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Alexandre Schiele, Université hébraïque de Jérusalem

Le tournant pseudoscientifique qui a véritablement commencé sur les chaînes de télévision américaines au cours des années 1970 s’articule aussi à une transformation de la mise en spectacle du scientifique dans ces émissions. Jusqu’alors, le média s’effaçait devant l’autorité du scientifique, installé au centre du dispositif. À présent, le scientifique est assujetti à des performances scénarisées, dont il ne maîtrise ni les règles ni le script d’ensemble. Il est mobilisé par le dispositif de l’émission.

In search of
Affiches de la série In Search Of. La première version de la série « documentaire » a été animée entre 1977 et 1982 par Leonard Nimoy, le Dr Spock de la série télévisée de science-fiction Star Trek. L'émission pseudoscientifique In Search Of a remporté un très grand succès dans sa première version. La deuxième série a débuté en 2018, et elle est animée par Zachary Quinto, l'acteur qui a personnifié le jeune Dr Spock dans la série Star Trek destiné au grand écran. Source : imdb.com

La popularité du mouvement anti-vaccination, aux États-Unis comme partout en Occident, est désormais la cause de nouvelles épidémies mortelles causées par des maladies que la médecine avait éradiquées1. Dans certains états américains, le créationnisme s’insinue dans les cours de science, par obligation légale ou à la suite d’une décision de commissions scolaires de présenter les deux points de vue d’un débat, avec la visée de minimiser l’enseignement de l’évolution2. Et, il suffit d’allumer la télévision, et de regarder les chaînes américaines dites scientifiques pour que tout naturellement, comme si cela allait de soi, les extraterrestres, les fantômes, les cryptides et les miracles nous soient présentés comme autant d’objets de recherche légitimes, voire comme des faits scientifiques avérés3Dénigrée et jugée sur le même plan par ceux qui la réfutent, la construction de la preuve scientifique est ainsi réduite à l’expression d’une simple opinion parmi d’autres, voire à une démarche spéculative. Partant, les données scientifiques sur le climat ou le tabac qui contredisent des positions partisanes ou des intérêts économiques sont taxées de « science de pacotille » (junk science), et les scientifiques qui les mettent de l’avant, de « compères » (shills)4. En se faisant l’écho de telles dérives, les médias, souvent complices, confondant détraction et scepticisme, amplifient des controverses fabriquées de toutes pièces tout en contribuant à étendre le voile de doute qui mine la crédibilité de la pensée scientifique. 

La rupture des années 1970

Nos sociétés sont à présent plus technoscientifiques et plus pétries de culture scientifique que jamais. Alors, comment concilier ce fait avec, d’une part, l’ambivalence qu’elles manifestent à l’égard de la science et des scientifiques, et, d’autre part, comme corollaire de cette ambivalence, un questionnement sur l’autorité qui leur était conférée?5 Pour cela, il faut revenir sur les années 1970-1980, marquées par la première vague pseudoscientifique télévisuelle d’après-guerre. 

Jusqu’aux années 1970-80, la pseudoscience était confinée aux marges du discours médiatique ou encore réservée à la fiction. Et bien que quelques émissions y ont fait référence ici et là dans les médias traditionnels, la barrière entre réel et fictif restait largement étanche.

Jusqu’aux années 1970-80, la pseudoscience était confinée aux marges du discours médiatique ou encore réservée à la fiction. Et bien que quelques émissions y ont fait référence ici et là dans les médias traditionnels, la barrière entre réel et fictif restait largement étanche.

Or, le 5 janvier 1973, à une époque où il n’y avait que trois canaux principaux de télévision aux États-Unis (ABC, NBC et CBS), NBC a présenté l’émission In Search of Ancient Astronauts, le premier documentaire pseudoscientifique diffusé par une chaîne de télévision américaine6. Il s’agissait d’une version reformatée, doublée et adaptée pour le public américain d’un documentaire allemand réalisé en 19707 et basé sur Erinnerungen an Die Zukunft (1968)8, que l’on pourrait traduire par Souvenirs du futur. Ce bestseller pseudoscientifique du Suisse Erich von Däniken, soutenait l’hypothèse que les extraterrestres avaient influencé le développement des sociétés humaines durant la Haute Antiquité, à partir d’une relecture des mythes et des textes sacrés à la lumière des possibilités ouvertes par l’ère spatiale. Le succès fut tel que NBC diffusa deux autres documentaires sur le même thème, réalisés spécialement pour un auditoire américain : In Search for Ancient Mysteries, diffusée le 31 janvier 19749, puis The Outer Space Connection présentée en février 197510, avant de donner le feu vert à la réalisation d’une série documentaire, In Search Of…11, abordant des thèmes jugés aux frontières de la science, des fantômes à la magie en passant par le mystère du Triangle des Bermudes et celui du Yéti. Cette série largement diffusée et rediffusée dans le monde entier a inspiré de nombreux imitateurs à capitaliser sur son succès12.

Ces trois documentaires avaient pour narrateur Rod Serling, lequel était aussi pressenti pour présenter In Search Of…, si ce n’est que sa mort prématurée donna sa chance à Leonard Nimoy. Tous deux étaient associés à des séries fantastiques et de science-fiction, des genres alors mineurs; Serling comme narrateur à la voix si distinctive de Twilight Zone (1959-1964) et Nimoy pour son rôle si emblématique de Spock dans Star Trek (1966-1969) –– soulignons en passant que les deux devaient leur célébrité aux rediffusions de ces émissions au cours des années 197013.  Autrement dit, il y a 50 ans déjà, la célébrité primait sur l’expertise et la frontière entre réel et fictif était délibérément estompée. À ceci s’ajoutait le fait que le public était familier des thèmes abordés puisqu’ils revenaient sans cesse dans les comics, les pulps et les séries B depuis des décennies14.  

Les deux documentaires de 1974 et 1975 et In Search Of…  avaient un même producteur : Alan Landsburg. Celui-ci s’était préalablement distingué comme réalisateur de documentaires scientifiques, un genre dont il a contribué à fixer les canons15.  Ainsi, il bénéficiait d’une aura qui nimbait ces émissions de crédibilité. Les propos étaient plausibles, on pouvait les admettre, et les suppositions vraisemblables, on pouvait les considérer comme vraies, mais sans véritablement donner aux téléspectateurs les moyens d’apprécier leur vérité scientifique. 

En un mot, Alan Landsburg brouillait les cartes entre réalité et fiction, entre le monde construit des sciences et les mondes imaginés. Et c’est ce modèle qui, s’étant imposé, fait fortune depuis.

Les années 2010 :  une nouvelle vague de pseudsocience et de conspirationnisme 

La décennie 2010 a été marquée par une explosion des contenus pseudoscientifiques à la télévision américaine. Presque tous les vendredis soirs depuis dix ans aux États-Unis, le canal History assène à plus d’un million de téléspectateurs, qui suivent religieusement cette série, que les extraterrestres ont influencé le développement de la société humaine durant la Haute Antiquité et que cette vérité est activement cachée par les autorités de tout acabit. En 2017, Ancient Aliens était la quatrième émission la plus suivie par les adultes âgés de 18 à 49 ans, alors qu’aucun programme scientifique ne faisait partie des vingt-cinq émissions les plus regardées16. Depuis In Search Of…, animée entre 1977 et 1982 par Leonard Nimoy, aucune émission pseudoscientifique n’avait remporté un tel succès. Or, dès la troisième saison d’Ancient Aliens, l’intervention des extraterrestres n’était plus présentée comme une hypothèse, mais comme un fait avéré. Très rapidement, la répétition ayant ses limites, l’émission a abordé une myriade de sujets tous plus farfelus les uns que les autres, du plus obscur au plus tendance, mais dont « l’évidence indiscutable » des questions soulevées était sanctionnée par la présence des extraterrestres qui agissaient en arrière-plan, aussi ténu et forcé que le lien fût entre le sujet traité et l’explication proposée. Le succès d’Ancient Aliens est tel, que la plupart des canaux ont cherché à capter une part de son public en multipliant les émissions pseudoscientifiques, y compris le Travel Channel17

La décennie 2010 a été marquée par une explosion des contenus pseudoscientifiques à la télévision américaine. Presque tous les vendredis soirs depuis dix ans aux États-Unis, le canal History assène à plus d’un million de téléspectateurs, qui suivent religieusement cette série, que les extraterrestres ont influencé le développement de la société humaine durant la Haute Antiquité et que cette vérité est activement cachée par les autorités de tout acabit.

Le 21 décembre 2012, jour qui devait être marqué par un alignement planétaire catastrophique selon nombre de courants pseudoscientifiques et religieux extrémistes, a été précédé par des mois de battage télévisuel aux messages apocalyptiques18. Le 27 mai 2012, le canal Animal Planet a diffusé un documentaire présentant l’existence des sirènes comme un fait véridique, avec de faux scientifiques interviewés à l’appui, et la dénonciation d’une conspiration du silence, sans même laisser sous-entendre qu’il s’agissait d’un canular (mockumentary), les téléspectateurs se trouvant ipso facto renvoyés à leurs propres convictions. L’année suivante le canal a récidivé, toujours sur le thème des sirènes, provoquant un record d’audience19. Le 4 août 2013, Discovery Channel, dans le cadre de sa série annuelle Shark Week, a diffusé un pseudodocumentaire sur la survie jusqu’à nos jours du mégalodon, un requin géant préhistorique, en reprenant les mêmes tropes que le documentaire sur les sirènes20.  En 2014, le public américain était exposé à plus de cent heures de contenu pseudoscientifique par semaine21.  

En 2014, le public américain était exposé à plus de cent heures de contenu pseudoscientifique par semaine

Depuis, plus de trois millions de téléspectateurs âgés de 18 à 49 ans suivent assidûment chaque nouvel épisode de Curse of Oak Island, une émission de télé-réalité comptant au nombre des programmes les plus regardés du moment22. Le synopsis de l’émission est simple : chercher un trésor réputé enfoui depuis le 18e siècle sur l’île d’Oak en Nouvelle-Écosse et protégé par un système de défense hautement sophistiqué. Ne trouvant rien, les six saisons ont sombré dans l’onirisme : le trésor du Capitaine Kidd, le Graal, l’Arche d’Alliance, une colonie romaine, etc., en donnant à chaque fois la parole à des personnalités plus excentriques les unes que les autres23. Plus récemment, ici au Canada, en janvier 2018, le Canadian Broadcasting Corporation (CBC) a diffusé un documentaire sur l’hypothèse solutréenne, laquelle soutient que les premiers habitants de l’Amérique du Nord étaient des Européens, alors que cette hypothèse est marginale au sein de la communauté scientifique et portée principalement par les milieux racistes blancs qui y voient la consécration scientifique de l’illégitimité des Premières Nations24. Ces émissions de pseudosciences ne sont pas marginales, elles découlent de choix délibérés de programmation parce qu’elles attirent une très large audience.

Le scientifique : sujet scénarisé par les médias

Plus problématique encore est la position des réalisateurs qui ne sont pour la plupart que peu au fait de l’état du débat scientifique et parfois même se refusent consciemment à l’être. Ce sont eux qui accordent un droit de parole à tel ou tel porteur de discours, qui jugent de la pertinence ou non de ses propos, et ainsi lui confèrent une visibilité et une notoriété. Les réalisateurs filtrent, adaptent et ressaisissent les propos des interlocuteurs en fonction des normes du discours médiatique, y compris ses critères de succès et de rentabilité25. Or, rien ne stimule plus l’audimat que la controverse, quitte à la provoquer, et cela d’autant plus que les médias américains ne sont plus astreints depuis 1987 à l’obligation de donner la parole aux acteurs des parties prenantes d’un débat26

Ainsi, le scientifique, à l’instar de tout autre invité, en est réduit au rôle de sujet d’un appareil médiatique, dont il ne maîtrise que rarement les codes. Sa présence et ses propos ne font sens qu’en regard du script de l’émission à laquelle il contribue et qu'il cautionne et légitimise par sa présence à l’écran. Dans les émissions pseudoscientifiques, c’est encore plus flagrant. Souvent même, les interviewés ne savent pas dans quelle émission ni dans quel cadre leurs propos seront utilisés27. Et, les scientifiques qui interviennent à tout propos, émission après émission, saison après saison, et qui le font en toute connaissance de cause, ne se trouvent pas en meilleure position28. Les uns comme les autres servent d’abord le dispositif médiatique. Autrement dit, le scientifique-expert ne jouit plus de l’autorité que les succès de la bombe atomique puis ceux de la course à l’espace lui avaient conférée. Le temps où le scientifique, et plus encore le physicien nucléaire, était invité à s’exprimer sur une large diversité de sujets par des intervieweurs qui s’effaçaient en sa présence est depuis longtemps révolu29. Pour preuve : en 1993, le documentaire pseudoscientifique, The Mystery of the Sphinx, diffusé par NBC, a reçu un prix Emmy, décerné par le monde de la télévision, dans la catégorie nouvelles et documentaires malgré sa condamnation par les milieux universitaires30.

Le cas extrême, à ce jour, est bien entendu la fausse controverse du Climategate en 2009, d’abord concoctée par la frange climatosceptique d’Internet, puis reformulée par des tabloïdes avant de faire la une des grands médias pendant plusieurs semaines. Dès lors soumis à un barrage d’insultes et d’attaques, les climatologues ont été assignés par les médias à se justifier devant l’opinion publique. Le Climategate, ultimement, a contribué à l’échec du Sommet des Nations Unies pour le Climat de Copenhague, et telle en était l’intention première31.  

Aujourd’hui, ce pipeline qui va des marges d’Internet aux médias traditionnels, largement catalysé par le phénomène du clickbait – les revenus publicitaires étant liés au nombre de clics – amplifie et légitime la présence des discours pseudoscientifiques dans la sphère publique32.

Scolarisation et pseudoscience : pas de corrélation

Depuis 2016, l’Université Chapman aux États-Unis conduit des études sur les croyances des Américains. Selon le dernier sondage paru 2018, 58% croyaient aux fantômes, 57% à l’existence d’une civilisation de haute technologie dans la plus haute antiquité, 41% que les extraterrestres avaient influencé le développement des sociétés humaines, 35% que les extraterrestres sont parmi nous, 26% qu’il est possible de déplacer les objets par la force de l’esprit, 21% à l’existence de Bigfoot, et 17% aux médiums et diseurs de bonne aventure. Si un quart des Américains déclarent « ne croire en rien », plus de 60% se reconnaissent dans « plusieurs croyances ». Plus significatif encore, la proportion, toutes catégories confondues, de ceux qui déclarent « plusieurs croyances » est en augmentation. Deux autres catégories sont en progression rapide, avec des hausses de près de 15% et plus : la croyance en l’existence de civilisations de haute technologie dans la plus haute antiquité, et la croyance que les extraterrestres ont influencé le développement des sociétés humaines33. Autrement dit, la pseudohistoire s’allie à la pseudoscience dans l’esprit de beaucoup.

Faut-il en déduire qu’une large part de la population est inculte et qu’elle manquera de jugement critique tant et aussi longtemps qu’elle n’aura pas assimilé les rudiments d’une approche scientifique que jusqu’à présent seule une formation scolaire a été en mesure de conférer34? Dans les sociétés membres de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), dont les États-Unis, le Québec et le Canada, comptent parmi les plus riches, les plus libres et les plus scolarisées, la très grande majorité, des adultes y ont fait des études secondaires (79 %), un nombre toujours plus important d’entre eux détient aujourd’hui un diplôme universitaire (37 %), et ce pourcentage grimpe à 44 % pour la tranche des 25-34 ans. Et cette proportion tend à augmenter d’une génération à l’autre. Aux États-Unis, la répartition est de 91%, 46% et 48%. Au Canada, les proportions sont encore plus élevées avec 91%, 57%, et 61 %35.  

Ces résultats montrent qu’associer population inculte et pseudoscience est trompeur : un trope qui dispense d’appréhender le problème de l’actualité des pseudosciences dans toute sa complexité. Il est trop facile de continuer à parler des « délires populaires extraordinaires et [de] la folie des foules » comme pouvait le faire un Charles McKay en 184136, ou de « modes » et de « crédulité humaine », comme les dénonçaient un Martin Gardner en 195737. Or, n’est-ce pas ce que fait Michael Shermer, président de la Skeptics Society et principale figure du mouvement de démystification aux États-Unis, en posant en 1997 la question suivante : « Pourquoi les gens croient-ils en des bizarreries ? »38 Force est d’admettre qu’il n’y a pas de corrélation entre le degré de scolarisation et la prévalence des pseudosciences dans le discours social. 

 Force est d’admettre qu’il n’y a pas de corrélation entre le degré de scolarisation et la prévalence des pseudosciences dans le discours social. 

La pseudoscience, enjeu de communication

Rares sont ceux qui acceptent d’engager un dialogue avec la pseudoscience, mais ceux qui le font se contentent pour la plupart de dénoncer, contredire voire de ridiculiser les affirmations qu’ils jugent pseudoscientifiques, sans éprouver le besoin de justifier le jugement qu’ils portent sur ces affirmations39. Par exemple, Martin Gardner40 , fort de son autorité de mathématicien, balayait du revers de la main les rapports Kinsey sur la sexualité humaine (1948; 195341), probablement parce qu’ils contredisaient la morale dominante, alors que les chercheurs qui ont conduit ces recherches sont aujourd’hui considérés aujourd’hui des pionniers de la sexologie. Engager un dialogue avec la pseudoscience est un exercice de longue haleine, complexe et prenant, rarement gratifiant, auquel peu s’adonnent42. Aussi, la très grande majorité des scientifiques se contente d’ignorer la pseudoscience. De manière générale, le terme sert souvent à qualifier péjorativement des propos plutôt qu’à l’appréhender comme catégorie de discours en circulation dans la société et du coup comme fait social.

Or, afin d’affronter le défi que constitue la montée de la pensée pseudoscientifique, il faut l’aborder tant dans sa genèse que dans son affirmation actuelle, en les considérant comme deux moments distincts. Souvent, les termes d’antiscience et de pseudoscience sont utilisés de manière interchangeable alors qu’ils revêtent des significations distinctes tout en se recoupant43. Science, antiscience et pseudoscience émergent conjointement et se définissent réciproquement. Autrement dit, c’est par rapport à la conception de ce qu’est la science que celles d’antiscience et de pseudoscience doivent être dérivées44.

La science est un système à cinq dimensions : 

  1. un postulat ontologique fondé sur le rejet des explications ou justifications faisant appel à la tradition, au sens commun et aux forces surnaturelles; 
  2. une méthode fondée sur l’énonciation d’hypothèses falsifiables posant les conditions de leur falsification, et dont les résultats sont obtenus et interprétés à la lumière de ces conditions et soumis au jugement des pairs; 
  3. un ensemble de connaissances établi par le consensus de la communauté scientifique et constitué à la fois d’observations obtenues et reproductibles par l’application de cette méthode, et de théories qui permettent non seulement d’expliquer les faits observés ainsi que leur agencement, mais aussi de prédire de nouvelles observations en précisant les conditions de ces observations; 
  4. une institution structurée autour de règles, de procédures et d’acteurs gouvernant à la fois la sélection et les relations des acteurs qui la composent et l’évaluation de leurs recherches et publications dans toutes leurs dimensions scientifiques; 
  5. une construction sociale qui se veut toujours la plus aboutie bien qu’elle soit en développement constant, mais graduel, et dont la forme qu’elle revêt à chaque moment donné ne peut être que transitoire45.

Stricto sensu, une position qui rejette toutes ces dimensions est indiscutablement antiscientifique. Une telle position est aujourd’hui marginale, bien qu’elle fut historiquement la première réaction au défi posé par la rationalité scientifique émergente. Ainsi, antiscience et science constituent les deux pôles d’un continuum. Ce n’est qu’en pensant en termes de continuum, par exemple, que la physique théorique avec ses modèles mathématiques cohérents et falsifiables, mais qui ne peuvent être encore soumis à l’expérience ou que les théories établies, mais sans applications pratiques immédiates conservent toute leur légitimé scientifique46. Les pseudosciences, par contraste avec l’antiscience et la science, prétendent à la scientificité et en miment le processus, sans être scientifique, en recourant à un jargon dérivé du langage scientifique, à la non-falsifiabilité des hypothèses, à la non-reproductibilité des conclusions et à l’imitation des règles institutionnelle de la science (ex. homéopathie, dessein intelligent, etc.). Elles mettent en scène un simulacre du dispositif scientifique qui n’en manipule que les signes.

Les pseudosciences, par contraste avec l’antiscience et la science, prétendent à la scientificité et en miment le processus, sans être scientifique, en recourant à un jargon dérivé du langage scientifique, à la non-falsifiabilité des hypothèses, à la non-reproductibilité des conclusions et à l’imitation des règles institutionnelle de la science (ex. homéopathie, dessein intelligent, etc.). Elles mettent en scène un simulacre du dispositif scientifique qui n’en manipule que les signes.

Paradoxalement, la marginalisation de l’antiscience et le défi posé par les pseudosciences témoignent de la légitimité acquise par la science et de sa centralité dans le projet social contemporaine. Comme l’a analysé Gardner, le pseudoscientifique, malgré sa grande ignorance de la science et du champ dans lequel il cherche à s’insérer, ne rejette pas l’autorité de la science ou de la communauté scientifique, mais celle de ceux qui le critiquent, tout en se plaisant à se comparer aux grandes figures scientifiques naguère persécutées, mais aujourd’hui honorées. Autrement dit, il aspire plutôt à la reconnaissance de la communauté scientifique47. Ne trouvant pas d’écho au sein de cette communauté, il recherche alors l’approbation du grand public. Or, l’enjeu n’est pas celui de l’existence de quelques figures excentriques, mais de la prévalence non seulement continue, mais accrue des pseudosciences dans nos sociétés de haute culture scientifique.

Il faut préciser qu’en s’adressant directement au grand public, le pseudoscientifique se fait communicateur. En fait, la plupart de ceux qui sont qualifiés péjorativement de pseudoscientifiques sont d’abord et avant tout des communicateurs pseudoscientifiques. De même, un scientifique qui s’adonne à des activités de vulgarisation, ou s’y consacre entièrement – comme Fernand Seguin hier, qui, bien que biologiste de formation, a consacré toute sa carrière à la vulgarisation – cesse d’être un scientifique dans le cadre de ces activités, et ce d’autant plus qu’il est astreint aux conditions et aux règles de production du dispositif médiatique. De plus, la plupart des personnes taxées de pseudoscientifiques ne prétendent pas être des spécialistes de quoi ce soit. 

De manière générale, le premier contact du public avec la pseudoscience résulte de la visibilité et de la portée que lui donnent les médias traditionnels. Ainsi, la question de la prévalence des pseudosciences est inséparable de celle de la prégnance des médias aujourd’hui.

De manière générale, le premier contact du public avec la pseudoscience résulte de la visibilité et de la portée que lui donnent les médias traditionnels. Ainsi, la question de la prévalence des pseudosciences est inséparable de celle de la prégnance des médias aujourd’hui.

Conclusion

Les technosciences se sont imposées comme acteurs de transformation de la société, et leur impact est aujourd’hui plus déterminant que jamais. La dernière décennie, tout particulièrement, a été marquée par une accélération de l’intégration des technologies de communication de grande consommation et, en parallèle, par une accélération de la pénétration des pseudosciences dans toutes les sphères de la société. Si au 19e siècle, et même au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la persistance des croyances et des superstitions pouvait être imputée à une sous-scolarisation endémique, aujourd’hui la situation s’est inversée : les sociétés contemporaines ont toutes fait de l’accès à l’éducation une priorité. C’est pourquoi continuer à prétexter d’un déficit de connaissances scientifiques, pour expliquer la progression des pseudosciences, comme trop le font encore, témoigne d’une méconnaissance de cette nouvelle conjoncture. Mais surtout, une telle explication occulte plus qu’elle n’éclaire la réalité de la progression des pseudosciences malgré l’élévation du degré de scolarisation des populations. Tout porte à penser que ce mouvement à quelque chose à voir avec l’autonomisation de la sphère médiatique48, elle-même dynamisée par les avancées technoscientifiques49.

Ces dernières années ont été marquées par une explosion de séries et de documentaires à prétention scientifique, par exemple, America Unearthed, Decoded, Forbidden History, Search for the Lost Giants…. Or, les médias estompent délibérément la démarcation entre pseudoscience et science par le recours à une même formule médiatique qui joue sur la vraisemblance pour mieux laisser anticiper le probable. L’illustration la plus nette est la diffusion délibérée de canulars par ces chaînes de télévision, lesquels intercalés entre les véritables documentaires scientifiques se donnent à première vue comme tels dans la programmation. Ces canulars sont régulièrement dénoncés par les experts. Cependant, le public, aussi scolarisé soit-il, mais non expert du domaine, est confronté à la difficulté de discerner le probable de l'improbable. De plus, la critique des scientifiques, aussi rare soit-elle, car peu, pour le souligner à nouveau, se risquent à se confronter au discours des pseudosciences, ne se voit pas accorder la même visibilité. Le fait que les médias américains, les États-Unis étant une des sources principales de documentaires et de séries pseudoscientifiques, ne soient plus astreints à présenter une couverture équilibrée renforce cette marginalisation.

Le tournant pseudoscientifique qui a véritablement commencé sur les chaînes de télévision américaines au cours des années 1970 s’articule aussi à une transformation de la mise en spectacle du scientifique dans ces émissions. Jusqu’alors, le média s’effaçait devant l’autorité du scientifique, installé au centre du dispositif. À présent, il est assujetti à des performances scénarisées, dont il ne maîtrise ni les règles ni le script d’ensemble. Il est mobilisé par le dispositif de l’émission. De plus, dans le souci de maximiser l’audience, visée non négligeable de ces émissions, la visibilité médiatique des intervenants l’emporte souvent sur l’expertise à laquelle on devrait naturellement être en droit de s’attendre. D’où le recours fréquent à des célébrités, pour animer ces émissions. À l’origine, ils étaient recrutés dans les genres alors mineurs qu’étaient le fantastique et la science-fiction. Ces choix ont aussi contribué à brouiller la frontière entre le réel et le fictif.

Enfin, on ne peut donc s’empêcher d’établir un parallèle avec le phénomène des fake news et la montée des extrémismes de toutes sortes. En fait, on peut envisager qu’une même dynamique est à l’œuvre : une prolifération d’informations où le vrai, l’erroné ou le fallacieux s’entremêlent tout en échappant aux filtres traditionnels (sources réduites, portiers (gatekeepers), consommation en groupe, interactions physiques…50), et qui sont diffusées et propagées par toute une diversité de canaux : télévision, Internet, médias sociaux… Dès lors, ces informations deviennent disponibles pour tout agent ou toute organisation susceptible d’en tirer parti. Mais surtout, elles restent ouvertes à l’interprétation que tout un chacun voudra bien en faire. Dans l’univers médiatique numérique, les informations qu’elles soient confirmées, déformées, erronées ou même mensongères, sont sans cesse relayées et réactivées et constamment maintenues en circulation. Aussi, dans ce palais des glaces, illusion et réalité coexistent simultanément, et chaque bribe d’information, en renvoyant sans cesse à d’autres qui la conforte, devient un hyperlien qui fait courir à chacun le risque d’un enferment dans une caisse de résonance51
 

  • 1 BENECKE, O, et DEYOUNG, S. E. (2019), “Anti-Vaccine Decision-Making and Measles Resurgence in the United States” in Global Pediatric Health, Vol. 6.
  • 2 TAYLORS, J. E. (2017), “30 Years After Edwards v. Aguillard: Why Creationism Lingers in Public Schools” in The Conversation, 24 June.
  • 3 PROTHERO, D (2012), “Science TV ‘Network Decay’” in Skepticblog, 25 January, <https://www.skepticblog.org/2012/01/25/science-tv-sell-out/&gt; (Le 16/11/2019).
  • 4 ORESKES, N. et CONWAY, E. M. (2010), Merchants of Doubts: How a Handful of Scientists Obscured the Truth on Issues from Tobacco Smoke to Global Warming, London: Bloomsbury Press.
  • 5 BAUER, M. W., PANSEGRAU, P., SHUKLA, R. (2019), The Cultural Authority of Science, Abington, New York : Routledge.
  • 6 In Search of Ancient Aliens, Dirigé par Harald Reinl. Los Angeles: Alan Landsburg Productions, 1973.
  • 7 Erinnerungen An Die Zukunft, Dirigé pa Harald Reinl. Berlin: Terra Film, 1970.
  • 8 VON DÄNIKEN, E. (1968), Erinnerungen an die Zukunft, Düsseldorf: Econ-Verlag.
  • 9 In Search of Ancient Mysteries, Dirigé par Fred Warshofsky. Los Angeles: Alan Landsburg Productions, 1974.
  • 10 The Outer Space Connection, Dirigé par Fred Warshofsky. Los Angeles: Alan Landsburg Productions, 1975.
  • 11 In Search Of…, Créé par Alan Landsburg. Los Angeles: Alan Landsburg Productions, 1977-1982.
  • 12 Anonymous (2019), Paranormal Documentaries from the 1970s, IMDb, August, <https://www.imdb.com/list/ls048487992/&gt; (Le 20/11/2019).
  • 13 BEELER, S. (2010), “The Twilight Zone (CBS, 1959-1964)” in ABBOTT, S. (Eds.), The Cult TV Book, London & New York: I.B. Tauris, p. 55-58; GERAGHTY, L. (2010), “The Star Trek Franchise” in in ABBOTT, S. (Eds.), The Cult TV Book, London & New York: I.B. Tauris, p. 131-134.
  • 14 STOCZKOWSKI, V. (1999), Des hommes, des dieux et des extraterrestres, Paris : Flammarion.
  • 15 COLKER, D. (2014), “Alan Landsburg dies at 81; Emmy-winning producer and leading horseman” in Los Angeles Times, 20 August.
  • 16 WELCH, A. (2017), « Friday Cable Ratings: ‘Ancient Aliens’ Ticks Up, ‘Bill Maher’ Takes A Hit » in TV By The Numbers, 5 June, <https://tvbythenumbers.zap2it.com/daily-ratings/friday-cable-ratings-ju…; (Le 16/11/2019).
  • 17 Expedition Unknown, dont l’émission inaugurale a eu lieu en janvier 2015, en est à présent à sa septième saison. Son succès a amené ses producteurs à le diffuser sur Discovery channel à partir de la cinquième saison.
  • 18 PFEIFFER, J. (2012), “Mayan 2012 Apocalypse TV programming” in Channel Guide, 6 December, <https://www.channelguidemag.com/tv-news/2012/11/30/mayan-2012-apocalyps…; (Le 16/11/2019).
  • 19 DE MORALES, L. (2013), “Animal Planet Clocks Biggest Audience In Network History With Mermaid Documentary” in Washington Post, 28 May.
  • 20 YAHR, E. (2018), “A Fake Shark Week Documentary About Megalodons Caused Controversy. Why Is Discovery Bringing It Up Again?” in Washington Post, 26 July.
  • 21 COLAVITO, J. (2015), Foundations of Atlantis, Ancients Astronauts and Other Alternative Pasts: 148 Documents Cited by Writers of Fringe History, Translated with Annotations, Jefferson, North Carolina: McFarland & Company.
  • 22 REJENT, J. (2019), “Tuesday Cable Ratings : ‘The Curse of Oak Island’ Rules the Night, ‘The Misery Index’ Rises” in TV By The Numbers, 13 November, <https://tvbythenumbers.zap2it.com/daily-ratings/tuesday-cable-ratings-n…; (Le 16/11/2019).
  • 23 MAHER, S. (2019), “Treasure Hunters Flock To Oak Island, Where No One Has Ever Found Treasure” in Maclean’s, p. 21 August.
  • 24 RAFF, J. (2018), “Rejecting The Solutrean Hypothesis: The First Peoples In The Americas Were Not From Europe” in The Guardian, 21 February.
  • 25 BOURDIEU, P. (1996), Sur la télévision, Paris : Raisons d’agir.
  • 26 In re Complaint of Syracuse Peach Council against Television Station WTVH Syracuse, New York, 2 FCC Rcd 5043 (1987).
  • 27 BABOU, I. (2004), Le cerveau vu par la télévision, Paris : PUF.
  • 28 La question des scientifiques dits « médiatiques » est trop connue pour qu’il soit utile d’y revenir.
  • 29 BABOU, I., op. cit.
  • 30 ASSOCIATED PRESS (1992), “Scholars Dispute Claim That Sphinx Is Much Older” in The New York Times, 9 February.
  • 31 MCKIE, R. (2019), “Climategate 10 Years On : What Lessons Have We Learned?” in The Guardian, 9 November.
  • 32 COLAVITO, J. (2019), From Russia With Love : How Old Fringe Claims About Bible’ Mysteries’ Became A Global Media Sensation, jasoncolavito.com, <http://www.jasoncolavito.com/blog/from-russia-with-love-how-old-fringe-…; (Le 16/11/2019).
  • 33 CHAPMAN UNIVERSITY (2018), Survey of American Fears: Paranormal America 2018, <https://blogs.chapman.edu/wilkinson/2018/10/16/paranormal-america-2018/…; (Le 16/11/2019).
  • 34 Pour le rappeler, nous devons à Bachelard la notion de coupure épistémologique qui marque pour quiconque le moment de rupture entre le sens commun et la pensée scientifique. BACHELARD, G. (1938), La formation de l’esprit scientifique : Contribution à une psychanalyse de la connaissance objective, Paris : Vrin.
  • 35 NATIONAL CENTER FOR EDUCATION STATISTICS (2019), The Condition of Education 2019, <https://nces.ed.gov/pubs2019/2019144.pdf&gt; (Le 16/11/2019).
  • 36 MACKAY, C. (1841), Extraordinary Popular Delusions and the Madness of Crowds, London: Richard Bentley.
  • 37 GARDNER, M. (1957), Fads and Fallicies in the Name of Science: The Curious Theories of Modern Pseudoscientists and The Strange, Amusing and Alarming Cults that Surround Them. A Study of Human Gullibility, Mineola, New York: Dover.
  • 38 SHERMER, M. (1997), Why People Believe Weird Things?, New York: Henry Holt.
  • 39 Par exemple: SWITEK, B. (2013), It Came From Basic Cable in National Geographic, 9 August, <https://www.nationalgeographic.com/science/phenomena/2013/08/09/it-came…; (Le 16/11/2019).
  • 40 GARDNER, M. op. cit., p. 248.
  • 41 KINSEY, A. C., POMEROY, W. B., et MARTIN, C. E. ([1948] 1949), Sexual Behavior in the Human Male, Philadelphia and London: W. B. Saunders Company; KINSEY, A. C., POMEROY, W. B., et MARTIN, C. E. (1953), Sexual Behavior in the Human Female, Philadelphia and London: W. B. Saunders Company.
  • 42 Voir, entre autres, les travaux de Jason Colavito (<http://www.jasoncolavito.com&gt;), d’Andy White (<https://www.andywhiteanthropology.com&gt;), Brian Dunning (<https://skeptoid.com&gt;), et Kenneth Feder (2017), Frauds, Myth, and Mysteries: Science and Pseudoscience in Archeology, 9th Edition, Oxford: Oxford University Press.
  • 43 Par exemple : LAMBERTS, R. et GRANT, W. J. (2016), « Should Scientists Engage With Pseudo-Science Or Anti-Science? » in The Conversation, 25 February. <https://theconversation.com/should-scientists-engage-with-pseudo-scienc…; (Le 16/11/2019).
  • 44 Par exemple, l’alchimie peut être vue comme une protoscience parce qu’elle a rendu possible des découvertes avant l’émergence de la méthode scientifique et de la chimie, qui en est issue. Par contre, parce que l’alchimie continue d’être promue par certains comme champ de recherche parallèle à la chimie, elle devient pseudoscience.
  • 45 Il n’est pas question ici d’entrer dans le débat entre la « science idéale » de Merton et la « science en pratique » de Latour. Ce n’est ni le moment ni le propos. Voir, MERTON, R. K. (1973), The Sociology of Science, Chicago, London : The University of Chicago Press, et LATOUR, B. (1987), Science in Action, Cambridge (Massachusetts) : Harvard and University Press.
  • 46 CASTELVECCHI, D. (2015), “Is String Theory Science?” in Nature 23, December.
  • 47 GARDNER, M., op. cit., p. 12-14.
  • 48 Par autonomisation des médias, on entend le processus par lesquels ils sélectionnent les sujets qu’ils vont aborder, y compris les sujets scientifiques, en fonction de leurs propres règles qui déterminent l’intérêt d’une nouvelle (newsworthiness). C’est pour cela qu’une nouvelle même scientifique retraitée en fonction de ces règles échappe à celles du champ scientifique.
  • 49 On pourrait aussi, dans une réflexion future, examiner l’hypothèse que le « réel » contre-intuitif construit par les sciences aujourd’hui (songeons aux lois de la mécanique quantique) est en rupture avec le monde physique tel qu’il est donné par nos sens. Le monde décrit par les sciences ne correspond plus au monde quotidien dans lequel quiconque évolue. À cela, il faudrait ajouter bien évidemment, la somme de connaissances requises pour maîtriser chaque domaine et appréhender ses conceptualisations et par-là même la validité des modèles élaborés. Dans cet esprit, on pourrait se demander si les pseudosciences par un surprenant retournement ne contribueraient pas à suturer ce qui est disjoint. Les extraterrestres sont tellement présents dans les discours en circulation qu’annoncer leur existence semblerait aller de soi. Et les astrophysiciens ne cherchent-ils pas les exoplanètes qui réunissent les conditions nécessaires à l’apparition de la vie. Pour ce qui est des fantômes, cryptides et autres êtres fantasmagoriques, il s’agit d’une autre histoire…
  • 50 LAZARSFELD, P., BERELSON, B., and GAUDET, H. (1944), The People’s Choice: How the Voter Makes Up His Mind, Ithaca, New York: Cornell University Press.
  • 51 ORESKES, N. et CONWAY, E. M., op. cit.

  • Alexandre Schiele
    Université hébraïque de Jérusalem

    Alexandre Schiele est chercheur postdoctoral à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Il détient un PhD en Science de l’information et de la communication de l’Université Sorbonne Paris Cité (2017) et un second en Science politique de l’Université du Québec à Montréal (2018). Ses recherches se développent dans deux directions. D’une part, il poursuit des travaux sur les questions de communication scientifique dans les médias, notamment, il a contribué au projet Mapping the new communication landscape in Canada (2017-2018) (Université Simon Fraser et Université de la Fraser Valley). D’autre part, il poursuit des travaux sur la pensée politique chinoise classique et contemporaine. Parmi ses articles récents, il a fait paraître Étude du dispositif du Monde diplomatique : la couverture de l’évolution de la conjoncture chinoise entre 1975 et 1992 (2018).

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