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Marie-Christine Bouillon, Stagiaire en journalisme scientifique
Entre 1997 et 2007 au Québec, 139 hommes ont tué leur conjointe. La psychologue et professeure Suzanne Léveillée a tenté de trouver les similitudes entre tous ces meurtriers afin de mieux comprendre ce qui les a poussés à poser ce geste fatal.

11 mai 2012, 80e Congrès de l'Acfas – Sa conclusion : « Contrairement aux parricides, plus souvent associés à des troubles mentaux profonds, les auteurs de meurtres conjugaux n’ont pas de profil psychologique type. Même que, parmi les cas que nous avons étudiés, ce ne sont pas tous les hommes qui avaient des antécédents de violence conjugale. » La chercheuse de l'Université du Québec à Trois-Rivières présentait le résultat de ces recherches lors du Colloque Passage à l’acte contre autrui : enjeux psychologiques, criminologiques et sociaux.

C’est en lisant tous les dossiers d’homicides intrafamiliaux commis entre 1997 et 2007 et au cours d'entrevues réalisées avec vingt hommes qui ont assassiné leur conjointe, qu’elle a noté cette absence de profil unique. « Chez ces cas d’homicide conjugal, il n’y a aucun homme psychotique ni délirant. Tout juste des gens qui ont des troubles de personnalité ».

En comparaison, plus de la moitié des parricides sont commis par des personnes souffrant de troubles mentaux graves. « Les gens qui tuent leur père, leur mère ou les deux, ont, dans 60 % des cas, des troubles psychotiques. Je pense que tuer ses parents, c’est un peu comme tuer ses origines. C’est un type de crime beaucoup plus perturbé », explique la psychologue.

S’il n’y a pas de profil type dans les cas d’homicides conjugaux, la chercheuse atout de même relevé certains points communs à plusieurs meurtriers. « Ce sont des hommes qui, par exemple, vont avoir tendance à contrôler, à avoir une grande angoisse de perdre leur conjointe. Ils sont très exigeants, égocentriques. Des traits de personnalités qui peuvent créer ce que j’appelle un terrain propice à la violence ».

Il y a également un bon sous-groupe d’hommes « qui avaient un problème de narcissisme, qui ne tenaient pas compte du point de vue de l’autre ».

Rage amoureuse

La rupture amoureuse est l’élément déclencheur principal, lié de près au besoin de contrôler. « Mais le véritable moteur, c’est une rage, une colère. Tout individu cherche une solution à son problème et, pour ces hommes, la solution c’est le passage à l’acte », explique la chercheuse.

Cette colère causée par une perte de contrôle sur l’autre trouve, dans certains cas, sa source dans le passé familial des meurtriers. « Souvent, ils ont vécu de l’abandon ou une situation familiale difficile comme de la violence ou certains abus dans leur enfance. Il faut en tenir compte ».

Prévention

Existe-il un moyen pour prévenir ces crimes odieux? Oui, dit Mme Léveillée. « La prévention passe par la sensibilisation et la formation des intervenants dans tous les milieux, les CLSC, les hôpitaux, etc. Comme intervenant, il faut aussi qu’on soit capable d’en parler avec les gens. Les intervenants disent avoir acquis une expertise pour discuter de suicide avec leur patient. Mais l’homicide, c’est plus épeurant d'y faire face ».

Une autre solution que propose Suzanne Ouellet est de développer des groupes de discussions-rencontres et de formation sur la rupture amoureuse.

Il faut aussi détruire le mythe de l’homme fort qui dit « moi, je suis capable tout seul, je ne suis pas un faible », rapporte Mme Léveillée. Elle prend l’exemple d’un homme qui lui a confié que « s’il avait consulté, il aurait peut-être prendre conscience de son comportement et prévenir ce qu’il a fait ».


  • Marie-Christine Bouillon
    Stagiaire en journalisme scientifique

    Issue du domaine culturel, le journalisme est pour Marie-Christine Bouillon une deuxième carrière. En 2007, elle termine un baccalauréat multidisciplinaire en théâtre, création littéraire, cinéma et musique, à l’Université Laval. Après quelques années à cumuler les contrats d’animatrice, de gestionnaire d’événements et de comédienne, elle décide de retourner aux études. Dès le premier trimestre, elle est séduite par le métier de journaliste. Bien qu’au départ elle envisageait couvrir les arts et spectacles, elle s’est aperçue que ce métier avait beaucoup plus à offrir, trouvant dans cette profession une utilité à sa soif de savoir. C’est donc avec grand plaisir qu’elle se me joint à l’Équipe Relève média pour ce 80e Congrès de l’Acfas.

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