très vite que si un réel succès devait arriver, il ne pourrait venir que d’une somme de travail, voire d’une énergie qui s’approche de l’acharnement. Cela transcende tous les défis que j’ai rencontrés jusqu’à présent.

Quels conseils donneriez-vous à des chercheurs voulant emprunter cette voie?

Après seulement quelques années d’expérience, et avec un seul projet de recherche au chapitre « entrepreneuriat », je ne peux pas clamer avoir découvert tous les secrets et j’admets être souvent dépourvu et de devoir réagir à des situations peu prévisibles et bien différentes que celles caractérisant ma carrière de chercheur. Cependant, nos habilités de recherche sont aussi des ressources, tout n’est pas perdu, car nous sommes formés à faire face à l’inconnu, à adapter nos méthodes à des résultats inattendus et à proposer des solutions novatrices. Ces qualités sont très utiles à la démarche entrepreneuriale. Voici donc quelques modestes conseils qui me viennent à l’esprit pour faciliter votre potentiel projet entrepreneurial :

  • Assurez-vous que votre projet propose une solution à un problème. Les clients seront probablement plus intéressés si celui-ci règle un réel problème non résolu. Cela n’est pas si évident, car nous nous perdons souvent dans l’élégance de notre technologie ou dans ses qualités uniques sans instinctivement songer à sa valeur aux yeux d’un client qui veut fondamentalement toujours régler un problème.
  • Démarchez un brevet avant la publication de votre recherche. Cela va souvent à l’encontre du réflexe des chercheurs qui sont jugés avant tout par leurs publications. Breveter avant de publier est souvent critique si une recherche possède un potentiel entrepreneurial, car ultimement dans plusieurs domaines, la valeur de la recherche passe par les brevets qui la protègent.
  • Développez votre réseau de contacts et entourez-vous de personnes complémentaires à vos expertises. Votre réseau pourrait faire la différence entre un succès ou un échec, peu importe la valeur de votre technologie.
  • Souvent ce seront des gens d’affaires que vous voudrez interpeler, car les contacts hors du domaine académique ou de la recherche pourraient mieux vous complémenter et représenter plus de valeur pour vous.
  • Attention de ne pas « perdre » votre temps avec des clients qui ne veulent pas se commettre et demandent d’en voir toujours plus avant de signer!
  • Il n'y a pas de voie universelle pour commercialiser votre technologie, ni de recette miracle, donc place à l’audace et à la créativité.

Il n'y a pas de voie universelle pour commercialiser votre technologie, ni de recette miracle, donc place à l’audace et à la créativité.


  • Frédéric Nabki
    École de technologie supérieure

    Frédéric Nabki est professeur titulaire en génie électrique à l’École de technologie supérieure. Son expertise de recherche est dans le domaine de la microélectronique et des microsystèmes électromécaniques touchant à l’internet des objets et aux systèmes cyber-physiques. Frédéric est également cofondateur de la jeune startup en semi-conducteurs SPARK Microsystems (sparkmicro.com) qui a pour mission de pousser plus loin les technologies sans-fil de courte portée pour en réduire la consommation énergétique et en améliorer la performance. De plus, ses innovations de recherche sont à la base de deux autres entreprises technologiques en démarrage à Montréal dans le domaines des microsystèmes optiques et mécaniques : Aeponyx (aeponyx.com) et MEMS Vision (mems-vision.com).

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